#karel_van_wolferen

  • Une natalité censitaire condamne le #Japon au déclin démographique
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090816/une-natalite-censitaire-condamne-le-japon-au-declin-demographique

    La #démographie déclinante du Japon, anticipant celle d’une grande partie du monde développé, est un frein permanent à la croissance. Entre l’accoutumance au déclin et la correction d’une natalité inégalitaire, le système politique est incapable de choisir.

    #International #Abenomics #emploi_des_femmes #Jesper_Koll #Karel_van_Wolferen #Minami-Azabu #Nagi-machi #natalité #NHK #PLD #Shinzo_Abe #société

  •  » Ukraine, journalisme corrompu et foi atlantiste, par Karel van Wolferen
    http://www.les-crises.fr/ukraine-journalisme-corrompu-et-foi-atlantiste-par-karel-van-wolferen

    Karel van Wolferen est un journaliste Néerlandais et un professeur émérite de l’Université d’Amsterdam. Depuis 1969, il a publié plus de vingt livres sur les politiques publiques, qui ont été traduits en onze langues et vendus à plus d’un million d’exemplaires dans le monde. En tant que correspondant étranger pour NRC Handelsblad, l’un des journaux-phares de la Hollande, il a reçu la plus haute récompense néerlandaise pour le journalisme, et au cours des années, ses articles ont été publiés dans le New York Times, le Washington Post, The New Republic, The National Interest, Le Monde, et de nombreux autres journaux et magazines.

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    Ce qu’il faut garder présent à l’esprit, c’est qu’à l’échelle européenne, il n’y a aucune publication, aucun journal qui soutienne un espace public européen et fournisse aux Européens intéressés par la politique un moyen de réfléchir et discuter entre eux des grands événements internationaux

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    Mais Washington a toujours eu l’avantage dans cette guerre de propagande qui l’oppose à un adversaire très réticent, contrairement à ce que les médias grand public ont voulu nous faire croire. La propagande, qui prend sa source à Washington, est construite de manière à coller à l’hypothèse d’un Poutine qui, guidé et soutenu par un nationalisme exacerbé par la chute de l’empire soviétique, tente de repousser les frontières de la Fédération de Russie jusqu’aux anciennes limites du défunt empire.

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    Il ne fait aucun doute que la propagande de Moscou, à laquelle il est souvent fait référence, existe réellement. Mais il y a des moyens, pour les journalistes sérieux, de mettre en balance les propagandes des différents bords et de discerner la part de vérité ou de mensonges ou de foutaises qu’elles contiennent. De ce que j’ai pu voir, cet exercice n’a été fait qu’en Allemagne, et de manière restreinte. Pour le reste, nous devons reconstituer la réalité politique en nous reposant sur les sites web américains, maintenant plus que jamais indispensables, qui accueillent des lanceurs d’alertes et des journalistes d’investigation à l’ancienne et qui, spécialement depuis l’avènement de la « guerre contre le terrorisme » et l’invasion de l’Iraq ont constitué une forme continue de publication samizdat [NdT : « samizdat » d’après Wikipédia : « Le samizdat (en russe : самиздат) était un système clandestin de circulation d’écrits dissidents en URSS et dans les pays du bloc de l’Est, manuscrits ou dactylographiés par les nombreux membres de ce réseau informel. »]

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    De nos jours, la sécurité de l’emploi dans le monde du journalisme est assez incertaine et aller à contre-courant équivaut presque à se retrouver sur une voie de garage avec le diable, car c’est nuire à sa « crédibilité » de journaliste.

    Ce qui frappe une ancienne génération de journalistes sérieux et les fait douter de la crédibilité des médias grand public, c’est le fait d’ignorer les indices qui pourraient miner ou démolir la version officielle ; une version officielle qui a déjà imprégné la culture populaire comme en témoignent les commentaires désinvoltes qui ornent les critiques de livres, de films, et beaucoup d’autres choses.

    Aux Pays-Bas la version officielle est déjà gravée dans le marbre, ce à quoi on devait s’attendre lorsqu’elle a été répétée dix mille fois. Elle ne peut être écartée, bien sûr, mais elle n’est pas basée sur le moindre morceau de preuve.

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    Pour situer le degré de fidélité médiatique à Washington dans le cas ukrainien, et aussi mettre en perspective le comportement servile des politiciens européens, nous devons connaître et comprendre l’Atlantisme. C’est une foi européenne. Il n’a pas produit une doctrine officielle, bien sûr, mais il fonctionne comme tel.

    Il est bien résumé par le slogan néerlandais au moment de l’invasion de l’Irak : « zonder Amerika gaat het niet » (sans les Etats-Unis les choses ne marcheront pas).

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    L’atlantisme est une grave maladie de l’Europe : elle génère une amnésie historique, un aveuglement têtu et une colère politique dangereusement déplacée. Mais elle s’épanouit sur un mélange de certitudes sur la protection qui perdurent depuis la guerre froide, de fidélités issues de la guerre froide intégrées à la culture populaire, d’inculture européenne pure et simple, et d’une réticence compréhensible à admettre qu’on a été, ne serait-ce qu’un petit peu, conditionné. Washington peut se permettre tous les excès sans que l’atlantisme ne soit remis en cause, du fait de la distraction de chacun, que les médias font tout pour entretenir. Je connais des néerlandais dégoûtés par la campagne de diabolisation de Poutine, mais pour eux, l’idée de pointer un doigt accusateur sur Washington, dans l’affaire de l’Ukraine, est quasiment inacceptable. De telle sorte que les publications néerlandaises, tout comme beaucoup d’autres en Europe, n’arrivent pas à se résoudre à placer la crise de l’Ukraine dans sa juste perspective en admettant que la responsabilité en revient à Washington, et que Washington, et non Poutine, a la clé de sa résolution.

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    La vieille Europe réalise-t-elle que les USA ont des ennemis qui ne sont pas les ennemis de l’Europe, parce qu’elle en a besoin pour des raisons de politique intérieure, pour sauvegarder une industrie de guerre économiquement importante, et pour tester la bonne foi politique des candidats à la fonction publique.

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    D’autres obstacles à un réveil restent gigantesques ; la financiarisation et les politiques néolibérales ont produit un enchevêtrement transatlantique d’intérêts ploutocratiques. Ajoutées à la foi atlantiste, elles ont aidé à contrecarrer le développement politique de l’Union européenne, et avec cela, la capacité de l’Europe à prendre des décisions politiques indépendantes. Depuis Tony Blair, la Grande-Bretagne est tombée dans l’escarcelle de Washington, et depuis Nicolas Sarkozy, la même chose peut plus ou moins être dite de la France.

    Ce qui laisse l’Allemagne. Angela Merkel était ouvertement mécontente des sanctions, mais elle a fini par suivre le mouvement parce qu’elle veut rester du bon côté du président américain, et parce que les États-Unis, en tant que vainqueurs de la Seconde guerre mondiale, ont encore du poids à travers un certain nombre d’accords. Le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, cité dans les journaux et à la télé, a répudié les sanctions et dénoncé l’Irak et la Lybie comme autant d’exemples de résultats désastreux des escalades et des ultimatums, et malgré cela, lui aussi change d’avis et, au bout du compte, suit le mouvement général.

    Der Spiegel est l’une des publication allemandes qui offrent un espoir. L’un de ses chroniqueurs, Jakob Augstein, attaque les « somnambules » qui sont tombés d’accord sur les sanctions, et blâme ceux de ses collègues qui montrent Moscou du doigt. Gabor Steingart, qui publie Handelsblatt, s’en prend à la « tendance américaine à l’escalade verbale, puis militaire, à l’isolement, à la diabolisation et à l’attaque d’ennemis » et conclut que « le journalisme allemand est passé de la pondération à l’agitation en quelques semaines. Le spectre des opinions s’est réduit au champ de vision d’une lunette de tireur d’élite ». Il doit y avoir d’autres journalistes, en Europe, qui disent la même chose, mais leurs voix ne passent pas la cacophonie de la diabolisation.

    #journalisme #presse #atlantisme #États-Unis #Ukraine #Europe #Karel_van_Wolferen