• CADTM - La crise de l’euro et de l’Union européenne
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    La crise n’a pas été provoquée par la concurrence étrangère

    La crise n’est pas due à la concurrence de la Chine, de la Corée du Sud, du Brésil, de l’Inde ou d’autres économies de pays en développement.

    Au cours des 10 dernières années, l’Allemagne (mais aussi les Pays-Bas et l’Autriche) s’est lancée dans une politique néo-mercantiliste : elle a réussi à augmenter ses exportations notamment au sein de l’Union européenne et de la zone euro en comprimant les salaires des travailleurs d’Allemagne |5|. Elle a donc gagné en compétitivité par rapport à ses partenaires et en particulier ceux de pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et même la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie (qui ne font pas partie de la Zone euro). Ceux-ci ont vu s’installer ou se creuser un déficit commercial par rapport à l’Allemagne et d’autres pays du Centre.

    L’euro comme camisole de force

    Lors de la création de l’euro, la monnaie allemande a été sous-évaluée (à la demande de l’Allemagne) et les monnaies des pays les plus faibles ont été surévaluées. Cela a rendu les exportations allemandes plus compétitives sur le marché des autres pays européens et les plus faibles d’entre eux ont été particulièrement touchés (Grèce, Portugal, Espagne, pays d’Europe centrale et de l’Est…).

    En gros, l’endettement des pays de la périphérie au sein de l’UE est essentiellement dû au comportement du secteur privé (les banques, les entreprises de construction immobilière, le reste de l’industrie et du commerce). Incapables de rivaliser avec les économies les plus fortes, les secteurs privés se sont endettés, auprès des banques du Centre (Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Luxembourg,…) mais aussi auprès d’agents internes, l’économie de ces pays s’étant largement financiarisée depuis l’adoption de l’euro. La consommation a connu un boom dans les pays concernés et, dans certains d’entre eux (Espagne par exemple), s’est développée une bulle immobilière qui a fini par éclater. Les gouvernements de ces pays sont venus au secours des banques ce qui a provoqué une forte augmentation de la dette publique.

    Évidemment, les pays qui font partie de la zone euro ne peuvent pas dévaluer leur monnaie puisqu’ils ont adopté l’euro. Des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne sont donc coincés par leur appartenance à la zone euro. Les autorités européennes et leur gouvernement national appliquent dès lors ce qu’on appelle la dévaluation interne : ils imposent une diminution des salaires au grand profit des dirigeants des grandes entreprises privées. La dévaluation interne est donc synonyme de réduction des salaires. La dévaluation interne est utilisée pour augmenter la compétitivité mais on constate qu’elle est très peu efficace pour retrouver de la croissance économique car les politiques d’austérité et de répression salariale sont appliquées dans tous les pays. Par contre, les patrons des entreprises sont contents car cela faisait longtemps qu’ils voulaient réduire radicalement les salaires. De ce point de vue, la crise de la zone euro qui a pris un caractère très aigu à partir de 2010-2011 constitue une aubaine pour les patrons. Le salaire minimum légal a été réduit fortement en Grèce, en Irlande et dans d’autres pays....

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