• « Sécurité globale » : une vision totalisante de la sécurité
    https://www.mediapart.fr/journal/france/071220/securite-globale-une-vision-totalisante-de-la-securite

    Si la question de la liberté d’expression a monopolisé les débats, ce texte a une ambition bien plus large : celle de constituer un « continuum de sécurité » allant des policiers nationaux et gendarmes jusqu’aux agents de sécurité privée, en passant par les policiers municipaux et les gardes champêtres.

    « La sécurité des Français en tout temps et en tout lieux. » Cette formule employée par le député LREM Jean-Michel Fauvergue à l’ouverture des débats sur la proposition de loi « Sécurité globale », mardi 17 novembre, résume presque parfaitement la philosophie de ce texte dont il a été le corapporteur.

    L’ex-patron du RAID aurait juste pu ajouter « et par tous les moyens » afin de préciser l’importante réorganisation de la sécurité publique initiée par ce texte, qui vise à constituer un « continuum de sécurité » allant des policiers nationaux et gendarmes jusqu’aux agents de sécurité privée, en passant par les policiers municipaux et les gardes champêtres.

    « En trois décennies, le paysage sécuritaire de la France a changé. L’architecture et le fonctionnement des forces de sécurité doivent faire de même ; il est temps », affirmait encore Jean-Michel Fauvergue devant les députés.

    La focalisation des débats sur les menaces que fait peser la proposition de loi « Sécurité globale » sur la liberté d’expression, notamment dans son article 24, a occulté ce qui constituait pourtant le cœur de ce texte.

    « L’insécurité prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées dans le quotidien des Français : depuis les incivilités dans les transports jusqu’aux violences graves dans les transports, en passant par les trafics – notamment de stupéfiants – en bas des immeubles, les violences urbaines ou les risques entre bandes », explique pourtant son exposé des motifs. « Les nouveaux défis à relever pour la sécurité de Français doivent désormais conduire […] à intégrer plus directement l’ensemble des acteurs de la sécurité et de la sûreté autour d’un continuum de sécurité », poursuivait-il.

    Jean-Michel Fauvergue à l’Assemblée, le 24 novembre 2020. © AFP Jean-Michel Fauvergue à l’Assemblée, le 24 novembre 2020. © AFP

    La proposition de loi « Sécurité globale » est, de plus, la traduction d’un rapport commandé par l’ancien ministre de l’intérieur Gérard Collomb à Jean-Michel Fauvergue et à sa collègue Alice Thourot, rendu au mois de septembre 2018 et intitulé D’un continuum de sécurité vers une sécurité globale. Celui-ci formulait 78 propositions visant à renforcer les pouvoirs de l’ensemble des acteurs, publics ou privés, participant à la « coproduction de la sécurité » et à améliorer « leur articulation et les conditions de leur collaboration ».

    Toutes n’ont pas été retenues dans la proposition de loi qui, après avoir été votée en première lecture par les députés, doit être examinée par les sénateurs au mois de janvier 2021.

    Dans sa version actuelle, le texte prévoit notamment de lancer à partir du 30 juin prochain une expérimentation ouverte aux communes et aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) disposant d’au moins vingt policiers municipaux.

    Ces derniers pourront désormais directement constater par procès-verbal certaines infractions faisant l’objet d’une amende forfaitaire, comme la consommation de stupéfiants, l’occupation de halls d’immeuble, le dépôt d’ordures ou encore la conduite sans permis ou sans assurance. Ils auront également le pouvoir de saisir des objets et d’immobiliser des véhicules.

    Lors des débats à l’Assemblée, les députés ont élargi cette expérimentation aux gardes champêtres, qui ont fait l’objet de nombreux amendements. La « police rurale » pourra désormais demander le placement d’un véhicule en fourrière, constater un cas d’ivresse manifesté sur la voie publique et emmener la personne en cellule de dégrisement au poste de police ou de gendarmerie.

    Les gardes champêtres auront aussi la possibilité d’avoir recours à des appareils photographiques, mobiles ou fixes, afin de constater certaines infractions comme les dépôts d’ordures ou les vols dans les champs.

    Concernant la sécurité privée, le texte ambitionne de donner une crédibilité à un secteur en proie à de nombreuses dérives et que le rapport de Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot décrit comme « fragile, éclaté et critiqué ».

    Comme l’avait déjà souligné un « panorama prospectif » réalisé en septembre 2016 par le préfet Marc Burg pour le ministère de l’intérieur, la sécurité privée se caractérise tout d’abord par la très grande disparité de situations entre, d’un côté, une multitudes de petites structures et, de l’autre, quelques gros groupes dominant le marché. Le rapport pointe ainsi qu’« en 2016, 67 % des sociétés privées de sécurité n’avaient aucun salarié », tandis qu’« à eux seuls, les 10 plus grands groupes réalisent 35 % [du] chiffre d’affaires » du secteur.

    Celui-ci « est soumis à une forte concurrence qui pèse sur sa rentabilité », poursuit le rapport. En conséquence, les employés sont mal payés, avec un salaire mensuel brut inférieur à 1 700 euros pour 44 % d’entre eux, souvent avec un statut précaire et peu encadrés.

    Le rapport pointe également une gestion défaillante du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), un établissement public administratif créé par la loi LOPPSI 2 de 2011 afin d’encadrer et de contrôler les entreprises du secteur. Directement rattaché au ministère de l’intérieur, son collège est composé de représentants de l’État, de magistrats, de personnalités qualifiées et de représentants des sociétés de sécurité privée. Le Cnaps a notamment le pouvoir de délivrer les cartes professionnelles ou les autorisations de palpation, et de prononcer des sanctions en cas de non-respect de la réglementation.

    Or, rappellent les débutés, un rapport de la Cour des comptes de février 2018 avait fortement mis en cause le travail du Cnaps. « Pour la cour, les enquêtes diligentées par les agents du Cnaps souffrent d’une professionnalisation insuffisante, les risques de fraudes internes comme externes étant avérés, écrivent Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot. Enfin, la gestion du stock de cartes en circulation interpelle. En effet, ce sont 350 000 cartes professionnelles qui sont en cours de validité, alors même que le public couvert par le Cnaps est inférieur de plus de moitié. »

    Pour assainir le secteur, la proposition de loi « Sécurité globale » renforce les pouvoirs du même Cnaps, dont les agents pourront constater certaines infractions, comme le travail illégal, par procès-verbal. Le texte prévoit également la création, au sein du conseil, d’un Observatoire de la sécurité privée chargé d’étudier les pratiques du secteur.

    Les conditions d’embauche au sein des sociétés de sécurité privée seront également durcies. Les candidats devront détenir un titre de séjour depuis au moins cinq ans, connaître la langue française ainsi que les « valeurs de la République ».

    Enfin, l’Assemblée nationale a voté une disposition interdisant la sous-traitance de plus de 50 % d’un contrat et la limite aux « sous-traitants de premier et de deuxième rang », afin de lutter contre la pratique de la « sous-traitance en cascade ».

    En échange de ces nouvelles contraintes, les agents de sécurité privée se verront accorder de nouveaux pouvoirs. Ils pourront être autorisés par le préfet à effectuer des missions de surveillance de la voie publique dans le cadre de la lutte antiterroriste. Ils n’auront également plus besoin d’habilitation pour procéder à des palpations de sécurité dans le cadre de certaines manifestations, notamment sportives et culturelles.

    Dans le but affirmé de renforcer les liens entre sécurité privée et forces de l’ordre, la loi « Sécurité globale » prévoit enfin d’autoriser les gendarmes et policiers à cumuler leur retraite avec des revenus tirés d’une activité de sécurité privée. Une disposition dont pourrait bien bénéficier Jean-Michel Fauvergue, ancien policier et propriétaire, comme le rapportait la Lettre A en janvier dernier, d’une société de formation « dans les domaines du management et de la sécurité ».

    La sécurité globale est une manière de se débarrasser de certaines contraintes juridiques »

    Même si le catalogue de mesures comprises dans la proposition de loi « Sécurité globale » est déjà important, ce texte n’est qu’une étape dans la mise en place du « continuum de sécurité ».

    Lors des débats à l’Assemblée nationale du jeudi 19 novembre, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé que le transfert de nouvelles tâches aux sociétés de sécurité privée était déjà lancé. « La possibilité de confier à des agents de sécurité privée des tâches dites indues, accomplies actuellement par des gendarmes ou par des policiers nationaux, est évidemment une idée sur laquelle nous travaillons », a-t-il déclaré.

    Les agents de sécurité devraient ainsi se voir confier certaines activités de surveillance au sein de centres de rétention administrative, notamment celle de la bagagerie. Dès le début de l’année prochaine, ils assureront également l’« accueil et l’orientation du public » dans les commissariats durant la journée, a également annoncé Gérald Darmanin.

    Les notions de « sécurité globale » et de « continuum de sécurité » sont également au cœur du Livre blanc sur la sécurité intérieure publié mardi 17 novembre, jour de l’ouverture des débats à l’Assemblée nationale.

    « L’idée cardinale défendue au travers du continuum de sécurité consiste à rappeler que les forces de sécurité intérieure ne peuvent pas seules répondre à l’ensemble des problèmes de sécurité, affirme-t-il. Parce d’autres d’acteurs peuvent jouer leur rôle dans le cadre d’un partenariat renforcé, encore faut-il leur donner les moyens en étendant leurs compétences. »

    Et cela fait de nombreuses années que les acteurs de la sécurité privée mènent un intense lobbying autour de ces questions. Au mois d’octobre 2019, la Confédération européenne des services de sécurité (CoESS) avait ainsi publié son propre livre blanc, intitulé Le Continuum de sécurité dans la nouvelle norme, appelant au développement des partenariats public-privé (PPP). Ce document prenait en exemple plusieurs pays ayant déjà confié une partie de la sécurité à des entreprises, comme l’Espagne ou la Grande-Bretagne.

    Il appelait à la généralisation d’expériences telles que le « projet Griffin », lancé dès 2004 par la police de Londres afin d’impliquer le secteur financier dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Considéré comme un modèle de « continuum de sécurité », ce projet avait par la suite été dupliqué par les villes de New York aux États-Unis, de Vancouver au Canada, de Victoria en Australie ou encore par Singapour.

    Pour Cyril Magnon-Pujo, maître de conférences en sciences politiques à l’université Lumières de Lyon II et spécialiste des questions de sécurité privée à l’échelle internationale, ce mouvement s’est d’abord manifesté par le développement de partenariats dans le cadre d’opérations militaires.

    « La sécurité globale est un concept hybride né dans les années 1980, explique-t-il. À l’origine, il n’était pas très utilisé par les chercheurs mais il a en revanche été très vite repris par les acteurs politiques. Il s’est assez bien diffusé avec la création, au sein d’instances internationales, de commissions sur la gouvernance ou sur l’environnement. L’idée est, par exemple, qu’il ne faut pas faire que de l’action militaire mais aussi du développement. Du coup, on va faire appel à des partenaires, des ONG, des acteur privés. »

    La « sécurité globale », « c’est l’idée qu’il n’y a plus de partage net entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure, complète le sociologue Dominique Linhardt, chercheur au CNRS. Il s’agit d’une évolution du concept de sécurité nationale. Celle-ci englobait deux notions correspondant à des problématiques bien différentes. Il y avait d’un côté la sécurité intérieure, qui est assurée par les forces de police dans le respect de règles de l’État de droit, et de l’autre la sécurité extérieure, qui désigne les opérations orientées vers l’extérieur des frontières nationales, qui incluent les actions militaires, mais dans le respects de certaines règles internationales ».

    « L’idée sous-jacente de la sécurité globale est que la frontière entre ces deux aspects de la sécurité s’est tellement brouillée que cette distinction devient moins nette, poursuit Dominique Linhardt. L’exemple classique est celui des jeunes Français, avec une carrière délinquante sur le territoire national, qui partent sur des théâtres extérieurs, en Syrie ou en Irak. Et qui sont susceptibles, ensuite, de revenir en France. Il arrive ainsi que les mêmes individus soient poursuivis en France devant les tribunaux et bombardés en Syrie par l’aviation française. C’était le cas, par exemple, de Salim Benghalem. Ces situations brouillent les limites entre sécurité intérieure et sécurité extérieure. Si on manque de vigilance, on risque de provoquer des effets idéologiques selon moi dangereux. Car, avec la distinction entre sécurité intérieure et sécurité extérieure, il y avait des règles de droit différentes qui faisaient que, par exemple, on ne peut pas bombarder des criminels. La sécurité globale est une manière de contourner, de se débarrasser de certaines contraintes juridiques et peut-être d’aller vers un “droit de l’ennemi” qui vaudrait aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des sociétés politiques. »

    Ce brouillage des frontières entre les attributions des différents acteurs de la sécurité, qu’ils soient publics ou privés, pose de nombreuses questions. Il remet en cause tout d’abord le rôle traditionnellement dévolu à la police municipale, conçue comme un service de proximité, plus portée sur la prévention que sur la répression.

    « Les précédents montrent que l’accroissement des compétences répressives des polices municipales a pour conséquence un recentrage de leurs activités sur un champ plus strictement policier, comme les verbalisations ou les opérations de contrôle, explique Virginie Malochet, sociologue à l’Institut Paris Région. Et ce recentrage se fait au détriment d’autres activités, notamment le travail de proximité et d’entretien des rapports avec la population. Il y a un durcissement de l’action au détriment de la qualité des liens avec la population et de l’ancrage territorial. »

    « Cela fait une vingtaine d’années que je travaille sur la police municipale et je ne suis pas la seule à faire ce constat, poursuit Virginie Malochet. Des policiers municipaux me disent que ce qu’ils gagnent en autorité, ils le perdent en qualité de relations avec les populations. La proximité, la confiance, tisser des liens, connaître le terrain, développer des partenariats locaux…, tout ça, ça se travaille. »

    De plus, « la présence policière n’est pas forcément la meilleure solution pour lutter contre l’insécurité, ajoute Christian Mouhanna, sociologue directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Elle peut même avoir un effet néfaste. Les gens ne se sentent pas forcément rassurés lorsqu’ils voient des policiers partout, tout le temps. Surtout lorsque ceux-ci multiplient les contrôles ».

    « La sécurité la plus efficace est celle qui ne se voit pas, poursuit Christian Mouhanna. Par exemple, pour lutte contre le trafic de drogue, on s’attaque à ce qui est visible, les petits dealers de rue, alors qu’il serait beaucoup plus efficace de s’attaquer au trafic international qui, lui, est invisible. On ne fait que mettre la pression sur des gens sans régler le problème. »

    Le transfert de compétences aux polices municipales pose un autre problème : celui des disparités très fortes entre communes en fonction de leurs ressources. Le rapport de Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot soulignait que le nombre de policiers municipaux avait « été multiplié par presque quatre » au cours des trente derniers années, passant de 5 600 à 21 454 agents, tandis que le nombre de communes concernées « avait plus que doublé », passant de 1 750 à 4 000 villes.

    Cette explosion des polices municipales concerne une minorité de municipalités, pour beaucoup situées dans le sud de la France, ayant massivement investi dans des polices municipales fortement dotées en moyens humains et matériels. Le rapport soulignait ainsi que la région PACA concentre à elle seule 20 % des effectifs, alors que les trois quarts des polices municipales comptent moins de cinq agents.

    Or, la proposition de loi « Sécurité globale » accompagne une volonté de plus en plus affirmée de l’État de pousser les municipalités à se doter d’une police municipale. Comme le rappelle Mediacités, celle-ci s’est notamment manifestée au mois d’août dernier à l’occasion d’une polémique entre le maire de Grenoble Éric Piolle et Gérald Darmanin. Dans un courrier, diffusé sur Twitter, le ministre de l’intérieur avait reproché à l’édile le manque d’investissements dans sa police municipale.

    Face à la délinquance, tous les acteurs doivent prendre leurs responsabilités. Nos compatriotes n’attendent pas de nous des discours angéliques mais une intervention résolue pour restaurer l’autorité de l’Etat.Retour ligne automatique
    Mon courrier de réponse à Eric Piolle, maire deRetour ligne automatique
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    August 28, 2020

    © Twitter

    Pour inciter les maires à renforcer leurs polices municipales, le gouvernement a même lancé des « contrats de sécurité intégrée » imposant aux villes le recrutement d’agents municipaux en échange de l’affectation par l’État de policiers. Le premier a été signé le 9 octobre dernier, en présence du premier ministre Jean Castex, à Toulouse, et prévoit l’embauche de 20 policiers municipaux par an entre 2021 et 2026, et l’envoi de 110 policiers dans les prochains mois.

    « La signature de ce premier contrat de sécurité intégrée m’a interpellée, raconte Virginie Malochet. Il a été présenté comme un accord “donnant-donnant” et “gagnant-gagnant”. En résumé, la ville s’est engagée à embaucher plus de policiers municipaux et l’État à mettre à sa disposition plus de policiers nationaux. Si les services de l’État commencent à être conditionnés, ça pose problème. »

    Un processus de « sécuritisation »

    Concernant la sécurité privée, celle-ci « est déjà présente dans de nombreux domaines, pointe Christian Mouhanna. Il y a déjà de nombreuses “gated communities” ou résidences fermées. Beaucoup se situent sur la Côte d’Azur, autour de Toulouse ou encore dans certains villages en Bourgogne. Désormais, les banques proposent même des contrats de sécurité à leurs clients, avec un agent qui se déplace chez vous en cas de problème. Ce sont des sociétés privées qui assurent la surveillance de nombreux établissements publics, des entrées d’écoles et de quasiment tous les ministères, à part celui de l’intérieur. Même l’entrée de l’école militaire est gardée par une société privée ».

    Pour le sociologue, « cette notion de continuum de sécurité est un paravent pour transférer de plus en plus d’activités à la sécurité privée et à la police municipale ». Un transfert qui constitue un danger pour les policiers eux-mêmes. « Les syndicats de policiers, en se focalisant sur l’article 24, se trompent totalement, affirme Christian Mouhanna. En se déchargeant des tâches indues, ils se font manger la laine sur le dos. Ils ne voient pas que tout cela s’inscrit dans une logique de suppression des emplois publics. Les policiers pensent qu’ils vont être déchargés de certaines tâches, mais, en réalité, leur profession se fait vider de l’intérieur. »

    Le mouvement vers l’instauration du « continuum de sécurité » semble pourtant n’en être qu’à ses débuts, si l’on en croit les ambitions affichées dans le Livre blanc sur la sécurité intérieure. Celui-ci entend s’attaquer à « l’insécurité du quotidien », aux « incivilités qui perturbent la vie ordinaire de citoyens », qui constituent des « manquements aux règles du comportement de la vie en société et au partage de l’espace public » : « nuisances sonores, occupations de la voie publique, conflits de voisinage, dépôts d’ordures sauvages, épaves de voitures sur la voie publique, dégradations, etc. »

    Au-delà de cette « délinquance de faible intensité », la « sécurité globale » devra à terme lutter contre « des comportements ne relevant pas nécessairement du champ pénal ». « Par leur caractère diffus, ils sont difficiles à appréhender et à sanctionner, reconnaît le Livre blanc. Les incivilités constituent en effet une zone grise entre la police administrative et la police judiciaire (les spécialistes parlent du niveau infrapénal) qui affectent fortement la qualité de vie collective. »

    Cette vision extrêmement large de la « sécurité globale » « plonge ses racines dans la criminologie des années 1970-80, explique Dominique Linhardt. On a commencé à considérer à cette époque que les petites formes de délinquance avaient un rapport direct avec des formes plus graves. Cette idée selon laquelle il faut en priorité lutter contre les formes embryonnaires de délinquance est au cœur de la théorie dite des “fenêtres brisées”, qui, elle-même, va servir de base à la réforme de la police new-yorkaise ».

    « Avec les années, ce continuum de la délinquance a été étendu pour aller de la petite délinquance jusqu’au terrorisme, poursuit le sociologue. Pour résumer, l’idée est que les petits lascars finiront par s’engager dans des activités criminelles de plus en plus graves et qu’il vaut donc mieux, pour prévenir, “prendre le mal à la racine”. »

    « Le discours sur les incivilités s’inscrit dans le cadre d’un glissement vers une pénalisation de plus en plus d’actes de la vie quotidienne, explique de son côté Christian Mouhanna. Il y a encore quelques années, un feu de poubelle, par exemple, était quelque chose que l’on considérait comme pas très grave. Maintenant, on va en rechercher les auteurs pour les punir. Lorsque vos voisins faisaient du bruit, vous alliez leur parler. Désormais, on appelle la police, qui va se déplacer, contrôler les personnes, ce qui éventuellement créera un conflit, un outrage à agent… »

    À cette « sécurité globale » destinée à englober jusqu’aux comportements menaçant la « vie en société » correspond une vision tout aussi large du « continuum de sécurité ». Si celui-ci se limite dans l’actuelle proposition de loi aux polices municipales, gardes champêtres et sociétés de sécurité privée, le Livre blanc sur la sécurité intérieure en révèle une conception totalisante.

    C’est en effet l’ensemble des composantes de l’État qui sont appelées à participer à la coproduction de la sécurité : les ministères de la défense, de l’éducation, de la santé, de l’économie, de la culture, de l’agriculture, de l’écologie… Les citoyens eux-mêmes sont mobilisés. « La politique de sécurité doit promouvoir la vigilance des citoyens, notamment par la diffusion d’informations précises sur les menaces et leurs signes distinctifs », affirme le Livre blanc.

    Le ministère de l’intérieur, qui se proclame « gardien des libertés publiques » dans le Livre blanc, verra ses pouvoirs fortement augmenter, notamment grâce au rôle central joué par les préfets dans les différents dispositifs.

    « Il est intéressant de croiser le Livre blanc sur la sécurité intérieure avec la loi Sécurité globale, mais également avec la loi Séparatisme, souligne Christian Mouhanna. On remarque l’importance prise par la police municipale, la sécurité privée, mais également par le préfet. Dans la loi Séparatisme, par exemple, il pourra même dans certains cas reprendre la main sur le maire. Et à travers lui, c’est le ministère de l’intérieur qui reprend la main. »

    « Il y a beaucoup d’ambivalence dans les prises de position du côté de l’État central, que ce soit dans les écrits parlementaires, les rapports, le Livre blanc sur la sécurité intérieure ou dans le discours politique, abonde Virginie Malochet. Il y a un appel à toujours plus de localisation des politiques de sécurité avec une mise en avant du continuum de sécurité. Et dans le même temps, il y a une volonté de reprise en main par l’État. Celle-ci est d’ailleurs souvent mal vécue quand il existe déjà des dispositifs de partenariat qui marchent. Il y a des partenariats imposés par le haut qui ont seulement mis en colère les autorités locales. »

    « L’autorité croissante des ministères de l’intérieur, c’est quelque chose que l’on observe dans de nombreux pays, pointe de son côté Cyril Magnon-Pujo. Aux États-Unis, le département de la sécurité intérieure a vu ses pouvoirs augmenter fortement depuis les attentats du 11 septembre 2001. Cela correspond à un processus de “sécuritisation” : progressivement, tous les acteurs vont lire toutes les questions sous l’angle de la sécurité. »

    Le chercheur souligne une autre caractéristique de ce « continuum de sécurité » : l’influence du New Public Management (NPM) ou nouvelle gestion publique, un mouvement né dans les années 1970 et visant à appliquer les règles de gestion du privé à l’État, qui n’est plus considéré que comme une entreprise comme une autre.

    « Le “continuum de sécurité”, c’est la déclinaison du NPM à la sécurité privée, c’est-à-dire à un domaine régalien, explique-t-il. On retrouve cette vision avec le développement d’expressions telles que “gouvernance de la sécurité” ou “coproduction de la sécurité”. Au prétexte d’être plus efficace, de faire des économies, on intègre de nouveaux acteurs qui importent des procédures venues du privé. Le but est désormais d’avoir des “managers de la sécurité”. »

    #milice #police #LOPPSI #surveillance

  • Darmanin appelle les journalistes à « se rapprocher » des autorités avant de couvrir des manifestations
    https://www.bfmtv.com/politique/darmanin-appelle-les-journalistes-a-se-rapprocher-des-autorites-avant-de-couv

    Lors d’une conférence de presse consacrée à l’activité des forces de l’ordre, le ministre a été interrogé sur le cas d’un journaliste qui s’était plaint d’avoir été menacé d’être interpellé mardi lors de la dispersion de la manifestation organisée aux abords de l’Assemblée nationale contre la proposition de loi controversée sur la « sécurité globale ».

    « La manifestation était devenue illégale puisque dépassant l’horaire (prévu) et y compris des personnes qui étaient des journalistes devaient être dispersées », a souligné Gérald Darmanin.
    Par ailleurs, ce journaliste ne s’était pas, en amont, « rapproché de la préfecture de police, contrairement à certains de ces collègues, pour couvrir cette manifestation », a ajouté le ministre de l’Intérieur.

    Lorsqu’ils couvrent les manifestations, les journalistes « doivent se rapprocher des autorités, en l’occurrence les préfets de département, singulièrement ici le préfet de police de Paris, pour se signaler, pour être protégés par les forces de l’ordre, pour pouvoir rendre compte, faire son travail de journaliste dans les manifestations », a développé le ministre, s’appuyant sur le nouveau schéma du maintien de l’ordre (SNMO) publié en septembre.

    « Pour éviter la confusion au moment d’une opération, le schéma national du maintien de l’ordre que j’ai présenté en septembre prévoit que les journalistes peuvent, sans en avoir l’obligation, prendre contact avec les préfectures en amont des manifestations », a précisé dans la soirée Gérald Darmanin dans un tweet.

    S’agissant des manifestations, ce SNMO prévoit en effet « un canal d’échange dédié » entre les forces de l’ordre et « les journalistes, titulaires d’une carte de presse, accrédités auprès des autorités », sans le présenter comme obligatoire.

    • Sinon, remarquer à nouveau l’introduction d’une nouvelle différence de droit entre « les journalistes, titulaires d’une carte de presse » et les citoyens qui ne sont pas titulaires d’une carte de presse.

      Le piège classique – généralement considéré comme anticonstitutionnel – qui consiste à déterminer que la carte de presse ouvre des droits à la liberté d’expression qui seraient, en revanche, restreints pour les simples citoyens (non titulaires d’une carte professionnelle).

    • Et puis toujours cette grosse incertitude, avec nos élus : est-ce que « se rapprocher des autorités », ça veut dire qu’il va falloir accompagner le préposé dans une boîte à partouze pour obtenir le droit de couvrir une manif ?

      Je sais que ça se fait, mais est-ce que c’est devenu obligatoire, ou c’est seulement suggéré « sans le présenter comme obligatoire » ?

    • Le fascisme pour les nuls : ici Valérie Gomez-Bassac, « Députée 🇫🇷 et Porte-parole @LaREM_AN » :
      https://twitter.com/i/status/1329117459174084608

      #PPLSecuriteGlobale : « Il ne faut pas la voir comme une atteinte à la liberté d’informer. C’est une protection, un service, pour les journalistes qui font vraiment leur travail, qui donnent de la vraie information. » @VGB83 dans #ALPL

      https://video.twimg.com/amplify_video/1329117386268676096/vid/1280x720/R8xd6cqVX9H4RLk9.mp4

      #mettre_au_pas_certains_types_de_comportements

    • nul doute que tous les journalistes de BFMtv ont leur carte de presse/police. Mais leur banque d’image provient aussi de journalistes indépendants ou free-lance et cette loi leur pose un problème car c’est avant tout leur fond de commerce. Sur un autre plateau télé, une représentante bfm disait que le floutage des pandores était impossible.
      comme dit la députée gomez-bassac « les journalistes qui font vraiment leur travail, qui donnent de la vraie information . » sponsorisé.e.s par la préfecture, tout ira bien en macronie.

    • Valérie Gomez-Bassac ... « porte parole »...

      "Playmobil, en avant les histoires !"

      Les pubs de Noël ont déjà commencé ! Et impossible d’acheter des jouets, sauf des LBD et des drones.

      Chez LREM, on protège les gens en les tabassant et on définit soi-même qui sont les journalistes qui donnent « la vraie information »
      On dirait du Goebbels, l’hypocrisie en plus.
      Ils ne se cachent même plus...

    • Je suis toujours surpris de les entendre dire (les élu.es) qu’ils travaillent. Pour la présentation, les francs-tireurs et franches-tireuses pour pas faire de jalouses :
      Jean‑Michel FAUVERGUE, Alice THOUROT, Christophe CASTANER, Olivier BECHT, Yaël BRAUN‑PIVET, Pacôme RUPIN.
      https://seenthis.net/messages/882302
      extrait :

      La #sécurité_globale ne peut être assurée que pour autant que les agents qui la mettent en œuvre disposent d’un cadre d’action clair et protecteur. C’est l’objet du titre IV, qui limite le bénéfice des mesures de réduction de peine pour les personnes qui se sont rendues coupables d’infraction sur les forces de sécurité intérieure (article 23) et prohibe l’usage malveillant de l’image des policiers nationaux et militaires de la gendarmerie en intervention (article 24). Tirant les enseignements des épisodes terroristes de ces dernières années, la proposition de loi prévoit la possibilité pour les policiers nationaux et militaires de la gendarmerie nationale de conserver leur arme hors service lorsqu’ils accèdent à un établissement recevant du public (article 25 ). Dans ce même contexte, elle clarifie le régime d’usage de leurs armes par les militaires déployés sur le territoire national dans le cadre de réquisitions effectuées par l’autorité civile (Sentinelle) (article 26).

      lu et approuvé par :

      Caroline Abadie, Damien Adam, Lénaïck Adam, Éric Alauzet, Ramlati Ali, Patrice Anato, Pieyre‑Alexandre Anglade, Jean‑Philippe Ardouin, Christophe Arend, Stéphanie Atger, Laetitia Avia, Florian Bachelier, Didier Baichère, Françoise Ballet‑Blu, Frédéric Barbier, Xavier Batut, Sophie Beaudouin‑Hubiere, Belkhir Belhaddad, Aurore Bergé, Hervé Berville, Grégory Besson‑Moreau, Barbara Bessot Ballot, Anne Blanc, Yves Blein, Pascal Bois, Bruno Bonnell, Aude Bono‑Vandorme, Julien Borowczyk, Éric Bothorel, Claire Bouchet, Florent Boudié, Bertrand Bouyx, Pascale Boyer, Yaël Braun‑Pivet, Jean‑Jacques Bridey, Anne Brugnera, Danielle Brulebois, Anne‑France Brunet, Stéphane Buchou, Carole Bureau‑Bonnard, Pierre Cabaré, Céline Calvez, Christophe Castaner, Anne‑Laure Cattelot, Lionel Causse, Danièle Cazarian, Samantha Cazebonne, Jean‑René Cazeneuve, Sébastien Cazenove, Anthony Cellier, Émilie Chalas, Philippe Chalumeau, Sylvie Charrière, Fannette Charvier, Philippe Chassaing, Francis Chouat, Stéphane Claireaux, Mireille Clapot, Christine Cloarec‑Le Nabour, Jean‑Charles Colas‑Roy, Fabienne Colboc, François Cormier‑Bouligeon, Bérangère Couillard, Dominique Da Silva, Olivier Damaisin, Yves Daniel, Dominique David, Typhanie Degois, Marc Delatte, Michel Delpon, Nicolas Démoulin, Frédéric Descrozaille, Christophe Di Pompeo, Benjamin Dirx, Stéphanie Do, Loïc Dombreval, Jacqueline Dubois, Christelle Dubos, Coralie Dubost, Nicole Dubré‑Chirat, Audrey Dufeu, Françoise Dumas, Jean‑François Eliaou, Sophie Errante, Catherine Fabre, Valéria Faure‑Muntian, Jean‑Michel Fauvergue, Richard Ferrand, Jean‑Marie Fiévet, Alexandre Freschi, Jean‑Luc Fugit, Camille Galliard‑Minier, Raphaël Gauvain, Laurence Gayte, Anne Genetet, Raphaël Gérard, Séverine Gipson, Éric Girardin, Olga Givernet, Valérie Gomez‑Bassac, Guillaume Gouffier‑Cha, Fabien Gouttefarde, Carole Grandjean, Florence Granjus, Romain Grau, Benjamin Griveaux, Émilie Guerel, Stanislas Guerini, Marie Guévenoux, Véronique Hammerer, Yannick Haury, Christine Hennion, Pierre Henriet, Danièle Hérin, Alexandre Holroyd, Sacha Houlié, Monique Iborra, Jean‑Michel Jacques, François Jolivet, Catherine Kamowski, Guillaume Kasbarian, Stéphanie Kerbarh, Yannick Kerlogot, Loïc Kervran, Fadila Khattabi, Anissa Khedher, Rodrigue Kokouendo, Jacques Krabal, Sonia Krimi, Mustapha Laabid, Daniel Labaronne, Amal‑Amélia Lakrafi, Anne‑Christine Lang, Frédérique Lardet, Michel Lauzzana, Célia de Lavergne, Marie Lebec, Gaël Le Bohec, Jean‑Claude Leclabart, Charlotte Lecocq, Sandrine Le Feur, Didier Le Gac, Gilles Le Gendre, Martine Leguille‑Balloy, Christophe Lejeune, Annaïg Le Meur, Marion Lenne, Nicole Le Peih, Roland Lescure, Fabrice Le Vigoureux, Monique Limon, Richard Lioger, Brigitte Liso, Alexandra Louis, Marie‑Ange Magne, Mounir Mahjoubi, Sylvain Maillard, Laurence Maillart‑Méhaignerie, Jacques Maire, Jacqueline Maquet, Jacques Marilossian, Sandra Marsaud, Didier Martin, Denis Masséglia, Fabien Matras, Sereine Mauborgne, Stéphane Mazars, Jean François Mbaye, Graziella Melchior, Ludovic Mendes, Thomas Mesnier, Marjolaine Meynier‑Millefert, Monica Michel, Thierry Michels, Patricia Mirallès, Jean‑Michel Mis, Sandrine Mörch, Jean‑Baptiste Moreau, Florence Morlighem, Cendra Motin, Naïma Moutchou, Cécile Muschotti, Mickaël Nogal, Claire O’Petit, Valérie Oppelt, Catherine Osson, Xavier Paluszkiewicz, Sophie Panonacle, Didier Paris, Zivka Park, Hervé Pellois, Alain Perea, Patrice Perrot, Pierre Person, Anne‑Laurence Petel, Bénédicte Pételle, Bénédicte Peyrol, Michèle Peyron, Damien Pichereau, Béatrice Piron, Claire Pitollat, Brune Poirson, Jean‑Pierre Pont, Jean‑François Portarrieu, Éric Poulliat, Natalia Pouzyreff, Florence Provendier, Bruno Questel, Cathy Racon‑Bouzon, Pierre‑Alain Raphan, Isabelle Rauch, Rémy Rebeyrotte, Hugues Renson, Véronique Riotton, Stéphanie Rist, Marie‑Pierre Rixain, Mireille Robert, Laëtitia Romeiro Dias, Muriel Roques‑Etienne ; Xavier Roseren, Laurianne Rossi, Gwendal Rouillard, Cédric Roussel, Thomas Rudigoz, François de Rugy, Pacôme Rupin, Laurent Saint‑Martin, Laëtitia Saint‑Paul, Jean‑Bernard Sempastous, Olivier Serva, Marie Silin, Thierry Solère, Denis Sommer, Bertrand Sorre, Bruno Studer, Sira Sylla, Buon Tan, Liliana Tanguy, Sylvain Templier, Jean Terlier, Stéphane Testé, Vincent Thiébaut, Valérie Thomas, Alice Thourot, Huguette Tiegna, Jean‑Louis Touraine, Alain Tourret, Élisabeth Toutut‑Picard, Stéphane Travert, Nicole Trisse, Stéphane Trompille, Alexandra Valetta Ardisson, Laurence Vanceunebrock‑Mialon, Pierre Venteau, Marie‑Christine Verdier‑Jouclas, Annie Vidal, Patrick Vignal, Corinne Vignon, Guillaume Vuilletet, Hélène Zannier, Souad Zitouni, Jean‑Marc Zulesi.

      et les membres du groupe Agir ensemble qui n’a jamais aussi bien porté son nom :

      M’jid El Guerrab, Christophe Euzet, Agnès Firmin Le Bodo, Thomas Gassilloud, Antoine Herth, Dimitri Houbron, Philippe Huppé, Aina Kuric, Laure de La Raudière, Jean-Charles Larsonneur, Vincent Ledoux, Patricia Lemoine, Lise Magnier, Valérie Petit, Benoit Potterie, Maina Sage.

    • Il y a à peine 20 ans, sous chirac en 2002 : #LOPPSI Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure .
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_d'orientation_et_de_programmation_pour_la_s%C3%A9curit%C3%A9_int%C
      et sa petite sœur : Loi portant sur l’adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité c’est l’escalade !
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_sur_l%27adaptation_de_la_justice_aux_%C3%A9volutions_de_la

      2010 : LOPPSI2 - va falloir se serrer la ceinture de sécurité CQFD janvier 2011.
      https://cqfd-journal.org/Loppsi-II-Va-falloir-se-serrer-la


      illustration : Felder & Soulcié

    • Gérald Darmanin propose d’aider les journalistes en corrigeant tous les articles de presse avant publication.
      http://www.legorafi.fr/2020/11/19/gerald-darmanin-propose-daider-les-journalistes-en-corrigeant-tous-les-arti

      #Gérald_Darmanin a suggéré ce matin d’aider à la relecture des articles de presse, pour éviter « un trop plein de fautes de grammaire et d’orthographe » qui pourrait nuire à la crédibilité de l’ensemble des articles de presse. Le gouvernement qui soutient son superbe ministre estime qu’il ne s’agit pas du tout mais alors pas du tout de contrôler l’information vraie mais simplement « d’aider les journalistes à faire leur travail le mieux possible en évitant les coquilles ». « Bien sûr, si nous relevons quelques erreurs factuelles, nous en aviserons le journaliste, sa direction, le procureur général, le Parquet, le ministre de la Justice et Emmanuel Macron mais cela ne devrait concerner qu’une minorité de journalistes » assure-t-on du côté du Premier ministre. « Encore une fois, la presse d’opposition va caricaturer notre courageux projet qui se veut un soutien à la langue française, non un contrôle de l’information » ajoute Aurore Bergé en corrigeant un de nos articles. « Bien évidemment, les journalistes qui écrivent correctement n’ont absolument rien à craindre de ce projet » termine Gérald Darmanin.

      #le_gorafi

  • La vidéosurveillance intelligente s’installe à Marseille, deux associations tentent de la faire suspendre - Médias / Net - Télérama.fr
    https://www.telerama.fr/medias/deux-associations-attaquent-la-videosurveillance-intelligente-a-marseille,n

    La Quadrature du Net et la Ligue des droits de l’homme viennent de déposer un recours devant le tribunal administratif de Marseille contre un nouveau système de vidéosurveillance intelligente mis en place par la mairie de la cité phocéenne. Un dispositif sur lequel la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) n’a pas été consultée... Ce n’est pas (encore) de la reconnaissance faciale mais elle est déjà âprement combattue : à peine déployée, la vidéosurveillance « intelligente » (...)

    #algorithme #CCTV #biométrie #facial #reconnaissance #vidéo-surveillance #firme #LOPPSI #surveillance (...)

    ##SmartCity

  • La reconnaissance faciale des manifestants est déjà autorisée
    https://www.laquadrature.net/2019/11/18/la-reconnaissance-faciale-des-manifestants-est-deja-autorisee

    Depuis six ans, le gouvernement a adopté plusieurs décrets pour autoriser l’identification automatique et massive des manifestants. Cette autorisation s’est passée de tout débat démocratique. Elle résulte de la combinaison insidieuse de trois dispositifs : le fichier TAJ (traitement des antécédents judiciaires), le fichier TES (titres électroniques sécurisés) et la loi renseignement. L’hypocrisie du gouvernement est totale lorsqu’il prétend aujourd’hui ouvrir un débat démocratique sur la reconnaissance (...)

    #algorithme #CCTV #biométrie #facial #reconnaissance #©gislation #LaQuadratureduNet #Traitement_d’Antécédents_Judiciaires_(TAJ) #TES #STIC #JUDEX #CNIL #LOPPSI #activisme (...)

    ##Traitement_d’Antécédents_Judiciaires__TAJ_ ##surveillance

  • [FranceCulture] Plaidoyer pour les libertés de Me Sureau, La Grande Table
    https://www.laquadrature.net/fr/node/10283

    Interview de maître François Sureau, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, par Olivia Gesbert dans l’émission La Grande Table diffusée sur France Culture le jeudi 31 août 2017. Libertés / sécurité : pourquoi nous ne devrions pas avoir à choisir ? Dans son avant-propos, François Sureau écrit : « Notre système des droits n’a pas été fait seulement pour les temps calmes, mais pour tous les temps. » Voilà pour l’idée directrice de cette réflexion. https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/plaid...

    Citation : « Après vingt ans, d’une expérience où je crois n’avoir refusé aucun des drames de l’époque, j’en suis venu à cette idée que la liberté était le plus haut et le plus sûr des biens. Non pas parce que cette valeur suffisait à créer les sociétés mais (...)

    #censure_et_filtrage_du_Net #déontologie #état_d'urgence #liberté_d'expression #Loi_de_programmation_militaire_LPM_ #Loi_surveillance #LOPPSI #PJL_Terrorisme #Surveillance #Vie_privée_-_Données_personnelles #audio

  • La PJ pourra enfin installer des keyloggers et autres mouchards
    http://www.numerama.com/politique/150304-la-pj-pourra-enfin-installer-des-keyloggers-et-autres-mouchards.htm

    Jean-Jacques Urvoas a annoncé que les magistrats auraient enfin accès aux outils promis depuis 2011, qui leur permettent de demander à la PJ de mettre des ordinateurs sur écoute. Un déblocage sous pression, à l’explication peu convaincante. À l’occasion de l’examen du projet de loi de réforme pénale, le nouveau ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a annoncé cette semaine aux députés que les juges d’instruction pourront très bientôt — et enfin — bénéficier des dispositions du code de procédure pénale (...) #keylogger #surveillance #LOPPSI #ANSSI

  • Un décret autorise les captations de données et de conversations Skype en temps réel
    http://www.nextinpact.com/news/97804-un-decret-autorise-captations-donnees-et-conversations-skype-en-te

    Dans le calme d’un dimanche précédent le début des vacances de Noël, le gouvernement a publié au Journal officiel un décret autorisant les forces de l’ordre à surveiller toutes les informations apparaissant sur l’ordinateur d’un suspect (de ses conversations Skype à ses sites consultés), dans le cadre de procédures judiciaires. Permettre à des enquêteurs de capter en temps réel (et à distance) les données informatiques de suspects, c’est possible. Depuis le vote de la LOPPSI de 2011, l’article 706-102-1 du (...) #Skype #écoutes_téléphoniques #CNIL #surveillance #LOPPSI

  • La neutralité remise sur le tapis | Andréa Fradin
    http://owni.fr/2012/09/14/la-neutralite-remise-sur-le-tapis

    En déposant une proposition de loi visant à protéger la neutralité du Net, Laure de la Raudière (UMP) entend bien faire sortir la majorité du bois sur le sujet. Concis et clair, son texte réduit la marge de manœuvre des opérateurs, tout en prévoyant une procédure unique de #blocage des sites. Pas sûr néanmoins que le document dépasse le stade de projet...

    #Analyse #Pouvoirs #Télécoms #arcep #Corinne_Erhel #FAI #filtrage #fleur_pellerin #Laure_de_la_Raudière #LCEN #loppsi #Neutralité_des_réseaux #neutralité_du_net #qos #qualité_de_service

  • Cnil qui rit, Cnil qui pleure | Sabine Blanc
    http://owni.fr/2012/07/11/cnil-qui-rit-cnil-qui-pleure

    Elle a du boulot, de plus en plus, mais les moyens ne sont toujours pas à la hauteur : les années passent mais le rapport annuel de la commission chargée de veiller à l’application de la loi « Informatique et Libertés » de 1978 n’évolue guère sur son constat de fond.

    #Analyse #Pouvoirs #Surveillance #cnil #fichage #judex #loppsi_2 #plainte #salariés #sécurité #stic #surveillance #vidéosurveillance

  • Les Inrocks - Les cinq chiffres (fous) de la vidéosurveillance
    http://www.lesinrocks.com/2012/06/21/actualite/les-cinq-chiffres-fous-de-la-videosurveillance-11272131

    935 000 caméras en France : le territoire français compte aujourd’hui 935000 caméras de surveillance. Il s’agit de la somme totale : les caméras de voie publique, celles des transports en commun, des commerces, des entreprises, des distributeurs de billets, etc.

    827 749 dans des lieux ouverts : dans les détails, l’immense majorité des caméras de surveillance sont installées dans des lieux ouverts au public, comme les commerces. 827 749 de ce type ont été autorisées depuis 1995.

    70 003 caméras de voie publique : filmant les trottoirs, les axes routiers, la devanture de bâtiments, ce sont les plus connues et les plus visibles. Elles sont officiellement désignées par le terme “vidéoprotection” depuis la loi Loppsi 2 du 14 mars 2011.

    #vidéosurveillance #Loppsi #Cnil

  • Fichier géant : le cadeau de départ de Claude Guéant
    http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/guerric-poncet/fichier-geant-le-cadeau-de-depart-de-claude-gueant-10-05-2012-1460063_506.ph

    Le ministre de l’Intérieur a fait paraître au Journal officiel du 8 mai le décret d’application d’une des mesures phares de la Loppsi 2, le « fichier d’analyse sérielle ». Derrière cette dénomination barbare se cache une véritable arme atomique contre la vie privée, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’exploiter ensemble toutes les données dont disposent l’État et ses services sur un individu. Cela inclut les données qui peuvent être réclamées à des entreprises, par exemple l’ensemble de l’activité sur Facebook, les communications par email, les sites web consultés depuis un abonnement à Internet, etc.

    #Loppsi #fichage

  • La Reine mère ferme les braguettes | Andréa Fradin
    http://owni.fr/2012/05/03/la-reine-mere-ferme-les-braguettes

    Outre-Manche, des élus sont partis en guerre contre le #porno sur #Internet. Au nom de la protection de l’enfance, ils veulent bannir bites, culs et cons en rendant les FAI plus « responsables ». Et tant pis pour la censure. Un projet de loi, déposé fin avril, met en place une nouvelle censure.

    #Analyse #Libertés_Numériques #Pouvoirs #bite #Censure #filtrage #internet_watch_foundation #loppsi #opt-in #pornographie #protection_de_l'enfance #royaume_uni

  • #OpenDNS, qui gère un service de serveurs récursifs #DNS ouverts au public mais menteurs (modifiant les réponses des serveurs faisant autorité), vient de connaître sa première grosse bavure, en listant googleapis.com, un domaine de Google très utilisé par des tas d’applications sur le Web.

    Nul doute que les dispositifs de filtrage nationaux (#ARJEL, #LOPPSI, etc) connaîtront le même genre de sur-blocages.

    http://www.thewhir.com/web-hosting-news/010612_Thousands_of_Sites_Mislabeled_Phishers_After_OpenDNS_Blocks_Google_H
    http://www.theregister.co.uk/2012/01/05/google_opendns_clash
    http://geekyscribbles.com/2012/01/google-cdn-gets-blocked-and-how-to-fix-the-problem
    http://forums.opendns.com/comments.php?DiscussionID=12755

    #censure #filtrage

  • Gadgets et tromperies de la prévention de la délinquance - Truks en vrak
    http://www.bbec.lautre.net/www/spip_truks-en-vrak/spip.php?article1686

    Explication de texte : c’est encore la #LOPPSI qui a toiletté les fameux CLSPD pour faciliter « l’échange d’informations nominatives ». Ainsi a vu le jour une « Charte déontologique » en août 2010, sorte de marche à suivre pour fliquer plus pour contrôler mieux (cf la réaction du mouvement antidélation).

    Les différentes associations ou syndicats patronaux du secteur naviguent à vue sur ces notions. Témoin, la dernière recommandation de l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux), de juin 2011, sur « le partage d’informations à caractère secret en protection de l’enfance ». Pour le mouvement antidélation, « l’ANESM nous explique qu’en groupe de travail CLSPD, il ne faut pas partager ‘les informations à caractères secret’, mais éventuellement ‘les informations confidentielles’… après nous avoir bien averti qu’il n’y avait pas de différence entre les deux. » Quant au Conseil supérieur du travail social (CSTS), une autre instance dont le directeur est désigné par le gouvernement, il a validé la « charte déontologique ».

  • http://russiaprofile.org/politics/43017.html
    Brotherhood in Resistance

    Discussions at Friday’s informal summit in the capital of Kazakhstan have focused squarely on the ongoing upheavals in the Middle East, and on how to prevent the Arab Spring protests from spilling over into the territories of the former Soviet states, the Kommersant business daily reported. But the leaders of the CSTO, a military-political alliance of seven countries including Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Russia, Tajikistan and Uzbekistan, needed little persuasion to appreciate “the destructive role” that social networks had played in such protests. After a three-hour meeting behind closed doors, the leaders decided to create a unified preventive strategy for cyberspace, which could mean restricting the use of social networks such as Twitter and Facebook, widely seen as the bane of authoritarian Arab regimes, the newspaper said.

    #twitter #facebook #bigbrother #contrôleDuNet #filtrageDuNet

    • Ca me rappelle étrangement ce que disait SAP à des députés français :

      Cette question en suscite une autre sur les technologies. Internet a été conçu par des militaires pour des militaires. Nous savons tous ce qu’il en est advenu. Facebook devait au départ servir pour rester en contact avec ses amis de faculté. Les dernières révolutions tunisiennes et égyptiennes ont utilisé Facebook dans des conditions qui n’avaient pas été anticipées par ses créateurs. L’introduction d’une technologie peut produire des effets qui n’ont pas été anticipés. Nous ne pouvons certes tout anticiper mais nous pouvons nous garantir contre un certain nombre de mauvaises surprises.

      http://pastebin.com/QKGQ0X4q

      #loppsi

  • Un rapport de l’ONU tacle le G8, l’ACTA, Hadopi, Loppsi
    http://www.laquadrature.net/fr/un-rapport-de-lonu-tacle-le-g8-lacta-hadopi-loppsi

    Un rapport sur les politiques relatives à Internet par le rapporteur spécial des Nations Unies pour la protection de la liberté d’expression sera présenté aujourd’hui. Ses recommandations pour la protection des libertés fondamentales contredisent radicalement les orientations fixées par les gouvernements du G8. Ce rapport est essentiel pour aider les citoyens à tenir leur gouvernements pour responsables des politiques qui mettent à mal les libertés en ligne.

    #Internet #Acta #Hadopi #Loppsi #G8

  • Un guide très utile, en libre accès, contre les systèmes de censure (projet de loi #PROTECT aux USA, #LOPPSI en France, etc).

    https://www.howtobypassinternetcensorship.org

    Cela semble solide techniquement et bien expliqué.

    Le #DNS occupe évidemment une bonne part. Le guide semble techniquement correct mais ne va pas assez loin (par exemple, il ne mentionne pas le risque que le port 53 soit filtré http://www.bortzmeyer.org/port53-filtre.html ou, pire que le FAI annonce les préfixes d’OpenDNS et GoogleDNS sur son réseau).

  • La Loppsi, ennemie du Net, déni de démocratie | Slate
    http://www.slate.fr/story/34457/loppsi-censure-internet-danger-democratie

    Il aura fallu un an pour que la Loppsi 2, Loi pour la performance de la sécurité intérieure, soit votée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Elle doit maintenant passer devant le Conseil constitutionnel. Malheureusement, il y a peu de chance qu’il l’invalide pour cause d’inefficacité, de bêtise et de danger.

    #Internet #contrôle #censure #LOPPSI

  • La Loppsi, ennemie du Net, déni de démocratie
    http://www.slate.fr/story/34457/loppsi-censure-internet-danger-democratie

    Il aura fallu un an pour que la Loppsi 2, Loi pour la performance de la sécurité intérieure, soit votée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Elle doit maintenant passer devant le Conseil constitutionnel. Malheureusement, il y a peu de chance qu’il l’invalide pour cause d’inefficacité, de bêtise et de danger.

    #Internet #Loppsi #contrôle