• Les trois maux de L’Éducation nationale : passé fantasmé, animisme et pensée magique… (Blog, Le confort intellectuel)
    https://leconfortintellectuel.blogspot.com/2018/06/les-trois-maux-de-leducation-nationale.html

    L’Éducation nationale en France souffre de trois maux majeurs, qu’elle enfante ou qu’on lui inflige, dans lesquels elle se complait parfois, trois maux qui sont autant d’obstacles à une réforme de l’institution pourtant indispensable : le passé fantasmé, l’animisme et la pensée magique.

    Le Français possède la fâcheuse habitude de se construire de faux souvenirs de son enfance. Il faut dire qu’on l’y aide bien, les interférences rétroactives et la désinformation pullulent, les réseaux sociaux amplifient encore le phénomène. L’idée que « c’était mieux avant » (avant quoi ? Avant qui ?) est une idée commune qui n’a aucun fondement réel, que ce soit socialement, économiquement, pour la santé publique, pour l’enseignement en ce qui concerne mon propos. Le discours institutionnel lui-même se complait dans un passé fantasmé qui évite certainement d’affronter les vraies questions, celles qui sont cruciales pour la rénovation nécessaire de l’institution elle-même ; il n’est question que de « retour » : « revenir aux fondamentaux », « revenir à la syllabique », « retour de l’uniforme », « retour de la discipline »...

    #éducation #nostalgie #diversion #communication #fact-checking #écrans #baccalauréat #illettrisme #uniforme #méthode_de_lecture

  • L’école et la fausse querelle du pédagogisme (Telos)
    https://www.telos-eu.com/fr/societe/lecole-et-la-fausse-querelle-du-pedagogisme.html

    Comme souvent en France, cette querelle est purement idéologique et incroyablement détachée de la réalité du fonctionnement de l’Ecole. Car le pédagogisme est très loin de régner en maître dans les salles de classe. Les travaux de comparaison internationale (voir par exemple les recherches de Nathalie Mons et Marie Duru-Bellat) montrent au contraire que le système éducatif français reste un modèle « académique » dans lequel l’enseignement disciplinaire est ultradominant, avec un curriculum hiérarchique qui ouvre peu l’école sur le monde extérieur et dans lequel l’enseignement individualisé est peu développé. Ces méthodes « verticales » d’enseignement, qui prédominent dans notre pays, ne sont effectivement pas favorables à l’épanouissement des élèves comme l’a montré une étude menée en 2011 auprès d’un large échantillon d’élèves et d’enseignants dans 23 pays. Elles sont aussi associées à une plus grande défiance à l’égard de la société et des institutions.

    Mais surtout, la méthode globale est totalement délaissée aujourd’hui comme le montre une passionnante étude menée par Roland Goigoux qui a observé pendant trois ans les pratiques effectives de 130 enseignants encadrant près de 2800 élèves de CP. Cette vaste enquête enterre définitivement la guerre des méthodes car elle montre que « dans toutes les classes les élèves reçoivent un enseignement explicite et précoce des correspondances entre les graphèmes et les phonèmes ». L’utilisation de la méthode globale est donc tout simplement un mythe !

    Fin connaisseur du système éducatif, Jean-Michel Blanquer ne peut ignorer les quelques faits qui viennent d’être rappelés. Que cherche-t-il donc en réactivant cette vieille polémique ? Sans doute à donner des gages à l’aile la plus conservatrice du monde éducatif […]

    #école #éducation #pédagogisme #démagogie #élitisme #apprentissage_de_la_lecture #lecture-compréhension #méthode_de_lecture #idéologies #conservatisme

  • Les sept violences DE l’école
    http://www.bernard-defrance.net/spip.php?article49

    Les sept violences que l’école inflige aux enfants et esquisse des réponses institutionnelles à ces violences.

    1. La première violence que notre système éducatif inflige aux enfants réside dans l’exclusion du domestique du champ éducatif : dès l’école maternelle je découvre qu’il y a dans la société deux catégories d’adultes, ceux, celles plutôt … qui ont le droit de me punir quand j’ai commis une bêtise et que « je me suis fait prendre » et ceux, celles plutôt, qui n’en ont pas le droit. […]
    2. La deuxième violence qu’inflige l’école réside dans l’inversion entre apprentissages fondamentaux et instrumentaux, qui aboutit à la perte de sens de l’instruction des savoirs sauf pour ceux des enfants qui peuvent compenser en famille. […]
    3. La troisième violence, qui prolonge et aggrave la première, est aussi la conséquence directe de la seconde, c’est-à-dire la pénalisation des apprentissages […].
    4. Les morcellements dans les emplois du temps et de l’espace scolaires constituent la quatrième violence infligée aux enfants […].
    5. Le non respect des exigences du droit, notamment des articles 12 à 15 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant, constitue la cinquième violence de l’école. Les fonctionnements institutionnels actuels interdisent l’apprentissage progressif des responsabilités citoyennes, l’intériorisation des exigences du vivre-ensemble et la compréhension de la loi comme outil d’articulation des libertés. […]
    6. La sixième violence qu’inflige l’école réside dans l’absurdité des cursus, l’étanchéité des « filières » et les orientations à l’aveugle, conséquences des mécanismes de notation et de pénalisation des apprentissages signalés en § 3 […].
    7. La septième des violences commises par l’école est probablement à la fois la plus grave et la plus difficile à apercevoir, aveuglés que nous sommes par les discours généreux sur la lutte contre l’échec scolaire et pour la réussite des élèves : c’est la séparation instituée entre savoir et éthique.

    #éducation #institution #violence

    • Et ce passage sur les méthodes de lecture dont on discute parfois par ici :

      Ce qui est en question ici réside dans le non-sens général des b-a ba, de la « musique » des tables de multiplication, précédé des oublis (censures en réalité) du corps et de la parole... La querelle récurrente des méthodes d’apprentissage de la lecture est fort « utile » : pendant que les uns et les autres s’empoignent sur le global ou l’analytique on oublie la question du désir et du sens, c’est-à-dire de la lecture comme découverte des significations donnés au monde et à l’histoire par les "grands" qui m’ont précédé dans la culture, de l’écriture comme passage de l’évanescence de l’oral à l’intemporel de l’écrit, inscription du sujet contre l’oubli, le temps et la mort. Les savoirs que tous les textes, y compris et surtout « officiels », persistent à désigner comme "fondamentaux" sont en réalité apprentissages de pratiques instrumentales : structuration des gestes, de la parole, de l’écriture, de la lecture, du calcul, outils de l’expression de soi et de l’impression par autrui. Mais on n’apprend pas à se servir d’un instrument si on ne sait pas d’abord à quoi il doit servir. Les conséquences de cette inversion entre fins et moyens sont le sentiment de non-sens, le désinvestissement, le "travail" uniquement en vue de performances susceptibles d’évaluations quantifiées, dont la motivation reste purement extrinsèque et manifeste la soumission précoce à l’hétéronomie, la résignation au clivage sans recours entre ceux qui décident (dont la plupart n’ont en réalité que l’illusion de décider) et ceux qui subissent.

      #apprentissage_de_la_lecture #méthode_de_lecture #sens_des_apprentissages #désir

    • C’est en partie déformé ce qu’il dit du « non-sens » des b.a.ba, car une bonne partie de ceux qui le promeuvent, et entre autre « sauver les lettres », ne veulent pas du tout revenir aux « bonnes vieilles méthodes » mécaniques qui n’auraient pas de sens, mais ont toujours dans le même temps fait la promotion d’une oralité complexe et riche en amont de l’apprentissage de la lecture.

      C’est-à-dire pendant les 4-5 premières années, leur lire et leur conter des histoires intéressantes, complexes, avec un vocabulaire riche (même sans comprendre 100% des mots, ils les auront déjà entendu, avec un contexte). Et aussi bien par les parents qu’à l’école bien sûr, pas juste l’histoire du soir et basta. À force d’écouter des choses intéressantes et variées, cela donne aux enfants l’envie d’apprendre, l’envie d’en savoir plus et de découvrir des choses par eux-mêmes ensuite. S’il n’y a pas ça en amont, quelque soit la méthode de lecture, ce sera relativement difficile, quand même.

      Franck Lepage en parle aussi dans une de ses conférences sur l’école. Pour l’instant c’est surtout la différence entre les parents, entre les milieux sociaux, qui fait que certains ont entendu des histoires et documentaires plus variés que d’autre avant même le commencement de l’apprentissage de la lecture. Il faudrait qu’il y ait un travail en parallèle sur : assistante maternelle + crèche + jardins d’enfants + école maternelle, pour que dans les premières années, et quelque soit les parents donc, les enfants aient écouté plus de choses. On est loin du compte pour l’instant…