Impôts : quand le gouvernement fait le lit des néolibéraux
Il y a quelques jours, Le Monde avait recensé pas moins de 84 nouveaux impôts qui ont été créés par Nicolas Sarkozy et François Hollande depuis 2011. Pas un jour ou presque ne passe sans l’évocation d’un nouveau projet, nourrissant un profond ras-le-bol fiscal, pas totalement injustifié.
Blanc bonnet et bonnet blanc
Les décomptes du Monde sont assez édifiants. Sur les budgets 2011 et 2012, la majorité sortante avait déjà voté pour 32 milliards d’impôts supplémentaires (et 4 milliards de baisse). Le nouveau gouvernement socialiste a chargé la barque de 28 milliards pour 2012 et 2013. On attend encore la note pour 2014, qui pourrait atteindre une dizaine de milliards. Mais ce qui est stupéfiant, c’est le choix de le faire par le biais de pas moins de 84 mesures différentes, soit 84 nouvelles occasions pour les Français de débattre de ce choix mais aussi de bien sentir la douloureuse dans leur porte-monnaie.
La raison de ce double choc fiscal est simple : le choix d’essayer de réduire rapidement le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013 pour se conformer aux objectifs européens. Au final, ce déluge de taxes n’a fait que casser la croissance, imposant de repousser l’objectif de deux ans, à 2015. Et avec la baisse du pouvoir d’achat, cette forte hausse de la pression fiscale pèse sur les ménages. Il faut noter ici que la Grande-Bretagne parvient à afficher 7% de déficit budgétaire cette année, sans subir les foudres des marchés, parce qu’elle a conservé sa monnaie, comme l’explique Paul Krugman.
Le lit du néolibéralisme ?
Parallèlement, les médias parlent de plus en plus des parasites fiscaux et de la désertion fiscale des plus riches et des multinationales, créant un profond sentiment d’injustice parmi les citoyens. En effet, comment accepter sans broncher de payer plus tous les jours dans de multiples domaines alors que s’étalent les histoires d’Amazon qui paie sa TVA à 15% au Luxembourg, de Starbucks, qui ne déclare aucun profit en France ou en Grande-Bretagne en transférant ses gains dans des parasites fiscaux ? Logiquement, les citoyens français normaux ont l’impression d’être les dindons de la farce.
Quand, en plus, un rapport en vient à proposer de taxer tous les propriétaires de logement pour compenser le « loyer fictif » qu’ils devraient verser, il y a de quoi créer une véritable révolte fiscale. C’est sans doute pour cela que Jean-François Copé n’a pas hésité à remonter sur les vieux chevaux du néolibéralisme en promettant pour 2017 pas moins de 130 milliards de baisse d’impôts, une promesse qui semble assez ridicule étant donnés le mandat de Nicolas Sarkozy et les déficits actuels. Bien entendu, on attend encore le détail des coupes qu’il serait obliger de faire pour mener cela à bien.
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