• Les traversées de migrants reprennent en Méditerranée, mais les arrivées en Italie diminuent
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/01/les-traversees-de-migrants-reprennent-en-mediterranee-mais-les-arrivees-en-i

    Les traversées de migrants reprennent en Méditerranée, mais les arrivées en Italie diminuent
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)
    Il a suffi de quelques jours de météo clémente pour que les traversées en Méditerranée centrale, entre la Tunisie, la Libye et l’Italie, repartent à la hausse. Environ cinq mille personnes sont arrivées en Italie lors des deux dernières semaines, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies, presque autant que sur la période courant du 1er janvier et le 10 mars. Des chiffres qui restent cependant très inférieurs au plus de 20 400 arrivées comptabilisées entre janvier et mars 2023.
    Elus notamment sur un discours anti-migrants, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, et son gouvernement n’ont pas manqué de se féliciter de ce fléchissement. Leurs efforts, tant à l’échelle nationale qu’internationale, disent-ils, ont permis une diminution significative des arrivées dans la péninsule. « Un travail sérieux donne des résultats », s’est réjoui le ministre de l’intérieur Matteo Piantedosi dans un entretien accordé au quotidien milanais Il Foglio, le 20 mars. Avec un peu plus de 7 000 personnes débarquées entre janvier et mars, les arrivées en Italie depuis la Libye restent stables. Par contre, elles ont nettement baissé depuis la Tunisie. Après une vague sans précédent en 2023, la Tunisie a vu les départs de migrants et de demandeurs d’asile se contracter de 71 % depuis le début de l’année, après que leurs conditions de vie sur place se sont brutalement dégradées suite aux déclarations du président Kaïs Saïed. Ce dernier avait décrit en février 2023 l’afflux d’exilés subsahariens comme une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique de la Tunisie ».
    L’Europe s’était alors mobilisée au plus haut niveau pour tenter d’endiguer les migrations en provenance des côtes tunisiennes avec pour point d’orgue la signature d’un mémorandum d’entente entre Bruxelles et Tunis, le 16 juillet 2023, dont l’un des volets porte sur la lutte contre l’immigration irrégulière. Bien que M. Saïed ait répété que son pays ne jouera pas le rôle de « garde-frontière », les forces de l’ordre tunisiennes ont multiplié les opérations contre les réseaux de passeurs et des ateliers de fabrication de bateaux servant à la traversée, depuis la fin de l’été précédent.
    Elles ont en parallèle poursuivi les arrestations et expulsions arbitraires des migrants et demandeurs d’asile vers les frontières de ses voisins. Celles-ci sont devenues « systématiques » après chaque interception en mer selon le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor. Bien que documentées par Le Monde et d’autres médias et dénoncées par plusieurs organisations de la société civile, ces pratiques sont continuellement niées par les autorités tunisiennes.
    Le renforcement du contrôle migratoire, appuyé par Bruxelles mais aussi Paris et Rome, s’est fait au prix de « conséquences humanitaires catastrophiques », déplore M. Ben Amor. « D’une part, avec la baisse des départs, les migrants se retrouvent coincés en Tunisie, sans possibilité de travailler ou de se loger, dans des conditions déplorables. D’autre part, il y a la situation alarmante en mer avec de très nombreux morts », souligne-t-il. Cinq corps ont été récupérés le 9 mars au cours d’une opération de la garde nationale maritime, neuf le 15 février, treize une semaine plus tôt.
    Dans cette zone maritime entre la Libye et l’Italie, la situation n’est guère meilleure : soixante personnes d’un canot secouru par l’ONG SOS Méditerranée, le 13 mars, sont portées disparues. Au total, au moins 442 personnes y ont déjà péri noyé depuis janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des « estimations minimales » qui ne prennent en compte que les naufrages connus, précise l’OIM.
    Les images publiées par l’ONG allemande Sea-Watch, filmées depuis son avion de surveillance au large de Malte, le 24 mars, montrant un pétrolier battant pavillon panaméen engagé, en l’absence des autorités compétentes, dans une opération délicate pour secourir une embarcation de fortune transportant une quarantaine de migrants et tenter de récupérer plusieurs d’entre eux, tombés à l’eau, témoignent du manque de moyens accordé par les Etats.
    Parallèlement, les quelques ONG qui essaient de venir en aide aux migrants subissent une répression croissante des autorités italiennes. Depuis le début de l’année, au moins cinq navires d’humanitaires ont été bloqués dans des ports de la péninsule : le Geo Barents de Médecins sans frontières, l’Ocean Viking de SOS Méditerranée, le Sea-Watch 5 et le Humanity 1 des ONG éponymes. Le Sea-Eye 4, dernier en date à subir cette sanction, a quant à lui écopé de soixante jours d’immobilisation à Reggio de Calabre, « la détention administrative la plus longue jamais imposée à un navire de sauvetage en mer », a indiqué l’organisation Sea-Eye, lundi 11 mars. A ces entraves, les autorités maritimes italiennes ont depuis plus d’un an pris l’habitude de désigner des ports du centre et du nord du pays pour débarquer les rescapés secourus par les ONG. Une pratique qui rallonge les temps de trajet et éloigne les navires des zones de sauvetage. Dans un communiqué publié le 22 février, un groupe d’ONG a dénoncé ces « obstructions » qui participent, selon elles, à « entraver les activités de recherche et de sauvetage » provoquant une « augmentation du nombre de morts ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#italie#mediterranee#traversee#migrationirreguliere#mortalite#humanitaire#sante#frontiere

  • Plus de 120 personnes secourues sur la dangereuse route des Canaries - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56120/plus-de-120-personnes-secourues-sur-la-dangereuse-route-des-canaries

    Plus de 120 personnes secourues sur la dangereuse route des Canaries
    Par La rédaction Publié le : 29/03/2024
    Les garde-côtes espagnols ont porté secours à trois embarcations entre mercredi 27 et jeudi 28 mars. Au moins 120 exilés subsahariens, parmi lesquels des enfants, ont pu être débarqués sains et saufs sur l’île de Gran Canaria. L’archipel des Canaries, porte d’entrée vers l’Europe, fait face à une importante recrudescence des arrivées ces derniers mois.
    Soixante-neuf personnes ont été secourues jeudi 28 mars, après avoir été repérées sur une embarcation à environ 22 kilomètres au sud de l’île de Gran Canaria, la plus importante de l’archipel espagnol des Canaries.Le centre de coordination et de sauvetage maritime (MRCC) de Las Palmas a été alerté le matin, à 7h50, d’une embarcation en détresse. Le navire Salvamar Macondo, envoyé sur place, a pu la localiser une heure après, selon les autorités. L’opération de sauvetage a alors été lancée. À bord se trouvaient trois enfants, quatre femmes et 62 hommes subsahariens, rapporte l’agence de presse EFE. Toujours selon les autorités, l’embarcation se trouvait en panne de carburant. L’ensemble des rescapés a été débarqué au port d’Arguineguín. Une deuxième embarcation dont le nombre de passagers n’a pas encore été communiqué a été escortée, jeudi matin également, par le navire de sauvetage Guardamar Calíope jusqu’à ce même port.
    La veille, mercredi 27 mars, le Guardamar Calíope avait déjà été mobilisé sur une opération de sauvetage depuis le port d’Arguineguín. Un navire marchand avait donné l’alerte pour une embarcation, aperçue en haute mer, très tard dans la soirée du mardi 26 mars. Cinquante-trois exilés d’origine subsaharienne étaient à bord, parmi lesquels au moins une mineure. À 23h35 selon les autorités, le Guardamar Calíope a pu rejoindre l’embarcation, cette fois à 204 kilomètres au sud de Gran Canaria. Le navire a été appuyé dans son opération de sauvetage par un avion et un hélicoptère, souligne EFE. Les rescapés ont pu être débarqués à quai plusieurs heures après, le matin du 27 mars, vers 8h30.
    Selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur dévoilés mi-mars, plus de 15 000 personnes sont arrivées en Espagne par la mer depuis janvier, soit 300% de plus que l’an dernier à la même période. La majorité - plus de 12 000 - est arrivée via l’archipel des Canaries.La hausse des arrivées en Espagne, notamment aux Canaries, s’explique notamment par une augmentation des départs depuis la Mauritanie. La majorité des canots débarqués en janvier 2024 dans l’archipel espagnol avait pris la mer depuis les rives mauritaniennes, malgré de nombreux accords entre Nouakchott et Madrid pour lutter contre l’immigration irrégulière. Beaucoup partent aussi des côtes sénégalaises.
    En 2023, l’archipel a vu arriver 40 000 migrants, très majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Un record, supérieur de 154% à celui de 2022.Cette route maritime est pourtant extrêmement meurtrière. Sept personnes sont décédées dans un naufrage annoncé par les autorités espagnoles le 12 mars. Une semaine plus tôt, quatre corps avaient déjà été retrouvés dans une pirogue par les sauveteurs au large de l’île canarienne d’El Hierro.
    D’après l’ONG Caminando Fronteras, au moins 6 618 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, soit 18 exilés disparus par jour en moyenne.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#senegal#elhierro#grancanaria#mauritanie#routemigratoire#atlantique#sante#humanitaire#mortalite

  • Plus de 120 personnes secourues sur la dangereuse route des Canaries - InfoMigrants
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    Plus de 120 personnes secourues sur la dangereuse route des Canaries
    Par La rédaction Publié le : 29/03/2024
    Les garde-côtes espagnols ont porté secours à trois embarcations entre mercredi 27 et jeudi 28 mars. Au moins 120 exilés subsahariens, parmi lesquels des enfants, ont pu être débarqués sains et saufs sur l’île de Gran Canaria. L’archipel des Canaries, porte d’entrée vers l’Europe, fait face à une importante recrudescence des arrivées ces derniers mois.
    Soixante-neuf personnes ont été secourues jeudi 28 mars, après avoir été repérées sur une embarcation à environ 22 kilomètres au sud de l’île de Gran Canaria, la plus importante de l’archipel espagnol des Canaries.Le centre de coordination et de sauvetage maritime (MRCC) de Las Palmas a été alerté le matin, à 7h50, d’une embarcation en détresse. Le navire Salvamar Macondo, envoyé sur place, a pu la localiser une heure après, selon les autorités. L’opération de sauvetage a alors été lancée. À bord se trouvaient trois enfants, quatre femmes et 62 hommes subsahariens, rapporte l’agence de presse EFE. Toujours selon les autorités, l’embarcation se trouvait en panne de carburant. L’ensemble des rescapés a été débarqué au port d’Arguineguín. Une deuxième embarcation dont le nombre de passagers n’a pas encore été communiqué a été escortée, jeudi matin également, par le navire de sauvetage Guardamar Calíope jusqu’à ce même port.
    La veille, mercredi 27 mars, le Guardamar Calíope avait déjà été mobilisé sur une opération de sauvetage depuis le port d’Arguineguín. Un navire marchand avait donné l’alerte pour une embarcation, aperçue en haute mer, très tard dans la soirée du mardi 26 mars. Cinquante-trois exilés d’origine subsaharienne étaient à bord, parmi lesquels au moins une mineure. À 23h35 selon les autorités, le Guardamar Calíope a pu rejoindre l’embarcation, cette fois à 204 kilomètres au sud de Gran Canaria. Le navire a été appuyé dans son opération de sauvetage par un avion et un hélicoptère, souligne EFE. Les rescapés ont pu être débarqués à quai plusieurs heures après, le matin du 27 mars, vers 8h30.
    Selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur dévoilés mi-mars, plus de 15 000 personnes sont arrivées en Espagne par la mer depuis janvier, soit 300% de plus que l’an dernier à la même période. La majorité - plus de 12 000 - est arrivée via l’archipel des Canaries.La hausse des arrivées en Espagne, notamment aux Canaries, s’explique notamment par une augmentation des départs depuis la Mauritanie. La majorité des canots débarqués en janvier 2024 dans l’archipel espagnol avait pris la mer depuis les rives mauritaniennes, malgré de nombreux accords entre Nouakchott et Madrid pour lutter contre l’immigration irrégulière. Beaucoup partent aussi des côtes sénégalaises.
    En 2023, l’archipel a vu arriver 40 000 migrants, très majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Un record, supérieur de 154% à celui de 2022.Cette route maritime est pourtant extrêmement meurtrière. Sept personnes sont décédées dans un naufrage annoncé par les autorités espagnoles le 12 mars. Une semaine plus tôt, quatre corps avaient déjà été retrouvés dans une pirogue par les sauveteurs au large de l’île canarienne d’El Hierro.
    D’après l’ONG Caminando Fronteras, au moins 6 618 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, soit 18 exilés disparus par jour en moyenne.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#senegal#elhierro#grancanaria#mauritanie#routemigratoire#atlantique#sante#humanitaire#mortalite

  • « L’Union européenne doit impérativement améliorer le dispositif de secours des migrants naufragés en Méditerranée »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/28/l-union-europeenne-doit-imperativement-ameliorer-le-dispositif-de-secours-de

    « L’Union européenne doit impérativement améliorer le dispositif de secours des migrants naufragés en Méditerranée »
    Tribune Pierre Micheletti Membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme/CNCDH
    François Thomas Président de SOS Méditerranée
    La perspective des élections du nouveau Parlement européen en juin 2024 donne à la question du sauvetage un relief et des enjeux cruciaux, car les futures orientations de l’Union européenne (UE) seront bien sûr influencées par le résultat de ces élections.
    Le Forum humanitaire européen qui se tenait à Bruxelles les 18 et 19 mars aurait pu constituer un espace légitime pour inscrire les secours en mer à l’agenda politique de l’UE. Ce sujet a pourtant été totalement occulté. Or l’Union doit impérativement améliorer le dispositif de secours des migrants naufragés en Méditerranée.
    Les drames récurrents – pas toujours documentés, car certains naufrages se font sans témoin – des noyades en Méditerranée sont aujourd’hui l’une des expressions les plus pathétiques de la fuite de personnes acceptant tous les risques dans leur aspiration à plus de sécurités fondamentales. Ainsi, c’est en Méditerranée que l’on dénombre désormais le plus de décès sur le chemin de la migration. De 2014 à janvier 2024, le nombre de morts est estimé à près de 29 000 personnes.
    Il est un aspect des questions migratoires qui ne se prête pourtant pas à de rudes, et parfois manichéennes, controverses politiques : c’est la question du devoir de recherche et d’assistance aux naufragés. Car cette question relève d’un cadre juridique qui ne fait pas débat. Ni au regard du droit de la mer, ni en référence au droit international humanitaire. Le naufrage survenu le 3 octobre 2013 à Lampedusa, coûtant la vie à 368 migrants, provoqua une profonde émotion en Italie, et Enrico Letta, alors président du Conseil, déclencha une opération militaro-humanitaire destinée à la fois à secourir les immigrants naufragés et à dissuader les passeurs.
    Ce dispositif de sauvetage, « Mare nostrum » [lancé en octobre 2013], souvent salué pour son efficacité et son humanité, a eu une durée de vie éphémère. Le coût de ce déploiement militaire était important, estimé à environ 9 millions d’euros par mois. Il fut presque entièrement supporté par l’Italie, l’Europe n’ayant accordé qu’une aide minime, dont Rome demandait avec constance l’augmentation.
    Ce repli dans l’implication de l’UE au service du sauvetage est d’autant plus incompréhensible que l’Union est par ailleurs l’un des contributeurs majeurs à l’enveloppe annuelle consacrée à l’aide internationale d’urgence.On assiste donc en Méditerranée à la mise en place d’une stratégie de « défaussement » de l’entité qui se revendique comme la plus grande démocratie mondiale, au profit d’autorités libyennes et tunisiennes aux comportements obscurs et violents, et, par transfert de mandat, à des ONG. Ces organisations sont pourtant soumises à des stratégies délibérées de harassement et d’empêchement à agir. Sans aucune volonté de contribution financière de la part de l’UE aux profits des actions qu’elles déploient.
    Certaines agences des Nations unies se sont, elles aussi, exprimées publiquement en 2023 pour dénoncer la situation qui prévaut en Méditerranée. Dans une prise de parole commune, l’Organisation internationale pour les migrations, le Haut-Commissariat pour les réfugiés et le Fonds des Nations unies pour l’enfance ont publiquement appelé les Etats à « prendre leurs responsabilités ».
    Primum non nocere ! La formule [locution latine qui signifie « d’abord, ne pas nuire »], familière pour les professionnels de santé, semble ne pas inspirer la politique européenne, bien au contraire.
    Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Immigration : « Il est temps de cesser d’être complice des pulsions les plus ouvertement xénophobes en Europe »
    Malgré les besoins et les drames récurrents, on assiste, de la part de certains pays de l’UE, au déploiement de stratégies délibérées d’épuisement des ONG de secours. Elles sont développées sciemment pour contrer les opérations de secours en mer, situation inacceptable au regard du droit. Stupéfiante stratégie européenne : ne pas aider, et laisser les Etats riverains entraver ceux qui aident…
    Une photographie de la situation globale des navires de sauvetage à l’approche de l’été 2021 rend compte des paralysies répétées des moyens de secours qui existaient déjà à cette date. La quasi-totalité des navires étaient ainsi immobilisés à la mi-juin 2021. Le Geo-Barents, affrété par l’ONG Médecins sans frontières depuis le 26 mai 2021, était alors le seul bateau d’ONG opérationnel en Méditerranée centrale, avec l’Aita-Mari du collectif espagnol Maydayterraneo.
    Immobilisation forcée
    Tout récemment, SOS Méditerranée s’est trouvée confrontée à de tels blocages trois fois en quelques semaines, en novembre et décembre 2023, puis en février 2024. Le 2 mars, alors que l’équipage de l’ONG allemande Humanity 1 procédait au sauvetage de personnes en détresse en mer, les gardes-côtes libyens ont ouvert le feu. Plusieurs migrants se sont alors jetés à l’eau et l’un d’eux s’est noyé.
    La législation italienne a alors intégré les effets du décret-loi « Piantedosi », qui limite la capacité des navires des ONG de recherche et de sauvetage à effectuer plusieurs opérations de secours d’affilée. Tout écart, pour des motifs parfois aussi futiles que pernicieux, peut désormais conduire le navire et son équipage à une immobilisation forcée.L’interpellation du ministre italien à l’origine du décret par la commissaire aux droits de l’homme de Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, pour demander le retrait du décret est pourtant restée sans effet.Sur l’ensemble de l’année 2023, seize détentions administratives ont ainsi été prononcées en Italie sur la base du nouveau décret, immobilisant les différents navires durant 320 jours cumulés. En désignant des ports distants pour débarquer les rescapés, les autorités italiennes ont, de plus, imposé aux bateaux l’équivalent d’une année de navigation inutile, pénalisant lourdement les dépenses en combustible des navires de sauvetage des ONG.
    Le dispositif « Mare nostrum » continue de servir de référence intéressante pour restaurer de la sécurité. Les organisations humanitaires doivent plaider pour le réinvestissement solidaire et concret des Etats européens dans les sauvetages en Méditerranée. Elles ne peuvent se satisfaire de la seule délégation de responsabilité qu’elles ont héritée par défaut des politiques publiques de l’UE, comme antidote à la violence incontrôlée en vigueur dans les pays de la rive sud de la Méditerranée.
    L’agence Frontex, comme les autorités grecques, a été pointée du doigt récemment encore par la médiatrice européenne dans son rapport relatif au drame ayant coûté la vie à 650 personnes lors du naufrage de l’Adriana, en juin 2023. Pour Hans Leijtens, son directeur, « [Frontex n’est] pas l’Agence européenne de recherche et de sauvetage. [Elle est] l’Agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes ».Créée en 2004 avec un mandat limité, Frontex a progressivement gagné en puissance, en ressources, jusqu’à devenir l’un des organismes les plus importants de l’Union européenne. L’agence devrait compter environ 10 000 agents et disposer d’un budget de 1 milliard d’euros d’ici à 2027. Mais alors, de qui les sauvetages en Méditerranée sont-ils l’affaire ?
    En 2023, une partie des migrants en Méditerranée venait de Syrie, d’Afghanistan, des territoires palestiniens, du Bangladesh, de Somalie… Autant de terrains de crise où sont actives de vitales organisations humanitaires.
    Dès lors, l’attention portée aux naufragés aux portes de l’Europe relève pour ces mêmes acteurs humanitaires d’une forme de cohérence et de continuité entre le proche et le lointain.
    Le sauvetage des naufragés ne peut être délégué, sans autre forme d’appui et de soutien, à quelques ONG de secours en mer qui affrontent, souvent seules, les enjeux politiques, juridiques, sécuritaires et financiers qui vont de pair avec leur implication opérationnelle.Quelques grandes ONG internationales, et la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sont déjà engagées dans de salutaires actions, alliances et synergies auprès des navires de sauvetage.Il faut aller plus fort, plus loin, plus nombreux pour que la Méditerranée soit reconnue comme un espace d’intervention humanitaire, et que l’Europe ne fasse plus semblant d’ignorer cette réalité.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#mediterranee#traversee#naufrage#mortalite#ONG#humanitaire#sante#droit#frontex

  • Les naufrages, première cause de décès sur les routes de l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56063/les-naufrages-premiere-cause-de-deces-sur-les-routes-de-lexil

    Les naufrages, première cause de décès sur les routes de l’exil
    Par La rédaction Publié le : 27/03/2024
    Plus de la moitié des migrants ayant perdu la vie sur les routes de l’exil ces 10 dernières années sont morts en mer, selon l’ONU. Depuis 2014, au moins 36 000 décès ont été recensés lors de naufrages sur un total de 63 000 morts partout dans le monde.
    Sur les routes de l’exil, les migrants sont confrontés à un certain nombre de dangers. Mais le plus grand risque reste les traversées maritimes. Selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) publié mardi 26 mars, 36 000 exilés ont perdu la vie en mer, partout sur la planète, ces 10 dernières années.
    D’après le projet « Missing migrants » de l’agence onusienne, ce chiffre représente la moitié des 63 000 décès ou disparitions dénombrés depuis 2014, date des premiers recensements de l’OIM.
    La traversée de la Méditerranée vers l’Europe demeure la route la plus meurtrière au monde : 27 000 migrants ont péri dans ces eaux en 10 ans, indique encore l’ONU.Et ce chiffre pourrait être encore plus élevé en raison de la difficulté de collecter des données fiables. Nombre de ces personnes sont mortes dans des naufrages collectifs et leurs corps n’ont pas été retrouvés.
    Plus des deux tiers des personnes dont le décès a été documenté dans le cadre du projet « Missing migrants » n’ont pas pu être identifiées, une situation douloureuse pour les familles des victimes, souligne l’OIM. Autre enseignement du rapport : plus d’un migrant sur trois dont l’origine a pu être identifiée venait d’un pays en guerre, dit l’agence dont l’une des priorités est de travailler avec les gouvernements "pour faciliter des voies d’accès sûres, régulières et
    L’année 2023 a été une période de record avec la mort de 8 500 personnes sur les routes de l’exil dans le monde, dont plus de 3 000 en Méditerranée. Un chiffre jamais atteint depuis 2017.
    L’un des pires naufrages en Méditerranée orientale est survenu en juin 2023 au large de la Grèce lorsqu’un bateau de pêche parti de Libye avec jusqu’à 750 personnes à bord avait chaviré. Seules 104 personnes ont survécu et 82 corps ont été retrouvés.
    Jusqu’à présent, les chiffres de 2024 ne sont pas plus rassurants, a prévenu l’organisation. En ce qui concerne la route de la Méditerranée, les arrivées ont diminué par rapport à 2023, mais « le nombre de décès était presque aussi élevé que l’an passé » à la même période. L’OIM a déjà compté près de 450 morts dans cette zone maritime depuis janvier. « Les capacités de recherche et de sauvetage pour aider les migrants en détresse en mer doivent être renforcées pour aider à sauver des vies », insiste cette agence de l’ONU.
    Depuis des années, l’Italie tente de limiter les actions des navires humanitaires en Méditerranée centrale. En 2022, une nouvelle loi a encore compliqué leurs activités de recherche et de sauvetage. Désormais, les ONG ne peuvent effectuer qu’une seule opération de secours avant de se rendre « sans délai » dans un port de débarquement assignés par les autorités italiennes. S’ils ne respectent pas les règles, les humanitaires s’exposent à des amendes et de plusieurs jours d’immobilisation.
    « La plupart du temps aujourd’hui, on ne peut faire qu’un seul et unique sauvetage, expliquait en novembre dernier à InfoMigrants Margot Bernard, coordinatrice de projet adjointe à bord du Geo Barents. Et ce, alors que nous avons un bateau avec une grande capacité d’accueil [le Geo Barents a une capacité de 500 places, ndlr]. En plus de cela, en partant immédiatement après l’opération de secours, on laisse la zone déserte, les États européens ayant renoncé à leurs responsabilités de sauvetages en mer. C’est une grande source de frustration pour nous, et surtout, cela nous fait craindre une augmentation des naufrages invisibles », ces embarcations « fantômes » qui sombrent en mer sans que personne ne le sache.
    Les ONG dénoncent aussi l’attribution de port de plus en plus éloigné de la zone de sauvetage. Selon un rapport de l’association de sauvetage SOS Humanity, les bateaux humanitaires ont perdu 374 jours à effectuer de longs trajets pour rejoindre des ports italiens. « Les projets comme le nôtre ont vraiment des raisons d’avoir peur lorsque l’on voit à quel point le gouvernement italien se polarise sur nous, alors que les ONG de sauvetage ne représentent que 10% des arrivées de migrants dans le pays. On concentre le débat sur les navires humanitaires, alors que la vraie question à se poser, c’est que fait-on pour éviter que des milliers personnes ne meurent en mer ? », déplorait Margot Bernard.

    #Covid-19#migrant#migration#traversee#mortalite#routemigratoire#naufrage#disparu#humanitaire#sante#OIM

  • One in Three Migrant Deaths Occurs En route While Fleeing Conflict: IOM Report
    https://mailchi.mp/abbdbba817e3/one-in-three-migrant-deaths-occurs-en-route-while-fleeing-conflict-iom-repor

    One in Three Migrant Deaths Occurs En route While Fleeing Conflict: IOM Report
    Geneva/Berlin, 26 March – As the International Organization for Migration’s (IOM) Missing Migrants Project marks its ten-year milestone, a new report reveals alarming trends in migrant deaths and disappearances over the past decade.   More than one-third of deceased migrants whose country of origin could be identified come from countries in conflict or with large refugee populations, highlighting the dangers faced by those attempting to flee conflict zones without safe pathways.   However, the information on the identities of missing migrants is highly incomplete. Among the report’s key findings is the high number of unidentified deaths. More than two-thirds of migrants whose deaths were documented remain unidentified, leaving families and communities grappling with the ambiguous loss of their loved ones. This underscores the need for better coordinated data collection and identification processes to provide closure to affected families. 
    “Despite the many lives lost whose identities remain unknown, we know that almost 5,500 females have perished on migration routes during the last ten years and the number of identified children is nearly 3,500,” said Ugochi Daniels, IOM Deputy Director General for Operations. “The toll on vulnerable populations and their families urges us to turn the attention on the data into concrete action.” 
    The report, A decade of Documenting Migrant Deaths, looks back at the last ten years, with more than 63,000 deaths and disappearances documented during migration over that period —and more deaths recorded in 2023 than in any prior year. These figures demonstrate the urgent need for strengthened search and rescue capacities, facilitation of safe, regular migration pathways, and evidence-based action to prevent further loss of life. Action should also include intensified international cooperation against unscrupulous smuggling and trafficking networks. 
    When the IOM’s Missing Migrants Project began in 2014, information was collected almost exclusively from news articles on a simple spreadsheet. Ten years later, data collection has improved dramatically, but the reality for migrants forced to take dangerous routes has not.  Today, the Missing Migrants Project remains the only global open-access database on migrant deaths and disappearances, compiling information from wide-ranging sources including key informants from governments, UN officials, and civil society organizations.  
    Key findings from the report include: 
    Drowning as the Leading Cause of Death: Nearly 60 per cent of deaths documented during migration are linked to drowning with over 27,000 related deaths in the Mediterranean alone. The report emphasizes the necessity of enhancing search and rescue capacities to save lives at sea and underscores the importance of working with governments to facilitate safer migration routes. 
    Underreporting of Migrant Deaths: The more than 63,000 deaths and disappearances recorded during migration over the past decade are likely only a fraction of the actual number of lives lost worldwide. The report highlights the need for improved data collection efforts to accurately assess the scale of the issue and address the broader challenges of unsafe migration. There are more than 37,000 dead for whom no information on sex or age is available, indicating that the true number of deaths of women and children is likely far higher. 
    Rising Death Toll: Despite political commitments and media attention, migrant deaths are on the rise, with 2023 marking the highest annual death toll on record when over 8,500 deaths were recorded. So far in 2024, the trends are no less alarming. In the Mediterranean alone, while arrivals this year are significantly lower (16,818) compared to the same period in 2023 (26,984), the number of deaths are nearly as high as last year. 
    Increased Political Attention: An increasing number of global, regional and national initiatives and instruments advocate for action on missing migrants. Data from the Missing Migrants Project are used as a measure of (lack of) progress toward the SDG Agenda’s goal of safe migration. The UN Secretary-General’s 2022 Progress Declaration on the Global Compact for Safe, Orderly, and Regular Migration underscores the crucial role of governments in preventing migrant deaths and calls for actionable recommendations to improve international coordination and humanitarian assistance. These recommendations, due to be released in 2024, will provide a global roadmap for addressing the ongoing crisis.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#mortalite#routemigratoire#traversee#humanitaire#disparition#sante#migrationirreguliere

  • Le vol de la délivrance : dans l’avion qui évacue des jeunes Gazaouis, malades et blessés, vers Abou Dhabi
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/24/le-vol-de-la-delivrance-dans-l-avion-qui-evacue-des-jeunes-gazaouis-malades-

    Le vol de la délivrance : dans l’avion qui évacue des jeunes Gazaouis, malades et blessés, vers Abou Dhabi
    Par Ghazal Golshiri (Envoyée spéciale à A Al-Arish et Abou Dhabi)
    Alors que le soleil se couche sur l’aéroport international d’El-Arich, dans la péninsule égyptienne du Sinaï, une dizaine d’ambulances et quelques bus sont garés côte à côte. Ce mardi 20 février, dans le hangar de la base aérienne, quelque deux cents Palestiniens, évacués de Gaza, terminent des démarches administratives avant de monter dans un Boeing 777 de la compagnie aérienne émiratie Etihad, à destination d’Abou Dhabi. Parmi eux : des enfants blessés, accompagnés d’au moins un proche, des malades atteints du cancer et des résidents des Emirats arabes unis (EAU).
    Depuis mi-novembre 2023, environ cinq cents Palestiniens de Gaza ont été accueillis et pris en charge dans la pétromonarchie du Golfe. Une goutte dans un océan de besoins, alors que selon les autorités de santé de l’enclave, la guerre a fait près de 30 000 morts et 70 000 blessés, côté palestinien. A la mi-février, seuls onze des trente-six hôpitaux de la bande de Gaza était encore en service.
    De plus en plus de rapports font état de familles qui luttent pour nourrir leurs enfants et d’un risque croissant de morts dues à la faim, notamment dans le nord de Gaza, quasiment hors d’atteinte des convois de ravitaillement. « La faim et la maladie forment une combinaison mortelle », a prévenu Mike Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence sanitaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le 19 février.
    Le vol de ce 20 février entre El-Arich et Abou Dhabi est le douzième affrété par les Emirats depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023. (...) Quelques semaines après le début de la guerre à Gaza, les Emirats ont annoncé leur intention de recevoir mille enfants blessés de Gaza et autant de malades du cancer, de tous les âges. Les candidats à l’évacuation sont proposés par les équipes médicales dans la bande côtière, puis les noms sont soumis aux autorités israélienne et égyptienne pour validation. « Le plus grand défi est ensuite pour ces gens d’arriver au poste-frontière de Rafah, côté Gaza. Parfois, les patients sont beaucoup trop malades pour pouvoir l’atteindre. Souvent, les ambulances transportant les patients sont bloquées sur la route à cause des combats », explique Maha Barakat, la vice-ministre d’Etat au ministère des affaires étrangères émirati, qui chapeaute ces évacuations en personne.
    Certains jours, la frontière reste fermée, comme ce 20 février. Ceux qui sont évacués ce jour-là avaient quitté Gaza il y a quelques jours. « Parmi les patients, beaucoup souffrent de complications secondaires, par exemple une infection des os après une première amputation, qui, parfois, demande une amputation supplémentaire du membre affecté », regrette Maha Barakat. Dans ces vols affrétés par les Emiratis, des Gazaouis, évacués plus tôt aux Emirats, font parfois le chemin inverse et retournent à Gaza. Le 20 février, c’est le cas d’une mère de famille d’une cinquantaine d’années, souffrant de leucémie, qui, pendant deux mois, a pu être traitée à Abou Dhabi. « Contrairement aux conseils des médecins, elle a décidé de revenir auprès de ses enfants restés à Gaza, alors qu’il lui restait encore six mois de traitements », explique Maha Barakat. Elle se souvient d’une autre mère de famille qui a accompagné aux Emirats son fils, atteint de leucémie, pour qu’il y suive une chimiothérapie. Sa maladie étant trop avancée, l’enfant est mort. La mère est retournée à Gaza pour l’y enterrer. A côté de ces évacuations, les Emirats ont mis en place un hôpital de campagne de deux cents lits dans la bande de Gaza et ont construit une unité de désalinisation de l’eau de mer à la frontière entre Gaza et l’Egypte, fournissant de l’eau potable à 600 000 habitants de la bande côtière.
    Ces opérations humanitaires ne vont pas sans arrière-pensées politiques. Le massacre des Palestiniens de Gaza, retransmis en quasi direct sur la chaîne Al-Jazira et sur les réseaux sociaux, bouleverse l’opinion publique arabe. De l’Atlantique au golfe Persique, les populations exigent de leurs dirigeants qu’ils se mobilisent pour leurs frères palestiniens. L’attitude des EAU est particulièrement scrutée, en raison de l’accord de normalisation diplomatique qu’ils ont signé avec Israël, à l’été 2020. Une décision vue comme une trahison dans une large partie du monde arabe, où la Palestine constitue une cause identitaire, quasi sacrée. D’où les efforts déployés par Abou Dhabi pour venir en aide à la population de Gaza et pour le faire savoir.
    (...) Lorsque les bombardements israéliens ont commencé, les deux filles ont été privées de tout traitement. Finalement, début décembre 2023, accompagnées de leur mère et de leur sœur aînée, elles ont pu franchir le terminal de Rafah et pénétrer en Egypte. Leurs trois frères sont restés avec leur père dans le sud de Gaza. Fin janvier, dans un hôpital d’El-Arich, un médecin émirati s’intéresse au cas de May. (...) Il y a quelques jours, elle a demandé au médecin supervisant les soins de May ce qui adviendra d’elle après la guerre. Le praticien lui a dit : « Tant que la guerre se poursuit, vous restez ici et May reçoit son médicament. » Et après ? Le médecin a été franc : « Désolé ! Je n’ai pas de réponse pour vous. » Même pour les Palestiniens sortis de Gaza, l’avenir ressemble à un gigantesque point d’interrogation.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#egypte#Emiratsarabesunis#sante#evacuation#conflit#humanitaire#palestinien

  • Sauvetages en mer : l’Italie immobilise à nouveau l’Ocean Viking pour 20 jours - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54234/sauvetages-en-mer--litalie-immobilise-a-nouveau-locean-viking-pour-20-

    Sauvetages en mer : l’Italie immobilise à nouveau l’Ocean Viking pour 20 jours
    Par La rédaction Publié le : 02/01/2024
    Le navire SOS Méditerranée est bloqué au port de Bari pendant vingt jours pour n’avoir pas respecté l’instruction des autorités italiennes de rentrer le plus vite possible après un sauvetage en Méditerranée.
    Bis repetita. Les autorités italiennes ont immobilisé pour la deuxième fois cet hiver l’Ocean Viking, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, à Bari (sud-est de l’Italie), a annoncé dimanche 31 décembre l’ONG basée à Marseille, dans le sud-est de la France. Le bateau est accusé d’avoir changé de cap après des sauvetages. Il sera immobilisé 20 jours.
    La nouvelle loi italienne dont parle l’ONG - plus précisément le décret Piantedosi - régit les activités des navires de sauvetage en Méditerranée et oblige les ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage. Les autorités italiennes accusent l’Ocean Viking « de ne pas avoir respecté l’instruction de se diriger sans délai, à la vitesse maximale et en suivant une route directe vers le lieu sûr », en l’occurrence Bari, qu’elles lui avaient assigné.
    Au cours de trois opérations, le navire avait secouru mercredi 244 migrants au large de la Libye, parmi lesquels huit femmes, dont deux enceintes, 18 mineurs non accompagnés et quatre enfants de moins de quatre ans.Alors qu’il se dirigeait vers le port italien, l’Ocean Viking a reçu une nouvelle alerte concernant au moins 70 personnes en détresse à bord d’une embarcation de fortune située à 15 miles nautiques (24 km) de distance. Une mise à jour de la position démontrera que l’embarcation se situait finalement à 60 miles nautiques (97 km), relate l’association.L’Ocean Viking n’étant plus en mesure de porter assistance, il a « immédiatement repris sa trajectoire » vers le port de Bari qu’il a « atteint sans délai supplémentaire », précise l’ONG, évoquant un changement de cap « mineur ». Ces personnes n’ont finalement pas été secourues par l’Ocean Viking, explique l’association à l’AFP, sans pouvoir préciser si elles ont pu être sauvées."En l’absence d’aucune indication qu’un autre navire viendrait au secours de ces personnes en détresse, nous n’avions tout simplement pas d’autre choix légal et moral que de répondre à cette alerte. Toute autre décision aurait constitué une violation du droit international", relève l’ONG.
    Le 15 novembre déjà, les autorités italiennes avaient ordonné une immobilisation de 20 jours du navire et lui avaient demandé de payer une amende de 3 300 euros. Leur tort : avoir porté secours à deux embarcations en détresse sans en avoir reçu l’autorisation en amont par les autorités compétentes.Dans son communiqué, SOS Méditerranée avait là encore justifié sa démarche. « Nous avons constamment communiqué de façon transparente et proactive avec toutes les autorités compétentes tout au long de nos missions de recherche et de sauvetage, tout en cherchant activement leur coordination [...] Laisser des naufragés à la dérive en mer est non seulement illégal au regard du droit maritime international mais aussi inhumain ». Au total, en 2023, l’Ocean Viking a subi trois immobilisations. En juillet 2023, les autorités italiennes avaient identifié des problèmes concernant les « radeaux de survie » du bateau humanitaire et demandait son immobilisation « pour une durée indéterminée ». SOS Méditerranée a secouru plus de 39 000 personnes en Méditerranée depuis 2016, principalement en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse du monde. En 2023, 2 340 migrants y sont morts noyés en tentant de rejoindre l’Europe, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

    #Covid-19#migrant#migration#italie#routemigratoire#mediterranee#oceanvicking#OIM#humanitaire#décretpiantedosi#sante#mortalite

  • Méditerranée : plus de 350 migrants secourus en deux jours, environ 600 atteignent Lampedusa - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54159/mediterranee--plus-de-350-migrants-secourus-en-deux-jours-environ-600-

    Méditerranée : plus de 350 migrants secourus en deux jours, environ 600 atteignent Lampedusa
    Par La rédaction Publié le : 28/12/2023
    De nombreuses opérations de sauvetage ont eu lieu en Méditerranée centrale mardi et mercredi : plus de 350 personnes ont été secourues tandis que plus de 600 ont atteint par elles-mêmes l’île italienne de Lampedusa. En moins de 24 heures, l’Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée a effectué trois sauvetages en Méditerranée. Le port italien de Bari, situé dans la région des Pouilles, a été désigné comme port sûr pour les 244 exilés à bord du navire humanitaire. La première opération de sauvetage a eu lieu en pleine nuit « sur instruction d’un navire de patrouille des garde-côtes libyens », a indiqué l’ONG. Durant cette opération, 122 personnes, dont huit mineurs non accompagnés, « ont été secourues d’une embarcation en bois surchargée dans la zone de recherche et de sauvetage libyenne ». Quelques heures plus tard, l’Ocean Viking a porté assistance à une embarcation en bois à double pont - surchargée elle aussi - que l’équipage avait repéré depuis la passerelle. Cette fois-ci, sous coordination des autorités italiennes, « 106 personnes, incluant huit femmes, dont deux enceintes, et quatre enfants » ont été prises en charge.
    Enfin, alors que l’opération était toujours en cours, le Colibri 2, l’avion de reconnaissance de l’ONG Pilotes Volontaires, a repéré une embarcation de fortune à quelques milles nautiques, poussant l’Ocean Viking à poursuivre les sauvetages. « Seize personnes ont alors été secourues », indique l’ONG. Au final, l’Ocean Viking aura donc porté assistance à 244 migrants. Les autorités italiennes ont ensuite désigné Bari comme lieu sûr. Dans le même temps, l’équipage du Sea-Eye 4, de l’ONG allemande Sea-Eye, a sauvé un total de 106 personnes, dont près de 40 mineurs. « Les deux bateaux ont été repérés par l’équipage (…) dans la zone maltaise de recherche et de sauvetage, au sud de Lampedusa », indique l’ONG sur Facebook, précisant que le port sûr qui lui avait été attribué était celui de Brindisi, dans le sud de l’Italie.
    Ces multiples sauvetages interviennent alors que les arrivées se multiplient à Lampedusa. Rien que mardi et mercredi, 619 migrants, dont 57 mineurs non accompagnés, sont arrivés sur l’île italienne. Selon l’agence ANSA, il y aurait parmi eux des Tunisiens, Égyptiens, Syriens, Soudanais, Ivoiriens, Ghanéens, Nigérians ou encore des Libériens. Environ 300 d’entre eux ont été évacués du hotspot de l’île vers Porto Empedocle, en Sicile. L’île de Lampedusa, de par sa position géographique, fait souvent face à une forte pression migratoire et est régulièrement sous les projecteurs médiatiques. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, s’étaient même rendues sur place en septembre pour réaffirmer leur volonté de lutter contre les réseaux de passeurs et augmenter les expulsions des migrants non éligibles à l’asile.
    Pour rappel, la traversée de la Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse au monde. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), depuis 2014, plus de 25 000 migrants y sont morts noyés ou portés disparus en tentant de rejoindre l’Europe. En 2023, plus de 2 600 personnes sont mortes ou portées disparues en Méditerranée. La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio...) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#lampedusa#mediterranee#routemigratoire#OIM#ONG#humanitaire#traversee#mortalite

  • « La vie était devenue impossible » : au Bangladesh, la pauvreté et l’insécurité poussent des milliers de personnes à l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53696/la-vie-etait-devenue-impossible--au-bangladesh-la-pauvrete-et-linsecur

    « La vie était devenue impossible » : au Bangladesh, la pauvreté et l’insécurité poussent des milliers de personnes à l’exil
    Par Marlène Panara Publié le : 06/12/2023
    La nuit est noire de jais. À 50 km des côtes libyennes, ce 3 novembre, seul le phare du Zodiac de sauvetage du Geo Barents, navire de Médecins sans frontières (MSF), éclaire les visages des 30 passagers de l’embarcation qui lui fait face. Ils sont tous Bangladais. Un peu plus d’une demi-heure plus tard, tous posent le pied sur le pont du bateau humanitaire. L’inquiétude fait place au soulagement. Les premiers sourires se dessinent. Ce sauvetage leur assure de faire route pour l’Italie, destination finale d’un périple entamé à des milliers de kilomètres de là, au Bangladesh. Chaque année, des milliers de ses ressortissants empruntent cette route migratoire qui passe par la Méditerranée centrale. Souvent le trajet est le même : les exilés prennent l’avion depuis Dacca, la capitale, et atterrissent en Égypte après plusieurs escales avec un visa de travail, obtenu avant le départ par un passeur.
    Les frais de ce voyage sont réglés directement au Bangladesh, ou à l’arrivée en Égypte. Depuis Le Caire, les candidats à l’exil sont ensuite transférés par des passeurs, en voiture ou dans des vans, jusqu’à l’ouest de la Libye. C’est là, depuis une plage de cette région propice aux départs, qu’ils prennent finalement la mer direction l’Europe. Sur les 152 882 personnes débarquées en Italie cette année, 12 100 sont bangladaises. Soit la quatrième nationalité représentée par les primo-arrivants dans le pays, derrière la Guinée, la Tunisie et la Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui poussent ces migrants sur la route la plus meurtrière au monde ? Pour Nordine Drici, président de l’association Planète Réfugiés et Droits de l’Homme, et ancien juge à la Commission nationale du droit d’asile (CNDA), « le contexte de pauvreté très important dans le pays » en est l’une des réponses. « Les inondations, les cyclones, rendent les Bangladais très vulnérables, explique-t-il. Sur ce petit territoire disputé par 168 millions d’habitants, et qui se rétrécie à vue d’œil avec l’érosion de la côte, avoir une terre à cultiver est un privilège que très peu de gens peuvent s’offrir ». (...) Malgré les « progrès remarquables » accomplis par le Bangladesh dans la réduction de la pauvreté monétaire globale, la pauvreté multidimensionnelle reste élevée et les inégalités de revenus se sont accrues, affirme l’Organisation des nations unies (ONU), en particulier dans les zones urbaines. L’ONG Oxfam confirme : la pauvreté dans le pays est « aussi extrême que généralisée », presque la moitié de la population vivant avec moins d’un dollar par jour. Une situation qui, avec le changement climatique, ne cesse de s’aggraver. « De par sa position géographique […] le Bangladesh subit régulièrement des catastrophes naturelles aux conséquences désastreuses », déplore aussi Oxfam. Fin août 2023, de fortes pluies et inondations soudaines ont provoqué destructions d’habitations, glissements de terrain, et perte de cultures dans le sud-est du pays. Et ce, trois mois après le passage dévastateur du cyclone Mocha, qui avait déjà causé de sérieux dégâts dans plusieurs régions.
    Gouverné d’une main de fer par la Première ministre Sheikh Hasina depuis 2009, le pays est actuellement en proie à une sévère répression menée par les autorités en place. Début octobre, des manifestations pour réclamer un meilleur pouvoir d’achat et d’autres évènements, organisées par le parti nationaliste du Bangladesh (BNP), dans l’opposition, ont été sévèrement réprimées. D’après un rapport publié le 27 novembre par Human Rights Watch, en un mois, au moins 10 000 militants ont été arrêtés, 5 500 personnes blessées et 16 sont mortes, dont deux policiers.
    À l’approche des élections, le 7 janvier 2024, « la violence politique est extrême, assure Nordine Drici. Avec le retour en force de l’opposition, le régime se sent en insécurité, et la Première ministre, fragilisée. Le retour de bâton est d’autant plus fort pour les Bangladais ». Comme Abdulla, Rubel a quitté sa ville natale de Muksudpur « pour des raisons de sécurité ». « Dans mon pays, les droits de l’Homme ne sont pas respectés. À cause du conflit qui oppose la Ligue Awami [parti au pouvoir] et le BNP, la violence augmente de jour en jour. Vivre là-bas est trop dangereux pour moi », racontait-il au lendemain de son sauvetage en mer..

    #Covid-19#migrant#migration#bangladesh#libye#italie#pauvrete#violence#emigration#routemigratoire#mediterranee#humanitaire#sante

  • A Calais et à Dunkerque, plusieurs camps de migrants évacués par la police
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/30/a-calais-et-a-dunkerque-plusieurs-camps-de-migrants-evacues-par-la-police_62

    A Calais et à Dunkerque, plusieurs camps de migrants évacués par la police
    La préfecture du Pas-de-Calais a fait valoir la nécessité de mettre à l’abri les personnes à l’approche de l’hiver. Les associations dénoncent des « expulsions forcées ».
    Le Monde avec AFP
    Des centaines de candidats à l’exil ont été à nouveau évacués, jeudi 30 novembre à l’aube, de plusieurs lieux de vie autour de Calais et de Dunkerque, où ils campent dans des conditions exécrables avec l’espoir de se rendre au Royaume-Uni. L’association Utopia 56 a dénoncé sur X une « expulsion d’une ampleur jamais vu », rapportant des cas de personnes « forcées de monter dans des bus et expulsées vers l’ensemble du territoire français ».
    A Loon-Plage près de Dunkerque (Nord), comme dans les campements près de Calais (Pas-de-Calais), des bus ont été mobilisés pour emmener les migrants vers des abris d’urgence à l’écart du littoral. La préfecture du Pas-de-Calais a fait valoir la nécessité de mettre à l’abri les personnes à l’approche de l’hiver. Dans les campements détrempés par les pluies diluviennes de novembre, les températures sont actuellement négatives la nuit. « On va avoir plusieurs jours et probablement plusieurs semaines où il fera très froid, par conséquent la situation de vie sur les camps est extrêmement précaire », a souligné François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Dunkerque. « L’objectif est de sauver les vies », a-t-il ajouté, alors que les tentatives de traversées se poursuivent malgré les conditions météo.
    Deux personnes ont péri dans la Manche le 22 novembre, lorsque leur embarcation a fait naufrage à quelques centaines de mètres du rivage, deux ans presque jour pour jour après le drame qui avait coûté la vie à vingt-sept migrants en 2021.Les associations dénoncent quant à elles des « expulsions forcées », voyant dans ces opérations récurrentes une volonté d’épuiser les personnes en transit.
    L’évêque d’Arras, Mgr Olivier Leborgne, qui s’est rendu sur place, a souligné que les évacuations se font sans prévenir, ni faire de diagnostic social, déplorant que « la seule porte d’entrée est sécuritaire ». « Est-ce qu’elle pourrait être humanitaire ? D’abord est-ce qu’on peut respecter le droit ? », a-t-il lancé, rappelant les propos du pape à Marseille sur le risque de « naufrage de civilisation » dans la peur et l’indifférence opposées au phénomène migratoire.A Calais, 400 à 800 personnes ont été délogées, a indiqué le Secours catholique, dénonçant des « expulsions forcées » car certaines de ces personnes ont été poursuivies, voire contraintes de monter dans des bus. Véronique Devise, présidente du Secours catholique qui était sur place jeudi, a demandé « une ouverture du plan Grand Froid de façon plus souple », pour héberger les migrants sans les expulser.
    Le Secours catholique appelle également à multiplier les lieux d’accueil de jour – alors qu’ils sont seuls à gérer un lieu de ce type actuellement –, pour faciliter l’accès au droit des migrants, ainsi qu’à augmenter le nombre des lieux d’hébergement d’urgence et à mieux protéger l’enfance. Après le passage des forces de l’ordre, des équipes de nettoyage mobilisées par l’Etat ont vidé des tentes installées dans un bosquet sur le campement de la rue de Judée. (...) Selon une militante de l’association d’aide aux exilés Calais Food Collective, « on a réussi à arriver avant la police et à réveiller des personnes, mais ils n’ont pas forcément pu rassembler leurs affaires ». Une grande tranchée fraîchement creusée borde le terrain, pour empêcher les distributions alimentaires, selon le collectif. Un des campements évacués, celui de la Turquerie, près de Calais, avait déjà été évacué le 10 octobre, ainsi qu’en mai et en juin derniers.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#dunkerque#campement#expulsion#og#humanitaire#hebergement#migrationirreguliere

  • La Commission européenne propose de durcir la législation contre les passeurs de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/29/la-commission-europeenne-propose-de-durcir-la-legislation-contre-les-passeur

    La Commission européenne propose de durcir la législation contre les passeurs de migrants
    Selon l’agence Frontex, plus de 90 % des migrants irréguliers arrivés dans l’Union européenne ont dû payer des intermédiaires au cours de leur périple.
    Par Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen)
    Ursula von der Leyen a reçu à Bruxelles, mardi 28 novembre, les représentants d’une soixantaine de pays pour lancer une alliance mondiale sur les passeurs de migrants. « Le trafic de migrants est un défi mondial et commun », a assuré la présidente de la Commission. Le sujet avait déjà été à l’agenda de la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), le 5 octobre, à Grenade (Espagne), qui rassemblait quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement du continent.L’Italienne Giorgia Meloni, le Français Emmanuel Macron, le Néerlandais Mark Rutte et Ursula von der Leyen, entre autres, y avaient évoqué la question migratoire et le combat à mener contre les passeurs, qui facilitent l’entrée de migrants sur le Vieux Continent. Deux mois plus tard, après des élections néerlandaises remportées le 22 novembre par Geert Wilders, un dirigeant d’extrême droite au discours anti-immigration affirmé, le thème fait partie des priorités politiques de l’Union européenne (UE).
    En 2022, l’Europe a dénombré 332 000 entrées irrégulières. « Nous pourrions connaître un chiffre plus important cette année », relève Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, qui s’inquiète de l’abrogation de la loi anti-passeurs au Niger, susceptible de rouvrir cette route vers l’Europe, via la Libye.
    Selon l’agence Frontex, « plus de 90 % des migrants irréguliers [arrivés dans l’UE] ont été aidés par des passeurs ». Toujours selon la même source, « plus de 15 000 passeurs ont été identifiés en 2022 ». Ce trafic rapporterait à ceux qui le mènent jusqu’à 6 milliards d’euros chaque année au niveau mondial, tandis que depuis 2014, il a entraîné la mort de 28 000 personnes, essentiellement dans les eaux de la Méditerranée. « Les organisations criminelles qui gèrent le trafic de migrants exploitent non seulement la souffrance humaine, mais elles représentent également une menace plus large pour la sécurité », juge Ursula von der Leyen. Ce discours laisse penser que de vastes réseaux aux mains de grands groupes mafieux gèrent les migrations. « En fait, la réalité est plus nuancée. Il existe une multitude de petits groupes de passeurs, de dix à quinze personnes, qui fonctionnent le plus souvent de manière familiale ou communautaire », assure Luigi Achilli, chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence, qui étudie le phénomène depuis vingt ans.
    « Ces petits groupes ou des individus free-lance interagissent sur les différentes routes d’accès et se spécialisent sur certains segments de voyage, reprend le chercheur. Les grandes organisations criminelles, qu’il s’agisse des mafias en Europe ou d’autres groupes, comme fut un temps l’organisation Etat islamique ou aujourd’hui des milices libyennes en Méditerranée, ne prennent pas part aux trafics, mais autorisent ces groupes à opérer sur leur territoire en récoltant leur dîme. C’est plus lucratif et moins risqué. »
    Les pouvoirs publics entendent néanmoins bien renforcer leur arsenal législatif contre ces myriades de groupes. Ylva Johansson propose de moderniser la directive, datant de 2002, qui encadre la lutte contre les passeurs. « Nous avons décidé de clarifier la définition de l’infraction commise par les passeurs, indique-t-elle. Elle concerne les activités motivées par un avantage financier ou matériel, ou susceptibles de causer un préjudice grave à une personne. »
    La Commission européenne va ainsi aligner sa définition sur le protocole des Nations unies contre le trafic de migrants. De même, « l’incitation publique à entrer dans l’UE sans autorisation deviendra également une infraction pénale, notamment via l’usage d’outils numériques et de médias sociaux ».Les peines encourues par les passeurs vont d’autre part être alourdies. Les infractions les plus graves – l’organisation d’expéditions qui ont entraîné la mort d’une ou de plusieurs personnes en mer par exemple – seront passibles d’une peine d’emprisonnement de quinze ans, contre huit ans dans la législation en vigueur. Par ailleurs, précise la commissaire suédoise, « l’objectif est de cibler spécifiquement les réseaux criminels. L’assistance humanitaire des ONG, l’exécution d’une obligation légale de recherche et de sauvetage, l’assistance des membres de la famille et des migrants eux-mêmes ne doivent pas être interdites ». Ce serait un changement significatif pour les ONG, criminalisées ces dernières années dans plusieurs pays, dont l’Italie, la Grèce et la France.Enfin, l’activité des passeurs étant par essence internationale, la Commission souhaite renforcer le rôle d’Europol, l’agence européenne de police, avec le renforcement du centre de coordination sur la lutte contre le trafic de migrants, qui a permis depuis 2016 de démanteler 83 groupes et de recouvrer 1,2 milliard d’euros. L’idée est de faciliter le partage d’informations pour mener à bien les enquêtes.
    « Dans un contexte politique particulièrement hostile à l’immigration, il est encore trop tôt pour évaluer l’ensemble des propositions, relève Silvia Carta, du réseau d’ONG Picum (Plate-forme pour la coopération internationale pour les migrants sans papiers). L’alignement de la définition européenne d’une infraction sur le protocole des Nations unies est un bon début. De même, cesser la criminalisation de l’action des ONG est positif si cela se confirme. Il faudra examiner l’ensemble des textes dans le détail et voir si les Etats membres et le Parlement suivront la proposition. » Le Parlement et le Conseil européens doivent désormais négocier cette législation, alors que le mandat de la Commission expire en juin 2024.
    « Pour lutter contre les passeurs, juge Luigi Achilli, il y a une solution plus simple : mettre en place des voies d’accès légales, sûres et rapides pour rejoindre l’Europe. Cela supprimera les passeurs. Aujourd’hui, en multipliant les barrières, nous alimentons ce phénomène. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#securite#passeur#trafic#legislation#migrationirreguliere#reseaucriminel#humanitaire#ong#nationsunies

  • La Commission européenne propose de durcir la législation contre les passeurs de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/29/la-commission-europeenne-propose-de-durcir-la-legislation-contre-les-passeur

    La Commission européenne propose de durcir la législation contre les passeurs de migrants
    Selon l’agence Frontex, plus de 90 % des migrants irréguliers arrivés dans l’Union européenne ont dû payer des intermédiaires au cours de leur périple.
    Par Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen)
    Ursula von der Leyen a reçu à Bruxelles, mardi 28 novembre, les représentants d’une soixantaine de pays pour lancer une alliance mondiale sur les passeurs de migrants. « Le trafic de migrants est un défi mondial et commun », a assuré la présidente de la Commission. Le sujet avait déjà été à l’agenda de la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), le 5 octobre, à Grenade (Espagne), qui rassemblait quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement du continent.L’Italienne Giorgia Meloni, le Français Emmanuel Macron, le Néerlandais Mark Rutte et Ursula von der Leyen, entre autres, y avaient évoqué la question migratoire et le combat à mener contre les passeurs, qui facilitent l’entrée de migrants sur le Vieux Continent. Deux mois plus tard, après des élections néerlandaises remportées le 22 novembre par Geert Wilders, un dirigeant d’extrême droite au discours anti-immigration affirmé, le thème fait partie des priorités politiques de l’Union européenne (UE).
    En 2022, l’Europe a dénombré 332 000 entrées irrégulières. « Nous pourrions connaître un chiffre plus important cette année », relève Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, qui s’inquiète de l’abrogation de la loi anti-passeurs au Niger, susceptible de rouvrir cette route vers l’Europe, via la Libye.
    Selon l’agence Frontex, « plus de 90 % des migrants irréguliers [arrivés dans l’UE] ont été aidés par des passeurs ». Toujours selon la même source, « plus de 15 000 passeurs ont été identifiés en 2022 ». Ce trafic rapporterait à ceux qui le mènent jusqu’à 6 milliards d’euros chaque année au niveau mondial, tandis que depuis 2014, il a entraîné la mort de 28 000 personnes, essentiellement dans les eaux de la Méditerranée. « Les organisations criminelles qui gèrent le trafic de migrants exploitent non seulement la souffrance humaine, mais elles représentent également une menace plus large pour la sécurité », juge Ursula von der Leyen. Ce discours laisse penser que de vastes réseaux aux mains de grands groupes mafieux gèrent les migrations. « En fait, la réalité est plus nuancée. Il existe une multitude de petits groupes de passeurs, de dix à quinze personnes, qui fonctionnent le plus souvent de manière familiale ou communautaire », assure Luigi Achilli, chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence, qui étudie le phénomène depuis vingt ans.
    « Ces petits groupes ou des individus free-lance interagissent sur les différentes routes d’accès et se spécialisent sur certains segments de voyage, reprend le chercheur. Les grandes organisations criminelles, qu’il s’agisse des mafias en Europe ou d’autres groupes, comme fut un temps l’organisation Etat islamique ou aujourd’hui des milices libyennes en Méditerranée, ne prennent pas part aux trafics, mais autorisent ces groupes à opérer sur leur territoire en récoltant leur dîme. C’est plus lucratif et moins risqué. »
    Les pouvoirs publics entendent néanmoins bien renforcer leur arsenal législatif contre ces myriades de groupes. Ylva Johansson propose de moderniser la directive, datant de 2002, qui encadre la lutte contre les passeurs. « Nous avons décidé de clarifier la définition de l’infraction commise par les passeurs, indique-t-elle. Elle concerne les activités motivées par un avantage financier ou matériel, ou susceptibles de causer un préjudice grave à une personne. »
    La Commission européenne va ainsi aligner sa définition sur le protocole des Nations unies contre le trafic de migrants. De même, « l’incitation publique à entrer dans l’UE sans autorisation deviendra également une infraction pénale, notamment via l’usage d’outils numériques et de médias sociaux ».Les peines encourues par les passeurs vont d’autre part être alourdies. Les infractions les plus graves – l’organisation d’expéditions qui ont entraîné la mort d’une ou de plusieurs personnes en mer par exemple – seront passibles d’une peine d’emprisonnement de quinze ans, contre huit ans dans la législation en vigueur. Par ailleurs, précise la commissaire suédoise, « l’objectif est de cibler spécifiquement les réseaux criminels. L’assistance humanitaire des ONG, l’exécution d’une obligation légale de recherche et de sauvetage, l’assistance des membres de la famille et des migrants eux-mêmes ne doivent pas être interdites ». Ce serait un changement significatif pour les ONG, criminalisées ces dernières années dans plusieurs pays, dont l’Italie, la Grèce et la France.Enfin, l’activité des passeurs étant par essence internationale, la Commission souhaite renforcer le rôle d’Europol, l’agence européenne de police, avec le renforcement du centre de coordination sur la lutte contre le trafic de migrants, qui a permis depuis 2016 de démanteler 83 groupes et de recouvrer 1,2 milliard d’euros. L’idée est de faciliter le partage d’informations pour mener à bien les enquêtes.
    « Dans un contexte politique particulièrement hostile à l’immigration, il est encore trop tôt pour évaluer l’ensemble des propositions, relève Silvia Carta, du réseau d’ONG Picum (Plate-forme pour la coopération internationale pour les migrants sans papiers). L’alignement de la définition européenne d’une infraction sur le protocole des Nations unies est un bon début. De même, cesser la criminalisation de l’action des ONG est positif si cela se confirme. Il faudra examiner l’ensemble des textes dans le détail et voir si les Etats membres et le Parlement suivront la proposition. » Le Parlement et le Conseil européens doivent désormais négocier cette législation, alors que le mandat de la Commission expire en juin 2024.
    « Pour lutter contre les passeurs, juge Luigi Achilli, il y a une solution plus simple : mettre en place des voies d’accès légales, sûres et rapides pour rejoindre l’Europe. Cela supprimera les passeurs. Aujourd’hui, en multipliant les barrières, nous alimentons ce phénomène. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#securite#passeur#trafic#legislation#migrationirreguliere#reseaucriminel#humanitaire#ong#nationsunies

  • La Commission européenne propose de durcir la législation contre les passeurs de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/29/la-commission-europeenne-propose-de-durcir-la-legislation-contre-les-passeur

    La Commission européenne propose de durcir la législation contre les passeurs de migrants
    Selon l’agence Frontex, plus de 90 % des migrants irréguliers arrivés dans l’Union européenne ont dû payer des intermédiaires au cours de leur périple.
    Par Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen)
    Ursula von der Leyen a reçu à Bruxelles, mardi 28 novembre, les représentants d’une soixantaine de pays pour lancer une alliance mondiale sur les passeurs de migrants. « Le trafic de migrants est un défi mondial et commun », a assuré la présidente de la Commission. Le sujet avait déjà été à l’agenda de la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), le 5 octobre, à Grenade (Espagne), qui rassemblait quarante-quatre chefs d’Etat et de gouvernement du continent.L’Italienne Giorgia Meloni, le Français Emmanuel Macron, le Néerlandais Mark Rutte et Ursula von der Leyen, entre autres, y avaient évoqué la question migratoire et le combat à mener contre les passeurs, qui facilitent l’entrée de migrants sur le Vieux Continent. Deux mois plus tard, après des élections néerlandaises remportées le 22 novembre par Geert Wilders, un dirigeant d’extrême droite au discours anti-immigration affirmé, le thème fait partie des priorités politiques de l’Union européenne (UE).
    En 2022, l’Europe a dénombré 332 000 entrées irrégulières. « Nous pourrions connaître un chiffre plus important cette année », relève Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, qui s’inquiète de l’abrogation de la loi anti-passeurs au Niger, susceptible de rouvrir cette route vers l’Europe, via la Libye.
    Selon l’agence Frontex, « plus de 90 % des migrants irréguliers [arrivés dans l’UE] ont été aidés par des passeurs ». Toujours selon la même source, « plus de 15 000 passeurs ont été identifiés en 2022 ». Ce trafic rapporterait à ceux qui le mènent jusqu’à 6 milliards d’euros chaque année au niveau mondial, tandis que depuis 2014, il a entraîné la mort de 28 000 personnes, essentiellement dans les eaux de la Méditerranée. « Les organisations criminelles qui gèrent le trafic de migrants exploitent non seulement la souffrance humaine, mais elles représentent également une menace plus large pour la sécurité », juge Ursula von der Leyen. Ce discours laisse penser que de vastes réseaux aux mains de grands groupes mafieux gèrent les migrations. « En fait, la réalité est plus nuancée. Il existe une multitude de petits groupes de passeurs, de dix à quinze personnes, qui fonctionnent le plus souvent de manière familiale ou communautaire », assure Luigi Achilli, chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence, qui étudie le phénomène depuis vingt ans.
    « Ces petits groupes ou des individus free-lance interagissent sur les différentes routes d’accès et se spécialisent sur certains segments de voyage, reprend le chercheur. Les grandes organisations criminelles, qu’il s’agisse des mafias en Europe ou d’autres groupes, comme fut un temps l’organisation Etat islamique ou aujourd’hui des milices libyennes en Méditerranée, ne prennent pas part aux trafics, mais autorisent ces groupes à opérer sur leur territoire en récoltant leur dîme. C’est plus lucratif et moins risqué. »
    Les pouvoirs publics entendent néanmoins bien renforcer leur arsenal législatif contre ces myriades de groupes. Ylva Johansson propose de moderniser la directive, datant de 2002, qui encadre la lutte contre les passeurs. « Nous avons décidé de clarifier la définition de l’infraction commise par les passeurs, indique-t-elle. Elle concerne les activités motivées par un avantage financier ou matériel, ou susceptibles de causer un préjudice grave à une personne. »
    La Commission européenne va ainsi aligner sa définition sur le protocole des Nations unies contre le trafic de migrants. De même, « l’incitation publique à entrer dans l’UE sans autorisation deviendra également une infraction pénale, notamment via l’usage d’outils numériques et de médias sociaux ».Les peines encourues par les passeurs vont d’autre part être alourdies. Les infractions les plus graves – l’organisation d’expéditions qui ont entraîné la mort d’une ou de plusieurs personnes en mer par exemple – seront passibles d’une peine d’emprisonnement de quinze ans, contre huit ans dans la législation en vigueur. Par ailleurs, précise la commissaire suédoise, « l’objectif est de cibler spécifiquement les réseaux criminels. L’assistance humanitaire des ONG, l’exécution d’une obligation légale de recherche et de sauvetage, l’assistance des membres de la famille et des migrants eux-mêmes ne doivent pas être interdites ». Ce serait un changement significatif pour les ONG, criminalisées ces dernières années dans plusieurs pays, dont l’Italie, la Grèce et la France.Enfin, l’activité des passeurs étant par essence internationale, la Commission souhaite renforcer le rôle d’Europol, l’agence européenne de police, avec le renforcement du centre de coordination sur la lutte contre le trafic de migrants, qui a permis depuis 2016 de démanteler 83 groupes et de recouvrer 1,2 milliard d’euros. L’idée est de faciliter le partage d’informations pour mener à bien les enquêtes.
    « Dans un contexte politique particulièrement hostile à l’immigration, il est encore trop tôt pour évaluer l’ensemble des propositions, relève Silvia Carta, du réseau d’ONG Picum (Plate-forme pour la coopération internationale pour les migrants sans papiers). L’alignement de la définition européenne d’une infraction sur le protocole des Nations unies est un bon début. De même, cesser la criminalisation de l’action des ONG est positif si cela se confirme. Il faudra examiner l’ensemble des textes dans le détail et voir si les Etats membres et le Parlement suivront la proposition. » Le Parlement et le Conseil européens doivent désormais négocier cette législation, alors que le mandat de la Commission expire en juin 2024.
    « Pour lutter contre les passeurs, juge Luigi Achilli, il y a une solution plus simple : mettre en place des voies d’accès légales, sûres et rapides pour rejoindre l’Europe. Cela supprimera les passeurs. Aujourd’hui, en multipliant les barrières, nous alimentons ce phénomène. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#securite#passeur#trafic#legislation#migrationirreguliere#reseaucriminel#humanitaire#ong#nationsunies

  • Neuf corps de migrants ont été retrouvés en Méditerranée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/52891/neuf-corps-de-migrants-ont-ete-retrouves-en-mediterranee

    Le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU a indiqué samedi sur le réseau social X (ex-Twitter) que neuf nouveaux corps de migrants avaient été retrouvés en Méditerranée ces derniers jours. Cinq ont été découverts sur une plage de Sicile. Les quatre autres se trouvaient dans un bateau en provenance de Libye retrouvé par l’ONG Sea-Eye.
    Le décompte macabre des morts en Méditerranée continue. Samedi 28 octobre, le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) a indiqué sur le réseau social X (ex-Twitter) que neuf nouveaux corps de migrants morts en Méditerranée avaient été retrouvés sur une plage de Sicile et dans une embarcation partie de Libye."Encore des morts en Méditerranée : cinq dus au naufrage d’un bateau de pêche en provenance de la Tunisie au large de Trapani (Sicile) et quatre corps retrouvés (par l’ONG) Sea-Eye sur un canot en provenance de Libye", a écrit la porte-parole du HCR en Italie, Chiara Cardoletti.
    Selon les médias italiens, les cinq premiers corps ont été retrouvés sur une plage de Marinella di Selinunte, dans le sud-ouest de la Sicile, tandis qu’une vingtaine de personnes provenant de la même embarcation ont été arrêtées à leur arrivée. D’après le témoignage d’un rescapé rapporté par RFI, une soixantaine de personnes étaient à bord. Mais aucun des disparus n’a encore été trouvé, malgré les recherches des garde-côtes et de la police, aidés par l’aéronautique militaire.
    Sea-Eye, de son côté, a indiqué avoir retrouvé vendredi quatre autres corps dans un bateau de migrants parti de Libye et qui a failli être intercepté par les garde-côtes libyens en pleine mer. Quarante-huit personnes ont pu être secourues dans l’opération dont une femme enceinte dans un état grave. La rescapée a été évacuée vers Lampedusa où elle a dû avorter.Dans une vidéo postée samedi sur X par l’ONG, on voit un bateau de garde-côtes approcher l’embarcation gonflable et la déstabiliser. On voit distinctement plusieurs migrants tomber alors à l’eau. Une femme montre un bébé qu’elle porte dans ses bras. « Plusieurs personnes sont tombées dans la mer et ont disparu. L’équipage a ensuite découvert quatre corps dans le bateau », précise l’ONG.
    Ce genre de situation n’est pas rare. Fin septembre, l’ONG Sea-Watch avait été témoin d’une agression en mer d’un navire des garde-côtes libyens envers une embarcation de migrants. Sur les images diffusées par l’ONG sur les réseaux sociaux, on voit l’embarcation couler et plusieurs personnes dans l’eau, après le passage du bateau à moteur. Selon l’ONG, environ 50 exilés se trouvaient à bord du canot. Sea-Watch avait qualifié cet incident de « tentative d’assassinat ». Selon l’ONG, les migrants ont été pris en charge sur le patrouilleur libyen et renvoyés dans le pays. Mais il n’a pas été possible de déterminer si des exilés ont perdu la vie au cours de cet événement.
    Depuis 2016, l’Union européenne (UE) fournit un soutien matériel et logistique à la Libye, dans le but de stopper les embarcations d’exilés en mer. Un accord dénoncé à maintes reprises par les ONG mais aussi les instances internationales. Les garde-côtes sont en effet régulièrement accusés de violences envers les migrants qui tentent d’atteindre les côtes européennes, mais aussi contre les ONG de sauvetage. La dernière altercation avec des humanitaires remonte à septembre dernier : l’Ocean Viking avait été visé par des tirs répétés provenant d’un navire des garde-côtes libyens alors que le navire humanitaire de SOS Méditerranée procédait à une opération de sauvetage dans les eaux internationales. Malgré les dangers de la traversée de la Méditerranée, les départs de migrants d’Afrique du Nord sont toujours très nombreux. Le nombre d’arrivées de migrants irréguliers en Italie a explosé malgré l’arrivée au pouvoir il y a un an de la coalition dirigée par Giorgia Meloni qui avait promis d’y mettre fin. Plus de 142 000 migrants sont arrivés à bord d’embarcations de fortune sur les côtes de la péninsule depuis janvier, contre 82 000 sur la même période l’an dernier, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#libye#traversee#meditarranee#routemigratoire#mortalite#migrationirreguliere#ong#ue#ong#humanitaire

  • RDC : 6,9 millions de déplacés internes, du jamais-vu selon l’OIM
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/30/rdc-6-9-millions-de-deplaces-internes-du-jamais-vu-selon-l-oim_6197351_3212.

    RDC : 6,9 millions de déplacés internes, du jamais-vu selon l’OIM
    « Avec le conflit en cours et l’escalade de la violence, la RDC est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne et humanitaire du monde », a alerté l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

    Le regain de violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) suscite l’inquiétude. Lundi 30 octobre, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé dans un communiqué que 6,9 millions de personnes étaient actuellement déplacées à l’intérieur du pays – le chiffre le plus élevé jamais enregistré. L’agence ajoute qu’une grande majorité de ces personnes ont besoin d’aide humanitaire. Les combats se sont intensifiés depuis le début d’octobre au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, entre la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) d’une part, les forces armées de la RDC (FARDC) et des groupes armés dits « patriotes » d’autre part. « L’OIM intensifie ses efforts pour répondre à la crise complexe et persistante en RDC, a annoncé l’organisation. Avec le conflit en cours et l’escalade de la violence, la RDC est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne et humanitaire du monde. »
    A la fin de 2021, la résurgence du M23, rébellion soutenue par le Rwanda voisin selon de nombreuses sources, a provoqué dans le Nord-Kivu le déplacement de centaines de milliers de personnes et aggravé une crise humanitaire quasi permanente dans l’est de la RDC depuis près de trente ans. A la fin d’octobre, environ 5,6 millions des déplacés de RDC étaient établis dans les provinces orientales du Nord-Kivu, Sud-Kivu, d’Ituri et du Tanganyika, selon l’OIM, qui précise que les violences constituent la principale raison de ces déplacements. Pour le seul Nord-Kivu, près de 1 million d’habitants ont fui leur foyer en raison des combats impliquant le M23. « La dernière escalade du conflit a chassé de chez eux plus de gens dans un laps de temps très court rarement observé par le passé. Il nous faut délivrer de l’aide de toute urgence à ceux qui en ont le plus besoin », a alerté Fabien Sambussy, chef de mission de l’OIM en RDC.

    #Covid-19#migrant#migration#rpubliquedemocratiquecongo#oim#nordkivu#conflit#crise#sante#humanitaire#deplaceinterne

  • Italie : SOS Méditerranée forcée de gagner un port « lointain » pour débarquer 29 migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/25/italie-sos-mediterranee-forcee-de-gagner-un-port-lointain-pour-debarquer-29-

    Italie : SOS Méditerranée forcée de gagner un port « lointain » pour débarquer 29 migrants
    Le Monde avec AFP
    Publié le 25 octobre 2023 à 20h04
    L’Ocean Viking, navire-ambulance de SOS Méditerranée, qui a secouru vingt-neuf migrants au large de la Libye mardi, devra débarquer ces rescapés à Ravenne, en Italie, un port « éloigné » de sa position actuelle impliquant « six jours de navigation supplémentaires », a dénoncé mercredi 25 octobre, l’ONG. « Après avoir passé huit heures en mer », ces personnes rescapées, qui « viennent en majorité de Syrie et du Soudan », deux pays en guerre, sont « épuisées », a ajouté SOS Méditerranée, précisant qu’elles sont désormais prises en charge à bord par ses équipes et celles de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
    A la suite d’un appel de détresse d’Alarm Phone – un numéro utilisé par les migrants rencontrant des difficultés lors de leur traversée de la Méditerranée – l’Ocean Viking a secouru mardi 24 octobre après-midi vingt-neuf personnes qui se trouvaient sur « une barque en fibre de verre impropre à la navigation dans les eaux internationales au large de la Libye », a rapporté dans un communiqué l’ONG basée à Marseille. Le centre de coordination des secours maritimes en Italie a demandé au bateau de l’ONG de mettre le cap vers le port éloigné de Ravenne, situé à 1 613 kilomètres, pour pouvoir débarquer les rescapés. Cette destination, à six jours de navigation, privera l’Ocean Viking « de toute possibilité de rechercher et de secourir des femmes, des hommes et des enfants en détresse en Méditerranée centrale » pendant un long laps de temps, a dénoncé l’ONG.L’Italie a récemment adopté un décret qui entrave en partie les activités des navires d’ONG, celles-ci étant désormais forcées de transporter les personnes secourues vers un port – souvent très lointain – dès la première opération, les empêchant de facto d’enchaîner les sauvetages. SOS Méditerranée a secouru près de 39 000 personnes en Méditerranée depuis 2016, principalement en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse du monde. Depuis janvier, 2 166 migrants ont disparu sur cette route, selon l’Organisation internationale pour les migrations, un chiffre bien supérieur aux 1 417 disparus en 2022.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#traversee#routemigratoire#ong#humanitaire#alarmephone#sosmediterranee#sante#mortalite#libye#syrie#soudan

  • Le poste-frontière de Rafah, porte de sortie de Gaza vers l’Egypte, sous un déluge de feu israélien
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/11/rafah-poste-frontiere-strategique-entre-l-egypte-et-gaza_6193751_3210.html

    Le poste-frontière de Rafah, porte de sortie de Gaza vers l’Egypte, sous un déluge de feu israélien
    Bombardé à plusieurs reprises, le seul point de sortie de l’enclave non contrôlé par Israël est l’objet de toutes les attentions. Le Caire redoute que les Gazaouis, paniqués et privés de tout, se massent à sa frontière.
    Par Laure Stephan(Beyrouth, correspondance)
    Publié hier à 10h54, modifié hier à 14h59
    Arrêt, reprise, arrêt. L’activité au poste-frontière de Rafah reliant l’Egypte à la bande de Gaza, soumise à un déluge de feu israélien après l’offensive massive lancée par le Hamas samedi 7 octobre, est en dents de scie. Les abords de cet unique point de passage non contrôlé par Israël ont été bombardés à deux reprises pour la seule journée de mardi, rapportent des médias égyptiens, citant des témoins sur place et des sources sécuritaires. Selon eux, les frappes israéliennes ont eu lieu du côté palestinien de Rafah et l’activité a été suspendue depuis la dernière salve. Le premier bombardement, lundi soir, avait endommagé l’axe routier.
    « Aux Gazaouis qui le peuvent, je conseille de sortir [de l’enclave] », déclarait, mardi, un porte-parole de l’armée israélienne en assurant que « le point de passage de Rafah est ouvert ». Quelques heures plus tard, sur X (anciennement Twitter), Avichay Adraee, un autre porte-parole de Tsahal, revenait sur ces déclarations : « Il n’y a aucune intention israélienne officielle de diriger les habitants de la bande de Gaza vers le territoire égyptien (…). Les habitants sont dirigés vers des zones et des abris à l’intérieur des frontières de la bande de Gaza. »
    La menace qui plane sur le poste-frontière de Rafah est un motif d’inquiétude pour les autorités égyptiennes. Elles ne peuvent, aux yeux de leur opinion publique, laisser l’enclave totalement isolée du reste du monde et veulent qu’un couloir humanitaire soit maintenu. En l’absence de ce couloir, Le Caire redoute qu’une population, paniquée et privée de tout, se masse à sa frontière – ce qui n’est pas encore le cas. Mardi, l’entrée en Egypte restait soumise à des autorisations. Elle est d’ordinaire réservée, le plus souvent, aux Palestiniens ayant besoin de soins médicaux importants ou transitant par le Sinaï pour voyager vers l’étranger.
    L’Egypte et la Jordanie ont annoncé leur intention de faire entrer de l’aide humanitaire par Rafah. Le roi Abdallah II a parlé, mardi, d’un acheminement à venir « en coordination avec l’Egypte ». Le Caire, par ailleurs sollicité par les organisations internationales pour un corridor humanitaire, veut faire rentrer de la nourriture à Gaza. « Les deux pays affichent leur détermination en ce sens. Le sort des convois qu’ils affréteront sera un test de ce qui est possible ou pas, depuis que les Israéliens ont décrété, lundi, le blocus total de Gaza », affirme, depuis la capitale égyptienne, le sociologue Said Sadek. Le Croissant-Rouge égyptien avait pu acheminer de l’aide médicale dans l’enclave palestinienne, dimanche soir. Mais, selon plusieurs médias, les frappes de lundi et de mardi près du poste-frontière ont contraint d’autres camions d’aide à faire demi-tour.
    Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont poussé l’armée égyptienne à renforcer sa présence le long de la frontière. Côté humanitaire, les autorités locales du gouvernorat du Nord-Sinaï ont anticipé plusieurs scénarios pour fournir une aide d’urgence destinée à entrer à Gaza. Selon le site Mada Masr, un plan d’accueil, prévoyant l’hébergement de réfugiés sous des tentes ou dans des bâtiments publics, est aussi en discussion ; il ne sera activé qu’avec l’aval du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et sous haute surveillance de l’armée, qui craint des débordements.
    Alors que le Sinaï, seule voie de sortie possible de l’enfer de Gaza, abrite de longue date des réfugiés palestiniens, Le Caire redoute un nouvel afflux. « L’Egypte ne permettra pas que la cause palestinienne soit liquidée aux dépens d’autres [des Egyptiens] », a affirmé, mardi, Abdel Fattah Al-Sissi. « Si Gaza est entièrement détruite, où retourneraient les réfugiés ? L’offensive menée par Israël à Gaza a réactivé la peur que le Sinaï puisse être donné comme terre aux Palestiniens en échange de financements pour l’Egypte. Cette crainte n’est pas nouvelle. Un tel plan est inacceptable aux yeux de la population », commente Said Sadek.
    Il n’y a pas eu de vastes manifestations en Egypte de soutien aux Palestiniens – comme cela s’était produit du temps de Hosni Moubarak, lors de la guerre de 2009 entre Gaza et Israël –, tout rassemblement populaire étant aujourd’hui interdit. Mais, lors d’un récent match de football, des supporteurs du club Al-Ahly ont scandé des slogans de solidarité avec les Palestiniens sous les bombes. L’opinion publique reste très hostile aux accords de paix signés entre l’Egypte et Israël. Traditionnel médiateur lors de précédents conflits à Gaza, disposant de canaux avec le Hamas, l’Egypte s’active sur le plan diplomatique pour éviter une escalade dans la déflagration en cours. Le Caire devait en outre accueillir, mercredi, une réunion des ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#palestinien#israel#frontiere#egypte#sinai#refugie#crise#humanitaire#sante

  • Les catastrophes climatiques ont entraîné plus de 43 millions de déplacements d’enfants en six ans
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/06/les-catastrophes-climatiques-ont-entraine-plus-de-43-millions-de-deplacement

    Les catastrophes climatiques ont entraîné plus de 43 millions de déplacements d’enfants en six ans
    Chaque jour, 20 000 enfants sont obligés d’abandonner leur foyer à cause d’inondations, de tempêtes, de sécheresses ou d’incendies, alerte l’Unicef.
    Par Stéphane Mandard
    Publié le 06 octobre 2023 à 02h00, modifié le 06 octobre 2023 à 08h05
    C’est l’une des conséquences les moins documentées du dérèglement climatique et de sa litanie d’événements extrêmes. Inondations, tempêtes, sécheresses, feux de forêt… les catastrophes météorologiques ont entraîné 43,1 millions de déplacements d’enfants dans le monde entre 2016 et 2021, soit environ 20 000 enfants obligés d’abandonner leur foyer chaque jour, alerte le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans un rapport publié vendredi 6 octobre.
    Cette étude constitue la première cartographie mondiale d’un phénomène amené à s’amplifier avec l’aggravation du réchauffement. Elle s’appuie sur les données de l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC). Entre 2016 et 2021, l’IDMC a identifié environ 135 millions de déplacements liés à plus de 8 000 événements climatiques. L’Unicef a croisé ces informations avec les données démographiques des pays concernés pour tenter de quantifier le nombre d’enfants concernés par ces déplacements, un même enfant pouvant être déplacé plusieurs fois. En raison d’un manque de données, le chiffre de 43 millions est sans doute « largement sous-estimé », prévient l’Unicef.
    Quarante-quatre pays sont concernés. En valeur absolue, les Philippines (9,7 millions), l’Inde (6,7 millions) et la Chine (6,4 millions) sont les trois pays qui ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants. Cela s’explique par leur situation géographique, qui les met en proie à des aléas météorologiques extrêmes (inondations, cyclones), par l’importance de leur population infantile et également par de meilleurs systèmes d’alerte précoce et capacités d’évacuation.
    La photographie est radicalement différente en prenant en compte la taille relative de la population infantile dans les pays concernés par ces déplacements forcés : les petits Etats insulaires et les pays de la Corne de l’Afrique paient alors le plus lourd tribut.En Dominique, la part d’enfants déplacés à la suite de tempêtes tropicales atteint 76 %. Elle s’élève à 31 % à Cuba ou encore 25 % au Vanuatu, où 34 000 enfants ont dû être évacués lors du cyclone Harold en 2020. Avec respectivement 12 % et 11 % de leur population infantile, le Soudan du Sud et la Somalie ont été les plus touchés par les inondations.
    Inondations et tempêtes sont les deux principales causes de déplacement. Ces catastrophes représentent 95 % des déplacements (21,2 millions attribuables aux tempêtes, 19,7 millions aux inondations) enregistrés entre 2016 et 2021. Une proportion qui s’explique en partie parce que ces événements climatiques font l’objet d’un meilleur signalement et d’évacuations préventives, précise l’Unicef.
    Les sécheresses – pour lesquelles les données sont plus compliquées à collecter et les chiffres largement sous-estimés – ont provoqué plus de 1,3 million de déplacements sur la même période, dont plus de la moitié (730 000) en Somalie, 340 000 en Ethiopie ou encore 190 000 en Afghanistan.
    Quant aux feux de forêt, ils ont conduit à environ 810 000 déplacements, dont plus d’un tiers pour la seule année 2020. Ils concernent davantage les pays industrialisés : le Canada, Ies Etats-Unis et Israël ont enregistré le plus grand nombre de déplacements liés aux incendies sur la période étudiée.
    Les conséquences de ces déplacements ne sont pas le mêmes que l’on vive dans un pays développé ou déjà confronté à des crises (pauvreté, conflits). Si le rapport souligne qu’ils permettent de sauver des vies, fuir une catastrophe, être arraché à son foyer – en étant parfois séparé de ses parents – place les enfants dans des situations de grande vulnérabilité (déscolarisation, accès aux soins limités, malnutrition, exploitation ou encore violence) et de grande détresse psychologique (anxiété, dépression, stress post-traumatique).« Il est terrifiant pour n’importe quel enfant de voir un feu de forêt, une tempête ou une inondation s’abattre sur sa communauté, commente Catherine Russel, la directrice générale de l’Unicef. Pour ceux qui sont obligés de fuir, la peur et les répercussions engendrées par de telles catastrophes peuvent être particulièrement dévastatrices avec l’inquiétude de savoir s’ils pourront un jour rentrer chez eux, reprendre l’école ou s’ils seront contraints de repartir. »Ces déplacements vont s’amplifier avec l’intensification des catastrophes climatiques, prévient l’Unicef. Selon le modèle de prédiction développé par l’IDMC, et sur la base des données actuelles, les seules inondations fluviales pourraient entraîner le déplacement de près de 96 millions d’enfants au cours des trente prochaines années, soit plus de 3 millions chaque année. Là aussi, l’Unicef ajoute que ces prévisions sont très certainement sous-estimées. Aussi, en amont de la COP28, qui doit se tenir en novembre à Dubaï, l’institution onusienne exhorte les gouvernements à ajouter la question de la protection des enfants à l’ordre de leurs priorités d’action contre le changement climatique.

    #Covid-19#migrant#migration#monde#deplaceinterne#crise#humanitaire#environnement#sante#santementale#climat#UNICEF#COP28

  • Au Tchad, une « urgence humanitaire majeure » pour les 400 000 réfugiés soudanais
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/06/au-tchad-une-urgence-humanitaire-majeure-pour-les-400-000-refugies-soudanais

    Au Tchad, une « urgence humanitaire majeure » pour les 400 000 réfugiés soudanais
    Selon l’ONG Handicap International, ces personnes « vivent dans des conditions désastreuses, manquant de tout, notamment d’eau, de nourriture, d’abris et de soins médicaux ».
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 11h15, modifié hier à 11h30
    « Les besoins humanitaires empirent chaque jour » pour les quelque 400 000 réfugiés soudanais qui ont fui les combats vers le Tchad voisin, a alerté l’ONG Handicap International, mercredi 4 octobre, affirmant que « de 1 500 à 2 000 personnes traversent chaque jour la frontière ». Ces personnes « vivent dans des conditions désastreuses, manquant de tout, notamment d’eau, de nourriture, d’abris, de soins médicaux », et « les quelques ONG présentes sur place […] font face à une urgence humanitaire majeure qui se détériorera sans un soutien immédiat et conséquent des Etats bailleurs », précise l’organisation dans un communiqué.
    Au total, plus de 400 000 personnes sont aujourd’hui réfugiées au Tchad, selon l’ONU, dont 86 % sont des femmes et des enfants. Chaque jour, nombre d’entre eux continuent de traverser la frontière après des kilomètres de marche pour fuir les sanglants combats au Soudan, déclenchés le 15 avril entre l’armée et les paramilitaires, avant que les miliciens tribaux ne se jettent eux aussi dans la bataille. Le Tchad est le troisième pays le moins développé au monde, selon l’ONU, et son système de santé, à genoux, ne peut souvent rien pour les plus fragiles. Avant cette nouvelle guerre, le pays accueillait déjà quelque 410 000 Soudanais ayant fui le conflit au Darfour (ouest) dans les années 2000, ainsi que des dizaines de milliers de réfugiés du Cameroun et de Centrafrique. Selon les projections de l’ONU, 200 000 nouveaux réfugiés du Soudan pourraient encore arriver bientôt.
    Le Monde avec AFP

    #Covid-19#migrant#migration#tchad#crise#humanitaire#refugiesoudan#darfour#sante#frontiere#onu

  • En Libye, les travailleurs étrangers rescapés « sont parmi les plus détruits psychologiquement par la catastrophe » de Derna
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/23/en-libye-les-travailleurs-etrangers-rescapes-sont-parmi-les-plus-detruits-ps

    En Libye, les travailleurs étrangers rescapés « sont parmi les plus détruits psychologiquement par la catastrophe » de Derna
    Par Nissim Gasteli et Madjid Zerrouky (envoyés spéciaux à Derna, en Libye)
    Publié le 23 septembre 2023 à 10h05, modifié le 24 septembre 2023 à e
    Venus d’Egypte, du Soudan ou du Tchad, de nombreux immigrés, saisonniers ou plus permanents, doivent surmonter le traumatisme de l’inondation sans le secours des solidarités familiales. Ils seraient quelque 100 000 dans les zones affectées par les inondations.
    La mort a fini par congédier Awad au dernier moment. Le 11 septembre, alors qu’on s’apprêtait à refermer le sac mortuaire dans lequel il avait été placé, un spasme a alerté les employés des services funéraires de Derna et l’a ramené dans le monde des vivants. Dans la nuit, la crue du Wadi Derna venait d’emporter un tiers de cette ville libyenne de 100 000 habitants, pulvérisant ou projetant des blocs d’habitation entiers dans la mer.
    (...)Des jeunes psychologues de l’hôpital psychiatrique de la ville préviennent : « Ici se trouvent ceux, petits et grands, qui sont parmi les plus détruits psychologiquement par la catastrophe. Ils ont vécu les mêmes scènes d’horreur que beaucoup d’entre nous, mais ils sont isolés et ne peuvent pas compter sur les solidarités familiales. » La ville compte 40 000 déplacés.
    Fiévreux, le visage marqué, les avant-bras et les mains anormalement gonflés, Awad est toujours sous le choc quand il se présente à nous. Solitaire quand les autres rescapés devisent en groupe à l’extérieur ou font le ménage à l’intérieur. Comme tous les habitants de Derna, il commence par raconter « son » 11 septembre : « C’était le jour du jugement dernier. Je m’étais barricadé avant de dormir dans le restaurant quand, vers 2 h 30, j’ai entendu un son terrifiant [la rupture du premier barrage, à 1 kilomètre en amont de la ville]. L’immeuble roulait sur lui-même. J’ai repris conscience quatre heures plus tard après avoir vomi de l’eau. Ils m’avaient déshabillé et commençaient à m’envelopper. Techniquement, j’étais mort, raconte-t-il d’une traite. Je n’habitais Derna que depuis deux semaines… »
    Près de 8 000 migrants et travailleurs étrangers
    De sa vie d’avant, il ne lui reste qu’un compte Facebook et les téléphones que lui prêtent ses compatriotes et compagnons d’infortune. Parmi eux, Mohamed Al-Saïd, 29 ans, Saïd Al-Masry, 26 ans, et Ahmad Mohamad, 24 ans. Assis à l’ombre de quelques arbustes sur une couverture, les trois amis sont originaires du village égyptien décimé de Nazlat Al-Sharif, une petite commune de la vallée du Nil d’où de nombreux jeunes étaient partis travailler en Cyrénaïque (province de l’est de la Libye, frontalière de l’Egypte) pour nourrir leur famille. Officiellement, soixante-quinze d’entre eux sont morts à Derna. Ils seraient davantage, selon les trois amis. « Environ 120 habitants de notre village sont décédés ou disparus », estime Mohamed, le pied bandé. Il s’est blessé sur des tessons de bouteille en escaladant un mur lors de la montée des eaux. Tous trois travaillent dans le secteur du bâtiment. « Beaucoup d’entre nous sont des travailleurs saisonniers, qui viennent ici pour quelques mois. D’autres restent un, deux ou trois ans avant de repartir en Egypte », précise Saïd Al-Masry.
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, la ville comptait près de 8 000 migrants et travailleurs étrangers au moment de la catastrophe, sur plus de 100 000 vivant dans les zones affectées par les inondations, la plupart originaires d’Egypte, du Tchad et du Soudan. Près de 430 d’entre eux auraient perdu la vie dans la nuit du 11 septembre, selon des bilans encore très parcellaires. Les autorités égyptiennes, qui faisaient état de plus de 120 corps identifiés jeudi, restaient sans nouvelles de 300 de leurs ressortissants.
    Les Egyptiens se rendent depuis des décennies en Libye pour y chercher du travail, « attirés par la prospérité relative du pays, structurellement plus riche et moins peuplé que l’Egypte », explique Jalel Harchaoui, chercheur associé au Royal United Services Institute for Defence and Security Studies. La migration de travail vers la Cyrénaïque est d’abord un enjeu socio-économique : pour Le Caire, elle offre des débouchés professionnels à ses ressortissants et leur permet de soutenir financièrement leurs familles restées au pays, afin d’éviter toute gronde sociale. « L’accueil continu des Egyptiens en Libye est perçu par les autorités égyptiennes comme un dû, vu les défis démographiques et économiques croissants de l’Egypte », précise l’universitaire. Dans ce contexte, le sort des travailleurs égyptiens est imbriqué dans les relations entre leur pays et le pouvoir de Benghazi, principale ville de la Cyrénaïque. Début juin, les autorités de l’Est libyen ont mené de larges opérations d’arrestations et d’expulsions contre les migrants égyptiens. Près de 4 000 auraient été reconduits aux frontières, selon des sources sécuritaires égyptiennes citées par Reuters. En Egypte, cette politique a été perçue comme une « humiliation », survenant à un moment de tensions entre Le Caire et Benghazi, ajoute M. Harchaoui. La situation s’est depuis apaisée, permettant aux Egyptiens de poursuivre leurs occupations professionnelles dans l’Est.(...)
    Les grandes villes de la Cyrénaïque ne sont pas les seules à attirer la main-d’œuvre venue d’ailleurs. La région du djebel Akhdar et ses multiples exploitations agricoles s’appuient sur de nombreux travailleurs migrants. Les dégâts provoqués par la tempête, qui a ravagé les cultures sur des milliers d’hectares, pourraient faire basculer l’avenir de beaucoup d’entre eux. « Je devais être payé mi-septembre, mais mon patron ne m’a pour l’instant rien donné », explique Naïm, 21 ans, employé d’un élevage de poulets près de la ville de Gandoula.
    Originaire du nord du Tchad, Naïm garde aujourd’hui l’entrée d’une exploitation vide de toute vie et d’activités. « Je gagne 1 000 dinars [190 euros] et je suis soutien de ma famille qui est restée là-bas. Enfin, je gagnais… », explique d’un ton doux le jeune homme. Il ne s’en cache pas, il se rêvait un avenir au-delà de l’horizon libyen : « J’espérais constituer un petit pécule pour quitter ce pays un jour. Je n’ai plus rien. Même mes papiers d’identité ont été emportés par l’eau. »
    La Cyrénaïque est aussi un point de départ majeur vers l’Europe. Depuis la fin de l’année 2022, un corridor reliant l’est de la Libye à l’Italie s’est rouvert, sur lequel s’élancent de vétustes chalutiers embarquant plusieurs centaines de personnes. La route est empruntée par de nombreux Egyptiens, qui ont représenté le premier contingent d’arrivées en Italie en 2022, avec 21 301 personnes, mais aussi par des Syriens qui y voient une alternative à la route des Balkans, désormais difficile d’accès, et des Bangladais.Mais, pour les trois rescapés de l’Institut technique de Derna, pas question de bouger pour le moment. « Nous resterons ici jusqu’à ce que nous retrouvions nos disparus. Puis nous retournerons en Egypte. Si telle est la volonté de Dieu », annoncent, fatalistes, Mohamed, Saïd et Ahmad. Revenu d’entre les morts, Awad, lui, n’a que faire du destin. « Ce sont des erreurs humaines, assène-t-il. Nous sommes venus dans ce pays pour travailler, pas pour finir au fond de la mer à des kilomètres [des immeubles entiers ont été repérés à 3 kilomètres de la côte, leurs habitants toujours piégés à l’intérieur]. Qui s’occupait des barrages ? Qui a permis qu’on construise sur des sols dangereux ? Je ne demande pas des comptes à Dieu, j’en réclame aux autorités libyennes. »

    #Covid-19#migrant#migration#libye#travailleurmigrant#mortalite#inondation#crise#humanitaire#egypte#soudan#tchad#sante#santementale#routemigratoire

  • Haut-Karabakh : plus de 28 000 réfugiés sont arrivés en Arménie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/26/haut-karabakh-plus-de-28-000-refugies-sont-arrives-en-armenie_6191129_3210.h

    Haut-Karabakh : plus de 28 000 réfugiés sont arrivés en Arménie
    Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé l’Azerbaïdjan à respecter ses engagements de protéger les civils dans la province et à y permettre l’accès de l’aide humanitaire.
    Sur la seule route menant à l’Arménie, un flot ininterrompu de véhicules transportant des familles, leurs affaires empilées sur les toits, se pressait mardi au dernier poste de contrôle azerbaïdjanais avant le territoire arménien, via le corridor de Latchine. Dimanche, après l’offensive éclair remportée par les troupes azerbaïdjanaises contre celles du Haut-Karabakh – dont le bilan est de 200 morts, selon les séparatistes –, Bakou a rouvert ce poste-frontière qui coupait l’enclave arménienne du reste du monde, provoquant l’exode.
    Depuis dimanche soir, l’afflux de réfugiés en Arménie a submergé la ville frontalière de Goris, peuplée d’une vingtaine de milliers d’habitants, première étape pour la plupart des réfugiés et devenue le carrefour de ces derniers. La semaine dernière, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé que son pays de 2,9 millions d’habitants se préparait à accueillir 40 000 réfugiés.
    Des réfugiés se tiennent à Goris le 26 septembre 2023, avant de partir pour Erevan. Un flot ininterrompu de véhicules se faufile sur l’unique route du Haut-Karabakh en direction de l’Arménie, transportant des dizaines de milliers de réfugiés désormais confrontés à un avenir incertain.
    Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé l’Azerbaïdjan à respecter ses engagements de protéger les civils dans la province et à y permettre l’accès de l’aide humanitaire. Lundi, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait réaffirmé la promesse que les droits des Arméniens de l’enclave seraient « garantis ».
    « Le secrétaire d’Etat s’est à nouveau entretenu avec le président [Ilham] Aliev aujourd’hui et a souligné l’urgence de mettre fin aux hostilités, d’assurer la protection inconditionnelle et la liberté de mouvement des civils, et de garantir un accès humanitaire sans entrave au Haut-Karabakh », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.
    La France, pour sa part, a appelé à « une action diplomatique internationale » face « à l’abandon de l’Arménie par la Russie ». Paris a estimé que l’exode « massif » des Arméniens du Haut-Karabakh se déroule « sous l’œil complice de la Russie », qui avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région sécessionniste.L’Union européenne (UE) a rappelé la « nécessité pour la transparence et pour un accès de l’aide humanitaire internationale et de responsables chargés de veiller au respect des droits humains, et d’obtenir davantage de détails sur la vision de Bakou concernant l’avenir des Arméniens du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan ».
    Dans le flot de réfugiés arméniens, l’Azerbaïdjan recherche de possibles auteurs de « crimes de guerre », a fait savoir mardi de son côté, une source gouvernementale azerbaïdjanaise à l’Agence France-Presse. « L’Azerbaïdjan a l’intention d’amnistier les combattants arméniens qui ont déposé les armes au Karabakh. Mais ceux qui ont commis des crimes de guerre pendant les guerres au Karabakh doivent nous être remis », a expliqué cette source.
    Lundi soir, en plein exode, un dépôt de carburant a explosé dans l’enclave majoritairement peuplée d’Arméniens, à Stepanakert. Le bilan restait incertain mardi soir : les séparatistes arméniens affirment qu’au moins 68 personnes sont mortes, 290 sont blessées et que 105 sont portées disparues.L’Union européenne (UE) a réuni mardi à Bruxelles des hauts responsables diplomatiques français, allemand, azerbaïdjanais et arménien. Selon le communiqué de l’UE, les discussions ont permis d’« intenses échanges entre les participants sur la pertinence d’une rencontre éventuelle des dirigeants » de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, en marge d’un sommet européen informel des Vingt-Sept à Grenade, dans le sud de l’Espagne, le 5 octobre. Ce sommet était prévu de longue date et n’a pas été annulé.

    Covid-19#migrant#migration#hautkarabakh#armenie#azerbaïdjan#guerre#crise#humanitaire#refugie

  • En Ethiopie, l’exode des médecins du Tigré, épuisés par deux ans de guerre civile
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/14/en-ethiopie-l-exode-des-medecins-du-tigre-epuises-par-deux-ans-de-guerre-civ

    En Ethiopie, l’exode des médecins du Tigré, épuisés par deux ans de guerre civile
    Après avoir travaillé sans relâche et sans salaire pendant le conflit, de nombreux soignants abandonnent les hôpitaux de la région pour exercer dans des cliniques à l’étranger ou rejoindre des ONG.
    Par Noé Hochet-Bodin(Addis-Abeba, envoyé spécial)
    A l’entrée de l’hôpital Ayder de Makalé, le plus grand du Tigré, les listes accrochées sur un tableau en liège ne sont pas des annonces d’embauche. Les hôpitaux de cette région du nord de l’Ethiopie auraient pourtant bien besoin de renfort en ces temps de reconstruction d’après-guerre. Hélas, il s’agit au contraire des noms de la centaine de médecins qui ont démissionné, abandonné l’hôpital et, le plus souvent, quitté la province.
    Après deux années de guerre civile (2020-2022) marquées par le blocus de la région, les pénuries de médicaments, l’occupation et la destruction de l’ensemble des structures de santé, le Tigré en paix fait face à une nouvelle menace : l’exode de ses soignants. La faculté de médecine de l’hôpital Ayder indique que 67 des 190 chirurgiens spécialisés de la région ont profité de la réouverture des frontières, après les accords de paix de novembre 2022, pour fuir un Tigré en ruines. Soit plus d’un tiers. En tout, 221 médecins ont quitté leur poste.« Le personnel de l’hôpital Ayder a travaillé sans relâche pendant deux ans sans être payé. Il a fait preuve d’un dévouement et d’une compassion incroyables, mais il est maintenant à bout. Tous sont épuisés, démoralisés et commencent à quitter l’hôpital », constate le directeur de l’établissement, Kibrom Gebreselassie, en guise d’appel à l’aide.
    Après le temps des dévastations, le Tigré se relève à peine. Pendant la guerre, l’hôpital Ayder fonctionnait « à 15 % de ses capacités », selon Kibrom Gebreselassie. Plus généralement, 70 % des structures de santé ont été « pillées » à travers la région, d’après Médecins sans frontières (MSF). Si, depuis les accords de paix, une partie du budget, dont les salaires, est de nouveau versée par le gouvernement fédéral, les médecins n’ont pas cessé de fuir.« C’est une tendance que nous avons du mal à contrôler », reconnaît Amanuel Haile, directeur du bureau régional de santé, qui date à janvier le début de l’exode, suite à la reprise des liaisons aériennes à Makalé, la capitale du Tigré : « Certains de nos meilleurs spécialistes partent pour travailler dans des cliniques privées en Europe et aux Etats-Unis ou dans des ONG, notamment au Somaliland, au Rwanda et au Soudan du Sud. »
    Les médecins choisissent l’exil avant tout pour des considérations financières, afin de régler leurs dettes après dix-huit mois sans revenus ni compensations. Kahsay Hailu (à sa demande, son identité a été changée) fut chirurgien pendant plus de douze ans à Ayder. Formé à Makalé, il doit tout à cet hôpital. Il a pourtant fait le choix de fuir au Canada, en mars, accompagné de sa femme et de ses trois enfants. « J’ai une famille à charge, je ne peux pas rester sans salaire ou presque dans un établissement qui ne fonctionne plus », justifie-t-il. En Ethiopie, un chirurgien du secteur public gagne en moyenne 230 euros par mois, mais jusqu’à 20 fois plus s’il travaille pour des agences onusiennes ou des ONG.
    Certes, il y a la culpabilité de laisser une province au bord du précipice, confrontée à une recrudescence de cas de violences sexuelles, de cancers et de VIH. Mais ces médecins déserteurs font aussi face à un constat d’impuissance. « J’ai le sentiment de m’être sacrifié deux ans pour soigner les miens alors que nous n’avions rien, pas de salaire, pas d’électricité, même pas de gants en plastique, ni de nourriture pour les patients », précise Kahsay Hailu.« Je ne les juge absolument pas », rassure Amanuel Haile, qui prétend que tout sera fait pour accueillir de nouveau les médecins en exil qui souhaitent retrouver leur poste. En attendant, la qualité des soins en pâtit. L’unique spécialiste de chirurgie abdominale étant parti, il faut se rendre à Addis-Abeba pour recevoir ce type de soins. De même pour la chirurgie vasculaire. « On fait du bricolage, ironise le chirurgien Fasika Amdeselassie. On est sous l’eau, ma liste d’attente a triplé depuis le départ de mes collègues. »
    Ce cadre de l’hôpital Ayder sait que les troubles de stress post-traumatique constituent une autre raison du départ des médecins tigréens. Pour les traiter, il a mis en place une petite structure, baptisée « Haqi », qui propose un soutien psychologique à l’attention des professionnels de santé qui se trouvaient en première ligne pendant la guerre. « Les dégâts psychologiques sont colossaux, la pression intense, et nous n’avons quasiment personne pour en parler, car le Tigré ne compte que trois psychiatres pour 6 millions d’habitants », dit-il.Si les acteurs humanitaires ont fait leur retour au Tigré pour soutenir un système de santé chancelant, il y a peu de chances que les médecins exilés reviennent rapidement. « Le budget alloué par le ministère de la santé a diminué d’un tiers par rapport au niveau d’avant-guerre », confie, désabusé, un médecin qui souhaite garder l’anonymat. De plus, la lente démobilisation des forces armées du Tigré et l’état d’urgence dans la région voisine de l’Amhara font craindre la résurgence des affrontements. « Les perspectives politiques sont trop sombres pour espérer le retour de nos collègues, assure Fasika Amdeselassie. Si la paix n’est pas entérinée prochainement, nous n’avons aucune chance de voir nos médecins rentrer. »
    Noé Hochet-Bodin(Addis-Abeba, envoyé spécial)

    #COvid-19#migrant#migration#tigre#ethiopie#conflit#crise#humanitaire#medecin#migrationqualifiee#santementale#exil#postcovid

  • « L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/25/l-indifference-face-aux-morts-en-mediterranee-est-le-signe-d-un-effondrement

    « L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité »
    Tribune
    Michel Agier Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
    Filippo Furri Anthropologue, membre du réseau Migreurop
    Carolina Kobelinsky Anthropologue, chargée de recherche au CNRS
    Jusqu’à la difficile acceptation, le 22 juin, de la mort des cinq touristes embarqués dans le submersible Titan pour voir de près l’épave du Titanic, les médias du monde entier ont suivi heure par heure les rebondissements de cette tentative de sauvetage, dans laquelle plusieurs Etats s’étaient impliqués. L’émotion suscitée par cet accident a mis crûment en évidence, par contraste, le calme plat des Etats et de la plupart des médias européens face à un autre drame maritime, le naufrage, une semaine plus tôt, le 14 juin, d’un chalutier parti de Libye avec environ 750 passagers originaires pour la plupart du Pakistan, de Syrie et d’Egypte, dont seulement 104 personnes sont rescapées. A ce jour, seuls 84 corps ont été retrouvés.

    Reste un calcul que presque personne ne semble vouloir faire, portant à plus de 600 le nombre de victimes fatales. Ce naufrage n’est tristement pas le premier, mais il est l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Pourtant, si le naufrage, déjà en Méditerranée, du 3 octobre 2013 et celui survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 ont provoqué un grand retentissement médiatique ainsi que des réponses des autorités italiennes, cette énième tragédie, elle, n’a pas eu d’effet.

    La tragédie n’a pas donné lieu à la sidération collective, elle n’a pas provoqué de polémique publique sur les politiques sécuritaires qui sont aujourd’hui la norme de presque tous les Etats européens. Elle n’a pas fait changer d’un pouce les discours xénophobes et sécuritaires des dirigeants européens. En France, les tractations continuent autour de la nouvelle loi sur l’immigration, sans cesse repoussée faute d’accord entre la droite et le centre droit, avec en perspective la remise en cause des conventions internationales de droits humains, et le durcissement des mesures sécuritaires antimigrants. En Europe, le nouveau pacte sur l’asile et la migration porte moins sur la capacité des pays membres à organiser un dispositif d’asile européen que sur le renforcement, une fois de plus, de la fermeture des frontières et de la logique d’externalisation [consistant à délocaliser la gestion administrative et policière des migrants dans les pays de départ ou de transit].
    Comme cela s’est passé après le naufrage dans la Manche du 21 novembre 2021, lorsque les gardes-côtes et sauveteurs français et britanniques se rejetèrent la responsabilité du drame, ou après celui de Cutro, en Calabre, le 26 février 2023, où la police, les douanes et les gardes-côtes italiens sont mis en cause, l’Agence européenne des frontières externes (Frontex) et les gardes-côtes grecs se renvoient la responsabilité de cet abandon en mer pour le drame du 14 juin. Plusieurs témoignages de rescapés accusent directement les gardes-côtes grecs d’avoir provoqué l’accident après avoir attaché un câble au chalutier afin de l’éloigner des eaux territoriales grecques pour ne pas avoir à prendre en charge ses occupants une fois à terre. Une telle pratique pour remorquer le bateau n’est pourtant pas recommandée, puisqu’elle comporte le risque de déstabiliser l’embarcation, voire de la faire chavirer.
    Détournant les regards ailleurs que sur les administrations grecques et européennes, la mise en cause rapide de neuf supposés « passeurs » parmi les rescapés n’est autre que l’invention cynique d’un bouc émissaire. Le renvoi (« push back »), l’abandon ou le harcèlement aux frontières sont devenus la règle implicite de la gestion migratoire contemporaine, au mépris du droit. Depuis que l’Europe de Schengen existe, elle a tué ou au moins « laissé mourir » plus de 55 000 exilés, hommes et femmes, à ses frontières. L’Organisation internationale pour les migrations, liée aux Nations unies, évoque quant à elle, selon ses données actualisées en juillet, le total de 27 675 morts et disparus dans la seule Méditerranée depuis 2014. Mais la publication de ces nombres, aussi édifiants soient-ils, semble sans effet.
    C’est surtout l’indifférence apparente des sociétés qui interpelle. Pour les uns, le sentiment d’impuissance et l’accablement laissent sans voix, pour les autres une acceptation ou une accoutumance coupables à une hécatombe interminable. Huit jours après le naufrage du 14 juin, un autre a déjà eu lieu près de Lampedusa, faisant 46 morts, passés cette fois totalement inaperçus. Des hommes et des femmes originaires d’Afrique subsaharienne avaient embarqué à Sfax pour échapper aux persécutions en Tunisie, alors que, dans le même temps, à l’instar de l’Italie, les pays européens marchandaient avec le président de ce pays, dont les propos racistes contre les Africains ont pourtant été largement rapportés, pour faire de la Tunisie un pays de rétention, comme l’est déjà la Libye.
    Ces politiques d’externalisation sont des manières de mettre en œuvre le rejet des indésirables, leur disparition des radars de l’attention publique, et elles ont besoin de l’indifférence des sociétés. A la peur des étrangers venus des pays du Sud, régulièrement entretenue ou suscitée par des dirigeants bornés, aveugles aux réalités du monde, succèdent des politiques de repli et de fermeture, puis, logiquement, des dizaines de milliers de « vies perdues », selon les mots du sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017) dans son livre qui porte ce titre (Payot, 2006), consacré à « la modernité et ses exclus ».
    On évoque souvent, à propos de ce naufrage du 14 juin, « au moins 80 morts » et « des centaines de disparus ». Certes, parler de « disparus » peut être une forme minimale de respect à l’égard des familles et des proches qui attendent encore de voir les corps de leur frère, cousin ou enfant. Mais c’est aussi une façon de ne pas faire face collectivement à la réalité. Attend-on que les corps noyés se volatilisent ? Plus probablement, l’absence de reconnaissance et de deuil pour ces plus de 600 personnes qui avaient un nom, une vie et des proches contribuera à en faire des fantômes pour l’Europe. En 2015, après le naufrage du 18 au 19 avril, l’opération de récupération de l’épave organisée par le gouvernement italien de l’époque, coûteuse et complexe, avait interpellé la conscience collective, avec l’ambition de récupérer les corps des victimes et de mettre en place un dispositif médico-légal pour les identifier et leur donner un nom. Cette fois, ces corps semblent destinés à rester emprisonnés à jamais au fond de la mer. L’écart entre l’émoi suscité par la disparition des cinq occupants du Titan et l’indifférence à l’égard des centaines de personnes migrantes subissant le même sort huit jours plus tôt ne tient-il qu’à l’anonymat de ces dernières, au fait qu’il n’y aurait pas d’histoires à raconter, pas de suspense à susciter, tant leur sort s’est banalisé ? S’émouvoir, comprendre, agir sont trois moments indispensables pour faire face.
    L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité dont il nous faut prendre la mesure pour sortir du cercle infernal qui l’a provoqué. Il nous faut, collectivement, raconter toutes ces vies perdues, retracer ces destins individuels, comprendre ce qui est en train de se passer, et agir dans le respect de toutes les vies humaines. La tâche est « titanesque » et demande du temps et du courage, mais elle est absolument urgente. Paradoxalement, l’accoutumance, l’accablement ou l’indifférence apparente sont les signes les plus éclatants de cette urgence.
    Michel Agier(Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS), Filippo Furri(Anthropologue, membre du réseau Migreurop) et Carolina Kobelinsky(Anthropologue, chargée de recherche au CNRS)

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