#mjs

  • Au MJS, des années d’omerta et de duplicité - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/14/au-mjs-des-annees-d-omerta-et-de-duplicite_1610116

    En pointe dans les combats féministes, le mouvement a pourtant occulté, sinon couvert, les agissements de son ancien président. Symbole d’un système où la parole des femmes était (auto)censurée pour « ne pas nuire à l’orga ».

    Personne n’a été surpris. Samedi 21 octobre, Mathilde M., dirigeante nationale du MJS sur le départ, lâche une petite bombe dans son discours d’adieu. Au sous-sol de La Maison, un bar parisien, une centaine d’amis et de militants l’écoutent retracer ses dix ans au service de la cause socialiste. En plein scandale Weinstein, elle transforme son allocution en plaidoyer pour la parole libérée et réclame des comptes à son organisation. Pour Mathilde M., il est « de notoriété quasi publique [qu’un] ancien président est un agresseur multirécidiviste ». Lisant clair entre les lignes, la petite assemblée applaudit. Lourde, la charge est surtout limpide. Elle vise Thierry Marchal-Beck, qui a présidé le MJS de 2011 à 2013.

    Jusqu’à ces mots, personne n’avait publiquement accusé l’ancien patron du MJS d’agression sexuelle. Certaines victimes, avec le soutien de camarades bienveillants, avaient pourtant tenté au fil du temps de tirer la sonnette d’alarme. Car ce que tout le monde savait, c’est que « TMB » était un « homme à femmes ». Rien de surprenant ni de répréhensible dans une organisation rassemblant des jeunes dans la fleur de l’âge. Mais pour certaines militantes, qui témoignent aujourd’hui dans Libération, ces relations n’avaient rien de consenti et relèvent de l’acte délictuel. Comment un mouvement progressiste, féministe, prônant le respect de l’autre et la défense des plus faibles a-t-il pu occulter pendant des années les agissements de l’un des siens en totale contradiction avec ses valeurs ?

    « Vous couchiez, vous montiez »

    Le MJS est un mouvement très personnifié. Il existe principalement à travers son président et non par ses fédérations locales. D’où une surprotection de la personne qui dirige l’organisation, quelle qu’elle soit. « S’attaquer au président, c’est s’attaquer au MJS », schématise un ex-salarié du mouvement. Sûrement, aussi, parce que l’intéressé cachait son jeu. A la manière d’un Cahuzac, ministre grand pourfendeur de fraude fiscale devant les caméras mais détenteur d’un compte offshore non déclaré, Thierry Marchal-Beck a été un grand président féministe du MJS. Capable d’entamer une réunion en lisant la liste des personnes inscrites pour prendre la parole et de piquer une colère s’il n’y avait qu’une femme et 14 hommes. Encourageant ses militants à rejoindre l’association Osez le féminisme ou rappelant les règles sur le consentement sexuel dans le bus roulant vers un congrès ou un rassemblement de jeunes socialistes européens.

    C’est pourtant le même qui, lors d’un camp d’été en Croatie en 2012, avait mis en place un jeu avec certains de ses proches. Une sorte de permis de baiser à points. « Vous couchiez avec un militant, c’était tant de points. Un cadre, c’était plus, un militant étranger plus et le président c’était bingo, rapporte une participante, revenue choquée de Savudrija. Il utilisait son pouvoir de président : vous couchiez, vous montiez dans les instances, c’était le deal. » Pour l’une des huit victimes, « on dit souvent au MJS que nous sommes un laboratoire pour l’avenir. Force est de constater que la jeunesse n’est pas épargnée dans la reproduction des saloperies que peuvent commettre nos aînés ».

    Dans cette ambiance mêlant en permanence sexe et politique, la campagne de communication « Socialiste parce que féministe » pendant la présidentielle de 2012 apparaît comme l’hypocrisie ultime. « Vous êtes supposés vous battre pour ces valeurs d’égalité, de féminisme, et vous voyez que non seulement elles ne sont pas appliquées mais qu’elles sont foulées au pied. C’était un peu schizophrène, se souvient Ada R., ancienne animatrice fédérale ayant tenté de faire bouger les choses à l’époque. Ce paradoxe décrédibilise la parole des victimes et peut les dissuader de parler. » « Si j’avais adhéré au MJS sous sa présidence, je ne serais pas restée : il y avait trop de contradictions entre le message et l’homme, abonde Anouck J., l’une des victimes retrouvées par Libération. Beaucoup de dirigeants du MJS sont irréprochables et proches des valeurs que nous défendions au quotidien, mais lui, il renvoyait une sale image du mouvement. »

    « Un très grand mouchoir »

    Pendant des mois, les alertes vont sonner dans le vide. Quelques semaines avant le congrès de Strasbourg qui doit introniser Thierry Marchal-Beck en novembre 2011, trois femmes sonnent le tocsin, rencontrant ensemble un membre de la direction du mouvement. « On leur a dit : "Vous ne pouvez pas mettre ce type président, vous allez avoir des frasques tous les jours dans la presse et vous allez salir l’organisation" », se remémore l’une d’elles. A la même époque, le MJS envoie une de ses cadres rencontrer Anouck J., qui a maille à partir avec le futur président. Il s’agit de prendre la température et de vérifier de quoi il retourne. Mais sans le savoir, la direction va désigner pour cette mission une femme qui a elle-même eu affaire à TMB quelques mois plus tôt… « Comment j’ai pu faire ça alors que ça m’était arrivé à moi, je ne sais pas, raconte cette dernière à Libération. J’ai mis un très grand mouchoir sur ce qui m’était arrivé. Je m’entends encore lui dire : "C’est mauvais pour toi, il va être président." »

    Le problème, c’est que quand elles trouvent la force de parler, les victimes butent sur le choc de leur agression et sentent le poids de l’organisation peser sur elles. « Parler de harcèlement en interne sans toucher l’image du mouvement, c’est ça la question », déclare l’une des huit victimes. Douloureuse, leur parole peut être elliptique. Et en face, l’écoute dont elles bénéficient est, à tout le moins, sélective. Sur le papier, le MJS est du côté des femmes mais c’est aussi une organisation rompue aux manœuvres et aux coups bas. Déjà peu enclins à voir dans leur camarade un agresseur de femmes, les dirigeants ont tendance à ranger un peu facilement ces alertes dans la catégorie instrumentalisation politique. « Le poisson était noyé pour de mauvaises raisons », résume un ancien responsable parisien.

    « L’orga a couvert »

    Figure emblématique du MJS, consulté en cas de bisbilles, Benoît Hamon entend « vaguement des rumeurs » sur TMB en 2012, se souvient-il. Les rumeurs se font un peu plus précises en 2015, quelques mois après l’affaire Denis Baupin. A cette date, Mathilde M. évoque devant lui le comportement « à risques » de l’ancien président. « Je ne disposais d’aucune information tangible, solide, précise, explique, à Libération, l’ancien candidat à l’Elysée. Je lui ai redit ma ligne qui consiste à conseiller de porter plainte. Je pense que, jusqu’à il y a peu, nous n’étions pas culturellement préparés à tout ça. La société française est en train de faire un pas considérable sur les sujets de harcèlement : la maturité est là. » A l’échelle du MJS, « l’affaire Baupin a remué deux ou trois trucs et l’affaire Weinstein a fini de secouer tout le monde, confirme Aurélie R., ancienne secrétaire nationale du MJS, qui dit avoir alerté dès 2011 sur un « problème TMB ». « Tout ça met six ans à sortir, c’est long. Pour les victimes et pour l’organisation. » Pour elle, c’est clair, « l’orga a couvert » son patron.

    Dégagés des enjeux de pouvoir interne, certains anciens font ce qu’ils peuvent. En 2014, Matthieu Rouveyre, qui s’occupait de la communication du MJS entre 2005 et 2007, essaie de mener l’enquête, de récolter des témoignages. En vain. Un an plus tard, quand l’ex-numéro 2 du mouvement, Paul Meyer, relaie ses interrogations sur la situation de Mathilde M., qui aurait pu devenir présidente mais se trouve sur la touche, il se voit immédiatement reprocher de vouloir faire un putsch. Un classique. « C’est vrai que, sans procédure judiciaire, c’est compliqué de trouver la bonne solution », estime de son côté Antoine Détourné, qui a commencé à prendre conscience fin 2015 de la gravité des faits reprochés à TMB. Pendant son mandat à la tête du MJS, de 2007 à 2009, il a eu à gérer un cas d’agression sexuelle : un membre des instances nationales avait tenté de forcer une militante à lui faire une fellation. L’agression lui avait été rapportée par des proches de la victime, plus âgés et plus aguerris. Verdict : l’homme a été viré du MJS.

    Pendant les années TMB, une responsable départementale du sud-est de la France décide, elle, de porter plainte pour agression sexuelle contre un de ses alter ego, animateur fédéral en province. L’affaire sera classée sans suite. Mais c’est surtout la réaction du MJS qui l’avait choquée à l’époque : personne n’avait bougé. « Dans une organisation qui professe le "no means no", s’entendre répondre qu’on ne peut rien faire pour une femme qui dit que les limites ont été franchies, c’était très dur, témoigne cette ancienne dirigeante. Même dans un milieu politisé, la parole des femmes peut être minimisée. » La meilleure preuve que certains sont conscients du problème, c’est que le mouvement finira par mettre en place un système de protection autour de TMB. Au MJS, c’est la tradition, il y a toujours quelqu’un pour « gérer » le président. Pour son bien personnel et pour le salut de l’organisation, il faut veiller à ce qu’il prenne son train à l’heure, qu’il rencontre les journalistes prévus, qu’il ne soit pas importuné sans raison, qu’il dîne et qu’il dorme. Cette surveillance va prendre un autre tour entre 2011 et 2013. Quand il venait en province, il y avait une bulle de sécurité autour de lui, pour être sûr qu’il rentre dormir sans déraper. Les réunions de préparation d’événements nationaux ou en fédération, se terminent par la désignation d’un référent pour TMB. « Ce système de protection était tacite mais connu de tous, analyse avec le recul Chloé P., ancienne animatrice fédérale. J’aimerais qu’on trouve collectivement où on a failli en tant que mouvement. On a beau se dire féministes, on peut être pris dans une orga, un système qui nous dépasse. » Etre le référent de TMB - son « gardé » dans le jargon du MJS - implique parfois de le stopper physiquement quand il frôle la ligne jaune. « Quand il était lourd, je le prenais entre quatre yeux et je lui disais : "Maintenant, t’arrêtes tes conneries" », reconnaît aujourd’hui un permanent du MJS époque TMB. En janvier 2013, après les vœux de Hollande à la jeunesse à Grenoble, une responsable fédérale hausse le ton pour lui dire : « Fais attention, ça peut se retourner contre toi. » Lui élude. Ceux qui osent s’informer ou réagir récoltent au mieux de la colère, au pire des menaces. Quelques semaines après l’agression d’une de ses militantes dont il a connaissance, un responsable fédéral rentre en taxi avec Thierry Marchal-Beck. Entre aveu et pressions, le président glisse : « "Cette affaire, il ne faut pas que ça sorte", rapporte l’ancien cadre du MJS devenu entre-temps avocat. Je l’ai mal pris. J’ai répondu qu’elle ferait ce qu’elle veut. » Parce qu’il pose des questions après avoir appris l’agression d’une de ses camarades, un des militants embauchés au siège du PS pour la campagne de Hollande sera affublé du surnom de « ventilateur à caca » par TMB. Les allusions, sibyllines, prospèrent en parallèle sur le Tumblr du MJS, MJS Mi Amor, créé après la présidentielle. A la page 61, on peut lire un message inquiet de l’administrateur de la plateforme évoquant « plusieurs contributions relatives à des agressions sexuelles de la part d’une personne très importante au MJS ». C’était il y a trois ans.

    Les rumeurs sont arrivées longtemps après

    Interrogés par Libération, de nombreux permanents du MJS expliquent qu’ils n’ont jamais été informés de la gravité précise du phénomène avant et pendant la présidence de TMB. Les « rumeurs » sont arrivées longtemps après son départ, disent-ils, à partir de la fin 2015. « Apprendre qu’il a pu y avoir des cas d’agressions sexuelles me rend malade, confie Laurianne Deniaud, à qui TMB a succédé. C’est intolérable. Je ne savais pas et je ne peux que me demander comment cela a pu arriver sans qu’on s’en rende compte », s’interroge l’ancienne présidente, très engagée sur ces questions d’égalité femmes-hommes. Pendant son mandat, son équipe avait même émis une règle, à mi-chemin entre la blague et la mise en garde : « Si vous sortez avec des militantes vous les épousez. » « Aujourd’hui, dit Laurianne Deniaud, ma place est avec ces femmes. J’apporte du crédit à leur parole, je soutiendrai leurs démarches. Elles doivent être entendues et la libération de la parole doit continuer. » Même credo pour Benjamin Lucas, l’actuel président du MJS, qui assure n’avoir jamais été interpellé personnellement par une victime. « Je préfère que les femmes parlent, y compris en mettant en cause le fonctionnement du MJS pour qu’il se transforme, dit-il à quelques mois de passer la main. La question n’est pas celle de notre image : s’il y a une sale image du mouvement, c’est qu’il y a eu de sales comportements dans le mouvement comme partout ailleurs. Nous avons aussi la responsabilité collective de les combattre. »
    Laure Bretton

    Je cite :

    Capable d’entamer une réunion en lisant la liste des personnes inscrites pour prendre la parole et de piquer une colère s’il n’y avait qu’une femme et 14 hommes.

    En même temps quand on est prédateur, plus il y a de femmes plus il y a de proies. Sa colère était sans doute sincère mais ses motivations moins avouables lol

    #TMB #harcèlement #MJS #agressions_sexuelles

  • Harcèlement sexuel chez les Jeunes Socialistes : 8 femmes accusent - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/14/harcelement-sexuel-chez-les-jeunes-socialistes-8-femmes-accusent_1610032

    Huit femmes brisent la loi du silence et accusent Thierry Marchal-Beck, ancien président du MJS, d’agressions sexuelles. Un comportement répété entre 2010 et 2014, parfois en public, et que beaucoup de cadres connaissaient. Révélations.

    Socialistes et parisiens, deux camarades boivent un verre après le boulot, un soir d’octobre. Voilà une semaine que le scandale Weinstein a explosé, révélant les témoignages de femmes agressées sexuellement depuis plus de vingt ans. Sur un coin d’écran allumé dans le troquet, les deux anciens membres du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) captent le visage d’Emma de Caunes, qui a elle aussi décidé de sortir de son silence contre le producteur américain. Les deux amis se réjouissent en trinquant  : aux Etats-Unis, en France, partout, la parole des victimes se libère. « Il y en a un qui doit pas être bien en ce moment, c’est Thierry Marchal-Beck », ajoute l’un d’eux en guise de toast, avant de ­passer à autre chose. De 2011 à 2013, Thierry Marchal-Beck dirigeait le MJS, l’organisation de jeunesse du Parti socialiste. Et c’est lui que huit femmes accusent aujourd’hui de faits pouvant être qualifiés de harcèlement et d’agressions sexuelles, entre 2010 et 2014. Huit victimes qui brisent la loi du silence, même si Libération a pu recenser au moins quatre cas supplémentaires. Dans leur grande majorité, ces faits sont prescrits et n’ont pour l’instant pas fait l’objet d’un dépôt de plainte, même si deux victimes y réfléchissent.

    Toutes ont été militantes ou cadres du MJS. Quelques-unes le sont encore, à Paris ou en province. Pour certaines d’entre elles – une minorité –, cela a commencé par des relations sexuelles consenties avec celui que la planète socialiste appelle « TMB ». Jusqu’au jour où il a dérapé. Contacté par Libération, l’intéressé se dit « sidéré » par l’objet de notre enquête, refusant de se livrer « à un exercice biaisé de questions-réponses ». L’ancien dirigeant socialiste explique qu’il se tient « naturellement » à la disposition de la justice et se « réserve le droit d’engager toute procédure ». Récit, chronologique, d’une ascension et d’une dérive qu’il appartiendra à la justice de démêler.

    « Je ne pouvais plus m’en sortir »

    Hiver 2010. Les élections européennes ne se sont pas mal terminées pour la gauche. Après des années de militantisme à l’Union nationale ­lycéenne (UNL) et au MJS, Thierry Marchal-Beck est entré dans l’équipe de direction de l’organisation de jeunesse, où il est chargé du projet et des relations extérieures. Il vit donc à Paris, où il rencontre Lise (1), qui y milite. Ils se plaisent et, au début, leur relation est consentie. « Ensuite, je ne pouvais plus m’en sortir », relate la jeune femme. La liaison bascule dans le harcèlement. TMB se fait pressant, ne lâche plus Lise, la couvre de SMS. Sur des motifs réels ou factices, le jeune ­dirigeant convoque la secrétaire nationale chez lui plutôt qu’au siège du PS. « J’ai dû le masturber pour m’en débarrasser. Il disait  : "Comme tu as dit oui une fois, tu ne peux plus dire non maintenant." » Cette pression incessante prend fin à l’été 2010, quand Lise rencontre son compagnon. L’agression et les souvenirs de Lise s’estompent. « Ce n’est qu’avec l’affaire Baupin (2), cinq ans plus tard, que j’ai réalisé ce qui m’était vraiment arrivé  : on était clairement dans un abus de pouvoir, explique l’ancienne cadre. A chaque affaire de harcèlement, ce qui m’est arrivé ressurgit. Je m’interroge sur mon statut de victime et mon incapacité à réagir. »

    « Je veux qu’il s’arrête »

    En 2011, Aurore est membre des instances nationales du MJS. Une relation amoureuse s’installe avec TMB, qui n’est pas encore président. Mais chacun sait déjà qu’il le deviendra lors du prochain congrès, en novembre. Comme Aurore vient de province, ils se voient quand elle « monte » à Paris. En sortant du bureau national du MJS, rue de Solférino, un soir du printemps 2011, Aurore veut rejoindre l’appartement qu’on lui prête dans la capitale. Sans TMB cette fois  : Aurore ne veut pas, ne veut plus. Mais lui s’impose et attrape la valise de la visiteuse. « Je la porte, je te raccompagne », assène-t-il, entraînant Aurore boire un verre dans le quartier tout proche de Saint-Michel. A chaque étape ensuite – se dire au revoir, faire le code d’entrée, monter jusqu’à l’appartement –, Aurore explique au futur président que la soirée s’arrête là, qu’il doit partir et la laisser. Mais il la suit jusque dans le couloir de l’immeuble. « Devant la porte de l’appartement, il me plaque contre le mur, commence à m’embrasser de force, raconte-t-elle. Je mens et je dis qu’un de mes cousins dort à l’intérieur. Il ne peut plus entrer. Pour ne pas que cela aille plus loin, je me sens obligée de lui faire une fellation. Je veux qu’il s’arrête, que son harcèlement s’arrête. Il part tout de suite après. »

    « Mon ascension s’est arrêtée net »

    Entre 2010 et 2011, tout va changer pour Marie. En 2010, elle est une jeune pousse socialiste prometteuse, pressentie pour prendre la tête de sa fédération départementale, en banlieue parisienne. Tout le monde chante ses louanges. A la même époque, elle a le « béguin » pour TMB. A la base, c’était un « jeu de séduction consenti des deux côtés », dit-elle sept ans plus tard. Sauf que Marie ne franchira jamais la ligne jaune  : elle est en couple et n’entend pas tromper son compagnon. TMB, en revanche, tentera sa chance en permanence, faisant balader sa main sous sa jupe, entre autres. Marie dit et redit non. Courant 2011, le scénario prend une tournure politique. « J’apprends par des camarades bienveillants que le futur président se répand sur mon état psychologique supposé instable dans les instances nationales, relate l’ancienne militante qui poursuit des études de droit en parallèle. En fait, plus je disais non, plus il disait à tout le monde que je n’étais pas digne de confiance. » Du coup, Marie est lâchée par la direction, qui semble se ranger à l’avis de TMB sur sa personnalité. Elle alerte plusieurs responsables nationaux, expliquant que le futur patron du MJS est « dangereux pour les femmes et pour l’organisation ». Mais en novembre 2011, Thierry Marchal-Beck est intronisé. « Et là, mon ascension dans le mouvement s’arrête net », se souvient Marie. Ni proposition ni promotion  : plus rien jusqu’au départ de TMB, en 2013. Marquée, la jeune femme part étudier à l’étranger. A son retour, elle quitte le MJS et s’installe en province.

    « Sa voix n’a pas changé »

    Une après-midi, fin 2011, juste après l’élection de TMB à la présidence du MJS, Diane, responsable fédérale en province et membre du bureau national, fait le point avec le président dans son bureau, situé sous les combles à Solférino. Pendant qu’il lui parle, d’un ton égal, Thierry Marchal-Beck ferme la porte subrepticement derrière elle et enlève sa ceinture, raconte-t-elle. « Sa voix n’a pas changé pendant qu’il faisait ça », témoigne aujourd’hui la jeune femme. Tout se passe très vite  : « un quart ou une demi-seconde » plus tard, TMB a ouvert sa braguette. « Il prend ma tête, l’approche de son sexe pour m’obliger à lui faire une fellation. Je le repousse très fort, je l’insulte et je pars en courant. » Quelques jours après la scène, ils se recroisent et TMB « fait comme si de rien n’était », se souvient-elle, ­claquant même la bise à sa camarade. « Et après, comme d’habitude, il monte à la tribune pour dire combien il faut protéger les femmes parce qu’il est un grand féministe. C’était surréaliste », estime Diane six ans plus tard.

    « Il agissait sans se soucier des témoins »

    Louise, militante francilienne du MJS, n’avait, elle, jamais croisé le président du mouvement jusqu’à cette rencontre de jeunes socialistes à Bruxelles, mi-décembre 2012. 300 militants de toute l’Europe ont rallié pour l’occasion la capitale de la Belgique. Le samedi 15 décembre, une tournée des bars s’organise. La troupe fait halte au Floris Bar, spécialisé dans les absinthes et situé impasse de la Fidélité. Quittant la piste de danse, Marchal-Beck arrive à la table de Louise par derrière, plaque ses mains sur ses seins et les malaxe devant ses amis qui assistent, bouche bée, à la scène, de face. « Je me retourne et je réalise qui est en train de me faire ça, raconte l’ancienne militante francilienne. On ne se connaît pas, il arrive et il me pelote vigoureusement. » Devant la réaction de la tablée, le président du MJS lâche son emprise et tourne les talons. « Avec le recul, je me suis dit que ce qu’il avait fait était totalement dingue, il agissait sans se soucier des témoins », souffle Louise.

    « Je me souviens de tout »

    Blandine a également fait le déplacement à Bruxelles. Elle est membre du MJS Paris, une fédération vitrine représentant 20 % des effectifs de l’organisation nationale. Thierry Marchal-Beck est le « suivi » de la « fédé » de Paris  : son référent politique. Au courant de tout, l’œil sur tous. Comme Louise, Blandine ne le connaît pas personnellement. Comme Louise, elle le croise dans le couloir d’un bar bruxellois, ce ­samedi 15 décembre 2012  : « Il m’a plaquée dans un coin, passant ses mains sous mon tee-shirt, sur mes seins, mon ventre, mon dos et m’expliquant que j’avais tellement bu que de toute façon je ne me souviendrai de rien le lendemain. Malheureusement si  : je n’étais pas saoule et je me souviens de tout. » La jeune femme se dégage et raconte immédiatement la scène à ses responsables fédéraux. « Ce qui s’est passé était une agression inacceptable, confirme l’un d’eux, contacté par ­Libération. J’ai récupéré Blandine choquée et on est partis. » La jeune militante décide de ne pas porter plainte mais parle ouvertement de ce qui lui est arrivé dans les instances du MJS. « Pour que ça change. » Ce qui revient aux oreilles du président, qui pique une colère, expliquant qu’il n’a rien fait et qu’on cherche à lui nuire.

    « Ah, tu portes des bas »

    En 2013, Vanessa s’apprête, elle, à prendre la tête de sa fédération, en province. Une rencontre – la première – est organisée avec le président du mouvement, le 28 février, en marge d’une réunion publique où se pressent toutes les huiles socialistes du département. Sur le mode de la plaisanterie, le responsable de Vanessa la prévient que TMB est plutôt porté sur la chose. Un peu collant pendant le pot de l’amitié, Marchal-Beck termine en lui pinçant les fesses. La voilà sur ses gardes. Elle en parle à son responsable, que Libération a joint et qui confirme. Quelques mois plus tard, Vanessa est à Paris pour un conseil national du MJS, fin 2013. En sortant des toilettes, elle tombe sur TMB qui place sa main, d’autorité, sous sa jupe. « Ah, tu portes des bas », glisse-t-il selon elle. « Je le regarde dans les yeux sans pouvoir bouger, se souvient Vanessa, qui n’avait jusque-là décrit ce moment qu’à une seule personne en trois ans. Il remonte sa main entre mes jambes vers mon sexe et ajoute "oh, et un string". Cette phrase reste gravée en moi. Je ne porte plus de bas  : chaque fois j’y pense. » Elle se débat et sort fumer une cigarette, sans parler de ce qui vient de lui arriver. Pendant des mois, elle va occulter la scène. Ce n’est qu’en recroisant TMB le 3 mai 2014, pour une soirée en banlieue parisienne consacrée aux élections européennes, que tout lui revient en mémoire. Ce soir-là, le président du MJS tentera de forcer une autre militante dans les toilettes du Pavillon Baltard. Devant son refus, il finira par se contenter d’exhiber son sexe, selon plusieurs responsables du MJS ayant recueilli son récit à l’époque et avec lesquels Libération a échangé.

    « Il était violent »

    Depuis la campagne présidentielle de 2012, Hélène en pince pour TMB. Elle le connaît depuis 2009. Il était d’ailleurs le « suivi » de la fédération de province dont elle était animatrice fédérale. Pendant la campagne de Hollande, « on était plus souvent ensemble que chez nous. Il y avait beaucoup de [rapports] consentis, mais des sentiments partagés, ce ­serait beaucoup dire », estime aujourd’hui l’ancienne cadre du MJS. Deux ans plus tard, à l’été 2014, de l’eau a coulé sous les ponts  : Hélène s’apprête à quitter le mouvement et organise sa soirée d’adieu. Loin des regards, même modus operandi que celui décrit par la plupart des jeunes femmes qui accusent TMB  : il la plaque contre un mur, tente de l’embrasser de force et passe ses mains sous son tee-shirt. « Il n’était pas entreprenant, simplement violent. » Hélène tente de le raisonner puis le repousse avant de rejoindre ses amis. En silence.
    Laure Bretton

    Et ici son portrait :
    http://www.liberation.fr/france/2017/11/14/tmb-militant-precoce-et-presse_1610110

    A 32 ans, Thierry Marchal-Beck, ancien président des Jeunes Socialistes et ex-collaborateur de Benoît Hamon, a grimpé les échelons en se fondant sur l’écologie et… le féminisme .

    Abientôt 32 ans, Thierry Marchal-Beck a milité pendant plus de la moitié de sa vie. D’abord à l’Union nationale lycéenne (UNL) puis au Mouvement des jeunes socialistes (MJS), au sein duquel il participe à 17 ans à la campagne 2002 de Lionel Jospin. Originaire de Lorraine, il a étudié à Sciences-Po Lille et plusieurs années aux Etats-Unis, observant la campagne de Barack Obama. De retour en France, il intègre la direction du MJS en 2009, où il sera chargé du projet et des relations extérieures de l’organisation de jeunesse du PS, qui dispose d’une très large autonomie et d’un budget propre depuis 1993. Les deux piliers programmatiques de « TMB », son surnom-acronyme en interne, seront l’écologie et le féminisme. « Je suis féministe, car l’égalité est au cœur du combat socialiste », professe-t-il sans arrêt.

    En 2011, il succède à Laurianne Deniaud à la présidence du mouvement après avoir piloté « Les jeunes avec Aubry » pendant la primaire socialiste. Hollande investi, le MJS se range derrière le « candidat normal » et TMB se retrouve souvent à chauffer les salles pendant la campagne de 2012. La gauche peut l’emporter, Hollande parle de jeunesse dans tous ses discours. « C’était la belle époque du MJS », relate un ancien permanent du mouvement. La page Facebook de Thierry Marchal-Beck regorge de photos prises avec les ténors du PS : d’Ayrault à Aubry en passant par Cambadélis, Désir et Montebourg.

    Pour beaucoup, TMB est un homme politique précoce et brillant, mais ils sont aussi nombreux à raconter quelqu’un de dur et extrêmement exigeant. En janvier 2014, il effectue un stage d’un mois au cabinet de Benoît Hamon à Bercy avant de devenir son chef de cabinet adjoint au ministère de l’Education. Cent quarante-sept jours plus tard, Hamon quitte le gouvernement et TMB la scène médiatique, faisant des apparitions sporadiques dans les médias. En 2015 et 2016, il passe dans le privé, travaillant successivement pour Alliance 7, la fédération de l’épicerie, et le Syndicat du chocolat. Pendant la présidentielle, il intègre l’équipe de campagne de Hamon où il s’est d’abord occupé du projet, notamment les questions sociales, puis de la mobilisation, particulièrement pour l’outre-mer.
    Laure Bretton

    Militant féministe, il n’y a pas mieux finalement comme couverture. Moi perso, si je me passe en revue les gars qui m’ont gravement fait galérer dans la vie, la plupart se disait féministes lol C’est pour ça que maintenant quand un mec me dit ça, direct je me mets en mode « alerte activée »

    #MJS #harcèlement #agressions_sexuelles #TMB #femmes

  • Les organisations étudiantes et lycéennes se mobilisent
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290216/les-organisations-etudiantes-et-lyceennes-se-mobilisent

    Plusieurs organisations lycéennes et étudiantes appellent à une journée nationale d’initiatives et d’actions le 9 mars 2016. Les unes et les autres affûtent leurs arguments pour mobiliser contre un texte qui contribuerait à davantage précariser les jeunes.

    #France #éducation #étudiants #Fidl #Génération_Précaire #loi_sur_le_travail #lycéens #MJS #Mobilisation #syndicats #Unef #UNL

  • REMI FRAISSE - COMMENT LE POUVOIR A RÉÉCRIT SA MORT (site Alencontre) - Filpac CGT
    http://www.filpac.cgt.fr/spip.php?article8525

    L’article est de #Mediapart, mais je choisi cette version dont on est sûr qu’elle ne deviendra pas payante.

    Accusé d’avoir trop tardé à réagir après la mort de Rémi Fraisse, Bernard Cazeneuve se défend donc en expliquant ne pas avoir voulu interférer avec une enquête judiciaire en cours. C’est pourtant bien son ministère qui, selon nos informations, a validé le communiqué trompeur de la préfecture du Tarn, qui le dimanche 27 octobre à 9 h 55, fait croire à la France entière que « le corps d’un homme a été découvert dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn) » , sans plus de détails.

    Alors que l’État sait déjà que le jeune #manifestant a très probablement été tué par l’explosion d’une #grenade offensive. Et que la dépouille du jeune homme, recueillie par les #gendarmes quelques instants après son décès, a déjà fait l’objet d’une première expertise médico-légale pendant la nuit.

    Cet élément de langage surréaliste, digne d’une série policière américaine, est repris en fin de journée, à 19 h 40, par un communiqué du ministère de l’intérieur : « Le corps d’un jeune homme a été découvert vers 2 h 00. Les secours ont malheureusement constaté son décès. » Pourquoi ne pas avoir écrit, tout simplement, qu’un homme avait perdu la vie lors d’affrontements avec les forces de l’ordre ?
    (...)
    Le ministère de l’intérieur prend langue avec celui de la justice, tôt dimanche 26, pour demander un communiqué du procureur d’Albi, qui n’arrive pas. La justice ne semble pas vouloir de la patate chaude. L’intérieur s’impatiente. « Par conséquent je demande au préfet, qui est sur place, en contact avec la gendarmerie de bien vouloir lui-même communiquer cette mort pour qu’on ne puisse pas nous reprocher de l’avoir cachée », explique Cazeneuve sur France Inter.

    C’est donc vers 7 h 30 du matin, selon l’entourage de Bernard Cazeneuve, que son ministère se résout à contacter la préfecture du Tarn pour lui demander de communiquer sur la mort de #Rémi_Fraisse. Comment la demande a-t-elle été formulée ? Qui a l’idée d’inventer la découverte fortuite d’un corps sur le site du barrage ? Ni la préfecture, ni le ministère ne s’en sont à ce jour expliqués. Aujourd’hui, place Beauvau, certains conviennent du bout des lèvres qu’avec le recul, ce communiqué était pour le moins incomplet et maladroit.

    Le ministre qui ne savait rien

    Bernard Cazeneuve et le général Favier, nommé au poste de DGGN par Manuel #Valls en 2013, affirment ne pas avoir eu accès aux PV d’enquête soumis au secret de l’instruction. « Les PV n’ont jamais été portés à ma connaissance », répète Bernard Cazeneuve en boucle sur France Inter. C’est possible, mais cela semble hors propos.

    Le ministre de l’intérieur est l’homme le mieux informé de la République. Lui-même et le DGGN, autorité hiérarchique des gendarmes, disposent d’autres sources d’information. Les gendarmes rendent directement compte à leur hiérarchie et au préfet, qui dirige le dispositif de maintien de l’ordre. La place Beauvau est l’un des ministères les plus centralisés et hiérarchisés, où le moindre incident remonte immédiatement, que ce soit par mail ou par téléphone.

    Dès 01 h 45, la nuit du drame, sur le journal de bord du Groupement tactique gendarmerie (GTG), les gendarmes mobiles ont ainsi indiqué : « Un opposant blessé par OF », c’est-à-dire une grenade offensive. Moins de quinze minutes plus tard, à 01 h 59, le journal du GTG indique ceci : « Opposant blessé serait décédé. Hémorragie externe au niveau du cou. » Le ministère de l’intérieur prétend ne pas avoir pris connaissance de ce document.

    Selon nos informations, le compte-rendu d’intervention de deux pages rédigé dès le lundi 27 par le lieutenant-colonel L., responsable du dispositif de Sivens, sur deux pages, est ainsi adressé à pas moins de sept destinataires en plus de la justice : à savoir la Direction générale de la gendarmerie nationale, (DGGN, Direction des opérations et de l’emploi), à la région de gendarmerie d’Aquitaine (RGAQ), au groupement du Tarn (GGD81) aux archives, ainsi qu’aux trois escadrons de gendarmes mobiles représentés à Sivens (28/2, 33/2 et 47/3).(...)

    Quant au journal de bord cité plus haut, il a dû, lui aussi, être transmis à la chaîne hiérarchique, donc au DGGN, avant d’être remis aux enquêteurs de la section des recherches de Toulouse.(...)

    La politique de l’autruche

    Sur France Inter, Bernard Cazeneuve reste dans le #déni : « La grenade offensive, qui vous dit qu’elle a été tirée sur un groupe de manifestants ? Ce n’est pas ce que disent les rapports qui m’ont été communiqués, qui disent que les règles d’usage de cette grenade ont été respectées et que la grenade a été tirée à côté du groupe. » Preuve que le ministre a bien reçu quelques rapports sur cette affaire.(...)
    Des « blessés » mis en avant

    « Il y a eu de nombreux blessés à Sivens dont on ne parle pas », insiste le ministre de l’intérieur sur France Inter, tout à son rôle de premier flic de France. Or selon nos informations, pour la nuit du 25 au 26 octobre, on ne comptera officiellement que six blessés chez les CRS (postés sur la zone jusqu’à 21 heures pour certains, et minuit pour d’autres), dont une ITT de 30 jours pour une blessure à la main, mais aucun chez les gendarmes mobiles, suréquipés et surentraînés, malgré la violence des assauts subis et le nombre de projectiles reçus entre minuit et trois heures du matin.

    Des consignes de prudence ou de fermeté ?

    Le lieutenant-colonel L., commandant du GTG, entendu comme témoin dès le 26 octobre à 4 h 30 du matin, affirme sur PV : « Je tiens à préciser que le préfet du Tarn, par l’intermédiaire du commandant de groupement, nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toutes formes de violences envers les forces de l’ordre. »

    Depuis ces révélations, le préfet du Tarn, tout comme le ministre de l’intérieur et le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) nient avoir donné ces consignes. (...)
    Dès lors, les enquêtes judiciaire et administrative devront déterminer d’où venaient ces consignes d’extrême fermeté. Le patron de la gendarmerie, sur RTL, préfère dire que les gendarmes mobiles avaient « une mission à assurer (…) : rester sur ce secteur qu’ils doivent défendre et bien sûr être en mesure de se protéger s’ils font l’objet d’agression. Ils ont fait l’objet d’agression, ils se sont défendus. On est dans cette logique-là ». Les consignes d’apaisement, de prudence ou de modération semblent toutefois démenties par les faits. Selon nos informations, plus de 700 grenades ont été utilisées à Sivens dans la nuit où Rémi Fraisse a été tué, dont 42 offensives .(...)
    Pourquoi défendre cette « zone de vie » dans la nuit du 25 octobre ?

    Le 21 octobre, lors d’une réunion de préparation présidée par Yves Mathis, directeur de cabinet du préfet du Tarn, ce dernier avait promis que « les gendarmes ne ser(aie)nt pas placés au milieu des manifestants pour éviter les provocations » . Il n’y a plus rien à protéger sur le chantier : les engins ont été retirés. Mais après l’incendie, le vendredi soir, du seul Algeco et d’un groupe électrogène laissés sur place, et le caillassage des trois vigiles qui étaient sur place, la préfecture considère le pacte rompu, et les préoccupations matérielles reprennent le dessus. Il faut protéger la zone déboisée pour éviter que les zadistes ne s’y réinstallent et ne retardent à nouveau le début des travaux comme à Notre-Dame-Des-Landes.

    « J’ai décidé de laisser sur place les forces de l’ordre pour protéger le chantier », déclare le préfet le 9 novembre dans La Dépêche du Midi. « À ce moment-là c’était la meilleure solution, une voie médiane que j’assume. A posteriori, bien sûr que ce n’était pas une bonne décision, mais pouvait-on demander aux vigiles qui gardaient le chantier de revenir alors que le vendredi soir ils avaient été attaqués ? C’était l’assurance que le chantier ne pourrait pas reprendre le lundi ou le mardi. »

    C’est d’ailleurs avec cette mission que le préfet #Thierry_Gentilhomme a été nommé le 1er septembre 2014. Il arrive tout droit du ministère de l’intérieur où il a occupé, sous Guéant puis Valls et Cazeneuve, le poste de directeur de l’évaluation de la performance et des affaires financières et immobilières et de haut fonctionnaire adjoint chargé du développement durable ( sic ).

    L’une de ses premières déclarations dans la presse du Tarn, dix jours après son arrivée, est d’ailleurs pour le projet de barrage au Testet : « Il n’y a pas d’ambiguïté, c’est un problème d’ordre public dans un État de droit qui demande le respect des procédures. Les violences sont inacceptables. Des décisions ont été rendues. Le dossier a fait l’objet de toutes les procédures nécessaires. Tout le monde a pu s’exprimer. Le chantier doit démarrer. » Fermez le ban.

    En deux mois, pourquoi aucune alerte n’a fonctionné au ministère de l’intérieur ?

    Plusieurs faits graves auraient pu alerter le ministère de l’intérieur avant la mort de Rémi Fraisse sur deux mois de tension et de harcèlement des gendarmes sur la Zad. Une vingtaine de #plaintes liées à des violences supposées des gendarmes ont été déposées par des opposants au barrage depuis début septembre auprès de la justice : expulsions sans décision de justice, mise en danger de la vie d’autrui et destruction de biens personnels, tirs de #Flashball, #tirs_tendus de grenades, interpellations violentes, etc. Ces faits sont documentés par de nombreuses vidéos mises en ligne par des militants.

    Dès le 3 septembre, un conseiller général divers gauche du Tarn, Jacques Pagès, est jeté dans un talus par des gendarmes mobiles. Le 7 octobre, lors de l’expulsion de Gazad, une jeune opposante Elsa Moulin est grièvement blessée à la main par une grenade lancée par un gendarme du Psig dans une caravane. Le 10, c’est un zadiste qui affirme avoir été blessé à la main par un tir de Flashball et fait l’objet selon son avocate de 45 jours d’ITT. Malgré les rapports que chaque policier ou gendarme doit rédiger après l’usage de ces armes, aucune enquête administrative n’est ouverte avant la mort de Rémi Fraisse.

    Et c’est une ex-ministre, Cécile Duflot, qui le 20 octobre, de retour du Testet, alerte le préfet du Tarn, puis le président de la République ainsi que le ministre de l’intérieur. Ce dernier affirme avoir ensuite donné des « consignes d’apaisement ». Mais il faudra attendre le drame de la mort de Rémi Fraisse le 26 octobre pour qu’une enquête administrative sur le maintien de l’ordre à Sivens, englobant tous ces faits, soit confiée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Elle doit être rendue au ministre de l’intérieur début décembre 2014.

    Pourquoi la gendarmerie répète-t-elle que la grenade offensive n’a jamais tué, malgré le précédent de 1977 ?

    Le 29 octobre, #Denis_Favier, patron de la gendarmerie nationale, affirme sur BFMTV que la grenade offensive « n’est pas une arme qui tue, c’est une arme qui déclenche un effet assourdissant ». Il souligne que la gendarmerie n’a « jamais eu de problème en maintien de l’ordre avec des grenades offensives », alors qu’il s’agit d’une « munition régulièrement engagée ».

    C’est passer sous silence la mort en 1977 de #Vital_Michalon lors d’une manifestation contre la centrale nucléaire Superphénix de Creys-Malville (Isère). Selon sa famille qui a pris la parole dans plusieurs médias, ce jeune professeur de physique de 31 ans avait été tué par une grenade offensive. « Il y a 37 ans, nous avions dit : « Plus jamais ça ! » », s’est indigné son frère Emmanuel Michalon dans Le Parisien. « Nous avions demandé, par un appel aux députés et une pétition, l’interdiction des grenades offensives contre les manifestations. Cet appel est resté lettre morte. »

    Pourtant, le général Denis Favier l’assure, 37 ans après les faits, il n’y a « pas de certitude » sur le lien entre la grenade offensive et la mort de Vital Michalon. Dans la nuit du 26 octobre, le patron de la gendarmerie indique à Bernard Cazeneuve « qu’une grenade offensive avait été lancée mais que la gendarmerie considérait qu’elle n’était pas à l’origine de la mort pour des raisons qui tiennent au fait qu’aucune grenade offensive n’a occasionné la mort de manifestants au cours des dernières années », selon le récit du ministre sur France Inter.

    Même après l’annonce par le procureur de Sivens de la piste de la grenade offensive le mardi 28 octobre, les gendarmes nient la réalité, persuadés, de bonne ou de mauvaise foi, que les grenades offensives seules ne peut tuer. « Les spécialistes se montrent catégoriques : elles ne peuvent tuer, sauf improbable concours de circonstances, écrit Le Monde le 29 octobre. Dans l’hypothèse où l’une de ces grenades aurait provoqué la mort de Rémi Fraisse, tous les experts évoquent une combinaison avec un autre élément comme un fumigène, une cartouche de gaz ou même peut-être un aérosol. »

    « Le ministère n’a d’abord rien dit, car ils cherchaient si l’autopsie et les analyses ne pourraient pas révéler la présence d’autres engins explosifs, auquel cas la grenade n’aurait été que le facteur déclencheur », décrypte aujourd’hui un haut responsable policier.

    Comment le pouvoir a organisé son irresponsabilité politique

    Fidèle à sa gestion de crise déjà entrevue dans d’autres dossiers, l’exécutif a pris soin de ne jamais trop communiquer pour ne surtout pas dégager de responsabilité politique, quitte à apparaître comme foncièrement inhumain et insensible à la mort d’un jeune homme de 21 ans. Après les développements de l’enquête judiciaire laissant entrevoir le #mensonge_d’État du pouvoir, c’est le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve qui a été laissé seul en première ligne, par #François_Hollande et Manuel Valls.

    De sources informées et recoupées, l’intervention du président de la République est survenue face au refus de son premier ministre de s’exprimer. Façon de lui forcer la main et de l’impliquer dans un dossier très délicat, où Valls aimerait ne pas apparaître du tout, lui qui a, à plusieurs reprises, affirmé qu’il ne céderait pas à Sivens comme son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, l’avait fait à Notre-Dame-des-Landes.

    Impossible d’imaginer pourtant, sauf à admettre une grave défaillance au sommet de l’État, que l’Élysée et Matignon n’aient pas été mis immédiatement au courant de la mort du militant écologiste. Surtout depuis que Bernard Cazeneuve a indiqué avoir été informé de ce décès dans la nuit.

    Impossible également que la mort d’un homme dans un contexte de manifestation, le premier depuis Malik Oussekine en 1986, sous un gouvernement de droite, n’ait pas immédiatement alerté les plus hautes autorités de l’État. À moins de considérer comme intelligent le fait de se draper dans l’inhumanité et le mépris. « Il est quand même étonnant de constater, avec le recul, que les réseaux écolos sont plus fiables que ceux des autorités en termes d’information », explique un dirigeant écolo.

    Difficile enfin d’imaginer que Manuel Valls, ancien ministre de l’intérieur qui connaît personnellement le patron de la gendarmerie, Denis Favier, pour l’avoir eu comme collaborateur place Beauvau (comme « conseiller gendarmerie »), ne se soit pas tenu personnellement au courant. Malgré tout, François Hollande et Manuel Valls n’ont réagi que deux jours après la mort de Rémi Fraisse, en promettant la vérité mais aussi en ciblant les écologistes et Cécile Duflot, accusés d’instrumentaliser l’affaire.

    Alors que les raisons de la cause du décès de Rémi Fraisse et le déroulé des faits ont été immédiatement connus des services de l’État, pourquoi avoir attendu si longtemps ? Comment expliquer dans ce contexte dramatique une communication si martiale notamment de la part de Manuel Valls ( « à la Clemenceau » , dit un ministre), qui a contribué à entretenir la confusion entre les militants, pour la plupart pacifiques, anti-barrage et les « casseurs » ? Comment ces deux jours ont-ils été gérés au sommet de l’État ?

    À toutes ces questions, l’exécutif oppose un lourd silence. L’Élysée, interrogée jeudi matin, s’en tient aux propos du chef de l’Etat sur TF1 le 6 novembre. « L’important est de respecter la mémoire de Rémi Fraisse et de faire toute la lumière, assure-t-on dans l’entourage de Hollande. La divulgation progressive des procès-verbaux dans la presse ne change pas notre vision des choses. » Au château, on estime que « Bernard Cazeneuve est précis, factuel » dans ses explications. Et on fait bloc derrière ce proche de François Hollande : « Le ministre de l’intérieur exprime la position de l’exécutif. »

    À Matignon, on refuse aussi de revenir sur le déroulé du week-end du drame, malgré une série de questions précises adressées aux services de Manuel Valls. « À moins qu’elles ne concernent que très directement Matignon, merci de les envoyer au ministère de l’intérieur, pleinement compétent », nous répond-on d’abord. Nos questions concernant « très directement » le rôle du premier ministre, elles ne recevront toutefois aucune réponse, autre que : « Le ministère de l’intérieur est pleinement compétent. »

    « C’est la “technique #Fouks ” dite du bathyscaphe, s’agace Cécile Duflot : on se terre en eau profonde et on attend que ça passe. » Une façon, aussi, de dresser un discret cordon de sécurité entre Matignon et la place Beauvau, alors que la défense du ministre de l’intérieur ne convainc pas, hormis ceux, très nombreux dans les rangs socialistes, qui ne veulent pas voir qu’il y a eu un dysfonctionnement. « Il ne désavoue pas Cazeneuve, mais sans plus », explique d’ailleurs un député ayant récemment rencontré Valls.

    Seul devant la presse, après les révélations de Mediapart et du Monde de mercredi, Bernard Cazeneuve organise sa défense, et se charge lui-même de convaincre les rares dirigeants PS dubitatifs, le plus souvent anciens leaders étudiants ou investis dans les réseaux de défense des droits de l’Homme. Jeudi midi, il a ainsi reçu à déjeuner les parlementaires David Assouline, Daniel Goldberg, Régis Juanico, Pascal Cherki, Fanélie Carré-Conte, ainsi que la secrétaire nationale du PS aux libertés publiques du PS, Marie-Pierre de La Gontrie, et Laura Slimani, la présidente du Mouvement des jeunes socialistes (#MJS).

    Visiblement « affecté » et voulant « rattraper le coup », aux dires d’un participant, le ministre leur annonce son intention d’interdire l’usage des grenades offensives (ce qu’il fera quelques heures plus tard), puis évoque, pour la fin de l’année, d’autres mesures sur le rapport police-citoyens, en se gardant bien de s’engager sur le #récépissé_de_contrôle_d’identité, une promesse de Hollande enterrée par Valls ministre de l’intérieur, malgré le soutien à la mesure de Jean-Marc Ayrault. Visiblement, Cazeneuve n’est pas en situation d’imposer, à l’inverse de son prédécesseur, sa vision de l’ordre républicain à son premier ministre.

    Au cours du déjeuner, Cazeneuve martèle un message clair à des convives incrédules mais acquis à sa cause : il n’est coupable d’aucune faute, car il a décidé de laisser faire la justice, c’est le préfet qui a décidé de renvoyer les gendarmes sur le site, sans qu’il en ait été informé, et c’est normal. Quand il lui est demandé comment il était possible qu’on ne lui communique pas les PV de l’expertise médico-légale, rapporte un autre présent, Cazeneuve aurait juste répondu : « Parce que nous ne sommes plus sous la droite, qu’un procureur est désigné et qu’on laisse faire la justice de façon indépendante. »

    À la sortie d’un repas ayant duré plus de deux heures, les avis de trois des participants oscillent entre « un mec sincère mais clairement pas au courant de tout, qui a trop fait confiance aux flics » et « un symbole du manque d’appréciation de ce gouvernement des dangers sur le terrain, à Sivens ». « Si tout semble avoir correctement fonctionné institutionnellement, il est évident qu’il restera une faute politique lourde, celle de ne pas avoir pris la mesure d’un manifestant mort », explique un parlementaire tentant de résumer l’opinion commune de ceux quittant la table de Beauvau.

    Avec les écologistes, l’épisode risque d’acter une rupture profonde, même si les parlementaires font encore officiellement partie de la majorité. La secrétaire nationale du mouvement, Emmanuelle Cosse, constate l’impuissance de leurs protestations, non sans amertume. « Trois semaines après la mort de Rémi Fraisse, la colère ne passe pas. Les demandes d’explications non plus, écrit-elle dans un communiqué ce vendredi. On a voulu mettre la réaction des écologistes sur le compte de la sensiblerie ou, pire, d’une envie de “récupération”. Il s’agit pourtant de demander la vérité et de répondre à de simples questions. »

    Ce jeudi, lors d’un petit déjeuner prévu de longue date avec les deux coprésidents du groupe EELV à l’assemblée, Barbara Pompilli et François de Rugy, l’intention de Manuel Valls n’était visiblement pas celle de s’attarder sur le sujet. « Il a surtout essayé de nous faire passer des messages, sur la transition écologique, la prochaine conférence de l’Onu sur le climat à Paris en 2015 ou la réforme territoriale, explique Rugy. Comme s’il fallait passer à autre chose. On lui a répondu qu’on ne pouvait traiter de sujets de travail en commun que les uns après les autres, ou au moins en parallèle avec le règlement de l’affaire de Sivens. »

    Aux yeux de Cécile Duflot, qui ne décolère pas elle non plus de la gestion du dossier par le gouvernement, l’affaire aura au moins le mérite de « montrer que s’il n’y avait pas eu d’écolos à l’Assemblée, il se serait passé la même chose qu’avec Vital Michalon à Creys-Malville il y a 37 ans : un militant écologiste pacifique meurt à cause d’une grenade policière dans l’indifférence générale, avant que l’affaire ne soit étouffée… ». (Pour information, article publié sur Mediapart, le 14 novembre 2014)

    http://i0.wp.com/paris-luttes.info/chroot/mediaslibres/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-vignettes/L614xH338/10446136_751522258217283_1549405653657690886_o-0014a-f9313.jpg?resize=614%2C3

    Mais rassurez vous, EELV votera la loi de finances qui est une loi de guerre sociale contre la population, Mediapart continuera à nous servir sa prose républicaine en prenant soin de distinguer « manifestants » et « casseurs ». La vie est ailleurs.

  • On est (presque) allés à l’université d’été du PS

    http://larotative.info/on-est-presque-alles-a-l.html

    Long reportage à la Rochelle, aux abords de l’université d’été du Parti Socialiste. Comme on était dans le coin, on a décidé d’aller jeter un œil. Si le dispositif policier, massif, nous a empêché de constater toute l’ampleur des dégâts, on a quand même pu profiter de l’ambiance... récit et photographies sur un lieu de villégiature qu’on ne conseille à personne.

    Alors qu’on s’extasiait sur le coût du ticket (50 euros en prévente ou 60 sur place), on a assisté à notre première engueulade. Un type avait décidé de faire rentrer gratuitement deux jeunes apeurés qui étaient "l’avenir de la gauche" et qui, surtout, n’étaient pas à jour de leurs cotisations. Un membre du service d’ordre leur refusait l’accès en rappelant que lui avait payé son dû à la "fédé". Ils ont fini en se traitant mutuellement de soviétique et chacun est resté de son côté des barrières.

    (...)

    Il faut dire que des flics en civil, on en a quasiment vu autant que des militants socialistes. Les ténors du parti devant trouver que les uniformes bleus ne faisaient pas assez "gauche" et pouvaient troubler la beauté des images de BFM ou i>Télé, ceux-ci étaient quasiment invisibles. En revanche nous n’avions jamais vu une aussi grande concentration de policiers en civil. Ceci nous a permis d’apprécier à loisir la diversité de leurs tenues (du costard trois pièces au look baroudeur comprenant un exemplaire de Libération bien en évidence dans le filet du sac à dos) et leur art consommé du camouflage. Comme ils étaient secondés par un service d’ordre lui aussi conséquent et excellent dans le maniement de l’oreillette, c’est peu de dire que nous nous sommes sentis en sécurité. Cela avait au moins l’avantage d’être clair sur la vision du PS vis-à-vis du contrôle et de la surveillance.

    (...)

    Un monospace aux vitres fumées s’est avancé, le service d’ordre lui a ménagé une entrée entre les barrières : le top départ était donné. Tous les journalistes présents se sont rués sur le véhicule, nous démontrant qu’en plus d’avoir du flair les grands reporters ont une bonne pointe de vitesse. Ils espéraient sans doute un ministre, un frondeur médiatique ou, au pire, un secrétaire d’État. Pas de bol, ça devait être un député de l’Orne ou un sénateur des Deux-Sèvres : ils sont revenus reprendre leur place, le pied de micro bas et la mine défaite. Il y a un côté pathétique à voir des journalistes courir après la moindre alerte à la personne connue et se ruer sur la première voiture portant cocarde.

    (...)

    Pour débatte de religion (intitulé de l’échange : Regards croisés - République et religions), le parti socialiste a invité Gilles Kepel et Caroline Fourest [3]. Le premier est un politologue spécialiste de l’Islam, la seconde, ex-collaboratrice de Charlie Hebdo, est connue pour son islamophobie qu’elle tente de cacher sous un vernis laïque et féministe. Tout est dit : quand le PS parle de religion en 2014, il ne cause que d’Islam et le fait avec une invitée aux convictions particulières. On l’a bien compris, se réinventer, pour le PS, cela consiste à prolonger un tournant droitier entamé il y a plus de 30 ans mais qu’il convient aujourd’hui d’assumer de manière décomplexée.

    (...)

    Le samedi matin, on est revenus sur les lieux pour constater que les socialos avaient fini de totalement se barricader. La passerelle qui relie l’Encan au quai d’en face, franchissable la veille, était relevée et servait ni plus ni moins de pont-levis entre les socialistes assiégés et d’éventuels assaillants. Comme la veille, les flics en civil étaient partout. Mais ce matin-là leurs collègues en bleu étaient aussi très nombreux. A chaque entrée possible du site de l’université d’été les CRS montaient la garde avec le service d’ordre du PS.

    (...)

    Le syndicat avait mobilisé environ 500 personnes pour protester contre l’austérité et rappeler au PS l’existence de quelques luttes en cours, notamment celle contre la réforme de l’UNEDIC. A quelques encablures des tristes débats du PS, les slogans et la musique qui résonnait là avaient quelque chose de rassurant. Et quand quelques jeunes loups des MJS, pleins de morgue, crurent bon de tancer les syndicalistes et de les appeler à faire preuve de « responsabilité » et à se joindre à une nécessaire « solidarité de la gauche », ils se rendirent vite compte de leur erreur de jugement et prirent alors la fuite.

    #PS #la_rochelle #sécurité #islamophobie #mjs #syndicalisme #austérité #police #photo