• « Le dispositif de récupération des biodéchets est un miroir aux alouettes », Sabine Barles, urbaniste

    Jusqu’au tournant du XXe siècle, le mot « déchet » n’est pas employé pour désigner les matières organiques, tout simplement parce que ces résidus – épluchures, os, excréments… – sont considérés comme très utiles, notamment pour l’agriculture, où ils servent d’engrais. On les appelle boues, ordures (du latin horridus, qui veut dire « horrible »), ou immondices (du latin immunditia, « saleté »), ce qui n’empêche pas de les valoriser.

    Le mot déchet (qui vient du verbe choir) désigne, au contraire, ce qu’on n’utilise pas dans la fabrication ou la transformation d’un objet, comme les chutes de tissu lors de la confection d’un vêtement.

    [...]

    Depuis le 1er janvier, les collectivités doivent organiser le tri à la source des déchets organiques. Cette mesure marque-t-elle une étape dans ce nouveau récit ?

    A première vue, récupérer les matières organiques semble être une mesure positive. Mais au-delà même des difficultés de faisabilité, le dispositif est un miroir aux alouettes, une façon de nous laisser croire qu’on agit sans aborder les problèmes de fond. Pour que cette collecte soit vraiment utile, il ne suffit pas de déposer un bac et d’organiser une tournée supplémentaire. Il faut un objectif.

    Les #villes concentrent un gisement d’#engrais qui, si on le mobilise, peut contribuer à la nécessaire transformation de l’#agriculture et à la sortie des engrais industriels, à la fois à l’échelle locale pour développer l’agriculture urbaine, mais aussi plus largement à l’échelle régionale. Car il n’existe pas de ville autarcique, c’est une illusion. Chacune entretient des liens avec des territoires qui l’approvisionnent et qu’elle peut approvisionner. Et il est logique et nécessaire que les villes rendent à la #campagne ce qu’elles lui prennent, comme elles l’ont fait jusqu’au début du XXe siècle.

    Malheureusement, la question de cette complémentarité entre la ville et la campagne n’est pas abordée aujourd’hui. Pourtant, l’agriculture n’est jamais très loin de la ville. L’objectif n’est pas que le compost fasse des milliers de kilomètres, mais il peut en parcourir dix à vingt.

    Pour une région comme l’Ile-de-France et le bassin de la Seine, où plus de 40 % de l’espace est agricole, la récupération des fertilisants urbains permettrait, avec la généralisation d’un système de #polyculture et d’élevage biologique, de sortir des engrais industriels. On sait que cela fonctionne, mais ce n’est pas à l’agenda politique.

    Quels sont les principaux freins à de tels changements ?

    La valorisation agricole des #biodéchets se heurte à plusieurs obstacles : la production d’#énergie continue d’avoir la faveur de nombreuses collectivités, qui sont aussi souvent dépendantes des filières existantes. Ces filières nécessitent des équipements lourds – la massification entraînant des économies d’échelle – qui doivent être nourris en permanence. C’est le cas de l’#incinération, qui s’est considérablement développée depuis les années 1970 et permet la production de chaleur. Les villes équipées n’ont aucun intérêt à priver leurs incinérateurs de #déchets.

    Dans d’autres cas, la #méthanisation, qui consiste à dégrader les matières organiques par l’action de bactéries pour produire du biogaz, vient directement concurrencer le compostage des biodéchets. Or, ce procédé ne produit qu’une quantité limitée d’énergie et conduit à la perte d’une matière organique qui serait bien plus utile à l’agriculture. La priorité de l’utilisation agricole par rapport à la valorisation énergétique est pourtant inscrite depuis 2008 dans la hiérarchie officielle des traitements des déchets.

    Que faudrait-il faire pour aller plus loin ?

    Outre la mise en place d’une filière structurée de valorisation agricole, le plus urgent est aujourd’hui de diminuer les quantités de biodéchets. De 20 % à 30 % des produits alimentaires sont perdus à différents niveaux de la chaîne : une partie non négligeable du gaspillage intervient dans la sphère domestique et les services de restauration collective, mais beaucoup de pertes ont lieu plus en amont. Il serait nécessaire d’engager une réflexion sur l’ensemble du système #agri-alimentaire, ce qui n’est pas du ressort des collectivités qui gèrent les déchets.

    Le #recyclage, présenté comme l’alpha et l’oméga de la croissance verte, est une mauvaise réponse s’il est pensé en bout de chaîne, comme c’est le cas aujourd’hui. Une vraie stratégie de sobriété énergétique et matérielle suppose des implications économiques et politiques autrement importantes et une transformation profonde de la société. On en est encore loin.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/04/sabine-barles-urbaniste-le-dispositif-de-recuperation-des-biodechets-est-un-

    https://justpaste.it/fthlb

    #histoire #écologie

  • Miguel Amorós, Crise agricole et dilemme énergétique, 2023 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/08/24/amoros-agricole-fr

    L’agriculture industrielle est une agriculture sans agriculteurs. On dira la même chose de l’élevage intensif des macro-fermes. Les effets positifs de l’un et de l’autre se sont avérés être une augmentation sensible de la production et une baisse des prix qui ont conduit à une expansion démographique urbaine. Les aspects négatifs sont pires : abandon des terres et émigration vers les villes, perte des savoirs et savoir-faire, disparition ou privatisation des variétés locales, déforestation et destruction de la faune, production de déchets non recyclables, plus grande résistance des parasites et émergence de nouvelles maladies des plantes, disparition de la couche fertile du sol, surexploitation des aquifères, contamination des sols et de l’eau et dégradation de la qualité des aliments. L’argument majeur en faveur de la monoculture industrielle et de l’élevage intensif a été l’éradication de la faim dans le monde, une promesse clairement non tenue.

    […]

    Il n’y a pas de transition d’une société basée sur un modèle énergétique centralisé, industriel et extractiviste vers un monde décentralisé, désurbanisé et respectueux de la terre et de la nature. La société capitaliste d’après la transition se veut la même que la précédente, structurée de la même manière mais avec un discours écologique. Le capital n’a pas d’idéologie fixe, pas de langage particulier ; la seule préoccupation des dirigeants, soudain soucieux d’écologie, ce sont les affaires. Elles gravitent désormais autour du vert.

    […]

    Cette association obligatoire interroge le caractère renouvelable de l’énergie produite dans les «  parcs  », les «  jardins  » et autres «  fermes  », d’autant plus que, ne l’oublions pas, les matériaux industriels utilisés dans leur construction grèvent le bilan carbone des usines : béton armé et acier pour les fondations, aluminium et cuivre pour l’évacuation dans les lignes à haute tension, plastique renforcé de fibre de verre ou de carbone pour les «  lames  » ou pales, terres rares pour les aimants permanents des rotors (terres rares dont l’extraction et la purification sont des processus très polluants), wafers de polysilicium et films de métaux, peu abondants, semi-conducteurs pour les panneaux solaires (dont certains sont toxiques comme l’arsenic et le cadmium), matériau pour les supports et onduleurs de courant, lithium et cobalt pour les batteries, etc. Si l’on ajoute à cela les terrassements, excavations et autres travaux d’installation et d’entretien, qui se répètent au moment du démantèlement, c’est-à-dire après vingt ou trente ans, plus le recyclage problématique de la ferraille, on aura le tableau complet de la possibilité réelle de renouvellement d’un type d’énergie qu’il serait plus juste d’appeler «  énergie alternative dérivée des énergies fossiles  ». Ne parlons pas du caractère «  propre  » des autres énergies considérées comme renouvelables comme celles issues de la combustion de la biomasse ou des bio-carburants, et de l’énergie hydro-électrique elle-même. Bref, les énergies renouvelables ne sont qu’un mirage. Elles ne résolvent en rien la crise. Elles ont un impact environnemental important et peu d’impact économique local, ne créent pas d’emplois, menacent les forêts et les cultures, causent des dommages au paysage et à la faune et contribuent autant que l’agro-industrie à la désertification des campagnes espagnoles. Elles ne profitent qu’aux oligopoles énergétiques et aux groupes financiers, introduisent des dépendances technologiques inutiles, et qui plus est, ne sont même pas renouvelables.

    […]

    ans une incroyable dépense de ressources, la société de la consommation irresponsable entrerait dans un net déclin, auquel les dirigeants répondraient en recourant éventuellement aux armes. Il est donc vain de s’efforcer de trouver une solution pacifique à la crise par une «  décroissance économique planifiée démocratiquement  » – par qui ? – comme si l’économie mondiale et les agglomérations urbaines pouvaient accepter de bon gré leur extinction. La production d’énergie et de nourriture ne peut être considérée comme un phénomène sans rapport avec le marché, le système financier et le fait métropolitain.

    […]

    Tant que le tissu social ne se recomposera pas en dehors des institutions et contre elles, la défense du territoire sera faible et cherchera des compromis avec le développementisme sur la base d’une demande de moratoire temporaire ou de réduction de la taille des projets.

    #Miguel_Amoros #transition #énergie #écologie #critique_techno #urbanisme #agriculture #nourriture #démocratie

  • La #méthanisation, stade suprême de l’#agriculture_industrielle, par Claire Lecœuvre (Le Monde diplomatique, décembre 2022)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/LECOEUVRE/65358

    Parée de vertus sur le papier, la production de #biogaz rencontre pourtant de plus en plus d’oppositions locales. Outre les mauvaises odeurs qui mobilisent contre elles de nombreux voisins, l’usage des digestats n’est pas sans incidence sur l’environnement, en particulier les rivières. Mais, au-delà des remèdes à apporter aux multiples nuisances, deux visions de la filière s’opposent : d’un côté, un écosystème avec de petits méthaniseurs, consommant et produisant ce dont il a besoin localement, à l’échelle d’une exploitation ; de l’autre, un système productiviste qui repose sur d’immenses #méthaniseurs, centralisant les lisiers de dizaines de fermes, et qui vise à produire de grandes quantités d’énergie à répartir sur un réseau national ou à vendre à l’étranger, avec de plus grosses centrales — mais qui ne se contente plus de recycler et doit être alimenté par une production accaparant une partie des surfaces agricoles.

  • Rassemblement contre la méthanisation | La belle verte
    https://soundcloud.com/vos-gueules-les-mouettes/rassemblement-contre-la-methanisation

    Le 30 août 2020 avait lieu un rassemblement contre la méthanisation en France suite au débordement de la cuve du méthaniseur de Châteaulin rendant, pendant plusieurs jours, l’eau du robinet impropre à la consommation. 180 000 perrsonnes du Finistère étaient privées d’eau potable... Durée : 1h05. Source : Vos Gueules les Mouettes

  • Pollution de l’eau dans le Finistère : interrogations sur la méthanisation industrielle
    https://www.actu-environnement.com/ae/news/pollution-eau-finistere-methanisation-industrielle-35978.php4

    La restriction de l’usage de l’eau dans 50 communes bretonnes résulte d’une pollution occasionée par une installation de méthanisation. Un événement qui interroge sur le fort développement de la filière et les risques qu’il comporte.

    « Cet événement (…) est également révélateur de la fragilité de notre modèle d’approvisionnement en eau », pointe ERB. L’association déplore l’abandon, ces quarante dernières années, de centaines de petits captages communaux et le recours à des interconnexions qui « éloignent toujours plus le consommateur de la ressource ». Résultat ? En cas d’accident de ce type, « ce modèle ne laisse alors aucune alternative qu’une restriction d’usage pour des milliers de consommateurs ».

    #méthanisation #eau_potable #bretagne #agriculture

  • On en avait déjà un peu parlé ici mais ça faisait un moment que rien n’avait été publié à ce sujet. Julie Lallouët-Geoffroy (Reporterre) nous fait une piqûre de rappel en nous livrant les résultats d’une enquête de terrain en trois volets sur la #méthanisation, devenu un modèle économique de valorisation industrielle promu par les pouvoirs publics ayant de fortes similitudes avec les campagnes de promotion pour les #biocarburants. Et ça craint ...

    La méthanisation, l’usine à gaz qui séduit les gros agriculteurs
    https://reporterre.net/la-methanisation-l-usine-a-gaz-qui-seduit-les-gros-agriculteurs

    https://reporterre.net/methanisation-un-digestat-bien-indigeste-pour-les-sols-et-les-eaux

    https://reporterre.net/La-methanisation-risque-d-accelerer-la-concentration-des-fermes

  • Une loi impose aux supermarchés de recycler leurs invendus alimentaires
    http://www.bastamag.net/De-la-javel-sur-les-invendus-alimentaires-la-grande-distribution-enfin

    Fait rarissime, les députés ont adopté à l’unanimité le 21 mai au soir, des amendements au projet de loi sur la transition énergétique qui visent à limiter le gaspillage alimentaire. Il sera désormais interdit aux distributeurs du secteur alimentaire de rendre leurs invendus impropres à la consommation. « Voir de l’eau de Javel déversée sur les poubelles des grandes surfaces avec des aliments consommables, ça scandalise », a souligné le député socialiste Guillaume Garot, auteur d’un rapport sur ce thème en (...)

    En bref

    / #Alimentation, #Société_de_consommation, #Politique

    • La loi n° 2016-138 du 11 février 2016 contre le gaspillage alimentaire votée à l’initiative d’élus, dont le conseiller municipal de Courbevoie Arash Derambarsh, contient plusieurs dispositions destinées à empêcher les grandes surfaces de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation, notamment en les inondant d’eau de javel (lire notre article Lutte contre le gaspillage alimentaire : la loi du 11 février 2016)

      La loi de 2016 prévoit donc :

      – inscription dans le code de l’environnement d’une hiérarchie de la lutte contre le gaspillage alimentaire, allant de la prévention à la #méthanisation ;
      – obligation de recourir à une convention pour les dons réalisés entre un distributeur de denrées alimentaires et une association caritative ;
      – obligation pour les surfaces de plus de 400 m² de proposer, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la loi, une convention de don à une ou plusieurs associations pour la reprise de leurs invendus alimentaires encore consommables ;
      – interdiction de la javellisation des invendus ;
      – information et éducation à la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les écoles ;
      – intégration de la lutte contre le gaspillage alimentaire dans le reporting social et environnemental des entreprises.

      C’est ainsi qu’un distributeur du secteur alimentaire qui rendrait délibérément impropres à la consommation les invendus alimentaires encore consommables, sans préjudice des dispositions réglementaires relatives à la sécurité sanitaire, est désormais puni d’une amende de 3 750 €. Il encourt également la peine complémentaire d’affichage ou de diffusion de la décision prononcée, dans les conditions prévues à l’article 131-35 du code pénal.

  • Après les #Gaz_de_schiste, voici les gaz de couche, le nouveau filon des pétroliers
    http://www.bastamag.net/Les-gaz-de-couche-nouveau-filon

    Dix ans après la fermeture de la dernière mine de charbon en France, les bassins houillers du Nord ou de Lorraine font de nouveau parler d’eux. Ils sont le terrain de jeu d’entreprises désireuses d’exploiter du « gaz de couche ». Pour être extrait, ce gaz, contenu dans des couches de charbon profondément enfouies, pourrait nécessiter les mêmes méthodes que celles utilisées pour les hydrocarbures de schiste, avec de lourds impacts environnementaux. C’est le cas en Australie où les mobilisations citoyennes (...)

    #Débattre

    / Gaz de schiste, Pollutions , #L'enjeu_de_la_transition_énergétique, #Multinationales

    #Pollutions_

  • Bon article sur la #méthanisation des #rejets des #élevages :

    Cet éleveur laitier d’une cinquantaine d’année croyait sa carrière terminée quand, en 2003, il a été exproprié d’une partie de ses terres à Vivier-au-Court près de Charleville-Mézières. La méthanisation – la récupération du gaz naturel issu de cette fermentation – lui a offert une manière de « rebondir » et une autre vision de son métier d’éleveur. Depuis, il produit près de 2 millions de kilowatt heures d’électricité par an qu’il vend à #EDF. Il chauffe également ses bâtiments agricoles avec le gaz produit.

    A quelques dizaines de kilomètres, à Clavy-Warby, Sylvie Di Gracia et Antoine Oudet envisagent, eux, de fournir six maisons en chauffage au gaz naturel avec un système similaire. Jean Mineur, installé à Etrépigny, s’appuie, lui, sur ce procédé pour orchestrer sa conversion en agriculture biologique. La taille de ces élevages est de l’ordre d’une soixantaine de têtes.

    [...]

    C’est notamment ce que craignent les opposants à un projet de ferme industrielle dans la Somme. L’installation, surnommée la « ferme des mille vaches », prévoit un élevage d’un millier de laitières adossé à un méthaniseur d’une puissance de 1,3 mégawatt, largement supérieure à la moyenne française (220 kilowatts). « Le risque c’est que l’élevage laitier devienne un sous-produit de la méthanisation », redoute Laurent Leray, secrétaire national chargé de l’élevage à la #Confédération_paysanne.

    « Dans ce projet, l’unité de méthanisation sert surtout de caution écologique à un élevage industriel », juge Christian Couturier, directeur du pôle énergie de #Solagro, association d’ingénieurs qui accompagne les agriculteurs vers des pratiques plus durables.

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/09/12/le-methane-agricole-un-nouvel-agro-business_3475749_3244.html

    #énergie #agriculture #développent_durable

    • Je pense que la méthanisation des rejets agricoles, enfin de l’élevage, peut être qualifiée de durable si on se contente de petites unités liées à (une coopérative) de petites exploitations ne nécessitant pas l’introduction de grandes quantités de denrées consommables — l’utilisation de l’herbe n’est pas une mauvaise idée. Dans ce cas, on limite les dégâts sur l’ environnement , on garantit un salaire à l’agriculteur (volet social ) et on améliore la viabilité économique des exploitations (les petites et moyennes, j’insiste).

    • Dans une agriculture vertueuse, l’agriculture familiale, il n’y a pas de rejet non utilisé : on alimente les humains, on alimente les animaux, lequel font des déjections sur de la paille et le tout retourne à la terre pour la fertiliser. La boucle est bouclée. Couper l’herbe comme il est dit dans le texte, c’est de l’herbe en moins pour les vaches à qui on va acheté de l’alimentation hors exploitation. De toutes les façons, on tire sur les ressources agricoles et les ressources en eau. De plus, ça incite à l’élevage alors qu’il est notoire que c’est une catastrophe pour l’environnement et l’avenir des humains. Mettre des oignons « mal calibrés » pour alimenter la machine, c’est franchement idiot.

    • Concernant votre premier argument sur la fertilisation des terres avec le fumier, la méthanisation ne l’empêche pas puisque le digestat est utilisable pour cette même opération.

      Concernant l’herbe, je pensais essentiellement à des coupes lorsque le troupeau n’est pas en train de pâturer, en particulier l’hiver et que les stocks constitués sont suffisants pour éviter l’achat extérieur.

      Quand à l’élevage intensif destiné à la seule viande, je suis tout à fait d’accord que c’est absurde comme vous l’aviez bien montré dans votre article paru sur le bloc-note de @reka. Par contre, l’élevage bovin pour la production laitière me pose beaucoup moins de problème puisque le cheptel laitier actuel est suffisant – cela permettrait de diviser par près de 4 le nombre de bovins – pour l’Europe. Ainsi, pourrait être effectuer la reconversion de tout ou partie
      des terres ainsi dégagées vers d’autres cultures. De plus, le maïs serait moins cultivé et des économies d’eau effectuées.

    • Ah ben non @af_sobocinski :) fumier et digestat c’est pas du tout équivalent. Le fumier c’est une bouse de vache sur un peu de paille, ça coûte pas un rond, à personne, et c’est un fertilisant magnifique. Le digestat, (à manier avec précaution) est le sous-produit d’un investissement considérable pour produire un peu d’électricité à partir de déjections animales saturées de flotte. Et c’est parce que ces déjections sont saturées d’eau qu’il faut rajouter des matières végétales sèches. C’est un système vicieux et onéreux, pour le producteur et pour les citoyens parce que largement subventionnés et ça, simplement pour justifier l’élevage intensif et ne surtout pas le remettre en cause un système qui va dans le mur. Du lait, on en produit trop, et on inonde avec nos surplus et à des prix qui défient toute concurrence les pays les plus pauvres en ruinant leur propre agriculture.
      L’hiver la végétation s’arrête et l’herbe ne pousse plus. Par contre les vaches mangent toujours. C’est la même problématique que pour les agrocarburants en fait.
      Après, je n’ai pas compris ce que tu disais.

    • 1/ Au temps pour moi si je n’ai pas été clair à la fin. Je voulais dire que que concernant l’élevage bovin pris dans son ensemble, l’élimination de la filière exclusivement #viande pour ne conserver que la filière #lait ne me dérangerait pas. Cela permettrait de diviser entre 3 et 4 fois la taille du cheptel #bovin européen et donc libérer des terres pour d’autres cultures (Eurostats). Quant au maïs, largement destiné à l’ensilage, il devrait voir sa production diminuer et donc permettre une certaine économie en #eau.

      2/ Pour l’herbe, j’ai oublié effectivement le détail de la « non-pousse » hivernale mais j’avais posé la condition de la non-utilisation de denrées extérieures pour alimenter le bétail.

      3/ Par contre, je trouve l’argument sur le fait que la méthanisation soit coûteuse pour le citoyen et l’agriculteur non valable. En effet, l’agriculteur doit investir des sommes importantes pour la création de l’unité de méthanisation mais tout projet de production énergétique coûte cher en investissement : par exemple, l’usine marémotrice de la Rance n’est rentable que depuis quelques années mais bon, ce n’est pas un aussi bon exemple que celui de l’#éolien offshore.

      Quant à l’argument de l’énergie subventionnée, valable pour le nucléaire, il est également valable pour l’ensemble des énergies renouvelables dont l’essor, nécessaire, ne pourra résulter, comme vous le défendez, que dans un intense investissement de l’État dans la R&D et dans l’aide à l’installation et donc par l’usage massif de la subvention.

      Enfin, le meilleur scénario — à mes yeux — de #transition_énergétique, celui de l’association #Négawatt repose largement, pour le volet agricole, sur le scénario Afterres2050 de #Solagro qui utilise largement la méthanisation.

      Voir page 14 de la synthèse : http://www.negawatt.org/telechargement/SnW11//Scenario-negaWatt-2011_Dossier-de-synthese.pdf

      Donc pour conclure, la méthanisation peut être durable si elle ne soutient pas la création/ le maintien de fermes d’élevage intensif de vaches à viande. Enfin, pour ce qui est de la surproduction de lait, c’est effectivement un problème mais qui peut être réglé par le retour aux quotas de production.

      Au final, une étude coût/rendement de l’ensemble de ce bazar serait très intéressante.

  • Le gouvernement propose un plan de #méthanisation agricole axé sur des projets de taille intermédiaire
    http://www.actu-environnement.com/ae/news/methanisation-algues-vertes-directive-nitrates-elevage-18180.php

    Vendredi 29 mars, Dephine Batho, ministre de l’Ecologie, et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, ont présenté un plan « Energie Méthanisation Autonomie Azote » (EMAA). Objectif ? « Développer en France, à l’horizon 2020, 1.000 méthaniseurs à la ferme », avancent les ministères ajoutant qu’il « mobilisera 2 milliards d’euros d’investissement et permettra de créer environ 2.000 emplois pérennes ». Fin 2012, il y avait 90 unités de méthanisation agricole en France et le rythme des nouveaux projets est de 70 par an depuis 2011. Le plan EMAA vise un quasi-doublement de ce rythme avec 130 nouveaux projets par an entre 2013 et 2020.

    Ah la la !

    Quid des apports carbonés ?

    Ce plan "risque de transformer en « énergiculteurs » ceux dont le métier est de produire des aliments", déplore la Confédération paysanne qui craint que "des activités annexes [de méthanisation puissent] vite devenir principales". Même crainte pour France Nature Environnement (FNE) qui juge que "l’agriculture ne doit pas être un sous-produit d’une politique énergétique".

    Un autre point soulevé par la Confédération paysanne concerne la composition de la biomasse méthanisée. "C’est en y ajoutant des sources riches en carbone que le processus de méthanisation est le plus efficace", explique le syndicat agricole qui rappelle que "cela se passe massivement en Allemagne qui incorpore plus d’un million d’hectares de maïs dans les digesteurs".

    Une critique reprise par FNE qui "met (…) en garde concernant l’utilisation de ressources agricoles à des fins énergétiques". "La méthanisation ne doit pas avoir recours à des cultures dédiées, ce qui engendrerait un changement d’affectation des sols", estime la fédération qui indique "[ne pas vouloir] du modèle allemand : de grosses unités de méthanisation nécessitant des milliers d’hectares de maïs pour les alimenter". FNE demande donc que soient précisés les termes "modèle français" et "méthanisation agricole collective de taille intermédiaire".

    Par ailleurs, "FNE rappelle que, par définition, la méthanisation ne réduit pas les quantités d’azote présent dans les digestats". Pour FNE le plan ne serait pas une réponse au problème des nitrates "dû à une trop grande concentration d’élevage et une importation de massive de soja, aliment riche en azote".

    #agrobusiness #pollution