• Quid de l’Ukraine face à la tyrannie des marchés ? (Ph. Béchade) | Olivier Demeulenaere – Regards sur l’économie
    http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2014/03/18/quid-de-lukraine-face-a-la-tyrannie-des-marches-ph-be

    ▪ En éteignant mes écrans boursiers vendredi dernier, je suis parti avec une boule au ventre. Compte tenu des menaces occidentales dont les conséquences étaient annoncées terribles, les actionnaires russes (et tout le monde sait que l’économie locale repose sur eux) risquaient de vivre un second Lundi noir après celui du 4 mars.

    Alors que florissaient en Occident des commentaires dignes des riches heures du maccarthysme à propos des sombres manoeuvres de l’Empire du Mal soviétique, le scrutin ukrainien se préparait dans le calme et sans incidents.

    Et malgré un résultat massif en faveur du rattachement à la Russie (96% et des poussières), je n’ai même pas entendu un dirigeant occidental dénoncer un scrutin truqué.

    Pas trace de flagrantes irrégularités, de bourrage des urnes, d’intimidation des votants : c’est un vrai scandale, les autorités locales n’ont même pas respecté — par anticipation — les mauvaises pratiques qui entachent la plupart des élections en Russie.

    On peut imaginer le pire : le Kremlin s’inspirant du vote en Crimée pour semer la confusion chez les Occidentaux… où le résultat négatif des consultations concernant les traités européens a été allègrement ignoré (mais ça c’est parfaitement légal) par les élites de Bruxelles.

    ▪ Pas de Lundi noir à la bourse de Moscou

    Quoi qu’il en soit, à Moscou, l’indice Micex (libellé en rouble) a bondi de 3,75%. Le RTS pour sa part (libellé en dollar) a grimpé de 4,9% après une chute de 28% depuis le 1er janvier.

    Le rouble lui-même a rebondi de 1,5% après avoir chuté de 12% face à l’euro en 10 semaines. Il valait 50,6 pour un euro et 36,30 pour un dollar. Les sherpas des marchés n’ont donc pas déclenché de grande offensive contre la devise russe — ce qui aurait induit un risque d’inflation massive alors que cette dernière dépasse déjà les 5%.

    Mais aussi et surtout, cela aurait pu conduire Moscou à sauter sur l’occasion de vendre massivement du dollar… et créer comme promis de fortes turbulences sur le Forex (marché des changes). En s’attaquant aux actifs russes, les Occidentaux prendraient le risque de subir un effet boomerang dévastateur.

    Car si les actionnaires russes n’ont plus grand-chose à perdre en cas de turbulences des marchés, il n’en va pas de même des détenteurs d’un portefeuille boursier à Wall Street, alors que tous les indices américains flirtent avec la stratosphère.

    Revenons donc sur Terre, comme les marchés financiers lundi. Les russophones de Crimée ont d’abord voté en faveur d’un attachement historique et quasi-charnel avec la Russie. Cela plutôt qu’en faveur d’un système économique florissant et politiquement démocratique où le peuple de la péninsule aurait davantage son mot à dire que sous la férule de Victor Ianoukovitch.

    ▪ Un dossier définitivement refermé ?

    Le scrutin de dimanche ne saurait occulter le problème des Tatars de Crimée (12% de la population) qui ont massivement boycotté le referendum. Leur principal représentant, Moustafa Djemilev, a répété à Vladimir Poutine qu’il reconnaissait la légitimité du nouveau pouvoir ukrainien (contrairement au maître du Kremlin) et n’entendait se soumettre qu’aux décisions de Kiev… qui de son côté ne cesse de marteler que le vote du week-end reste illégal et son résultat juridiquement nul.

    Malgré des protestations occidentales de pure forme, la Douma devrait dès ce mardi entériner le rattachement de la Crimée à la Fédération russe… et le rouble a été institué dès hier comme seconde monnaie officielle de la province.

    Tout ceci est évidemment scruté avec beaucoup d’attention dans les autres provinces russophones d’Ukraine, dont certaines ne reconnaissent pas non plus l’autorité politique et fiscale de Kiev.

    Les marchés quant à eux font comme si le dossier ukrainien se refermait avec la reconnaissance tacite par les Occidentaux de la souveraineté russe sur la Crimée… et comme si le risque de sécession d’autres provinces n’existait pas.

    Les toutes premières mesures prises par le Parlement de Kiev — confronté à une situation de quasi-faillite du pays — risquent de ne pas faire l’unanimité dans les provinces de l’est (où sont implantées de nombreuses usines d’armement appartenant à la Russie) : retraites divisées par deux, arrêt des subventions aux mines de charbon, hausse immédiate du prix de l’énergie.

    Un tyran a été chassé… mais la propagande russe aura tôt fait de convaincre les russophones de ne pas se plier à la tyrannie des marchés. Ces derniers tiennent le pays à la gorge et peuvent lui imposer n’importe quelle mesure visant à « rassurer » les créanciers. Sans parler de l’or ukrainien, qui s’est déjà envolé vers les Etats-Unis et qui n’est pas près de réintégrer les coffres de la Banque centrale à Kiev.

    Le jour où Vladimir Poutine dénoncera « le vol de l’or du Peuple » par les Occidentaux, vous pouvez être à peu près certain que l’embrasement de la situation et le processus de partition de l’Ukraine sera engagé. Les marchés cesseront alors de faire comme si de rien n’était, mais gageons que les initiés n’oublieront pas de vendre alors que les médias claironnent que « tout va bien ».

    Alors surtout, continuez de vous fier au comportement de l’or et de l’argent-métal plutôt qu’à celui du CAC 40 ou du S&P 500 : ce qui se passe sur les métaux précieux est beaucoup plus parlant que les stratégies cachées mises en oeuvre par les stratèges de Wall Street via les dérivés d’actions.

    #géopolitique
    #élites
    #Crimée
    #démocratie
    #désinformation
    #devises
    #dollar
    #États-Unis
    #Europe
    #Or
    #métaux-précieux
    #marchés-financiers
    #Occident
    #oligarchie
    #pillage
    #Poutine
    #prédation
    #propagande
    #référendum
    #Russie
    #sanctions
    #souveraineté
    #traités-européens
    #Ukraine
    #Wall-Street
    #Philippe-Béchade

  • Endettée, l’Europe vend ses entreprises | Olivier Demeulenaere – Regards sur l’économie
    http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2014/01/27/endettee-leurope-vend-ses-entreprises

    La crise de la dette terrifie les gouvernements européens. Astreints à la rigueur, les pays peinent à remplir leurs caisses et doivent limiter leurs emprunts sur les marchés financiers. Alors, afin de trouver de l’argent frais, ils vendent leurs participations dans des entreprises totalement ou partiellement publiques. Une vague de privatisation qui touche aussi bien l’Angleterre que les pays méditerranéens, comme l’Italie ou la Grèce et des secteurs aussi variés que les postes ou la police.

    L’Italie dilapide ses entreprises publiques. Avec une dette qui dépasse les 133% du PIB (plus de 2.100 milliards d’euros), l’Italie a décidé fin octobre de vendre ses participations dans des entreprises, dont certaines ont des missions de services publics. Le ministre italien de l’Economie, Fabrizio Saccomanni, a annoncé, lors du Forum économique mondial de Davos, l’intention de son gouvernement de privatiser les postes italiennes. « On commence avec 40%, ensuite on verra », a précisé le ministre. L’Etat espère récupérer ainsi « 6,7 ou 8 milliards d’euros » sur les 12 milliards annoncés fin octobre.

    La France roule sur un goudron privé. Si l’Etat a bien financé la construction des autoroutes françaises, il a vendu depuis 2006 l’ensemble de ses participations dans les principaux réseaux, alors que ces derniers devenaient finalement rentables. Depuis, les usagers voient le prix de leur trajet augmenter régulièrement. D’autres entreprises, comme Electricité de France, Gaz de France ou Aéroports de Paris (ADP) ont été partiellement privatisées entre 2005 et 2007. Régulièrement, comme en avril 2013 avec EADS, l’Etat cède une partie de ses actifs dans de grands groupes.

    L’Angleterre n’a pas de limite. La situation britannique est moins dure que beaucoup de ses voisins européens. Ce qui n’a pas empêché David Cameron de mener une sévère politique d’austérité et de couper dans les budgets publics. Pourtant, il n’y avait plus grand-chose à privatiser outre-Manche après la période Thatcher. Alors, le gouvernement s’est tourné vers la police afin de diminuer de 20% son budget. Une partie de leur prérogative va être confiée à des sociétés privées. La mesure s’accompagne de nombreuses suppressions de postes dans les forces de l’ordre, 2.764 postes en trois ans rien que pour le West Land.

    Malte vend la nationalité européenne. Solidaire, Malte a décidé de tendre la main à ses (riches) voisins du Sud. Pour remplir ses caisses et tenir ses engagements européens, l’île veut vendre la nationalité européenne aux plus offrants. Une solution qui a offusqué les députés européens. La citoyenneté européenne ne doit pas avoir de prix, a rappelé le Parlement européen dans une résolution votée le 16 janvier. Un camouflet emprunt d’ironie quand on sait que de nombreux Etats, dont l’Autriche, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Bulgarie ou la Hongrie offrent des permis de résidence permanents aux investisseurs les plus généreux.

    La Grèce, un pauvre à saisir. La banqueroute de la Grèce a été le symbole de la crise de la dette européenne. Pris à la gorge, l’Etat grec a été mis sous la tutelle de la Troïka (BCE, FMI, Commission européenne) et forcé à démanteler ses services publics afin de bénéficier de plans d’aide de plusieurs milliards d’euros. Afin de trouver 50 milliards d’euros d’ici 2020, l’Etat a vendu ses participations dans différentes entreprises comme l’opérateur téléphonique OTE. La loterie nationale grecque, les mines de nickel, le port du Pirée aiguisent les appétits des investisseurs. Clou de cette vente aux enchères digne du Mont-de-Piété, la mise en vente d’une liste de 47 îles et îlots inhabités appartenant à l’Etat"...

    #debtocratie
    #endettement
    #Etat #Europe #France #Grèce #Italie #Malte #Angleterre
    #autoroute
    #industrie
    #marchés-financiers
    #privatisation
    #privatiser-les-bénéfices
    #services-publics
    #Union-européenne.

  • La chasse aux Dogmes | Le site d’Alain Grandjean
    http://alaingrandjean.fr/2013/12/02/la-chasse-aux-dogmes

    ..... Le débat entre libre-échange et protectionnisme est multi-séculaire. Il est à l’origine d’une littérature économique abondante qui montre là-aussi que la liberté des échanges ne peut être optimale dans la « vraie vie ». Peu importe, disent les libéraux : faisons tendre la vraie vie vers l’idéal des modèles. Exemple : si les « rigidités » du marché du travail nuisent à l’efficacité supposée du libre-échange, ce qu’il faut c’est les supprimer. Ben voyons ! Je ne reprendrai pas ici les termes du débat mais vous propose plutôt quelques bonnes références[viii]. L’essentiel me semble être de réfuter l’idée selon laquelle les économistes seraient favorables au libre-échange et les citoyens plutôt contre, par manque de culture ou de capacité d’abstraction. La littérature théorique montre au contraire que les vertus du libre-échange sont plus que discutables et conditionnées à des hypothèses non vérifiées en réalité. La supériorité du libre-échange est donc un simple dogme. On peut (et on doit) imaginer des solutions qui permettent de protéger les pays d’une concurrence biaisée, par des conditions sociales ou environnementales indécentes, ou par une monnaie sous-évaluée[ix]......

    1 L’ #efficience-des-marchés, en particulier des #marchés-financiers
    2 La supériorité du #libre-échangisme
    3 La nécessaire #liberté des #échanges de #capitaux ou le #dogme de l’ #interdiction du #contrôle des capitaux
    4 La #neutralité de la #monnaie et l’origine exclusivement #monétaire de l’ #inflation
    5 L’interdiction faite aux #Etats de bénéficier de la #création-monétaire
    6 La nécessaire #indépendance de la #Banque-Centrale ; son rôle limité à la maîtrise de l’inflation du prix des #biens et #services

  • Olivier Delamarche vs Pierre Sabatier : « Nous vivons dans un monde de bulles » | Olivier Demeulenaere – Regards sur l’économie
    http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2013/11/04/olivier-delamarche-vs-pierre-sabatier-nous-vivons-dan

    Les banques centrales ont beau manipuler les taux d’intérêt et faire tourner leur planche à billets, elles sont impuissantes face à la déflation qui gagne du terrain. La seule inflation qu’elles parviennent à créer, c’est celle des marchés financiers. En Europe, Mario Draghi n’a pas le choix : il devra de nouveau agir. Mais ça ne ramènera pas la croissance…

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=EHr77OJmHCk

    #économie
    #Olivier-Delamarche
    #Pierre-Sabatier
    #bulles
    #banques-centrales
    #taux-d’intérêt
    #déflation
    #inflation
    #marchés-financiers
    #Europe
    #Mario-Draghi
    #croissance

  • Cinq ans après Lehman, on cherche toujours la prospérité, Chroniques
    http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/0203068068373-cinq-ans-apres-lehman-on-cherche-toujours-la-prosperite-61852

    Avec 27 millions d’Européens au chômage et 22 millions d’Américains sans emploi à temps complet, le discours ambiant sur la sortie de crise est presque indécent. Et les risques d’un nouveau choc sont toujours là.

    http://www.lesechos.fr/medias/2013/10/17/618529_0203070830904_web_tete.jpg
    En 2008, lorsque la banque d’investissement Lehman Brothers a fait faillite, déclenchant la pire crise financière mondiale depuis la Grande Dépression, les causes en étaient évidentes aux yeux de la majorité des observateurs. Un système financier démesuré et dysfonctionnel, ayant mal réparti le capital et, plutôt que de gérer les risques, les ayant engendrés. La déréglementation financière et l’argent facile avaient suscité des prises de risque inconsidérées. La politique monétaire à elle seule allait se révéler insuffisante pour relancer l’économie, même si l’argent de plus en plus facile a permis d’éviter l’effondrement complet du système financier. Aussi a-t-il fallu s’appuyer davantage sur la politique budgétaire en passant par une hausse des dépenses publiques.
    Cinq ans plus tard, si certains en Europe et aux Etats-Unis se félicitent d’avoir évité une dépression, personne ne peut prétendre que la prospérité est de retour. L’Union européenne émerge seulement d’une récession à double creux (un triple creux pour certains pays) et certains membres sont encore en dépression. Le PIB de beaucoup de pays de l’UE reste encore inférieur ou à peine supérieur à ce qu’il était avant la dépression. Près de 27 millions d’Européens sont au chômage.
    Aux Etats-Unis, 22 millions d’Américains sont en quête d’un emploi à temps complet. Il faut remonter à l’époque où les femmes ont commencé à travailler pour retrouver un tel niveau de chômage. Le revenu et le patrimoine de la plupart des Américains sont inférieurs à ce qu’ils étaient bien avant la crise. Le salaire moyen des travailleurs est plus bas qu’il ne l’a jamais été depuis quarante ans.....

    #Lehman
    #prospérité
    #PIB
    #marchés-financiers
    #produits-dérivés
    #taux-d'intérêt
    #Joseph_E.Stiglitz, est prix #Nobel d’économie et professeur à l’université Columbia, à New York

  • Le Nobel d’économie couronne trois Américains pour leurs travaux sur les marchés financiers
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/10/14/le-nobel-d-economie-couronne-trois-americains-pour-leurs-travaux-sur-les-mar

    Le prix Nobel d’économie 2013 a été décerné lundi 14 octobre aux Américains Eugene Fama (université de Chicago), Lars Peter Hansen (université de Chicago, également) et Robert Shiller (université Yale, dans le Connecticut) pour leurs travaux sur les marchés financiers.
    « Les lauréats ont posé les bases de la compréhension actuelle des prix des actifs. Celle-ci repose en partie sur les fluctuations du risque et les attitudes envers le risque, et en partie sur les biais comportementaux et les frictions des marchés », souligne l’Académie royale des sciences de Suède.

    S’il est impossible de prédire le prix des actions et des obligations pour les prochains jours et semaines, grâce aux travaux de Fama, Hansen et Shiller, « il est tout à fait possible de prévoir le cours général de ces prix sur de longues périodes, comme dans les trois à cinq prochaines années », relève l’Académie dans son communiqué.

    Pour aller plus loin, lire l’analyse : « La théorie des marchés efficients s’est dissoute dans l’incertitude et l’irrationalité »

    Les trois lauréats n’appartiennent pas à la même école de pensée : les deux premiers sont des néoclassiques – qui postule notamment la rationalité des agents économiques –, quand le troisième est un tenant de la finance comportementale – qui estime, en revanche, que la rationalité des agents économiques n’est pas systématique.

    #Nobel-d'économie
    #marchés-financiers
    #économie