#hagiographie

  • Wes Anderson voudrait déjeuner – sur The French Dispatch - AOC (paywall, c’est la conclusion, j’ai pas vu le film mais apprécié cette lecture) https://aoc.media/critique/2021/10/26/wes-anderson-voudrait-dejeuner-sur-the-french-dispatch

    (…) Cela en dit surtout long sur le #journalisme. Car Wes Anderson a toujours su recouvrir d’une sorte de chic des zones de notre paysage collectif totalement fossilisées : il a filmé des hôtels middle Europa comme on n’en trouve plus nulle part. Il a filmé des scouts. Il a mis en scène des gens assez riches pour voyager loin avec tout un assortiment de malles siglées, avec porteurs afférents. Il a même filmé des tennismen dépressifs (quand tout le monde sait qu’ils ont été remplacés par des Ranxerox sans états d’âmes). The French Dispatch est joli mais moins inoffensif qu’on ne le croit. C’est un cercueil. C’est l’impeccable adieu à une certaine idée de la presse. Au moins lui fallait-il un Wes Anderson pour pouvoir dire que, ici comme ailleurs, elle n’a plus lieu.

    • Wes Anderson voudrait déjeuner – sur The French Dispatch
      Par Philippe Azoury
      Journaliste
      Sans rien perdre de son excentricité, en marquant, toujours, son décalage – avec sa génération, et dans ce qu’il représente à l’écran – Wes Anderson se rêve cette fois en rédacteur en chef. Avec un casting hors pair, remarqué à Cannes, The French Dispatch met en scène la rédaction d’un magazine d’information d’un autre temps, celui d’une presse intelligente, sobre, sarcastique et élégante, qui s’affirme sans fard en contre-pouvoir.

      Nous sommes en 2021, et il paraît que des journalistes rêvent de faire des films. Quoi de plus commun ?
      Nous sommes toujours en 2021 et un cinéaste, chic mais populaire, sujet d’un véritable culte, rêve quant à lui non plus de réaliser de films, mais de diriger un journal. C’est excentrique : jouir à l’idée de se voir assis derrière un grand bureau, vêtu d’un gilet beigeasse, éructant des horreurs dans sa barbe à l’adresse de pigistes sous-payés, est-ce encore de l’ordre du possible aujourd’hui ? Il y aurait encore des êtres humains dont le rêve hebdomadaire serait de bâtir un chemin de fer ? Leur a-t-on dit qu’à partir de là, ils verront dissoudre sous leurs yeux leur dernière parcelle de temps disponible, passeront leurs dimanches à essayer de faire entrer au chausse pieds des histoires trop longues, bavardes, dans des maquettes serrées jusqu’à ressembler dorénavant et un peu partout à des boîtes à chaussures d’enfants ?

      Lundi lire, mardi relire, mercredi traquer la coquille, jeudi éditer et titrer, vendredi boucler, et puis samedi et dimanche tout mettre à la poubelle car non, cette fois, ça ne tient pas, et il aurait fallu dynamiser ici, calmer le jeu là : ces semaines-là d’enfer expurgées seraient donc un fantasme pour d’autres ? Ils se voient réellement en train de presser le citron de leur imagination pour que les ventes, en berne, forcément en berne (il doit rester aujourd’hui plus d’anciens poilus de la guerre de 14 encore en vie que de journalistes qui ont connu l’âge d’or des ventes florissantes), remontent un jour ? Si oui, alors le vouloir devenir journaliste est une perversion sexuelle à rajouter à la longue liste établie par Krafft-Ebing ?
      Le cinéaste, c’est Wes Anderson. Et à en croire The French Dispatch, son nouveau film, il tient entre ses mains ce rêve malade, cette anachronie, de devenir rédacteur en chef d’un magazine d’information différent, « cassant, mais juste » en comité de rédaction, privilégiant le style et la belle écriture, et si un DA ou un SR (les journaux sont comme le rap français : ils redoublent d’acronymes) venait à lui demander : « Et au fait, pour la prochaine couv’, tu as une idée ? » notre homme serait catégorique : formellement, ne rien appliquer qui soit trop direct, ou qui fasse promotion. Faire l’inverse de la concurrence. Pas de photo, cela risquerait de faire trop de poids, trop d’entrechocs. Juste une illustration. Élégante et classique. D’un auteur ligne claire, cela va sans dire. Des traits lisibles et heureux – mais avec de l’intelligence et du sarcasme, à tous les endroits. Une folie douce volontiers hors de toute actualité. Le cinéaste imagine une presse qui ressemblerait en tout point à ses films. Le cinéaste s’imagine produire une œuvre élégante mais qui aurait la puissance ténébreuse d’un contre-pouvoir. Wes Anderson voudrait déjeuner.
      À moins que ce cinéma-là se soit lui-même inscrit dans la descendance du New Yorker. Cela fait longtemps finalement que Wes Anderson fait des journaux filmés. Aussi, avec The French Dispatch, il produit cette chose assez étrange : non pas un film inspiré de la vie d’un magazine (nous n’avons vu ici aucun reporter en bras de chemise, notant sur un calepin des informations recueillis en calant le téléphone entre l’oreille gauche et l’épaule, à la façon des Hommes du président, de Alan J. Pakula), mais monté comme un magazine. Par succession de rubriques. Cinq sections, trois grandes histoires : The Concrete Masterpiece ; Revisions to a Manifesto ; et enfin l’interminable The Private Dining Room of the Police Commissioner. Trois films dans le film, trois grands articles.
      Il lui arrive aussi, entre les pages (là où d’habitude, on met les publicités), de raconter en deux plans quelques légendes : quand le film parle avec admiration de ce type fantomatique qui, depuis vingt ans, taille son crayon dans l’espoir de retrouver un jour l’inspiration qui lui valut de signer les portraits les plus aiguisés des bas-fonds de New York (nous savons désormais, en partie grâce au travail des Éditions du sous-sol, qu’il s’agit de Joseph Mitchell), nous comprenons que Wes Anderson réinvente la presse selon des modalités qui n’ont plus cours. Mais qui s’accordent à ses désirs.
      Elles lui permettent de déplacer la rédaction du New Yorker en France. De tous les magazines édités par Condé Nast (Vogue, Vanity Fair, AD…) le New Yorker (crée en 1925 par Harold Ross) fut celui qui jamais n’eut une édition française, c’est donc pratique : il n’y a pas de réel, toujours plus gluant et fatigant, pour gâter la sauce et gâcher le fantasme, et le cinéaste peut s’en donner à cœur joie.
      Délocaliser New York à Paris, donc ? Non, même pas : dans une ville imaginaire qui serait française jusqu’au bout des ongles et porterait le nom d’Ennui-sur-Blasé. Ennui-sur-Blasé, dans les faits, c’est Angoulême, où le film a été tourné et pour beaucoup post-produit : Angoulême, la ville de l’image, la capitale de la BD, qui est avec le journalisme l’autre référent du film.
      The French Dispatch est un film qui laisse songeur tout autant qu’il fascine.
      Il y a longtemps que Wes Anderson ne dialogue plus avec d’autres cinéastes, mais vit dans un monde dont les contours fonctionnent en circuit fermés, toujours plus loin de la réalité immédiate, monde qui, de bonds en bonds, de clichés en image d’Épinal, nous regarde sous des couches de représentations dénuées de présence. C’est la merveille de son cinéma, c’est aussi son problème.
      Depuis plus de vingt ans qu’il enchante (La Famille Tenenbaum, La Vie aquatique, The Darjeeling Limited) , Wes Anderson a perdu de loin en loin l’attachement qu’il pouvait encore avoir avec l’imaginaire d’une génération. Ce n’était en rien un documentariste, mais dans quelques années, des historiens futés pourront toujours scruter, dans La Famille Tenenbaum par exemple, les signes culturels et mondains qui pouvaient réunir sous une même histoires quelques silhouettes autour desquelles se fantasmait une génération de hipsters à barbe et bonnets, qui question chaussettes encourageaient la couleur et prirent Williamsburg d’assaut pour en faire l’épicentre d’une mode – on serait bien en peine de dire une idéologie.
      Aujourd’hui, Wes Anderson a démissionné de ce monde-là, de cette nécessité à représenter ceux de son âge. Son cinéma n’a cessé de s’éloigner de l’humain. Ses personnages étaient ouvertement prisonniers du cliché, des parodies sur pattes, mais on pouvait parfois songer qu’ils incarnaient une perfection inatteignable. Aujourd’hui ils ne sont plus que des fétiches, des Barbies.
      Le grand basculement vers ce cinéma où un adulte se regarde infiniment jouer à la poupée a eu lieu avec Fantastic Mister Fox en 2010, film d’animation en volume adapté du grand Roald Dahl. Film inquiétant à tous les endroits, matériellement constitué de marionnettes à poils que des centaines d’animateurs faisaient bouger dans un hangar de Londres, près d’un petit aéroport, en l’absence physique de Wes Anderson – lequel ayant définitivement basculé dans un délire démiurgique, envoyait à ses équipes une minute par jour de mouvements qu’il mimait lui-même, filmée directement sur son téléphone portable et envoyée par Messenger depuis son appartement parisien.
      L’excentrique texan n’a jamais été aussi heureux que sur ce tournage-là, loin des hommes, s’amusant dans sa chambre farcie de jouets, dans une distanciation sociale qui n’avait pas attendu la pandémie pour tenir lieu de loi. Quand il s’est agit de ressortir pour promouvoir le film, on s’aperçut que Wes Anderson portait les mêmes vêtements beiges que son renard de personnage. À ce costume, au sens (presque sexuel) japonais du terme, il n’a plus jamais dérogé.
      Depuis, son cinéma n’a jamais tout à fait renoué avec la chair et l’humain. Ses deux grands films de la décennie, The Grand Budapest Hotel et Moonrise Kingdom, riaient d’être des miniatures. Il y a quatre ans, L’Île aux chiens, son précédent film, était adapté d’un manga et réitérait le procédé de Fantastic Mister Fox.
      Aujourd’hui, The French Dispatch est un film qui laisse songeur tout autant qu’il fascine. Son premier problème n’est pas tant qu’il soit inégal (il l’est, mais tout rédac chef vous dira qu’il faut que du terne côtoie du flamboyant, pour qu’un magazine tienne ses promesses) mais d’être, comme beaucoup de magazines : prisonnier de sa direction artistique.
      Il y a un siècle, S.M. Eisenstein pouvait penser qu’en matière de cinéma le hors-champ décidait de tout (là était son marxisme). Ici, dans cet univers dépolitisé en profondeur, c’est le DA qui semble décider de tout, et cela se voit dans les deux derniers « articles » du film : l’un raconte une révolution étudiante, au printemps 1968, où à Ennui-sur-Blasé on se demande : qui a bien pu rédiger le manifeste qui l’accompagne ? Un garçon qui se prend pour un génie, une fille qui lui rappelle qu’elles sont toujours plus malines ? À moins que ça ne soit la « vieille maitresse » du jeune Saint Just, passée « corriger » le brulot à quelques endroits opportuns ? Comme par hasard, c’est aussi une journaliste du magazine. Journaliste ou correctrice ?
      On sent que la question intéresse profondément Wes Anderson, davantage que la politique elle-même. Il suffit de voir les moments de révolte produire à l’image un effet « Mai 68 dans la Rue Gamma », cocasse pour ne pas dire autre chose, pour comprendre que l’essentiel est ailleurs : dans la position accordée aux rôles et à chacun ? C’est possible…
      Même échec pour la troisième histoire, inspirée de James Baldwin, et qui voudrait se raconter depuis un talk-show à l’américaine et se perd en route dans trop de couches de récit. Peut-on se planter, en 2021, sur une figure aussi bienvenue ? Pourtant, étrangement, là encore, le film parle d’une place à trouver, d’un rôle introuvable.
      Wes Anderson a toujours su recouvrir d’une sorte de chic des zones de notre paysage collectif totalement fossilisées.
      Pour tout dire, The French Dispatch serait en partie anecdotique ou plaisant s’il n’était pas traversé dans sa première heure par un épisode tout à fait nouveau dans le cinéma de Wes Anderson, où commence à se dire quelque chose d’enfin adulte autour de cette passion devenue dévorante pour le fétiche, la fourrure et la miniaturisation du monde.
      The Concrete Masterpiece est un moment d’une folie absolue, pour qui s’intéresse de près à ce qui anime en profondeur Anderson. Il met en scène Léa Seydoux et Benicio del Toro. Ce dernier est un artiste peintre, façon ogre à la Rodin, enfermé en psychiatrie pour des siècles. Léa Seydoux est sa gardienne, sorte de louve autoritaire tout droit sortie d’un porno concentrationnaire sinon d’un film « rétro » comme on disait dans les années 1970 quand Portier de nuit fabriquait des fantaisies SM louches autour des camps.
      La peine interminable du peintre assortie au désir de la gardienne d’être autre, le temps d’une fonction réversible, vont les amener à accomplir un chemin qui ressemble d’assez près à celui de La Venus à la fourrure. La surveillante devient modèle, le prisonnier devient libre de la représenter telle qu’elle se voit, mais il lui appartient et elle le dirige, du moins le croit-elle ou s’en laisse-t-elle persuader. Car il est possible qu’elle se donne à lui totalement, sans défense, dans cette dé/figuration esthétique qu’elle encourage : car la peinture de l’ogre est devenue abstraite. Elle ressemblerait presque à du Fautrier, alors même qu’au fur et à mesure, le film lui devient charnel. Dans cette cellule/atelier/chambre, la liberté est dans la distribution des rôles et des fonctions. Personne n’y perd et aucun marchand d’art n’arrive à arrêter ce jeu de rôles affolant tout, qui touche à quelque chose de plus important encore que la simple satisfaction sexuelle. Car pour la première fois en vingt-cinq ans, le cinéma de Wes Anderson se fait déborder de présence charnelle sans rien perdre de son art de la fétichisation : au contraire, il se dit enfin pour ce qu’il est.
      Quel chemin ce cinéma va-t-il prendre après cet épisode ? À quoi ressemblera le film qu’il est en train de tourner en Espagne et pour lequel il a interdit tout journaliste d’aller sur le tournage ? Il n’y a personne comme Wes Anderson sur la planète Cinéma. Il n’est pas dans l’animation, il la regarde de loin (Oh Angoulême). Il n’est plus, et depuis longtemps, dans le cinéma tel qu’il se fait ailleurs, mais il en convoque les stars (le casting de The French Dispatch est vertigineux). Il rate le vivant, mais il s’en fiche pas mal. Il est seul et cette solitude, personne ne peut ni l’envier ni l’égaler. Il est excentrique au sens premier du terme.
      Si Wes Anderson avait été musicien, il aurait pu jouer dans des groupes anglais distingués comme The Monochrome Set, le Jazz Butcher ou The Cleaners From Venus. Il a opté pour le cinéma. Voilà maintenant qu’il le regrette. Qu’il veuille faire des journaux, cela en dit long sur lui, dont on sent depuis quelques temps qu’il cherche à sortir des pièges posés par son œuvre.
      Cela en dit surtout long sur le journalisme. Car Wes Anderson a toujours su recouvrir d’une sorte de chic des zones de notre paysage collectif totalement fossilisées : il a filmé des hôtels middle Europa comme on n’en trouve plus nulle part. Il a filmé des scouts. Il a mis en scène des gens assez riches pour voyager loin avec tout un assortiment de malles siglées, avec porteurs afférents. Il a même filmé des tennismen dépressifs (quand tout le monde sait qu’ils ont été remplacés par des Ranxerox sans états d’âmes). The French Dispatch est joli mais moins inoffensif qu’on ne le croit. C’est un cercueil. C’est l’impeccable adieu à une certaine idée de la presse. Au moins lui fallait-il un Wes Anderson pour pouvoir dire que, ici comme ailleurs, elle n’a plus lieu.
      Philippe Azoury
      Journaliste, Rédacteur en chef culture de Vanity Fair, enseignant à l’ECAL (Lausanne)

      #presse #journalisme

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Wes_Anderson

    • Il met en scène Léa Seydoux et Benicio del Toro. Ce dernier est un artiste peintre, façon ogre à la Rodin, enfermé en psychiatrie pour des siècles. Léa Seydoux est sa gardienne, sorte de louve autoritaire tout droit sortie d’un porno concentrationnaire sinon d’un film « rétro » comme on disait dans les années 1970 quand Portier de nuit fabriquait des fantaisies SM louches autour des camps.

      Beau révisionnisme historique masculiniste, voici Rodin en psychiatrie à la place de Camille Claudel et Camille Claudel en gardinenne de geôle sexualisé en BDSM via la venus à la fourrure.
      Bel effort de Philippe Azoury pour glorifié ce réalisateur de pub et lui faire la courte echelle sur les cadavres des femmes artistes. Je souligne aussi l’usage de l’expression « Ogre » souvent utiliser pour dissimulé les violeurs mais ici pour ce simili Rodin on ne saura pas...

      #invisibilisation #historicisation #excision_symbolique #révisionnisme #male_gaze #camille_claudel #ogre #fraternité #hagiographie

  • « Il lit tout » : comment Macron épluche les études scientifiques sur le Covid-19 - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/politique/il-lit-tout-comment-emmanuel-macron-epluche-les-etudes-scientifiques-sur-

    Le chef de l’Etat, qui doit présider un nouveau conseil de défense sanitaire ce mercredi, s’abreuve de lectures scientifiques sur le Covid-19.

    Reconfiner ou pas à certains endroits, comme c’est déjà le cas dans les Alpes-Maritimes ? En partie ou totalement ? Voilà les principales questions que vont se poser ce mercredi matin Emmanuel Macron et les participants au conseil de défense sanitaire hebdomadaire. « Compte tenu de la situation, il vaut mieux régionaliser », a-t-il admis ce mardi, en déplacement en Côte-d’Or. « Le confinement, c’est l’arme de protection de dernier recours. S’il le jugeait nécessaire, je ne doute pas qu’il le refera », embraye un proche.

    Mais avant cela, comme d’habitude, le chef de l’Etat aura aiguisé sa réflexion. En scrutant particulièrement les dernières tendances épidémiologiques en France et dans les pays voisins, en observant à la loupe les taux d’incidences dans les villes les plus touchées comme Dunkerque, mais aussi les taux d’occupation en services de réanimation. Et surtout, en se nourrissant des dernières revues scientifiques consacrées à la propagation du virus.

    « Vous allez devenir plus spécialiste que nous »
    Depuis que la crise a éclaté, Emmanuel Macron est dans une surconsommation des lectures et travaux de recherche consacrés au Covid-19. D’où qu’elles viennent. De France bien sûr, mais aussi d’Angleterre, des Etats-Unis, d’Asie ou encore d’Israël. Une vraie boulimie. Il y a bien évidemment la très sérieuse revue médicale britannique The Lancet, les publications du British medical journal, les études des chercheurs de Stanford, ou les analyses du Journal of de American medical association (Jama).

    Des lectures - dans la langue de Shakespeare, of course - qu’il lui arrive aussi de partager avec son ministre de la Santé Olivier Véran, et bien sûr Jean Castex, lecteur de la revue Nature, une des publications scientifiques les plus réputées au monde. Sur Twitter, Emmanuel Macron est par ailleurs très attentif aux analyses quotidiennes du jeune Guillaume Rozier, 24 ans, spécialiste de l’open Data et créateur de l’application CovidTracker.

    Avec des scènes parfois cocasses. Comme il y a trois semaines, en pleine réunion vaccins organisée en visioconférence avec, entre autres, le professeur Jean-François Delfraissy et la virologue Marie-Paule Kieny, présidente du comité scientifique vaccin Covid-19. A cette occasion, le président se met à citer une étude anglaise qui vient tout juste d’être publiée. « Oui, on a vu qu’elle était sortie. Mais on ne l’a pas encore », répond, sourire en coin, Delfraissy pendant la réunion. « Alors qu’Emmanuel Macron, lui, l’avait déjà entièrement épluchée », commente après coup un autre participant. Et cette boutade du président du conseil scientifique : « A ce rythme, vous allez devenir encore plus spécialiste que nous… »

    Modélisations et experts
    « Ce qu’il a envie d’étudier, c’est autre chose que ce qu’il n’a pas encore déjà vu et entendu », raconte un membre de sa garde rapprochée. « Le président lit tout ce qui sort de scientifique sur le sujet, interroge d’innombrables experts et cherche chaque jour ce qui se produit de nouveau pour ne rien laisser passer. Un jour, il pourra briguer l’agrégation d’immunologie », s’en amuse le président de l’Assemblée, Richard Ferrand. « Ça l’obsède d’essayer de ne pas se tromper », insiste un autre proche.

    L’exemple du conseil de défense sanitaire du 29 janvier, organisé au dernier moment un vendredi soir, et où il décide finalement de ne pas reconfiner malgré la pression, en est la preuve. « Juste avant, il avait relu toutes les dernières études. Regardé les dernières modélisations, la rapidité de la transmission de l’épidémie en Grande-Bretagne. Et même commandé des études supplémentaires sur l’impact des nouveaux traitements à base de dexaméthasone », raconte un participant. Tellement au fait sur le sujet que même ses ministres ne s’aventurent désormais plus trop à le challenger : « Je ne lui envoie rien car je me doute bien que ce que je vois, il a déjà dû l’avoir en main trois jours avant, sourit l’un d’eux. À un moment… il ne faut pas être ridicule non plus. »

    #hagiographie
    #présipotent #prépotent
    via @freakonometrics

    • cet article est hallucinant, tant sur cette vision de cour du monarque que cette vision de la recherche... par contre ta version n’est pas celle publiée dans le journal : "« 

      Oui, on a vu qu’elle était sortie. Mais on ne l’a pas encore

       », répond, sourire en coin, Delfraissy pendant la réunion" était initialement « 

      Oui, on a vu qu’elle était sortie. Mais on ne l’a pas encore, et elle n’est pas traduite

       » cf

    • J’avais aussi trouvé cet article particulièrement déprimant. Et puis je me dis qu’en fait, c’est parce qu’avec le Covid, je n’étais certainement pas prêt à ce que la campagne pour les Présidentielles démarre maintenant.

      Et que donc on va tout simplement repasser en mode de propagande forcenée, comme la dernière fois, et comme c’est à chaque fois le cas : l’enthousiasme délirant de nos grands médias pour Balladur, pour DSK, pour Macron pendant une bonne année avant que les gens soient censés voter.

    • Hallucinant, comme dit freakonometrics.
      Le retour du génie des Carpathes.

      Même en période électorale, il faut un sacré culot pour oser (faire) publier un tel torchon baveux. Sans même tenter de rester crédible. Il est sans doute vrai que le lecteur moyen fait souvent confiance au journaliste.
      Cet Olivier Beaumont est-il un vrai journaliste ? Ou devrais-je me demander si Le Parisien est un vrai journal ?

      L’histoire de l’article pas encore traduit de l’Anglais, que j’avais déjà vue sur twitter, est caractéristique et indique clairement que tout cela est inventé, par des gens qui ne comprennent rien au travail scientifique et à la façon dont on se forge connaissance et expérience. Il est à craindre que cela n’inclue Macron himself.

      « Il lit tout » ... cela n’est pas possible, et s’il essayait, cela ne le rendrait pas meilleur que les spécialistes qui l’entourent. La connaissance n’existe pas vraiment sans expérience personnelle d’analyse ou de création.
      Mais surtout ce n’est pas son travail. Si la décision politique appartient aux politiques, le travail d’analyse scientifique appartient aux scientifiques. Et il a bien assez à faire.
      Que les services de la présidence laissent (ou fassent) publier un tel torchon est une insulte aux français.

  • Une cérémonie des Oscars particulièrement #politique
    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/03/05/une-ceremonie-des-oscars-toujours-aussi-politique_5265663_3476.html

    Pour le meilleur et pour le pire, ce dernier étant aussi rigoureusement invisible au journal Le Monde qu’il l’est aux responsables des Oscars,

    Darkest Hour at the Oscars – Random Thoughts of a Demented Mind
    https://greatbong.net/2018/03/05/darkest-hour-at-the-oscars

    Given how woke the Academy has become, their decision to recognize, with one of its premiere awards, “Darkest Hour”, a hagiography of British war-time Prime Minister and unapologetic South Asian killer Sir Winston Churchill, is beyond reprehensible. Maybe in the 80s and the 90s, when no one cared, I would not have batted an eyelid, but now, now given the widely tomtommed sensitivity on the part of the Academy to the recognition of marginalized narratives, the fact that the Committee chose to reward a movie that airbrushes Churchill’s role in the #genocide of 2 million official (some say it is close to 4 million) in India and Bangladesh, just goes to show that not all marginalized are treated equal, and that Churchill being the savior of Europe still gives his reputation the immunity from having to answer for his #crimes in India.

    #hagiographie #oscar #churchill #assassin #criminel #Inde #Bengladesh

  • Guillaume Lecointre, guide critique 2014

    N’écoutant que son courage et tout pénétré de son devoir de fonctionnaire du service public, M. #Guillaume_Lecointre s’est érigé en guide critique (selon le titre d’un de ses ouvrages), pourchassant dans l’opinion publique les erreurs à propos de l’évolution des espèces et marchant sur les pieds de ceux qui tentent de faire des « intrusions spiritualistes en sciences » en diffusant leurs idées aux relents créationnistes. Pour extraire les pailles mystiques et religieuses qu’il aperçoit dans les yeux de ses concitoyens, il n’hésite pas un instant à les extraire avec les très laïques poutres darwiniennes qu’il manie avec la dextérité de l’éléphant dans un magasin de porcelaine !

    Cornegidouille ! Quel pestacle ! Quelle rigolade !!!

    Il faut dire que notre illusionniste est d’abord et avant tout un clown matérialiste chevronné. Ce systématicien ne sait pas ce qu’est un être vivant, mais il sait qu’ils sont « soumis à la sélection naturelle » (voir Le déni du vivant). Cet évolutionniste est prêt à faire dans le révisionnisme historique pour laver son idole, le coryphée de la biologie évolutionniste Charles #Darwin, de toute compromission idéologique avec l’infâme (voir #révisionnisme historique). Et enfin, le clou du spectacle : déguisé en preux chevalier, il transformera devant vos yeux désabusés, avec son épée en carton et sa cape miteuse, une vielle catin décrépie en une jeune vierge pimpante ! (voir Un obscurantiste scientiste)

    Quel talent ! Cornes au cul ! Enfoncé le père Ubu !!!

    Voici donc, tout de suite, quelques échantillons de cette haute voltige prélevés dans son opuscule L’évolution, question d’actualité ? (éd. Quae, 2014) où il répond à « 80 questions naïves ou faussement naïves posées par tout un chacun après ses conférences ». Comme nous allons le montrer, la pédanterie la plus plate s’y dispute aux simplifications foudroyantes.

    #évolution, #science, #histoire, #biologie.

    À l’heure où nous achevons ce texte Lecointre a été promu « commissaire scientifique » [sic !] de l’ exposition “Darwin l’original” qui se tient de décembre 2015 à août 2016 à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris . Nul doute qu’il va mettre son souci d’exactitude et de précision historique au service de l’#hagiographie darwinienne la plus débridée…

    « Oui, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter que le public soit trompé, y compris faire contre-pression occulte sur les media, puisque la réussite apparente de l’UIP procède précisément par pression occulte. […] Agir par influence est la seule façon de lutter contre l’intrusion des religions dans les sciences, qui s’infiltrent précisément par jeux d’influences. […] Ce n’est pas facile à faire comprendre au public, tant qu’il n’aura pas compris que le véritable enjeu n’est pas de science, [mais de] réintroduire la religion dans la science et, demain, l’éducation, participant au retour global du religieux dans la vie politique de la cité. Si cela est compris, empêcher la diffusion d’un film de l’UIP n’est pas de l’obscurantisme, c’est de la lutte politique au sens noble du terme. » Guillaume Lecointre, 2005.

    #laïc, #scientisme.

    Autant que par ceux qu’elle diffame, une époque se juge par ceux qu’elle honore, et par la manière dont elle les honore...

  • Napoléon en BD : l’inévitable apologie ? | Cases d’Histoire le magazine
    http://cdhlemag.com/?p=727

    La vie de Napoléon Bonaparte est un roman, enjolivé à la fois par ses biographes et par lui-même. La tentation première, héritée d’une longue tradition, est de reproduire la légende plutôt que de poser un regard critique sur l’aventure napoléonienne. La bande dessinée est-elle parvenue à s’émanciper du passé historiographique ? Où se place le 9e art sur l’échiquier des contempteurs et des hagiographes du héros national ?

    #biographie #hagiographie #roman_national #historiographie #bande_dessinée

  • Témoignages de voyageurs occidentaux sur les reliques de Barnabé | Apocryphes
    http://apocryphes.hypotheses.org/?p=458&preview=true

    Mon travail de thèse porte sur un temps long : j’étudie en effet non seulement la naissance des traditions chypriotes et crétoise sur Barnabé et Tite, mais aussi leurs réceptions.

    Parmi ces réceptions se trouvent notamment les lieux de cultes. En ce qui concerne Chypre, le monastère de Saint Barnabé se situe à Salamine. Il a subit un certain nombres de vicissitudes dans l’histoire (que je n’ai pas encore éclairés, donc je n’en fait pas un résumé). De ce que j’ai saisi, pour le moment, Salamine devient une ville morte au septième siècle.

    Pour autant, divers voyageurs de la fin du moyen-âge qui se rendent à Chypre mentionnent Salamine comme le lieu de naissance et / ou du martyre de Barnabé.

    #thèse #sources #croisement #pèlerinage #hagiographie

  • Décès de la première femme (chinoise, en fait tibétaine) ayant réussi l’ascension de l’Everest (mai 1975)

    Chinese Himalayan heroine dead at 75 - People’s Daily Online
    http://english.people.com.cn/102774/8591517.html


    Pando (R1) stands on the summit of Mount Qomolangma. She became the world’s first woman to stand on the world’s highest peak on May 27, 1975. (Xinhua Photo)

    Pando (R1) stands on the summit of Mount Qomolangma. She became the world’s first woman to stand on the world’s highest peak on May 27, 1975.

    De fait, 11 jours plus tôt, la première femme arrivée en haut de l’Everest est Junko Tabei, Japonaise native de Fukushima.


    Dinge en Goete (Things and Stuff) : This Day in History : May 16, 1975 : Junko Tabei becomes the first woman to reach the summit of Mount Everest.
    http://dingeengoete.blogspot.fr/2013/05/this-day-in-history-may-16-1975-junko.html

    “Back in 1970s Japan, it was still widely considered that men were the ones to work outside and women would stay at home,” said Tabei, who left her then 3-year-old daughter in the hands of her husband, also a mountaineer, and her relatives, when she went on that Everest expedition.

    “Even women who had jobs — they were asked just to serve tea. So it was unthinkable for them to be promoted in their workplaces.”

    Mais revenons à #Pando, héroïne du peuple chinois.


    Pando (R2) studies Kongur Tobe Mountain with her teammates on June 17, 1961. (Xinhua Photo)

    Sa vie est racontée par son mari (chinois) (texte non daté, sans doute un peu ancien #hagiographie…)

    Tibetan Woman
    http://zt.tibet.cn/tibetzt/woman/story/main007.htm

    I was interested in her past-she had spun and woven wollen cloth, kept flocks for serf-owners, begged in filthy streets and slept in a beggars’ den where runaway serfs, some with arms or legs amputated, or their eyes gouged out, gathered for shelter. At the age of thirteen, she and her mother were hired as porters trudging from the north to the south of the Himalayas in subtropical downpours or blizzards, sometimes suffering from the rigours of two seasons overnight. Later after liberation, her mother died. Pando recalled her last words : “Buddha cares for the rich, but never for us poor. Only Chairman Mao and the Communist Party know what is in our hearts.
    (…)
    What are you and Pando doing to promote China’s four modernizations?” someone asked. I recalled what the late Vice-Premier He Long once said, “China has so many mountains, but we know little about them. Mountaineering will have no life if it does not link up with scientific exploration. You should draw up a verdict for each mountain.” Nine out of the world’s 14 mountains above 8,00 metres are in China or on Chinese borders. So far, we’ve scaled only two. to scale more of these peaks, my beloved Pando and I hope to be among the many who are ready to accept their challenge. More important, we’re training Young mountaineers who will break our records.

    Elle a été députée à la cinquième Assemblée nationale du peuple (1978-83).

    En 2008, elle faisait partie des porteur⋅e⋅s du drapeau olympique à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin.


    Pando (L2 from the front) attends the opening ceremony of Beijing Olympic Games on Aug. 8, 2008. (Xinhua Photo)