• #Carte de #France des #fuites d’#eau_potable les plus importantes : Ardèche, Pyrénées-Orientales, Hautes-Alpes, Corse particulièrement touchées

    L’association Intercommunalités de France publie ce mercredi 20 mars une cartographie de 198 services d’eau potable dont le taux de fuites sur le réseau égale ou dépasse les 50 %. Il s’agit essentiellement de petites communes dites « isolées », solitaires dans leur gestion de l’or bleu, qui couvrent quelque 64 000 habitants.

    La sécheresse historique de 2022 a montré que l’or bleu devait être mieux géré en France. Cette année-là, plus de 1 000 communes ont eu des difficultés d’approvisionnement au robinet, un phénomène accentué par de nombreuses fuites dans les canalisations. En France, 20 % de l’eau potable est perdue lors de son acheminement. « C’est une situation aberrante qu’on doit corriger en urgence », avait tranché le président de la République fin mars 2023, en présentant un « plan eau », dont une partie était censée répondre à cet enjeu en mobilisant davantage d’aides. Le gouvernement avait alors identifié 170 communes prioritaires, victimes d’au moins 50 % de fuites, appelées « #points_noirs ».

    Mais il semblerait que le chiffre ait été sous-estimé. Ce mercredi 20 mars, #Intercommunalités_de_France, fédération nationale qui réunit métropoles, agglomérations, communautés urbaines et communautés de communes, dévoile une nouvelle carte, sur laquelle figurent 198 « points noirs » qui perdent donc plus de la moitié de leur eau. Cela représente 4 % des services d’eau en France et concerne un peu plus de 64 000 habitants. L’association a utilisé les données les plus récentes et les plus fiables de l’Observatoire national des services d’eau et d’assainissement, qui datent de 2022. La base, qui avait servi aux premières estimations officielles de 2023, s’est depuis étoffée sans toutefois devenir exhaustive car les communes les plus petites n’ont pas l’obligation de l’alimenter.

    Des petites villes dans le triste palmarès

    Parmi les « points noirs », tous ne sont pas pilotés de la même façon : 151 sont des régies municipales, 22 sont gérés en intercommunalité et 25 dépendent de syndicats des eaux. A travers cette cartographie inédite, Intercommunalités de France entend démontrer ce que le gouvernement avait déjà identifié : l’écrasante majorité des cas problématiques concerne de petites communes se débrouillant seules pour s’approvisionner en eau. Les #ressources_financières leur manquent pour entretenir les #réseaux et les subventions restent insuffisantes pour les inciter à réaliser des travaux réguliers. Ainsi, #Astet (Ardèche), une commune d’environ 40 habitants, se classe en tête de la liste des communes ayant le plus haut niveau de fuites en métropole : 91 %. Elle présente le même profil que les autres « fuyards » : un village de montagne solitaire dans sa gestion de l’eau. Rien de surprenant : en altitude, les réseaux sont les plus étendus et plus sujets aux fuites.

    « Refaire les #canalisations sur 1 km, c’est 1 million. Ça coûte très cher, précise à Libération Régis Banquet, vice-président en charge de l’eau d’Intercommunalités de France et président de Carcassonne agglomération. On a pris un retard phénoménal. Il faut renouveler les #tuyaux tous les cinquante ans pour qu’ils soient en bon état, or on les renouvelle tous les 120 à 140 ans. La prise de conscience qu’il faut porter attention à la moindre goutte d’eau est récente. »

    Si les services d’eau les plus en difficulté ne desservent en général que quelques dizaines ou centaines d’habitants, de petites villes figurent cependant dans le triste palmarès, comme #Scionzier, en Haute-Savoie, environ 9 000 habitants, ou #Contes, dans les Alpes-Maritimes, un peu plus de 7 500 habitants, qui fait partie d’un syndicat de quinze communes à proximité de Nice.

    « On doit agir vite et fort »

    Et une gestion mutualisée ne protège pas de tout. La communauté d’agglomération du Pays de Dreux, qui rassemble 78 communes à cheval entre Eure-et-Loir et Eure, connaît un taux de fuites de 74,7 %. La métropole de Perpignan, 36 communes, totalise, elle, près de 60 % de fuites. Dans ce type de cas, « ça n’est jamais l’ensemble de ses services qui présentent un rendement inférieur à 50 %, mais généralement quelques communes », précise Intercommunalités de France.

    La situation a peu de chances de s’être significativement améliorée depuis 2022, malgré le plan eau et les 53 millions débloqués récemment par l’Etat pour les fuites, car la réalisation de travaux ambitieux prend du temps. « C’est forcément un chantier de longue haleine », a reconnu le ministère de la Transition écologique mardi lors d’un point presse sur l’avancée du plan eau.

    « La situation est grave. Dans le contexte du changement climatique, on doit agir vite et fort. Une des solutions est le transfert vers l’intercommunalité pour toutes les communes gérant seules afin que la solidarité s’organise sur les territoires. Cette mise en commun des moyens permet de réaliser les #investissements colossaux nécessaires », plaide Régis Banquet. Il estime que 15 à 20 milliards d’euros devraient être exclusivement consacrés au renouvellement des #réseaux_d’eau dans les cinq ans à venir pour rattraper le retard accumulé.

    « Les petites communes isolées sont en difficulté »

    Il y a un an, Emmanuel Macron avait appelé à « mutualiser différemment » les ressources, en prenant en exemple « l’intercommunalité », un modèle à « consolider partout où c’est accepté ». La loi va dans ce sens. En 2026, plus aucune commune ne pourra gérer seule son eau. Mais certains maires s’y opposent. « Il reste un imaginaire un peu Manon des sources : “C’est le puits de mon village, je n’ai pas envie de le partager”. Ceux qui ont de l’eau ne sont pas toujours très enclins à en fournir à ceux qui n’en ont pas », explique Régis Taisne, chef du département « cycle de l’eau » à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. Et d’ajouter : « Les maires ruraux ont le sentiment qu’ils sont petit à petit dépossédés de toutes leurs compétences, celle sur l’eau est une de leurs dernières attributions. »

    Les deux départements comptant le plus de « points noirs » font justement partie de ceux dans lesquels beaucoup de maires rechignent au #regroupement, fait remarquer Intercommunalités de France. En tête, les Pyrénées-Orientales, avec 17 communes qui perdent plus d’un litre sur deux, alors que la sécheresse y sévit depuis trois ans, suivis par les Hautes-Alpes, qui en comptent quinze.

    « Le constat est clair : les petites communes isolées sont en difficulté, acquiesce Régis Taisne, qui est cependant moins catégorique qu’Intercommunalités de France. Il faut regrouper, mutualiser pour atteindre une taille critique permettant de faire face aux enjeux. Et dans beaucoup de cas, l’échelle intercommunale est cohérente. Mais dans d’autres, un autre #découpage_territorial peut s’imposer. Il existe par exemple de grands syndicats des eaux à l’échelle de toute la Vendée ou encore de l’Alsace-Moselle. » Cet expert invite surtout à rassembler des communes de diverses natures pour améliorer la solidarité : urbaines, rurales, de plaine, d’altitude, riches en eau ou dépourvues de ressources.

    https://www.liberation.fr/environnement/eau-potable-ardeche-alpes-maritimes-haute-savoie-la-carte-de-france-des-f
    #infrastructure #coût

    #cartographie #visualisation

    • Ce pays se « tiers mondise » à vitesse grand V. A quoi bon payer des impôts si c’est pour se retrouver avec des réseaux pareils !

  • Macron : Le grand « plan eau » qui fait flop

    Face à une sécheresse historique et à la pénurie qui s’annonce pire que celle de l’été dernier, avec des nappes phréatiques très en dessous de leur niveau habituel, Emmanuel Macron sort son « plan eau » : 50 mesures censées prendre le problème à bras le corps, présentées la semaine dernière dans les Alpes. Blast a suivi pendant des semaines sa préparation sous... influence. Enquête et décryptage sur un catalogue de mesures ineffectives dicté par les lobbies.

    Ménager l’attente... Dans le domaine du teasing et des effets d’annonce, Emmanuel Macron est passé maître. Annoncé depuis des semaines et retardé à plusieurs reprises, d’abord prévu début 2023 à l’occasion des « Carrefours de l’eau » organisés chaque année à Rennes, le plan sécheresse du gouvernement avait été remis à plus tard à la demande de l’Elysée. On l’attendait encore le 22 mars dernier lors de la journée mondiale de l’eau, qui offrait une fenêtre de tir idéale. Crise politique oblige, l’affaire avait dû être encore décalée. Et finalement le voilà, présenté jeudi dernier par le chef de l’Etat sur les rives du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes).

    En août 2022, la France a chaud. Le soleil (de plomb) cogne, les Français suent et les terres s’assèchent - un phénomène inquiétant, sans revenir jusqu’au cauchemar des incendies dans les Landes. En pleine canicule, les alertes remontées par les élus et les préfets se multipliant, Elisabeth Borne annonce la mise sur orbite d’une « planification écologique » plaçant l’eau au cœur de ses priorités. On sait aujourd’hui que près de 700 villages ou petites villes ont souffert de pénuries d’eau potable, chiffre qui à l’époque avait été minoré. Pendant plusieurs semaines, certaines populations avaient dû être alimentées par des citernes ou de l’eau en bouteille livrée par packs.

    Diagnostics clairement tracés

    Le coup de chaud de l’été 2022 passé, le chantier est lancé opérationnellement le 29 septembre par Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, et sa secrétaire d’Etat Bérangère Couillard, avec une phase de consultation. Début janvier 2023, les contributions de ces groupes de travail, comme celles des comités de bassin (des instances de concertation à l’échelle locale rassemblant opérateurs, Etat, collectivités, ONG, industriels, agriculteurs et consommateurs), sont présentées à la secrétaire d’Etat dans le cadre du Comité national de l’eau (un organe consultatif placé sous l’autorité du ministère de la Transition).

    De ces travaux et de leurs conclusions remises à Bérangère Couillard se dégagent « des diagnostics clairs et des propositions de solutions », « notamment autour de la REUT (réutilisation des eaux usées traitées) et du développement de la télérelève », se félicite la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) dans sa lettre publiée en mars dernier.

    La FP2E fédère 6 entreprises membres dont les multinationales Veolia, Suez et Saur. Ce lobby influent a participé activement à cinq des groupes de travail - sur la gestion des sécheresses, sur les usagers, la sobriété, le grand cycle de l’eau et les pollutions diffuses. L’occasion de pousser ses intérêts. A la sortie de la consultation, la FP2E pointe aussi « les blocages à lever », « relatifs notamment au financement, à la complexité des démarches administratives ou encore à la durée des autorisations ». Des freins « décourageants pour les porteurs de projet », note-t-elle.

    En réalité, cet investissement vient de loin. La FP2E, et avec elle les géants privés de l’eau, pousse ses pions depuis des mois : avant la présidentielle de 2022, ce syndical patronal avait présenté aux candidats son « programme ». Dès lors, tout était dit et la « feuille de route » tracée. Elle n’a pas changé depuis.
    Un gouvernement bien irrigué

    En France, la dernière grande loi sur l’eau date de 2006. Depuis, les effets du changement climatique sur le cycle hydrologique se font sentir, beaucoup plus puissamment et rapidement qu’on ne le pensait il y a encore quelques années. Résultat, l’édifice institutionnel de la gestion de l’eau à la française, qui a vu le jour à l’orée des années soixante, craque de toute part. Pourtant, personne ne veut ouvrir la boîte de Pandore que représenterait nécessairement l’élaboration d’une nouvelle loi. Celle-ci imposerait en effet de mettre au premier rang des discussions la question explosive de l’évolution du modèle agricole productiviste. Un sujet très actuel, le récent week-end de guerre civile dans un champ des Deux-Sèvres en étant une sidérante démonstration, autour de la question des méga-bassines. Et surtout un casus belli pour la FNSEA, très en cour à l’Elysée.

    Le plan présenté en grande pompe par Emmanuel Macron au lendemain de la pénible et interminable séquence sur les retraites a été bien irrigué. Pour parvenir aux 53 mesures qu’il exhibe, on a exhumé tout ce qui trainait au fond des placards depuis des lustres, afin de susciter un effet « waouh ». Ce catalogue ne fera pas illusion bien longtemps, comme on s’en apercevra rapidement, dès cet été. Il est le produit d’un véritable opéra-bouffe qui a vu tous les lobbies intéressés s’atteler dans l’urgence à la rédaction de rapports, de contributions et de propositions dont le contenu laisse dubitatif. Ils s’y sont mis, tous sans exception.

    Cet activisme n’est pas nouveau. C’est même un grand classique qui a débouché jusqu’à présent sur une série de grand-messes pour rien – des Assises en 2018-2019 au Varenne de l’eau du ministère de l’Agriculture en 2021-2022 (qui déroulait le tapis rouge à la FNSEA), avant que l’Académie des technologies ne s’y colle à son tour fin 2022. Une litanie sans rien changer qu’Emmanuel Macron n’a pourtant pas manqué de rappeler la semaine dernière, les énumérant pour s’en féliciter : « dès le mois de septembre, on a tiré les leçons, lancé les travaux, le ministre l’a rappelé, s’appuyant sur ce qui avait été fait dès il y a cinq ans ».
    Un plan « Copytop »

    Pour permettre au président de la République de sortir sa tête de l’eau et marcher sur le lac de Serre-Ponçon, une véritable usine à gaz s’est mise en branle à un train d’enfer. Depuis l’automne dernier, les contributions se sont ainsi empilées les unes sur les autres : mission d’information de la commission des affaires économiques du Sénat, copieux rapport du groupe prospective de la Chambre haute, propositions de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), du Comité national de l’eau - un organisme baroque, repaire de tous les lobbies, placé sous l’autorité du ministère chargé de la Transition écologique – ou encore, dernières en date, celles d’une autre commission sénatoriale. Sans oublier les 48 propositions du Comité de bassin Seine-Normandie le 3 février, avant l’audition organisée le 15 du même mois par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat (encore) !

    Au final, cette bataille d’experts s’est dénouée dans des réunions interministérielles (les « RIM ») opposant classiquement l’écologie, l’agriculture, Bercy, la DGCL du ministère de l’Intérieur, le tout sous la férule de Matignon - dont l’occupante connaît le sujet. « Béchu et Couillard n’y connaissent rien, c’est Borne qui pilote tout depuis le début », confirme une source proche du dossier.

    L’analyse de cette production frénétique de nos collèges d’experts, qui se sont copiés sans vergogne sous l’air du « y’a qu’à-faut qu’on », est édifiante. S’ouvre alors sous nos yeux l’étendue affolante de tout ce qui aurait dû être fait, ne l’a pas été et reste donc à faire - avec les remises en cause drastiques que cela implique.

    Depuis une quinzaine d’années, tous les organismes de recherche impliqués dans la question de l’eau, comme les inspections des administrations centrales, ont publié des centaines de rapports parfaitement informés, qui détaillent par le menu la montée des périls comme les mesures qui devraient être prises pour y faire face. En pure perte. Rien ne change, business as usual.

    Pollutions multiformes, pesticides, irrigation à outrance, imperméabilisation des sols, inondations, sécheresses, recul du trait de côte, chute dramatique de la biodiversité... La réalité est un cauchemar. Et l’élaboration aux forceps de ce nouveau « plan eau » illustre une nouvelle fois, jusqu’à la caricature, la « méthodologie » qui voit rituellement la montagne accoucher d’une souris.

    Que s’est-il passé, au juste ? Ce qui se passe en réalité depuis des lustres. L’affaire se joue en deux temps : l’état des lieux d’abord, puis les propositions. L’état des lieux, la phase 1, s’alimente des centaines de rapports disponibles. Rédigés par des fonctionnaires (IGEDD, CGEEAR, IGF, IGA…) ou par des collaborateurs du Parlement, très généralement compétents, ils renvoient les décisions à prendre au politique. C’est à cette étape, celle des propositions, que les choses se grippent. Pour s’en convaincre, il suffit de confronter pour chacun des rapports, et d’un rapport l’autre, l’état des lieux initial aux « propositions » d’actions élaborées. Le constat est accablant : l’intervention du politique neutralise tout espoir d’améliorer quoi que ce soit.

    Le sénateur et l’éléphant

    Sur le constat tout le monde s’accorde, globalement. A quelques nuances près : la France demeure un pays bien doté, avec des précipitations suffisantes pour répondre à de multiples usages - 32 à 35 milliards de m3 sont prélevés chaque année pour le refroidissement des centrales nucléaires, l’eau potable, l’agriculture, l’alimentation des canaux, l’industrie, etc. Mais les impacts du changement climatique sur le cycle de l’eau se font déjà sentir, y compris dans les bassins plus septentrionaux, provoquant l’eutrophisation des cours d’eau, l’évaporation à un rythme plus rapide et la diminution des pluies en été.

    Et puis, il y a « l’éléphant dans la pièce », selon l’expression du sénateur Renaissance Alain Richard... Co-rapporteur d’un rapport avec Christophe Jarretie (député Modem de Corrèze jusqu’en juin 2022), Alain Richard désigne ici la mobilisation de la ressource pour les besoins agricoles, qui explosent l’été quand il n’y a plus d’eau… D’où les conflits sur l’irrigation et les bassines, qui ont dépassé la côte d’alerte.

    Se prononçant en faveur de la multiplication des retenues, ce même rapport souligne pourtant « une autre limite aux stratégies d’économies d’eau pour l’irrigation agricole » : elle « réside dans la manière dont la marge de manœuvre permise par les économies se trouve redéployée. En améliorant le système d’irrigation, on peut mobiliser davantage d’eau pour les plantes à prélèvement égal. La tentation peut être alors de ne pas réduire les prélèvements mais d’augmenter la surface irriguée. Ce risque est d’autant plus fort qu’avec l’élévation des températures et la modification du régime des précipitations certaines cultures historiquement non irriguées qui n’avaient besoin que de l’eau de pluie, comme la vigne dans le Sud-Ouest, ne doivent désormais leur survie qu’à l’installation de dispositifs d’irrigation. »

    Le 5 février dernier, on a appris que la région Occitanie et six départements du Sud-ouest (Haute-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Tarn-et-Garonne, Lot et Landes) venaient de recapitaliser à hauteur de 24 millions d’euros la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG). Spécialisée dans les barrages et les bassines, cette société d’aménagement régional était en quasi faillite. L’an dernier, sa gestion désastreuse a été sévèrement étrillée par la chambre régionale des comptes. Objectif de cette opération de sauvetage de la CACG ? « S’armer face au manque d’eau », notamment en « augmentant la capacité des réserves existantes »…
    Les diktats de la FNSEA

    Dans les débats autour de la crise de l’eau, on parle aussi beaucoup des « solutions fondées sur la nature ». Ça fait écolo à tout crin. « Cela implique d’aller à l’encontre de la tendance à l’artificialisation des sols, de désimperméabiliser, en particulier en milieu urbain, pour favoriser l’infiltration de l’eau de pluie ou encore apporter de la fraîcheur dans les villes lors des pics de chaleur », édicte le rapport de la commission des affaires économiques du Sénat. Problème, on oublie de dire que le principe du « zéro artificialisation nette » a suscité sur le terrain une véritable bronca des élus, de toute obédience, qui ont engagé un bras de fer avec le gouvernement sur le sujet.

    Notre éléphant, celui du sénateur Richard, est lui aussi au cœur des débats. « L’agriculture est le principal consommateur d’eau, indispensable à la pousse des plantes et à l’abreuvement du bétail, relève le Sénat. Mais l’adaptation des pratiques au changement climatique est encore trop lente et la transition vers l’agro-écologie doit être accélérée à travers tous les leviers possibles : formation, aides apportées par le premier ou le deuxième pilier de la politique agricole commune (PAC), recherche appliquée et expérimentation des nouvelles pratiques ».

    Des mesures et solutions de bon sens ? Probablement, sauf que le courant majoritaire de la profession agricole, incarné par la FNSEA, continue à s’opposer avec succès à toute évolution structurelle du modèle productiviste dominant et impose ses diktats à tous les gouvernements. L’actuel ministre de l’Agriculture Marc Fesneau l’a lui-même reconnu à mi-mots dans un récent article de Libération.

    Un autre sujet est lui aussi systématiquement évacué des « solutions ». Il mériterait qu’on y réfléchisse, pour reconsidérer le sujet dans son ensemble : chaque année, pour « équilibrer les fonds publics », l’Etat prélève 300 millions d’euros depuis quinze ans dans les caisses des agences de l’eau. « Les consommations domestiques d’eau potable, sur laquelle les redevances sont assises, sont sollicitées pour financer des domaines de plus en plus variés touchant de plus en plus au grand cycle de l’eau, et de moins en moins à la modernisation des stations d’épuration ou à la modernisation des réseaux de distribution d’eau potable, pourtant vieillissants », pointent ainsi les deux co-présidents du groupe de travail « Redevances des agences de l’eau et atteintes à la biodiversité ».

    En 2022, le duo Richard-Jarretie envisageait de compenser ce manque à gagner par la création d’une nouvelle taxe (assise sur la taxe d’aménagement départementale). Leur proposition de loi, qui aurait dû être adoptée en loi de finance rectificative, sera finalement sèchement rejetée par Bercy.

    La fuite politique

    Autrefois, « l’eau était gérée directement par les maires dans des syndicats intercommunaux à échelle humaine », mais « les regroupements de structures conduisent à dépolitiser l’eau », constate le rapport des deux parlementaires sur la question de la gouvernance. Résultat de cette évolution, « l’eau n’est plus que rarement une question politique débattue lors des campagnes électorales locales ».

    Désormais, « le pouvoir est passé du côté des techniciens. » « La politique de l’eau est dépolitisée et renvoyée à la recherche des meilleurs choix techniques possibles, constatent Jarretie et Richard. Les maires des grandes villes, les présidents des grandes intercommunalités ne siègent plus que rarement dans les organismes chargés de (sa) gestion. Ils y délèguent des élus, certes compétents, mais dont le poids politique propre est minime et qui n’ont pas tellement d’autre choix que de suivre les orientations de la technostructure de l’eau. »

    Parallèlement, cette dépossession d’une question éminemment politique s’accompagne d’une surenchère. Elle concerne la recherche et l’innovation, a priori louables sauf quand elles deviennent le paravent et le prétexte à l’inaction. Depuis une quinzaine d’années, les multinationales Veolia, Suez et Saur mènent avec succès un lobbying opiniâtre pour promouvoir une fuite en avant technologique. Censée apporter des solutions miracles, par exemple pour la réutilisation des eaux usées ou la recharge artificielle des nappes phréatiques, elle contribue en réalité au statu quo, pour ne rien changer aux pratiques délétères qui sont pourtant à l’origine de la dégradation croissante de la qualité de la ressource.

    Face à la production de ce discours et à cette fibre du tout technologique, difficile de résister. Pour deux raisons. « La compréhension des mécanismes de la politique de l’eau, tant dans ses aspects techniques qu’organisationnels est particulièrement ardue », soulignent Alain Richard et Christophe. Certes, « les SDAGE (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux, ndlr) et les SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux, ndlr) sont soumis à l’avis du public. Les dossiers d’autorisation au titre de la loi sur l’eau font l’objet d’enquêtes publiques dont les éléments sont mis à disposition de tous sur les sites Internet des préfectures. Mais seuls quelques « initiés » sont capables de maîtriser les nombreux paramètres en jeu ». Face à cette complexité et au jeu des lobbies, les administrés sont désarmés : « La transparence des procédures ne garantit pas la participation du public et l’appropriation des enjeux à une grande échelle. » Par ailleurs, en matière de gouvernance encore, l’équilibre et les relations national/local ne se soldent pas vraiment en faveur de l’implication des échelons au plus près des administrés.

    Doit-on réfléchir et envisager de décentraliser l’action publique, pour plus d’efficacité ? Un nouveau vœu pieu. La Macronie méprise les 570 000 élus locaux français. Dans la pratique, ce sont désormais les préfets, et surtout les préfets de région, qui ont la haute main sur des politiques publiques revues à l’aune du libéralisme le plus échevelé.

    Un déluge de com

    Le 23 février dernier, Christophe Béchu et Bérangère Couillard présidaient le premier comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) de l’année. Objectif affiché ? « Informer les représentants des usagers sur la situation hydrologique actuelle et projetée en anticipation de risques potentiellement significatifs de sécheresse »...

    Pareille langue de bois n’augurait rien de bon, ou plutôt admirablement ce qui allait suivre cet interlude comme quand les deux membres du gouvernement, 24 heures plus tard, expliqueront qu’ils vont décider avec les préfets de mesures de restrictions... « soft ». Le lendemain de cette pseudo-annonce, Le Monde consacre son éditorial aux périls qui menacent, appelant face à l’urgence à la sobriété des usages. Comme un coup de pied à l’âne.

    En ce début d’année 2023, le rouleau compresseur de la com gouvernementale s’emballe. A donner le tournis. La veille de la réunion du CASH, le 22 février sur France Info, le ministre Béchu déclare la France « en état d’alerte ». Le samedi 25 février, en visite au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron en appelle à un « plan de sobriété sur l’eau » et invente les « rétentions collinaires » jusque-là... inconnues.

    Le lundi 27 février, Christophe Béchu, à nouveau, réunit les préfets coordonnateurs de bassin. La semaine suivante, il est en visio avec les 100 préfets de département. Dix jours plus tôt, la troisième mission d’information sénatoriale mobilisée auditionnait des directeurs d’agences de l’eau. En outre, pour tirer les enseignements pratiques de la sécheresse historique de 2022, une mission est confiée aux inspections générales, charge à elles d’établir un retour d’expérience auprès de l’ensemble des acteurs et usagers et de formuler des propositions d’amélioration. La mission, en cours, devrait rendre ses conclusions au 1er trimestre 2023.

    Des « solutions » ineptes

    Cette mise en scène à grand spectacle se distingue principalement... par son inanité : loin de répondre aux enjeux d’une crise systémique, il s’agit en s’appuyant sur des « évidences » (qui n’en sont pas) de « vendre » du vent en agitant des « solutions » (qui n’en sont pas) tout en promouvant une fuite en avant technologique qui elle va rapporter des milliards aux usual suspects du secteur...

    À Savines-le-Lac, dans ses mesures phare, Emmanuel Macron a notamment insisté jeudi dernier sur la nécessité de lutter contre les fuites pour atteindre les objectifs fixés - et « faire 10% d’économie d’eau ». En les réparant ?

    Édifié depuis la moitié du XIXème siècle, le linéaire du réseau français d’adduction d’eau atteint quelque 880 000 kilomètres. Estimé à 1 000 milliards d’euros, ce patrimoine national a été à l’origine largement financé sur fonds publics, avant l’invention de la facture d’eau. Propriété des collectivités locales, son taux de renouvellement est en deçà de ce qu’il devrait être idéalement (1% par an), calé logiquement sur la durée de vie des tuyaux.

    « Parce que tout ça, c’est le fruit de quoi ?, a fait mine de s’interroger Emmanuel Macron la semaine dernière. De sous-investissements historiques. Et pourquoi on se retrouve collectivement dans cette situation ? C’est que pendant très longtemps, on s’est habitué à ne plus investir dans nos réseaux d’eau ».

    Face à cette situation, la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 (dite loi « Grenelle II ») a introduit deux dispositions : l’obligation tant pour les services d’eau que d’assainissement d’établir pour fin 2013 un descriptif détaillé de leurs réseaux d’une part, et l’obligation pour les services de distribution de définir un plan d’actions dans les deux ans lorsque les pertes d’eau en réseaux sont supérieures au seuil fixé par décret (n° 2012-97 du 27 janvier 2012).

    En clair, si son réseau est excessivement percé, la collectivité sera pénalisée en se voyant imposer un doublement de la redevance « prélèvement » perçue par les agences de l’eau sur les factures des usagers. Par ailleurs, plus « incitatif », la Banque des territoires (Caisse des dépôts et consignations) a ouvert ces dernières années une ligne de crédit de 2 milliards d’euros « [d’]Aquaprêt ». Les collectivités sont donc invitées à s’endetter pour changer leurs tuyaux. Succès mitigé jusqu’à aujourd’hui.

    Pour donner la mesure du problème, il est utile de savoir que changer un kilomètre de tuyau coûte entre 50 000 et 200 000 euros. Depuis trois ans, regroupées sous la bannière « Canalisateurs de France », les entreprises du secteur ont augmenté leurs tarifs de 30 à 40%.

    Autrement dit, une fois ces éléments précisés, aucune progression sensible n’est à attendre sur la question des fuites. Il va donc falloir trouver ailleurs.

    D’autant que si Emmanuel Macron annonce des financements (180 millions d’euros par an « sur nos points noirs), il s’est bien gardé de préciser l’origine de ces fonds (en encadré).

    Les eaux usées, plan juteux des majors

    Devant les élus, face aux Alpes qui le toisaient, le chef de l’Etat a insisté sur une autre mesure forte : il faut « investir massivement dans la réutilisation des eaux usées », a-t-il asséné avec un air entendu.

    Réutiliser les eaux usées ? Encore une fausse bonne idée « frappée au coin du bon sens ». Pour le mesurer et se faire une idée de l’annonce présidentielle, il faut là aussi comprendre de quoi il s’agit. Cette idée est en réalité promue depuis une vingtaine d’années au fil d’un lobbying effréné de Veolia, Suez et de la Saur.

    Concrètement, il existe aujourd’hui à peine 80 unités de « réutilisation des eaux usées traitées » (REUT) dans l’hexagone, pour plus de 22 330 stations d’épuration, de la petite installation qui traite les rejets de quelques centaines d’usagers aux complexes géants implantés dans les métropoles.

    Le traitement des eaux usées n’a pas pour objectif de la rendre potable. Avant d’être traitée, cette eau usée reçoit un prétraitement afin d’éliminer le sable et les autres matières en suspension. Le process consiste ensuite à opérer des filtrations et traitements (mécanique, biologique, physico-chimique…) avant de la rejeter d’une qualité acceptable, fixée par la réglementation, dans le milieu naturel (les lacs, les rivières, la mer, etc).

    L’épuration classique, dite par boue activée, s’inspire du domaine naturel. Plus précisément des rivières, qui développent des boues au sol afin de supprimer la pollution - elle s’en nourrit. Dans une installation traditionnelle, on fournit de l’oxygène à la boue pour satisfaire ses besoins énergétiques et on la laisse se nourrir, avant de la séparer de l’eau traitée à l’aide d’un clarificateur. Les filières les plus modernes peuvent aujourd’hui compter jusqu’à 10 étapes de traitement successives, jusqu’aux ultra-violets (UV).

    Plus coûteux et bien moins répandu, le traitement membranaire repose sur le même principe, mais au lieu d’utiliser un clarificateur les membranes filtrent la liqueur mixte.

    Avec la REUT, il s’agit de mobiliser des traitements complémentaires pour améliorer la qualité de l’eau usée. L’objectif n’est plus de la rejeter dans le milieu naturel mais de l’utiliser pour l’irrigation, l’arrosage des espaces verts, des golfs ou la réalimentation des nappes phréatiques, des captages ou des réserves qui servent à produire de l’eau potable, comme Veolia l’expérimente à grande échelle en Vendée.

    Revers de la médaille, c’est... autant d’eau qui ne revient pas au milieu, qui en a pourtant besoin, les rivières comme les nappes phréatiques, pour le maintien du cycle naturel - sans négliger les inquiétudes suscitées par le contrôle sanitaire des eaux ainsi « réutilisées » par ses usagers. Sur ce terrain, les expérimentations citées en exemples par les défenseurs de l’usage de la REUT pour l’irrigation dans le sud de l’Espagne ou en Italie (jusqu’à 10% des eaux usées y sont retraitées) montrent plutôt le chemin à éviter : les systèmes hydrologiques concernés y ont été gravement dégradés par un recours intensif à la REUT…

    On retrouve ici encore les mêmes à la manœuvre. Car pour Veolia, Suez et Saur, nouveaux usages « non conventionnels » veut dire d’abord et surtout nouvelles filières, nouvelles technologies, donc nouveaux marchés… Ces lobbies ont déjà convaincu le gouvernement qu’il fallait « faire sauter les entraves règlementaires qui pénalisent le développement des projets ». Comme en atteste le décret publié le 11 mars 2022, censé encadrer cette pratique, réputée « incontournable » pour répondre aux tensions qui se font jour sur la disponibilité des ressources en eau.
    Construire des bassines ?

    La question de l’irrigation de l’agriculture est devenue sensible à l’aube des années 2000, dans plusieurs grandes régions françaises - la Charente, le Sud-Ouest, la Beauce, la Picardie, terres d’élection des grandes cultures irriguées. Alors que le changement climatique affecte déjà le cycle hydrologique, la fuite en avant d’un modèle agricole productiviste délétère va dès lors entrer en contradiction avec une gestion soutenable de la ressource en eau.

    L’impasse s’est faite jour dans le courant des années 80 quand l’Etat a considéré que tout prélèvement au-dessus d’un certain seuil devait faire l’objet d’une déclaration à ses services, après avoir délivré des autorisations au coup par coup, sans aucune limite, pendant des décennies. Une situation intenable.

    Chaque été, les préfets d’une vingtaine de départements prennent de manière récurrente des arrêtés sécheresse et 30% du territoire métropolitain est considéré en déficit structurel. « On a une quinzaine de départements, dont les Hautes-Alpes d’ailleurs, qui sont d’ores et déjà placés en vigilance », a rappelé le président de la République la semaine dernière. « On a ensuite une dizaine de départements qui sont d’ores et déjà en alerte ou alerte renforcée dans certaines zones », a-t-il encore ajouté.

    La récente actualité, avec le choc des images de Sainte-Soline, a définitivement popularisé le sujet des grandes bassines. Mais, au juste, qu’est-ce qu’une bassine ? Cet ouvrage de stockage d’eau pour l’irrigation est constitué de plusieurs hectares de bâches en plastique retenues par des remblais de 10 à 15 mètres. Mais il ne se remplit pas avec de l’eau de pluie en hiver : avec une pluviométrie moyenne de 800 mm par an, il faudrait... 15 ans pour la remplir. Elle n’est pas davantage alimentée par de l’eau de ruissellement, comme celle des crues - comme le sont les retenues collinaires. Les bassines sont donc remplies par l’eau des nappes phréatiques, ce à quoi s’opposent les militants mobilisés le 25 mars dernier dans les Deux-Sèvres. Il faut compter 2 mois pour remplir une bassine avec des pompes travaillant à 500m3/H.

    Une fois capturée, l’eau est exposée au soleil, à l’évaporation et à la prolifération bactérienne ou algale. Elle servira alors principalement à irriguer du maïs destiné à nourrir le bétail, dont une bonne partie sera exportée avant que nous réimportions le bétail qui s’en nourrit. On dénombre aujourd’hui une bonne quarantaine de sites avec des grandes bassines (ou des projets) sur le sol national.

    Depuis un demi-siècle, on se débarrassait au printemps de l’eau « excédentaire » pour pouvoir effectuer les semis. On a drainé prairies et zones humides, « rectifié » les rivières pour évacuer l’eau. Ces opérations ont eu pour résultat une diminution des prairies et une augmentation de l’assolement en céréales. Mais à force d’évacuer l’eau, on a commencé à subir les sécheresses et les irrigants ont commencé à pomper l’eau des nappes.

    La loi NOTRe à la poubelle ?

    Comme si ça ne suffisait pas, la loi NOTRe de 2015 - loi phare du mandat Hollande qui avait pour objectif de rationaliser l’organisation des 35 000 services d’eau et d’assainissement français jusqu’alors gérés par les communes, en transférant ces compétences aux intercommunalités - n’a cessé d’être détricotée par les élus locaux qui n’ont jamais accepté d’être privés de leurs prérogatives.

    Après trois premières lois rectificatives, une quatrième offensive est venue du Sénat : la chambre haute examinait le 15 mars une nouvelle proposition de loi qui prévoit que même si les compétences ont déjà été transférées il serait possible de revenir en arrière, même pour les interco ayant procédé à la prise de compétences ! « On ne pourrait rêver pire pour créer un bordel ingérable », soupire un haut responsable de la direction générale des collectivités locals du ministère de l’Intérieur.

    Dans son rapport annuel 2023, la Cour des comptes a posé le dernier clou au cercueil, dans le chapitre qu’elle consacre à la politique de l’eau en France. Conclusion d’une enquête d’ampleur menée avec les treize chambres régionales, le texte n’y va pas de main morte pour dénoncer cette mascarade : « Elle est incohérente [et ] inadaptée aux enjeux de la gestion quantitative de la ressource », fulmine-t-elle. Cette politique, telle qu’elle est menée, souffre de « la complexité et du manque de lisibilité de son organisation », constatent les sages.

    La Cour fustige, les lobbies dansent...

    Exemple ? Près de la moitié des sous-bassins hydrographiques ne sont pas couverts par un schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage), dont l’élaboration... conditionne pourtant la mise en œuvre concrète des orientations du Sdage.

    « Lorsqu’ils existent, le contenu de ces schémas n’est pas toujours satisfaisant en raison de leur durée moyenne d’élaboration, proche d’une dizaine d’années, de l’ancienneté des données sur lesquelles ils s’appuient et de l’absence d’objectifs de réduction des consommations d’eau », pointent les magistrats financiers. Face à ces constats d’une sévérité sans précédent, la Cour des comptes demande donc de la « clarifier » en suivant mieux la géographie de l’eau et recommande de la (re)structurer autour du périmètre des sous-bassins versants.

    Mais qu’importent ces sombres augures et leurs appels... Le 22 mars, on se réjouissait, c’est bien là l’essentiel : Canalisateurs de France - les marchands de tuyaux qui réclament de 3 à 4 milliards d’euros d’investissements supplémentaires chaque année - organisaient un grand raout : une « matinée de l’eau » avec pour « grand témoin » l’incontournable Erik Orsenna, l’homme... qui se vantait de faire commerce de son entregent dans un portrait criant de vérité publié en 2016 par M le Monde. Le ton était donné.

    Dans ces conditions, après avoir observé pendant des mois ce qui se passait en coulisses, et constaté l’omniprésence de lobbies toujours plus offensifs, on ne pouvait s’attendre qu’au pire à l’annonce du fameux plan eau du gouvernement. A la lecture du document diffusé dans la foulée du discours d’Emmanuel Macron, on doit le dire, on n’a pas été déçu. Entre énièmes déclarations d’intention (jamais suivies d’effets), camouflage du réel, empilement de gadgets ineptes - le baromètre de ceci, le thermomètre de cela... -, le président de la République s’est fait le VRP d’un « plan waouh ». Présenté comme la « modernisation sans précédent de notre politique de l’eau », il tient en réalité du concours Lépine et du catalogue de la Redoute.

    À la sortie, une (seule) chose est acquise : l’été sera chaud. Et l’exercice d’esbroufe ne règlera rien.

    https://www.blast-info.fr/articles/2023/macron-le-grand-plan-eau-qui-fait-flop-lojNnq91RhyU46bCLV9S0w

    #eau #plan_eau #lobbies #Macron #plan #mesures #sécheresse #plan_sécheresse #REUT #réutilisation_des_eaux_usées_traitées #FP2E #télérelève #Veolia #Suez #Saur #lobby #FNCCR #Comité_national_de_l’eau #Comité_de_bassin_Seine-Normandie #RIM #irrigation #bassines #changement_climatique #irrigation_agricole #agriculture #Compagnie_d’aménagement_des_coteaux_de_Gascogne (#CACG) #zéro_artificialisation #dépolitisation #politique #politique_de_l'eau #technostructure #gouvernance #SDAGE #SAGE #schéma_d'aménagement_et_de_gestion_des_eaux #schéma_directeur_d'aménagement_et_de_gestion_des_eaux #politique_publique #libéralisme #comité_d’anticipation_et_de_suivi_hydrologique (#CASH) #inaction #réseau #investissements #sous-investissement #Aquaprêt #collectivités_locales #Canalisateurs_de_France #fuites #eaux_usées #épuration #bassines #nappes_phréatiques #industrie_agro-alimentaire #loi_NOTRe

    –—

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/997687

  • Laminé par les marées noires, le delta du Niger est menacé de famine | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/lamine-par-les-marees-noires-le-delta-du-niger-est-menace-de-famine

    Laminé par les marées noires, le delta du Niger est menacé de famine
    20 photos

    Au Nigeria, dans la principale région pétrolifère d’Afrique, les fuites d’hydrocarbures se multiplient et ruinent des milliers de pêcheurs et d’agriculteurs. Le pétrole assure 10 % du PIB du pays, le plus peuplé d’Afrique avec 219 millions d’habitants. Sur place, certains ont assigné en justice des entreprises pétrolières, mais les indemnités et le nettoyage n’ont pas permis de retrouver la prospérité perdue. Au point que la famine menace.
    Sadak Souici (photos) et Théophile Simon (texte)

    2 novembre 2022

    © Sadak Souici
    Nigeria, janvier 2022. Vue aérienne de Bolo, un village de pêcheurs sur les bords d’un bras du delta du Niger, l’un des plus longs fleuves d’Afrique. Autrefois prospère, le village est aujourd’hui fantomatique, ruiné par la pollution. Le Nigeria est le principal pays producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, et injecte chaque jour près de 2 millions de barils dans les veines de l’économie mondiale.


  • Au-delà des gazoducs Nord Stream, le méthane fuit un peu partout sur le globe vajo avec afp - RTS

    Des dizaines de milliers de tonnes de méthane se sont échappées des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Mais pour les spécialistes, cet événement n’est qu’un incident parmi des milliers d’autres qui se produisent chaque année à travers le monde.


    Carte montrant la localisation des principaux gazoducs et les principales sources d’émission de méthane liées à l’industrie pétrolière et gazière. © Kayrros Inc., Esri, HERE, Garmin, FAO, NOAA, USGS, OpenStreetMap contributors, and the GIS User Community

    Les fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 dues à un sabotage présumé en mer Baltique ont relâché quelque 70’000 tonnes de méthane (lire encadré), puissant gaz à effet de serre, selon une estimation mercredi de chercheurs français à partir d’observations atmosphériques. L’armée danoise avait publié sur Twitter des photos et vidéos de trois bouillonnements à la surface de la mer Baltique. Ces « jacuzzis » géants mesurent de 200 mètres à 1 kilomètre de diamètre.

    « Ce sont des chiffres importants, équivalents à 2% des émissions françaises ou aux émissions d’une ville comme Paris sur un an, ce n’est pas une bonne nouvelle, mais pas une bombe climatique », a relevé Philippe Ciais, chercheur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.

    Ces estimations sont bien moins élevées que les premières produites par des experts ou ONG dans les jours suivant les explosions sur les gazoducs le 26 septembre, qui se fondaient sur des estimations des quantités de gaz contenues dans les tuyaux. Plusieurs les évaluaient autour de 300’000 tonnes. Les chercheurs du CEA ont toutefois souligné que cette première étude devrait quoi qu’il en soit « être confirmée par d’autres modélisateurs ».

    Des fuites, pas des événements isolés
    Ce n’est pas la première fois que des fuites causées par l’industrie des hydrocarbures ont lieu. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a souvent pointé les quantités énormes de méthane qui fuient chaque année des installations de production d’énergies fossiles à travers le monde.

    Pour 2021, elle avait estimé que ces fuites mondiales équivalaient à la totalité de la consommation de gaz du secteur énergétique en Europe. Quant aux infrastructures gazières mondiales, souvent mal entretenues, elles perdraient à cause de fuites environ 10% des quantités transportées.

    Début 2022, des chercheurs du CNRS, dont Thomas Lauvaux, associés à la société Kayrros https://www.cnrs.fr/fr/des-emissions-massives-de-methane-par-lindustrie-petroliere-et-gaziere-detectee , ont cartographié 1800 panaches de méthane à travers le globe et visibles sur des images satellites. « On se doute que ces fuites sont courantes et datent de plusieurs décennies. Mais formellement, on est remonté jusqu’en 2019, année des premiers satellites capables de voir ce phénomène », explique Thomas Lauvaux, jeudi dans l’émission de la RTS Tout un monde.

    Selon une étude du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, les émissions de méthane ont augmenté de près de 10% sur la dernière décennie et proviennent pour 22% de l’exploitation du pétrole et du gaz.

    Les fuites se produisent majoritairement dans les « grands bassins gaziers » aux Etats-Unis, en Algérie, au Turkménistan, en Russie ou encore en Iran. « Chez tous les producteurs de gaz et de pétrole, on voit régulièrement des fuites énormes sortir de leurs installations », indique-t-il.

    Manque de transparence
    Ces rejets sont provoqués par des fuites accidentelles « de quelques jours à quelques semaines », par des fuites quasi continues dues à l’ancienneté des installations et par des opérations de maintenance, « qui représentent près de la moitié des détections ». « Pour sécuriser la zone, on laisse les gazoducs à l’air libre ventiler le gaz dans l’atmosphère », décrit Thomas Lauvaux.

    Jusqu’à présent, il y avait une « forme de minimisation » des fuites qui étaient mises sur le compte de « rares accidents ». « On se rend compte qu’on est bien au-delà du simple accident », dit-il. Le chercheur dénonce un manque de transparence qui ne permet pas aux gouvernements d’agir. Il estime qu’il faudrait davantage de satellites et de moyens humains pour pouvoir suivre l’ensemble des fuites sur la planète.

    Le méthane, fort pouvoir réchauffant à court terme
    La gaz naturel est principalement composé de méthane, à l’effet de réchauffement 80 fois plus important que celui du CO2 sur un horizon de 10 à 20 ans. Il est considéré comme responsable de près du tiers du réchauffement de la planète déjà enregistré.

    Toutefois, sa durée de vie dans l’atmosphère est relativement courte, une dizaine d’années, contre des décennies, voire des centaines d’années pour le CO2. Au contact de l’eau, une partie de ce méthane va s’oxyder et se transformer en CO2.

    « Sur le long terme, on pourrait presque ignorer le méthane. Mais sur les objectifs à court terme, 2030, que l’Union européenne et l’ONU se sont fixés, le méthane a un rôle très important à jouer », estime Thomas Lauvaux, professeur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, spécialiste des sciences du climat.

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/13443237-audela-des-gazoducs-nord-stream-le-methane-fuit-un-peu-partout-sur-le-g

    #climat #méthane #gazoducs #énergie #pollution #methane #gaz #co2 #gaz_de_schiste #réalité #pollution #fuites #réchauffement

  • #Services_publics d’#eau et d’#assainissement : prix en légère hausse et nette progression de l’intercommunalité
    https://www.banquedesterritoires.fr/services-publics-deau-et-dassainissement-prix-en-legere-hausse-

    L’Observatoire assure aussi le suivi de la mise en œuvre du décret « #fuites » du 27 janvier 2012 qui s’applique aux collectivités locales depuis 2013. Pour rappel, ce décret a pour objectif de réduire les fuites dans les réseaux d’eau potable en imposant aux collectivités locales de mieux connaître leurs réseaux et d’avoir un seuil minimum de #rendement (rapport minimum entre les volumes d’eau consommés et le volume d’eau introduit dans le réseau de distribution).
    A ce sujet, le rapport ne constate qu « une très légère amélioration ». Le rendement moyen à l’échelle de la France entière reste stable à hauteur de 79,9% (79,8% en 2017, 79,9% en 2016 et 79,7% en 2015). Les pertes par fuite annuelles représentent près d’un milliard de mètres cubes, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 18,5 millions d’habitants. 18% des services sont concernés en 2018 (comme en 2017 et 2016) par le non-respect du rendement seuil (rendement minimum à atteindre, personnalisé et contextualisé pour chaque service).

  • Cybersécurité : plus de 3 milliards de mots de passe Gmail, Hotmail, Netflix et LinkedIn divulgués en ligne
    https://www.rtl.fr/actu/sciences-tech/cybersecurite-plus-de-3-milliards-de-mots-de-passe-gmail-et-hotmail-divulgues-en

    « La mère de toutes les fuites », déplore le site d’information technologique BGR alors qu’un vol massif, appelée « Comb », a divulgué en ligne une base de données de 3,2 milliards de mots de passe volés. Certains redoutent déjà « la plus grande collection de données de connexion volées jamais partagée en ligne ».

    De fait, la semaine dernière, ces milliards d’identifiants de connexions à des sites tels que Netflix, LinkedIn, Gmail ou encore Hotmail ont fuité sur des forums de piratage. « Comb » n’est pas un hacking « inédit » mais plutôt la compilation de brèches passées diffusées sur la toile.

    Comme l’explique le quotidien belge Sudinfo.be, au total, les hackers ont accumulé 15,2 milliards de comptes piratés et plus de 2,5 milliards d’e-mails uniques, d’après les rapports de CyberNews.

    Parmi les données volées, on retrouve les identifiants de 117 millions de comptes LinkedIn ayant fait l’objet de fuites en 2021 et des accès au site Netflix. « Au moins une partie de vos données est presque certainement prise en compte dans cette faille », estime BGR.

    Le journal spécialisé en technologie a mis en ligne un moteur de recherche https://cybernews.com/personal-data-leak-check pour vérifier si votre compte figure parmi les fuites exposées sur internet.

    #cyber #cyberguerre #fuites #gmail #hotmail

    • Complément qui relativise un peu :
      3,2 milliards d’emails et de mots de passe fuités ? Impressionnant, mais pas inquiétant - Cyberguerre
      https://cyberguerre.numerama.com/10370-32-milliards-demails-et-de-mots-de-passe-fuites-impressi

      « COMB », pour « Compilation of Many Breaches », ou la « compilation de nombreuses failles » en français. Voici le nom dramatique donné par un vendeur de données à une base qui contient près de 3,2 milliards de paires email/mots de passe, d’après nos sources. L’individu a publié son travail d’agrégation sur le plus populaire des forums de vente de données, et il suffit de dépenser 8 crédits, soit l’équivalent de 2 euros, pour y accéder.

      Dans son message, il ne cache pas la provenance des données : « La grande majorité du contenu est accessible publiquement. » Autrement dit, il n’a fait que compiler des bases de données déjà connues de toutes et tous, cybercriminels comme entreprises de cybersécurité. Ce travail n’est pas sans intérêt, mais il n’est pas vraiment dangereux.

      L’article propose une autre lien pour vérifier, mais attention, il recense apparemment aussi de vieilles fuites, dont des trucs effectivement franchement pas graves. Mais bon, je le trouve un peu léger sur le côté « rho ça va c’est des éléments qui étaient publics » pour des mots de passe de mails !

  • Un masque québécois testé, approuvé, louangé… mais bloqué | La Presse
    https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-01-11/un-masque-quebecois-teste-approuve-louange-mais-bloque.php

    Au moment où l’équipement de protection médicale est rationné dans des hôpitaux débordés en raison de la COVID-19, la CNESST bloque l’utilisation d’un masque québécois… dont l’achat avait pourtant été recommandé aux hôpitaux par Québec.

    Les masques N99 de Dorma Filtration sont plus efficaces que les fameux N95 achetés aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Ils sont plus confortables. Ils coûtent moins cher, car ils sont stérilisables et réutilisables. Et ils sont entièrement conçus et fabriqués au Québec.

    Le masque a passé tous les tests et reçu l’approbation de Santé Canada. L’enthousiasme était tel que le ministère de l’Économie a donné une subvention pour démarrer la production. Une firme du Saguenay, Sefar BDH, a fourni le filtre, et une usine de fabrication de pièces d’automobiles de Sherbrooke, MI Intégration, a mis sur pied une chaîne de montage avec 40 employés.
    Les commandes ont démarré en lion…

    Mais voilà qu’un fonctionnaire de la CNESST, qui veille à la santé et sécurité du travail, a trouvé un problème. Un règlement stipule que tout appareil de protection respiratoire (APR) doit être approuvé par l’Institut national de la santé des États-Unis, le NIH. Le NIH délivre en effet des certifications (NIOSH). Pas de NIOSH, pas d’autorisation au Québec.

    Sauf que pendant la pandémie, les laboratoires du NIH étaient fermés aux produits étrangers, et ils viennent à peine de rouvrir. Il faudra « au moins trois mois » avant d’obtenir cette certification américaine.
    C’est justement pour cette raison, et pour faire face à la pénurie, qu’Ottawa avait émis un décret le 18 mars, au tout début de la pandémie. Ainsi, on pourrait certifier le matériel ici et, si possible, le produire au Canada, plutôt que de dépendre d’arrivages étrangers au double ou au triple du prix… quand on les obtient.

    Mais apparemment, la CNESST estime que le règlement… c’est le règlement.
    « Le gouvernement nous a laissés tomber, dit le Dr René Caissie, concepteur du masque. Le chirurgien maxillo-facial a laissé sa pratique de côté pour se consacrer entièrement à ce projet. J’ai écrit plusieurs fois à son sujet. Il a commencé par inventer un masque artisanal, puis a participé à d’autres projets avant de concevoir ce masque en résine moulée, au bout duquel on installe un filtre en papier.

  • Le gouvernement veut créer un #fichier pour les malades du coronavirus

    Le projet de loi du gouvernement prévoit la création d’un fichier spécifique rassemblant les noms des #malades du #Covid-19 ainsi que de leurs contacts. Et ce « sans le consentement » des personnes concernées.

    Comment assurer le #suivi des malades du Covid-19 et des personnes qu’ils ont croisées ? C’est pour répondre à cette question que le gouvernement entend créer un nouveau fichier, prévu par le projet de loi prorogeant l’#état_d’urgence_sanitaire, qui devrait être examiné par les parlementaires les 4 et 5 mai.

    L’article 6 du texte prévoit en effet que soient rassemblées dans un même fichier toutes les informations susceptibles d’aider à la reconstitution, par des « #brigades » d’#enquêteurs_épidémiologiques, des #relations de chacun. Le fichier, non anonyme, devrait ainsi contenir l’#identité des malades et les résultats de leurs #examens_biologiques, mais aussi plus largement la liste des personnes croisées au cours des derniers jours – car « présentant un #risque_d’infection » -, leur #adresse et leurs #déplacements. Et ce afin d’opérer, peut-on lire dans le texte du gouvernement une « #surveillance_épidémiologique aux niveaux national et local ».

    Plusieurs administrations auront accès aux données

    Le nouveau fichier, qui n’a aucun lien avec l’application de #traçage #StopCovid, dont Olivier #Véran a annoncé qu’elle ne serait pas prête le 11 mai, abritera ces #informations, d’abord collectées par le #médecin_traitant puis par les « brigades » de l’#Assurance_maladie. Des #données_personnelles extrêmement sensibles qui seront ensuite mises à la disposition non seulement des professionnels de santé en charge du suivi des personnes malades, mais aussi de plusieurs administrations comme le #ministère_de_la_santé, le service de santé des #armées, l’Assurance maladie et les #Agences_régionales_de_santé.

    Le dossier est d’autant plus sensible que les données dont il est question sont en partie couvertes par le #secret_médical. « Comme lorsque nous consultons un confrère à propos d’un patient ou lorsque nous envoyons à l’Assurance maladie les motifs médicaux d’arrêt de travail, nous serons dans le cadre d’un #secret_médical_partagé », assure le docteur Jacques Battistoni, président du premier syndicat de médecins généralistes, #MGFrance. Les #généralistes seront chargés de collecter les premières informations sur le « #premier_cercle » fréquenté par un malade dans le fichier. Ils ont d’ailleurs reçu un courrier en ce sens, jeudi 30 avril, signé par Nicolas Revel, le patron de l’Assurance maladie.

    « Je comprends que ce système puisse impressionner, car il contient des #informations_sensibles et personnelles, mais c’est un moindre mal. Il me semble vraiment indispensable si l’on ne veut pas que l’#épidémie reparte », souligne le docteur Battistoni.

    Une transmission de données « sans le #consentement des personnes »

    Autre question sensible, au cœur de ce nouveau fichier : la #transmission_des_informations qu’il contient sera opérée « sans le consentement des personnes intéressées », peut-on lire dans le projet de loi gouvernemental. Une précision qui inquiète plusieurs observateurs, comme le président de l’#Union_française_pour_une_médecine_libre (#UFML), le docteur Jérôme Marty. « Le consentement est l’un des socles de la médecine. Le fait de ne pas demander le consentement de son patient pour constituer un fichier est sans précédent. La situation d’#urgence ne peut pas tout justifier », alerte-t-il.

    « Imaginez le scandale si nous avions fait ce genre de fichiers pour le sida, poursuit-il. Cela pose un problème #éthique et déontologique important. » Ce praticien réclame l’avis Conseil de l’Ordre sur le sujet, mais aussi celui du Comité national d’éthique, de l’Académie de médecine, de la Cnil et du Conseil constitutionnel.

    « Garde-fous »

    « Que signifie cette absence de consentement ? », interroge quant à lui l’avocat Thierry Vallat. Ce spécialiste des données personnelles estime que des « #garde-fous » devront ainsi être nécessaires. « Il faut définir très précisément qui collectera les informations, la liste des informations précises, qui pourra y avoir accès et surtout pour combien de temps », insiste l’avocat. Sur ce dernier point, le gouvernement prévoit la disparition du fichier « au plus tard » un an après la promulgation de la loi.

    Mais surtout, l’avocat s’inquiète d’éventuelles #fuites de données. « Nous sommes dans un contexte exceptionnel où les services de l’État agissent très rapidement, et risquent de ne pas avoir le temps de sécuriser ce nouveau fichier. Or les données de santé font régulièrement l’objet de fuites, et elles sont extrêmement convoitées », estime-t-il.

    Dans l’ensemble, l’architecture de ce nouveau dispositif demeure assez floue. Et pour cause : il devrait ainsi être précisé, après coup, par un #décret d’application. Ce qui permettra de consulter la Cnil sur ce nouveau fichier. Jusqu’à maintenant, la Commission indépendante n’a en effet pas été sollicitée sur ce dossier sensible.

    https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sante/Le-gouvernement-veut-creer-fichier-malades-coronavirus-2020-05-03-12010923
    #coronavirus #France #loi #déontologie
    ping @etraces @isskein

  • 21 degrés de liberté – 10
    https://framablog.org/2018/03/19/21-degres-de-liberte-10

    L’usage par les journalistes de #Documents physiques fuités était – et est encore – protégé par les lois. Mais les documents électroniques qui ont fuité exposent aujourd’hui les journalistes à des poursuites… Voici déjà le 10e article de la série écrite … Lire la suite­­

    #21_degrés_de_liberté #Libertés_Numériques #Analogique #FBI #Fuites #Hygiene_numerique #Informations #Journalisme #Justice #numerique

  • From the Pentagon Papers to Trump: How the government gained the upper hand against leakers
    http://theconversation.com/from-the-pentagon-papers-to-trump-how-the-government-gained-the-upp

    A 2007 Pew Research Center report found nearly 60 percent of Americans felt the U.S. government criticized news stories about national security because it had something to hide. That same study showed 42 percent of Americans thought leaks harmed the public interest. By 2013, 55 percent of Americans believed Edward Snowden’s leaks about National Security Agency surveillance programs did more harm than good.

    Such a dramatic change in public opinion raises questions about whether the public today will even defend the media’s right to access and publish leaked information.

    #fuites

  • Panama Papers for losers | Le Monolecte
    http://blog.monolecte.fr/post/2016/04/11/panama-papers-for-losers

    Très régulièrement, politiques et médias « découvrent » d’un air effaré que les riches dépensent des trésors en avocats fiscalistes rien que pour s’assurer que leurs fortunes colossales ne ruissèleront jamais vers le bas, y compris au compte-goutte. Très régulièrement, tout le monde fait comme si on n’avait jamais entendu parler de paradis fiscaux, c’est à dire, concrètement, d’endroits où on planque l’argent loin de tout contrôle et en particulier loin du contrôle des États et de leur bras armé, le fisc.

    #argent #confiscation_démocratique #corruption #finance #Les_Affabulateurs #libéralisme #médias #série #Panama_papers

    • Si l’information est censée bouleverser notre vision du monde et entraîner une révolution impeccable à chaque article, c’est que tu en demandes peut-être un peu trop aux journalistes.

      Bien sûr Denis Robert en précurseur, en héros et martyr — mais faut-il décider que ça doit s’arrêter après lui, car le système a survécu à l’"affaire des affaires", ou au contraire espérer que ça reparte, et si possible de plus belle ?

      Pour ma part, s’il n’y avait que l’histoire du Modigliani, je serais déjà très content de l’existence des Panama Papers.

      L’affaire est loin d’être terminée, et, espérons-le, le courage sera contagieux, les lanceurs d’alerte plus nombreux et progressivement mieux protégés, les fuites plus grosses et plus informatives, les moyens de justice renforcés, les citoyens attentifs à ces problèmes plutôt qu’aux hochets identitaires…

      Comme le théorise Assange, les #fuites provoquent, au sein des pouvoirs conspiratifs, la #paranoia, une paranoia qui empêche ces pouvoirs de se déployer aussi facilement que d’habitude :

      The more secretive or unjust an organization is, the more leaks induce fear and paranoia in its leadership and planning coterie. This must result in minimization of efficient internal communications mechanisms (an increase in cognitive “secrecy tax”) and consequent system-wide cognitive decline resulting in decreased ability to hold onto power as the environment demands adaption.

      http://cryptome.org/0002/ja-conspiracies.pdf

    • Je commence à me demander si les fuites successives ne sont pas une campagne méthodique pour promouvoir les paradis fiscaux états-uniens.

      Pour les états « respectables », les moyens coercitifs légaux suffisent, cf. la Suisse qui a été obligée d’accorder la transmission automatique d’information à l’issue d’un très violent bras de fer. Pour les autres, une politique active de fuites bien ciblées dissuadera très efficacement les clients potentiels.

      Il sera très difficile d’évaluer le résultat de ces campagnes, mais il est à peu près certain qu’on se dirige vers une réaffectation massive des avoirs illicites vers de nouveaux havres de grâce. Sarko aura peut-être bien raison, finalement : les paradis fiscaux de papa , c’est fini !

    • @simplicissimus C’est une hypothèse que rien ne semble étayer pour le moment. Je t’accorde qu’elle est possible, simplement, je n’en sais rien, du moins dans l’attente de révélations qui pour le moment me semblent hors de notre portée.

      Plus important, il me semble qu’on devrait raisonner indépendamment de la résolution de ce mystère. Quoi qu’il en soit de l’origine des fuites, il est clair que tous les acteurs tentent d’en tirer le meilleur parti pour orienter le système dans le sens qui leur convient. Ce qu’il faut essayer de voir, c’est les opportunités que ces fuites offrent chacun des acteurs.

      Ceux qui sont cités, voleurs, spoliateurs, clandestineurs, mafiosi, trafiquants, à priori n’ont pas trop à y gagner… tant pis pour eux. Leur classe d’exploiteurs risque même peut-être d’y laisser quelques plumes (même si c’est déjà moins sûr). C’est la classe du "capitalisme déviant".

      L’OCDE et le G20, les États-Unis aussi sans doute, ont des projets de blanchiment du capitalisme, c’est l’occasion pour eux de les faire avancer. S’ils peuvent manipuler les informations de manière à abattre tel ou tel pion, tel ou tel adversaire, ou pour avancer dans telle ou telle dimension secondaire, ils le feront aussi.

      Au passage, ceux des capitalistes « du centre » qui sont les plus mouillés avec les déviants ont des soucis comac, coucou la Société Générale.

      Par ailleurs certains de ces joueurs disposent déjà d’infos secrètes (merci la NSA), la partie n’en est que plus facile pour eux. Le terrain de jeu est loin d’être plat.

      Mais ce ne sont pas les seuls acteurs ! Et à moins d’avoir totalement baissé les bras, il y a certainement des coups à jouer, des idées à faire progresser… Je ne crois pas beaucoup plus que vous au succès final, surtout quand on voit l’état des forces en présence ; mais est-ce qu’on se contente de prendre acte de ça et de dire « ça ne sert à rien c’est la énième révélation tout pareille et manipulée et de toute façon à la fin on va se faire enfler » ? Si c’est ça que je dois lire dans vos remarques, je ne suis pas d’accord.

    • J’ai vu passer cet article

      Le coup de maître des USA | Agefi.com
      http://www.agefi.com/quotidien-agefi/forum-blogs/detail/edition/2016-03-14/article/ceux-qui-transferent-des-actifs-aux-etats-unis-auront-une-surprise-de-taille-

      les Américains sont en train de déployer un plan diabolique qui va renflouer le trésor américain. La beauté du plan est que, sa finalité ne sautant pas aux yeux, la plupart des gens ne s’en méfient pas. De plus et surtout, il est presque imparable.

    • L’OCDE et le G20, les États-Unis aussi sans doute, ont des projets de blanchiment du capitalisme, c’est l’occasion pour eux de les faire avancer. S’ils peuvent manipuler les informations de manière à abattre tel ou tel pion, tel ou tel adversaire, ou pour avancer dans telle ou telle dimension secondaire, ils le feront aussi.

      C’est intéressant de voir qui sont les pions abattus. Par exemple le président argentin #Macri. C’est une surprise qu’il ne soit pas soutenu par les EEUU, surtout pour lui à mon avis.

    • C’est un foutu jeu d’échecs et je suis une merde aux échecs (incapacité totale à anticiper). Beaucoup de données convergent, comme le soulignent les Suisses. Il ne s’agit pas de complot des uns ou des autres comme je le lis un peu partout (enfin, surtout chez des gens un peu confus…), mais un ensemble de décisions pragmatiques convergentes.

      Les USA ont une économie nettement moins en forme qu’ils le prétendent (tous leurs indicateurs socioéconomiques — pris un à un — sont totalement pourris : emplois, inégalités, santé, mortalité, éducation, endettements collectif et individuel, etc.) et les cours bas du pétrole continuent de plomber leur combo de la mort des produits pétroliers du schiste (qui a bien manqué leur sortir le cul des ronces, malgré quelques petits inconvénients environnementaux).

      Le truc, c’est que leur dernier produit d’exportation, c’est plus ou moins leur guerre sainte perpétuelle et globale et que ça demande un max de liquidités disponibles, une guerre de ce genre à financer. Donc, c’est le moment de donner envie à tout le cash disponible de venir se mettre au chaud chez eux. Ce qui amène aussi à désirer que les planques habituelles soient pleines de gratte-cul…

      En gros, tout converge à nous montrer la fuite en avant d’un empire qui refuse de s’effondrer.

  • WWII Atomic Bomb Project Had More Than 1,500 “Leaks”
    http://fas.org/blogs/secrecy/2014/08/manhattan-project-leaks

    The #Manhattan_Project to develop the first atomic bomb during World War II was among the most highly classified and tightly secured programs ever undertaken by the U.S. government. Nevertheless, it generated more than 1,500 #leak investigations involving unauthorized disclosures of classified Project information.

    That remarkable fact is noted in the latest declassified volume of the official Manhattan District History (Volume 14, Intelligence & Security) that was approved for release and posted online by the Department of Energy last month.

    #nucléaire #bombe_atomique #histoire #fuites

    • Norbert Wiener, Cybernétique et société, 1950, trad. P.-Y. Mistoulon, Seuil, 2014, p. 152 :

      Dans le problème du déchiffrement, l’information la plus importante dont nous puissions disposer est celle de savoir que le message lu n’est pas du charabia. Une méthode courante pour déconcerter les décodeurs consiste à mêler au message normal un message #indéchiffrable, simple assemblage de caractères dénués de sens. De même, si l’on considère des problèmes naturels tels que ceux des réactions et explosifs atomiques, l’élément isolé d’information le plus considérable que nous puissions divulguer est leur existence. Dès que le savant étudie une question qu’il sait soluble, toute son attitude est modifiée. Il a déjà franchi la moitié du chemin qui le sépare de cette solution.

      Aussi est-il parfaitement exact d’affirmer que l’unique #secret relatif à la bombe atomique et qui, au lieu d’être livré au public et à tous les ennemis éventuels sans restriction, aurait pu être gardé, était la possibilité de la construire.

  • Les paradis fiscaux accueillent aussi les Chinois, avec une préférence pour les dirigeants et leurs proches. Les nouvelles informations rassemblées par le Consortium international de journalistes d’investigation viennent confirmer ce que l’affaire Bo Xilai avait déjà mis en lumière : les conflits d’intérêts entre les milieux politiques et d’affaires. #Chine #Offshore_Leaks

    Fils de princes, affaires et corruption, par Patrick Boehler (septembre 2012)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/09/BOEHLER/48097

  • Des SDF japonais embauchés pour nettoyer Fukushima
    http://www.france24.com/fr/20131230-autorites-japonaises-embauchent-sans-domicile-fixe-nettoyer-fukus

    Presque trois ans après la catastrophe nucléaire de #Fukushima, les autorités japonaises ont toujours d’énormes difficultés à décontaminer la région touchée par les #fuites_radioactives. Manque de main d’œuvre, étendue de la zone, risques de radiation... autant d’obstacles qui ralentissent les différents chantiers. Pour faire face à ce retard, des sans-abri ont été embauchés directement par des entreprises sous-traitantes de l’État pour effectuer des travaux de nettoyage, comme vider des maisons abandonnées, balayer autour des sites, arracher l’herbe ou encore racler la terre.

    #sdf #emploi #tendresse #marché_du_travail

    Via l’indispensable http://www.fukushima-blog.com

  • Snowden documents could be ’worst nightmare’ for U.S.: journalist | Reuters
    http://www.reuters.com/article/2013/07/13/us-usa-security-snowden-greenwald-idUSBRE96C08Q20130713

    Glenn Greenwald, the Guardian journalist who first published the documents Snowden leaked, said in a newspaper interview published on Saturday that the U.S. government should be careful in its pursuit of the former computer analyst.

    “Snowden has enough information to cause harm to the U.S. government in a single minute than any other person has ever had,” Greenwald said in an interview in Rio de Janeiro with the Argentinean daily La Nacion.

    “The U.S. government should be on its knees every day begging that nothing happen to Snowden, because if something does happen to him, all the information will be revealed and it could be its worst nightmare.”

    • ambigu, non ?
      1. si le gouvernement US s’est bel et bien lancé dans un délire anticonstitutionnel, ces révélations peuvent être positives dans une perspective pro-américaine
      2. Greenwald essaie-t-il de négocier un échange « données vs libertés » ?

    • La divulgation du reste des #fuites permettrait d’échapper à la surveillance du #NSA dit #Greenwald, qui serait « choqué » que #Snowden puisse lui demander de ne pas les publier et n’exclut pas de le faire,

      Greenwald : Snowden docs contain NSA ’blueprint’ - Latin America news - Boston.com
      http://www.boston.com/news/world/latin-america/2013/07/14/greenwald-snowden-docs-contain-nsa-blueprint/kHTNwWpq2NF3xwys4hBsIL/story.html

      Greenwald told The AP that Snowden has insisted the information from those documents not be made public. The journalist said it ‘‘would allow somebody who read them to know exactly how the NSA does what it does, which would in turn allow them to evade that surveillance or replicate it.’’

      Despite their sensitivity, Greenwald said he didn’t think that disclosure of the documents would prove harmful to Americans or their national security.

      ‘‘I think it would be harmful to the U.S. government, as they perceive their own interests, if the details of those programs were revealed,’’ said the 46-year-old former constitutional and civil rights lawyer who has written three books contending the government has violated personal rights in the name of protecting national security.

      Greenwald : Snowden asylum ’unlikely’ to stop me from publishing leaks - POLITICO.com
      http://www.politico.com/blogs/media/2013/07/greenwald-snowden-asylum-unlikely-to-stop-me-from-168197.html

      By seeking protection in Russia, NSA leaker Edward Snowden seems to have acknowledged that he is willing to stop leaking U.S. secrets — a precondition for asylum, according to Russian president Vladimir Putin.

      But Glenn Greenwald, the Guardian journalist who first published reports based on Snowden’s leaks, says such an asylum agreement would not stop him from publishing reports on the many confidential documents he has already received from Snowden.

      “Given everything I know, I’d be very shocked if he ever asked me that,” Greenwald told POLITICO on Friday. “I’d deal with that hypothetical only in the extremely unlikely event that it ever happened, but I can’t foresee anything that would or could stop me from further reporting on the NSA documents I have.”