• #smartphone Cet appareil qui tue en classe Sophie Godbout - Le Devoir

    Depuis le début de 2023, trois études québécoises (dont celle du centre de recherche du CHU Sainte-Justine) ont démontré les effets négatifs des médias sociaux sur les jeunes : mauvaise estime de soi, anxiété, dépression et même suicide…

    Monsieur Drainville, je vous en révèle davantage, comme si ce n’était pas suffisant.

    Il est 8 h, j’entre en classe pour m’installer. Plusieurs élèves sont déjà arrivés, mais c’est le silence. Ils sont tous rivés à leur appareil et ne lèvent même pas les yeux pour me saluer. Ils ne se parlent pas : ils regardent leur écran. C’est magique comme ils sont tranquilles et silencieux en cet instant… Aucun échange, que le silence. Chaque fois, je m’étonne qu’on ait crié haut et fort que les jeunes devaient revenir à l’école pour socialiser lors de la pandémie. Je dois dire que ce bout m’échappe parce que, presque tous les matins, ça recommence… C’est une victime, la socialisation, de ce supposé outil de communication. Et si les élèves se parlent, le sujet, c’est le contenu, la vidéo qu’ils regardent.


    Une autre victime : la langue. Les contenus écoutés sont en anglais. En soi, ce n’est pas mauvais. Mais lorsqu’on ne lit plus le français et que l’activité de la soirée est de consulter son téléphone, il ne faut pas se surprendre que le vocabulaire des adolescents diminue et de voir « exercise » couramment dans les copies. La syntaxe y goûte également. Les tournures de phrase ont un penchant pour l’anglais… Lire entre les lignes, les inférences, devient également un problème lorsqu’on ne sait pas lire par manque de pratique.

    Avez-vous déjà tenté de courir un marathon sans entraînement ? L’anxiété peut bien plafonner… face à l’épreuve ! On voit également apparaître beaucoup de plans d’intervention avec des outils comme le dictionnaire électronique ou Lexibar qui sont des prédicteurs de mots, comme lorsqu’on utilise son téléphone… Hasard ou conséquence ? Je dois aider les élèves, au secondaire, à chercher dans le dictionnaire. Triste situation ! Alors, on leur permet de consulter Usito sur leur téléphone. Pourquoi pas ? C’est beaucoup plus rapide, moins exigeant et ils ont tous un téléphone, même ceux qui n’en auraient pas le moyen. C’est essentiel, voyons !

    Ce préambule sur la nécessité du portable me permet d’introduire une troisième victime : l’autonomie, qualité essentielle à la vie adulte. Les parents savent où est leur enfant et peuvent le joindre à tout moment. La joie ! Même pendant les heures de cours, les parents textent. J’ai même déjà répondu à un parent qui avait appelé pendant le cours. Charmant comme attention d’appeler à cette heure pour parler à son fils ! Il n’y a pas de limite à cette omniprésence, et la communication se fait à tout moment : on peut appeler maman ou papa pour se faire rassurer si ça ne va pas bien, pour l’avertir d’une mauvaise note avant qu’elle n’apparaisse en ligne ou pour se faire consoler de cette note.

    Partout, partout, tout le temps ! Il est rassurant de savoir où se trouve notre enfant et de pouvoir le joindre en tout temps, mais à quel moment apprendra-t-il à se débrouiller ? Je vous rappelle qu’il est à l’école, pas dans la brousse ou la jungle. Il doit quitter l’école pour revenir à la maison ? Je pense que, dans l’ensemble, les jeunes devraient y arriver. Il peut arriver un malheur ? Je peux vous rassurer, nous avons survécu, et ce, pour plusieurs générations… Je vous suggère de souper tous ensemble, sans vos téléphones, et de parler du déroulement de vos journées : vous serez informés et développerez la socialisation, le tour de parole, la patience, le respect, l’empathie, et j’en passe…

    Je m’arrête ici, car je pourrais écrire des lignes et des lignes. La situation est inquiétante, d’autant plus que les téléphones, ce sont nous, les adultes, qui les offrons. À qui rendons-nous service et procurons-nous la tranquillité ? Et le pire est à venir : l’IA pensera pour eux…

    #médias_sociaux #enfants #suicide #estime_de_soi #anxiété #dépression #suicide #socialisation #téléphones #ia #tiktok #facebook #bytedance #surveillance #instagram #algorithme #twitter #wechat #publicité #apple #youtube

    Source : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/792326/education-cet-appareil-qui-tue-en-classe

  • Instagram : la foire aux vanités

    Deux milliards d’utilisateurs actifs chaque mois, 100 millions de vidéos et photos partagées quotidiennement : lancé à l’automne 2010, au cœur de la Silicon Valley, par Kevin Systrom et Mike Krieger, deux étudiants de l’université de Stanford, le réseau Instagram a connu une ascension fulgurante. Surfant sur le développement de la photographie sur mobile, l’application, initialement conçue pour retoucher (grâce à ses fameux filtres) et partager des clichés, attire rapidement des célébrités et attise la convoitise des géants du numérique. En 2012, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, qui flaire son potentiel commercial, la rachète pour la somme faramineuse de 1 milliard de dollars. La publicité y fait son apparition deux ans plus tard, favorisant l’explosion du marketing d’influence. Désormais, les marques se tournent vers les personnalités les plus suivies pour promouvoir leurs produits. Les stars aux millions d’abonnés, comme Cristiano Ronaldo ou Kim Kardashian, engrangent des revenus astronomiques, tandis qu’au bas de la hiérarchie, soumis à une concurrence impitoyable, les « nano-influenceurs » se contentent de contrats payés en nature ou d’avantages promotionnels. Transformé en gigantesque centre commercial, le réseau abreuve ses utilisateurs de visions modifiées de la réalité, entre corps jeunes et dénudés, spots touristiques aussitôt pris d’assaut et images esthétisées de nourriture, labellisées « food porn ». Conséquences : les opérations de chirurgie esthétique se multiplient chez les jeunes, enrichissant des praticiens peu scrupuleux, tandis que l’anxiété et la dépression progressent de façon inquiétante chez les adolescents, particulièrement perméables à ces idéaux standardisés.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/66132_0

    #film #documentaire #film_documentaire
    #réseaux_sociaux #Instagram #drogue #beauté #fanbook #Mark_Zuckerberg #esthétique #marketing_d'influence #influencer #foll-ow #mise_en_scène #fast_fashion #mode #corps #algorithme #nudité #misogynie #standardisation #dysmorphie #santé_mentale #chirurgie_esthétique #décès #food_porn #estime_de_soi #reconnaissance

  • La santé mentale est un enjeu crucial des migrations contemporaines

    Si la migration est source d’espoirs liés à la découverte de nouveaux horizons, de nouveaux contextes sociaux et de nouvelles perspectives économiques, elle est également à des degrés divers un moment de rupture sociale et identitaire qui n’est pas sans conséquence sur la santé mentale.

    #Abdelmalek_Sayad, l’un des sociologues des migrations les plus influents de ces dernières décennies, a défini la condition du migrant comme étant suspendu entre deux mondes parallèles. #Sayad nous dit que le migrant est doublement absent, à son lieu d’origine et son lieu d’arrivée.

    Il est, en tant qu’émigrant, projeté dans une condition faite de perspectives et, très souvent, d’illusions qui l’éloignent de son lieu d’origine. Mais le migrant est tout aussi absent dans sa #condition ^_d’immigré, dans les processus d’#adaptation à un contexte nouveau et souvent hostile, source de nombreuses #souffrances.

    Quelles sont les conséquences de cette #double_absence et plus largement de cette transition de vie dans la santé mentale des migrants ?

    Migrer implique une perte de #capital_social

    Migrer, c’est quitter un #univers_social pour un autre. Les #contacts, les #échanges et les #relations_interpersonnelles qui soutiennent chacun de nous sont perturbés, fragmentés ou même rompus durant cette transition.

    Si pour certains la migration implique un renforcement du capital social (ou économique), dans la plupart des cas elle mène à une perte de capital social. Dans un entretien mené en 2015, un demandeur d’asile afghan souligne cette #rupture_sociale et la difficulté de maintenir des liens avec son pays d’origine :

    « C’est très difficile de quitter son pays parce que ce n’est pas seulement ta terre que tu quittes, mais toute ta vie, ta famille. J’ai des contacts avec ma famille de temps en temps, mais c’est difficile parce que les talibans détruisent souvent les lignes de téléphone, et donc, c’est difficile de les joindre. »

    Pour contrer ou éviter cette perte de capital social, de nombreux #réseaux_transnationaux et organisations d’immigrants dans les pays d’accueil sont créés et jouent dans la vie des migrants un rôle primordial.

    À titre d’exemple, la migration italienne d’après-guerre s’est caractérisée par une forte structuration en #communautés. Ils ont créé d’importants organisations et réseaux, notamment des organisations politiques et syndicales, des centres catholiques et culturels, dont certains sont encore actifs dans les pays de la #diaspora italienne.

    L’#environnement_social et la manière dont les sociétés d’arrivée vont accueillir et inclure les migrants, vont être donc des éléments clés dans la #résilience de ces populations face aux défis posés par leur trajectoire de vie et par leur #parcours_migratoire. Les migrants peuvent en effet rencontrer des situations qui mettent en danger leur #santé physique et mentale dans leur lieu d’origine, pendant leur transit et à leur destination finale.

    Cela est particulièrement vrai pour les migrants forcés qui sont souvent confrontés à des expériences de #détention, de #violence et d’#exploitation susceptibles de provoquer des #troubles_post-traumatiques, dépressifs et anxieux. C’est le cas des centaines de milliers de réfugiés qui fuient les #conflits_armés depuis 2015, principalement dans les régions de la Syrie et de l’Afrique subsaharienne.

    Ces migrants subissent des #violences tout au long de leur parcours, y compris la violence des lois de l’asile dans nos sociétés.

    L’environnement social est une des clés de la santé mentale

    Dans son document d’orientation « Mental health promotion and mental health care in refugees and migrants », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique l’#intégration_sociale comme l’un des domaines d’intervention les plus importants pour combattre les problèmes de santé mentale dans les populations migrantes.

    Pour l’OMS, la lutte contre l’#isolement et la promotion de l’#intégration sont des facteurs clés, tout comme les interventions visant à faciliter le relations entre les migrants et les services de soins, et à améliorer les pratiques et les traitements cliniques.

    Cependant, l’appartenance à des réseaux dans un environnement social donné est une condition essentielle pour le bien-être mental de l’individu, mais elle n’est pas suffisante.

    Le philosophe allemand #Axel_Honneth souligne notamment que la #confiance_en_soi, l’#estime_de_soi et la capacité à s’ouvrir à la société trouvent leurs origines dans le concept de #reconnaissance. Chaque individu est mu par le besoin que son environnement social et la société, dans laquelle il ou elle vit, valorisent ses #identités et lui accordent une place comme #sujet_de_droit.

    Les identités des migrants doivent être reconnues par la société

    À cet égard, se construire de nouvelles identités sociales et maintenir une #continuité_identitaire entre l’avant et l’après-migration permet aux migrants de diminuer les risques de #détresse_psychologique.

    https://www.youtube.com/watch?v=oNC4C4OqomI&feature=emb_logo

    Être discriminé, exclu ou ostracisé du fait de ses appartenances et son identité affecte profondément la santé mentale. En réaction à ce sentiment d’#exclusion ou de #discrimination, maintenir une estime de soi positive et un #équilibre_psychosocial passe souvent parla prise de distance par rapport à la société discriminante et le #repli vers d’autres groupes plus soutenants.

    La #reconnaissance_juridique, un élément central

    Or ce principe de reconnaissance s’articule tant au niveau de la sphère sociale qu’au niveau juridique. Dans les sociétés d’accueil, les migrants doivent être reconnus comme porteurs de droits civils, sociaux et politiques.

    Au-delà des enjeux pragmatiques liés à l’accès à des services, à une protection ou au #marché_de_l’emploi, l’obtention de droits et d’un #statut_juridique permet de retrouver une forme de contrôle sur la poursuite de sa vie.

    Certaines catégories de migrants vivant soit en procédure pour faire reconnaître leurs droits, comme les demandeurs d’asile, soit en situation irrégulière, comme les « #sans-papiers », doivent souvent faire face à des situations psychologiquement compliquées.

    À cet égard, les sans-papiers sont presque totalement exclus, privés de leurs #droits_fondamentaux et criminalisés par la justice. Les demandeurs d’asile sont quant à eux souvent pris dans la #bureaucratie du système d’accueil durant des périodes déraisonnablement longues, vivant dans des conditions psychologiques difficiles et parfois dans un profond #isolement_social. Cela est bien exprimé par un jeune migrant kenyan que nous avions interviewé en 2018 dans une structure d’accueil belge :

    « Je suis arrivé quand ils ont ouvert le [centre d’accueil], et je suis toujours là ! Cela fait presque trois ans maintenant ! Ma première demande a été rejetée et maintenant, si c’est un “non”, je vais devoir quitter le territoire. […] Tous ces jours, les mois d’attente, pour quoi faire ? Pour rien avoir ? Pour devenir un sans-papiers ? Je vais devenir fou, je préfère me tuer. »

    Être dans l’#attente d’une décision sur son statut ou être dénié de droits plonge l’individu dans l’#insécurité et dans une situation où toute #projection est rendue compliquée, voire impossible.

    Nous avons souligné ailleurs que la lourdeur des procédures et le sentiment de #déshumanisation dans l’examen des demandes d’asile causent d’importantes #frustrations chez les migrants, et peuvent avoir un impact sur leur #bien-être et leur santé mentale.

    La migration est un moment de nombreuses #ruptures sociales et identitaires face auxquelles les individus vont (ré)agir et mobiliser les ressources disponibles dans leur environnement. Donner, alimenter et construire ces ressources autour et avec les migrants les plus vulnérables constitue dès lors un enjeu de #santé_publique.

    https://theconversation.com/la-sante-mentale-est-un-enjeu-crucial-des-migrations-contemporaines

    #santé_mentale #asile #migrations #réfugiés

    ping @_kg_ @isskein @karine4

  • #Memoree_Joelle : Je tiens à partager ceci
    https://tradfem.wordpress.com/2019/02/15/je-tiens-a-partager-ceci

    Je tiens à partager ceci parce que tout le monde doit être informé, si ce n’est pas déjà le cas, d’à quel point est devenue envahissante la pression sur les adolescentes pour qu’elles « changent de sexe ». Ceci n’est qu’une histoire, mais il y en a beaucoup d’autres.

    Hier soir, une amie qui agit comme mentore une jeune fille de 15 ans (qui s’est récemment identifiée comme lesbienne) m’a demandé si j’accepterais de parler à cette adolescente au téléphone qui se sentait poussée par ses camarades, sa thérapeute et ses parents, à choisir si elle était une lesbienne « butch » ou une trans garçon. Elle n’a aucun modèle de rôle lesbien plus âgé dans sa vie, là où elle vit en Caroline du Sud. Heureusement, elle a une mentore qui se trouve être une de mes amies de longue date depuis nos années d’université.

    Mon amie m’a appelée depuis sa voiture pour que la fille puisse me parler pendant qu’elles traversaient leur quartier en regardant les illuminations de Noël. Cela a contribué à faire baisser la pression pour qu’elle puisse me poser des questions difficiles à aborder pour une adolescente. Nous avons parlé de choses comme ne pas aimer notre corps, de l’apparence et du comportement que les femmes sont censées avoir aux yeux de la société, et de la façon dont les gens dénigrent les lesbiennes butch dans ce monde.

    Elle m’a dit des choses qu’elle ressentait à propos d’elle-même et de son corps, et que j’ai confirmées être tout à fait normales pour une lesbienne. Beaucoup de lesbiennes butch, par exemple, n’aiment pas avoir des seins. Cela ne fait pas de nous le sexe opposé. Et cela ne signifie certainement pas que quelque chose « ne va pas » avec nous.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.facebook.com/memoreejoelle?__tn__=%2CdCH-R-R&eid=ARB7geHkeZjBuGEoUk4TqNjWYfBBYr15E9VeMi

    #lesbiennes #trans #butch #estime_de_soi #patriarcat

    • Ils veulent l’amener à se plier à leurs règles de genre et elle n’est pas obligée de le faire. Ils peuvent tous aller se faire foutre si cela ne leur plaît pas. (Oui, j’ai dit ça à une adolescente, ok ?)

      Et d’ailleurs, il est de loin préférable d’être une lesbienne butch dure à cuire qu’un homme. Elle en convenait.

      Donc, en voilà une de sauvée. Mais qu’en est-il des autres ? Il devient évident que les institutions préfèrent les hormones et la chirurgie à ce qui aurait pu être un dialogue de mentorat à cœur ouvert.

  • Ces #femmes dites « difficiles » parce qu’elles n’ont pas voulu se conformer aux #stéréotypes | National Geographic
    https://www.nationalgeographic.fr/photographie/ces-femmes-dites-difficiles-parce-quelles-nont-pas-voulu-se-confo
    https://www.nationalgeographic.fr/sites/france/files/styles/desktop/public/Jack_Klugman_Bobby_Riggs_Billie_Jean_King_Odd_Couple.jpg?itok=FZm

    Le titre du livre ne mentionne pas les sous-entendus qui entourent le terme « difficile ». Les femmes fortes, passionnées et déterminées ne se pavanent pas en disant « Regardez, je suis difficile ». Elles ne font que vivre leur vie. Ce terme « difficile » est utilisé par les autres pour décrire ces femmes. Si vous vous moquez de ce que les gens pensent, vous serez considérée comme une femme difficile parce que vous ne faites pas ce que l’on attend de vous. Une femme difficile est donc une femme qui ne fait pas ce qu’elle devrait faire, une femme qui dérange ou une femme qui estime que ses propres besoins, objectifs et désirs sont aussi importants que ceux des autres. L’une des premières critiques du livre m’a dit que la barre était bien basse. Je l’ai remercié d’avoir souligné ce point pour moi. Il ne faut pas grand chose pour être perçue comme une femme difficile. C’est pour cela que nous sommes si nombreuses [rires].

    #sexisme

    • Héhé @aude_v merci du signalement, en plus d’être une femme difficile, j’ai aussi entendu « une femme à qui on ne peut rien dire ». Ainsi mon père se dédouanait de mes reproches de m’avoir laissé travailler à 16 ans juste après la réussite de mon bac dans des conditions d’exploitation indignes : « Ah oui mais toi, on ne pouvait rien te dire. » C’est également sous ce prétexte qu’il cachait qu’il favorisait mes frères.
      Je ne sais pas si vous avez le même retour sur « toi, on ne peut rien te dire » mais je trouve que c’est fort de café de se retrouver avec un pouvoir de castration si fort qu’il vous retombe sur la gueule. D’autant que dès 13 ans mes parents ne se sont plus préoccupés de ce que je faisais. Mon père était juste gentiment misogyne, mine de rien sourd aux femmes, et j’ai mis longtemps à m’en rendre compte.
      Pour ma part je suis fière maintenant de m’être sortie d’une si mauvaise #estime_de_soi ayant commencé à parler à 25 ans, pas que j’étais muette, mais l’effacement était de mise.

    • @aude_v je vois bien ce que tu évoques, trouver sa place quand il n’y en a pas.
      Et c’est effectivement basée sur le principe des #injonctions_paradoxales. La phrase « on ne peut rien te dire » clôt la discussion en renvoyant à l’impossibilité de l’échange, elle fait taire ou se soumettre. Le continuum de ce conflit qui ne peut se résoudre est le reproche même de faire langage avec le sous entendu « parce que tu réponds ». Il me semble que cela recoupe ce dont tu parles où l’interlocuteur impose un point de vue qui vise à ostraciser avec son « tu gueules contre tout le monde ».

      Je suis très sensible au reproche de #déranger, tant pis, parce qu’au final c’est parfois la seule manière d’avancer et qu’il n’existe pas de changement qui puisse être confortable. Pas toujours facile à vivre cependant, mais je m’en revendique, d’ailleurs je monte une asso féministe de ce pas nommée #les_dérangées :)

    • J’avais aussi pensé à dérangeantes mais ça fait un peu penser à ménage ou déménagement, bref à ranger. Les dérangées me semble plus proches des enragées ou même des salopes, ou des folles hystériques ! et je trouve assez drôle de jouer de cette violence induite.

  • ‘I Feel Pretty’ and the Rise of Beauty-Standard Denialism - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2018/04/23/movies/i-feel-pretty-amy-schumer-beauty.html

    Comment les normes de beauté se maintiennent à travers l’impératif du bien-être, et comment l’insistance sur la « confiance en soi » permet de faire peser la responsabilité de leur non-conformité sur les femmes elles-mêmes

    The movie suggests that the only thing holding back regular-looking women is their belief that looking regular holds them back at all. That attitude puts the onus on individual women to improve their self-esteem instead of criticizing societal beauty standards writ large. The reality is that expectations for female appearances have never been higher. It’s just become taboo to admit that.

    This new beauty-standard denialism is all around us. It courses through cosmetics ads, fitness instructor monologues, Instagram captions and, increasingly, pop feminist principles. In the forthcoming book “Perfect Me,” Heather Widdows, a philosophy professor at the University of Birmingham, England, convincingly argues that the pressures on women to appear thinner, younger and firmer are stronger than ever. Keeping up appearances is no longer simply a superficial pursuit; it’s an ethical one, too. A woman who fails to conform to the ideal is regarded as a failure as a person.

    #beauté #poids

    • à propos du monde du travail : Un jour d’entretien d’embauche, un « chef » me reçoit et me dit qu’il a une assez mauvaise nouvelle à m’annoncer : l’étude graphologique de ma lettre de motivation m’attribue la lettre « D ». Puis il me dit que ce n’est pas catastrophique et qu’on devrait pouvoir s’arranger...
      J’ignorais quels processus étaient jeu mais la perte de confiance en moi a été immédiate... et la détestation de ce « chef » encore plus forte puisque j’ai refusé le poste !

    • Heureusement, je pense qu’il existe aussi l’inverse : « la puissance acquise », pour tout le monde et à tout âge, une rencontre qui rassure sur ses capacités.

      C’est ce qu’il me semble expérimenter de façon frappante (et même ça me blesse aussi en tant que femme parmi les femmes) quand je rassure des hommes sur leur capacité informatique et les aide à comprendre et à créer du code. D’un coup ils comprennent très vite alors qu’ils s’embrouillaient complètement, persuadés d’être nuls.
      Donc j’en suis arrivée à me dire que j’ai peut-être un don pédagogique, mais alors ça devrait marcher autant avec les femmes. Vous comprendrez peut-être mieux mon sentiment énervé si je prends l’exemple d’une femme qui s’arrête pour aider un homme à changer une roue et la façon dont le mec est bêtement blessé dans son amour-propre d’avoir pris « une leçon » d’une femme du coup, son cerveau à l’air de se réveiller pour se dire « Ah ben si une femme peut le faire, c’est que ça doit être facile ». Voila, je vois ça agir très souvent, et après en général on me regarde de haut sans me renvoyer l’ascenseur. Vous avez déjà ressenti ça les copines ? @jacotte @monolecte @aude_v @mad_meg ? et les hommes aussi, dites moi si vous avez un sentiment là dessus !

    • il me semble que la puissance acquise c’est tout le principe de l’education masculine. C’est justement en retirant toute puissance aux femmes que les hommes se donnent l’illusion d’en avoir. C’est la base de la #fraternité, se garantir entre hommes que les femmes restent bien en dessous d’eux.

      Dans l’exemple que tu donne @touti, je ne comprend pas ce que la femme qui fournis les explications gagne en pouvoir. Elle gagne le fait de savoir que le mec qu’elle a aidé la considère comme une inférieur. Je ne pense pas que c’est pas très « empouvoirant » de se faire rappeler qu’on est un paillasson par la personne qu’on voulait aider. Le mec par contre a gagner de nouvelles connaissances et lui a pris du pouvoir. Ce que ton exemple me montre c’est que le groupe dominant trouvera toujours le moyen de faire tourné les choses à son avantage.

      Et pour une anecdote dans ce genre, il y a quelques mois j’etais dans le metro et je croise un homme qui galérait avec 2 énormes valises dans un escalier bondé. Je lui propose poliement de l’aidé à porter ces grosses valises et là il se met à gueulé comme un putois : « Mais je suis pas une femme moi ! je peu porter mes valises tout seul non mais ! je suis pas une femme moi, je suis un homme moi c’est pas une femme qui va m’aider... » il a continué comme ca probablement assez longtemps mais je suis parti en rigolant.

    • @mad_meg mon exemple ne visait pas à montrer que la femme avait gagné quoique ce soit, je me suis surement mal exprimé. D’autant que j’idéalise toujours le partage qui devrait enrichir tout le monde et que je tombe chaque fois des nues quand je vois qu’il est à sens unique, ou du moins à sens de pouvoir : Je prends ce que tu sais pour le faire mien et t’en exclure. L’exemple historique étant la prise de pouvoir des hommes sur l’enfantement.

      Le plaisir de l’altruisme, du partage des ressources et des connaissances fait oublier trop souvent que les hommes ont l’habitude de se servir des femmes comme marchepied.
      J’ai décidé de ne pas y prendre garde, si ceux que j’aide veulent me considérer ainsi, c’est qu’ils ont encore du chemin à faire, n’empêche je remarque que tout cela est très inconsciemment ancré pour propager le #patriarcat. D’autant que si je le fais remarquer à certains de ces hommes ils ne pensent pas que j’ai pu jouer un rôle d’aidante pour eux, c’est très intéressant cette capacité d’élimination.

      Très drôle ton histoire de putois masculin.

    • « effarée par le côté distinction sociale »
      Oui, d’autant que la prise en charge est très chère.
      Je l’entends parfaitement mais il ne faut pas s’arrêter à ça.
      On peut être libre d’étudier ce sujet des zèbres sans tomber dans ce piège, du moins je l’espère. J’ai une amie qui après des années à avoir refusé cette #anormalité prétentieuse parce qu’elle répétait depuis toute petite et à en pleurer « je veux être comme tout le monde, normale », je m’y intéresse aussi en me demandant comment avancer sans blesser personne.
      Néanmoins quand je vois le parcours d’échec scolaire de certains enfants zèbres (40% ne passe pas le bac) et toutes les réactions hostiles parce que ce serait uniquement un désir prétentieux des parents mais que du coup rien n’est fait, que s’ille s’ennuie on va lui donner des leçons en plus, parce que mais oui c’est normal qu’ille soit toujours seul·e à lire assis pendant la récréation, parce que c’est normal qu’ille refuse toute activité qu’ille ne dorme jamais, ou qu’ille est envie de se suicider à 12 ans … et que toute la famille souffre sans savoir. Bref, je peux vous assurer qu’il serait bien que l’éducation nationale sorte de cette ornière, tout autant que chacun de nous, pour accepter qu’il y a des personnes qui ont des cerveaux foutus différemment et qui ont besoin d’aide.
      #empathie #hypersensibilité #décalage

      Coming-out intellectuel… faut-il parler de son surdouement ?
      http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2009/05/17/coming-out-intellectuel

      Florilège d’idées reçues sur les enfants intellectuellement précoces
      http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2015/06/30/florilege-didees-recues-sur-les-enfants-intellectu

      Les enfants précoces sont des sentinelles embarrassantes
      http://www.humanite.fr/tribunes/les-enfants-precoces-sont-des-sentinelles-embarras-510997

    • il serait bien que l’éducation nationale sorte de cette ornière

      Oui, qu’un jour on se rende compte que huit heures par jour sur une chaise, pendant dix ans : c’est une torture pour tous les enfants, et pour certains (les plus curieux de la vraie vie) plus que pour d’autres.

    • Quand une nana se sent sure d’elle et de ses compétences, elle est immédiatement taxée d’arrogance.
      Par contre, un esbrouffeur — c’est à dire un mec incompétent tout rempli de son incommensurable estime de lui-même — sera toujours bien considéré, y compris bien longtemps après que les preuves de la fatuité aient commencé à lourdement s’empiler sur la balance.

      Depuis que je n’éprouve plus le besoin de faire valider mes compétences par autrui, d’être rassurée et réassurée en permanence, je suis effectivement devenue agressive et arrogante pour beaucoup.
      Et le meilleur, c’est que je m’en bats les steaks !

      C’est purement libérateur et je pense que c’est cette liberté qui rend fous les dominants.

    • Pour revenir au film, l’ #impuissance_acquise, c’est exactement le processus d’exclusion que j’ai identifié derrière la fameuse #culture_générale.

      La culture générale, c’est censé être le viatique minimum de la vie en société, ce genre de savoir informel universellement partagé dans un corps social.
      En réalité, il s’agit de la clé inviolable pour la #reproduction sociale.
      La culture générale réellement mesurée dans toutes les épreuves où elle est mobilisée est en fait une culture profondément bourgeoise et élitiste, le produit de toute une enfance soumise à un dressage spécifique.

      Tout comme dans le film, la culture générale permet de trier ceux qui ont bénéficié du dressage spécifique aux classes dominantes tout en faisant porter la responsabilité de l’échec programmé aux jeunes issus des classes non formatées, ce qui permet, in fine de valider la #méritocratie dans tous les esprits et de faire en sorte que nul ne puisse contester sa place dans la #hiérarchie sociale !

      Étonnant, non ?

      #domination

    • Quand j’ai entendu l’émission j’en ai pleuré.

      Pareil, ça nous est tombé dessus cet été, se rendre compte d’une évidence ça plombe, pleurer de soulagement parce que, bingo, ça concorde enfin avec toutes ces souffrances incompréhensibles et … ces renoncements. Ça plombe parce qu’on a été obligé de créer une stratégie, parfois d’amputation mentale, pour que l’hypersensibilité cognitive ne dérange ni soi même ni les autres. Qu’aucun professionnel (prof, psy etc) ne prenne en considération ces spécificités, entraine vers la question de la maladie mentale alors que non, c’est une chance quand on s’en rend compte à temps …

      Pour recroiser avec vous, ça fait longtemps que la société et surtout ceux qui la gouvernent se passe de l’intelligence, arase les savoirs ou son accès et fait en sorte de se dispenser des intellectuel·le·s, (ce mot est presque pire aujourd’hui que féministes et s’utilise en insulte dans les cours de récré) . Bref, sont devenues inutiles, les personnes qui se servent des capacités de leurs cerveaux pour élaborer une pensée créative vivante à partager. (Je ne parle pas des bouffis de l’académie qui prennent FK et autre bouse comme lanterne).
      Exit la pensée critique une fois mélangée à la sauce capitaliste pour en amoindrir les effets, les artistes du devant de la scène sont relégués à repeindre le décorum politique, jusqu’à la gerbe. (cf @philippe_de_jonckheere )

      Se trouvent exclus tous ceux qui ne peuvent/veulent plus marcher dans cette mascarade. Combien de temps encore avant de faire société intelligente ? Comme je regarde pas mal de films et lis beaucoup sur les zèbres en ce moment, excusez mais je ne retrouve plus la source dans laquelle des psys spécialistes de cette capacité affirment que chez les chômeurs un nombre plus important que le moyenne répond à ces critères d’intelligence différente.

    • une fois que tu sais ça, ça ne te sert à rien si tu continues à te faire coller dessus des diagnostics indigents

      @aude_v peut-être mais tu disposes d’une piste pour ne plus renoncer à ce que tu es, et aucun psy ne peut le faire à ta place. Donc justement, ne pas s’en tenir à l’aspect DRH ou secte des zèbres parce que c’est très concret et spécifique et qu’il existe des solutions, tout comme se construit/déconstruit la confiance en soi ou que les réseaux neuronaux sous certaines conditions peuvent emprunter d’autres chemins pour se reformer. Pas pour gagner en compétitivité et sur la tête des autres mais se libérer des limites qu’on s’est fait poser ou que l’on s’est posé soi même, c’est quand même un beau « challenge » (héhé). Il y a des associations de zèbres et des lieux de rencontres, vraiment peu et pas assez, peut-être pas bien faites et encore à créer mais ça aide à reprendre confiance. Et c’est plus facile sur Paris qu’en province, as usual.

  • L’auteur, lui-même (jeune) ancien habitant de Courcouronnes, revient dans sa ville pour rencontrer des jeunes pour qui la fraternité du groupe est sans doute l’un des derniers repères dans un monde qui les accuse, et les plonge les uns contre les autres. Contre-enquête pleine de doutes sur cette nouvelle cible des politiques sécuritaires. Enfin un documentaire qui jette un regard « de l’intérieur » sur un phénomène sujet à tous les phantasmes. http://www.dailymotion.com/video/xiveyz_les-bandes-le-quartier-et-moi-arte_travel