#giorgio_agamben

  • Biopolitiques : usages d’un concept en temps de pandémie
    https://demainlaveille.substack.com/p/biopolitiques-usages-dun-concept

    L’épidémie de COVID-19 aura donné lieu, entre-autres choses, à de nombreuses prises de positions publiques et médiatiques. On peut regretter que celles-ci n’aient que rarement été à la hauteur de la crise, quand elles ne donnaient pas tout simplement dans le covido-négationnisme. Or bien souvent, les influences théoriques (plus ou moins bien digérées) qui nourrissent de telles déclarations ne sont pas absolument explicites, mais se laissent entrevoir : par exemple, lorsque Alain Damasio compare le virus aux étrangers – « les migrants (…), les pas-comme-nous », etc. – et nous enjoint à accepter l’altérité du vivant qu’il constitue, on y décèle son appétence pour un certain vitalisme deleuzien, ou pour les travaux plus récents de Bruno Latour. Doit-on pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain, rendre Deleuze responsable des métaphores nauséabondes qu’il aurait indirectement « inspirées » ? En définitive, cette seule question n’est sans doute pas très pertinente, mais il me semble toutefois intéressant de s’arrêter un peu sur les manières concrètes dont un héritage conceptuel peut être mobilisé, si ce n’est dévoyé, pour servir des positionnements politiques inconséquents et dangereux.

    Et, puisque parmi les théoriciens invoqués par les discours sur la pandémie, Michel Foucault semble être l’un des plus prisés (à vrai dire, cela n’a rien d’étonnant), j’aimerais me pencher sur son cas, et en particulier sur le concept de biopolitique – selon une double approche : disqualifier ses mésusages d’abord, et tenter ensuite de déterminer s’il peut, mieux utilisé, s’avérer tout de même éclairant dans nos approches de la situation pandémique.

    (...) si certaines figures médiatiques installées ont pu invoquer Foucault comme une référence bon teint (à l’image de BHL, dans Ce virus qui rend fou), c’est bien au sein de « l’extrême-gauche », pour parler vite, que cette référence mérite réflexion et critique. Une publication d’Olivier Cheval sur le site lundimatin, plaque tournante du confusionnisme s’il en est, me semble fournir un bon exemple. Son deuxième volet s’appuie sur Agamben pour fustiger la « biopolitique » épidémique, puis le troisième propose de « penser ce qui nous arrive avec Michel Foucault ». Or, l’auteur finit assez vite par déclarer que, si « les foucaldiens ont souvent été très réservés face à la manière dont Giorgio Agamben a investi le champ critique de biopolitique », la crise « donne raison (…) à Agamben ». Les absents, et donc les morts, ont toujours tort… Non pas que je souhaite ici « absoudre » Foucault, mais cela est sans doute symptomatique de la manière dont ses travaux sont relus, depuis une perspective qui a souvent plus à voir avec les affinités complotistes et situées, par exemple, d’un Agamben. Que ces dernières soit consubstantielles à ses directions théoriques, ou bien une dérive récente de sa trajectoire intellectuelle, là n’est pas le propos.

    #covid-19 #covido-négationnisme #vitalisme #Olivier_Cheval #Lundi_Matin #Alain_Damasio #Manifeste_conspirationniste #manifeste_con. #Gilles_Deleuze #microfascisme

    • (...) par une sorte d’élévation au rang de résistance politique du tempérament contrarien, toute participation à la prévention sanitaire, à la réduction des risques, à la solidarité épidémique, etc, serait réductible à la soumission au mot d’ordre biopolitique et, donc, serait un méprisable renoncement.

      (...) D’abord, rappelons à nouveau que la captation fréquente de ces références par le mouvement antivax et leurs alliés vient rabattre ces considérations précisément sur la notion d’exclusion (les non-vaccinés, les non-masqués, comme victimes auto-proclamées d’une exclusion politique), tendant à confondre les deux modèles et ramener « le lépreux » au milieu de la ville pestiférée. Ensuite, il faut justement insister sur le fait qu’il s’agit là de modèles. Foucault parle à leur sujet de « rêve politique » : ces schémas fonctionnent avant tout, du côté de l’exercice du pouvoir, comme imaginaire et comme référent technique ; « la ville pestiférée, (...) c’est l’utopie de la cité parfaitement gouvernée10 ». Il est certes ridicule de ne pas prendre en compte les façons dont, concrètement, la pandémie a été l’occasion de renforcements divers des procédures de surveillance et de contrôle, mais il est sans doute faux d’y voir une rupture, plutôt qu’une mise en exergue d’une logique déjà à l’œuvre en temps « normal » – par exemple, le ciblage différencié de certaines populations identifiées comme « indisciplinées »11 trouve avec l’épidémie de nouvelles manières de se déployer. Foucault insiste : « la peste (celle du moins qui reste à l’état de prévision), c’est l’épreuve au cours de laquelle on peut définir idéalement l’exercice du pouvoir disciplinaire. Pour faire fonctionner selon la pure théorie les droits et les lois, les juristes se mettaient imaginairement dans l’état de nature ; pour voir fonctionner les disciplines parfaites, les gouvernants rêvaient de l’état de peste.12 » Ainsi, ce fonctionnement idéal ne saurait se réaliser pleinement dans une situation épidémique effective, dont on a vu qu’elle impliquait aussi pour une bonne part une désorganisation institutionnelle frappante. En revanche, dans ces même pages, Foucault entend montrer que ces modèles de contrôles trouvent leur application plus concrète au sein des lieux d’enfermements des sociétés disciplinaires (et c’est là, en fait, que l’exclusion du lépreux et le découpage des pestiférés trouvent vraiment à se confondre) : « l’asile psychiatrique, le pénitencier, la maison de correction, l’établissement d’éducation surveillée, et pour une part les hôpitaux, d’une façon générale toutes les instances de contrôle individuel fonctionnent sur un double mode ; celui du partage binaire et du marquage ; et celui de l’assignation coercitive, de la répartition différentielle13 ». En un sens, plutôt que de refuser les masques et la prudence, de peur de réaliser le rêve politique de nos dirigeants, les bruyants lecteurs de Foucault auraient pu s’intéresser à la situation catastrophique des détenus en pleine épidémie14. N’oublions pas que ces commentaires sur la peste, dans Surveiller et punir, ouvrent le chapitre sur le Panoptique, autre « rêve » politique, et ne laissons pas la force évocatrice des utopies du pouvoir détourner nos yeux de ses véritables lieux d’accomplissement.

      au vu du nombre de lecteurs de LundiMatin, #toctoc

  • Von Giorgio Agamben, über Karl Heinz Roth bis zu ‚verlockenden‘ End...
    https://diasp.eu/p/14061632

    Von Giorgio Agamben, über Karl Heinz Roth bis zu ‚verlockenden‘ Endzeitstimmungen

    Vieles an der Corona-Politik der Bundesregierung ist widersprüchlich, wissenschaftlich evidenzlos, kurzum haarsträubend. Das verleitet einige dazu, anzunehmen, dass die Bundesregierung kopflos sei und dabei selbst die ‚Wirtschaft‘ mit in den Abgrund reißen würde. Dieser Erklärungsversuch deckt mehr zu als auf. Von Wolf Wetzel.

    Dieser Beitrag ist auch als Audio-Podcast verfügbar.

    Giorgio Agamben ist ein italienischer Philosoph, der in der Debatte der 1970er und 1980er Jahre eine wichtige Rolle spielte: Dazu gehört auch sein Buch „Ausnahmezustand“, das ich zum Geburtstag geschenkt bekommen habe – mitten im Lockdown 2021. Er ist mir als wichtige Quelle bekannt, bei dem Versuch, den „Deutschen Herbst“ 1976/77, die (...)

  • Des intellectuels italiens viennent rencontrer « en urgence » les acteurs de la résistance française

    https://www.francesoir.fr/politique-monde/congres-franco-italien-samedi-29-janvier

    Des scientifiques de divers horizons, des juristes et professeurs de science politique seront présents. Avec des noms connus en France : Idriss Aberkane, Christian Perronne, Laurent Toubiana, Louis Fouché, entre autres (voir la liste dans le communiqué ci-après) rencontreront des figures de la résistance italienne qui font le déplacement : Marianno Bizzarri, oncologue, Andrea Camperio Ciani, professeur d’éthologie, Riccarda Antiochia, professeur de chimie, Ugo Mattei, juriste ou encore Giorgio Agemben, philosophe reconnu internationalement.

    Voilà où on en est. (Ou alors c’est du flan et Agemben n’y sera pas.)

    • Agamben Grippette : Où en sommes nous ? On a pas pris suffisamment conscience du changement radical que nous sommes en train de vivre. bien des gens préfèrent en être dupes. effondrement d’un monde. l’âge des démocraties bourgeoise touche à sa fin. totalitarisme tyrannique et démocratique. des lois 10 fois plus répressives que les lois fascistes.
      l’opérateur : l’état d’urgence. état d’exception système normal (comme dit il ya 10 ans), inclus dans l’ordre juridique
      Immigrés de l’intérieur (green pass), l’amitié base politique minimale, essayer de créer une communauté.

      Toubiana, e-santé, institut pour la valorisation des données de santé ah ah ah. j’ai toutous vécu en France, je n’ai jamais eu aucune idée de ce qu’était un régime totalitaire...

      ils tiennent beaucoup à la syndémie (comme Stiegler et le manifeste conspi)

      Olivier Soulier, homéopathe et référent médical de reinfo covid, illuminé absolu : introduit sur la troisième guerre mondiale initiée par une élite qui a créée un virus pour imposer un vaccin. on va génocider la population en interdisant de soigner. tout devient d’une extrême logique

      ils font une pause. j’en profite pour vous signaler un traitement qu’on a pas la liberté de prescrire, mais bon, quand n a pas le droit, on prend le gauche, totalitarisme sanitaire ou pas. cest très bon d’après mon coach. et vous inquiétez pas ! c’est un médecin qui rédige

      on me dit que parmi les gens signalés au congrès, selon leur liste il y a : Ketty, ancienne danseuse de Claude François, tient un restaurant dans le 13ème arrondissement ; Olivier Tournafond, qui tiens une émission sur Radio Courtoisie, royaliste proche Le Pen ; Vincent Pavan président de RéInfo Liberté, une association loi 1901 qui récolte des fonds pour financer les besoins de RéInfo Covid ; les no name de la liste sont majoritairement de la région PACA, souvent gérants de boite

      Foouché : créez des communautés résilientes etc.

      #Jean-Dominique_Michel #Alexandra_Henrion-Caude #Patrick_Jaulent #Mariano_Bizzarri (oncologue) #Sébastien_Philippart (déclarant de manif "gilets jaunes) #Andrea_Camperio_Ciani #Riccarda_Antiochia #Ugo_Mattei #complotisme #hold-up_bis

    • MARATHON DE LA CONFUSION : RETOUR SUR LE « CONGRÈS FRANCO-ITALIEN DE LA RÉSISTANCE », Vivian Petit
      https://lundi.am/Marathon-de-la-confusion-retour-sur-le-Congres-Franco-Italien-de-la-resistance

      Tout au long de la journée, les interventions de quelques minutes se sont succédées à un rythme effréné, tout comme les citations et les affirmations indémontrables. L’illusion de scientificité était bien plus prégnante que l’appel à la réflexion. En outre, quoi qu’en disent les organisateurs, il s’agissait de tout, sauf d’une assemblée.

      Si en fin de journée, Christian Perrone a pu déclarer à France-Soir que lorsqu’ « on est du côté de la vérité on n’est pas isolé », force est de constater que chaque intervenant s’adressait d’abord à sa webcam, c’est-à-dire à lui-même. La confusion des interventions, 8 heures durant, n’était rendue possible que par l’absence de discussion réelle sur fond de peur et de ressentiment.

      Pour conclure la journée, Louis Fouché l’un des fondateurs de RéinfoCovid est venu en écho d’Agamben constater la fin d’une civilisation, le dépassement du droit par l’état d’exception, la fin des croyances dans l’économie, l’État et la culture. Puis, à contrepied de ceux qui appelaient à manifester contre le pass vaccinal et la « dictature sanitaire », il a prôné le retrait dans des communautés repliées.

      Comme il l’avait déjà fait cet été sur Radio Courtoisie, Louis Fouché, prenant subitement un ton de prédicateur, a reproché à une partie de son public de « mettre l’énergie au mauvais endroit », et les a appelés à ne pas se comporter comme des « crétins militants ». L’objectif, explique Louis Fouché, ne doit pas être de « gagner » ou de viser une « révolution par la rue », mais d’attendre que le monde s’effondre sur lui-même. Selon l’anesthésiste, puisque le chaos et l’effondrement sont prévus par le « Great reset », il s’agit donc de s’atteler à préparer un « Greater reset ».

      Il appelle à créer des « communautés résilientes », des « écoles libres », des « réseaux de santé alternative » tout en refusant la lutte politique et en se méfiant des autres « communautés résilientes », suspectée d’être des fausses oppositions créées par le système.

      Si ce projet de repli peut sembler cohérent, Louis Fouché ne manque pas à son tour de se prendre les pieds dans ses propres contradictions. Tout en critiquant l’illusion du recours au droit et la focalisation sur les responsabilités individuelles, il a ainsi pu appeler à « faire taire deux cent personnes », à se tenir prêts en vue des procès de Macron, Castex, et même de la « pendaison » d’Anthony Fauci (conseiller en chef pour la santé publique des présidents américains, onni par l’extrême droite américaine pour avoir contredit Donald Trump à plusieurs reprises). En outre, tout en marquant sa distance avec la croyance abstraite dans la science, Louis Fouché appelait pourtant à défendre la vérité scientifique contre les « hérésies ».

      Alors même que l’intervention finale du Dr Fouché consistait à prendre à revers les attentes de son auditoire qu’il a sermoné pour son inconséquence, le M. Loyal de la journée, Tristan Edelman, s’est réjoui d’un « bon résumé de ce qu’on a eu aujourd’hui ». Finalement, la parole conclusive sera laissée à Ilan, 16 ans, lycéen et blogueur. Apparaissant masqué pour préserver son anonymat et non se protéger du covid, « comme on peut s’en douter », le jeune homme a regretté ne pas avoir vu « beaucoup de jeunes s’élever contre les mesures coercitives » avant de conclure sur un vague appel à « se réveiller ». Là encore, il s’agit d’organiser et de rationaliser la cessité, personne n’a dû lui parler des émeutes dans certaines banlieues lors du premier confinement ni des manifestations contre les violences policières et la loi de sécurité globale du printemps 2020.

      (mais pas un mot sur le totémique Agamben Gripette...)

      #Perrone

  • Tu croyais que les fadaises d’Agamben en février, c’était terminé. Nope: the New York Times remet une pièce dans la machine.

    Opinion | Giorgio Agamben, the Philosopher Trying to Explain the Coronavirus
    https://www.nytimes.com/2020/08/21/opinion/giorgio-agamben-philosophy-coronavirus.html

    In late February, Mr. Agamben began using the website of his publisher, Quodlibet, to criticize the “techno-medical despotism” that the Italian government was putting in place through quarantines and closings.

    […]

    In fact, “the threshold that separates humanity from barbarism has been crossed,” Mr. Agamben continues, and the proof is in Italians’ treatment of their dead. “How could we have accepted, in the name of a risk that we couldn’t even quantify, not only that the people who are dear to us, and human beings more generally, should have to die alone but also — and this is something that had never happened before in all of history from Antigone to today — that their corpses should be burned without a funeral?”

    Vraiment, au NY Times, on en est encore à imprimer des choses telles que: «in the name of a risk that we couldn’t even quantify»?

  • *Les revendications des coordinations Facs et Labos en Lutte, « à l’air libre » !*

    Le comité national des coordinations Facs et Labos en lutte a participé jeudi à l’émission quotidienne du journal Mediapart, A l’air libre.

    Alors que Frédérique Vidal a demandé aux universités, par voie de presse, de se préparer à une rentrée mixte en prolongeant voire systématisant le recours à l’enseignement en ligne, Mediapart questionne une des membres du comité de mobilisation national Facs et Labos en lutte, et Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, sur la manière dont se profile la rentrée de septembre dans les universités.

    Beaucoup des points abordés reprennent les préoccupations et revendications de la tribune publiée dans Le Monde le 16 mai, puis sur le site Université Ouverte, qui a recueilli plus de 1500 signatures (signez ici). Que ce soit du point du point de vue étudiant comme enseignant, les aspects anti-pédagogiques de l’enseignement à distance ont été dénoncés. Ces nouvelles modalités, instaurées en urgence après le confinement, n’ont fait que souligner la grande précarité étudiante et les inégalités face au distanciel (connexion internet, conditions de vie, de logements notamment pour les étudiant·es boursier·es, salarié·es et étranger·s).

    De même, les deux invitées sont revenues sur le manque de concertation à l’échelle nationale de l’ensemble de la communauté universitaire, qu’ielles soient étudiant·es, enseignant·es, ou agent·es administratifs et techniques, sur les mesures et les moyens à envisager pour aborder la rentrée 2020 dans un contexte d’incertitude sur les mesures sanitaires. L’inquiétude réside aussi dans la volonté ministériel de pérennisation de ces dispositifs d’enseignement à distance, qui constituait déjà, avant la crise sanitaire, un objectif pour casser encore l’emploi dans l’enseignement supérieur, autour d’une conception réductrice de notre métier d’enseignant·e et d’accompagnant·e, alors qu’entre 2012-2018, 40% de postes d’enseignant-chercheur en moins, alors que dans un même temps la population étudiante augmentait de 26%.

    La seule solution pour la rentrée 2020 est un plan d’investissement dans l’enseignement supérieur et la recherche en France un plan de titularisation à la hauteur des besoins dans les universités et dans la recherche, et un plan de soutien massif aux étudiant·es en termes de bourses ou salaire étudiant, d’accompagnement social et médical, de logements et d’équipements.

    La crise sanitaire nous montre bien que les luttes ne sont pas finies et qu’elles prennent de nouvelles formes. Puisons dans notre mobilisation contre la précarité étudiante, contre la contre-réforme des retraites et contre le projet de loi LPPR pour renforcer nos liens, nos réseaux et notre détermination. Pour cela, retrouvons-nous le samedi 6 juin lors de la Rencontre dématérialisée des Facs et Labos en lutte pour en parler tou·tes ensemble !

    A partir de la minute 37’28 :
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2248&v=ACE0VPj_0ck&feature=emb_logo

    #enseignement_distanciel #université #France #coronavirus #covid-19 #septembre_2020 #ERS #fracture_numérique #inégalités

    –---

    Ajouté à la métaliste sur la question de la #rentrée_2020 dans les #facs avec #enseignement_à_distance :
    https://seenthis.net/messages/857580

    • Depuis la #Belgique...

      Non à la rentrée virtuelle à l’#ULB !

      Ce jeudi 28 mai, nous, enseignant·e·s, assistant·e·s, chercheur·euse·s, travailleur·euse·s et étudiant·e·s de l’ULB apprenons par la presse et par un message de nos autorités quelles seront les dispositions prises pour les examens de la seconde session et pour l’organisation de nos enseignements et de notre travail à la rentrée académique. Cette annonce intervient au moment où, partout dans le pays et en Europe, les indicateurs sanitaires passent au vert et où l’on s’apprête à sortir du confinement. Quelle dissonance ! Loin de nous l’idée de remettre en question des mesures visant à assurer la sécurité de toutes et tous quand la situation le justifie, mais il nous semble que le message de nos autorités témoigne surtout d’une fuite en avant vers l’enseignement à distance et l’adoption d’outils standardisés fournis par les multinationales du numérique.

      Sans préjuger de la situation sanitaire à la rentrée, nous sommes sidéré.e.s par la nature des « solutions » imposées par nos autorités et par la façon dont celles-ci ont été décidées. Après avoir vu décrocher parfois plus de 50% des étudiant·e·s des cours « digitalisés » (dont certain·e·s ont décidé de mettre fin à leurs études) ; après avoir constaté que près de 80% des étudiant·e·s estiment que le fait de ne plus assister physiquement aux cours a eu un impact négatif sur leur apprentissage ; après avoir expérimenté pendant deux mois et demi la pauvreté des réunions zoom, skype, teams, et autres, et la fatigue mentale qu’elles génèrent ; après avoir goûté l’insipidité des interactions que permettent les outils numériques et l’injustice et le stress qu’entraînent les évaluations organisées sous ces formats, nous disons « ça suffit ». Non, nous ne nous soumettrons pas à ce nouveau dictat.

      http://encourspasenligne.be

      #affiches :

    • Requiem pour les étudiants

      Lancée dans l’épopée médiatique chantant l’héroïsme sanitaire, l’Europe s’invente un étrange « monde d’après » où la vraie vie serait on line. La prochaine rentrée universitaire semble ainsi placée sous le signe de l’#enseignement_virtuel, présenté comme une nécessité moderne face à la menace virale qui, selon la prévision de certains experts, serait encore présente en septembre. Revenant aux sources de l’université, Giorgio Agamben décrit une sclérose de l’institution, l’usage politique du virus précipitant la mort de la forme de #vie_étudiante. Exhortation au sursaut vital, le texte invite à une renaissance, ranimant la flamme de la mémoire afin que surgisse une « nouvelle culture ». Face au pouvoir technologique imposant la séparation par l’écran, le moment est venu de tisser autrement les liens sensibles d’intelligence que toujours suscite le désir d’étudier : pour de futures universitates.

      Comme nous l’avions prévu, les cours universitaires se tiendront à partir de l’an prochain on line. Ce qui, pour un observateur attentif, était évident, à savoir que la “pandémie” serait utilisée comme #prétexte pour la diffusion toujours plus envahissante des #technologies_digitales, s’est exactement réalisé.

      Ce qui nous intéresse ici n’est pas la transformation conséquente de la #didactique, où l’élément de la #présence_physique, de tout temps si importante dans le rapport entre étudiants et enseignants, disparaît définitivement, comme disparaissent les #discussions_collectives dans les #séminaires, qui étaient la partie la plus vivante de l’enseignement. Fait partie de la #barbarie_technologique que nous vivons actuellement l’effacement de la vie de toute expérience des #sens et la perte du #regard, durablement emprisonné dans un #écran_spectral.

      Bien plus décisif dans ce qui advient est quelque chose dont, significativement, on ne parle pas du tout : la fin de la vie étudiante comme forme de vie. Les universités sont nées en Europe des associations d’étudiants – universitates – et c’est à celles-ci qu’elles doivent leur nom. La forme de vie de l’étudiant était donc avant tout celle où étaient certes déterminantes l’étude et l’écoute des cours, mais non moins importants étaient la #rencontre et l’#échange assidu avec les autres scholarii, qui étaient souvent originaires des lieux les plus reculés et se réunissaient selon le lieu d’origine en nationes. Cette forme de vie a évolué de façon diverse au cours des siècles, mais, des clerici vagantes du Moyen Âge aux mouvements étudiants du XXe siècle, était constante la dimension sociale du phénomène. Quiconque a enseigné dans une salle à l’université sait bien comment, pour ainsi dire sous ses yeux, se tissaient des #amitiés et se constituaient, selon les intérêts culturels et politiques, de petits groupes d’étude et de recherche, qui continuaient à se réunir même après la fin du cours.

      Tout cela, qui a duré près de dix siècles, à présent finit pour toujours. Les étudiants ne vivront plus dans la ville où se trouve l’université, mais chacun écoutera les cours enfermé dans sa chambre, séparé parfois par des centaines de kilomètres de ceux qui étaient autrefois ses camarades d’étude. Les petites villes, sièges d’universités autrefois prestigieuses, verront disparaître de leurs rues ces communautés d’étudiants qui constituaient souvent la partie la plus vivante du lieu.

      De chaque phénomène social qui meurt on peut affirmer que, dans un certain sens, il méritait sa fin et il est certain que nos universités avaient atteint un tel point de corruption et d’ignorance spécialisée qu’il n’est pas possible de les pleurer et que la forme de vie des étudiants s’était en conséquence tout autant appauvrie. Deux points doivent pourtant rester entendus :

      - les professeurs qui acceptent – comme ils le font en masse – de se soumettre à la nouvelle #dictature_télématique et de donner leurs cours seulement on line sont le parfait équivalent des enseignants universitaires qui, en 1931, jurèrent fidélité au régime fasciste. Comme il advint alors, il est probable que seuls quinze sur mille s’y refuseront, mais assurément leurs noms resteront en mémoire à côté de ceux des quinze enseignants qui ne jurèrent pas.
      – Les étudiants qui aiment vraiment l’étude devront refuser de s’inscrire à l’université ainsi transformée et, comme à l’origine, se constituer en nouvelles universitates, à l’intérieur desquelles seulement, face à la barbarie technologique, pourra rester vivante la parole du passé et naître – si elle vient à naître – quelque chose comme une nouvelle culture.

      –-> Traduction (Florence Balique), à partir du texte mis en ligne le 23 mai 2020, sur le site de l’Istituto Italiano per gli Studi Filosofici :

      https://www.iisf.it/index.php/attivita/pubblicazioni-e-archivi/diario-della-crisi/giorgio-agamben-requiem-per-gli-studenti.html
      https://lundi.am/Requiem-pour-les-etudiants
      #Giorgio_Agamben #Agamben

    • Et en #Allemagne...

      Zur Verteidigung der Präsenzlehre

      In den letzten Jahren haben sich an den Hochschulen Elemente einer digitalen Lehre immer mehr durchgesetzt: zunächst als Unterstützung der Präsenzlehre, dann als deren Ergänzung oder gar als eine mögliche Alternative, und nun, mit Corona, als glückliche Rettung. Und in der Tat: Ohne digitale und virtuelle Formate hätte sich das Sommersemester 2020 nicht durchführen lassen. Und auch grundsätzlich leisten digitale Elemente mittlerweile einen wertvollen Beitrag zur Hochschullehre. Im Gefühl des plötzlich möglichen digitalen Sprungs nach vorn drohen indes drei Aspekte verloren zu gehen, die unserer Überzeugung nach von grundlegender Bedeutung für das Prinzip und die Praxis der Universität sind:

      1. Die Universität ist ein Ort der Begegnung. Wissen, Erkenntnis, Kritik, Innovation: All dies entsteht nur dank eines gemeinsam belebten sozialen Raumes. Für diesen gesellschaftlichen Raum können virtuelle Formate keinen vollgültigen Ersatz bieten. Sie können womöglich bestimmte Inhalte vermitteln, aber gerade nicht den Prozess ihrer diskursiven, kritischen und selbständigen Aneignung in der Kommunikation der Studierenden.

      2. Studieren ist eine Lebensphase des Kollektiven. Während des Studiums erarbeiten sich die Studierenden Netzwerke, Freundschaften, Kollegialitäten, die für ihre spätere Kreativität, ihre gesellschaftliche Produktivität und Innovationskraft, für ihren beruflichen Erfolg und ihre individuelle Zufriedenheit von substantieller Bedeutung sind. Dieses Leben in einer universitären Gemeinschaft kann in virtuellen Formaten nicht nachgestellt werden.

      3. Die universitäre Lehre beruht auf einem kritischen, kooperativen und vertrauensvollen Austausch zwischen mündigen Menschen. Dafür, so sind sich Soziologie, Erziehungs-, Kognitions- und Geisteswissenschaften völlig einig, ist das Gespräch zwischen Anwesenden noch immer die beste Grundlage. Auch dies lässt sich nicht verlustfrei in virtuelle Formate übertragen.

      Mit Blick auf diese drei Aspekte wollen wir den Wert der Präsenzlehre wieder in Erinnerung rufen. Wir fordern eine – vorsichtige, schrittweise und selbstverantwortliche – Rückkehr zu Präsenzformaten. Was die Schulen zu leisten in der Lage sind, sollte auch Universitäten möglich sein: die Integration von Elementen der Präsenzlehre, etwa in kleineren Gruppen in größeren zeitlichen Abständen, je nach Bedarf, je nach lokalen Gegebenheiten. Einzelne Universitäten, einzelne Fakultäten könnten hier individuelle, verantwortliche Modelle entwickeln.

      Wir weisen auf die Gefahr hin, dass durch die aktuelle Situation die herkömmlichen Präsenzformate an Wertschätzung und Unterstützung durch die Hochschulleitungen, die Bildungsministerien und die Politik verlieren könnten, eine Unterstützung, die sie in der Zeit nach Corona dringend brauchen werden. So sinnvoll und wichtig Maßnahmen zur Bekämpfung des Virus sind: Corona sollte nicht zu einer nachgereichten Begründung für Entwicklungen in der Lehre werden, die vor Corona offen und kritisch diskutiert wurden. Diese kritischen Debatten dürfen nicht durch scheinbare Evidenzeffekte, wie sie die Pandemie bisweilen produziert, abgekürzt werden.

      Die Präsenzlehre als Grundlage eines universitären Lebens in all seinen Aspekten gilt es zu verteidigen.

      https://www.praesenzlehre.com

    • Se non ora, quando? Quattro punti per l’università
      L’articolo che segue ha come punto di partenza la situazione italiana. Ma le considerazioni generali che esso sviluppa ci pare siano di grande interesse per una riflessione su quanto successo (nel quadro della pandemia COVID) e, verosimilmente, potrebbe succedere in tutto il sistema universitario europeo, Svizzera compresa. (Red)

      –-

      In questi giorni riaprono perfino le palestre, con energumeni sudati che sprigionano umori in ambienti chiusi. Ma scuole e università no, ci mancherebbe: classi pollaio, insegnanti anziani, piani di ripresa mai stilati, rischi e timori del tutto indeterminati. E in fondo che fretta c’è? Che diavolo volete? Tanto non producete reddito, lo stipendio vi arriva lo stesso e una lezione si può fare anche attraverso il computer, mentre uno spritz o una corsa sul tapis-roulant (ancora) no. Così il senso comune traveste da ragioni tecnico-economiche un dato primariamente politico, in cui l’ossessione securitaria di oggi si fonde con il mirato, sistematico svilimento delle istituzioni formative che sta massacrando scuola e università da almeno due decenni. E allora teniamole proprio chiuse, queste pericolose istituzioni, perché tanto si può fare lezione da casa: magari anche in autunno, e poi tutto l’anno prossimo, come ha già annunciato la gloriosa università di Cambridge, e poi chissà. Così potremo realizzare il sogno della preside Trinciabue, in un corrosivo romanzo di Roald Dahl: «una scuola perfetta, una scuola finalmente senza bambini!».

      Di cosa significhi insegnare nell’era del Covid-19 si sta discutendo da mesi, strappando faticosamente piccole porzioni di un dibattito pubblico monopolizzato da virologi superstar e dilettanti allo sbaraglio. Da parte mia, ho cercato di farlo in un e-book gratuito pubblicato da Nottetempo, Insegnare (e vivere) ai tempi del virus, mentre si moltiplicano gli interventi su blog, social e anche giornali mainstream. Torno dunque sulla questione per fissare solo quattro punti sintetici, conclusi da altrettanti impegni ad agire subito (in corsivo). E se non ora, quando?

      In questi mesi molti di noi hanno praticato la didattica a distanza con stati d’animo ambivalenti o apertamente conflittuali. Difficile capirlo senza esperienza diretta. Provare per credere. Da un lato l’incertezza, la novità, l’esperimento, anche l’euforia di reagire attivamente allo stato di minorità del confinamento con la parte migliore del nostro lavoro: insegnare, mettere in comune, cucire un filo con gli studenti, garantire comunque uno dei diritti fondamentali sanciti dalla Costituzione. Dall’altro i dubbi, le perplessità, la sensazione che tutte quelle energie spese con autentico spirito di servizio andassero in gran parte disperse, o che addirittura venissero sfruttate per altri fini. Nel frattempo, alcuni di noi hanno capito che uno straordinario sforzo tecnico e umano stava diventando un clamoroso errore politico (e comunicativo): diceva cioè al governo e al popolo: tranquilli, qui va tutto bene, le università e le scuole possono restare chiuse perché tanto c’è la didattica a distanza. E invece no, lo ribadisco: le cose non vanno affatto bene. Non vanno bene all’università e non vanno bene a scuola, dove la situazione è molto più drammatica, perché la didattica a distanza è una procedura emergenziale e solo un pallido surrogato di quello che deve avvenire in aula, tra muri e corpi, soggetti in carne ed ossa che si fronteggiano in luoghi fisici e politici, non solo per trasferire competenze ma per mettere a confronto idee, modelli di sapere e visioni del mondo. Dunque un primo impegno su cui non cedere nemmeno un millimetro: appena ci saranno le condizioni igienico-sanitarie dovremo tornare in aula, senza variabili o compromessi.
      La tecnologia è un falso problema, un palazzo di Atlante che genera ombre e riflessi, giochi di ruolo in cui ognuno assume una parte per attaccare un nemico fantasma. Così io faccio l’apocalittico, tu fai l’integrato e ci scambiamo sonore mazzate sulla testa, mentre le multinazionali del software e i provider di servizi informatici si fregano le mani. È un falso problema soprattutto all’università, dove non avevamo certo bisogno del Covid-19 per imparare a usare le tecnologie digitali, che sono un normale e istituzionale strumento di lavoro da molti anni, con una gamma di applicativi che ormai copre quasi tutte le attività amministrative, didattiche e di ricerca. E dunque basta con la retorica della “grande occasione”, con il riflesso condizionato di un ingenuo “make it new!”. Basta con l’equazione automatica tra strumenti digitali e innovazione, come se fosse sufficiente mettere un tablet nelle mani di docenti e studenti per realizzare ipso facto una “didattica innovativa”, formula ormai immancabile sulla bocca di dirigenti e rettori. Un bravo (o un cattivo) insegnante resta tale sia in classe che davanti a un computer: è una banalità che non vorremmo più dover ribadire. Anzi, come accade sempre più spesso, la tecnica è uno schermo opaco, alibi perfetto per deresponsabilizzare scelte e interessi: nasconde cioè dietro vincoli esterni e una presunta neutralità operativa decisioni del tutto opinabili e contingenti. Se continuiamo ad accapigliarci sul mezzo perdiamo completamente di vista lo scopo e soprattutto la posta in gioco di questa partita, che non è tecnica ma innanzitutto psicologica, sociale e politica. Se c’è una questione da porre sulla tecnologia, è piuttosto l’uso di software e piattaforme proprietarie da parte delle istituzioni pubbliche. È ormai francamente intollerabile che la scuola, l’università e tutta la pubblica amministrazione foraggino multinazionali come Microsoft o Google e cedano quote incalcolabili di dati sensibili. E dunque un’altra cosa da fare subito: un investimento nazionale per dotarsi di piattaforme informatiche basate su software libero, pubblico, che escluda forme di profitto e garantisca la custodia attenta dei dati personali.
      Blended è la nuova parola magica della neolingua accademica, da aggiungere a quella batteria di keywords che di fatto governano le politiche, i discorsi, la distribuzione dei fondi e soprattutto il funzionamento dei cervelli dentro l’università: premiale, competitivo, efficienza, efficacia, criticità, buone pratiche, accreditamento, autovalutazione, didattica innovativa e naturalmente eccellenza, il più vacuo feticcio ideologico dei nostri tempi, strumento di un marketing passe-partout che va dal made in Italy ai dipartimenti universitari, dagli atleti olimpici al prosciutto di Parma. Blended non designa un tipo di whisky ma un regime misto tra didattica in presenza e didattica a distanza che promette di essere il business del futuro. Sarà una soluzione quasi inevitabile nella prossima fase, quando il paventato calo delle immatricolazioni spingerà gli uffici marketing degli atenei a cercare soluzioni flessibili per accalappiare gli studenti dei paeselli, bloccati dalla crisi economica o da nuove misure di contenimento per un’eventuale ripresa del virus. Così, invece di risolvere i problemi strutturali (ampliare le aule, costruire studentati, ridurre le tasse, aumentare le borse di studio, calmierare gli affitti che taglieggiano i fuori sede), adotteremo una soluzione di compromesso che negli anni successivi potrà andare a regime, trasformandosi nel business perfetto: meno aule, meno docenti, lezioni riproducibili e moltiplicabili a piacere, studenti che pagano le tasse ma che non gravano fisicamente su strutture e costi di gestione. Per capire che non è uno scenario distopico ma una previsione realistica basta guardare la nostra macchina del tempo, gli Stati Uniti, dove tutto questo si sta già realizzando. E così le belle parole della Costituzione (articoli 3 e 34) saranno definitivamente carta straccia: non solo avremo università di serie A e di serie B, come auspicato dall’Anvur e dalla ragione sociale dell’università dell’eccellenza, ma anche studenti di serie A e di serie B, perché la modalità blended realizzerà un’automatica selezione di classe: da un lato lezioni in presenza riservate a studenti privilegiati (cioè non lavoratori, di buona famiglia, capaci di sostenere un affitto fuori sede), e dall’altro corsi online destinati a studenti confinati dietro uno schermo e nei più remoti angoli d’Italia, che resteranno al paesello con mammà e non rischieranno di immaginare un orizzonte diverso per le loro vite. Un cortocircuito perfetto tra il capitalismo avanzato e la morale di padron ‘Ntoni. Ecco dunque un appello rivolto a tutti i miei colleghi: rifiutiamoci di fare didattica blended. Piuttosto, meglio continuare solo online finché le autorità sanitarie ci permetteranno di tornare tutti in aula. Nel caso potremo appellarci all’articolo 33 sulla libertà di insegnamento, oppure fare come Bartleby: “I would prefer not to”.
      Serve dirlo? La didattica a distanza non ha nulla a che fare con il fascismo. È una procedura emergenziale che la stragrande maggioranza dei docenti italiani ha praticato obtorto collo, solo per il bene dell’istituzione e degli studenti. Non stupisce che molti si siano sentiti mortalmente offesi dalla sparata di Giorgio Agamben: «i professori che accettano – come stanno facendo in massa – di sottoporsi alla nuova dittatura telematica e di tenere i loro corsi solamente on line sono il perfetto equivalente dei docenti universitari che nel 1931 giurarono fedeltà al regime fascista». Il parallelismo storico, anzi la copula identitaria («sono il perfetto equivalente») è talmente fuori luogo che non servirebbe nemmeno replicare. Se lo faccio, è solo perché la provocazione volutamente incendiaria rischia di appiccare il fuoco dalla parte sbagliata. Bisogna infatti correggere il tiro e scagliare la freccia sul bersaglio giusto: il nemico non è un’improbabile dittatura che toglie la cattedra a chi si ribella (rischio effettivo solo per i precari, a prescindere dalla didattica a distanza), ma un ben diverso modello di potere che Agamben può capire meglio di chiunque altro. Paradossalmente, se un dittatore manesco o anche telematico ci chiedesse di giurare fedeltà al regime sarebbe tutto più semplice. Ma nulla del genere nell’università dell’eccellenza, dove il potere funziona in forma microscopica, capillare, con una serie di deleghe a catena e soprattutto un’interiorizzazione di obiettivi e protocolli da parte di tutti. È vero peraltro che i dispositivi giuridici hanno legittimato de iure queste pratiche diffuse: la Legge 240, che l’ex-Ministra Gelmini ha avuto il coraggio di chiamare “antibaronale”, non ha fatto che accentrare il potere al vertice, ridurre gli spazi deliberativi, avocare a pochi organismi monocratici e oligarchici (rettori, direttori di dipartimento, consigli d’amministrazione, commissioni di soli professori ordinari) tutto il governo formale e sostanziale dell’università. Con questo, un’istituzione che non ha mai brillato per democrazia ha finito per sposare i sistemi tecnocratici del “new public management” e i valori dell’economia neoliberale (eccellenza, merito, valutazione, efficienza, competizione, rating e ranking, quality assurance), prima imposti dall’alto e poi interiorizzati come un seconda natura. È questo il nemico da combattere, innanzitutto dentro di noi. È il condizionamento insensibile, lo slittamento dei confini, la collaborazione in buona fede sfruttata come instrumentum regni. Ed è su questo modello che si innesta a meraviglia non tanto la teledidattica in sé, ma l’uso che se ne potrà fare dopo la fine dell’emergenza. Perché nell’università dell’eccellenza gli studenti non sono cittadini che reclamano il diritto al sapere ma clienti da soddisfare, consumatori di beni e servizi, acquirenti di una cultura in scatola che si preleva come un pacchetto dagli scaffali. Nulla di meglio di una televendita del sapere e di quell’ennesima evoluzione antropologica del capitalismo che chiamiamo smart working. Per questo dobbiamo opporci a forzature tecnologiche prive di qualunque ragione didattica o culturale, costringendo i vertici accademici a condividere ogni decisione con tutta la comunità accademica.

      Su un punto Agamben ha pienamente ragione: dobbiamo prendere partito, stanare tutti dalla zona grigia. Negli ultimi decenni, la supina acquiescenza del corpo docente ha di fatto lasciato campo libero al fanatismo ideologico dei “riformatori”, legittimando più o meno in silenzio qualunque vessazione o degradazione sistemica del nostro lavoro. Quindi su questo c’è davvero poco da offendersi. Ma non è mai troppo tardi per reagire. E ora non dobbiamo scegliere tra il digitale e il giurassico, tra la servitù volontaria e il ribellismo anarchico, ma tra due diversi modelli di università (e di società). In fondo la più grande sconfitta del fascismo è scritta nella lettera e nello spirito della Costituzione, che basterebbe tradurre finalmente nella prassi. E dunque, più che rifiutare giuramenti immaginari, dobbiamo chiederci se siamo disposti a difendere fino in fondo un’idea di università (e di scuola) pubblica, aperta, generalista, bene comune ed essenziale, non solo luogo di trasmissione della conoscenza ma strumento imprescindibile di uguaglianza sociale. Non è troppo tardi. E ne vale ancora la pena. (27 maggio 2020)

      * articolo apparso su www.iisf.it

      https://mps-ti.ch/2020/06/se-non-ora-quando-quattro-punti-per-luniversita

      #Italie

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      Réaction face à la prise de position de #Agamben #Giorgio_Agamben:

      Non stupisce che molti si siano sentiti mortalmente offesi dalla sparata di Giorgio Agamben: «i professori che accettano – come stanno facendo in massa – di sottoporsi alla nuova dittatura telematica e di tenere i loro corsi solamente on line sono il perfetto equivalente dei docenti universitari che nel 1931 giurarono fedeltà al regime fascista». Il parallelismo storico, anzi la copula identitaria («sono il perfetto equivalente») è talmente fuori luogo che non servirebbe nemmeno replicare. Se lo faccio, è solo perché la provocazione volutamente incendiaria rischia di appiccare il fuoco dalla parte sbagliata. Bisogna infatti correggere il tiro e scagliare la freccia sul bersaglio giusto: il nemico non è un’improbabile dittatura che toglie la cattedra a chi si ribella (rischio effettivo solo per i precari, a prescindere dalla didattica a distanza), ma un ben diverso modello di potere che Agamben può capire meglio di chiunque altro. Paradossalmente, se un dittatore manesco o anche telematico ci chiedesse di giurare fedeltà al regime sarebbe tutto più semplice. Ma nulla del genere nell’università dell’eccellenza, dove il potere funziona in forma microscopica, capillare, con una serie di deleghe a catena e soprattutto un’interiorizzazione di obiettivi e protocolli da parte di tutti.

      https://www.iisf.it/index.php/attivita/pubblicazioni-e-archivi/diario-della-crisi/giorgio-agamben-requiem-per-gli-studenti.html
      En français: https://lundi.am/Requiem-pour-les-etudiants

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      #Federico_Bertoni, auteur de ce texte, est aussi auteur du #livre:
      Insegnare (e vivere) ai tempi del virus

      Insegnare (e vivere) ai tempi del virus non è il semplice diario dell’emergenza didattica in cui si sono trovate a vivere le scuole e le università italiane. E’ anche e soprattutto una riflessione su cosa potrebbe accadere dopo l’emergenza, nel caso in cui scuole e università decidano di cogliere la dubbia opportunità dell’insegnamento online per applicare una politica profondamente intrisa di disuguaglianza. I più avvantaggiati, in grado di pagarsi tasse e trasferte, ritornerebbero al metodo classico della lezione in presenza: colloqui diretti con professore, seminari, incontri e vita in comune. I meno avvantaggiati, non potendo permettersi di frequentare, sarebbero costretti all’assenza di corpo, di contatto, di comunità.
      Un ascensore sociale al contrario, una disuguaglianza per decreto, di cui è necessario preoccuparsi da subito. Con una scrittura cristallina e partecipe, l’autore indica anche spunti di mobilitazione che potrebbero già ora costituire un’efficace risposta intellettuale e politica. Non è una questione corporativa o settoriale: ciò che accade nelle scuole e nelle università riguarda tutti, per il presente immediato così come per il futuro a lungo termine del nostro Paese.

      https://www.edizioninottetempo.it/it/prodotto/insegnare-e-vivere-ai-tempi-del-virus

    • Enseignement en présentiel ou hybridation : la circulaire du MESRI

      La #circulaire du MESRI sur l’organisation de la rentrée vient d’être rendue publique, sans pour autant clarifier – ou simplifier la tâche de celles et ceux qui vont être chargé·es de s’en occuper. Mais nous sommes rassuré·es :

      « Une fiche visant à accompagner les établissements dans l’#hybridation des enseignement est disponible dans l’ « offre de service » de la DGESIP ».

      Au vu de la qualité des fiches précédentes — incitation à utiliser des outils privés, non protecteurs des données personnelles, absence de réflexion pédagogique, etc. — nous avons tout lieu d’être reconnaissant·es.

      Lien vers la circulaire : https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/793/files/2020/06/Circulaire-Orientations-pour-les-op%C3%A9rateurs-MESRI-relatives-%C3%A
      https://academia.hypotheses.org/24596

    • Rencontre avec #Frédérique_Vidal – AEF info Live. Un compte rendu

      En dépit de nombreux problèmes de connection, la rencontre en visio-conférence s’est tenue. Une auditrice a eu l’amabilité de prendre des notes que nous publions sans filtre en faisant remarquer le contraste entre la qualité des réponses et celle des réponses de la Ministres.

      Q- impact financier de la crise sanitaire sur secteur ESRI ? Quels moyens pour la rentrée ? Allemagne : plan de relance 130 Md€, dont la moitié pour ESR.

      Vidal : crise inédite, impact sur bcp de secteurs, dont ESRI. Impact complet pas encore connu. Les établissements font remonter un décompte des difficultés rencontrées (baisse ressources propres avec formation continue, contrats de recherche…). Plusieurs outils : abondement sur programme vie étudiante, Contrat de Plan Etat-Régions (bâtiments) avec régions (CPER), programme d’investissement d’avenir (PIA), plan de relance (remettre de l’humain, accompagnement des jeunes et étudiants) investissement de long terme via LPPR.

      Q- Calendrier CPER maintenu ?

      Vidal- Lettres d’intentions partagées qui vont alimenter le plan de relance idéalement avant l’été, signatures de contrat fin d’année ou début 2021 pour ne pas prendre de retard.

      Q- PIA4 : est-ce que la crise sanitaire rebat les cartes sur les priorités (innovation, numérique avec AAP récent) ? Est-ce que ça fait partie des leviers à activer en termes d’investissement ?

      Vidal- oui, numérique, infrastructures, pour soutenir R&D ; nous avons des équipes qui font le lien avec monde socio-économique. On repense les outils pour en renforcer certains.

      Q- Calendrier PIA4 déjà connu sur les grandes orientations ?

      Vidal- Non, objectif : le lancer pour 2021. Quasiment terminé, peut-être un peu de retard à cause des remaniements actuels.

      Q- Ca peut être un levier pour la transformation numérique de l’ESR ?

      Vidal- oui, il y a déjà eu bcp d’initiatives pour transformation de pédagogie avec de nouveaux usages pour le numérique, on a vu à quel point il fallait qu’on soit mieux préparés, établissements ont fait des miracles (fourniture d’ordis au étudiants, repenser les formations, utiliser les outils collaboratifs, maintien de liens avec les étudiants). Très compliqué de n’utiliser que le distanciel pour enseigner, impact de la relation humaine dans l’acte même de transmettre des connaissances. Néanmoins, outils numériques permettent d’enseigner autrement et faire d’autres formes de pédagogie, ça a été testé en temps réel et je suis admirative par le travail qui a été fait par l’immense majorité des équipes.

      Q- Et le plan de relance, est-ce que vous espérez que l’ESR aura une bonne place ou est-ce que pour l’ESR c’est le CPER qui va jouer ce rôle-là, ou est-ce qu’il y aura d’autres volets dans ce plan de relance qui pourraient nous concerner ?

      Vidal- Bien sûr, il y a aura des volets sur l’ESR, un certain nombre d’annonces ont été faites (soutien à l’apprentissage, propositions pour impact le plus contenu possible de cette crise sur les étudiants et sur les labos de recherche – bcp ont dû arrêter des expérimentations, ça signifie des semaines et des mois de travail à ré-initier, on a perdu toute la saison de printemps, par exemple semences [semis ?] pas pu être faites dans un centre INRAE donc 1 année de retard). Il faudra qu’on accompagne par le plan de relance tout le secteur de l’ESRI.

      Q- Quel calendrier pour le plan de relance ?

      Vidal- On y travaille, ça fait partie de ce que le président de la république souhaite faire dans les prochaines semaines, juste avant ou juste après le mois d’aout, tous les ministères y travaillent, nous y participons très activement.

      Q- Donc la LPPR ne sera pas le plan de relance de l’ESR, il y aura sans doute d’autres leviers à activer ?

      Vidal- Ça fait 18 mois qu’on travaille à la LPPR, lancée par le premier ministre en février 2019, confirmée par président fin 2019, son ambition a été annoncée par le président pendant la crise. On était déjà convaincus qu’il fallait réinvestir dans la recherche, c’est une brique essentielle de la souveraineté d’un pays que la production de la connaissance. La crise nous a convaincus plus encore qu’il fallait le faire, que dès 2021 les premiers budgets de programmation de la recherche puissent être inscrits dans les projets de loi de finance. Tout était quasiment prêt pour le mois de mars, planification en conseil des ministres prévue fin mars, avec crise du covid, on s’est concentrés sur d’autres sujets, mais président et premier ministre ont souhaité que la LPPR soit remise le plus vite possible dans le circuit, car cette crise a démontré l’importance de la connaissance dans la gestion des crises.

      Q- Comment vous comparez les 50 ou 60 milliards de l’Allemagne, dont on ne sait pas encore quelle est la planification, mais c’est assez énorme, avec ces 25 milliards ; et 2è question, 92 millions d’euros par an de revalorisation pour les personnels, est-ce qu’il y a un lien, une condition de suspension liée à la loi-retraite dont on ne connait pas encore le sort aujourd’hui, ou est-ce que c’est complètement indépendant ?

      Vidal- Non, pas du tout, la question de l’attractivité, de la revalorisation de ces carrières est prégnante depuis plusieurs années, c’est totalement disjoint de la question de la réforme des retraites. Il y a un vrai besoin, pour continuer à former des jeunes et accueillir de nouveaux talents dans le monde de la recherche, un vrai besoin de revalorisation. Quand on est recruté après 8 ans d’études et plusieurs années de postdoc, à des salaires de l’ordre de 1,4 ou 1,5 SMIC, on est dans un pays qui maltraite sa recherche et ses jeunes chercheurs. C’est essentiel qu’on puisse travailler à ces revalorisations et c’est totalement disjoint.

      Q- Et les 60 Mds allemands, par rapport aux 25 Mds en France ?

      Vidal- là encore, vous le savez, en France ça faisait un moment, une vingtaine d’années quasiment, qu’on avait pour ambition d’atteindre les 3% du PIB, l’Allemagne les avait atteints, et l’Allemagne avait annoncé que la marche suivante serait 3,5% du PIB. Ce que permet la LPPR, c’est de tenir cet engagement de 3% du PIB, le principe même de l’organisation en Allemagne est extrêmement différent, les universités sont régionales, la recherche est dispatchée dans des instituts, le mode d’organisation est totalement différent, je crois que ce qui est important est qu’on fasse le meilleur usage de cet investissement massif dans la recherche qui n’a pas été vu depuis les années 50.

      René-Luc (fait la synthèse des questions des internautes)- question urgente qui concerne la prolongation des contrats doctoraux et post-doctoraux, inquiétude sur les moyens disponibles pour ces prolongations.

      Vidal- La première étape, l’autorisation de prolonger ces contrats, a été franchie. Je me suis engagée à ce que les doctorants, en lien avec un directeur de thèse et leurs écoles doctorales puissent faire valoir une demande de prolongation de la durée de leur contrat, qui évidemment, lorsque ce sont des contrats financés par l’Etat, sera assorti à une prolongation du financement. Y’a aucune ambigüité là-dessus, que ce soit des contrats doctoraux dans le cadre de la subvention de chargé de service public, et que ce soit des contrats doctoraux dans le cadre des projets et programmes de l’ANR, c’est un engagement qui avait été pris, évidemment ça n’avait pas de sens de prolonger les contrats doctoraux sans prolonger leur financement. Donc ça, c’est un engagement de la part de l’Etat. Je suis aussi en train de travailler avec les régions, puisqu’un certain nombre de contrats doctoraux sont financés aussi par les régions, de manière à voir avec eux quels critères les régions souhaitent mettre pour la prolongation de ces contrats, de manière à ce qu’on puisse avancer. Ça concerne tous les doctorants qui sont inscrits, ce qui signifie que ça peut être des prolongations pour des doctorants qui sont déjà en troisième année, ou des doctorants qui sont en deuxième année mais qui ont eu un impact très fort sur leur recherche de par cette crise, et c’est à la demande des doctorants, des directeurs de thèse et des écoles doctorales. Le ministère assurera derrière les financements. On a aussi des doctorats qui sont financés par d’autres voies, des associations, dans ce cas-là on regardera au cas par cas comment on peut travailler ; ce sont des volumes de doctorants beaucoup plus petits, mais il n’empêche que derrière il y a aussi des étudiants, donc on y portera une attention particulière.

      Q- Vous n’avez pas une enveloppe prédéfinie pour la prolongation ?

      Vidal- Non, en fait c’est un vrai droit de tirage, donc on assumera cette prolongation.

      RL- la LPPR prévoit une revalorisation du montant accordé aux doctorants qui bénéficient d’un contrat doctoral à partir de 2021. Est-ce que ça concerne seulement les nouveaux doctorants ou l’intégralité des doctorants qui ont déjà un contrat doctoral ?

      Vidal- C’est une revalorisation à hauteur de 30% des contrats doctoraux, c’est une augmentation aussi du nombre de contrats doctoraux, vous savez que mon souhait, mon ambition est que tous les doctorants en formation initiale aient une source de financement. Je trouve que c’est extrêmement compliqué d’avoir des doctorants sans financements, ils sont certes encore en formation car ils sont encore étudiants et ils ont à obtenir un diplôme, mais ils sont aussi les forces vives de la recherche. Donc ça me parait normal de ce point de vue-là qu’ils puissent avoir des financements.

      Q- Est-ce que ça veut dire qu’il faut interdire les doctorats sans financement ?

      Vidal- Non, la question, c’est jamais d’interdire, ça n’a pas beaucoup de sens, il y a des cas particuliers. Mais avoir pour objectif le fait que tous les doctorants aient un financement, je crois que c’est un objectif que nous avons tous intérêt à porter et à travailler ensemble et c’est pour ça qu’on augmente le nombre de contrats doctoraux financés par l’Etat, on va aussi augmenter le nombre de contrats CIFRE et on va aussi travailler à avoir de plus en plus de financements possibles pour financer un maximum de doctorants. Sur la question de comment ça se met en place dans le temps, c’est au cœur même des discussions que nous avons actuellement avec l’ensemble des représentants des personnels et des corps constitués, y compris avec les associations de doctorants et de jeunes docteurs, tout ça c’est en train d’être calé, en tous cas l’objectif est celui qui est inscrit dans la loi.

      RL- Dans la LPPR, on voit arriver de nouvelles formes de contrats, dont l’une ressemble étrangement à ce que les anglo-saxons appellent la tenure-track, et il y a plusieurs questions au sujet de ces chaires de professeurs juniors, pour savoir quel est l’avantage d’introduire ce type de contrat à l’université d’une part, et d’autre part pourquoi ces chaires sont contingentés alors que les universités sont autonomes.

      Vidal- ce sont des questions très différentes. L’une est une question d’observation de ce qui se passe. On a en France deux niveaux de recrutement actuellement, maître de conférences ou chargé de recherche, et puis un deuxième niveau de recrutement qui est professeur d’université ou directeur de recherche. Il nous manque un métier intermédiaire pour des jeunes qui sont partis, qui ont démarré leur carrière à l’étranger, qui souhaitent revenir en France, ou pour des jeunes qui souhaitent, après avoir fait leurs études ou leur début de carrière à l’étranger, revenir en France, qui n’ont pas encore un dossier suffisant pour concourir sur un emploi de professeur, et qui ont un dossier qui leur permet d’espérer un recrutement un peu plus haut que les maîtres de conférences. Il y a eu plusieurs tentatives par le passé pour essayer de résoudre ces sujets-là, il y a eu les chaires partagées entre les universités et les organismes, où on rajoutait un morceau de salaire supplémentaire pendant 5 ans, et puis au bout de 5 ans ça s’arrêtait et puis voilà. Plusieurs choses ont été testées. Ce qui nous semblait important de faire, c’était d’en faire une nouvelle voie possible d’entrée dans la carrière, sur des populations intermédiaires qui ont déjà une expérience reconnue en recherche, et qui n’ont pas encore le niveau nécessaire pour être recrutés comme directeur de recherche ou comme prof d’université. Quand je dis le niveau, c’est les antécédents, le background, les publications, les compétences, etc. Le principe de ces chaires de professeur junior c’est qu’on peut donc être recrutés avec une période de transition qui conduit à une titularisation comme professeur ou comme directeur de recherche au bout de 3 à 5 ans. Donc c’est une sorte de pré-embauche sur la fonction publique, où on donne l’opportunité à ces personnes pendant 3 à 5 ans de faire définitivement leurs preuves pour qu’elles puissent rejoindre le corps des DR ou des profs. Ce qui nous est apparu comme essentiel c’est évidemment, qu’on n’utilise pas les emplois de MC ou profs offerts chaque année, et qu’on soit capables de créer de nouveaux emplois sous plafond. C’est ce que prévoit la loi de programmation de la recherche, elle prévoit de créer 5200, de mémoire, nouveaux emplois sous plafond Etat sur la période qui vient. Et donc c’est aussi pour ça que, évidemment, pour le moment nous avons souhaité limiter le nombre de chaires de professeur junior, car c’est important qu’on garantisse derrière qu’il y ait bien possibilité de titularisation. C’est une autre voie d’accès à la fonction publique qui a été pensée pour ces catégories intermédiaires pour des personnes qu’on avait du mal à attirer ou à réattirer en France après un séjour dans d’autres pays. Donc voilà, c’est le choix qui a été fait, c’est effectivement de les limiter à, au maximum, 25% des recrutements.

      Q- Et par ailleurs c’est aussi une mesure qui crispe une partie de la communauté, est-ce que vous le comprenez, est-ce que ça ne risque pas de polluer un peu le débat sur les moyens, parce qu’il y a ces tenure-track, il y a aussi le CDI de mission scientifique qui n’est pas toujours accueilli avec grand enthousiasme, et plusieurs types de contrats, est-ce que ces contrats-là, ça risque pas de polluer un peu l’accueil des moyens supplémentaires que vous soulez dégager pour la recherche ?

      Vidal- Il faut vraiment comprendre que ce sont des outils supplémentaires. Si les établissements estiment qu’ils ne cherchent pas à faire cela, et moi ce n’est pas ce que j’ai entendu quand je me suis déplacée, que ce soit dans les labos, que ce soit auprès des instances de pilotage des universités, c’est un outil intermédiaire qui m’a été demandé. Après c’est un outil, c’est-à-dire que je n’impose pas un minimum de recrutements par cette voie-là. C’est un outil supplémentaire qui est offert parce que, là encore, on a des disciplines où les doctorants ne terminent même pas leur doctorat. On a des disciplines où on a une aspiration de toute la force de recherche qu’il est difficile de contrer si on n’a pas des mesures d’attractivité un peu innovantes. C’est aussi une demande que j’ai entendue de la part des personnes qui ont pu être recrutées sur les programmes prioritaires de recherche sur le climat, qui nous disent ‘nous on est venus pour 3-5 ans et qu’est-ce qui se passe dans 5 ans’. On a le choix dans les établissements et c’est toujours possible de le faire, de faire des CDI. Ça c’est déjà faisable, mais quand on est en CDI on n’a pas un statut de professeur d’université ou de DR donc parfois c’est compliqué à comprendre de l’étranger. Donc il vaut mieux avoir un statut de prof car globalement c’est plus reconnu dans le monde, quand on dit prof d’université tout le monde voit dans le monde universitaire à quoi ça correspond. Donc voilà, c’est un outil de plus qui a été donné. Les CDI de mission, c’est autre chose, c’est vraiment une demande très très forte pour lutter contre ce qui se passe actuellement dans les établissements où on recrute des gens sur contrat, et par exemple ils s’occupent de plateformes ou de données et au bout de 3, 4, 5 ans maximum on a peur de prolonger leur contrat parce qu’on ne veut pas les CDIser parce que là encore les CDIser signifie supprimer un emploi de fonctionnaire pour pouvoir continuer à les payer sur les fonds de l’établissement. Donc ce qu’on a créé c’est un CDI de mission et là aussi on a augmenté les plafonds d’emploi pour faire en sorte que ces CDI de mission permettent de conserver les gens, leurs compétences, tout ce qu’ils apportent à des équipes, vous savez, c’est très long de constituer des équipes en recherche, il faut plusieurs mois, plusieurs années pour vraiment s’imprégner de la recherche qu’on fait, et pour pouvoir les conserver, y compris si les sources de financement varient. On peut avoir une première ANR, une ERC, ensuite vouloir les payer sur d’autres fonds du labo ou de l’établissement et on ne pouvait pas aller au-delà de 5 ans sinon on avait une CDIsation obligatoire. Et ce côté obligatoire de la CDIsation, avec ce que ça impactait en termes d’absence de recrutement en parallèle de fonctionnaire, bloquait le système. Donc ces CDI de mission scientifique permettent de garder ces gens, de garder ces compétences, de faire en sorte qu’ils puissent être financés sur du long terme, en utilisant différentes sources de financement et différents contrats de recherche. Et pour répondre par anticipation à une question qui revient très régulièrement qui est puisque vous faites des CDI de mission sous plafond, pourquoi vous ne créez pas directement des postes d’ingénieur ou de technicien, la réponse est qu’on ne peut recruter un fonctionnaire d’Etat que sur le financement de subvention pour charge de service public. On ne peut pas les recruter avec d’autres sources de financement. Or l’immense majorité de ces personnes sont payées au travers d’autres sources de financement. Donc pour faire en sorte qu’ils puissent continuer à travailler pour leurs équipes et dans leur établissement on a inventé ce CDI de mission scientifique. Ce sont les deux nouveaux outils, et une fois de plus ce sera aux labos de s’en emparer, en tous cas ils ont été demandés par une partie de la communauté, et donc comme une nécessité de quelque chose de législatif, j’ai utilisé la LPPR qui est une loi budgétaire pour autoriser ces deux nouvelles façons de recruter les gens.

      Ratrick Lemaire (PL)- des participants attentifs ont regardé l’étude d’impact de la loi et qui ont une question à propos de l’évolution du nombre de postes mis au concours, et de l’évolution des départs en retraite. La question est de savoir si finalement il y aura des créations de postes d’enseignants-chercheurs, ou si on se contentera de remplacer les départs en retraite.

      Vidal- Ce que prévoit la LPPR dans sa volumétrie sous plafond Etat c’est qu’on puisse recruter des titulaires, c’est qu’on puisse titulariser les chaires de prof junior et que l’on puisse asseoir les CDI de mission scientifique sur des emplois pérennes. Donc les trois choses sont prévues dans la trajectoire, et j’ajouterais une particularité, c’est que les financements qui vont avec sont prévus. Quand on a vécu la période précédente on s’est rendu compte que, certes, le nombre d’emplois pouvait augmenter, mais en réalité pour supporter les augmentations de masse salariale, alors qu’on avait autorisation de créer des emplois, en réalité en supprimer pour continuer à payer les gens qui étaient là, on avait une véritable érosion de l’emploi scientifique. Là, l’objectif c’est qu’au travers de cette loi on puisse non seulement annoncer des ouvertures de postes, mais aussi les financer.

      RL- Pourquoi faire le choix de renforcer, de manière importante quand même, puisque c’est un milliard de plus à terme qui vont aller au budget de l’ANR, donc de renforcer considérablement la logique des appels à projet plutôt que de renforcer plus directement les crédits récurrents, donc la subvention pour charge de service public qui serait versée directement aux établissement et aux organismes de recherche et qui pourrait irriguer de cette manière directement les laboratoire ?

      Vidal- C’est pas parce qu’on augmente les financements au travers de l’ANR qu’on refuse de soutenir la recherche de base. Je dirai même que la façon dont nous allons le faire, c’est l’inverse. Nous avons une ANR qui aujourd’hui finance environ 16% des projets qui sont déposés, ce qui est infiniment plus faible que toutes les agences nationales de recherche, et donc une revendication depuis longtemps est de dire que tant que l’ANR ne financera pas au moins 25% des projets qui lui sont présentés on aura toujours une part de très bons projets qu’on arrive pas à financer parce que les financements de l’ANR ne sont pas suffisants. Donc nous avons choisi d’avoir pour ambition que 30% des projets déposés à l’ANR soient financés. La 2e chose que nous avons choisi de faire est de faire arriver le plus possible l’argent directement dans les labos. Ça veut dire que quand on aura une équipe qui dans un labo demandera 100 pour faire un projet, l’équipe aura 100 et l’ANR donnera 40 de plus. Une partie de ces 40, c’est normal, ce sera les frais de gestion, ce sera les frais d’hébergement, et actuellement c’est parfois payé sur les budgets des projets eux-mêmes, ce qui déjà pose un problème, ce ne sera plus le cas, ce sera à part. Mais une partie de ces 40 ira aussi au labo auquel l’équipe qui a gagné son ANR appartient. Parce que c’est très important qu’il y ait un soutien à la recherche collective et à la politique scientifique de l’ensemble du labo, pas seulement des équipes qui remportent des ANR dans les labos. Parce que si une équipe remporte une ANR dans un labo, en réalité c’est l’ensemble du labo qui l’a aidée, qui a facilité les choses donc c’est normal qu’il y ait un retour collectif sur le labo qui lui évidemment est totalement libre et qui doit aller à d’autres équipes que celle qui a gagné l’ANR et qui permet de soutenir de l’émergence, des jeunes équipes, des projets dont on a l’impression qu’ils sont très brillants mais qui à leur stade de maturité ne sont pas éligibles sur des financements de type projets de recherche. Et puis une partie ira abonder la politique scientifique au travers des organismes et des universités. Et donc finalement c’est une façon d’utiliser un tuyau qui existe déjà pour amener les financements au plus près et qu’une partie de ces financements aille au labo qui abrite l’équipe et une partie des financements supplémentaire aille à la politique de site et à la politique scientifique des établissements. Pour donner un ordre de grandeur actuellement il y a environ 50 millions d’euros de financements autres que les financements des projets qui sont versés par l’ANR aux établissements. On passera à 450 millions d’euros par an. Donc c’est un investissement massif dans la recherche totalement dicté par les politiques scientifiques des labos et par les politiques de site et d’établissement.

      RL- Une question porte sur le périmètre des mesures qui sont portées par la LPPR : concerne-t-elle les enseignants chercheurs qui relèvent d’autres ministères, par exemple le ministère de l’agriculture ? Est-ce que cette loi est universelle à ce sens-là ?

      Vidal- oui, absolument, c’est la raison pour laquelle nous commençons l’ensemble des consultations qui sont nécessaires et qui concernent tous les ministères. Les processus qui sont prévus, en termes de revalorisation, sont des processus, en termes de financements, qui concernent les EPST comme les EPIC, les écoles comme les universités, et donc nous passons devant les comités techniques et les comités consultatifs de l’ensemble des ministères, c’est 17 instances consultatives qui vont être consultées dans les semaines qui viennent.

      Q- Vous avez évoqué une certaine défiance de la communauté, est-ce que vous pensez que cette loi va créer de la confiance, restaurer de l’enthousiasme, comment vous pensez que cette loi va pouvoir restaurer cette confiance ? On sent quand même qu’il y a des attentes fortes, avec beaucoup de craintes d’être déçus, qu’est-ce que vous pouvez répondre à la communauté sur ce sujet ?

      Vidal- Je connais les attentes, d’autant plus qu’à une autre époque j’ai participé à toutes les consultations qui ont eu lieu. Comme je vous le disais lundi, il y a eu beaucoup de livres blancs, beaucoup de stratégies nationales qui ont été écrites, il y a eu beaucoup de choses, et on attendait toujours l’investissement. Passer de 15Md€ par an à 20Md€ par an pour la recherche en disant injecter 25 Md€ par an pour la recherche, c’est quelque chose qui n’a jamais été fait depuis la fin des années 50. Alors on se focalise sur des points qui ne sont que des outils offerts, si les gens n’en veulent pas ils ne le feront pas, par définition c’est comme ça que ça fonctionne, et donc l’objectif c’est de redonner de la respiration. On n’a pas parlé des autres mesures, de la possibilité d’années sabbatiques, d’avoir des promotions et des avancements de carrière qui soient liés à autre chose que la seule évaluation bibliométrique de la production scientifique, on n’a pas parlé de la capacité à reconnaitre qu’une université c’est un ensemble de personnes qui travaillent à des objectifs majeurs qui sont de produire la connaissance , de diffuser cette connaissance, de prendre soin des étudiants, de regarder comment on peut les insérer professionnellement, de diffuser de la culture scientifique vers l’ensemble de la société, c’est tout ça, une université, et pour que ça fonctionne on a besoin de tout un tas de gens extrêmement différents. Pendant trop longtemps on a fait des choses qui s’imposaient à tous, et qui ne correspondaient pas aux attentes de chacun. On n’a pas aussi évoqué que les financements de l’ANR vont être adaptés en fonction des disciplines, vont porter des choses différentes. On va augmenter aussi les possibilités d’accueil à l’institut universitaire de France. Je crois qu’il faut redonner du temps, redonner des moyens, de la visibilité, c’est comme ça qu’on redonnera de la confiance. Je sais que les attentes sont très fortes, j’espère qu’elles ne seront pas déçues. Je n’ai rencontré personne qui a dit que le système dans lequel nous avons vécu dans l’ESR n’était pas perfectible. J’ai écouté les demandes des uns et des autres, j’ai rajouté les outils nécessaires et surtout j’ai fait en sorte que nous investissions 25 Md€ sur 10 ans. Ce sera à la communauté de faire au mieux avec ces financements supplémentaires. Il y a des choses auxquelles je tiens, qui consistent à revaloriser les salaires, revaloriser les carrières, l’ensemble des missions des personnels de l’ESR, quelle que soit leur catégorie, quelle que soit leur fonction. Le reste, c’est à l’ensemble de la communauté de s’en emparer de façon à ce qu’on puisse continuer à produire ces connaissances qui est essentielle pour notre pays, et essentielle de façon générale.

      Je vais soutenir les établissements qui souhaitent préparer une rentrée dans laquelle les outils numériques auront une place particulière, notamment pour pouvoir accueillir les étudiants internationaux, et pour pouvoir anticiper au cas où nous aurions une 2e vague épidémique au cours de l’hiver, mais qui ont aussi décidé de s’emparer de ce moment pour transformer leur pédagogie et leur façon d’enseigner. Je n’ai en aucun cas exigé ni imposé que la rentrée universitaire se fasse 100% en formation à distance donc je ne sais pas d’où vient cette rumeur. J’aiderai tous les établissements qui souhaitent mettre en place ces formations à distance. Je pense que ceux qui anticipent une rentrée difficile pour les étudiants internationaux, une rentrée qui peut être compliquée par un retour de l’épidémie ont évidemment raison de le faire parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend, mais une fois de plus je fais confiance à la communauté des universitaires pour savoir comment préparer au mieux la rentrée. C’est eux qui savent, qui sont sur le terrain, au contact.

      https://academia.hypotheses.org/24568
      #Vidal #France #recherche #financement #MESRI #ESR #enseignement_supérieur #PIA4 #pédagogie #numérique #distanciel

    • « Imaginer une université à distance, c’est renoncer à sa #fonction_sociale »

      Au nom de la commission permanente du Conseil national des universités (#CNU), sa présidente, Sylvie Bauer, demande à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans une tribune au « Monde », le retour du présentiel à la rentrée de septembre.

      Le Conseil national des universités (CNU) qui représente l’ensemble des enseignants-chercheurs, toutes disciplines confondues, demande, fort de sa représentativité, par la voie de sa Commission permanente, la reprise des cours en présentiel dès la rentrée cet automne.

      L’université est un lieu d’échange. Un cours est une représentation théâtrale : il ne s’agit aucunement de clamer des vérités académiques et scientifiques, ni de lire sans vie un cours. L’universitaire doit séduire et intéresser pour transmettre. Son regard doit détecter l’inattention de son auditoire. Nombre d’étudiants ont la croyance qu’il existe un écran invisible entre l’enseignant et eux. N’en faites pas une réalité qui détruira l’université.

      L’amphithéâtre est un théâtre. Tout cela n’est pas anecdotique : le collectif est l’essence même de l’université. A son détriment parfois, lorsque l’enseignant ressent cette impression désagréable qu’un mur d’étudiants se dresse devant lui en signe de contestation à une décision ou une position. Avec un plaisir incomparable lorsque la fusion prend : le bruit de l’amphithéâtre est un souffle qui rythme nos enseignements.
      Dans l’air du temps

      L’université est d’abord un collectif qui s’incarne dans un lieu, physique. L’étudiant y fait ses premiers vrais choix de formation. L’université tisse les liens entre les étudiants d’aujourd’hui, les professionnels et amis de demain. Rien de tout cela ne surgira d’un auditoire « confiné » totalement ou partiellement.

      Depuis la mi-mars, l’université française suit le rythme de la crise sanitaire mondiale. L’enseignement est devenu à distance et il convient néanmoins « d’assurer la continuité pédagogique ». Au pays des confinés, dans un univers connecté, l’activité universitaire battait son plein. A l’heure du déconfinement, les universités élaborent leur plan de reprise d’activité et personne ne semble s’émouvoir du fait que ceci indique qu’une certaine activité aurait cessé. Mais de quelle activité s’agit-il ?

      Alors que partout l’activité économique et sociale reprend,
      d’aucuns s’interrogent sur la pertinence d’une reprise des cours universitaires en présentiel à l’automne prochain. De réunions Zoom en cours par visioconférences, les enseignants-chercheurs ont poursuivi enseignement et recherche avec l’aide efficace des outils numériques de communication. Faut-il-en déduire que ces pratiques doivent être généralisées ?
      Les amphis doivent-ils être renvoyés à des accessoires désuets appartenant à un siècle antérieur ? A faible taux de carbone et
      parées des vertus de frugalité économique, les rencontres virtuelles sont dans l’air du temps.
      Le distanciel, ce n’est ni le collectif ni l’individuel… C’est la solitude de l’étudiant et de l’enseignant. Pire, nombre de nos étudiants travaillent dans des conditions difficiles. La vie collective est un moyen de les éloigner quelques heures de réalités financières et sociales parfois désastreuses.
      Imaginer une université à distance, c’est renoncer à sa fonction sociale. Çà et là, on voit poindre les défaillances de ce trop bel édifice basé sur le tout à distance.
      Alors qu’on s’émeut de l’accroissement du nombre d’étudiants décrocheurs, que pourra signifier une continuité pédagogique pour des étudiants découvrant l’université ?
      Le temps des études supérieures participe à la consolidation
      du statut de citoyen au sein de nos sociétés complexes. La
      confrontation d’opinions entre condisciples est souvent la base de l’affirmation des personnalités de ces acteurs de la société de demain. La #distanciation_physique est devenue, dans les faits et les discours, une #distanciation_sociale dont on ne peut supporter qu’elle perdure.

      Dialogue direct
      Si les activités de recherche semblent s’accommoder plus que
      d’autres de la distanciation physique, elles sont fondées sur le dialogue et la confrontation. La période que nous traversons sera dommageable : mise en sommeil des expériences, annulations de colloques, reports en cascade de
      congrès internationaux. L’urgence est à la reprise de ces activités d’échanges scientifiques plutôt qu’au développement viral de controverses stériles sur les réseaux sociaux. Alors que les citoyens attendent de la recherche qu’elle propose des réponses adaptées, en particulier en période
      de crise, nous savons que la
      construction de projets de recherche
      collaboratifs nécessite
      des rencontres réelles.
      Le dialogue direct est coextensif
      du développement de l’activité
      de recherche. Il n’est nullement
      question de remettre en cause
      des décisions nécessaires lorsque
      surgit le danger sanitaire. Mais le
      distanciel, sous toutes ses formes,
      doit demeurer l’exception et
      ne peut l’emporter sur le principe
      du présentiel sur le seul fondement
      du risque. Pourquoi le principe de précaution s’appliqueraitil
      plus ici que dans les commerces
      et les transports ?
      Ainsi, de l’activité de chercheur
      à celle d’enseignant, de la construction
      de la connaissance à sa
      transmission, le travail des enseignantschercheurs
      est intrinsèquement
      lié au dialogue direct.
      Les rencontres fortuites, les interpellations
      inattendues ou impromptues,
      la dispute parfois, ne
      sont pas accessoires, elles sont
      l’essence même de l’activité universitaire.
      A l’heure où nous écrivons ces
      lignes, nous prenons connaissance
      du projet de loi de programmation
      pluriannuelle de la
      recherche, dite LPPR, qui, audelà
      des mesures budgétaires, interroge
      les fondements de l’université.
      Ce projet, qui suscite d’ores et
      déjà de vives réactions, rappelle
      néanmoins opportunément la
      fonction essentielle de l’université
      dans le développement et la
      diffusion de la recherche.
      L’activité scientifique est un socle
      évident de notre métier, indissociable
      de l’activité de formation,
      indissociable également de
      la fonction sociale de l’université,
      lieu d’échange ouvert, accessible
      à tous et qui doit le rester.
      Pour que vive l’université, nous serons présents, dès septembre, auprès de nos étudiants et avec nos collègues.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/18/imaginer-une-universite-a-distance-c-est-renoncer-a-sa-fonction-sociale_6043

    • Pétition des étudiants des #Pays-Bas contre l’enseignement en ligne :
      Studenten tegen online onderwijs : geef ons de ruimte

      Door het reisverbod voor studenten in de spits maakt de regering onderwijs op locatie onmogelijk. Universiteiten en hogescholen zijn gedwongen om het grootste deel van het onderwijs online te geven. Dit is een enorme achteruitgang. Meer fysiek onderwijs is mogelijk. Geef het onderwijs de ruimte!

      https://petities.nl/petitions/studenten-tegen-online-onderwijs-geef-ons-de-ruimte?locale=nl

  • #Giorgio_Agamben, “The state of exception provoked by an unmotivated emergency”

    This is a translation of an article that first appeared as “Lo stato d’eccezione provocato da un’emergenza immotivata,” in il manifesto, 26 Feb, 2020.

    In order to make sense of the frantic, irrational, and absolutely unwarranted emergency measures adopted for a supposed epidemic of coronavirus, we must begin from the declaration of the Italian National Research Council (NRC), according to which “there is no SARS-CoV2 epidemic in Italy.”

    It continues: in any case “the infection, according to the epidemiological data available as of today and based on tens of thousands of cases, causes light/moderate symptoms (a variant of flu) in 80-90% of cases. In 10-15%, there is a chance of pneumonia, but which also has a benign outcome in the large majority of cases. We estimate that only 4% of patients require intensive therapy.”

    If this is the real situation, why do the media and the authorities do their utmost to create a climate of panic, thus provoking a true state of exception, with severe limitations on movement and the suspension of daily life and work activities for entire regions?

    Two factors can help explain such a disproportionate response.

    First and foremost, what is once again manifest here is the growing tendency to use the state of exception as a normal governing paradigm. The executive decree (decreto legge), approved by the government “for reasons of hygiene and public safety,” produces a real militarization “of those municipalities and areas in which there is at least one person who tests positive and for whom the source of the infection is unknown, or in which there is a least one case that is not connected to a person who recently traveled from an area affected by the contagion.”

    Such a vague and indeterminate formula will allow [the government] to rapidly extend the state of exception to all regions, as it is practically impossible that other cases will not appear elsewhere.

    Let us consider the serious limitations of freedom imposed by the executive decree:

    A prohibition against leaving the affected municipality or area for all people in that municipality or area.
    A prohibition against entering the affected municipality or area
    The suspension of all events or initiatives (regardless of whether they are related to culture, sport, religion, or entertainment), and a suspension of meetings in any private or public space, including enclosed spaces if they are open to the public.
    The suspension of educational services in kindergartens and schools at every level, including higher education and excluding only distance learning.
    The closure of museums and other cultural institutions as listed in article 101 of the Statute on cultural heritage and landscape, and in executive decree number 42 from 01/22/2004. All regulations on free access to those institutions are also suspended.
    The suspension of all kinds of educational travel, in Italy and abroad.
    The suspension of all publicly held exams and all activities of public offices, except essential services or public utility services.
    The enforcement of quarantine and active surveillance on individuals who had close contact with confirmed cases of infection.

    It is blatantly evident that these restrictions are disproportionate to the threat from what is, according to the NRC, a normal flu, not much different from those that affect us every year.

    We might say that once terrorism was exhausted as a justification for exceptional measures, the invention of an epidemic could offer the ideal pretext for broadening such measures beyond any limitation.

    The other factor, no less disquieting, is the state of fear, which in recent years has diffused into individual consciousnesses and which translates into a real need for states of collective panic, for which the epidemic once again offers the ideal pretext.

    Therefore, in a perverse vicious circle, the limitation of freedom imposed by governments is accepted in the name of a desire for safety, which has been created by the same governments who now intervene to satisfy it.

    http://positionswebsite.org/giorgio-agamben-the-state-of-exception-provoked-by-an-unmotivated-
    #état_d'exception #exception #coronavirus #covid-19 #Agamben #urgence

    • Eccezione virale

      Giorgio Agamben, un vecchio amico, sostiene che il coronavirus differisce appena da una semplice influenza. Dimentica che per la «normale » influenza disponiamo di un vaccino di provata efficacia. E anche questo va ogni anno riadattato alle mutazioni virali. Nonostante ciò la «normale» influenza uccide sempre diverse persone e il coronavirus per il quale non esiste alcun vaccino è capace di una mortalità evidentemente ben superiore. La differenza (secondo fonti dello stesso genere di quelle di Agamben) è di circa 1 a 30: non mi pare una differenza da poco.

      Giorgio afferma che i governi si appropriano di ogni sorta di pretesto per instaurare continui stati di eccezione. Ma non nota che l’eccezione diviene, in realtà, la regola in un mondo in cui le interconnessioni tecniche di ogni specie (spostamenti, trasferimenti di ogni sorta, esposizioni o diffusioni di sostanze, ecc.) raggiungono un’intensità fin qui sconosciuta e che cresce di pari passo alla popolazione. Il moltiplicarsi di quest’ultima comporta anche nei paesi ricchi l’allungarsi della vita e l’aumento del numero di persone anziane e in generale di persone a rischio.

      Non bisogna sbagliare il bersaglio: una civiltà intera è messa in questione, su questo non ci sono dubbi. Esiste una sorta di eccezione virale – biologica, informatica, culturale – che ci pandemizza. I governi non ne sono che dei tristi esecutori e prendersela con loro assomiglia più a una manovra diversiva che a una riflessione politica.

      Ho ricordato che Giorgio è un vecchio amico. Mi spiace tirare in ballo un ricordo personale, ma non mi allontano, in fondo, da un registro di riflessione generale. Quasi trent’anni fa, i medici hanno giudicato che dovessi sottopormi a un trapianto di cuore. Giorgio fu una delle poche persone che mi consigliò di non ascoltarli. Se avessi seguito il suo consiglio probabilmente sarei morto ben presto. Ci si può sbagliare. Giorgio resta uno spirito di una finezza e una gentilezza che si possono definire – senza alcuna ironia – eccezionali.

      https://antinomie.it/index.php/2020/02/27/eccezione-virale

    • Giorgio Agamben : “Clarifications”

      Translator’s Note: Giorgio Agamben asked me to translate this brief essay, which serves as an indirect response to the controversy surrounding his article about the response to coronavirus in Italy (see here for the original Italian piece and here for an English translation).

      Fear is a poor advisor, but it causes many things to appear that one pretended not to see. The problem is not to give opinions on the gravity of the disease, but to ask about the ethical and political consequences of the epidemic. The first thing that the wave of panic that has paralyzed the country obviously shows is that our society no longer believes in anything but bare life. It is obvious that Italians are disposed to sacrifice practically everything — the normal conditions of life, social relationships, work, even friendships, affections, and religious and political convictions — to the danger of getting sick. Bare life — and the danger of losing it — is not something that unites people, but blinds and separates them. Other human beings, as in the plague described in Alessandro Manzoni’s novel, are now seen solely as possible spreaders of the plague whom one must avoid at all costs and from whom one needs to keep oneself at a distance of at least a meter. The dead — our dead — do not have a right to a funeral and it is not clear what will happen to the bodies of our loved ones. Our neighbor has been cancelled and it is curious that churches remain silent on the subject. What do human relationships become in a country that habituates itself to live in this way for who knows how long? And what is a society that has no value other than survival?

      The other thing, no less disquieting than the first, that the epidemic has caused to appear with clarity is that the state of exception, to which governments have habituated us for some time, has truly become the normal condition. There have been more serious epidemics in the past, but no one ever thought for that reason to declare a state of emergency like the current one, which prevents us even from moving. People have been so habituated to live in conditions of perennial crisis and perennial emergency that they don’t seem to notice that their life has been reduced to a purely biological condition and has not only every social and political dimension, but also human and affective. A society that lives in a perennial state of emergency cannot be a free society. We in fact live in a society that has sacrificed freedom to so-called “reasons of security” and has therefore condemned itself to live in a perennial state of fear and insecurity.

      It is not surprising that for the virus one speaks of war. The emergency measures obligate us in fact to life in conditions of curfew. But a war with an invisible enemy that can lurk in every other person is the most absurd of wars. It is, in reality, a civil war. The enemy is not outside, it is within us.

      What is worrisome is not so much or not only the present, but what comes after. Just as wars have left as a legacy to peace a series of inauspicious technologies, from barbed wire to nuclear power plants, so it is also very likely that one will seek to continue even after the health emergency experiments that governments did not manage to bring to reality before: closing universities and schools and doing lessons only online, putting a stop once and for all to meeting together and speaking for political or cultural reasons and exchanging only digital messages with each other, wherever possible substituting machines for every contact — every contagion — between human beings.

      https://itself.blog/2020/03/17/giorgio-agamben-clarifications

    • Must Society be Defended from Agamben?

      Many European countries have by now been in lockdown for more than a week. This has given everyone ample time to reflect on our current condition. Many of the world’s leading critical thinkers have shared their thoughts with us through op-eds, blog posts, and so on. Among the more troubling are three opinion pieces Giorgio Agamben wrote for his Italian publisher Quodlibet. As one could have expected, Agamben vehemently opposes the use of the state of emergency to control this crisis. For the majority of patients, COVID-19 poses no more trouble than a regular flu. Agamben thus fears that exceptional measures pushed through today are dangerously disproportionate. If the reader thinks that makes Agamben sound like coronavirus denialists such as Bolsonaro or Trump, then I must confess they are right. Just like these authoritarian leaders sacrifice global health to their own egos, it seems like Agamben dangerously underestimates the threat the coronavirus poses. So the question must be asked: must society be defended from Agamben?

      For me, this problem is particularly urgent. I am a graduate student in philosophy writing my dissertation about Agamben’s work. Should I, from now on, excuse myself for mentioning Agamben in my research? Will I have to answer mean questions about him and the coronavirus on my PhD defense? I know I am not accountable for the ramblings of a 77-year old man in Italy, but still, I cannot help but feel a bit responsible for whatever my dissertation topic writes. Taking to heart his own statements about ‘abandonment’ as the exposure of people’s bare life to the decision over life and death, I cannot but wonder whether the proposal of doing nothing – a position Agamben shared with the US, the UK, and the Netherlands until a few days ago – is not more problematic than the lockdown we are now in. Is it not the politicians pleading for sacrificing the weak and vulnerable for the sake of ‘group immunity’ who are abandoning the population to the virus’ sovereign decision over life and death? Is it not obvious to Agamben that, today, going into lockdown is riven with class privilege? Upper and middle classes can work from home, while workers, refugees, and the homeless are left to fend for themselves. To give Agamben a fair chance, I will address each of his three arguments against the deployment of the state of exception separately:

      (1) Agamben, firstly, laments the fact that we value biological survival over all other social concerns at the moment. It seems like populations are willing to give up everything – their jobs, their social life, seeing their families – in order to stay alive. Agamben has a point that this shows just how much we have become permeated by the biopolitical imperative to value life above all else, but so what? There is not much to enjoy from social contacts or seeing your family once you are dead. Biological survival is a necessary condition for the cultivation of other social values, so it seems only appropriate that, in times of need, survival comes first. On the other hand, Agamben’s indictment seems fair once we realize that the coronavirus is, in actual fact, not very lethal. Only a small minority of patients develop strong symptoms and, among them, only a minority dies. Agamben, however, misjudges the threat as one of survival or death. What makes the coronavirus so dangerous is not its lethality, but its impenetrability. The problem with the coronavirus is its opaqueness to the governments trying to control its spread. As Bifo wrote recently on Verso Blogs, “neither the immune system nor medical science know anything about the agent. The unknown stops the machine, the biological agent turns into an info-virus, and the info-virus unchains a psychotic reaction.” COVID-19 operates as an info-virus that upsets governmental plans to keep the population safe. Hospitals and clinics are ill-prepared to face this challenge due to years of budget cuts in health services. In that sense, it is more appropriate to regard the recent declarations of the state of emergency as signs of institutional breakdown rather than as a totalitarian ploy to exert domination over the population.

      (2) Agamben’s second criticism is that the fear of contagion governments promote turns everyone into a potential source of infection. During the War on Terror, everyone suddenly became a potential terrorist and could be treated accordingly; nowadays, people suddenly become a potential health threat to each other. This not only grants governments the authority to impose severe restrictions on even healthy citizens, but it also destroys social bonds. People no longer dare to give each other handshakes and the Internet is bursting of messages from lonely people in quarantine begging for a hug. Agamben is right that physical contact is crucial for social well-being. One of the major consequences of the lockdown will be a mental health crisis of unseen proportions. For many of us, the isolation we experience now will have lasting effects for some time to come. On the other hand, Agamben should also not exaggerate the problem. I do not believe people will hesitate to embrace their loved ones once this crisis is over. The restrictions on social interaction are temporary and there is no reason to assume anything different. In the meantime, solidarity is maintained through other means. Right now, my own university department is setting up a system to put lonely students in lockdown in contact with each other. People incessantly find new ways to help each other through these times, whether it is singing Bella ciao from one’s balcony, sewing mouth caps for the local hospital, or babysitting nurses’ and doctors’ children. Lamenting the breakdown of social bonds, like Agamben does, vastly underestimates the viscosity with which the multitude sticks together.

      (3) Agamben’s strongest argument is that the draconian emergency powers of today could become tomorrow’s apparatuses of oppression. Usually, what starts as an extraordinary measure during a state of exception, becomes a permanent tool in the governmental arsenal once the crisis is over. China is already normalizing some of its emergency measures to spy on its population. It has implemented an app-based system of health codes that assign different colour codes to citizens depending on how closely they have been in contact with corona-affected areas. Access to public transport and job facilities could be linked to this data. Public health can hence quickly serve as a pretext for ‘risk scoring’ citizens or even sabotaging political dissidents. Also in Western countries, a cluster of disaster capitalism is forming around the crisis. Private companies have already started developing apps that combine geolocation data with health scores to monitor public life. As Agamben mentions, universities are also switching to online teaching to minimize contagions, but what hinders them from regularizing online teaching? Rather than investing in proper academic staff and offices, they could find it is much cheaper to pay an expert once for making an online teaching module and afterwards pay a grad student peanuts to answer students’ questions online. Are the academics recording their courses at home right now automating themselves out of a job?

      All the while, the main tactic of leftist opposition has become impossible: public manifestations. Believing that socialism is upon us simply because governments are, in times of crisis, considering a universal basic income or universal healthcare, is naïve. If we should have learned one thing from decades of austerity, it is that neoliberals never let a serious crisis go to waste. Keynesian and Neo-Marxist policies might be considered in times of need, but they will quickly disappear in the annals of history if there is no substantial political backdrop to solidify their effects. If the Left fails to grasp this momentum, it will be business as usual once things go back to normal. But how do you organize opposition from the comfort of your home that exceeds free-floating clicktivism? The Left is confronted with a challenge of reconstructing the world after COVID-19 and has lost the most powerful weapon in its arsenal. Corona has hitherto only changed the world in various ways; the point, now, is to give it the correct interpretation to not let it go to waste.

      https://criticallegalthinking.com/2020/03/26/must-society-be-defended-from-agamben

    • Reflections on the Plague (Giorgio Agamben)

      The reflections that follow do not deal with the epidemic itself but with what we can learn from the reactions to it. They are, thus, reflections on the ease with which the whole of society has united in feeling itself afflicted by a plague, has isolated itself in its homes, and has suspended all normal conditions of life — work relationships, friendship, love, and even religious and political beliefs. Why were there no protests and no opposition, as was certainly possible and as is usual in these situations? The hypothesis that I would like to suggest is that somehow, albeit unconsciously, the plague was already present. Conditions of life had evidently become such that a sudden sign was all that it took for the situation to appear for what it was — intolerable, like a plague. In a certain sense, the only positive thing that might be gained from the present situation is this: it is possible that people will begin to ask themselves if the way in which they had previously been living was right.

      We should also reflect upon the need for religion that this situation has made visible. This is indicated by the appearance of terminology from eschatology in the discourse of the media: the obsessive recurrence, above all in the American press, of the word “apocalypse” and other evocations of the end of the world. It is as if the need for religion, no longer finding any satisfaction in the Church, began gropingly to look for another place wherein it could consist, and found it in what has become the religion of our time: science. This, like any religion, can give rise to superstitions and fear — or at least can be used to spread them. Never before have we witnessed such a spectacle of diverse, contradictory opinions and prescriptions — typical of religion in periods of crisis — ranging from minority heretical positions denying the seriousness of the phenomenon (held by some prestigious scientists) up to the dominant orthodox position affirming it, and differing radically on how the situation should be handled. As always in these cases, there are some experts, or self-styled ones, who succeed in securing the favor of the monarchs who, as in the era of the religious disputes that once divided Christianity, side with one current or another according to their own interests and impose measures accordingly.

      Another thing to think about is the obvious collapse of any conviction, or common faith. One could say say that men no longer believe in anything at all — except for bare biological existence which must be saved at any cost. But proceeding from the fear of losing one’s life can only result in tyranny, the monstrous Leviathan with his drawn sword.

      Once the emergency, the plague, has been declared over — if it ever will— I do not believe that it will be possible to return to life as it was before, not for anyone who has maintained a modicum of clarity. And this is perhaps the greatest cause for despair (la cosa più disperante) — even if, as has been said, “Only for those who no longer have hope has hope been given.”*

      *Walter Benjamin. The themes of despair/desperation and hope along with the same quote from Benjamin appear in “The Noonday Demon” in Stanzas.

      https://medium.com/@ddean3000/reflections-on-the-plague-giorgio-agamben-b616763b6259

      Texte original (en italien):
      https://www.quodlibet.it/giorgio-agamben-riflessioni-sulla-peste

    • #Panagiotis_Sotiris – Coronavirus. Contre Agamben, pour une biopolitique populaire

      Nous avons publié récemment un texte de Giorgio Agamben sur l’état d’urgence et le coronavirus. Il semble aujourd’hui qu’il s’appuyait sur des données scientifiques – officielles – erronées qui le conduisaient à minimiser l’importance de l’épidémie. Il n’en reste pas moins qu’il rappelait utilement combien l’état d’urgence s’inscrit dans une généalogie inquiétante et combien l’État moderne s’est toujours servi des crises de tous types pour accroître et exercer son emprise violente sur les peuples. Tout cela en se cachant sous une apparente neutralité savante.

      L’épidémie frappe désormais l’Italie de plein fouet et prolifère à toute vitesse en France, rendant nécessaires des mesures à grande échelle pour contrer son expansion. Alors que commencent à s’esquisser, notamment en Italie, des formes d’auto-organisation populaires et que fait jour la nécessité d’une lecture rationnelle et antagonique des mesures prises par les gouvernements, il nous a semblé important de publier ce texte de Panagiotis Sotiris. Prolongeant le dernier Foucault, il s’attache en effet à imaginer ce que pourrait être une biopolitique communiste, s’appuyant sur les luttes populaires et l’intelligence collective.

      La récente intervention de Giorgio Agamben, qui caractérise les mesures mises en œuvre en réponse à la pandémie de Covid-19 d’exercice de biopolitique de l’« état d’exception » a suscité un débat important sur la manière de penser la biopolitique.

      La notion même de biopolitique, telle qu’elle a été formulée par Michel Foucault, a constitué une contribution importante pour notre compréhension des changements liés au passage à la modernité capitaliste, notamment en ce qui concerne les modes d’exercice du pouvoir et de la coercition. Du pouvoir comme droit de vie et de mort détenu par le souverain, nous passons au pouvoir comme tentative de garantir la santé (et la productivité) des populations. Cela a conduit à une expansion sans précédent de toutes les formes d’interventions et de coercitions étatiques. Des vaccinations obligatoires aux interdictions de fumer dans les espaces publics, la notion de biopolitique a été utilisée dans de nombreux cas comme une clé pour comprendre les dimensions politiques et idéologiques des politiques de santé.

      Cela nous a permis dans le même temps d’analyser différents phénomènes, souvent refoulés dans l’espace public, depuis les façons dont le racisme a tenté de se fonder « scientifiquement » aux dangers incarnés par des tendances comme l’eugénisme. Et effectivement, Agamben l’a utilisé d’une façon constructive, dans sa tentative de théoriser les formes modernes de l’« état d’exception », c’est-à-dire les espaces dans lesquels s’exercent des formes extrêmes de coercition, avec comme exemple central le camp de concentration.

      Les questions relatives à la gestion de la pandémie de Covid-19 soulèvent évidemment des problèmes liés à la biopolitique. De nombreux commentateurs ont ainsi affirmé que la Chine avait pu prendre des mesures pour contenir ou ralentir la pandémie parce qu’elle pouvait mettre en œuvre une version autoritaire de la biopolitique. Cette version comprenait le recours à des quarantaines prolongées et à des interdictions d’activités sociales, tout cela étant permis par le vaste arsenal de mesures de coercition, de surveillance et de contrôle ainsi que par les technologies dont dispose l’État chinois.

      Certains commentateurs ont même laissé entendre que les démocraties libérales n’ayant pas la même capacité de coercition ou comptant davantage sur le changement volontaire des comportements individuels, elles ne pourraient pas prendre les mêmes mesures, entravant ainsi les tentatives de faire face à la pandémie.

      Cependant, ce serait une erreur que de poser le dilemme entre d’un côté une biopolitique autoritaire et de l’autre une confiance libérale dans la propension des individus à faire des choix rationnels.

      C’est d’autant plus évident que le fait de considérer des mesures de santé publique, telles que les quarantaines ou la « distanciation sociale », uniquement sous le prisme de la biopolitique, conduit en quelque sorte à passer à côté de leur utilité potentielle. En l’absence de vaccin ou de traitements antiviraux efficaces, ces mesures, tirées du répertoire des manuels de santé publique du xixe siècle, peuvent s’avérer précieuses, notamment pour les groupes les plus vulnérables.

      C’est particulièrement vrai si l’on pense que même dans les économies capitalistes avancées, les infrastructures de santé publique se sont détériorées et ne peuvent pas réellement supporter les pics de pandémie, à moins que des mesures ne soient prises pour réduire leurs rythmes d’expansions.

      On pourrait dire, contra Agamben, que la « vie nue » a plus à voir avec le retraité figurant sur une liste d’attente pour un appareil respiratoire ou un lit de soins intensifs, en raison de l’effondrement du système de santé, qu’avec l’intellectuel qui doit se débrouiller face aux aspects pratiques des mesures de quarantaine.

      À la lumière de ce qui précède, je voudrais suggérer un retour différent à Foucault. Nous oublions parfois que ce dernier avait une conception très relationnelle des pratiques de pouvoir. En ce sens, il est légitime de se demander si une biopolitique démocratique ou même communiste est possible. Pour le dire autrement : est-il possible d’avoir des pratiques collectives qui contribuent réellement à la santé des populations, y compris des modifications de comportement à grande échelle, sans une expansion parallèle des formes de coercition et de surveillance ?

      Foucault lui-même, dans ses derniers travaux, tend vers une telle direction, avec les notions de vérité, de parrhesia et de souci de soi. Dans ce dialogue très original avec la philosophie antique, il propose une politique alternative du bios qui combine de manière non coercitive les soins individuels et collectifs.

      Dans une telle perspective, la décision de réduire les déplacements ou l’instauration d’une distanciation sociale en temps d’épidémie, l’interdiction de fumer dans les espaces publics fermés ou la prohibition de pratiques individuelles et collectives nuisibles à l’environnement, seraient le résultat de décisions collectives discutées démocratiquement. Cela signifie que de la simple discipline, nous passons à la responsabilité, vis-à-vis des autres puis de nous-mêmes, et de la suspension de la socialité à sa transformation consciente. Dans de telles conditions, au lieu d’une peur individuelle permanente, capable de briser tout sentiment de cohésion sociale, nous déplaçons l’idée d’effort collectif, de coordination et de solidarité au sein d’une lutte commune, éléments qui dans de telles urgences sanitaires peuvent s’avérer tout aussi importants que les interventions médicales.

      Se dessine ainsi la possibilité d’une biopolitique démocratique. Celle-ci peut également se fonder sur la démocratisation du savoir. L’accès accru aux connaissances, associé à de nécessaires campagnes de vulgarisation, rendraient possibles des processus de décision collective fondés sur la connaissance et la compréhension et non pas seulement sur l’autorité des experts.
      Une biopolitique populaire

      Prenons l’exemple de la lutte contre le VIH. Le combat contre la stigmatisation, la tentative de faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’une maladie réservée aux « groupes à haut risque », l’exigence d’éducation aux pratiques sexuelles saines, le financement du développement de mesures thérapeutiques et l’accès aux services de santé publique n’auraient pas été possibles sans la lutte de mouvements tels qu’ACT UP. On pourrait dire qu’il s’agit bien d’un exemple de biopolitique populaire.

      Dans la conjoncture actuelle, les mouvements sociaux ont une grande marge de manœuvre. Ils peuvent exiger des mesures immédiates pour aider les systèmes de santé publique à supporter le fardeau supplémentaire causé par la pandémie. Ils peuvent aussi souligner la nécessité de la solidarité et de l’auto-organisation collective pendant une telle crise, par opposition aux paniques « survivalistes » individualisées. Ils peuvent également insister sur le fait que le pouvoir (et la coercition) de l’État doit être utilisé pour canaliser les ressources du secteur privé vers des orientations socialement nécessaires. Enfin, ils peuvent faire de la transformation sociale une exigence vitale.

      https://acta.zone/panagiotis-sotiris-coronavirus-contre-agamben-pour-une-biopolitique-populaire/#

    • je n’ai pas fait de seen à part parce que pour moi l’affaire Agamben était déjà classée (classement vertical).

    • Oui, il y a de quoi avec ses gargarismes permanents sur l’état d’exception et leur aggravation sous Covid. Mais, à part sa fin pénible, l’article de François Nathan donne en synthèse un peu d’histoire des épidémies, et, pointant ce qu’une politique du soin interdit (dont la « pensée » du sieur A.), très implicitement sur ce qu’elle supposerait (ne pas tenir séparés le biologique du social-historique). Enjeu tout à fait négligé, y compris en partie ici il me semble, braqués que nous sommes sur les « données » et les effets.

    • #Donatella_Di_Cesare: “Dear Agamben, I write to you…”

      From profound critic of neo-liberalism, to guru of anti-vaxxers. The philosopher Donatella Di Cesare writes a ‘letter from afar’ to Giorgio Agamben.

      As the second year of the planetary pandemic draws to a close, one cannot help but recognize, among the many devastating effects of this vast catastrophe, a tragic event that fully affects philosophy. I would like to call it the ‘Agamben Case,’ not to objectify the protagonist — to whom I am addressing myself, as if writing a letter from afar — but to underline its importance.

      Giorgio Agamben — like it or not — has been, and is, the most significant philosopher of the last few decades, not only on the European scene, but throughout the world. From American university classrooms to the most remote oppositional groups of Latin American, Agamben’s name, in some ways even going beyond the philosopher himself, has become the banner of a new critical thought. For those of my generation, who lived through the 1970s, his books — particularly starting with Homo Sacer, Sovereign Power and Bare Life in 1995 — were a chance not only to scrutinize the disturbing and authoritarian depths of neo-liberalism, but also to unmask the successful and watered-down pseudo-left, which today self-identifies as a moderate progressivism. This pseudo-left has no critique of progress, and a philosophical inventory that came to a halt in the 1980s, it practices a politics that reduces its activities and direction to administrative governance under the dictate of the economy. In the wake of the best tradition of the twentieth century — from Foucault to Arendt, from Benjamin to Heidegger — Agamben has offered us the vocabulary and conceptual repertoire to try to orient ourselves in the complex terrain of the twenty-first century. How can we forget the pages on the “camp,” which after Auschwitz, rather than disappearing, became part of the political landscape, and also those on bare life, first and foremost of those exposed without rights, or on post-totalitarian democracy that maintains a link with the past?

      This makes what has recently happened all the more traumatic. In the blog ‘Una voce,’ hosted on the Quodlibet website, Agamben took to commenting on the irruption of the coronavirus in semi-journalistic terms. The first post on February 26, 2020, was titled “The Invention of a Pandemic.” Today this sounds like a malicious prognosis. At the time, however, Agamben was not alone in deluding himself that covid-19 was little more than a flu. There was a lack of data and the magnitude of the disease had not yet been revealed. In my own pessimism, which caused me to see the first signs of covid as the entry to a new, worse, era, I felt surrounded by people who preferred to downplay the phenomenon or detach from it. During the lockdown we were all struck by the measures taken to combat the virus, as indispensable as they were shocking. Life confined within domestic walls, our being consigned to the screen, deprived of others and the polis… it all seemed almost unbearable — until the suffering of those emerged who, without breath, were fighting for life in intensive care units. The image of the trucks transporting coffins in Bergamo marked the point of no return for the whole world. The sovereign virus, which the sovereignist regimes, from Trump to Bolsonaro, grotesquely pretended either to ignore or to bend to their own purposes, manifested itself in all its terrible potency. The catastrophe was ungovernable. And it exposed the pettiness and ineptitude of the politics of closed borders. Europe responded.

      The time had come for Agamben to acknowledge outright: “I made an interpretative error, because the pandemic is not an invention.” But Agamben never rectified his error.

      His posts continued until July 2020 in the same vein. As news of his developing denialism spread abroad, I read his embarrassing texts convinced that the nightmare would soon be over. But it wasn’t. His posts have become the subject of two books and the ‘voice’ of the blog has continued with its prognosis, reaching its lowest point with two interventions of July 2021 — “Second Class citizens” and “Green Pass” — where the Green Pass was obscenely likened to the yellow star. This gave significant succour to the worst of the anti-vax movement, intellectually and philosophically legitimizing them. The rest, including the ‘Doubt and Precaution Committee,’[1] is (recent) history.

      Concerns over securitarian drifts are justified. The politics of fear, the phobocracy that governs and subdues ‘us’ by instilling a fear of what is outside, nurturing hatred for the other, is the current political phenomenon that characterizes immunitarian democracies and it precedes the pandemic. In different ways philosophers, sociologists, economists, and political scientists have denounced it. It is equally right to argue that the Italian context is in this respect a political laboratory without equal. However, a state of emergency cannot be confused with a state of exception. An earthquake, a flood, a pandemic are unexpected events that must be faced in their necessity. A state of exception is dictated by a sovereign will. Of course, one can border on the other, and we are therefore aware both of the danger of an institutionalized state of emergency and of the threat represented by those control and surveillance measures which, once in place, risk becoming indelible. It is true: there is no government that cannot avail itself of the pandemic. Let’s keep the suspicion; such suspicion is the salt of democracy.

      But the further step, which is a drift into conspiracy-theorising, we should not take. Therefore, we do not say that the covid-19 epidemic is an invention, nor that it has been used intentionally as a pretext, as Agamben does with the caveat included in his book: “if the powers that govern the world have decided to take the pretext of a pandemic — at this point it does not matter if it is real or simulated…”

      Personalizing power, making it a subject with a will, attributing an intention to it, means endorsing a conspiratorial vision. And it also means not considering the role of technique, or technology, that machinery that, as Heidegger teaches, employs those who pretend to employ it. The designers become the designed. Through this perspective one can see how power works. It is precisely the sovereign virus that has shown all the limits of this power that runs amok, is unjust, violent, and yet is impotent in the face of disaster, incapable of dealing with the world’s disease.

      No, I do not associate myself with the anti-conspiracist vulgarity of those who, certain of possessing reason and truth, reduce a complex phenomenon to a mental cramp or a lie. With even more regret, I say that Agamben’s gloomy insinuations, his declarations on the “construction of a fictitious scenario” and on the “integral organization of the body of citizens,” which refer to a new paradigm of biosecurity and to a sort of sanitary terror, simply embed him within the contemporary landscape of conspiracy.

      As is known, Agamben has found himself on the right, or rather the ultra-right, with a following consisting of anti-vaxxers and those against the Green Pass. From time-to-time he has even lashed out against those on the left who defended the vaccination plan. It does not seem to me, however, that in these two years he has expended a word for the riots in prisons, for the elderly decimated in the nursing homes, for the homeless abandoned in the city, for those left suddenly without work, for the delivery riders, the laborers, and the invisible. I would have expected, from the philosopher who made us reflect on ‘bare life,’ an appeal for the migrants who are brutalized, rejected, and left to die at the European borders. Indeed, an initiative that, with his authority, would have had certain weight. But there has been none of that.

      He has often forced us into to distorting analyses but, above all, by taking paradoxical positions, he has pushed us towards common sense. As far as I am concerned, perhaps this is one of the major damages, since philosophy requires radicality. But the damages go beyond this and are difficult to estimate, starting from the surfeit of discredit cast upon philosophy itself.

      For us Agambeniani, survivors of this trauma, it will be a matter of rethinking categories, concepts, terms, some of which — such as ‘state of exception’ — have become almost grotesque. And it will be necessary to save ‘Agamben’ from Agamben; to preserve the legacy of his thought from this drift. Nor can we gloss over the political problem, given that one of the decisive points of reference for a left that surrenders neither to neo-liberalism nor to the model of moderate progressivism is now missing, and in such a disastrous way. The path will be rough.

      Donatella Di Cesare

      19 December 2021 (L’Espresso)

      https://medium.com/contrahistorical/donatella-di-cesare-dear-agamben-i-write-to-you-48e58d4b1d52

      –-

      La lettre originale, en italien, publiée dans le journal italien L’Espresso:
      Caro Agamben, ora dobbiamo salvare te e la filosofia dal tuo complottismo

      È stato il filosofo più significativo di questi ultimi decenni. Ma da quando ha iniziato a commentare gli eventi legati al coronavirus ha abbracciato il negazionismo. Sarà quindi necessario preservare Agamben da Agamben, il lascito del suo pensiero da questa deriva

      Mentre volge al termine il secondo anno della pandemia planetaria non si può fare a meno di riconoscere, tra i tanti devastanti effetti dell’immane catastrofe, un evento tragico che investe in pieno la filosofia. Vorrei chiamarlo il “caso Agamben”, non per oggettualizzare il protagonista, a cui invece mi rivolgo, come scrivendogli una lettera da lontano, bensì per sottolinearne l’importanza.

      Giorgio Agamben - piaccia o no - è stato ed è il filosofo più significativo di questi ultimi decenni, non solo nello scenario europeo, ma in quello mondiale. Dalle aule universitarie statunitensi ai più periferici gruppi antagonisti latinoamericani il nome di Agamben, per qualche verso anche al di là del filosofo, è diventato l’insegna di un nuovo pensiero critico. Per quelli della mia generazione, che hanno vissuto gli anni Settanta, i suoi libri - soprattutto a partire da “Homo sacer. Il potere sovrano e la nuda vita” del 1995 - hanno costituito la possibilità non solo di scrutare il fondo inquietante e autoritario del neoliberismo, ma anche di smascherare la pseudosinistra vincente e annacquata, che oggi si autodefinisce progressismo moderato. Nessuna critica del progresso, un inventario filosofico fermo tutt’al più agli anni Ottanta, una pratica della politica che la riduce a governance amministrativa sotto il dettato dell’economia. Sulla scia della migliore tradizione del Novecento - da Foucault ad Arendt, da Benjamin a Heidegger - Agamben ci ha offerto il vocabolario e il repertorio concettuale per tentare di orientarci nel complesso scenario del XXI secolo. Come dimenticare le pagine sul “campo”, che dopo Auschwitz, anziché scomparire, entra a far parte del paesaggio politico, e ancora quelle sulla nuda vita, anzitutto di chi è esposto senza diritti, o sulla democrazia post-totalitaria che mantiene un legame con il passato?

      Tanto più traumatico è quel che accaduto. Nel blog “Una voce”, ospitato sul sito della casa editrice Quodlibet, Agamben ha preso a commentare l’irruzione del coronavirus in termini semigiornalistici. Il primo post del 26 febbraio 2020 era intitolato “L’invenzione di una pandemia”. Oggi suona come una funesta profezia. Allora Agamben non era però il solo a illudersi che il Covid-19 fosse poco meno che un’influenza. Mancavano dati e l’entità del male non si era ancora rivelata. Nel mio pessimismo, che mi spingeva a scorgere nei primi segnali l’ingresso di una nuova epoca, mi sentivo circondata da persone che preferivano minimizzare o rimuovere.

      Durante il lockdown fummo tutti colpiti dalle misure prese per contrastare il virus, tanto indispensabili quanto scioccanti. La vita confinata tra le mura domestiche, consegnata allo schermo, privata degli altri e della polis, ci sembrò quasi insopportabile - fin quando non emerse la sofferenza di chi, senza respiro, lottava per la vita nelle terapie intensive. L’immagine dei camion che a Bergamo trasportavano i feretri segnò per tutto il mondo il punto di non ritorno. Il virus sovrano, che i regimi sovranisti, da Trump a Bolsonaro, pretendevano o di ignorare grottescamente o di piegare ai propri scopi, si manifestò in tutta la sua terribile potenza. La catastrofe era ingovernabile. E metteva allo scoperto meschinità e inettitudine della politica dei confini chiusi. L’Europa reagì.

      Per Agamben era tempo di riconoscere a chiare lettere: «Ho commesso un errore interpretativo, perché la pandemia non è un’invenzione». Ma Agamben non ha mai rettificato. I suoi post si sono susseguiti fino a luglio 2020 con lo stesso tenore. Mentre la notizia del suo incipiente negazionismo si diffondeva all’estero, leggevo quelle righe imbarazzanti convinta che l’incubo sarebbe presto finito. Così non è stato. I post sono diventati materia di due libri e la “voce” del blog ha continuato a vaticinare raggiungendo il punto più basso con due interventi del luglio 2021 - “Cittadini di seconda classe” e “Tessera verde” - dove il green pass viene paragonato alla stella gialla. Un paragone osceno, che ha dato la stura ai peggiori movimenti no vax legittimandoli. Il resto, compresa la “Commissione per il dubbio e la precauzione”, è storia recente.

      È motivata la preoccupazione per una deriva securitaria. La politica della paura, la fobocrazia che governa e sottomette il “noi” instillando il timore per ciò che è fuori, fomentando l’odio per l’altro, è il fenomeno politico attuale che caratterizza le democrazie immunitarie e precede la pandemia. In modi diversi lo hanno denunciato filosofi, sociologi, economisti, politologi. Altrettanto giusto è sostenere che il contesto italiano è sotto questo aspetto un laboratorio politico senza uguali. Tuttavia non si può confondere lo stato d’emergenza con lo stato d’eccezione. Un terremoto, un’alluvione, una pandemia sono un evento inatteso che va fronteggiato nella sua necessità. Lo stato d’eccezione è dettato da una volontà sovrana. Certo l’uno può sconfinare nell’altro e siamo perciò consapevoli sia del pericolo di uno stato d’emergenza istituzionalizzato sia della minaccia rappresentata da quelle misure di controllo e sorveglianza che, una volta inserite, rischiano di diventare incancellabili. È vero: non c’è governo che non possa valersi della pandemia. Manteniamo il sospetto, che è il sale della democrazia.

      Ma il passo ulteriore, quello della deriva complottistica, non lo compiamo. Perciò non diciamo né che l’epidemia da Covid-19 è un’invenzione né che viene presa a pretesto intenzionalmente, come fa Agamben nell’avvertenza del suo libro: «Se i poteri che governano il mondo hanno deciso di cogliere il pretesto di una pandemia - a questo punto non importa se vera o simulata…». Personalizzare il potere, renderlo un soggetto con tanto di volontà, attribuirgli un’intenzione, significa avallare una visione complottistica. E vuol dire anche non considerare il ruolo della tecnica, quell’ingranaggio che, come insegna Heidegger, impiega quanti pretenderebbero di impiegarlo. I progettisti diventano i progettati. Non si può oggi non vedere il potere attraverso questo dispositivo. Proprio il virus sovrano ha mostrato tutti i limiti di un potere che gira a vuoto, ingiusto, violento, e tuttavia impotente di fronte al disastro, incapace di affrontare la malattia del mondo.

      No, non mi associo alla vulgata anticomplottista di quelli che, certi di possedere ragione e verità, riducono un fenomeno complesso a un crampo mentale o a una menzogna. Con tanto più rammarico dico che le cupe insinuazioni di Agamben, le sue dichiarazioni sulla «costruzione di uno scenario fittizio» e sulla «organizzazione integrale del corpo dei cittadini», che rinviano a un nuovo paradigma di biosicurezza e a una sorta di terrore sanitario, lo inscrivono purtroppo nel panorama attuale del complottismo.

      Com’è noto Agamben si è ritrovato a destra, anzi all’ultradestra, con un seguito di no vax e no pass. Di tanto in tanto si è perfino scagliato contro chi a sinistra difendeva il piano di vaccinazione. Non mi risulta, invece, che in questi due anni abbia speso una parola per le rivolte nelle carceri, per gli anziani decimati nelle rsa, per i senzatetto abbandonati nelle città, per quelli rimasti d’un tratto senza lavoro, per i rider, i braccianti e gli invisibili. Mi sarei aspettata dal filosofo che ci ha fatto riflettere sulla “nuda vita” un appello per i migranti che alle frontiere europee vengono brutalizzati, respinti, lasciati morire. Anzi, un’iniziativa che, con la sua autorevolezza, avrebbe avuto certo peso. Nulla di ciò.

      Ci ha costretto spesso a elucubrazioni fuorvianti e soprattutto, prendendo posizioni paradossali, ci ha spinto verso il senso comune. Per quel che mi riguarda forse questo è uno dei maggiori danni, dato che la filosofia richiede radicalità. Ma i danni sono ulteriori e difficilmente stimabili, a partire da un sovrappiù di discredito gettato sulla filosofia. Per noi agambeniani, sopravvissuti a questo trauma, si tratterà di ripensare categorie concetti, termini, alcuni - come “stato d’eccezione” - divenuti quasi ormai grotteschi. E sarà necessario salvare Agamben da Agamben, il lascito del suo pensiero da questa deriva. Né si può sorvolare sulla questione politica, dato che viene meno nel modo peggiore uno dei punti decisivi di riferimento per una sinistra che non si arrende né al neoliberismo né alla versione del progressismo moderato. Il cammino sarà impervio.

      https://espresso.repubblica.it/opinioni/2021/12/20/news/giorgio_agamben_complotto_covid-330912383

  • Against Agamben : Is a Democratic Biopolitics Possible ?

    Giorgio Agamben’s recent intervention (http://www.journal-psychoanalysis.eu/coronavirus-and-philosophers) which characterizes the measures implemented in response to the Covid-19 pandemic as an exercise in the biopolitics of the ‘state of exception’ has sparked an important debate on how to think of biopolitics.

    The very notion of biopolitics, as it was formulated by Michel Foucault, has been a very important contribution to our understanding the changes associated with the passage to capitalist modernity, especially in regards to the ways that power and coercion are exercised. From power as a right of life and death that the sovereign holds, we pass to power as an attempt to guarantee the health (and productivity) of populations. This led to an expansion without precedent of all forms of state intervention and coercion. From compulsory vaccinations, to bans on smoking in public spaces, the notion of biopolitics has been used in many instances as the key to understand the political and ideological dimensions of heath policies.

    At the same time it has allowed us to analyse various phenomena, often repressed in the public sphere, from the ways that racism attempted to find a ‘scientific’ grounding to the dangers of trends such as eugenics. And indeed Agamben has used it in a constructive way, in this attempt to theorise the modern forms of a ‘state of exception’, namely spaces where extreme forms of coercion are put in practice, with the concentration camp the main example.

    The questions regarding the handling of the Covid-19 pandemic obviously raise issues associated with biopolitics. Many commentators have suggested that China made steps towards containing or slowing the pandemic, because it could implement an authoritarian version of biopolitics, which included the use of extended quarantines and bans on social activities, which was helped by the vast arsenal of coercion, surveillance and monitoring measures and technologies that the Chinese state has at its disposal.

    Some commentators even suggested that because liberal democracies lack the same capacity for coercion or invest more on voluntary individual behaviour change, they cannot take the same measures and this could inhibit the attempt to deal with the pandemic.

    However, I think that it would be a simplification to pose the dilemma as one between authoritarian biopolitics and a liberal reliance on persons making rational individual choices.

    Moreover, it is obvious that simply treating measures of public health, such as quarantines or ‘social distancing’, as biopolitics somehow misses their potential usefulness. In the absence of a vaccine or successful anti-viral treatments, these measures, coming from the repertoire of 19th century public health manuals, can reduce the burden, especially for vulnerable groups.

    This is especially true if we think that even in advanced capitalist economies public health infrastructure has deteriorated and cannot actually stand the peak of the pandemic, unless measures to reduce the rate of its expansion are taken.

    One might say that contra Agamben, ‘naked life’ would be closer to the pensioner on a waiting list for a respirator or an ICU bed, because of a collapsed health system, than the intellectual having to do with the practicalities of quarantine measures.

    In light of the above I would like to suggest a different return to Foucault. I think that sometimes we forget that Foucault had a highly relational conception of power practices. In this sense, it is legitimate to pose a question whether a democratic or even communist biopolitics is possible.

    To put this question in a different way: Is it possible to have collective practices that actually help the health of populations, including large-scale behaviour modifications, without a parallel expansion of forms of coercion and surveillance?

    Foucault himself, in his late work, points towards such a direction, around the notions of truth, parrhesia and care of the self. In this highly original dialogue with ancient philosophy, he suggested an alternative politics of bios that combines individual and collective care in non coercive ways.

    In such a perspective, the decisions for the reduction of movement and for social distancing in times of epidemics, or for not smoking in closed public spaces, or for avoiding individual and collective practices that harm the environment would be the result of democratically discussed collective decisions. This means that from simple discipline we move to responsibility, in regards to others and then ourselves, and from suspending sociality to consciously transforming it. In such a condition, instead of a permanent individualized fear, which can break down any sense of social cohesion, we move to the idea of collective effort, coordination and solidarity within a common struggle, elements that in such health emergencies can be equally important to medical interventions.

    This offers the possibility of a democratic biopolitics. This can also be based on the democratization of knowledge. The increased access to knowledge, along with the need for popularization campaigns makes possible collective decision processes that are based on knowledge and understanding and not just the authority of experts.
    Biopolitics from below

    The battle against HIV, the fight of stigma, the attempt to make people understand that it is not the disease of ‘high risk groups’, the demand for education on safe sex practices, the funding of the development of therapeutic measures and the access to public health services, would not have been possible without the struggle of movements such as ACT UP. One might say that this was indeed an example of a biopolitics from below.

    And in the current conjuncture, social movements have a lot of room to act. They can ask of immediate measures to help public health systems withstand the extra burden caused by the pandemic. They can point to the need for solidarity and collective self-organization during such a crisis, in contrast to individualized “survivalist” panics. They can insist on state power (and coercion) being used to channel resources from the private sector to socially necessary directions. And they can demand social change as a life-saving exigency.

    https://criticallegalthinking.com/2020/03/14/against-agamben-is-a-democratic-biopolitics-possible
    #Agamben #Giorgio_Agamben #biopolitique #biopolitique_démocratique #démocratie #contre_Agamben #coronavirus #covid-19

    • Why We Are Not Bare Life: What’s wrong with Agamben’s Thoughts on Coronavirus

      In a follow-up to a controversial piece in which he argued (in late February) that the social distancing and quarantining in Italy presented the temptation to universalize the state of exception, Agamben says this:

      “Fear is a bad counsellor, but it makes us see many things we pretended not to see. The first thing the wave of panic that’s paralysed the country has clearly shown is that our society no longer believes in anything but naked life. It is evident that Italians are prepared to sacrifice practically everything – normal living conditions, social relations, work, even friendships and religious or political beliefs – to avoid the danger of falling ill. The naked life, and the fear of losing it, is not something that brings men and women together, but something that blinds and separates them. Other human beings, like those in the plague described by Manzoni, are now seen only as potential contaminators to be avoided at all costs or at least to keep at a distance of at least one metre. The dead – our dead – have no right to a funeral and it’s not clear what happens to the corpses of our loved ones. Our fellow humans have been erased and it’s odd that the Churches remain silent on this point. What will human relations become in a country that will be accustomed to living in this way for who knows how long? And what is a society with no other value other than survival?”

      To be sure, there are and will be bad actors. William Barr’s DOJ has apparently seen the epidemic as a good time for a power grab (notably, one that has been sharply critiqued from both the right and the left). Ohio seems to be using it as a pretext to stop abortions. So – and this will be my point – we must always be vigilant about the expansion of emergency powers.

      But when you have a leitmotif, you stick with it, and so Agamben reiterates his basic thesis about the combination of state of exception and bare life:

      “There have been more serious epidemics in the past, but no one ever thought of declaring a state of emergency like today, one that forbids us even to move. Men have become so used to living in conditions of permanent crisis and emergency that they don’t seem to notice that their lives have been reduced to a purely biological condition, one that has lost not only any social and political dimension, but even any compassionate and emotional one.”

      This is obviously not literally true; Foucault’s example of a town in lockdown during the plague is on point. But certainly this is new at a global scale. Various responses in the thread point out the obvious: that many more people will die of COVID-19 than the annual flu; that “overreaction” makes perfect sense when you cannot make the sorts of risk-based, prudential calculations to which we have become accustomed. In the process of making the latter argument, I even suggested that the current social distancing measures are unsustainable because our society is based on movement and circulation. They indeed put our bios into suspension.

      But what we learn from Agamben is mainly that the bios/zoe distinction (where bios refers to way of life, and zoe refers to the biological process of living) he is invoking here makes no more sense now than it did in Homo Sacer. In what way is life reduced to a “purely biological condition?” How is that even coherent? Agamben in Homo Sacer says that bare life is so thoroughly debased that it loses even the “sweetness” that comes originally with the act of living. He quotes Aristotle, who says that “there is probably some kind of good in the mere fact of living. If there is no great difficulty as to the way of life [kata ton bion], clearly most men will tolerate much suffering and hold on to life [zoe] as if it were a kind of serenity [euemeria, beautiful day] and a natural sweetness” (1278b, 23-31; qt HS 2, interpolations Agamben’s). We have all seen the touching videos of Italians singing together from their apartment balconies, and now there are Germans and Chinese singing in solidarity with them. These songs reject Agamben’s interpretation, even on his own terms!

      Moreover, the idea that there is such a thing as purely biological life devoid of bios is rubbish. As William Connolly put it in response to Homo Sacer, “what a joke. Every way of life involves the infusion of norms, judgments, and standards into the affective life of participants at both private and public levels. Every way of life is biocultural and biopolitical” (in Giorgio Agamben: Sovereignty and Life, 29). Consider even eating: what parts of how we eat are not cultural? That is, both there must be a bios to being quarantined, and the decision to prioritize avoiding illness must be a biopolitical one. The discordance between Trump and the more responsible members of the federal government shows that the reverse decision to prioritize what passes for the index of bios in Trump’s mind – the stock markets – is a cynically political one. When it is replicated by spring breakers in Florida or crowds in packed bars, they enact another political decision: their bios matters more than the zoe of society’s most vulnerable. When elevated to a principle, either of these comes carelessly close to saying that those vulnerable lives don’t matter, or are expendable. As Latour pointed out somewhere, we do this all the time: the decision to keep speed limits where they are is a decision that those who could be saved by lowering them are expendable. It is true that Italy has banned funerals for now and this should give us pause – but how is it better to imply that the lives of the most vulnerable are less important than large, non-funereal social gatherings of strangers during a pandemic? No doubt, balancing matters, and the right level of social distancing from an epidemiological point of view is probably somewhere between life-as-normal and being utterly confined to one’s own house with no exceptions, just as the right speed limit is somewhere between forcing everyone to walk and removing speed limits altogether. But how is this not a biopolitical discussion, one where the details matter? From an epidemiological perspective, at least, the spring breakers make it worse for everyone else: by refusing to socially isolate at all, they bring more isolation down on the rest of us. So too, as feminist theory has forcefully and for a long time underlined with regards to privacy, social distancing will be borne differently by different people. It’s one thing for an office worker to telecommute, and something totally different to confine someone indefinitely in a house with their abuser. We are differentially vulnerable and resilient, and recognizing those differences matters.

      In other words, Agamben’s argument above replicates the problems of Homo Sacer because it obscures too many details that matter in figuring out how to navigate an impossible situation under conditions of radical uncertainty. It precisely obscures politics in the broader sense. Let me focus on the level of consequences. Agamben wrote that the apotheosis of bare life was found in Auschwitz, and in particular in the figure of the so-called Muselmann, “the most extreme figure of the camp inhabitant … a being from whom humiliation, horror, and fear had so taken away all consciousness and all personality as to make him absolutely apathetic” (Homo Sacer, 184-85). Antonio Negri calls this description dangerous:

      “I believe that the concept of naked life is not an impossible, unfeasible one. I believe it is possible to push the image of power to the point at which a defenseless human being is crushed, to conceive of that extreme point at which Power tries to eliminate that ultimate resistance which is the sheer attempt to keep oneself alive. From a logical standpoint, it is possible to think all this: the naked bodies of the people in the camps, for example, can lead one precisely in this direction. But this is also the point at which this concept turns into ideology …. Isn’t this the story about Power that Power itself would like us to believe in and reiterate? Isn’t it far more politically useful to conceive of this limit from the standpoint of those who are not yet or not completely crushed by Power, from the standpoint of those still struggling to overcome such a limit, from the standpoint of the process of constitution” (In Praise of the Common, 155, my emphasis)?

      Negri accordingly proposes that “the conclusions” Agamben “draws in Homo Sacer lead to dangerous political outcomes” (ibid.).

      Here, Agamben’s procrustean bios/zoe distinction here doesn’t just ignore the evidence of bios in all forms of life. It ignores the efforts to find meaning and solidarity in life, in spite of and even because of quarantine. It ignores meaning and solidarity that challenges the conditions that led to quarantine. Citing Baudrillard’s controversial proclamation that 9/11 represented the West waging war on itself, Andrew O’Hehir proposes:

      “We didn’t want this to happen; I’m not saying that. But we wanted something to happen. We all understood, consciously or otherwise, that the life we have all been living, the global economy we have created, was not sustainable. Many of us knew it would take a crisis of global proportions before we could consider that seriously, on the level of the human collective. Well, here we are. If the dolphins of Venice are not real, we invented them for a reason. We need them to show us the way.”

      In treating life today as mere zoe, Agamben occludes the very voices and imaginings that might change the biopolitical status quo he so detests. And in doing that, he gives power to the Donald Trumps and William Barrs of the world. This is not a trivial point, because we should indeed fear the entrenchment of surveillance culture and the permanent replacement of human contact by the very screens that we now need to get through our day just as we should fear the accretion and normalizing of emergency powers. In a thoughtful essay on Slate (you really should read it), Steven W. Thrasher looks at his own research on the effects of HIV/AIDS (which has killed 38 million so far) and the resistance movements that emerged from it. He warns that social isolation is damaging in itself. He underlines that social distancing becomes bearable only if it is accompanied by data that allows it to be accurately targeted (one should remember here that Foucault’s plague-infested town was a place of data collection, not just frozen movement). He talks about how both epidemics have laid bare the necropolitics of Republican administrations that assume that only those they don’t care about will get sick and die. Thrasher recounts to politics of ACT UP and other groups, a politics based on putting bodies in the way and on the line. Thrasher concludes:

      “There’s power in how, for the first time in history, any human on the planet can instantly communicate with any other and talk about facing the same challenge. This new crisis will change everything. Everything. Everything about how we work and socialize, everything about how we make love and make politics. It might very well be a less haptic world, a more screen-centered and surveilled world. The world will be rebuilt, and we have a chance to make it better—but this will only happen if we can figure out mutual care and mass mobilization with tactics that have never been used on such a scale before. We’d do well to listen to leadership from disabled activists who have a lot of experience with political action without needing physical presence. But we have to keep thinking critically. There are no easy answers, and the status quo won’t do.”

      I don’t know if the current pandemic will change everything, or more to the point, what it will change. The 1918 flu pandemic likely brought us public health, starting with the Soviet Union and spreading to Europe and then, in diluted form, to the U.S. Thrasher documents the many changes HIV/AIDS have brought.

      Being a part of these changes, pushing for the ones that are worth having and resisting those that are bad, will be vital. But if you see everybody in quarantine as Agamben sees Muselmänner, you also won’t see the politics that can move us forward. Donald Trump is a declining tinpot dictator who depends on a vast network of sycophants to constantly recreate the hall of mirrors in which he lives. He wants nothing more than for us to see social isolation as bare life, because then we can go back to making him richer, the body count be damned.

      https://www.newappsblog.com/2020/03/why-we-are-not-bare-life-whats-wrong-with-agambens-thoughts-on-coronavi
      #vie_nue #vies_nues

    • Biopolitics in the Time of Coronavirus

      In a recent blog post (https://critinq.wordpress.com/2020/03/29/the-rise-and-fall-of-biopolitics-a-response-to-bruno-latour), #Joshua_Clover rightly notices the swift emergence of a new panoply of “genres of the quarantine.” It should not come as a surprise that one of them centers on Michel Foucault’s notion of biopolitics, asking whether or not it is still appropriate to describe the situation that we are currently experiencing. Neither should it come as a surprise that, in virtually all of the contributions that make use of the concept of biopolitics to address the current coronavirus pandemic, the same bunch of rather vague ideas are mentioned over and over again, while other—no doubt more interesting—Foucauldian insights tend to be ignored. In what follows, I discuss two of these insights, and I conclude with some methodological remarks on the issue of what it may mean to “respond” to the current “crisis.”

      The “Blackmail” of Biopolitics

      The first point that I would like to make is that Foucault’s notion of biopolitics, as he developed it in 1976,[1] was not meant to show us just how evil this “modern” form of power is. Of course, it was not meant to praise it either. It seems to me that, in coining the notion of biopolitics, Foucault wants first and foremost to make us aware of the historical crossing of a threshold and more specifically of what he calls a society’s “seuil de modernité biologique” (“threshold of biological modernity”).[2] Our society crossed such a threshold when the biological processes characterizing the life of human beings as a species became a crucial issue for political decision-making, a new “problem” to be addressed by governments—and this, not only in “exceptional” circumstances (such that of an epidemic), but in “normal” circumstances as well.[3] A permanent concern which defines what Foucault also calls the “étatisation du biologique” (the “nationalization of the biological”).[4] To remain faithful to Foucault’s idea that power is not good or bad in itself, but that it is always dangerous (if accepted blindly, that is, without ever questioning it), one could say that this “paradigm shift” in the way in which we are governed, with both its positive and its horrible outcomes, no doubt corresponds to a dangerous extension of the domain of intervention of power mechanisms. We are no longer governed only, nor even primarily, as political subjects of law, but also as living beings who, collectively, form a global mass—a “population”—with a natality rate, a mortality rate, a morbidity rate, an average life expectancy, etc.

      In “What is Enlightenment?” Foucault claims that he wants to refuse the “‘blackmail’ of Enlightenment”—that is, the idea that we have to be either “for” or “against” it—and address it instead as a historical event that still characterizes, at least to a certain extent, what we are today.[5] I would like to suggest, in an analogous way, that it would be wise for us to refuse the “blackmail” of biopolitics: we do not have to be “for” or “against” it (what would that even mean?), but address it as a historical event that still defines, at least in part, the way in which we are governed, the way in which we think about politics and about ourselves. When, on the newspapers or the social media, I see people complaining about others not respecting the quarantine rules, I always think about how astonishing it is for me, on the contrary, that so many of us are, even when the risk of sanctions, in most situations, is quite low. I also noticed the panoply of quotes from Discipline and Punish, in particular from the beginning of the chapter “Panopticism,”[6] which of course perfectly resonates with our current experience of the quarantine, as it describes the disciplinarization of a city and its inhabitants during a plague epidemic. However, if we just insist on coercive measures, on being confined, controlled, and “trapped” at home during these extraordinary times, we risk overlooking the fact that disciplinary and biopolitical power mainly functions in an automatic, invisible, and perfectly ordinary way—and that it is most dangerous precisely when we do not notice it.

      Instead of worrying about the increase of surveillance mechanisms and indiscriminate control under a new “state of exception,” I therefore tend to worry about the fact that we already are docile, obedient biopolitical subjects. Biopolitical power is not (only) exercised on our lives from the “outside,” as it were, but has been a part of what we are, of our historical form of subjectivity, for at least the past two centuries. This is why I doubt that any effective strategy of resistance to its most dangerous aspects should take the form of a global refusal, following the logic of the “blackmail” of biopolitics. Foucault’s remarks about a “critical ontology of ourselves”[7] may turn out to be surprisingly helpful here, since it is the very fabric of our being that we should be ready to question.

      The (Bio)Politics of Differential Vulnerability

      The second point that I would like to discuss—a crucial one, but alas one that I rarely find mentioned in the contributions mobilizing the notion of biopolitics to address the current coronavirus pandemic—is the inextricable link that Foucault establishes between biopower and racism. In a recent piece, Judith Butler rightly remarks “the rapidity with which radical inequality, nationalism, and capitalist exploitation find ways to reproduce and strengthen themselves within the pandemic zones.” This comes as a much-needed reminder in a moment in which other thinkers, such as Jean-Luc Nancy, argue on the contrary that the coronavirus “puts us on a basis of equality, bringing us together in the need to make a common stand.” Of course, the equality Nancy is talking about is just the equality of the wealthy and the privileged—those who are lucky enough to have a house or an apartment to spend their quarantine in, and who do not need to work or can work from home, as Bruno Latour already observed. What about those who are still forced to go to work every day because they cannot work from home nor afford to lose their paycheck? What about those who do not have a roof over their head?

      In the last lecture of “Society Must Be Defended,” Foucault argues that racism is “a way of introducing a break into the domain of life taken over by power: the break between what must live and what must die.”[8] In other words, with the emergence of biopolitics, racism becomes a way of fragmenting the biological continuum—we all are living beings with more or less the same biological needs—in order to create hierarchies between different human groups, and thus (radical) differences in the way in which the latter are exposed to the risk of death. The differential exposure of human beings to health and social risks is, according to Foucault, a salient feature of biopolitical governmentality. Racism, in all of its forms, is the “condition of acceptability” of such a differential exposure of lives in a society in which power is mainly exercised to protect the biological life of the population and enhance its productive capacity.[9] We should therefore carefully avoid reducing biopolitics to the famous Foucauldian formula “making live and letting die.”[10] Biopolitics does not really consist in a clear-cut opposition of life and death, but is better understood as an effort to differentially organize the gray area between them. The current government of migration is an excellent example of this, as Martina Tazzioli convincingly shows when talking of “biopolitics through mobility.”[11] Indeed, as we are constantly, sometimes painfully reminded these days, biopolitics is also, and crucially, a matter of governing mobility—and immobility. Maybe this experience, which is new for most of us, will help us realize that the ordinary way in which “borders” are more or less porous for people of different colors, nationalities, and social extractions deserves to be considered as one of the main forms in which power is exercised in our contemporary world.

      In short, biopolitics is always a politics of differential vulnerability. Far from being a politics that erases social and racial inequalities by reminding us of our common belonging to the same biological species, it is a politics that structurally relies on the establishment of hierarchies in the value of lives, producing and multiplying vulnerability as a means of governing people. We might want to think about this next time that we collectively applaud the “medical heroes” and “care workers” who are “fighting the coronavirus.” They deserve it, for sure. But are they really the only ones who are “taking care” of us? What about the delivery people who make sure that I receive what I buy while safely remaining in my quarantined apartment? What about the supermarket and pharmacy cashiers, the public-transportation drivers, the factory workers, the police officers, and all of the other people working (mostly low-income) jobs that are deemed necessary for the functioning of society? Don’t they also deserve—and not exclusively under these “exceptional” circumstances—to be considered “care workers”? The virus does not put us on a basis of equality. On the contrary, it blatantly reveals that our society structurally relies on the incessant production of differential vulnerability and social inequalities.

      The Political Grammar of the Crisis

      Foucault’s work on biopolitics is more complex, rich, and compelling for us today than what it appears to be under the pen of those who too quickly reduce it to a series of anathemas against disciplinary confinement and mass surveillance or who misleadingly utilize it to talk about the state of exception and bare life.[12] I do not want to suggest, however, that the notion of biopolitics should be taken as the ultimate explanatory principle capable of telling us what is happening and what the “solution” to all of our problems is—and this, not only because of the “historically differentiated character of biopolitical phenomena” correctly emphasized by Roberto Esposito, but also for a deeper methodological reason. Our political thought is a prisoner to the “grammar of the crisis” and its constrained temporality, to the extent that critical responses to the current situation (or, for that matters, to virtually all of the recent economic, social, and humanitarian “crises”) do not seem able to look beyond the most immediate future.[13] Thus, if I agree with Latour that the current “health crisis” should “incite us to prepare for climate change,” I am far less optimistic than he is: this will not happen unless we replace the crisis-narrative with a long-term critical and creative effort to find multiple, evolving responses to the structural causes of our “crises.” To elaborate responses, instead of looking for solutions, would mean to avoid short-term problem-solving strategies aiming at changing as little as possible of our current way of living, producing, traveling, eating, etc. It would mean to explore alternative social and political paths in the hope that these experiments will last longer than the time between the present “crisis” and the next one, while acknowledging that these transformations are necessarily slow, since we cannot just get rid of our historical form of being in the blink of an eye. In a word, it would mean having faith in our capacity to build a future, not only for ourselves, but for countless generations yet to come. And to actually start doing it.

      https://critinq.wordpress.com/2020/04/02/biopolitics-in-the-time-of-coronavirus

  • #Denis_Salas : « La #justice se trouve confrontée à un phénomène totalement inédit »

    Pour le magistrat et président de l’association française pour l’histoire de la justice, "l’#état_d'urgence_sanitaire" instauré pour deux mois doit nous inciter à réfléchir aux #libertés_individuelles et au maintien du #débat_démocratique.

    La France est officiellement en "état d’urgence sanitaire" pour une durée de deux mois. La loi publiée ce mardi au Journal Officiel encadre notamment le #confinement décidé par le gouvernement mais également un certain nombre de mesures de #restriction_des_libertés. Denis Salas, magistrat, essayiste et président de l’association française pour l’histoire de la justice se penche sur le rôle dévolu à l’institution judiciaire, son rapport au pouvoir politique et s’interroge également sur cette remise en question des libertés individuelles dictée par la nécessité sanitaire.

    Denis Salas, quel rôle particulier incombe à l’institution judiciaire dans ce contexte de pandémie ?

    L’institution judiciaire tourne actuellement au ralenti. Les tribunaux sont pratiquement à l’arrêt, même si subsistent des audiences en urgence, comme les comparutions immédiates ou certaines audiences en matière civile. En matière de politique pénale, on voit apparaître ce que l’on pourrait appeler une #justice_prophylactique qui cherche à prévenir les risques à travers des notions juridiques nouvelles comme la #mise_en_danger_de_la_vie_d’autrui, #infraction utilisée pour tous ceux qui sortent sans autorisation ou encore des sanctions relatives au marché noir, par exemple pour ceux qui revendent des masques ou des caducées. De nouveaux #délits apparaissent pour violation des règles de confinement avec des peines d’#amende aggravées, voire des peines d’#emprisonnement de six mois en cas de réitération des infractions.

    D’un point de vue philosophique, je dirais que c’est un usage de la #fonction_dissuasive_de_la_peine qui consiste à afficher une volonté répressive mais l’application avec des tribunaux à l’arrêt se situe au second plan.

    Autrement dit, des mesures difficiles à mettre en œuvre ?

    Oui. Les tribunaux étant à l’arrêt, même si certaines urgences sont maintenues, je ne vois pas comment obtenir une application réaliste de ces infractions. Je pense donc que la fonction d’annonce de ces nouvelles infractions est en soi un but recherché par le législateur. On espère que cet affichage va dissuader des personnes de se comporter de manière illicite face au confinement : un moyen pénal d’obtenir la docilité de la population. La dissuasion reste une fonction classique de la peine mais en l’occurrence elle est pleinement utilisée pour obtenir la docilité de la population.

    J’ignore ce que diront les historiens plus tard mais je pense que c’est une forme de criminalité nouvelle en période de pandémie qui apparaît sur fond d’urgence sanitaire.

    La justice a-t-elle déjà été confrontée dans le passé à une situation similaire ?

    Concernant une pandémie, il faut remonter au XIXe siècle, à la grippe espagnole durant la Première Guerre mondiale, mais en France, à des périodes beaucoup plus anciennes, voire au Moyen Âge. La justice se trouve confrontée à un phénomène totalement inédit, ce qui explique les hésitations, les types de réponses qui sont apportées et son fonctionnement même qui peut en être affecté.

    Une justice confrontée néanmoins à un certain nombre de situations d’urgence : comparutions immédiates ou encore situations de violences conjugales ou familiales pour lesquelles les associations ont tiré la sonnette d’alarme.

    Nous verrons quel contentieux va nourrir les comparutions immédiates, sans doute un contentieux lié aux infractions au confinement : attroupements, déplacements abusifs, usage du marché noir pour revendre des masques ou d’autres produits de ce type. C’est un contentieux qui rappelle celui de l’Occupation. En travaillant sur la justice des "années sombres", nous y avions trouvé nombre d’affaires issues de la répression de la Résistance mais beaucoup d’autres de la répression du marché noir, une analogie que l’on retrouve aujourd’hui.

    Concernant les violences conjugales et familiales, les procès en cours d’assises, que ce soient viols ou « féminicides », sont reportés. Ce qui constitue une non-réponse à la situation de fait. Mais certains tribunaux maintiennent des permanences au civil où des Juges aux Affaires familiales (JAF) peuvent décider d’éloigner par exemple un mari violent. Il appartient aux magistrats d’apprécier l’urgence des situations.

    Sur la question de la détention, vous avez co-signé une tribune publiée par le journal Le Monde la semaine dernière.

    Il s’agit d’une question très préoccupante. Des révoltes ont eu lieu dans plusieurs prisons françaises, des mutineries en Italie, notamment à Naples. Dans ce texte commun, nous demandons la réduction des courtes peines par le biais de circulaires de politique pénale prises par la Chancellerie, le juge restant libre de prendre la décision, ou encore l’examen de la sortie en libération conditionnelle des détenus malades ou âgés, afin de réduire la surpopulation carcérale. D’autant que nous avons été condamnés récemment par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. La situation s’avère surtout préoccupante dans les maisons d’arrêt, avec le problème de la détention provisoire dont l’on pourrait dépasser exceptionnellement les délais légaux vu l’état d’urgence. Mais n’y a-t-il pas une violation des droits constitutionnels liés aux libertés individuelles si l’on prolonge les détentions provisoires au-delà du délai fixé par la loi ? L’état d’urgence autorise-t-il de telles dérogations qui pourraient porter atteinte gravement aux libertés individuelles ?

    Les dispositions prévues dans le texte sur l’état d’urgence sanitaire publié au Journal Officiel peuvent faire l’objet d’un recours devant le juge administratif.

    On se demandait s’il n’y allait pas y avoir des recours « liberté » pour protester contre le confinement. Or, c’est l’inverse qui s’est produit avec ce recours devant le Conseil d’Etat, formulé par un syndicat de jeunes médecins qui réclamait un durcissement des mesures actuelles et un confinement total. Le juge n’est donc pas sollicité comme un défenseur des libertés mais comme un agent de durcissement des atteintes aux libertés. Et en l’occurrence, le Conseil d’Etat décide de ne pas aller jusqu’à un confinement total mais enjoint le gouvernement à durcir certaines dispositions, relatives à la pratique des activités sportives ou les marchés ouverts. Le Conseil d’Etat considère que c’est l’atteinte à la vie qui est en jeu, atteinte grave et manifeste à la sécurité et à la vie des personnes, article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme.

    En fait, le juge ne se positionne pas par rapport aux libertés classiques d’aller et venir, actuellement très restreintes mais par rapport à une autre liberté fondamentale qui est l’atteinte à la vie. En cette période exceptionnelle, il se positionne non pas comme un agent de contrôle d’activités gouvernementales au nom des libertés en général mais comme un agent de défense de la société.

    La justice avait eu à traiter récemment d’un autre état d’urgence, celui lié à la menace terroriste en novembre 2015.

    Oui et on peut se poser cette question : allons-nous vers un état d’exception permanent ? Car les principales mesures de l’état d’urgence promulgué en 2015 sont depuis inscrites dans le droit commun. Questionnement soulevé par le philosophe italien Giorgio Agamben qui théorise l’état d’exception. Pour lui, nous vivons dans des sociétés confrontées au risque en permanence et la tentation des gouvernements peut être de s’installer dans un régime d’exception permanent afin de neutraliser ces risques. Le principe de précaution devient alors déterminant.

    Dans la vision d’un état d’exception permanent, il n’existe plus d’infractions, seulement des menaces, plus de délinquants mais des groupes-cibles, les personnes infectées par exemple et des territoires concernés. Il y a là quelque chose d’extrêmement périlleux pour les libertés.

    Il s’agit donc d’un risque important selon vous ?

    Le risque de pérenniser l’exception dans le droit existe parce que l’état d’exception s’étend considérablement pour des raisons légitimes évidemment. Il est limité par le fait que les institutions de contrôle subsistent et par la notion de proportionnalité. Toutes les mesures doivent être proportionnelles par rapport aux exigences sanitaires et des contre feux, des contre-pouvoirs peuvent être soulevés.

    Je voudrais citer l’exemple de la Corée du Sud qui ne pratique pas le confinement mais le dépistage massif et le traçage de la population dépistée, en repérant les cercles de proximité où la personne a pu contaminer ses proches. Le contrôle sanitaire ne porte que sur cette population à risque avec une géolocalisation, une traçabilité, une visibilité de tous ses déplacements, via une plateforme numérique. Cela a représenté un travail très long car il y a 51 millions d’habitants en Corée du Sud. La population vit dans la sécurité, l’activité économique globale continue. Le suivi des personnes confinées est extrêmement pointu et offre en même temps une visibilité à l’ensemble de la population. Quand on va travailler, on sait qui est contaminé, qui ne l’est pas, à proximité. On a donc un modèle alternatif de gestion de l’épidémie, opposé au confinement mais au prix d’une atteinte grave aux libertés individuelles pour une durée indéterminée.

    La lecture de Michel Foucault vous inspire également une réflexion particulière.

    Je suis en train de relire les Anormaux, un cours au Collège de France de 1975. Dans sa première leçon, il oppose deux grands modèles de leçon à l’épidémie : celui de la lèpre, dès le Moyen Âge, où l’on exclut les personnes infectées aux marches de la cité, et celui de la peste, à la fin du Moyen Âge, qui est à l’inverse un modèle d’inclusion. On n’exclut pas les malades des villes, on les garde avec nous, afin d’accumuler un savoir biomédical sur cette population ciblée afin de lutter contre l’épidémie. Cette fresque de Foucault est lumineuse pour expliquer dans quelle mesure nous sommes aujourd’hui dans le modèle de la peste, un modèle presque mondialisé. "La peste, écrit Foucault, c’est le moment où le quadrillage d’une population se fait jusqu’à son point extrême. Où rien des communications dangereuses, des communautés confuses, des contacts interdits, ne peut se produire. Le moment de la peste est celui du quadrillage exhaustif d’une population par un pouvoir politique dont les ramifications atteignent sans arrêt le grain des individus eux-mêmes, leur temps, leur habitat, leur localisation, leur corps. La peste porte aussi le rêve politique d’un pouvoir exhaustif, d’un pouvoir sans obstacle, d’un pouvoir entièrement transparent à son objet, d’un pouvoir qui s’exerce à plein."

    Cette citation explique ce que Foucault appelle la biopolitique. Actuellement, nous assistons à une médicalisation du pouvoir politique et judiciaire, y compris pour la politique pénale avec des savoirs médicaux, statistiques, juridiques, des mesures qui sont prises au nom d’une logique prophylactique afin d’éliminer le danger. Et ce que craint Foucault, c’est que cette biopolitique, cette gestion massive d’une population, au nom de sa santé, crée un pouvoir exorbitant des politiques où le savoir scientifique et le pouvoir politique s’additionnent. Au nom du bien public, bien sûr, mais c’est un pouvoir énorme qui se crée, un pouvoir disciplinaire qui s’étend à l’ensemble de la population.

    La lecture de Foucault, en cette période de pandémie, nous invite à nous interroger, à rester vigilants du point de vue des libertés car ce pouvoir démesuré accordé aux politiques et aux scientifiques sur notre vie quotidienne peut susciter des inquiétudes, même si sur le moment il est nécessaire. Tenons compte des avertissements de Michel Foucault et de son analyse. Il faut absolument que cet état d’urgence sanitaire soit limité dans le temps, contrôlé par le Parlement et le juge et qu’au lieu d’une seule liberté fondamentale, l’atteinte à la vie, l’ensemble des libertés soit considéré comme devant être protégé, que l’on recherche davantage l’adhésion de la population que sa soumission passive. Dans ce contexte d’atteinte massive aux libertés, au nom de l’état de nécessité sanitaire, il faut que le débat démocratique reste vivant.

    https://www.franceculture.fr/droit-justice/denis-salas-la-justice-se-trouve-confrontee-a-un-phenomene-totalement-
    #coronavirus #état_d'urgence #urgence #répression #dissuasion #docilité #criminalité #pandémie #histoire #comparutions_immédiates #marché_noir #tribunaux #prisons #détention #maisons_d’arrêt #détention_provisoire #confinement_total #atteinte_à_la_vie #état_d’exception_permanent #état_d’exception #Agamben #Giorgio_Agamben #principe_de_précaution #menaces #exception #proportionnalité #Corée_du_Sud #traçage #dépistage_massif #cercles_de_proximité #géolocalisation #contrôle_sanitaire #Michel_Foucault #Foucault #lèpre #peste #quadrillage #biopolitique #médicalisation #santé #savoir_scientifique #pouvoir_politique #bien_public #pouvoir_disciplinaire #débat_démocratique

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    Citation pour @etraces :

    Je voudrais citer l’exemple de la Corée du Sud qui ne pratique pas le confinement mais le dépistage massif et le traçage de la population dépistée, en repérant les cercles de proximité où la personne a pu contaminer ses proches. Le contrôle sanitaire ne porte que sur cette population à risque avec une géolocalisation, une traçabilité, une visibilité de tous ses déplacements, via une plateforme numérique. Cela a représenté un travail très long car il y a 51 millions d’habitants en Corée du Sud. La population vit dans la sécurité, l’activité économique globale continue. Le suivi des personnes confinées est extrêmement pointu et offre en même temps une visibilité à l’ensemble de la population. Quand on va travailler, on sait qui est contaminé, qui ne l’est pas, à proximité. On a donc un modèle alternatif de gestion de l’épidémie, opposé au confinement mais au prix d’une atteinte grave aux libertés individuelles pour une durée indéterminée.

    • Dans le miroir obscur de la pandémie. L’état d’exception de la pandémie semble avoir accompli, au moins en partie, le rêve du capitalisme

      Je parlais avec un ami qui habite à Bergame, ville au Nord de l’Italie où j’ai vécu et étudié et qui est aujourd’hui l’une des plus affectées par l’épidémie du Coronavirus. Celui-là m’a décrit la situation comme « un épisode infini de Black Mirror ». Effectivement, il est difficile d’écarter la sensation que nous vivons une dystopie, comme celles qui sont représentées dans tant de séries du genre. Ce n’est pas un hasard si Black Mirror, peut-être la plus célèbre parmi ces séries, comporte le mot « miroir » dans son titre. Ses épisodes ne représentent pas un monde lointain – une époque distante, des galaxies éloignées, des univers parallèles – mais un futur proche de datation incertaine. À la fois étranges et familières, ses intrigues nous laissent imaginer à quoi mènerait le renforcement de tendances déjà présentes dans notre quotidien. Ce que nous vivons en ce moment peut être appréhendé de la même manière, la modification de nos habitudes semblant annoncer un futur déjà là. Que peut-on comprendre du monde où nous vivons à partir de cet « épisode infini » ? Les moments exceptionnels ou de crise peuvent aider à porter un regard critique sur ce que chacun considère comme « normal ». J’ai proposé ailleurs qu’on se regarde dans le « miroir de la terreur » pour mieux comprendre la société du capitalisme tardif qui avait engendré les formes nouvelles de terrorisme[1]. De façon analogue, je crois pertinent de réfléchir aux temps présents à partir de l’image en train de se former sur le miroir obscur de la pandémie.

      La situation nous invite à penser sur plusieurs plans : l’organisation politique, la reproduction économique, le rapport à la nature ou les usages de la science. Je veux problématiser ici seulement l’idée de « distanciation sociale », rapidement acceptée en tant que norme autour du globe, entraînant la progressive interdiction des rencontres et la normalisation d’une vie quotidienne menée en confinement. La situation pandémique repose sur une contradiction qu’il faut souligner. La rapide expansion de la maladie résulte des flux globaux qui ont unifié les populations à l’échelle planétaire. De la pandémie naît le paradoxe d’une population globale unifiée en un statut égal de confinement. Il y a, en somme, un isolement concret des individus dans un monde entièrement connecté. Ce paradoxe n’est pas un paradoxe exclusif de la pandémie, mais un paradoxe que la pandémie a mené à l’extrême, le rendant par là visible. En réalité, la dialectique entre séparation et unification (de ce qui est séparé) est à la base du développement du capitalisme occidental ayant unifié le globe.

      Guy Debord avait déjà remarqué cette contradiction structurante lorsqu’il a essayé de comprendre la phase « spectaculaire » du capitalisme, qui s’annonçait au siècle dernier. Ce qu’il a appelé la « Société du Spectacle » était une forme sociale basée sur le principe de la séparation. Ce qui a été souvent décrit comme une société de communication des masses pouvait être compris à l’inverse comme une société où la faculté de communiquer était massivement perdue. La communication au sens fort était l’apanage de la vie en communauté, un langage commun engendré par une existence en commun. Ce qui arrivait aux sociétés du capitalisme avancé était précisément le contraire. L’expansion dans l’espace – grandes villes, banlieues écartées, circulation économique globale – et la rationalisation du travail, à partir de l’hyperspécialisation des tâches individuelles, ont signifié l’éloignement concret entre les personnes et la perte de l’entendement commun, facteur amplifié par le monopole de l’Etat sur l’organisation de la vie collective. La disparition progressive de la communauté et de ses formes de communication était la condition préalable au surgissement des médias de masse – lesquels étaient le contraire des moyens de communication, puisqu’ils étaient fondés sur l’isolement réel croissant. Les millions de spectateurs prostrés devant des appareils télé, en consommant les mêmes images sans pouvoir s’en parler, restaient une figuration assez claire du fait que le spectacle, comme l’a écrit Debord, « réunit le séparé, mais il le réunit en tant que séparé » (§29). Certains croient que cette critique serait devenue désuète grâce à l’avènement de l’internet et des technologies qui en découlent. Au lieu de spectateurs prostrés devant les appareils télé d’hier, on aurait aujourd’hui des spectateurs « actifs », qui s’échangent des messages, produisent et diffusent leurs propres contenus. Mais la vérité est que rien dans le dernier demi-siècle n’a mis en question la séparation fondamentale sous-jacente au développement même des technologies de communication. La scène très habituelle d’amis autour d’une table de restaurant, qui au lieu de se parler regardent les écrans de ses propres portables, devrait suffire pour démontrer cette vérité. De nos jours, le séparé est réuni comme séparé là même où il occupe le même espace physique.

      Ce qui nous a été dérobé en ce moment de pandémie a été la possibilité de cohabiter l’espace physique. Dans les conditions présentes, l’interdiction des rencontres et l’obligation du confinement semblent plus aisément acceptables pour la population mondiale que ne l’auraient été l’interdiction ou une panne de l’internet ou des réseaux sociaux. Ironiquement, la « distanciation sociale » est maintenant revendiquée pour le sauvetage d’une société qui a toujours été fondée sur la distanciation. Le seul endroit de rencontre existant dans une société productrice de marchandise est, en vérité, le marché – c’est là que les marchandises entraînent par la main ses producteurs et consommateurs et c’est pour son compte que les hommes se rencontrent. C’est l’absence de ces rencontres, maintenant interdites, qui étonne tout le monde – la fermeture des espaces de travail et de consommation. Mais le capitalisme, qui était un rapport social médiatisé par des choses, s’est dédoublé dans un rapport social médiatisé par des images. Et il est désormais possible d’être dans un lieu sans y être. Il est possible de travailler (jusqu’à un certain degré) et consommer (sans limite) sans qu’on ait besoin de sortir de chez soi. Tout peut être à la portée de la main (ou plutôt du doigt qui touche l’écran), on peut tout avoir sans sortir de chez nous – la promesse du bonheur offert par le marché et réitéré par chaque publicité n’était-elle déjà la promesse d’une vie en confinement ?

      L’état d’exception de la pandémie semble alors avoir réalisé, au moins en partie, le rêve du capitalisme. Dans le cas où l’épisode dystopique que nous vivons en ce moment se révèle un « épisode infini », il serait aisé d’imaginer une population totalement habituée aux rapports virtuels, au confinement nourri par Netflix et les services de livraison. Les voyages seraient interdits, restreints aux flux des marchandises, fruit d’un secteur productif majoritairement automatisé. Le spectacle, qui depuis longtemps s’efforçait de détruire la rue, d’abolir la rencontre et de faire disparaître tous les espaces de dialogue – pour anéantir les alternatives à la pseudo-communication spectaculaire – aurait finalement atteint son but. L’espace réel, délaissé par les êtres humains confinés et obligés de s’enfuir dans la virtualité, n’appartiendrait plus qu’aux marchandises. La circulation humaine, « sous-produit de la circulation des marchandises », serait finalement devenue superflue, et le monde en entier livré aux « marchandises et leurs passions » (Debord, §168 et §66).

      Ceci n’est qu’un exercice d’imagination – un scénario improbable pour l’instant. Il est aisé d’anticiper pourtant que dans l’avenir nous assisterons à une augmentation du contrôle des flux globaux et de la circulation de personnes sous des prétextes sanitaires, avec une progressive normalisation des procédés d’exception actuels (de façon analogue à ce que nous avons connu pour le terrorisme après le 11 septembre 2001). De toute façon, faire des pronostics dans un contexte tellement incertain est toujours hasardeux. Mais le moment demande de la réflexion et penser à ce qu’on connaît est ce qu’on peut faire de mieux. Ce que nous ressentons comme le moins problématique en ce moment est sans doute ce qui exige précisément d’être problématisé. Reste à espérer que la distanciation sociale se convertisse en distanciation ou « effet de distanciation » (Verfremdungseffekt) dans le sens attribué par Brecht – celui de rupture avec la représentation autonomisée de la société du spectacle et ses illusions (dont la plus grande de toutes : celle de l’économie capitaliste, reproduction insensée et incessante de valeur abstraite en dépit de la vie). Une distanciation par rapport à cette forme de société : une occasion nécessaire pour repenser de manière critique les séparations qui la fondent, et les limites imposées par le capitalisme à la vie quotidienne.

      Mars 2020.

      #Gabriel_Zacarias est MCF à l’Université de Campinas au Brésil.

      http://www.palim-psao.fr/2020/04/dans-le-miroir-obscur-de-la-pandemie.l-etat-d-exception-de-la-pandemie-se

  • Fires in the Void : The Need for Migrant Solidarity

    For most, Barcelona’s immigrant detention center is a difficult place to find. Tucked away in the Zona Franca logistics and industrial area, just beyond the Montjuïc Cemetery, it is shrouded in an alien stillness. It may be the quietest place in the city on a Saturday afternoon, but it is not a contemplative quiet. It is a no-one-can-hear-you-scream quiet.

    The area is often described as a perfect example of what anthropologist Marc Augé calls a non-place: neither relational nor historical, nor concerned with identity. Yet this opaque institution is situated in the economic motor of the city, next to the port, the airport, the public transportation company, the wholesale market that provides most of the city’s produce and the printing plant for Spain’s most widely read newspaper. The detention center is a void in the heart of a sovereign body.

    Alik Manukyan died in this void. On the morning of December 3, 2013, officers found the 32-year-old Armenian dead in his isolation cell, hanged using his own shoelaces. Police claimed that Manukyan was a “violent” and “conflictive” person who caused trouble with his cellmates. This account of his alleged suicide was contradicted, however, by three detainees. They claimed Alik had had a confrontation with some officers, who then entered the cell, assaulted him and forced him into isolation. They heard Alik scream and wail all through the night. Two of these witnesses were deported before the case made it to court. An “undetectable technical error” prevented the judge from viewing any surveillance footage.

    The void extends beyond the detention center. In 2013, nearly a decade after moving to Spain, a young Senegalese man named #Alpha_Pam died of tuberculosis. When he went to a hospital for treatment, Pam was denied medical attention because his papers were not in order. His case was a clear example of the apartheid logic underlying a 2012 decree by Mariano Rajoy’s right-wing government, which excluded undocumented people from Spain’s once-universal public health care system. As a result, the country’s hospitals went from being places of universal care to spaces of systematic neglect. The science of healing, warped by nationalist politics.

    Not that science had not played a role in perpetuating the void before. In 2007, during the Socialist government of José Luis Rodríguez Zapatero, #Osamuyi_Aikpitanyi died during a deportation flight after being gagged and restrained by police escorts. The medical experts who investigated Aikpitanyi’s death concluded that the Nigerian man had died due to a series of factors they called “a vicious spiral”. There was an increase in catecholamine, a neurotransmitter related to stress, fear, panic and flight instincts. This was compounded by a lack of oxygen due to the flight altitude and, possibly, the gag. Ultimately, these experts could not determine what percentage of the death had been directly caused by the gag, and the police were fined 600 euros for the non-criminal offense of “light negligence”.

    The Romans had a term for lives like these, lives that vanish in the void. That term was #homo_sacer, the “sacred man”, who one could kill without being found guilty of murder. An obscure figure from archaic law revived by the philosopher #Giorgio_Agamben, it was used to incorporate human life, stripped of personhood, into the juridical order. Around this figure, a state of exception was produced, in which power could be exercised in its crudest form, opaque and unaccountable. For Agamben, this is the unspoken ground upon which modern sovereignty stands. Perhaps the best example of it is the mass grave that the Mediterranean has become.

    Organized Hypocrisy

    Its name suggests that the Mediterranean was once the world’s center. Today it is its deadliest divide. According to the International Organization for Migration, over 9,000 people died trying to cross the sea between January 1, 2014 and July 5, 2018. A conservative estimate, perhaps. The UN Refugee Agency estimates that the number of people found dead or missing during this period is closer to 17,000.

    Concern for the situation peaks when spectacular images make the horror unavoidable. A crisis mentality takes over, and politicians make sweeping gestures with a solemn sense of urgency. One such gesture was made after nearly 400 people died en route to Lampedusa in October 2013. The Italian government responded by launching Operation #Mare_Nostrum, a search-and-rescue program led by the country’s navy and coast guard. It cost €11 million per month, deploying 34 warships and about 900 sailors per working day. Over 150,000 people were rescued by the operation in one year.

    Despite its cost, Mare Nostrum was initially supported by much of the Italian public. It was less popular, however, with other European member states, who accused the mission of encouraging “illegal” migration by making it less deadly. Within a year, Europe’s refusal to share the responsibility had produced a substantial degree of discontent in Italy. In October 2014, Mare Nostrum was scrapped and replaced by #Triton, an operation led by the European border agency #Frontex.

    With a third of Mare Nostrum’s budget, Triton was oriented not towards protecting lives but towards surveillance and border control. As a result, the deadliest incidents in the region’s history occurred less than half a year into the operation. Between April 13 and April 19, 2015, over one thousand people drowned in the waters abandoned by European search and rescue efforts. Once again, the images produced a public outcry. Once again, European leaders shed crocodile tears for the dead.

    Instead of strengthening search and rescue efforts, the EU increased Frontex’s budget and complemented Triton with #Operation_Sophia, a military effort to disrupt the networks of so-called “smugglers”. #Eugenio_Cusumano, an assistant professor of international relations at the University of Leiden, has written extensively on the consequences of this approach, which he describes as “organized hypocrisy”. In an article for the Cambridge Review of International Affairs (https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0010836718780175), Cusumano shows how the shortage of search and rescue assets caused by the termination of Mare Nostrum led non-governmental organizations to become the main source of these activities off the Libyan shore. Between 2014 and 2017, NGOs aided over 100,000 people.

    Their efforts have been admirable. Yet the precariousness of their resources and their dependence on private donors mean that NGOs have neither the power nor the capacity to provide aid on the scale required to prevent thousands of deaths at the border. To make matters worse, for the last several months governments have been targeting NGOs and individual activists as smugglers or human traffickers, criminalizing their solidarity. It is hardly surprising, then, that the border has become even deadlier in recent years. According to the UN Refugee Agency, although the number of attempted crossings has fallen over 80 percent from its peak in 2015, the percentage of people who have died or vanished has quadrupled.

    It is not my intention, with the litany of deaths described here, to simply name some of the people killed by Europe’s border regime. What I hope to have done instead is show the scale of the void at its heart and give a sense of its ruthlessness and verticality. There is a tendency to refer to this void as a gap, as a space beyond the reach of European institutions, the European gaze or European epistemologies. If this were true, the void could be filled by simply extending Europe’s reach, by producing new concepts, mapping new terrains, building new institutions.

    But, in fact, Europe has been treating the void as a site of production all along. As political theorist #Sandro_Mezzadra writes, the border is the method through which the sovereign machine of governmentality was built. Its construction must be sabotaged, subverted and disrupted at every level.

    A Crisis of Solidarity

    When the ultranationalist Italian interior minister Matteo Salvini refused to allow the MV #Aquarius to dock in June 2018, he was applauded by an alarmingly large number of Italians. Many blamed his racism and that of the Italians for putting over 600 lives at risk, including those of 123 unaccompanied minors, eleven young children and seven pregnant women.

    Certainly, the willingness to make a political point by sacrificing hundreds of migrant lives confirms that racism. But another part of what made Salvini’s gesture so horrifying was that, presumably, many of those who had once celebrated increasing search and rescue efforts now supported the opposite. Meanwhile, many of the same European politicians who had refused to share Italy’s responsibilities five years earlier were now expressing moral outrage over Salvini’s lack of solidarity.

    Once again, the crisis mode of European border politics was activated. Once again, European politicians and media talked about a “migrant crisis”, about “flows” of people causing unprecedented “pressure” on the southern border. But attempted crossings were at their lowest level in years, a fact that led many migration scholars to claim this was not a “migrant crisis”, but a crisis of solidarity. In this sense, Italy’s shift reflects the nature of the problem. By leaving it up to individual member states, the EU has made responding to the deaths at the border a matter of national conviction. When international solidarity is absent, national self-interest takes over.

    Fortunately, Spain’s freshly sworn-in Socialist Party government granted the Aquarius permission to dock in the Port of #Valencia. This happened only after Mayor Ada Colau of Barcelona, a self-declared “City of Refuge”, pressured Spanish President Pedro Sánchez by publicly offering to receive the ship at the Port of Barcelona. Party politics being as they are, Sánchez authorized a port where his party’s relationship with the governing left-wing platform was less conflictive than in Barcelona.

    The media celebrated Sánchez’s authorization as an example of moral virtue. Yet it would not have happened if solidarity with refugees had not been considered politically profitable by institutional actors. In Spain’s highly fractured political arena, younger left-wing parties and the Catalan independence movement are constantly pressuring a weakened Socialist Party to prove their progressive credentials. Meanwhile, tireless mobilization by social movements has made welcoming refugees a matter of common sense and basic human decency.

    The best known example of this mobilization was the massive protest that took place in February 2017, when 150,000 people took to the streets of Barcelona to demand that Mariano Rajoy’s government take in more refugees and migrants. It is likely because of actions like these that, according to the June 2018 Eurobarometer, over 80 percent of people in Spain believe the country should help those fleeing disaster.

    Yet even where the situation might be more favorable to bottom-up pressure, those in power will not only limit the degree to which demands are met, but actively distort those demands. The February 2017 protest is a good example. Though it also called for the abolition of detention centers, racial profiling and Spain’s racist immigration law, the march is best remembered for the single demand of welcoming refugees.

    The adoption of this demand by the Socialist Party was predictably cynical. After authorizing the Aquarius, President Sánchez used his momentarily boosted credibility to present, alongside Emmanuel Macron, a “progressive” European alternative to Salvini’s closed border. It involved creating detention centers all over the continent, with the excuse of determining people’s documentation status. Gears turn in the sovereign machine of governmentality. The void expands.

    Today the border is a sprawling, parasitic entity linking governments, private companies and supranational institutions. It is not enough for NGOs to rescue refugees, when their efforts can be turned into spot-mopping for the state. It is not enough for social movements to pressure national governments to change their policies, when individual demands can be distorted to mean anything. It is not enough for cities to declare themselves places of refuge, when they can be compelled to enforce racist laws. It is not enough for political parties to take power, when they can be conditioned by private interests, the media and public opinion polls.

    To overcome these limitations, we must understand borders as highly vertical transnational constructions. Dismantling those constructions will require organization, confrontation, direct action, sabotage and, above all, that borderless praxis of mutual aid and solidarity known as internationalism. If we truly hope to abolish the border, we must start fires in the void.

    https://roarmag.org/magazine/migrant-solidarity-fires-in-the-void
    #solidarité #frontières #migrations #réfugiés #asile #détention_administrative #rétention #Barcelone #non-lieu #Espagne #mourir_en_détention_administrative #mort #décès #mourir_en_rétention #Alik_Manukyan #renvois #expulsions #vie_nue #Méditerranée #hypocrisie #hypocrisie_organisée #ONG #sauvetage #sabotage #nationalisme #crise #villes-refuge #Valence #internationalisme #ouverture_des_frontières #action_directe

    signalé par @isskein

  • Etat d’urgence

    > Giorgio Agamben : De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité Le Monde | 23.12.2015

    Dans son article, Giorgio Agamben fait référence à l’Allemagne des années 1930 :
    Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (état d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire.

    Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les libertés individuelles étaient suspendues.

    On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques.

    > Comment l’obsession sécuritaire fait muter la démocratie . par Giorgio Agamben - Monde diplomatique
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/01/AGAMBEN/49997

    L’article 20 de la loi de programmation militaire, promulguée le 19 décembre, autorise une surveillance généralisée des données numériques, au point que l’on parle de « Patriot Act à la française ». Erigé en priorité absolue, l’impératif de sécurité change souvent de prétexte (subversion politique, « terrorisme ») mais conserve sa visée : gouverner les populations. Pour comprendre son origine et tenter de le déjouer, il faut remonter au XVIIIe siècle…

    La formule « pour raisons de sécurité » (« for security reasons », « per ragioni di sicurezza ») fonctionne comme un argument d’autorité qui, coupant court à toute discussion, permet d’imposer des perspectives et des mesures que l’on n’accepterait pas sans cela. Il faut lui opposer l’analyse d’un concept d’apparence anodine, mais qui semble avoir supplanté toute autre notion politique : la sécurité.

    > Les gestes de l’Etat d’exception , 29 janvier 2016 par Bernard UMBRECHT - Le SauteRhin
    http://www.lesauterhin.eu/les-gestes-de-letat-dexception

    #Etat_d'urgence #Giorgio_Agamben #Bernard_Umbrecht #Hitler #social-démocratie #république_de_Weimar #sécurité

  • « De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité », Giorgio Agamben
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/23/de-l-etat-de-droit-a-l-etat-de-securite_4836816_3232.html

    On ne comprend pas l’enjeu véritable de la prolongation de l’état d’urgence [jusqu’à la fin février] en France, si on ne le situe pas dans le contexte d’une transformation radicale du modèle étatique qui nous est familier. Il faut avant tout démentir le propos des femmes et hommes politiques irresponsables, selon lesquels l’état d’urgence serait un bouclier pour la #démocratie.

    Les historiens savent parfaitement que c’est le contraire qui est vrai. L’état d’urgence est justement le dispositif par lequel les pouvoirs totalitaires se sont installés en Europe. Ainsi, dans les années qui ont précédé la prise du pouvoir par Hitler, les gouvernements sociaux-démocrates de Weimar avaient eu si souvent recours à l’état d’urgence (#état_d’exception, comme on le nomme en allemand), qu’on a pu dire que l’Allemagne avait déjà cessé, avant 1933, d’être une démocratie parlementaire.

    Or le premier acte d’Hitler, après sa nomination, a été de proclamer un état d’urgence, qui n’a jamais été révoqué. Lorsqu’on s’étonne des crimes qui ont pu être commis impunément en Allemagne par les nazis, on oublie que ces actes étaient parfaitement légaux, car le pays était soumis à l’état d’exception et que les #libertés_individuelles étaient suspendues.

    On ne voit pas pourquoi un pareil scénario ne pourrait pas se répéter en France  : on imagine sans difficulté un gouvernement d’extrême droite se servir à ses fins d’un état d’urgence auquel les gouvernements #socialistes ont désormais habitué les citoyens. Dans un pays qui vit dans un état d’urgence prolongé, et dans lequel les opérations de #police se substituent progressivement au pouvoir judiciaire, il faut s’attendre à une dégradation rapide et irréversible des institutions publiques.

    Entretenir la peur

    Cela est d’autant plus vrai que l’état d’urgence s’inscrit, aujourd’hui, dans le processus qui est en train de faire évoluer les démocraties occidentales vers quelque chose qu’il faut, d’ores et déjà, appeler Etat de sécurité (« Security State », comme disent les politologues américains). Le mot « sécurité » est tellement entré dans le discours politique que l’on peut dire, sans crainte de se tromper, que les « raisons de sécurité » ont pris la place de ce qu’on appelait, autrefois, la « raison d’Etat ». Une analyse de cette nouvelle forme de #gouvernement fait, cependant, défaut. Comme l’Etat de sécurité ne relève ni de l’Etat de droit ni de ce que Michel Foucault appelait les « sociétés de discipline », il convient de poser ici quelques jalons en vue d’une possible définition.

    #Giorgio_Agamben

    http://seenthis.net/recherche?recherche=agamben

    #état_d’urgence #état_de_sécurité

  • À propos de État d’exception, Homo sacer de Giorgio Agamben - Cairn.info
    http://www.cairn.info/revue-l-en-je-lacanien-2004-1-page-193.htm

    Pour le juriste, en effet, l’état d’exception, en tant qu’il est davantage une question de fait qu’une question juridique proprement dite, est réponse à une nécessité qui l’exige comme tel. Necessitas legem non habet, à entendre, selon G. Agamben, en ses deux sens opposés : « La nécessité ne reconnaît aucune loi » et « la nécessité crée sa propre loi » (ou, comme on dit, nécessité fait loi).
    7

    D’une part, l’état de nécessité sur lequel se fonde l’état d’exception ne saurait avoir de forme juridique. D’autre part, la définition du terme même est rendue difficile en tant qu’elle se situe à la limite entre la politique et le droit. D’où l’opinion selon laquelle l’état d’exception serait « un point de déséquilibre entre le droit public et le fait politique » qui – comme la guerre civile, l’insurrection et la résistance – se situe dans une « frange ambiguë et incertaine, à l’intersection entre le juridique et le politique ».
    8

    Par là même l’état d’exception pose le problème de la limite et celui du statut des mesures exceptionnelles en tant qu’elles sont des mesures juridiques – dont la rationalité est politique – qui ne peuvent être comprises sur le plan du droit en tant que tel. Il s’en déduit une définition de l’état d’exception : notion de la forme légale de ce qui ne saurait avoir de forme légale.
    9

    Ainsi, l’exception apparaît alors comme le dispositif original grâce auquel le droit – en tant que système de règles symboliques – se réfère à la vie (réelle) et l’inclut en lui du fait de sa propre suspension. Dans cette perspective, une théorie de l’état d’exception est nécessaire pour définir et penser la relation qui lie et, en même temps, abandonne le vivant au droit.

    #Giorgio_Agamben

  • Conversation avec #Giorgio_Agamben : La crise sans fin comme instrument de pouvoir
    http://www.larevuedesressources.org/conversation-avec-giorgio-agamben-la-crise-sans-fin-comme-inst

    Le miracle inter-linguistique du web public — tant qu’il dure — c’est de savoir lire sinon en allemand du moins en anglais l’entretien de Giorgio Agamben avec #Dirk_Schümer, lequel l’a traduit de l’italien sous le titre Die endlose Krise ist ein Machtinstrument pour le journal de Francfort Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) du 27 mai 2013, à son tour traduit de l’allemand sous le titre The Endless Crisis as an Instrument of Power : In conversation with Giorgio Agamben pour le site des éditions (...)

    #Agora #Histoire #Philosophie_politique #Union_Européenne #Démocratie #XXIe_siècle_-_XXIst_Century #Constitution_européenne