• Le sociologue Rudolf el Kareh, spécialiste du #Moyen-Orient et fin connaisseur des rouages de l’État libanais, a répondu à nos questions.

      Ce carburant iranien va-t-il contribuer à régler la pénurie ?

      Le fuel et l’essence acheminés par camions de #Syrie au #Liban seront distribués dans tous le pays. D’abord sous la forme de donations, en priorité pour alimenter les générateurs des hôpitaux, maisons de repos, orphelinats et municipalités. Ensuite, ces carburants seront distribués au maximum au prix coûtant dans les chaînes de stations-service. L’objectif n’est pas de faire du bénéfice mais de favoriser le retour à la normale du quotidien de la population et de remettre en marche les circuits de distribution et d’importation.

      Comment est-on arrivé à cette crise ?

      La crise est due à des facteurs internes : c’est le résultat de trente années de « #haririsme », d’#endettement, d’#enrichissement_illicite et de #corruption. On a découvert que des spéculateurs avaient anticipé la situation depuis plus d’un an et demi et organisé des pénuries à grande échelle. Et ce n’est pas dû uniquement à des profiteurs de crise. Il y a aussi des facteurs externes venus se greffer sur la situation et les problèmes structurels internes : sous l’ère Trump, il y a eu dès 2019 une stratégie du secrétaire d’État Mike Pompeo pour faire pression sur l’État libanais et obtenir des concessions politiques. L’objectif était de mettre le #Hezbollah et tous ses alliés hors-jeu. Cette stratégie, gérée par l’ambassade des #États-Unis au Liban, consistait en résumé à entretenir les pénuries de produits de première nécessité, de carburant, de médicaments. Sans compter les manipulations financières qui ont eu pour effet de paupériser la majeure partie du peuple libanais. Ce plan a été repris par l’administration Biden, en particulier ceux qui gravitent autour du nouveau secrétaire d’État Antony Blinken, puisqu’in fine le but est de protéger les intérêts d’#Israël. La stratégie est de parvenir à affaiblir et désarmer l’axe de la résistance.

      Y a-t-il, selon vous, une intention de déstabiliser le Liban ?

      Oui. Il s’agit d’une stratégie de la tension qui a pour but de tenter de déstabiliser l’État et de provoquer un blocage du fonctionnement des institutions. Il n’est pas du tout étonnant que, dans cette atmosphère-là, certains camps politiques comme d’anciennes milices transformées en partis politiques, l’ex-Courant du 14-Mars ainsi que Saad Hariri aient affirmé que la solution passait par la démission du Président de la République et celle du Parlement. Ce qui aurait signié la paralysie totale des institutions.
      Cela me rappelle le plan mis en place par Henry Kissinger au Chili avant le coup d’état de Pinochet. Washington y a délibérément organisé une énorme pénurie pour créer un climat de tension. Dans un pays montagneux comme le Chili où la grande majorité des transports se fait par trafic routier, une grève des camionneurs a été financée. Elle a duré plusieurs mois, ce qui a complètement désorganisé la vie quotidienne. Les campagnes médiatiques ont fait le reste en faisant assumer la responsabilité de la situation à Salvador Allende. Pinochet n’avait plus qu’à cueillir le pouvoir.

      Sous quelle forme cette stratégie s’est-elle manifestée ?

      Il y a d’abord eu des mécanismes mis en œuvre par le gouverneur de la Banque centrale du Liban, lequel est d’ailleurs poursuivi en justice au Liban, en France et en Suisse, et qui a permis une évasion massive de capitaux doublée de l’enrichissement illicite de quelques-uns au détriment de l’écrasante majorité des déposants. Ce personnage continue hélas de bénécier d’une protection curieuse de la part de certaines parties libanaises et de parties étrangères, dont les États-Unis. Ensuite, il y a eu la mise en place d’un système surréaliste inédit où coexistent quatre taux de change pour le dollar, qui régit toute l’économie libanaise. Le taux officiel de 1507 livres libanaises pour un dollar, le taux des banques décidé arbitrairement de 3900 livres, un autre taux pour certaines transactions qui est monté à 8500 livres et un taux au marché noir qui a atteint les 20000 livres pour un dollar. Cela a complètement brisé la stabilité financière et économique des familles libanaises qui ont vu leurs salaires et leur pouvoir d’achat dramatiquement dévalués. Parallèlement, les prix ont commencé à monter parce que de très gros spéculateurs liés à certaines forces politiques ont commencé à spéculer tous azimuts. Pénurie et instabilité financière ont été organisées pour orienter les responsabilités vers le Hezbollah et son allié le président Aoun. Et toute une machine médiatique s’est mise en route pour entretenir ces accusations.

      Comment s’est-on aperçu qu’il y avait une organisation de la pénurie ?

      Du jour au lendemain, certains produits sont devenus indisponibles. L’argument pour expliquer cette soudaine pénurie était que les aides du gouvernement se sont elochées jusqu’à être réduites à peau de chagrin. Dès lors les prix ont commencé à grimper. En réalité, c’est le gouverneur qui a décidé de ces baisses, sans aucun garde-fou ni aucune légitimité. Cet été, des ministres (du gouvernement sortant), ceux de l’Énergie et de la Santé surtout, ont eu du courage d’initier des perquisitions. Et on a commencé à découvrir des millions de litres de carburant, des centaines de tonnes de médicaments, stockés dans des lieux clandestins. Il est alors apparu que des gens n’avaient pas pu stocker autant de marchandises en quelques semaines mais que cela avait été anticipé. Cette pénurie interne, entretenue par la stratégie de Pompeo, a consisté à provoquer un état de tension où l’on ne voyait plus les causes de la situation mais uniquement ses effets. A savoir les les aux stations service, les rationnement d’électricité parce qu’il n’y avait plus de fuel ou de gaz pour faire tourner les centrales électriques, les générateurs dans les hôpitaux...

      Quels éléments expliquent qu’il y a bien une stratégie américaine ?

      Face à cette situation dramatique, le camp opposé à la politique américaine initiée par Pompeo a réagi. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a notamment annoncé le mois dernier que l’Iran avait accepté, à sa demande, de livrer des carburants au Liban. Le jour même, l’ambassadrice américaine, Dorothy Shea, s’est précipitée auprès du président Aoun pour lui conrmer que les États-Unis allaient faciliter l’approvisionnement du Liban en oul, gaz et électricité grâce au concours de l’Égypte et de la Jordanie, via la Syrie. Proposer de briser le blocus de la Syrie, que Washington a décrété par le biais de la loi César, est pour le moins étrange et résonne comme un aveu que Washington est bien impliqué dans la pénurie.

      Le gouvernement libanais dit ne pas avoir été saisi d’une demande d’importation de carburant iranien...

      Faux. Pour ne pas mettre l’État libanais en porte-à-faux, le Hezbollah a demandé que le tanker accoste à Banyas, en Syrie. Tout se fait de manière transparente. Il faut noter que Nasrallah avait déclaré qu’à partir du moment où le tanker quitterait les eaux territoriales iraniennes, il deviendrait territoire national libanais et qu’il naviguerait au vu et au su de tous, à destination du Liban. Le message implicite était que si une partie quelconque s’avisait de s’en prendre au navire cela constituerait une agression contre le Liban. Le message clair était délivré aux Israéliens : la moindre action commise contre le navire, désignerait immédiatement les responsabilités.

      Cet acheminement ne fait-il pas prendre des risques au Liban pour non- respect des sanctions pétrolières contre l’Iran ?

      C’est exactement le contraire. Ce premier bateau ne se résume pas à une affaire de carburant, il constitue une action de riposte politique face à une autre action politique. Disons qu’il s’agit symboliquement d’un navire à dimension politique et stratégique. Il a permis à la fois de révéler les dessous de la situation, la structure des complicités, de briser le blocus contre le Liban, de briser le blocus contre la Syrie, ainsi que celui contre l’Iran. Ce n’est pas rien. On ne reviendra pas en arrière. Nous entrons dans une nouvelle phase au Moyen-Orient.

      #Iran #Riad_salemeh

  • Infographies du LCPS Lebanon sur la composition du nouveau gouvernement libanais dirigé par Hassan Diab
    « Nearly 3 months after #Hariri’s resignation, PM Hassan #Diab unveiled what is branded as an expert #government, composed of 20 ministers. LCPS created a set of infographics, to show the distribution of ministerial portfolios by party, type and size. #Lebanon https://t.co/8h30bRJ8ea » / Twitter
    https://twitter.com/LCPSLebanon/status/1220354010257022979
    Les illustrations suivantes montrent bien que ce gouvernement qui est présenté comme « technocratique » en réponse aux demandes des protestataires est en réalité complètement contrôlé par les partis politiques qui ont nommé, dans la continuité des pratiques existantes, des représentants de leur intérêt, même si leur activité professionnelle permet de les qualifier d’experts (pas nécessairement du secteur ministériel qu’ils vont supervisé).


    L’image suivante représente les ministères en fonction de leur allégeance politique et du budget qui leur est alloué. C’est assez discutable car ce budget n’est pas encore voté. De plus, la plus grande part de ces budgets sont déjà fléchés pour des dépenses incompressibles tels que des salaires de fonctionnaires ou le remboursement de la dette. La part réellement contrôlé (emplois de vacataires, projets d’investissement) est beaucoup plus ténue.

    Les deux infographies suivantes sont très intéressantes puisqu’elles illustrent l’évolution de la composition politique du gouvernement et de la part des différents partis. L’originalité du gouvernement réside donc moins dans son supposé caractère technocratique que dans le fait qu’il n’est plus « d’union nationale » comme la majorité des gouvernements depuis 2005. Au contraire, il marque un retour à la coalition dite du 8 mars, c’est à dire l’alliance entre le Courant patriotique du Futur (Aoun) et son allié chrétien du nord les Marada (Frangié), le Hezbollah, Amal (Berri) et leurs soutiens druzes (Arslane) et sunnites. Le Courant du Futur (Hariri), le Parti socialiste progressiste (Jounblatt), les Forces libanaises (Geagea) et les Kataeb (Gemayel) n’en sont pas.

  • Au #Liban, Hassan Diab, soutenu par le Hezbollah, est nommé premier
    ministre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/19/l-universitaire-et-ancien-ministre-hassan-diab-soutenu-par-le-hezbollah-est-

    mettant un terme à quasiment deux mois de tergiversations politiques.

    Mais ça ne met très certainement pas un terme aux manifestations, le premier ministre en question ayant déclaré avec un sourire radieux qu’il voulait englober tous les partis politiques dans son futur gouvernement, sans compter les partisans de Hariri qui sont en train d’exprimer bruyamment leur mécontentement de la nomination d’une « personne non représentative des sunnites » surtout, précisent certains, nommée par « les chiites ».

    Deux faits remarquables,

    1) le candidat des #Etats-Unis, Nawaf Salam, n’a reçu qu’un nombre limité de voix (venues des groupes Joumblatt et Kataeb essentiellement), très peu de sunnites « pro-américains » (y compris le groupe parlementaire de Hariri) ayant voté pour lui (la plupart se sont abstenus, de même d’ailleurs que les « forces libanaises » de Geagea, ce dernier ayant pourtant annoncé il y a deux jours qu’il votera pour lui),

    2) le nouveau premier ministre a été élu à la majorité absolue.

  • Joshua Landis sur Twitter :

    "The #Hariri family has earned $108 million between 2006 & 2015 from interest on the public debt. Lebanon’s “political #elites control 43% of assets in Lebanon’s commercial banking sector,” JadChaaban of AUB has calculated. Quoted by @ursulind in https://www.nybooks.com/daily/2019/12/02/the-lebanese-street-asks-which-is-stronger-sect-or-hunger” / Twitter
    https://twitter.com/joshua_landis/status/1203736756283170816

    #Liban #mafia

  • Joana Hadjithomas & Khalil Joreige : « Les Libanais réalisent que, loin de les protéger, leur communauté les vole »
    Par Raphael Bourgois / AOC

    Les artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ont fait de l’histoire du #Liban, de la #guerre_civile qui l’a ensanglanté entre 1975 et 1990, le cœur d’une œuvre qui interroge la façon dont ce passé surgit dans le présent. Alors que leur pays est agité depuis plus de vingt jours par une révolution qui a surpris dirigeants et observateurs, ils ont accepté de partager leur regard sur les événements.

    Malgré la démission du premier ministre Saad #Hariri, la contestation se poursuit au Liban. Ce mercredi, des milliers de femmes ont ainsi investi le centre-ville de #Beyrouth pour marquer le 21e jour d’une #révolte contre l’incurie et la #corruption de la classe dirigeante. La révolution libanaise a surpris : ce pays qu’on présentait comme irrémédiablement communautariste, dont la constitution instaure une division des pouvoirs entre chrétiens #maronites, musulmans #chiites et #sunnites, a vu surgir un peuple uni. Une page ouverte depuis la fin de la guerre civile, qui a divisé le pays entre 1975 et 1990, semble ainsi se tourner. Cette guerre, les images qu’elle a produites, l’histoire qu’elles racontent sont au cœur de l’œuvre des artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Plasticiens et cinéastes, lauréats du prix Marcel Duchamp en 2017, ils travaillent dans leurs films, installations, sculptures, dessins et photos la question de la trace, des archives. Entre géologie, archéologie et histoire, ils s’interrogent sur la façon dont le passé surgit dans le présent. Ils répondent ici d’une seule voix.

    Comment avez-vous vécu ces dernières semaines et les manifestations au Liban, qui partent d’une taxe supplémentaire sur la messagerie #WhatsApp mais qui dépassent largement cette question ?

    Comme un soulagement et une sorte de rêve exalté et inquiet en même temps. Nous devions participer à Beyrouth, au Forum artistique et culturel Home Works qui tenait sa 8e édition pour présenter une performance sur le vertige. Khalil a peur du vide, mais pour nous cette peur symbolisait aussi le grand désespoir dans lequel est plongé le Liban depuis un très long moment, et qui touche toutes les générations. Ce vertige, c’est aussi le sentiment et la sensation que nous ressentons face aux manifestations. Un vertige, car contrairement à toutes les autres manifestations qui ont parfois été très nombreuses et très mobilisées, celle-ci émane de partout, et ne comprend ni centre ni hiérarchie. Elle n’a ni leader, ni organisation préalable. Elle s’exprime dans toutes les formes et tous les modes révélant l’hétérogénéité et la complexité des composantes de notre société. Même si cette colère et cette révolte sont très profondes, elles se manifestent de façon presque joyeuse et pacifiste, elle se déroule simultanément dans tout le pays sans exception. Et c’est ce qui permet de dépasser la peur. La peur du lendemain et de l’inconnu mais aussi des pouvoirs en place qui usent de la force pour dissuader et réprimer les manifestants. Cette révolution se dit être la fin de la guerre civile, qui officiellement se serait arrêtée en 1990. Il y a depuis longtemps ce sentiment, que la paix n’a jamais été effective, que les causes qui ont menées à la guerre civile sont toujours là, que les protagonistes et principaux acteurs des conflits armés gouvernent toujours le pays. La plupart des gens se sont beaucoup appauvris depuis la fin de la guerre civile en 1990 : l’électricité ne fonctionne toujours pas, de même que l’eau, les infrastructures… Mais sans doute l’un des problèmes majeurs qui touche tout le monde, quelle que soit sa catégorie sociale est celui de la pollution avec notamment la crise des déchets, les poubelles. Rien n’est fait pour les traiter, d’où un désastre humanitaire, sanitaire, écologique, politique… Tout cela à cause d’un système qui ne fonctionne pas et surtout de la corruption. Ajoutons qu’il y a une crise économique sans précédent, il n’y a plus de travail, la plupart des jeunes gens doivent émigrer pour en trouver.

    C’est un problème qui touche surtout la jeune génération…

    Oui, les 20-30 ans sont en plus touchés par la hausse des frais de scolarité, qui ont atteint des sommes complètement folles. L’absence de bonnes écoles publiques au Liban oblige les gens à se tourner vers des écoles privées, et ça continue à l’université où l’on avoisine les 15-25 000 dollars l’année sinon plus. Les familles se saignent pour assurer ces frais de scolarité, elles s’endettent. Mais il n’y a plus aucune perspective si ce n’est via le clientélisme et un système qui ne reconnaît aucune méritocratie. À l’inverse, on voit toujours les mêmes dirigeants depuis la fin de la guerre civile, qui reviennent tout le temps et laissent le pouvoir en héritage à leurs enfants. Quelle que soit leur confession, ils s’accrochent au pouvoir, font les choses en famille et ça n’a jamais été remis en question parce qu’ils tenaient leur communauté – il n’y a jamais eu de travail de déconfessionnalisation au Liban – et que l’État est faible. Quant à la corruption, elle est devenue insolente ! Nos dirigeants ne se cachaient même plus pour voler le pays, pour se partager le gâteau tout en jouant sur les divisions et en faisant régner la peur du chaos. Toute cette classe politique a été frappée de discrédit, au fur et à mesure. En plus, nous avons de bons journalistes d’investigation qui aujourd’hui avancent des noms et des chiffres, il y a une connaissance plus précise.

    Et c’est dans ce contexte qu’est décrétée une nouvelle taxe sur les appels passés par WhatsApp…

    Qui revient à taxer une application gratuite pour renflouer des poches percées ! C’est l’étincelle qui a mis le feu. Il y a une accumulation et une convergence de faits qui ont abouti à cette révolution. Mais sûrement d’abord les crises environnementales. La crise des déchets a touché tout le monde, on ne pouvait plus se baigner ni manger de poisson tellement la mer était polluée. Plus récemment, le mois dernier, il y a eu des incendies très importants qui ont frappé tout le Liban, et qui ont révélé que les Canadairs n’étaient plus entretenus (l’argent prévu pour cela avait été dérobé ou utilisé à d’autre buts) et ne pouvaient donc plus voler pour éteindre le feu. C’est la société civile qui s’est mobilisée face à cette incurie, les gens se sont entraidés dans toutes les régions frappées et ont vu qu’ils n’étaient pas seuls, qu’il pouvait y avoir une forme d’unité. Enfin, ces derniers mois, il y a eu également des pénuries d’essence et de farine, dues à la difficulté de change (entre la livre et le dollar). Il y avait donc des rumeurs sur une possible inflation des prix et une dévaluation de la livre. Or les banques libanaises génèrent des dividendes astronomiques. Elles prêtent à l’Etat grâce aux dépôts des particuliers à des taux d’usurier et créé un système clos et spéculatif. Cela asphyxie les plus pauvres et étouffe la classe moyenne. Bref, il y a une foule de signes qui pourront expliquer cette révolution et arrive alors la taxe sur WhatsApp, c’est l’indécence de trop. Mais ici, le WhatsApp c’est fondamental : c’est la seule chose qui relie les familles disséminées à travers le monde. Au Liban, la diaspora est très importante, tout le monde a des enfants qui sont partis chercher du travail ailleurs. Alors les gens sont descendus dans la rue. Beaucoup de révolutions partent d’un événement apparemment anodin, dans un contexte très dégradé.

    Ce que revendiquent les manifestants, c’est le départ de la classe politique, avec comme slogan « tous c’est-à-dire tous ». Or, si le premier ministre Saad Hariri a annoncé la démission de son gouvernement le 29 octobre, on dit qu’il serait le mieux placé pour se succéder à lui-même. Le président Michel #Aoun est, lui, toujours en place. Bref, les dirigeants sont toujours là et les manifestations continuent. Beaucoup, comme récemment la romancière Dominique Eddé dans "Le Monde", y voient l’émergence d’une unité nationale, d’un peuple libanais qu’on pensait introuvable. N’est-on pas là face à l’inertie d’un système confessionnel hérité de la fin de la guerre civile et que vous avez continuellement dénoncé dans vos œuvres ?
    Notre conviction profonde, c’est que la guerre du Liban était d’abord une guerre sociale qui a été transformée en une guerre communautaire. C’est comme ça qu’elle a tout le temps été montrée dans les médias internationaux : comme le fruit d’une division entre chrétiens et musulmans, alors que la réalité est bien plus complexe. L’un des éléments du problème, c’est qu’on nous a toujours fait peur au sortir de la guerre avec l’idée que ce système confessionnel institué par les Français au moment de la mise en place du mandat, en 1920, était une protection contre le chaos et une protection des minorités. Ce système a été imaginé sur la base d’un recensement réalisé à l’époque et a favorisé les chrétiens maronites, alliés des Français, au détriment des chiites et des sunnites, ce qui a divisé la société de façon complètement absurde. Tout est devenu #confessionnel ! Le président de la République est toujours un maronite, le premier ministre un sunnite, le président de la chambre chiite, c’est connu. Mais ce qui l’est moins, c’est que ce système se décline dans tous les domaines, par exemple à tous les échelons de l’administration au détriment du mérite. En prétendant protéger les minorités, on perpétue un système qui nous a mené à une guerre civile, et justifié tout ce qui s’est passé par la suite au nom de la préservation de l’équilibre. Aujourd’hui, les manifestants réalisent que, loin de les protéger, leur #communauté les vole. Leurs chefs communautaires s’appuient sur ces différences et ces divisions pour se remplir les poches. Nous croyons que les gens ne sont pas profondément communautaires ou confessionnels. Au contraire, les libanais ont envie de vivre ensemble et n’ont absolument pas envie de faire une autre guerre civile, sûrement pas. C’est ce que cette révolution nous montre, des gens qui descendent dans la rue, sont bienveillants les uns envers les autres, ont les mêmes problèmes et se parlent avec beaucoup de générosité. C’est une grande révolution humaine, où les femmes sont mises en avant ou plutôt se mettent en avant, les gens se protègent entre eux, ils cuisinent pour les autres ! On voit une société libanaise civiquement très évoluée et on se dit presque : mais pourquoi on ne s’en est pas rendu compte plus tôt ? Parce que ce système nous oppressait tellement qu’on ne se regardait plus, qu’on ne se parlait plus ! Et ça, nous pensons que c’est une libération énorme, sur laquelle on ne pourra pas revenir, même si on envisage les scénarios les plus catastrophiques. En disant ça, nous ne sommes pas exaltés, cette bienveillance, vous pouvez la voir sur les images, les vidéos. Et c’est, en cela, une révolution, et non une révolte. C’est que tout a changé irrémédiablement en nous et autour de nous.

    Votre travail porte essentiellement sur la génération de la guerre civile, entre 1975 et 1990, la vôtre. Or la jeunesse qui descend aujourd’hui dans la rue n’a pas connu cette époque. Cette différence vous parait-elle essentielle pour comprendre ce qui se passe, cette façon de fissurer la chape de plomb tombée en 1990 ?

    Nous avons toujours travaillé tous les deux sur notre présent, même s’il est hanté par les fantômes. Nous avons toujours espéré un réveil. C’est le sens de nos films comme Perfect day qui se termine par un homme qui se réveille et court sur la corniche, le seul espace public de l’époque pour nous. Lebanese rocket society, sur le projet spatial libanais, se terminait par le même désir de rêver. Mais cette fois il y a quelques chose de très différent, d’inédit, non pas par sa taille mais par sa nature. Il faut donc reconfigurer nos attentes et notre perception, désapprendre en participant. On a souvent fait parti de mouvements, des sit-in contre les différentes guerres et menaces qu’a connues le Liban, on a milité dès notre très jeune âge mais ce qui est extraordinaire et très singulier cette fois, c’est que ça fuse de partout, en dehors de toutes les catégories et des définitions existantes, c’est trans-communautaire, trans-régional, trans-générationel, trans-social et trans-genre. Ce que porte cette jeunesse, c’est d’abord son énergie, ses espoirs, ses modes de fonctionnement et puis aussi le fait qu’elle n’a pas peur. Peut-être qu’il y a une différence chez les gens qui ont vécu une guerre civile, la peur est toujours là. Cette génération, qui est presque la génération de nos enfants, nous a aidé à faire « tomber le mur de la peur » comme le disent certains slogans que nous trouvons très beau. Surtout dans des régions qui sont sous la mainmise d’une puissance politique hégémonique comme à Tripoli, Nabatiyeh, Baalbeck, Tyr… Cette jeune génération ne se réfère pas à l’histoire mais à l’impossibilité de vivre le présent. La révolution, c’est comme un liquide, elle prend toute les formes, s’infiltre et alimente tout le monde. C’est un requestionnement profond de chacun d’entre nous, une remise en question salutaire. On est redopé par cette génération de « millenials », celle de notre fille qui a 19 ans. Très certainement, ne pas avoir vécu la guerre civile c’est aussi être libéré de beaucoup d’images, de traumas, et de discours. Il y a une désobéissance sublime, quelque chose de proprement irrévérencieux, une parole qui n’est pas idéologique tout en étant très politisée. Il y a une liberté jouissive, extrêmement créative et drôle. Insolente, avec l’insulte comme slogan, et la joie de la crier comme mot d’ordre. Les premiers jours, les vieux réflexes pouvaient pousser à trouver que ça ressemblait à une kermesse mais et alors, si c’est une fête, une libération, ça n’en est pas moins une révolution. Et nous en avons rêvé toute notre vie.

    Justement parlez-nous de cette créativité, de ces images comme celle de cette jeune femme qui a donné un coup de pied dans l’entrejambe du garde du corps du ministre de l’éducation nationale. La vidéo a circulé et c’est devenu un symbole de cette révolution. On retrouve là aussi une part importante de votre travail qui a consisté à déplacer le regard, à interroger ces images. Qu’est-ce qui vous a frappé dans le mouvement actuel ?

    Ce qui frappe énormément dans cette révolution, c’est la remise en question profonde de chacun d’entre nous à tous les niveaux, aussi bien personnel, qu’artistique mais aussi des catégories et des positions de pouvoir. Le rapport est horizontal et non plus vertical. Il y a aujourd’hui une remise à niveau du pouvoir, il n’y a pas d’un côté ceux qui savent, et de l’autre le reste de la population, personne dont la parole serait plus importante, dont l’image ou l’icône écraserait les autres. C’est très démocratique. Les réunions « corporatistes » des artistes, cinéastes, enseignants montraient une envie de vivre ce moment mais plutôt comme des citoyens. Il y a de vraies agora, sous le regard de la statue du journaliste assassiné, le regretté Samir Kassir. Les gens prennent la parole, racontent, se racontent, sont écoutés. Pour l’instant les inventions, les images, les slogans les plus pertinents ne viennent pas forcément des artistes. Aujourd’hui, nous sommes dans un flux et nous l’accompagnons discrètement. Il est évident que les réseaux sociaux sont le véhicule privilégié de cette révolution. Mais on peut même dire que les smartphones en eux même ont un rôle prépondérant, il suffit de voir les images de rassemblements avec tous les écrans allumés et la conscience de la production d’un autre genre d’image, celui des drones. On alterne ainsi de l’image de visages, des selfie, à celle du drone.

    Ce mouvement très #horizontal, dont n’émerge pas véritablement de figure, je comprends bien que l’artiste, ou même le militant ou la militante, ait envie de le valoriser. Mais il rappelle les #Printemps_arabes, dont on connait aujourd’hui l’issue en Syrie, en Égypte, en Libye… seul l’exemple tunisien a débouché sur une, fragile, évolution positive. Dégager le pouvoir en place sans pouvoir le remplacer, du fait notamment du départ en diaspora de nombreux libanais, n’est-ce pas voué à l’échec ? Les manifestants réclament un gouvernement de technocrates, est-ce que cela peut vraiment être une solution ?

    D’abord en ce qui concerne les printemps arabe, même si le résultat peut paraître parfois pire, au moins les dictatures ne sont plus « naturalisées ». On ne peut pas oublier dorénavant le fait qu’il y a un peuple qui peut faire changer les choses. C’est donc une question de temps et de conjonctures. Mais pour revenir au Liban, chacun d’entre nous développe tous les scénarios catastrophes possibles dans sa tête le soir en se couchant. On a des cauchemars remplis de scénarios catastrophes… On nous a tellement parlé du risque de vide constitutionnel, dit que si on enlevait toute cette classe politique il n’y aurait plus personne pour diriger le pays, menacé du chaos, de l’anarchie, de la banqueroute et de la faillite générale. Alors évidemment il y a cette revendication d’un gouvernement de technocrates qui émerge, mais c’est pour échapper au partage traditionnel du pouvoir, et dans une perspective de transition, même si on ne sait pas ce qu’il pourrait se passer avec des personnes sans expérience politique. D’autant que tous ces leaders politiques qui se sont accrochés au pouvoir comme des fous depuis des décennies, dont certains peuvent s’appuyer sur des milices armées comme le Hezbollah, n’ont aucune raison de nous laisser faire. Un autre de ces scénarios catastrophe, souvent mis en avant, s’appuie sur la question de savoir si tout cela ne serait pas un plan Americano-je-ne-sais-quoi qui, comme dans d’autres pays, fait mine de soutenir la démocratie pour pouvoir fragiliser le pays et revenir à une guerre civile. Tous les pays de la région ont été déstabilisés, la Syrie, l’Égypte… et maintenant ce serait le tour du Liban. Oui on a tout ça en tête, et surtout comment va-t-on s’en sortir économiquement ? Mais ceux qui reprochent à la révolution de fragiliser le pays au niveau financier, devraient se demander s’il ne faut pas plutôt se pencher sur les 30 dernières années que sur les 20 derniers jours. La situation économique est terriblement préoccupante mais c’est bien cela qui pousse les gens dans les rues et pas le contraire ! Quant à ceux qui agitent la crainte du vide constitutionnel, qui a obsédé la génération de nos parents, ils devraient se demander si ce n’est pas cette peur qui a permis à ce régime de s’ancrer et de prospérer. Il faut bien avoir en tête que jusqu’à présent, nous vivions dans un désespoir profond. La situation catastrophique faisait penser à un marécage dans lequel on parvenait à peine à surnager, mais pour combien de temps encore ? Là, il y a peut-être une solution, même si ceux qu’on essaie de dégager vont essayer de faire le maximum de grabuge, leurs partisans vont descendre dans les rues, comme ça a déjà été le cas cette semaine.

    Quelles réponses émergent du côté des manifestants ?

    Bien sûr au début ça a pu sembler cacophonique, organique, mais petit à petit des voix émergent, elles ne s’imposent pas et peut-être ne veulent pas s’imposer mais apportent des éléments de réponse, provoquent des débats et mieux encore des conversations. Ce n’est pas un groupe de révolutionnaires incontrôlables qui veulent en découdre avec les symboles de l’autorité et du pouvoir, mais des gens très avides de se retrouver pour parler, discuter, partager. Ça s’organise au fur et à mesure. Il y a tous les jours, dans les espaces que les manifestants se réapproprient, que ce soit des jardins ou des bâtiments inoccupés depuis des décennies comme l’Œuf, de nombreuses discussions portant sur le droit, la constitution, la façon d’anticiper des élections parlementaires, de choisir les candidats de manière plus représentative. Des initiatives et des investigations pour retracer les sommes astronomiques volés par nos politiciens corrompus. Les idées se clarifient. Il y a eu déjà des avancées importantes : de nombreuses taxes ont été annulées, des enquêtes sont ouvertes mettant en cause des politiciens et leur réclamant l’argent volé. C’est une révolution de femmes aussi comme on le disait, et il était bien temps. Il peut y avoir quelque chose d’absolument inédit qui se reconfigure hors de ces leaders dont on a prouvé l’inefficacité et la corruption. Vous avez évoqué la revendication d’un gouvernement de technocrates, pourquoi pas. Mais cela peut aussi venir de la société civile, qui est très consciente, extrêmement articulée contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire. On a vu émerger ces dernières années des projets écologiques, humanitaires, politiques au sens le plus profond du terme, pas au sens de la politique politicienne. Il y a une émulation de groupe et de mouvements citoyens comme par exemple Beyrouth Madinati (Beyrouth notre ville), issu de la société civile et qui s’est constitué à l’occasion des dernières élections municipales. Il pourrait aussi, pourquoi pas, constituer une alternative politique. Évidemment, tout a été fait pour empêcher qu’ils n’aient pas de représentants. Quel que soit le cas de figure, que ce soient des technocrates, des personnalités de la société civile, ou une combinaison des deux qui forment le nouveau gouvernement, l’enjeu c’est de ne prendre aucune personne qui aurait déjà participé à ce système d’où le slogan « Tous c’est à dire tous ».

    « Beyrouth notre ville », il y a là presque un écho à votre œuvre « Beyrouth n’existe pas »…

    C’était en effet une façon de se réapproprier la ville et l’espace public. L’œuvre présente une photo aérienne de Beyrouth collée sur un miroir, coupée en 3000 morceaux numérotés dont les spectateurs peuvent s’emparer. Plus on retire les fragments de l’image, plus le miroir apparaît et projette l’image des visiteurs, leur environnement, la réalité qui les entoure. Ce n’est donc pas que Beyrouth n’existe pas, c’est plutôt qu’elle n’arrête pas d’exister. C’est comme quand Lacan dit « la femme n’existe pas », c’est qu’il n’y a pas Une seule femme comme il n’y a pas Un seul aspect de cette ville, Beyrouth. Depuis très longtemps, on affirme qu’il faut échapper aux définitions. Les spectateurs dans cette œuvre se réapproprient la ville, car chaque morceau de cette photo a du sens quand il est collé avec tous les fragments – ce qui donne à voir une image très nette de la ville – mais dès qu’un fragment est décollé il devient une image un peu abstraite même s’il a un sens en lui-même, au moins pour celui qui l’a pris. Les choses prennent sens toutes ensemble. C’était donc à la fois une œuvre sur la réappropriation et sur l’impossibilité de réduire un objet aussi complexe qu’une ville à un cliché qui dirait « c’est ça… » mais aussi sur le partage.

    Aujourd’hui cela se traduit donc dans des initiatives citoyennes comme Beyrouth Madinati ?

    Il y a clairement un mouvement pour se réapproprier cette ville concrètement. Le système public est tellement déficient au Liban que, par la force des choses, le privé a pris le relais. C’est évidemment une chose qui peut déplaire vu de France, mais le fait est que toutes les initiatives efficaces et pertinentes que ce soit les initiatives d’aide sociale, environnementales et même artistiques, se font grâce à l’énergie de quelques individus. Le recyclage, très présent dans la révolution actuelle et qui est très beau, cette façon qu’ont les manifestants de nettoyer tous les matins peut sembler étonnant, mais c’est très significatif pour nous. En disant cela il ne faut pas croire qu’on est contre la « chose publique » au contraire, on la souhaite, on la désire mais pour cela, il faut d’abord se débarrasser de la corruption qui la gangrène.

    Une des dernières œuvres que j’ai vu de vous ce sont vos Time Capsules, ces capsules temporelles que vous aviez présentées en 2017 et pour lesquelles vous aviez reçu le Prix Marcel Duchamp. C’est une installation qui présente des œuvres issues de carottages extraits du sous-sol de sites en construction. Une façon de faire une archéologie du présent, de montrer que la ville est le produit de couches sédimentées des occupations successives ?

    En tant qu’artistes et cinéastes, nous utilisons l’image, l’écriture, le film pour réfléchir profondément notre inscription dans le présent. Au Liban bien sûr, mais aussi dans le monde. Le Liban est un laboratoire du monde, et cette révolution qui se déroule en ce moment est là pour le montrer. On voit bien, par son côté extrême, ce qu’elle veut dire au reste du monde, de cette impossibilité de faire confiance à des leaders qui ne représentent plus leurs électeurs, qui ne pensent qu’au pouvoir. Depuis des années, nous questionnons la représentation qu’on a de nous-même, comment on écrit notre propre histoire, ce qui est retenu de l’histoire et pourquoi l’histoire est importante, ce n’est pas une question de passé, nous ne sommes surtout pas des artistes nostalgiques. Ce que nous cherchons à dire, c’est que la rupture temporelle nous empêche souvent de nous projeter dans le futur. On vit dans un présent qui ne connait pas son histoire, qui ne la discute pas, car il ne s’agit évidemment pas de souscrire à une histoire officielle. Bien au contraire, au Liban ou ailleurs, il faut questionner continuellement la façon dont ces structures sont arrivées là, comment nos sociétés se constituent, comment on a arrêté de parler ensemble, comment nos intellectuels n’accèdent plus à certaines tribunes… ce que racontent les images, la télévision. On a donc toujours cherché à déconstruire, mais nous tenons aussi à être dans une forme de proposition poétique. Les carottages c’était un moment important dans la prise de conscience de ce vertige dont on parlait au début. On avait pour ainsi dire exploré dans plusieurs directions, (les escroqueries et la corruption sur internet, l’espace avec notre film sur le projet spatial libanais…), il restait à voir ce qu’on avait sous nos pieds, ce que ça pourrait nous raconter d’aujourd’hui. C’est aussi un rapport à la géologie, l’écologie, l’anthropocène… ce qu’on fait de nos déchets, ce qu’on laisse dernière nous et comment cela produit autre chose. C’est une œuvre à la fois géologique et archéologique, puisque le carottage consiste à descendre avec une sonde et à retirer des pierres, de la terre jusqu’à 6-8 mètres. Or, à cette profondeur, on a dépassé la présence humaine, on arrive à la géologie, ce qui montre que notre présence sur terre représente finalement peu de chose. Ces traces-là nous racontent que tout répond à un cycle de construction et de destruction. Les cycles de destruction portent en eux toutes les promesses de construction, et elles sont nombreuses, ce sont les catastrophes géologiques qui mènent à des régénérations.

    https://aoc.media/entretien/2019/11/09/joana-hadjithomas-khalil-joreige-les-libanais-realisent-que-loin-de-les-prote

  • Insultes sexuelles et politique du genre dans le mouvement protestataire au #Liban

    Je rassemble ici divers éléments de discours et matériaux repérés sur les réseaux sociaux sur cette thématique, qui est exploité pour créer des divisions à l’égard du mouvement de protestation contre le gouvernement

    D’abord, un thread très éclairant de Maya Mikdashi, prof. de Gender Studies, éditrice-fondatrice de la revue en ligne Jadaliyya (@mayamikdashi sur twitter ) commentant le discours de Nasrallah avec un cadrage #genre et montrant comment les insultes sexuelles proférées contre les membres de gouvernement (insultant leur mère, leur femme, leur fille, ou les traitant de maquereau (comme je l’ai vu tagué dans le centre-ville de Beyrouth à propos du président) appellent en retour une justification des attaques contre les manifestants occupant les places centrales ou barrant des routes sur le registre de l’honneur viril bafoué.
    https://twitter.com/mayamikdashi/status/1190350060179066880

    1/thread on #Nasrallah speech: Head of #Hezbollah Sayyed Nasrallah gave highly anticipated speech today, the latter half was dedicated to situation on the ground in 🇱🇧due to #LebanonProtests. He used trope of “honor” 2 explain violence against protests (more below)

    2/he addressed government, corruption, foreign intervention & protests. Stated his disagreement with resignation Saad #Hariri, which he said effectively means that demanded economic reforms-as well as cabinet’s promises of reform-will not happen for a long time due to paralysis

    3/He addressed corruption, saying it was funny that all admit to endemic corruption & simultaneously proclaims personal innocence(subtle dig at #Aoun/ not subtle dig at everyone else). Supports professional govt & stressed #USA interference in government & economy & 🇱🇧politics

    4/while insisting that no foreign country interferes in any aspect of Hizballah’s (ie Iran) decision making (even he smiled while saying this). He supported demands of the protestors when it came 2 corruption & reform, but said that the protests quickly focused on “one side” &

    5/ that numbers of protestors were in the 100s of thousands (not millions) & that strategy of closing roads was negatively impacting civilian & economic life, stressing the closing of roads to the South. Insisted on Hizb’s ability to defend 🇱🇧 at any time from attacks by 🇮🇱

    6/ What he DID NOT DO was condemn violence against protestors by supporters of Amal & (lesser extent) Hezbollah in #Beirut and South. In fact, Nasrallah tried to explain them through gendered “honor” discourse. He stressed repeatedly that protestors had crossed⛔️lines in politics

    7/by swearing at the mothers, sisters & wives of politicians & said that any supporter would moved to defend the “honor” of the person being insulted. Nasrallah linked violence against protests to wounded masculinity & defense of honor, which is always embodied by women.

    8/ This gendered discourse seeks 2 explain violence & excuse it. #Feminists have ALSO tried 2 change chants bc they insult men through degrading women closest to them, like mothers. Feminists have attacked the gendered & sexist honor discourse that animates the chants. Nasrallah

    9/ uses same #gendered #sexist honor discourse encoded in chants 2 explain violence “in response” 2 wounded male honor & masculinity + to evade substance of protests & focus on rhetorical offenses. Disappointing but not surprising from Nasrallah, who has used honor discourse b4

    10/ This speech is important reminder that #gender politics ARE #POLITICS & should not be left out of political analysis in 🇱🇧 or elsewhere. Masculinity & its wounding was central to his explanation of their stance on protests, as was the “protection” of (men’s) honor (women)

    11/ This speech will not stop the #Lebanonprotests & is more of the same stalling strategy seen from other political factions. They all hope⏳will wear the uprising down, but protestors know this & have already called 4 more mobilization. [PS i agree with Nasrallah
    #لبنان_ينتفض

    12/ that the "all but not me"corruption talk is 😅.
    In other news #Nasrallah continues to have the most immaculate beard ever seen 👀 &
    short takeover of bank assoc. by small group protesting against regime & logic of the banking system was much more interesting 2day #لبنان_ينتفض

    FYI #GENDER POLITICS IS #POLITICS is not a topical approach (ie women in the revolution, or the"inclusion" of women &/or LGBTQ). Instead it is an ANALYTIC frame that helps us understand #politicaleconomy, discourse, practice
    & theory + law, #ideology, and much more. #Lebanon

    La question de l’insulte

    Thread de Sylvain Perdigon sur Twitter (professeur d’anthropologie à l’Université américaine de Beyrouth) :
    https://twitter.com/sylvaindarwish/status/1190600828488503296

    But also we end up with a rather long televised spoken treatise by a prominent political-religious leader on the appropriate use of language, namely, on cursing 5/n
    It’s easy to make fun of that and to find it comical (I know I do) but if I’m honest I must add that in my case it was preceded by conversations with people on the other side of the dispute, one week ago, also about the use of language and specifically cursing 6/n
    People speaking in the register of ’this is a revolution in language and this is good’ and even I’d say (the gloss is mine) ’we almost corporeally need the possibility to curse in this way’ 7/n
    and then of course we can observe that the remarks I just made can easily develop into yet another meta-mode of talking in the register of ’but how does cursing work anyway?’, ’can I push for my right to curse to be recognized and why exactly would I want to do that?’ ... 8/n
    ’can I ask for a right to curse as a matter vital to me, and also ask you to understand that my cursing you does not have to imply a refusal to share the world with you?’ 9/n
    This is what I’m trying to say when I say that so much of the current juncture seems to revolve entirely around the question of: what was, is, and should be our relation to language? and around a very poignant open-ended exploration of that. 10/n

    A titre d’illustration, un tweet signalant une vidéo d’un cadre du parti aouniste (Charbel Khalil) stigmatisant les manifestants du centre ville en raison de l’homosexualité affichée de certains d’entre ou des groupes qui les représentent.
    https://twitter.com/JeanNakhoul/status/1188894866815815681
    et la vidéo twittée : https://twitter.com/dankar/status/1188891588329639936

  • Très beau retournement de veste du parti de Saad Hariri, qui soutient désormais avec ferveur ceux qui ont démissionné et enlevé sont propre chef : Le bloc du Futur condamne les campagnes contre l’Arabie et dit attendre le retour de Hariri
    https://www.lorientlejour.com/article/1083543/le-bloc-du-futur-condamne-les-campagnes-contre-larabie-et-dit-attendr

    « Le bloc du Futur condamne toutes les campagnes qui visent l’Arabie saoudite et ses dirigeants et considère ces campagnes comme faisant partie d’un plan qui vise à semer le chaos au Liban », a affirmé la formation à l’issue de la réunion extraordinaire qu’elle a tenue sous la présidence de Fouad Siniora.

  • Le Drian : «A notre connaissance», Saad Hariri est «libre de ses mouvements» en Arabie saoudite - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1083240/le-drian-a-notre-connaissance-saad-hariri-est-libre-de-ses-mouvements

    En Arabie saoudite seulement, il faut bien entendre les propos de notre ministre.

    http://www.hispantv.com/noticias/el-libano/359125/dimision-secuestro-saad-hariri-arabia-saudi
    Varios altos funcionarios libaneses citados este jueves por la agencia británica Reuters confirman que Arabia Saudí mantiene al premier dimitido Saad Hariri secuestrado y que lo obligaron a renunciar para satisfacer sus propios intereses.

    #liban #hariri #prison_dorée

  • New Texts Out Now: Hannes Baumann, Citizen Hariri: Lebanon’s Neoliberal Reconstruction
    http://www.jadaliyya.com/pages/index/26860/new-texts-out-now_hannes-baumann-citizen-hariri_le

    With Hariri we have liberal talk and illiberal walk. This contradiction is not unique to Hariri but goes to the heart of neoliberalism. Neoliberalism is not a defined set of policies but a jumble of contradictory projects: An ideological project which says that markets allocate resources more efficiently than the government, and a political project which favors capital over labor. Neoliberalism requires the rollback of the state through privatization or welfare cuts, but it also requires strong state action to build markets and to ensure capital accumulation. Lebanese neoliberalism was first and foremost a project defined by the interests of Gulf contractor Rafiq Hariri and his business partners.

    #néolibéralisme #Liban #Hariri

  • Le géant du BTP Saudi Oger envisagerait de fermer
    http://www.batiactu.com/edito/geant-btp-saudi-oger-envisagerait-fermer-49525.php

    Le groupe de BTP saoudien Saudi Oger, détenu par la famille du Premier ministre libanais Saad Hariri, devrait mettre la clé sous la porte fin juin 2017, ont signalé, ce vendredi 16 juin 2017 des salariés et des sources proches du groupe. Au total, des milliers d’employés, notamment étrangers, seraient confrontés à des difficultés financières avec des mois de salaires impayés, rapporte l’AFP.

    « On a demandé aux employés de remettre leur lettre de fin de service. Ils ont été informés depuis un certain temps sur le fait qu’ils doivent quitter la compagnie d’ici la fin juin », a déclaré à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, un employé de ce qui fut l’un des groupes emblématiques du BTP en Arabie saoudite au cours des quarante dernières années. Un ex-salarié qui affirme attendre encore 39.000 euros de salaires impayés de Saudi Oger depuis juillet 2016 a affirmé que la compagnie devrait fermer fin juin.

    Ce qui n’est pas dit en français se trouve en arabe ailleurs (http://al-akhbar.com/node/279002) : gros coup pour le PM libanais, notamment sur le plan sybolique (l’héritage de son père). Parmi les causes de ce fiasco, la situation économique en Arabie saoudite, la corruption et la mauvaise gestion, l’absence de confiance des dirigeants saoudiens en Saad Hariri...

    #liban #hariri

  • De la faillite en Arabie saoudite, et ses répercussions libanaises - Chibli Mallat - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/1027707/de-la-faillite-en-arabie-saoudite-et-ses-repercussions-libanaises.htm

    Le problème juridique revêt plusieurs dimensions, toutes anormales. Le droit saoudien de la faillite est poreux. La loi principale qui le régit date de 1965. Amendements et applications se sont heurtés à la pratique carcérale qui régit le défaut de paiement. La sanction du défaut de paiement est la prison, et cette peine d’un autre âge est appliquée par les tribunaux aux individus. Des dizaines de décisions judiciaires récemment publiées en montrent la réalité au quotidien. Le second problème est l’exception de la famille royale et de ses dépendants immédiats : malgré des efforts réels de la justice saoudienne, qui a récemment jugé et exécuté le prince Turki bin Saoud al-Kabir pour avoir tué un homme lors d’une rixe, leur immunité financière est totale. La conséquence est que les grands défauts, souvent liés à des contrats qui ne sont pas honorés, restent littéralement hors la loi. Il n’y a pas de recours judiciaire, juste des supplications. Le problème, là aussi, est structurel. Dans une dépêche secrète qui date de 1996, publiée par WikiLeaks en 2011, l’ambassadeur américain expliquait à ses interlocuteurs que les banques saoudiennes évitent de prêter à des membres de la famille royale. Elles savent qu’elles n’ont pas de recours juridique pour des dettes non remboursées.

    La situation est tellement bizarre, et sans précédent, que personne ne sait par où commencer. Des milliers de salariés honnêtes se retrouvent de plus en plus dans la dèche alors qu’ils continuent à travailler, gratuitement, dans l’espoir que le prix du pétrole grimpe et que les coffres du gouvernement saoudien reviennent à l’engorgement d’antan. Fatalisme aveugle. On devrait pouvoir faire mieux que cela, en commençant par penser sérieusement à un cadre juridique utile pour sortir d’une impasse structurelle. En Arabie saoudite, la réforme du droit de la faillite est urgente, surtout depuis l’annonce de la « Perspective 2030 », projet officiel de redressement. Les Émirats ont passé une loi de la faillite fin octobre mettant fin à la peine de prison pour les débiteurs insolvables. Une loi saoudienne semblable serait un début, encore faut-il ne pas faire d’exception pour les « grands » qui font défaut au paiement de leurs dettes. Au Liban, il faut d’abord s’organiser pour faire face à la faillite dans sa double réalité libanaise et saoudienne. Mettre fin à la politique de l’autruche serait un bon début, et le programme du voyage présidentiel officiel à Riyad sera chargé. Surtout, il faut remplacer le fatalisme par une réflexion en termes de règles de droit, y compris du droit de la faillite.

    #faillitte #Hariri

  • Les Hariri impliqués dans un réseau de blanchiment d’argent au profit du Hezbollah ? - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/982850/les-hariri-impliques-dans-un-reseau-de-blanchiment-dargent-au-profit-

    Le quotidien Le Parisien rapporte, dans son édition de dimanche, que les services américains et français ont démantelé un vaste réseau de blanchiment de l’argent de la drogue de Colombie, « via un système de commerce de montres et de voitures de luxe destinées au Liban ». Selon l’enquête, le réseau bénéficiait au Hezbollah. mais le nom des Hariri est également cité dans l’enquête. La famille Hariri a démenti tout lien avec l’affaire

    Le #Hezbollah, la #drogue, les #hariri du #liban, hum hum...

  • • Cartes postales de Beyrouth en métamorphose
    http://blogs.afp.com/makingof/?post/beyrouth-metamorphose

    BEYROUTH, 23 novembre 2015 - Après plusieurs années à l’étranger je me suis récemment réinstallé à Beyrouth, et j’ai été choqué par la façon dont le paysage de ma ville natale s’est métamorphosé. Plus rien ne ressemble à rien.

    Au Liban, on ne respecte pas le passé. Certes la guerre civile a détruit pas mal de vieilles bâtisses, mais même celles qui tenaient encore debout à la fin du conflit sont démolies les unes après les autres. A la place, on construit des villages verticaux. Ce sont les promoteurs immobiliers qui décident. Ils sont en train de tuer l’âme et l’histoire du pays pour le transformer en nouveau Dubaï.

    #photographie #carte_postale #Beyrouth

    • Pour plus de précisions :
      http://www.cnrs.fr/cw/fr/nomi/prix/seurat98.html

      La bourse Michel Seurat 1998 a été attribuée à Emmanuel Bonne pour son travail de recherche sur « La justice en Syrie : institutions, pouvoir et société ». Cette distinction lui a été remise par Marie-Claude Maurel, directeur du département des Sciences de l’Homme et de la Societé, le mardi 12 janvier 1999, au cours d’une cérémonie au siège du CNRS.

      La bourse Michel Seurat a été créée en 1988 « pour honorer la mémoire de ce chercheur CNRS, spécialiste des questions islamistes, disparu dans des conditions tragiques. Ce programme vise à aider financièrement chaque année un jeune chercheur, français ou ressortissant d’un pays du Proche-Orient, contribuant ainsi à promouvoir connaissance réciproque et compréhension entre la société française et le monde arabe ». L’appel à candidature porte sur « les sociétés ou les cultures contemporaines du Proche-Orient ».

      Emmanuel Bonne est chercheur au Centre d’Etudes et de Recherches sur le Moyen-Orient contemporain (CERMOC, Beyrouth). Il prépare une thèse sur « La justice en Syrie : institutions, pouvoir et société », dirigée par Bernard Botiveau, directeur de recherche au CNRS, dans le cadre du programme doctoral « monde arabe et musulman » à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence.

      La recherche porte d’abord sur les constructions juridiques et politiques de la justice en Syrie. Elle traite des mutations du droit et de la formation institutionnelle de la justice depuis les réformes ottomanes au XIXe siècle, et analyse les mécanismes d’importation du droit, le projet politique qui la justifie et la formation d’un droit national après l’indépendance. Elle traite par ailleurs de la mise en œuvre de la modernité politique, appréhendée à travers le développement de l’enseignement du droit, des professions juridiques et du rôle des juristes dans la vie publique avant l’accession au pouvoir en 1963 du parti Ba’th (d’inspiration socialiste et nationaliste arabe).
      Emmanuel Bonne s’intéresse ensuite aux recompositions des pratiques et aux stratégies sociales de la justice en Syrie aujourd’hui ; il traite d’abord de la dévaluation des métiers du droit, appréhendée à travers l’affaiblissement de l’autorité des juges et les nouveaux rôles sociaux des avocats. Les conséquences du contrôle politique sur la magistrature sont étudiées, notamment dans la rupture de l’unité corporative et la paupérisation des juges. L’étude monographique du palais de justice de Damas permet d’analyser les conditions dans lesquelles les juges exercent la justice.
      Emmanuel Bonne observe que les tribunaux servent couramment d’instance d’officialisation de l’accord social, et analyse la permanence des droits coutumiers et le regain des solutions communautaires aux conflits sociaux.

      En fait Emmanuel Bonne n’a jamais terminé cette thèse, et je ne sais pas s’ila même jamais publié un article sur le sujet (si c’est le cas, peut être pas d’ailleurs sous son vrai nom). Il a ensuite choisi la voie diplomatique.

      Il vaut la peine de rappeler son étude publiée en 1995, qui reste donc sa principale (et unique ?) contribution académique :
      Bonne, E., 2014, Vie publique, patronage et clientèle  : Rafic Hariri à Saïda, Aix-en-Provence, Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman.
      En ligne sur http://books.openedition.org/iremam/2811?lang=fr
      Une étude détaillée de ses relations avec le milieu politique local (élites, milices), de ses activités de mécénat culturel et éducatif et de ses interventions en urbanisme, et de son affirmation politique au début des années 1990. Le tout dans un style théorique un peu maladroit qui n’a pas très bien vieilli (à mon avis) mais qui contribue à une mise à distance de l’homme et des polémiques qu’il commençait alors à susciter.
      #Hariri #Saida
      #Emmanuel_Bonne

  • A map of Beirut’s private coast - Executive Magazine
    http://www.executive-magazine.com/private-coast-map

    Click here to download Executive’s full PDF map of Beirut’s private coast from Dalieh to the southern city limits.
    [http://www.executive-magazine.com/wp-content/uploads/2015/06/private-coast-final-web.pdf]
    Read the accompanying article, ‘Seashore, Inc.’, here. [http://www.executive-magazine.com/business-finance/real-estate/seashore-inc
    https://dl.dropboxusercontent.com/u/17206670/beyrouth%20private%20coast.JPG
    Executive will be publishing the primary source documents that formed the basis for this map and report on a rolling basis. Check back for more on this over the next month.

    #cartographie #Beyrouth #littoral #biens_fonds_maritimes #Hariri

  • Destruction de la culture au Proche-Orient : de qui se moque t on ? Un bulldozer peut en cacher un autre
    Editorial Cartoons | THE DAILY STAR
    http://www.dailystar.com.lb/Cartoons.aspx?id=1635


    Le Daily Star peut bien moquer les « incultes » de Daesh : cette caricature pourrait facilement être détournée en écrivant Ministry of culture of the Republic of Lebanon, avec comme site archéologique : le centre ville, le site d’Echmoun à Saida, ou tant d’autres ailleurs au Liban...
    Mieux, voilà deux photos d’archive avec des bulldozers qui portent des autocollants OGER (1983 dans le centre-ville de Beyrouth).
    https://dl.dropboxusercontent.com/u/17206670/Ph2OGERplDebbas.JPG
    https://dl.dropboxusercontent.com/u/17206670/Ph1souknourieh.JPG
    #daesh #IS #EI #Hariri #solidere #Beyrouth #patrimoine

  • Foreign Powers Buy Influence at #Think_Tanks
    http://www.nytimes.com/2014/09/07/us/politics/foreign-powers-buy-influence-at-think-tanks.html

    Je ne savais pas que la famille #Hariri était une « puissance étrangère » (là où même de véritables puissances étrangères n’ont aucune chance d’acheter la moindre #influence)

    The arrangements involve Washington’s most influential think tanks, including the Brookings Institution, the Center for Strategic and International Studies, and the Atlantic Council. Each is a major recipient of overseas funds, producing policy papers, hosting forums and organizing private briefings for senior United States government officials that typically align with the foreign governments’ agendas.

    (...)

    Michele Dunne served for nearly two decades as a specialist in Middle Eastern affairs at the State Department, including stints in Cairo and Jerusalem, and on the White House National Security Council. In 2011, she was a natural choice to become the founding director of the Atlantic Council’s Rafik Hariri Center for the Middle East, named after the former prime minister of Lebanon, who was assassinated in 2005.

    The center was created with a generous donation from Bahaa Hariri , his eldest son, and with the support of the rest of the Hariri family, which has remained active in politics and business in the Middle East. Another son of the former prime minister served as Lebanon’s prime minister from 2009 to 2011.

    But by the summer of 2013, when Egypt’s military forcibly removed the country’s democratically elected president, Mohamed Morsi, Ms. Dunne soon realized there were limits to her independence. After she signed a petition and testified before a Senate Foreign Relations Committee urging the United States to suspend military aid to Egypt, calling Mr. Morsi’s ouster a “military coup,” Bahaa Hariri called the Atlantic Council to complain, executives with direct knowledge of the events said.

    Ms. Dunne declined to comment on the matter. But four months after the call, Ms. Dunne left the Atlantic Council.

    (...)

    Ms. Dunne was replaced by Francis J. Ricciardone Jr., who served as United States ambassador to Egypt during the rule of Hosni Mubarak, the longtime Egyptian military and political leader forced out of power at the beginning of the Arab Spring. Mr. Ricciardone, a career foreign service officer, had earlier been criticized by conservatives and human rights activists for being too deferential to the Mubarak government.

    Scholars at other Washington think tanks, who were granted anonymity to detail confidential internal discussions, described similar experiences that had a chilling effect on their research and ability to make public statements that might offend current or future foreign sponsors. At Brookings, for example, a donor with apparent ties to the Turkish government suspended its support after a scholar there made critical statements about the country, sending a message, one scholar there said.

    “It is the self-censorship that really affects us over time,” the scholar said. “But the fund-raising environment is very difficult at the moment, and Brookings keeps growing and it has to support itself.”

    The sensitivities are especially important when it comes to the Qatari government — the single biggest foreign donor to Brookings.

    Brookings executives cited strict internal policies that they said ensure their scholars’ work is “not influenced by the views of our funders,” in Qatar or in Washington. They also pointed to several reports published at the Brookings Doha Center in recent years that, for example, questioned the Qatari government’s efforts to revamp its education system or criticized the role it has played in supporting militants in Syria.

    But in 2012, when a revised agreement was signed between Brookings and the Qatari government, the Qatar Ministry of Foreign Affairs itself praised the agreement on its website, announcing that “the center will assume its role in reflecting the bright image of Qatar in the international media, especially the American ones.” Brookings officials also acknowledged that they have regular meetings with Qatari government officials about the center’s activities and budget, and that the former Qatar prime minister sits on the center’s advisory board.

    Mr. Ali, who served as one of the first visiting fellows at the Brookings Doha Center after it opened in 2009, said such a policy, though unwritten, was clear.

    “There was a no-go zone when it came to criticizing the Qatari government,” said Mr. Ali, who is now a professor at the University of Queensland in Australia. “It was unsettling for the academics there. But it was the price we had to pay.”

    #corruption #Etats-Unis

  • Defense lawyer cautions #Hariri tribunal against «show trial»
    http://english.al-akhbar.com/content/defense-lawyer-cautions-hariri-tribunal-against-show-trial

    A lawyer for one of five men accused over the 2005 assassination of former Lebanese prime minister Rafik Hariri on Thursday warned the court against hosting a “show trial” by rushing proceedings before the defense counsel was allowed adequate time to prepare. Mohammed Aouini, chief defense lawyer for Hassan Merhi, complained that prosecutors in the Special Tribunal for Lebanon (STL) had nine years to gather evidence, while his team was only assembled earlier this year and has not yet received reports from its two appointed experts to analyze data. read more

    #show_trial #STL #The_Hague

  • #STL resumes #Hariri murder trial
    http://english.al-akhbar.com/content/stl-resumes-hariri-murder-trial

    The prosecution in an international tribunal set up to investigate the 2005 assassination of former Lebanese prime minister Rafik Hariri was to deliver its opening statement Wednesday against a man it suspects of involvement in the killing. The Hague-based Special Tribunal for #Lebanon (STL) resumed its trial Wednesday after a four month hiatus to allow the defense team of Hassan Merhi time to prepare after his case was merged with that of four other suspects indicted in the murder. read more

    #STL

  • #Michel_Aoun: The last strong presidential candidate
    http://english.al-akhbar.com/content/michel-aoun-last-strong-presidential-candidate

    Lebanese President #Michel_Suleiman (L) attends the 25th Arab League summit at Bayan palace in Kuwait City on March 25, 2014. His term expires at the end of May, with Michel Aoun looking to succeed him. (Photo: AFP-Yasser al-Zayyat) Lebanese President Michel Suleiman (L) attends the 25th Arab League summit at Bayan palace in Kuwait City on March 25, 2014. His term expires at the end of May, with Michel Aoun looking to succeed him. (Photo: AFP-Yasser al-Zayyat)

    We will not have another presidential election like this one. Since 1990, people have hoped that a strong president would return to the Baabda presidential palace to create a balance between Christian, Sunni, and Shia influence in the government. (...)

    #Lebanon #Articles #France #gebran_bassil #Hariri #Iran #Jean_Obeid #Lebanese_presidential_elections #Nabih_Berri #Saudi_Arabia #US #Walid_Jumblatt #Ziad_Baroud

  • Special Tribunal for #Lebanon aims to stifle Lebanese press
    http://english.al-akhbar.com/content/special-tribunal-lebanon-aims-stifle-lebanese-press

    Saad #Hariri, the son of #Lebanon's assassinated ex-premier Rafiq Hariri, recites the Fatiha or the prayer of the dead over the tomb of his father in downtown Beirut late 30 May 2007, after the UN vote to set up an international court to try the murder suspects. (Photo: AFP-Patrick Baz)

    A plan to stifle the Lebanese press is in the works, but this time it’s being orchestrated in the name of international justice. The #Special_Tribunal_for_Lebanon (STL) has moved to force the Lebanese media to refrain from publishing any information about the court’s work that the #STL does not disclose officially. Their decision undercuts a main prerogative of the press and aims to turn the Lebanese media into a mouthpiece for the STL. read (...)

    #Al-Jadid #Articles #Future_TV #New_TV

    • The Hariri International Kangaroo tribunal
      http://angryarab.blogspot.fr/2014/04/the-hariri-international-kangaroo.html

      Because the US and Israel are behind the Hariri international tribunal, and because Saudi Arabia and its camp in Lebanon are supportive, the court is permitted to issue decrees that would not even be permitted in any Western country. This week, it issued yet another decree in which it said that defaming the court would lead to a 100,000 euros and seven years in jail. It also banned any use of secret information, which have been leaking from inside the court since its inception. Hell, New TV aired footage of the second in command of the Hariri court investigation in which he was seen taking bribes on camera. False witnesses were used as basis of crazy scenarios and then discarded without explanation. Four Lebanese generals were held as being responsible before being released for non-involvement. The court went through so many tracks of theories before settling on the Hizbullah track. Defaming this lousy court is a patriotic and national duty for the Lebanese people.

  • #STL defense demands adequate time to prepare for stalled trial
    http://english.al-akhbar.com/content/stl-defense-demands-adequate-time-prepare

    A lawyer for a man accused of involvement in the 2005 Beirut bombing that killed former Lebanese prime minister Rafik #Hariri told the tribunal set up to investigate the assassination that they needed more prep time before the trial could resume. #The_Hague-based Special Tribunal for #Lebanon adjourned the trial on February 12, less than one month after it began, after the case of Hassan Merhi was merged with that of four other suspects indicted in the murder. read more

    #STL #Top_News