#immortalité

  • À propos de « Terre et liberté » d’Aurélien Berlan, par Anselm Jappe (recension)
    http://www.palim-psao.fr/2022/04/a-propos-de-terre-et-liberte-d-aurelien-berlan-par-anselm-jappe-recension

    Mais par la suite une évolution dans sa pensée a eu lieu, et toujours en refusant tout « romantisme agraire », il a progressivement abandonné l’idée que l’émancipation sociale dépende forcément d’un degré du développement industriel que seulement le capitalisme a pu assurer. La rupture avec le marxisme traditionnel devait aussi passer par le rejet de cette assomption – qui est resté moins marquée, cependant, que le rejet de la centralité de la « lutte des classes ». De toute manière, il a nettement nié la possibilité de sortir de la logique de la valeur à travers le numérique, en répondant avec son article « La non-valeur du non-savoir » (Exit ! n°5, 2008) à l’article « La valeur du savoir » d’Ernst Lohoff (Krisis, n°31, 2007). La conception d’une sortie du travail à travers les machines « qui travaillent à notre place » est depuis des décennies assez populaire dans une bonne partie de la gauche radicale, et on en trouve des traces même dans le Manifeste contre le travail de 1999. Cependant, la critique « catégorielle » du travail, qui met l’accent sur le caractère tautologique du côté abstrait du travail accumulé comme représentation phantasmagorique de la pure dépense d’énergie et qui devient le lien social, n’est pas identique à une critique « empirique » du travail en tant qu’activité déplaisante – même si l’énorme augmentation du « travail concret » dans la société capitaliste est évidemment une conséquence de l’intronisation du travail abstrait comme lien social. La critique de la valeur a certainement dépassé le stade de l’« éloge de la paresse » ‒ même si ce slogan pouvait constituer jusqu’à 2000 environ une provocation salutaire envers le marxisme traditionnel autant qu’envers le mainstream social. Ensuite cette forme de critique du travail a trouvé une certaine diffusion s’accompagnant de sa banalisation, la polémique contre les « jobs à la con » (David Graeber), etc.

    […]

    L’ancienne idée que le développement des forces productives doit s’achever avant de pouvoir passer à une société émancipée, et qui fait à nouveau rage avec des tendances comme l’accélérationnisme cher à Multitudes, a été abandonnée par la majorité des auteurs de la critique de la valeur (mais non par tous). La critique de la logique de la valeur et une critique des appareils technologiques peuvent donc bien s’intégrer et se compléter dans une critique de la « méga-machine » (Mumford), même si le degré de « mélange » de ces deux critiques peut varier assez fortement selon l’approche choisie. Berlan ne va pas jusqu’à dire, comme d’autres auteurs de la critique anti-industrielle, que la critique du travail aide le capitalisme parce qu’elle dénigrerait le faire artisanal et l’ethos du travail, en favorisant ainsi les procédures automatisées, voire numérisées. Mais Berlan n’évoque jamais vraiment la différence entre travail concret et travail abstrait.

    […]

    Mais lorsque l’écroulement progressif de la société marchande poussera des millions de gens vers ces expériences – comme Berlan le prévoit et le souhaite, ce qui est d’ailleurs une perspective très optimiste – que trouveront-ils à récupérer ? Des arbres coupés et des vignes arrachées, des sols empoisonnés et des savoir-faire complètement perdus. Combien de temps faudrait-il pour recomposer ce qui a été perdu (si on y arrive) ? Et surtout, quoi faire si, au moment de la récolte, des gens se présentent, qui n’ont contribué en rien au labeur, mais qui ont des mitraillettes ? Berlan évoque effectivement le problème de la défense, presque toujours négligé dans ces contextes. Mais il le reperd tout de suite. Or, l’autodéfense ne fait pas peur aux zapatistes et aux kurdes dans le Rojava, et pourrait en tenter quelques-uns dans les zad – mais la plupart des aspirants à l’autonomie en Europe choisissent sans doute d’éviter le problème, effectivement épineux, et préfèrent la bêche au fusil.

    Une autre faiblesse de cette approche réside dans la méconnaissance du rôle de l’argent : en stigmatisant le « purisme » de ceux qui voudraient bannir tout usage de la monnaie, Berlan en défend un usage « raisonnable », limitée, pour les échanges entre communautés largement autosuffisantes. Ainsi fait retour le vieil espoir, pour ne pas dire le mythe éternel, de la « production simple de marchandises », où l’argent ne s’accumule pas en capital, mais reste sagement à sa place en jouant un rôle purement auxiliaire. Proudhon l’a proclamé comme un idéal, Fernand Braudel comme une vérité historique (le marché sans le capitalisme), Karl Polanyi (ce sont tous des auteurs cités par Berlan) comme une situation historique passée (quand la terre, le travail et la monnaie n’étaient pas des marchandises) et qui serait à rétablir. Mais c’est un leurre, très présent même à l’intérieur du marxisme. Marx a déjà démontré le caractère « impérialiste » de l’argent qui ne peut que prendre possession graduellement de toutes les sphères vitales. Le problème réside dans l’homologation des activités les plus différentes dans une seule substance, « le travail » ; si ensuite celle-ci se représente dans une « monnaie fondante », des bons de travail ou de la monnaie tout court, ne touche pas à l’essentiel. La méconnaissance du rôle du travail abstrait est ici évidemment étroitement liée à celle du rôle de l’argent.

    […]

    Dernièrement, on a prêté une attention croissante à l’« absence de limites » que provoque la société capitaliste (et sur laquelle elle se fonde en retour), à la « pléonexie », à son déni de la réalité physique. Cela constitue une partie indispensable de la mise en discussion de l’utilitarisme, du productivisme, de l’industrialisme et du culte de la consommation marchande qui distinguent autant le capitalisme que ses critiques de gauche. Cependant, Berlan risque d’aller un peu trop loin. Il oppose le désir de vivre en communautés autonomes fondées sur le partage et l’entraide, qui aurait caractérisé la plupart des êtres humains dans l’histoire, au désir de se libérer de la condition humaine et de ses contraintes. Ainsi risque-t-on de jeter aux orties, ou de déclarer pathologique, une bonne partie de l’existence humaine. Le désir de délivrance est un élément constant de l’existence humaine, souvent considérée comme sa partie noble, et s’explique avec les limites inévitables, mais quand même difficiles à accepter, de la conditio humana. La volonté d’aventure et d’extraordinaire, de grands exploits et de triomphes, de reconnaissance et de traces à laisser de son passage sur terre semble difficilement éliminable, et même si on pouvait l’éradiquer, on appauvrirait terriblement le monde humain. Le côté agonistique de l’homme doit être canalisé en des formes non trop destructrices, non simplement renié ou refoulé (avec les résultats qu’on connaît).

    […]

    L’omniprésence du désir d’être délesté des taches les plus ennuyeuses et répétitives de la vie évidemment ne justifie en rien le mille et une formes d’hiérarchie et d’oppression auxquelles ce désir a conduit. Mais il faut faire les comptes avec cette pulsion qui semble aussi originaire et fondamentale que le désir de communauté, et en tirer des bénéfices.

    […]

    Même si on n’a jamais trouvé le ciel, ou seulement pour de brefs moments, sa quête a constamment aiguillonné les humains à faire autre chose que l’accomplissement des cycles éternels. Sous-évaluer l’importance de la dimension du sacré, de la religion, du transcendant, ou simplement du rêve et de la recherche de l’impossible (les chiens qui savent voler) a déjà coûté cher aux mouvements d’émancipation. Ce ne sont pas nécessairement ces désirs qui font problème, mais la tentative de les réaliser à travers les technologies apparues sous le capitalisme, qui font sauter toutes les barrières entre le rêve et le passage á l’acte, détruisant au passage aussi la possibilité de rêver. Les mythes universels sur l’immortalité ne sont pas responsables du transhumanisme.

    […]

    [9] D’ailleurs, ce mythe mésopotamien, un des plus anciens connus et dont ils existent de nombreuses versions, débouche justement sur l’impossibilité d’atteindre l’immortalité - un serpent vole l’herbe de l’immortalité que les dieux ont donnée à Gilgamesh, qui accepte alors sa mortalité et décide de jouir des plaisirs des mortels, comme celui de tenir son enfant par la main.

    #Aurélien_Berlan #liberté #subsistance #délivrance #recension #livre #Anselm_Jappe #critique_de_la_valeur #anti-industriel #décroissance #philosophie #désir #émancipation #argent #travail #travail_abstrait #critique_du_travail #mythe #rêve #immortalité #transcendance

  • L’#ADN révèle les secrets du #tardigrade, résistant suprême
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/07/31/l-adn-revele-les-secrets-du-tardigrade-resistant-supreme_5167103_1650684.htm

    « Shinjirarenai ! », « Amazing ! », « Incroyable ! ». Dans toutes les langues, l’adjectif résonne souvent à l’unisson à l’évocation du nom d’une petite bête : le tardigrade. D’origine obscure et doté de facultés de survie inouïes, l’animal microscopique, surnommé « ourson d’eau » à cause de ses griffes, intrigue les scientifiques. Un groupe de biologistes britanniques et japonais a donc entrepris d’explorer son génome. Cette plongée dans les arcanes de son ADN leur a permis d’en percer certains mystères. Publiée le 27 juillet dans la revue PLOS Biology, leur étude apporte des révélations sur deux fronts distincts : la position exacte de l’animal au sein du vivant et les mécanismes génétiques à l’origine de ses capacités de #résistance.

    #nématodes #immortalité

  • Regardez ce court-métrage d’anticipation sur la peur de vieillir - Reader.fr
    http://www.reader.fr/614536/regardez-ce-court-metrage-danticipation-sur-la-peur-de-vieillir

    https://www.youtube.com/watch?v=iWLcWHYmgpg

    Avec un casting assez fou : Pamela Anderson, Jane Fonda (à la voix) ou Dree Hemingway.

    Motherboard vient de mettre en ligne Connected, un court-métrage de science-fiction troublant sur la peur et l’angoisse du vieillissement. L’histoire ? Jackie (Pamela Anderson) est prof de fitness et de cardio-training.

    Exténuée, proche du burn-out et en plein questionnement sur elle-même, elle se laisse tenter par une société mystérieuse qui promet l’amélioration du corps, de l’âme et de l’esprit.

    #agisme #santé #immortalité #corps

  • Self/Less : film de Tarsem Singh (2015)


    Dans le même contexte de transhumanisme [1] voici un film qui parle de surpasser la mort et l’aspect temporaire du corps pour rendre immortel notre esprit. Il s’agit ici de transfert de l’esprit d’un corps mourant vers un corps récepteur prêt à emploi.
    Seul hic est que ce dernier est le corps d’une personne décédée de manière contrôlée afin de le préparer pour recevoir le transfer. Or, il reste des traces de la personnalité de l’hôte.

    Un film atypique pour Tarsem (sauf pour le sujet d’immortalité), sur un sujet pas méga-original (pour le transfert), et qui ne ressemble en rien à ses films précédents tel que The Fall, qui lui est majestueux. (il aurait changé de responsable cinématographie).

    Ce ne serait pas un drame de le louper. A moins de vouloir voir l’intérieur du Trump Tower, y compris l’appartement de Donald Trump dont l’intérieur est recouvert d’or, et avec une vue surprenante sur Central Park.

    http://www.idesignarch.com/inside-donald-and-melania-trumps-manhattan-apartment-mansion

    #film
    #transhumanism #transhumanisme
    #mort #death
    #immortel #immortalité #immortality
    #Tarsem_Singh
    #Trump_Tower

    __

    [1] cf. http://seenthis.net/messages/441948

  • So You Want to Live Forever | The Weekly Standard
    http://www.weeklystandard.com/articles/so-you-want-live-forever_788982.html?nopager=1

    The current fascination with achieving immortality via science seems to track the general loss of religious faith in the modern West. Since the New Testament phrase “death hath no more dominion” no longer resonates with many people as a promise of heavenly survival, scientific life extension can be explained as an effort to achieve transcendence and eternal life by other means. Aldous Huxley explored those themes satirically in his 1939 novel, After Many a Summer, whose most entertaining character, the cynical Dr. Obispo, during the day experiments with carp, fish that were reputed to live for centuries, so as to distill a longevity drug for a tycoon who is terrified of dying, and at night fornicates with the tycoon’s youthful mistress. Dr. Obispo’s ideological counterpoint is Mr. Propter, an eccentric who lives the ostentatiously simple life, making wooden furniture and philosophizing about his own route to transcendence by rising above earthly concerns. Huxley took the title of his novel from a line in Tennyson’s “Tithonus,” a poem that explores the classical myth.

    #transhumanisme #posthumanisme
    #immortalité #futurisme #tranhsum

    • #femmes #femme
      interessant domage que ca soit si court, j’en aurais bien ecouté une heure de plus ^^

      Je relève ceci qui me semble interessant.

      Isabelle Collet émet une hypothèse sans doute à creuser. Elle observe que les deux grands penseurs de l’informatique moderne, Alan Turing et John Von Neumann étaient deux grands génies, mais très misogynes chacun à sa manière, et surtout qu’ils avaient imaginé l’informatique comme le moyen de dupliquer l’intelligence, leur intelligence, sans l’intermédiaire du corps des femmes (c’est la machine étant le lieu de cette duplication). Une sorte de pécher originel de l’informatique qu’il s’agirait depuis de racheter et dont nous serions encore aujourd’hui les victimes (ou les agents, dans Place de la toile, li y a trop d’hommes). L’hypothèse d’Isabelle Collet n’exonère personne mais donne une idée de l’ampleur du travail.

      ca me fait pensé à ceci « Les hommes sont les organes sexuels des machines »
      http://fkaplan.wordpress.com/2011/09/22/les-hommes-sont-les-organes-sexuels-des-machines
      et ceci « le principe de la marmite »
      http://seenthis.net/messages/132696
      en fait l’informatique serait la nouvelle marmite qui permettrai aux hommes de se reproduire sans femmes en attendant la mise au point de l’uterus artificiel.

      Tout ca me fait fortement pensé au #transhumanisme et leur idée d’#immortalité.

    • Et le titre de l’émission est

      Le problème des femmes en informatique

      avéletexte :
      http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-probleme-des-femmes-en-inf
      Concernant ce que souligne @mad_meg

      l’informatique comme le moyen de dupliquer l’intelligence, leur intelligence, sans l’intermédiaire du corps des femmes

      je note la relation avec #bigmother, la rassurante société de surveillance et de consommation qui vise à prendre la place maternante.
      #labarbe

    • @touti c’est quelquechose que j’ai vu plusieurs fois dans les articles du site @le_cinema_est
      Le fait que l’on combatte l’aspect symboliquement féminin dans l’informatique.
      Par exemple la terrible #matrice de Matrix
      Dans le dernier James Bond, c’est expliqué ici
      http://www.lecinemaestpolitique.fr/skyfall-2012-pour-que-bond-rebande
      Dans Elysum que j’ai vu hier (ne pas lire la suite si vous ne l’avez pas encore vu) , il y a le personnage jouée par Judy Foster qui orchestre son coup d’état grâce à une manipulation de l’ordinateur central. On retrouve aussi cette idée de superordinateur maternant, qui protégè et soigne.
      Ca me rappel aussi Shirka dans Ulysse 31 avec sa belle voix féminine et sa fonction de supermère qui veille sur l’équipage endormi.

      Ca ressemble aussi a la philosophie des drones lorsque qu’il est question de virilisé l’usage de ces machines :

      « Le drone apparaît comme l’arme du lâche, celui qui refuse de s’exposer. Il ne requiert aucun courage, il désactive le combat. Cela provoque des crises profondes dans les valeurs guerrières » (…)

      « La guerre devient un télétravail, accompli par des employés de bureau, très loin des images à la Top Gun. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les premières contestations du drone aient été le fait de pilotes de l’Air Force. Ils refusaient la déqualification de leur travail, mais ils luttaient aussi pour le maintien de leur prestige viril…(…)

      [Les noms techniques donnés aux drones] sont révélateurs. Predator, c’est le prédateur, Reaper, la faucheuse. Ce sont des images de bêtes de proie. Il y a aussi ce tee-shirt à la gloire du Predator sur lequel on peut lire : « Vous pouvez toujours courir, mais vous mourrez fatigué. » En anglais, drone se dit unmanned vehicle, ce qui signifie littéralement « des-hommé », mais on pourrait dire aussi « dévirilisé ». Il est en effet cocasse qu’une catégorie de drones ait été baptisée « Male », pour Medium Altitude Long Endurance en anglais (moyenne altitude et longue endurance en français). »

      http://www.lecinemaestpolitique.fr/after-earth-2013-drones-et-terroristes

      Je me dit que l’industrie culturelle n’y est pas pour rien dans cette masculinisation de l’informatique et des machines, tellement l’aspect symboliquement féminin de cet technique est méthodiquement diabolisé dans les fictions.

  • [Neurosciences et immortalité] Pour Kenneth Hayworth, dans 100 ans on pourra transférer un cerveau sur un support informatique (et le gars entend se suicider le temps venu pour qu’on stocke son cerveau et ses neurones) :

    The Strange Neuroscience of Immortality (The Chronicle of Higher Education)
    http://chronicle.com/article/The-Strange-Neuroscience-of/132819

    « Kenneth Hayworth wants to plastinate his brain and have it uploaded to a computer to achieve an immortal consciousness. Is he brilliant? Is he crazy? Is he both? »

    #Neurosciences #Technologie #Immortalité

  • #Transhumanisme : Un scientifique décide de se suicider pour mieux ressusciter | Slate
    http://www.slate.fr/lien/59431/ken-hayworth-cerveau-immortalite

    Le plan ? Vider l’eau et la moelle épinière de son cerveau et les remplacer par une résine en plastique pur. Chaque neurone et synapse de son système nerveux central sera protégé jusqu’à l’échelle du nanomètre. Son #cerveau physique sera détruit mais son connectome (le plan de toutes ses connections) sera conservé. Pour beaucoup de scientifiques, le connectome contiendrait la conscience.

    #immortalité