• Macron roi

    Alors que le #Parlement est en ce jour transformé en une chambre d’enregistrement des désirs du Roi, il importe de revenir sur le bilan d’une année de gouvernement-covid. Est-ce la pandémie qui est hors de contrôle, ou bien notre président ? Les deux certainement.

    « Le président a acquis une vraie #expertise sur les sujets sanitaires. Ce n’est pas un sujet inaccessible pour une intelligence comme la sienne. » #Jean-Michel_Blanquer, Le Monde, le 30 mars 2021

    « Ce n’est pas Macron qui manque d’#humilité, c’est l’humilité qui n’est pas à la hauteur », #EmmanuelMacronFacts

    « Père Ubu – Allons, messieurs, prenons nos dispositions pour la bataille. Nous allons rester sur la colline et ne commettrons point la sottise de descendre en bas. Je me tiendrai au milieu comme une citadelle vivante et vous autres graviterez autour de moi » Alfred Jarry, Ubu roi, Acte IV, scène 3

    Je serai bref. On écrit bien trop sur Macron. Les trois épigraphes ci-dessus disent à peu près tout. Il faudrait juste ajouter que dans certaines versions de la mythologie grecque Hybris est l’un des enfants de la Nuit et d’Érèbe, une divinité des Enfers. L’#hybris désigne la #démesure, l’#excès_de_pouvoir et le vertige auquel il conduit. La Vème République est une détestable machine à produire de l’hybris. Des présidents hors de contrôle.

    En ce 31 mars 2021, Macron roi préside un #Conseil_de_défense_sanitaire où ne siège autour de lui qu’une petite grappe de ministres choisis par ses soins. Conseil opaque, soumis au secret et échappant à tout #contrôle_législatif . Le soir du même jour, il annonce ses décisions à ses sujets, au nom d’un « nous », dont on ne saura jamais s’il est de majesté ou s’il renvoie aux choix collectifs et débattus d’un #exécutif. Ce « je-nous » annonce donc le #reconfinement de toute la métropole, avec la fermeture des écoles. Je propose de déduire de ces décisions les trois #échecs de Macron, qui correspondent à trois #fautes, lesquelles sont directement en rapport avec la démesure qui caractérise le personnage, #démesure encouragée par la fonction et notre #constitution épuisée. Quand faire le #bilan d’une politique se résume, de facto, à la caractérologie de son Auteur, on se dit qu’il est grand temps de changer de République et d’en finir avec le #présidentialisme.

    Le premier échec de Macron roi, c’est le reconfinement de toute la métropole avec ses conséquences en termes de #santé_mentale, de #précarisation accrue pour les plus pauvres et les classes moyennes, et d’aggravation de la #crise_économique. L’engagement pris à de multiples reprises de ne pas reconfiner nationalement n’a jamais été accompagné de la politique qu’un tel choix exigeait. Macron a mis tout le pays dans une #impasse. Le reconfinement est la conséquence directe de ce choix. La décision de laisser filer l’#épidémie fin janvier, - dans un contexte de diffusion des variants, avec l’exemple anglais sous les yeux, et contre l’avis de toute la #communauté_scientifique -, a été, littéralement, criminelle. Macron était parfaitement informé de la flambée qui aurait lieu mi-mars. Nous y sommes.

    Le second échec de Macron roi, distrait et appuyé par son fou préféré dans son obstination à ne #rien_faire pour sécuriser sérieusement l’#Éducation_nationale, aura été la #fermeture contrainte des #écoles et le prolongement du semi-confinement des étudiant.es, qu’il convient de ne pas oublier : les dégâts sont pour elle et eux sans fin, que certain.es aident à réparer : https://blogs.mediapart.fr/parrainer-un-e-etudiant-e/blog/260221/parrainer-un-e-etudiant-e-pour-entrer-dans-le-monde-dapres-appel-ten. En plus des scandales des #masques, des #tests et des #vaccins, Macron et son gouvernement sont en effet directement comptables d’une #inaction incompréhensible. Monté sur son « cheval à phynances », Macron roi a certes arrosé les entreprises de centaines de milliards, mais n’en a dépensé aucun pour l’#Hôpital, l’École, l’#Université, la #Recherche et plus généralement la #sécurisation_sanitaire des #lieux_publics, parmi lesquels tous les lieux de #culture.

    Or, depuis bientôt un an, des chercheurs font la démonstration que des solutions existent (voir ici : https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/120121/rendre-l-universite-aux-etudiants-sans-attendre-les-decideurs ) et que la stratégie « #Zéro_Covid » est certainement la plus efficace et la plus propre à protéger des vies : voir par exemple les propositions concrètes de Rogue-ESR (https://rogueesr.fr/zero-covid). Pourquoi donc « une intelligence comme la sienne » ne parvient-elle pas à s’élever jusqu’à la compréhension que la #détection de la saturation en #CO2 d’un lieu fermé et l’utilisation de #filtres_Hepa sont des dispositifs techniques simples, efficaces et susceptibles de limiter la propagation du #virus ? Même des esprits infiniment plus bornés que le sien – Wauquiez par exemple (https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/covid-l-efficacite-des-purificateurs-d-air-contre-le-sa), qui dégage 10 millions pour des #purificateurs_d’air dans les écoles et lycées - ont parfaitement saisi au bout de 6 mois ce que Macron-Roi mettra deux ans à reconnaitre.

    Le troisième échec de Macron roi, le plus terrible, est le nombre de #morts, de vies brisées, de souffrances psychiques et physiques que des années de soins peineront à soulager. Bientôt 100 000 morts. Des légions de "covid longs", des enfants, des adolescents et des étudiants habités par l’angoisse de contaminer leur parents … Question : combien de milliers de vies auraient pu être épargnées, non pas seulement par des décisions énergiques fin janvier 2021, mais par un véritable #plan_d’action visant à apporter une sécurité sanitaire digne de ce nom, à toute la population ? Pourquoi 3000 #lits de #réanimation supplémentaires seulement maintenant et pas à l’été 2020, avant la seconde vague ? Pourquoi Zéro mesure technique et financière pour les #universités quand des étudiants se suicident ? Pourquoi Zéro vaccin pour protéger les enseignants ? Pourquoi faire si peu de cas de « La valeur d’une vie » (https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/260121/la-valeur-d-une-vie) ?

    L’analyse des causes de ces #échecs montre que ce ne sont pas des #erreurs, mais des #fautes politiques. Tout d’abord une gestion présidentialiste et autocratique de la #crise_sanitaire, couplée avec un virage idéologique vers l’extrême droite. Ensuite le refus de toute #politique_d’anticipation, qui est à concevoir comme une conséquence du « #en-même-temps » : le #laisser_faire néolibéral du macronisme se conjugue avec un retrait massif de l’#Etat et un affaiblissement de la #Fonction_publique. Enfin la #gestion_sanitaire de Macron roi a pris lors de cette épidémie la forme d’un #pari : s’accoutumer au virus, #vivre_avec, le laisser filer permettra peut-être d’éviter un #confinement. Le pari au lieu de la #raison et de la #délibération, le jeu avec la science, le rêve de devenir un savant, l’adulation de Raoult, Macron roi devenu « l’expert », l’épidémiologiste en chambre. La limite de cette folie est éthique : un #pouvoir, quel qu’il soit, ne peut pas parier des vies comme dans une partie de poker.

    A ces trois fautes correspondent trois marqueurs de l’identité politique de Macron roi : l’#opportunisme, le #jeu et le #cynisme. Macron est certainement le président le plus dangereux que nous ayons eu depuis Pétain. Il est le président qui aura consenti à la mort de dizaines de milliers de citoyen.ne.s, qui aura fait le lit de l’#extrême_droite et aura remplacé la politique par un jeu de roulette russe. Président hors de contrôle, il est devenu à lui seul le haut comité médical qu’il a institué. Il est devenu à lui seul tout le Parlement. Il est devenu sa propre caricature. Le Roi et le fou du Roi. Seul en son Palais, "divertissant son incurable ennui en faisant des paris avec la vie de ses sujets"*.

    Pascal Maillard

    Père Ubu s’interrogeait ainsi : « Le mauvais droit ne vaut-il pas le bon ? ». Il parait que sous la plume de Jarry cette question rhétorique renvoyait au cynisme politique de Bismarck.

    * L’expression est de l’écrivain Yves Charnet, dans un livre à paraître.

    https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/010421/macron-roi

    #macronisme #Macron #France #covid #coronavirus #Blanquer

  • LA GRATUITE, UNE TENSION VERS L’EMANCIPATION 21 OCTOBRE 2016 / JEAN-LOUIS SAGOT-DUVAUROUX

    On se souvient peu que dans les vieux slogans fondateurs du mouvement communiste et du mouvement anarchiste, il y avait l’abolition du salariat – qui a d’ailleurs été très récemment supprimé des statuts de la CGT. Derrière l’idée d’abolition du salariat, il y avait le sentiment que les êtres humains ne sont pas faits pour travailler moyennant finances et sous ordre, qu’ils sont faits pour travailler et pour agir comme des adultes, qui savent que l’on a besoin de l’activité humaine pour produire ce qui permet de vivre, et pour innover, développer ce que les progrès de la technique apportent.

    Notons que le mouvement ouvrier, inspiré par cette idée de l’abolition du salariat, a toujours agi pour la diminution du temps de travail. Mais on aurait pu formuler cela tout autrement en disant que nous agissons pour l’augmentation du temps de libre activité. C’est-à-dire s’occuper de ses enfants, faire la cour à la personne que l’on aime, construire sa maison, ramasser des champignons, ou inventer un logiciel… C’est déjà à l’oeuvre. Nous développons déjà des activités multiples, pour lesquelles on ne demande à personne de payer, que l’on fait parce que cela produit un bien pour soi-même et pour la collectivité. On entend très souvent des retraités, par exemple, dire n’avoir jamais été aussi actifs que depuis qu’ils sont à la retraite. Cette activité-là produit du bien, mais un bien qui est hors marché.

    L’augmentation de la libre activité a réellement changé nos vies. A la fin du XIXe siècle, on travaille de l’enfance à la mort, tous les jours, du lever au coucher : l’activité est entièrement marchandisée. Autre volet de l’émancipation de l’activité humaine, qualitatif celui là, le droit du travail a été une construction qui garantit l’inaliénabilité de la personne humaine, à l’intérieur du temps vendu. Même à l’intérieur de cet achat par morceaux qu’est le salariat, je ne vends pas ma personne, je vends « quelque chose » de ma personne, le reste est inaliénable.

    Voilà pour la phase optimiste. L’autre phase, c’est (...) cette puissance de la représentation marchande qui rend réceptif à l’idée que celui qui ne veut pas être salarié ou celui qui défend les 35 heures est un paresseux. Si bien que, par exemple, au lieu de transformer les énormes gains de productivité que connaît l’économie mondiale en ouverture sur la libre activité, ces gains vont à la rente du capital (dans les 25 dernières années, 10 % de la richesse produite est passée de la rémunération du travail à la rémunération du capital).

    Ensuite, on dit aux salarié·e·s qu’il n’y a pas d’argent, puisque l’argent va « tout naturellement » aux gens qui ont pris l’énorme risque de mettre leur fortune en bourse (le risque de se faire broyer par une machine, c’est quand même moins grave !). Donc on ne peut pas payer plus, et il faut s’estimer heureux d’avoir du boulot. Cette configuration générale (imaginaire, intime, symbolique, idéologique) dégrade les consciences et l’objectif de civilisation qui vise à « désaliéner » l’être humain se perd, comme nos espérances et nos perspectives politiques.

    #ARTS_DE_LA_RUE #AUBAGNE #ÉMANCIPATION #DI_ROSA #GRATUITÉ #LIEUX_PUBLICS #MARCHANDISE #TRANSPORTS_PUBLICS #UNIVERSITÉ_POPULAIRE #TEMPS #SALARIAT

    https://jlsagotduvauroux.wordpress.com/2016/10/21/la-gratuite-une-tension-vers-lemancipation

    • On ne se suicide pas au travail pour des problèmes de salaire, on se suicide pour des problèmes de sens. Ma vie n’a plus de sens, mon travail est devenu un enfer, on me met en guerre contre tout le monde. Une fois encore, le plus important, ce qui est « sans prix », vital, c’est ce qui est attaqué dans cette forme de « remarchandisation » de la personne humaine.

  • Toulouse, aujourd’hui, 23°C en ville, beaucoup de badauds et des personnes assises par terre dont certaines font la manche, la bonne humeur règne. Mais depuis que la ville est passée à droite, la police est vraiment partout, pour rien, en toute impunité. Deux garçons d’un peu plus de 20 ans installés à Esquirol devant un supermarché pour riches se font virer devant mes yeux par trois policiers qui me demandent de dégager quand je m’insurge. « Nous obéissons aux ordres, il y a eu un arrêté municipal et des gens se sont plaints. » (Je ne trouve pas cet arrêté si vous savez où il est merci de le signaler…) Je reste pour témoigner et dis aux policiers que c’est dégueulasse et illégal et qu’il ferait mieux de changer de métier si c’est pour faire ça et avoir honte de croire qu’ils sont encore des êtres humains. Les deux délogés qui doivent ranger toutes leurs affaires sont résignés et me disent que c’est systématique, même si ils tentent d’alerter et filment en mettant sur internet (pas trouvé non plus). Bien sur, aucun passant n’intervient et ceux qui croisent mon regard baissent les yeux. De toute façon, partout où qu’ils aillent s’asseoir, au bout de dix minutes me disent les deux gars, la municipale arrive et demande de quitter les lieux.
    L’autre dérive, c’est que même des mineurs (que je connais personnellement) se font arrêter pour rien et fouiller en pleine rue de façon courante. Tout va bien, rentrez chez vous.
    #toulouse #police (armée) #mendicité #contrôle_social #lieux_publics #SDF #guerre_aux_pauvres #abus_de_pouvoir

  • La psychose post-Charlie touche aussi l’Institut des langues orientales - Paris-luttes.info
    https://paris-luttes.info/a-l-inalco-aussi-on-mene-la-chasse-2907

    J’étudie l’arabe levantin à l’Inalco [1]. Depuis la fusillade dans les locaux de #Charlie_Hebdo, on nous a collé, comme dans nombre d’autres endroits, des chasseur-euse-s de pirates à l’entrée de l’établissement.

    Jusqu’à aujourd’hui, j’ai accepté, comme l’écrasante majorité des #étudiant-e-s, de montrer patte blanche à l’entrée, en ouvrant mon sac et en présentant ma carte d’étudiant-e (ou ma pièce d’identité les jours où j’avais oublié ma carte d’étudiant-e). En tirant la gueule bien sûr.

    Tout le monde tire la gueule, mais tout le monde accepte. Comme on a accepté le fait que des hommes en camouflage patrouillent les rues avec un flingue en bandoulière depuis 20 ans !

    Mais ce matin, j’ai oublié ma carte d’étudiant. Et là, à nouveau, devant la mine impassible de l’agente Securitas, mon sang ne fait qu’un tour. Je commence par dire calmement que je n’ai pas ma carte. Elle me rétorque qu’il faut que je présente une #pièce_d’identité et que j’inscrive mon nom sur un formulaire posé à côté d’elle.

    #sécurité #contrôle