• Rythmes des élites, rythmes du peuple (Changer l’École !)
    http://lioneljeanjeau.canalblog.com/archives/2013/10/01/28130779.html

    Plus généralement, on notera le statut social tout à fait singulier des détracteurs de la réforme […] : beaucoup d’enseignants, des cadres, des professions libérales. Des gens qui ont en commun, presque tous, de ne pas être présents à la sortie de l’école pour récupérer leurs enfants et s’en occuper, déléguant cela à du personnel plus ou moins rémunéré, à une nounou ou à une quelconque structure de garde.

    […] les familles de milieux favorisés se placent, pour dénoncer la réforme, sur le terrain de la qualité des activités proposées, pas assez satisfaisantes pour leur progéniture. Sur le terrain, également, de l’organisation familiale : comment continuer à faire du Poney ou de la musique si l’école empiète sur les horaires des activités extra-scolaires ? Les familles populaires, elles, sont satisfaites de la réforme, car aussi médiocres que soient les activités aux yeux de certains enseignants ou parents, elles ont le mérite d’exister et d’ouvrir les enfants sur des univers et des cultures auxquels ils n’auraient pas accès sans l’école. Et Marylin Baumard de conclure par cette phrase saisissante de simplicité, sur un sujet si complexe : « la France qui crie haro sur la réforme des rythmes scolaires n’est pas celle pour qui cette réforme a le plus de sens. Comme il a été plus difficile pour les villes qui avaient une offre périscolaire riche de tout chambouler, il est plus difficile pour les familles qui offraient des activités à leurs enfants de tout réorganiser ». En d’autres termes - et je souscris tout à fait à ce point de vue - les difficultés de la réforme des rythmes seraient des problèmes de riches.

    On retrouve ici un thème qui m’est cher : les élites (et parmi elles les enseignants), attaquent une réforme dont ils sentent bien, confusément ou plus nettement, qu’elle ne leur est pas favorable, qu’elle ne sert pas leurs intérêts personnels ("intérêts de classe", dirais-je si j’étais marxiste). Tout ce qui va dans le sens d’une plus grande égalité des élèves (au delà de l’hypocrite égalité « des chances ») est battu en brèche par ceux à qui elle risque à terme de porter ombrage. La question des rythmes scolaires est donc - aussi - un des multiples aspects d’une difficulté récurrente de l’institution scolaire : celle de la défense, sans doute inconsciente, d’avantages de situation, dans le grand jeu de la reproduction intellectuelle et sociale. En d’autres termes, pourquoi changer ce qui nous a réussi, et/ou réussira à nos enfants ?

    #éducation #école #réforme_rythmes_scolaires #enseignants #inégalités