• L’eau en bouteille massivement polluée par des nanoparticules de plastique
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/09/une-nouvelle-methode-d-analyse-revele-la-presence-massive-de-nanoparticules-

    Des travaux publiés mardi font état de 240 000 particules par litre d’eau testée. L’impact sur la santé reste méconnu, en raison du manque d’études épidémiologiques.
    Par Stéphane Foucart 

    Parfois préférée à l’eau du robinet pour sa pureté supposée, l’#eau_en_bouteille [de plastique] souffre d’une contamination d’une ampleur insoupçonnée : celle des nanoparticules de plastique. C’est la conclusion saillante d’une étude américaine publiée mardi 9 janvier dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Les auteurs, conduits par Wei Min (université Columbia, à New York), y détaillent une nouvelle méthode optique de détection et de caractérisation des micro- et nanoparticules de plastique, et la mettent en œuvre sur trois marques d’eaux conditionnées.
    Le résultat est saisissant et indique la présence moyenne d’environ 240 000 particules par litre d’eau testée, soit « de cent à mille fois plus que précédemment rapporté ». Jusqu’à présent, la détection et l’identification de ces minuscules fragments se focalisaient sur des tailles supérieures au micromètre (µm), les particules plus petites ne pouvant être détectées simplement. Or, dans les eaux en bouteille analysées, ces nanoparticules sont bien plus nombreuses. Elles représentent, selon l’étude des chercheurs américains, environ 90 % des particules identifiées. Les auteurs ne divulguent pas les trois marques testées et estiment que, pour toutes les autres dénominations commerciales, des niveaux de contamination comparables sont à attendre.
    Ces résultats sont d’autant plus importants que plus elles sont petites, plus ces particules sont susceptibles de traverser les barrières biologiques, donc d’entrer dans la circulation sanguine et d’être en définitive distribuées dans les organes, y compris le cerveau. Les risques sanitaires pour la population humaine demeurent méconnus, principalement en raison du peu d’études épidémiologiques. « Les connaissances manquent encore et beaucoup sont en cours d’acquisition, dit le toxicologue Nicolas Cabaton, chercheur, à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), à l’unité Toxalim de Toulouse. Mais on peut d’ores et déjà redouter que les substances toxiques transportées par ces micro- et nanoparticules, comme des bisphénols par exemple, n’ajoutent des effets délétères à la toxicité intrinsèque des fragments de plastique eux-mêmes. »

    https://justpaste.it/6emb8

    #eau #plastique #nanoparticules

    • Que faire pour échapper au « salopage » généralisée de la « ressource » en eau ?
      Perso, j’essaie de varier les poisons : pour le café, je me sers de l’eau du robinet (phytosanitaires et leurs métabolites) et pour la boisson, c’est de l’eau dite « minérale » (nanoparticules de plastiques).
      Du coup, c’est pas vraiment raccord du point de vue de l’#étiologie : comment savoir si je vais crever des uns ou des autres ? En fait, je m’en bats les couettes.
      Ah si, je crois que l’on pourrait utiliser des bouteilles en verre pour y mettre la flotte captée par les multinationales. Ça se faisait autrefois. je ne sais plus trop si les bouteilles étaient consignées. Celles du pinard oui, ça c’est sûr, le fameux « litre étoile ». Ce serait peut-être un « moindre mal » comme disait l’autre ...

    • Malgré la loi, les points d’eau potable font toujours défaut dans les lieux publics pour réussir à réduire l’usage des bouteilles en plastique
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/11/malgre-la-loi-les-points-d-eau-potable-font-toujours-defaut-dans-les-lieux-p

      Selon une enquête menée par l’association No Plastic in My Sea, 75 % des établissements concernés par cette obligation ne la respectent pas.
      Des distributeurs de café ont fait leur apparition sur les quais du métro parisien à côté de ceux proposant des petites bouteilles d’eau, des sodas ou des friandises. Les fontaines à eau potable, en revanche, se font toujours rares, même dans les stations les plus fréquentées. Stations, gares, aéroports, centres commerciaux, musées, salles de concert, cinémas, stades, parcs de loisirs, universités… les établissements recevant du public (ERP) sont pourtant censés être équipés d’au moins une #fontaine d’eau potable en accès libre depuis le 1er janvier… 2022. L’obligation concerne les quelque 68 500 ERP accueillant plus de 300 personnes simultanément. Elle vise à atteindre l’objectif fixé en 2020 par la loi antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) : réduire de 50 % le nombre de bouteilles plastiques mises sur le marché à l’horizon 2030.
      [...]
      L’objectif de sortie du plastique à usage unique paraît d’autant plus inatteignable que selon les dernières données de l’Agence de la transition écologique, le nombre de bouteilles en plastique mises sur le marché a augmenté de 4 % entre 2021 et 2022. L’enjeu est pourtant de taille. Avec environ 15 milliards de bouteilles écoulées par an, la France est le cinquième plus gros consommateur au monde d’eau en bouteille plastique.

  • Microplastic-eating plankton may be worsening crisis in oceans, say scientists | Marine life | The Guardian
    https://www.theguardian.com/environment/2023/nov/09/microplastic-eating-plankton-worsening-crisis-oceans-plastic-pollution

    Phytoplankton found in marine and fresh water can ingest and break down microplastics, scientists have discovered. But rather than providing a solution to the threat plastics pose to aquatic life, the tiny creatures known as rotifers could be accelerating the risk by splitting the particles into thousands of smaller and potentially more dangerous nanoplastics.

    #plancton #rotifères #plastiques #nano

  • « Aujourd’hui, 40 kilos de pluie de plastique sont attendus » : la « météo plastique » arrive à Paris
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/05/25/aujourd-hui-40-kilos-de-pluies-de-plastique-sont-attendues-la-meteo-plastiqu

    Son lancement mondial à Paris n’est pas dû au fait que la capitale française soit sujette à un microclimat plastique particulier, mais à ce qu’elle accueille du 29 mai au 3 juin la deuxième session de négociations consacrées à l’élaboration d’un traité international visant à en finir avec la pollution au plastique.

    L’opération de sensibilisation passera par un affichage dans le métro, sur les Abribus et autres panneaux publicitaires numériques pendant la durée des négociations. Les bulletins « météo plastique », comme ceux de Météo-France, pourront, eux, être consultés sur le site Plasticforecast.com, même après le sommet des Nations unies. « Le Plastic Forecast prouve qu’il est quasi impossible de se soustraire à cette menace », commente Marcus Gover, coordinateur des recherches sur le plastique à la Fondation Minderoo. Associée au très sérieux Boston College, la fondation a publié cette année un rapport de référence qui évalue le coûts des impacts environnementaux et sanitaires de la pollution au plastique, estimée à plus de 350 millions de tonnes par an à l’échelle de la planète.

    Même lorsque les prévisions sont au beau fixe, le bulletin annonce des « précipitations » de plastique de l’ordre de 40 kilos sur une journée. Par temps de pluie, c’est jusqu’à 420 kg de plastique qui s’abattent sur la tête des Parisiens. .... La Fondation Minderoo se fonde sur le chiffre de 48 tonnes par an à Paris pour son modèle.

    https://justpaste.it/2j464

    #plastique #météo_plastique #pollution #microparticules #nanoparticules #the_plastic_people_of_the_universe

  • Des plastiques « biodégradables »… qui ne se dégradent pas Philippe Robitaille-Grou

    Les plastiques dits « compostables » ou « biodégradables » sont vendus à la tonne pour redorer le blason écologique des fabricants. Mais il y a un hic. Plusieurs d’entre eux ne se dégradent que dans certains environnements contrôlés, alors que dans la nature, où ils aboutissent, la réalité est tout autre.

    C’est ce que constatent des chercheurs de l’Institut océanographique Scripps à San Diego dans leur article publié mercredi dans la revue PLOS One.

    Des soi-disant “bioplastiques” n’ont pas le moindre signe de biodégradation après avoir passé plus d’un an dans l’océan, montrent les expériences effectuées par les auteurs.


    “C’est du greenwashing”, ou écoblanchiment, dénonce la Québécoise Sarah-Jeanne Royer, autrice principale de l’étude, qui a mené cette recherche dans le cadre de son postdoctorat à l’institut californien. “Beaucoup de gens vont croire qu’en utilisant ces bioplastiques, ils feront un bon geste pour la planète et que le produit va se dégrader s’il se retrouve dans l’environnement, mais pour ça, on a besoin de conditions de compostage très particulières.”

    Recette différente, mêmes résultats
    Vêtements, tapis, autres textiles… La production mondiale de fibres synthétiques continue de croître à un rythme effréné. Elle a atteint 68 millions de tonnes en 2020, selon les données de l’organisme à but non lucratif Textile Exchange, et est composée principalement de polyester, un plastique qui peut demeurer dans l’environnement durant plusieurs siècles.

    Un rapport de la firme Research and Markets prédit d’ailleurs que le marché global de fibres synthétiques connaîtra une croissance de plus de 7 % en quatre ans, de 2021 à 2025. Une vaste partie de ces fibres se retrouve dans les eaux usées, notamment par l’intermédiaire des machines à laver qui ne parviennent pas à les filtrer, et est par la suite acheminée dans les océans.



    La plage de Kamilo, à Hawaï, est reconnue pour la grande quantité de déchets de plastique qui s’y accumule.

    L’acide polylactique (PLA), fabriqué avec de l’amidon végétal, est couramment utilisé comme substitut “plus vert” des plastiques à base de pétrole. La nouvelle étude n’abonde toutefois pas dans ce sens.

    Après 428 jours dans l’eau de mer, les textiles faits de PLA, tout comme ceux formés de polyester, ne présentaient aucun signe de dégradation : le diamètre des fibres n’avait pas diminué et l’empreinte chimique, servant à indiquer la composition moléculaire, ne montrait pas la moindre transformation.

    Le PLA se dégrade seulement s’il est soumis à des températures et à des pressions très élevées, ce qui n’est pas le cas dans les milieux où il aboutit généralement, remarquent les auteurs.

    Ces résultats “soulignent à quel point le langage employé pour qualifier les plastiques est crucial”, estime le biologiste marin Dimitri Deheyn, qui a participé aux travaux.

    Les fabricants devraient avoir à fournir aux clients toute information sur la biodégradabilité de leurs produits, renchérit Sarah-Jeanne Royer. “Lorsqu’on achète une boîte de conserve, on sait exactement tout ce qu’il y a à l’intérieur en raison des lois mises en vigueur, explique-t-elle. Mais au niveau de produits comme le textile, il n’y a pas vraiment de norme environnementale pour bien informer les clients.”

    « On nous trompe. Et ça peut mener à des catastrophes du point de vue environnemental. »
    — Une citation de Sarah-Jeanne Royer, autrice principale de l’étude

    Autres substituts
    D’autres options souvent présentées comme solutions de rechange au plastique traditionnel ont été mises à l’épreuve par les chercheurs.

    Les textiles fabriqués à base de cellulose naturelle ont fait meilleure figure que le PLA. Ils se dégradaient complètement en à peine un mois.

    Les auteurs notent cependant que les matériaux analysés ne contenaient pas d’additifs. Or, les entreprises incorporent souvent des nanomatériaux, entre autres pour améliorer la protection contre l’eau et les rayons ultraviolets. Ces ajouts peuvent rallonger le temps de dégradation des produits, voire les rendre carrément non biodégradables.

    Certains fabricants se targuent plutôt de se servir de mélanges de cellulose naturelle et de plastique. Selon l’étude, seule la partie naturelle de ces mélanges parvient à se biodégrader.

    Réduire à la source
    Les recherches de l’Institut océanographique Scripps ne sont pas les premières à montrer les limites de la production de plastiques prétendument “plus verts”.

    En 2019, des chercheurs de l’Université de Plymouth au Royaume-Uni révélaient que plusieurs sacs de plastique vendus comme “biodégradables” ou “compostables” étaient encore, après trois ans passés dans la nature, en suffisamment bon état pour transporter près de cinq livres de provisions.

    Selon Sarah-Jeanne Royer, ces divers résultats montrent l’importance de tests standardisés pour vérifier si les plastiques dits “biodégradables” le sont véritablement. Mais, outre les normes en place, les efforts devraient à la base se concentrer sur une réduction de la production et de la consommation de plastique, “bio” ou non, martèle la chercheuse.

    “Si on prend l’industrie de la mode, par exemple, c’est la deuxième la plus polluante au monde”, affirme-t-elle. “Il faut acheter moins, et lorsqu’on le fait, il faut être bien renseigné pour pouvoir miser sur des matériaux de qualité.”

    Mme Royer a également décidé de mettre la main à la pâte pour s’attaquer à la pollution plastique déjà présente. Elle fait partie de l’organisme à but non lucratif Ocean Cleanup, qui sillonne les océans pour en extraire les déchets de plastique. Plus de 100 000 kg ont été retirés à ce jour.

    #plastique #polyester #biodégradables #composte #biodégradation #greenwashing #écoblanchiment #fibres_synthétiques #acide_polylactique #PLA #cellulose #nanomatériaux #mode

    Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1981758/bioplastique-compostable-environnement-textiles-ecoblanchiment

  • Du plastique jusqu’à la moelle

    Ou Notre mode de vie nous empoisonne, par Mark O’Connell
    https://www.nytimes.com/2023/04/20/opinion/microplastics-health-environment.html?searchResultPosition=1

    Il y a du #plastique dans notre corps, dans nos poumons, dans nos intestins et dans le sang qui nous irrigue. Nous ne pouvons pas le voir, ni le sentir, mais il est là. Il est présent dans l’eau que nous buvons et dans la nourriture que nous mangeons, et même dans l’air que nous respirons. Nous ne savons pas encore ce qu’il nous fait, car nous n’avons pris conscience de sa présence que très récemment ; mais depuis que nous en avons pris connaissance, il est devenu une source d’anxiété culturelle profonde et multiforme.

    Peut-être que ce n’est rien, peut-être que c’est bien. Peut-être que cet amalgame de fragments - morceaux de bouteilles d’eau, de pneus, d’emballages en #polystyrène, #microbilles de produits cosmétiques - nous traverse et ne nous cause aucun dommage particulier. Mais même si c’était vrai, il resterait l’impact psychologique de savoir qu’il y a du plastique dans notre chair. Cette connaissance est vaguement apocalyptique ; elle ressemble à une vengeance divine, sournoise et poétiquement appropriée. Peut-être que c’est notre destin depuis le début, de parvenir à une communion finale avec nos propres déchets.

    Le mot que nous utilisons, lorsque nous parlons de cette présence troublante en nous, est « microplastiques ». Il s’agit d’une vaste catégorie qui englobe tout morceau de plastique d’une longueur inférieure à cinq millimètres, soit environ un cinquième de pouce. Une grande partie de ces matières, aussi minuscules soient-elles, sont facilement visibles à l’œil nu. Vous l’avez peut-être vu dans les photographies utilisées pour illustrer les articles sur le sujet : une multitude de minuscules éclats multicolores sur le bout d’un doigt, ou un petit tas lugubre sur une cuillère à café. Mais il y a aussi, et c’est encore plus inquiétant, ce que l’on ne voit pas : ce que l’on appelle les #nano-plastiques, qui ne représentent qu’une infime fraction de la taille des microplastiques. Ils sont capables de traverser les membranes entre les cellules et on a observé qu’ils s’accumulaient dans le cerveau des poissons.

    On sait depuis un certain temps qu’ils sont nocifs pour les poissons. Dans une étude publiée en 2018, il a été démontré que les poissons exposés aux microplastiques avaient des niveaux de croissance et de reproduction plus faibles ; leur progéniture, même lorsqu’ils n’étaient pas eux-mêmes exposés, a été observée comme ayant également moins de petits, ce qui suggère que la contamination perdure à travers les générations. En 2020, une autre étude, menée à l’université James Cook en Australie, a démontré que les microplastiques modifiaient le comportement des poissons, des niveaux d’exposition plus élevés ayant pour conséquence que les poissons prennent plus de risques et, par conséquent, meurent plus jeunes.

    Le mois dernier, le Journal of Hazardous Materials a publié une étude examinant les effets de la consommation de plastique sur les oiseaux de mer. Les chercheurs ont mis en évidence une nouvelle maladie fibrotique induite par le plastique, la #plasticose. Ils ont constaté que les cicatrices du tractus intestinal causées par l’ingestion de plastique rendaient les oiseaux plus vulnérables aux infections et aux parasites ; elles nuisaient également à leur capacité de digérer les aliments et d’absorber certaines vitamines.

    Ce n’est évidemment pas le bien-être des poissons ou des oiseaux de mer qui rend ces informations les plus inquiétantes. Si nous - j’entends par là la civilisation humaine - nous préoccupions des poissons et des oiseaux de mer, nous ne déverserions pas chaque année quelque 11 millions de tonnes de plastique dans les océans. Ce qui est vraiment inquiétant, c’est la perspective que des processus similaires puissent être à l’œuvre dans notre propre corps, que les microplastiques puissent raccourcir notre vie et nous rendre plus stupides et moins fertiles par la même occasion. Comme l’indiquent les auteurs du rapport sur la plasticose, leurs recherches « soulèvent des inquiétudes pour d’autres espèces touchées par l’ingestion de plastique » - une catégorie qui inclut largement notre propre espèce.

    En effet, tout comme les poissons doivent nager dans le blizzard de déchets que nous avons créé dans les mers, nous ne pouvons pas non plus éviter le plastique. L’un des éléments les plus troublants de la situation des microplastiques - nous ne pouvons pas vraiment parler de « crise » à ce stade, car nous ne savons pas à quel point elle peut être grave - est son caractère étrangement démocratique. Contrairement, par exemple, aux effets du changement climatique, qui que vous soyez et où que vous viviez, vous êtes exposé. Vous pourriez vivre dans un complexe sécurisé dans les endroits les plus reculés, à l’abri des incendies de forêt et de la montée du niveau de la mer, vous seriez exposé aux microplastiques lors d’une averse. Les scientifiques ont trouvé des microplastiques près du sommet de l’Everest et dans la fosse des Mariannes, à 36 000 pieds sous la surface du Pacifique.

    Dans ce contexte, la plupart des changements que nous apportons pour tenter de nous protéger de l’ingestion de microplastiques semblent essentiellement d’ordre cosmétique. Vous pouvez, par exemple, cesser de donner à votre enfant de l’eau dans un gobelet en plastique, et vous aurez peut-être l’impression de faire quelque chose pour réduire son niveau d’exposition, mais seulement jusqu’à ce que vous commenciez à penser à tous les tuyaux en #PVC par lesquels l’eau a dû passer pour arriver jusqu’à lui en premier lieu.

    Dans une étude réalisée l’année dernière, des chercheurs italiens ont analysé le lait maternel de 34 nouvelles mères en bonne santé et ont constaté la présence de microplastiques dans 75 % des échantillons. Une ironie particulièrement cruelle, compte tenu de l’association du lait maternel à la pureté et au naturel, et de l’anxiété des nouveaux parents à l’égard des microplastiques. Cette recherche fait suite à la révélation, en 2020, de la présence de microplastiques dans le placenta humain. Il semble que ce soit devenu une sorte de définition : Être humain, c’est contenir du plastique.

    Considérer cette réalité, c’est entrevoir une vérité plus large : notre civilisation, notre mode de vie, nous empoisonnent. Une étrange logique psychique est à l’œuvre ici ; en remplissant les océans des détritus plastiques de nos achats, en nous débarrassant négligemment des preuves de nos inépuisables désirs de consommation, nous nous sommes engagés dans une sorte de processus de répression. Et, comme l’a souligné Freud, les éléments de l’expérience que nous refoulons - souvenirs, impressions, fantasmes - restent « pratiquement immortels ; après des décennies, ils se comportent comme s’ils venaient de se produire ». Ce matériel psychique, « inaltérable par le temps », était destiné à revenir et à empoisonner nos vies.

    N’est-ce pas ce qui se passe avec les microplastiques ? L’intérêt du plastique, après tout, est qu’il est virtuellement immortel. Dès son apparition dans les produits de consommation de masse, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, son succès en tant que matériau a toujours été indissociable de la facilité avec laquelle il peut être créé et de son extrême durabilité. C’est précisément ce qu’il y a de plus utile qui en fait un problème. Et nous continuons à en fabriquer, année après année, décennie après décennie. Considérez ce fait : de tout le plastique créé depuis le début de la production de masse, plus de la moitié a été produite depuis l’an 2000. Nous pouvons le jeter, nous pouvons nous tromper en pensant que nous le « recyclons », mais il ne s’absentera pas de lui-même. Il réapparaîtra dans les aliments que nous mangeons et dans l’eau que nous buvons. Il hantera le lait que les nourrissons tètent au sein de leur mère. Comme un souvenir refoulé, il demeure, inaltérable par le temps.

    Dans les années 1950, alors que le plastique produit en masse commençait à définir la culture matérielle en Occident, le philosophe français Roland Barthes voyait dans l’avènement de cette matière « magique » un changement dans notre relation à la nature. "La hiérarchie des substances, écrit-il, est abolie : une seule les remplace toutes : le monde entier peut être plastifié, et même la vie puisque, nous dit-on, on commence à fabriquer des aortes en plastique.

    Faire attention à ce qui nous entoure, c’est prendre conscience de la justesse de Barthes. Au moment où je tape ces mots, mes doigts appuient sur les touches en plastique de mon ordinateur portable ; le siège sur lequel je suis assis est rembourré avec une sorte de polymère à effet similicuir ; même la douce musique d’ambiance que j’écoute pendant que j’écris est envoyée directement à mes cochlées au moyen d’écouteurs Bluetooth en plastique. Ces objets ne constituent peut-être pas une source immédiate particulièrement grave de microplastiques. Mais quelque temps après qu’ils aient atteint la fin de leur vie utile, vous et moi risquons de les consommer sous forme de minuscules fragments dans l’eau. Dans l’océan, les polymères contenus dans la peinture sont la principale source de ces particules, tandis que sur terre, la poussière des pneus et les minuscules fibres de plastique provenant de tapis et de vêtements sont parmi les principaux contributeurs.

    En 2019, une étude commandée par le Fonds mondial pour la nature a révélé qu’une personne moyenne pourrait consommer jusqu’à cinq grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit entière, selon les termes des auteurs du rapport. La formulation était quelque peu vague ; si nous consommons l’équivalent d’une carte de crédit, nous pouvons supposer que nous en consommons également beaucoup moins. Mais le rapport a été largement diffusé dans les médias et ses affirmations surprenantes ont capté l’imagination d’un public inquiet. Le choix de l’image de la carte de crédit n’y est pas étranger : l’idée que nous mangeons notre propre pouvoir d’achat, que nous nous empoisonnons peut-être avec notre consumérisme insistant, s’enfonce dans l’inconscient comme une idée surréaliste. Lorsque j’y pense, je ne peux m’empêcher de m’imaginer en train de passer ma carte Visa au mixeur et de l’ajouter à un smoothie.

    Le récent film de #David_Cronenberg, « Crimes of the Future », s’ouvre sur une scène saisissante montrant un petit garçon accroupi dans une salle de bains et mangeant une corbeille à papier en plastique comme un œuf de Pâques. Le film part du principe que certains êtres humains ont acquis la capacité de manger et de se nourrir de plastique et d’autres substances toxiques. « Il est temps que l’évolution humaine se synchronise avec la technologie humaine », déclare l’un de ces personnages. "Nous devons commencer à nous nourrir de nos propres déchets industriels ; c’est notre destin.

    Aussi grotesque que soit l’intrigue, elle est aussi perversement optimiste : Notre meilleur espoir pourrait être un saut évolutif qui nous permettrait de vivre dans le désordre que nous avons créé. (Même si l’on peut dire que ce n’est optimiste que dans la mesure où la « Modeste proposition » de Jonathan Swift l’est). Lors d’interviews réalisées à l’époque de la sortie du film, M. Cronenberg a révélé qu’il était préoccupé par les récentes informations concernant la présence de microplastiques dans le sang humain : « Peut-être que 80 % de la population humaine a des microplastiques dans sa chair », a-t-il déclaré lors d’une interview. "Nos corps sont donc différents de ce qu’ils ont été dans l’histoire. Ce phénomène n’est pas près de disparaître.

    En tant que parent, je suis partagé entre le désir de protéger mes enfants des microplastiques - ainsi que de toutes les autres choses dont je veux les protéger - et le soupçon que cet effort pourrait être largement futile. Une rapide recherche sur Google a révélé que ces inquiétudes sont de plus en plus répandues chez les parents et font l’objet d’une abondance croissante de contenus en ligne. Dans un article sur la protection des enfants contre les microplastiques, je lis qu’il faut éviter de blottir les peluches dans le lit et que ces bêtes menaçantes inattendues, plutôt que de les laisser traîner dans la chambre ou dans le lit de l’enfant, devraient être conservées en toute sécurité dans un coffre à jouets (plus loin dans le même article, le scientifique de l’#environnement qui fait cette recommandation déconseille également d’inculquer la peur à nos enfants). Même si j’aimerais minimiser les menaces ambiantes pour la santé de mes enfants, je ne veux pas non plus être le genre de parent qui insiste pour que ses peluches soient rangées en toute sécurité dans un coffre lorsqu’elles ne sont pas utilisées - car de toutes les menaces ambiantes qui pèsent sur mes enfants, celle que je tiens le plus à compenser est ma propre névrose.

    Et bien que les préoccupations concernant les microplastiques soient évidemment compatibles avec les discours plus larges de l’environnementalisme et de l’anti-consumérisme, elles n’intéressent pas exclusivement les gauchistes et les libéraux comme moi. Joe Rogan, qui est peut-être le plus grand vecteur de masculinité de notre culture, parle de ce sujet depuis plusieurs années. Dans un épisode de son podcast l’année dernière, M. Rogan s’est inquiété des effets alarmants des phtalates, un produit chimique utilisé pour accroître la durabilité des plastiques, dans le sang humain : Selon lui, les bébés naissaient avec des « taches » plus petites. (La tare, a-t-il précisé, est la distance entre le pénis et l’anus).

    Non seulement les taches des enfants diminuent à une vitesse alarmante, mais les pénis et les testicules eux-mêmes diminuent également. « C’est un phénomène sauvage, car il modifie littéralement le profil hormonal et le système reproductif des êtres humains, ce qui nous affaiblit et nous rend moins masculins », a-t-il déclaré. Un invité a fait remarquer qu’il y avait une sorte de compromis en jeu, car si vivre dans le monde moderne signifiait une exposition sans précédent à ces produits chimiques, cela signifiait aussi vivre beaucoup plus longtemps. « En quelque sorte », a répondu M. Rogan, « mais vous vivez comme une chienne ». Tout comme le changement climatique et la pollution sont les préoccupations traditionnelles de la gauche, les effets démographiques de la baisse de la natalité sont une source d’anxiété pour les conservateurs. En d’autres termes, quel que soit le scénario apocalyptique que vous préférez, les microplastiques ont tout prévu.

    Les microplastiques se sont installés dans le système sanguin culturel, et leur prévalence dans l’air du temps s’explique en partie par notre incertitude quant à la signification, du point de vue de la pathologie, du fait que nous sommes de plus en plus remplis de plastique. Cette ambiguïté nous permet d’attribuer toutes sortes de malaises, tant culturels que personnels, à cette nouvelle information sur nous-mêmes. Le tout a une résonance étrangement allégorique. Nous nous sentons psychiquement défigurés, corrompus dans nos âmes, par un régime régulier de déchets figuratifs du techno-capitalisme - par le défilement abyssal de TikToks ineptes et de prises sans cervelle, par les influenceurs d’Instagram pointant des boîtes de texte tout en faisant de petites danses, par la prolifération sans fin de contenu de pacotille généré par l’I.A.. Nous sentons notre foi dans le concept même de l’avenir se liquéfier à peu près au même rythme que les calottes glaciaires. L’idée que des déchets microscopiques traversent la barrière hémato-encéphalique semble être une entrée pertinente et opportune dans les annales de l’imaginaire apocalyptique.

    Et l’aura d’indétermination scientifique qui entoure le sujet - peut-être que ce truc cause des dommages inimaginables à nos corps et à nos esprits, mais peut-être aussi que tout va bien - lui confère un caractère légèrement hystérique. Nous ne savons pas ce que ces plastiques nous font, et il n’y a donc pas de limite aux maladies que nous pourrions leur attribuer de manière plausible. Peut-être que ce sont les microplastiques qui vous rendent dépressif. C’est peut-être à cause des microplastiques que vous avez constamment un rhume de cerveau depuis Noël. Peut-être que ce sont les microplastiques qui vous empêchent, vous et votre partenaire, de concevoir un enfant, ou qui vous rendent paresseux et léthargique, ou oublieux au-delà de vos années. Ce sont peut-être les microplastiques qui ont provoqué le cancer de votre estomac ou de votre cerveau.

    Je suis moi-même sujette à cette tendance. Il y a quelques années, on m’a diagnostiqué une #maladie_auto-immune chronique. Comme c’est généralement le cas pour ce type d’affection, elle est apparue sans cause connue. Elle ne met pas la vie en danger, mais il y a eu des périodes où elle m’a rendu malade au point de m’empêcher de travailler pendant une semaine ou deux d’affilée, et où j’étais si fatigué que j’avais du mal à me lever du canapé pour aller me coucher le soir. Toutes les huit semaines, je me présente dans un service de perfusion d’un hôpital, où l’on me branche à une poche contenant une solution liquide d’un anticorps monoclonal. (Ces poches sont, bien sûr, fabriquées à partir d’une sorte de #polyéthylène, un fait que vous devez m’imaginer raconter avec un haussement d’épaules élaboré, indiquant de grandes réserves d’ironie stoïque).

    En 2021, une étude publiée dans la revue #Environmental_Science_and_Technology a trouvé des niveaux significativement plus élevés de microplastiques dans les échantillons de selles de personnes ayant reçu un diagnostic de DIB, mais qui étaient par ailleurs en bonne santé, par rapport à celles qui n’avaient pas de DIB.

    Plus je passais de temps à faire des recherches pour cet essai, plus je me demandais si les microplastiques n’étaient pas à l’origine de mon état. Mon propos ici n’est pas d’affirmer quoi que ce soit, car je n’en sais pas assez pour le faire. Mon propos, en fait, est précisément que le fait de ne pas savoir génère sa propre énergie. Je pense qu’il est au moins plausible que ma maladie soit causée par les microplastiques, mais il est tout aussi plausible qu’elle ne le soit pas. Et je suis conscient que cette ambiguïté est elle-même étrangement séduisante, que c’est sur un tel terrain vague épistémologique que s’élèvent les grands édifices branlants de la conspiration et de la conjecture.

    Jusqu’à ce que nous en sachions beaucoup plus qu’aujourd’hui, en tout cas, parler des microplastiques peut ressembler étrangement à parler des effets nocifs des radiations des téléphones portables. (Le temps viendra, tôt ou tard, où nous saurons ce que les microplastiques nous font, mais d’ici là, le sujet reste ambigu et donc très suggestif.

    Mais n’y a-t-il pas quelque chose de manifestement absurde dans l’affirmation selon laquelle nous ne savons pas si le plastique que nous avons dans le sang nous fait du tort ? De quels critères de nocivité s’agit-il pour que nous devions attendre les résultats des tests avant de décider dans quelle mesure nous devons nous préoccuper des milliers de petits fragments de déchets qui circulent dans nos veines ? Il est certain que le fait de leur présence est déjà alarmant en soi, et que cette présence, en tout état de cause, se manifeste au moins aussi fortement sur le plan psychique que sur le plan physiologique.

    Une série de photographies de l’artiste Chris Jordan, intitulée « Midway. Message from the Gyre », compte parmi les images les plus indélébiles et les plus bouleversantes des dommages causés à la nature par notre consommation insouciante et incessante de plastique : Message from the Gyre". Chacune de ces photographies représente le corps d’un albatros dans un état plus ou moins avancé de décomposition. Au centre de chaque carcasse évasée et desséchée se trouve un amas d’objets en plastique que l’oiseau a consommés avant de mourir. L’horreur de ces images réside dans la juxtaposition surréaliste d’éléments organiques et inorganiques et dans le volume ahurissant de plastique contenu dans leur tube digestif. Les corps de ces créatures autrefois magnifiques retournent lentement à la terre, mais les déchets humains qui les ont rendues malades restent inviolables, inaltérables par le temps : couvercles de dentifrice, bouchons de bouteilles, briquets entiers qui semblent encore fonctionner parfaitement, minuscules poupées d’enfants et mille autres traces non identifiables de notre productivité déréglée et de notre faim insouciante.

    Le sujet des microplastiques est doté d’une lucidité cauchemardesque, car nous comprenons qu’il s’agit d’un symptôme d’une maladie plus profonde. Le mal impensable que nous avons fait à la planète - qui est fait à la planète en notre nom, en tant que consommateurs - est visité, de cette manière surréaliste et obscure, sur nos propres corps. Lorsque nous regardons les corps en décomposition de ces oiseaux remplis d’ordures, nous savons que nous ne regardons pas seulement ce que nous faisons au monde, mais aussi ce que notre monde endommagé nous fait.

    #microplastique

  • #Environnement : Comment les #microplastiques s’infiltrent dans les #aliments que vous mangez - BBC News Afrique
    https://www.bbc.com/afrique/monde-64197280

    Les boues d’épuration sont le sous-produit qui subsiste après l’épuration des eaux usées municipales. Comme elles sont coûteuses à éliminer et riches en nutriments, les boues sont couramment utilisées comme engrais organiques aux États-Unis et en Europe. Dans cette dernière, cela est dû en partie aux directives de l’UE qui encouragent une économie circulaire des déchets. On estime que 8 à 10 millions de tonnes de boues d’épuration sont produites chaque année en Europe, dont environ 40 % épandues sur les terres agricoles.

    En raison de cette pratique, les terres agricoles européennes pourraient constituer le plus grand réservoir mondial de microplastiques, selon une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Cardiff. Cela signifie qu’entre 31 000 et 42 000 tonnes de microplastiques, soit 86 000 à 710 000 milliards de particules microplastiques, contaminent chaque année les terres agricoles européennes.

    […]

    Un rapport de l’Agence britannique pour l’environnement, révélé par la suite par le groupe de campagne environnementale Greenpeace, a révélé que les déchets d’égouts destinés aux terres agricoles anglaises étaient contaminés par des polluants, notamment des dioxines et des hydrocarbures aromatiques polycycliques, à des « niveaux pouvant présenter un risque pour la santé humaine ».

    Une expérience menée en 2020 par Mary Beth Kirkham, agronome à l’université du Kansas, a révélé que le plastique sert de vecteur à l’absorption par les plantes de produits chimiques toxiques tels que le cadmium. « Dans les plantes où le cadmium était présent dans le sol avec le plastique, les feuilles de blé avaient beaucoup plus de cadmium que dans les plantes qui ont poussé sans plastique dans le sol », avait alors déclaré Kirkham.

    Les recherches montrent également que les microplastiques peuvent retarder la croissance des vers de terre et leur faire perdre du poids. Les raisons de cette perte de poids ne sont pas entièrement comprises, mais une théorie veut que les microplastiques puissent obstruer le tube digestif des vers de terre, limitant leur capacité à absorber les nutriments et limitant ainsi leur croissance. Selon les chercheurs, cela a également un impact négatif sur l’environnement au sens large, car les vers de terre jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé des sols. Leur activité de fouissement aère le sol, empêche l’érosion, améliore le drainage de l’eau et recycle les nutriments.

    Les particules de plastique peuvent également contaminer directement les cultures alimentaires. Une étude réalisée en 2020 a révélé la présence de microplastiques et de nanoplastiques dans les fruits et légumes vendus par les supermarchés et dans les produits vendus par les vendeurs locaux à Catane, en Sicile (Italie). Les pommes étaient les fruits les plus contaminés, et les carottes présentaient les niveaux les plus élevés de microplastiques parmi les légumes échantillonnés.

    • Ma voisine m’a gentiment offert une boite de rochers ferrero pour Noël, il faut que j’arrive à lui dire qu’une fois les 12 sucreries évaporées l’énorme boite en plastique transparente incassable qui les contenait va partir polluer rivières, champs, terre et air. Je n’arrive pas à comprendre que soient interdits les sacs plastiques quand dans le même temps les emballages plastiques continuent de pulluler. Et ça me chamboule d’avoir refusé toute ma vie de bosser pour la pétro chimie, le nucléaire, l’armée la pub ou les banques, d’avoir bouffé misère pour mes idées et de ne pas pouvoir refuser ce cadeau empoisonné au risque de vexer une vieille dame gentille.

      #ferrero_pollueur
      #nanoplastiques

    • j’entendais dans la radio France Inter l’autre fois le patron d’une fondation scientifique écoterroriste qui ausculte les mers du globe en bateaux dire que la pollution au plastique des océans et de l’air au dessus, ils comprenaient pas bien comment ça pouvait être aussi massif, jusqu’à récemment encore ; et puis ils ont remonté le flux. En fait, ça vient des terres émergées, dont agricoles, pourries par les humains depuis plus de 50 ans ; la pluie emporte le plastoc dans les rivières, qui vont dans les fleuves, qui vont dans la mer. Bingo !

      déjà en 2020 sur France Q. : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/de-cause-a-effets-le-magazine-de-l-environnement/des-fleuves-a-l-ocean-itineraire-d-un-plastique-ravageur-7634967

      avec lien sur la fondation Tara (écoterroristes des mers) : https://oceans.taraexpeditions.org

      quelques chiffres sur le plastoc - ❤️ since 1950 : https://seenthis.net/messages/986864

    • L’usure des pneus contribuerait aussi pour une part très importante à cette pollution. Combien million (milliard ?) de tonne de caoutchouc se sont répandus en poussière dans les fossés bordant les routes ? Fossés qui aboutissent tous dans un cour d’eau.

  • VeilleNanos - Les professionnels du dioxyde de titane obtiennent l’annulation de la classification du TiO₂ comme cancérogène par inhalation
    https://veillenanos.fr/annulation-classification-tio2

    Cette annulation est particulièrement problématique dans la mesure où elle permet aux industriels de ne plus alerter les travailleurs quand les poudres contiennent du TiO₂ nanométrique, dont le danger n’est pourtant pas écarté par la CJUE. Or, les fabricants rechignent, depuis des années, à fournir des informations sur leurs nanoparticules de TiO2 aux autorités sanitaires.

    #nanoparticules
    #dioxide_de_titane

  • Riss : auto-caricature de l’artiste en technocrate
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1527

    Il y a des semaines où Charlie Hebdo nous coûte bien plus que 3 € ; quand Riss par exemple, le directeur de la rédaction, nous insulte dans son édito, nous les opposants à la technocrature et au passe sanitaire (1), en termes massifs et contondants, comme dans le numéro de cette semaine :

    « … la raison impose de ne pas sombrer dans une pensée systématique qui analyse tout de la même façon, de manière quasi pavlovienne : Etat = autorité = abus de pouvoir = répression = fascisme. Les amalgames et les raccourcis sont si séduisants à faire qu’ils en deviennent grisants, et celui qui les adopte se sent pousser les ailes d’un glorieux défenseur de la liberté contre les forces colossales et, à ses yeux, quasi occultes. Car dans cette crise le mot "liberté" est mis à toutes les sauces, un mot pris en otage par (...)

    #Faits_divers
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/riss_autocaricature.pdf

  • Vaccins : « Utiliser l’ARN messager n’est pas nouveau, c’est savoir le fabriquer qui est nouveau »
    https://www.franceinter.fr/societe/vaccins-utiliser-l-arn-messager-n-est-pas-nouveau-c-est-savoir-le-fabriq

    Alors que les vaccinations contre la Covid-19 se poursuivent, y compris en France, ces nouveaux vaccins, à base d’ARN messager, posent question. Invité du journal de 13h de France Inter, Steve Pascolo, chercheur à l’université de Zurich et ex-dirigeant du laboratoire Cure Vac, apporte des éclaircissements.

    [...] Les vaccins à ARN messager reposent donc sur une part de l’ADN du virus qui sert à « coder » des protéines. Et en réalité, cela n’est pas nouveau : « Le vaccin ROR, rougeole, oreillons, rubéole, fonctionne avec des virus à ARN atténué. Lors qu’il est injecté, les virus donnent dans vos cellules leur ARN messager, explique le chercheur. On est sur une version synthétique de choses anciennes. Les vaccins de type ROR contiennent beaucoup d’ARN, de lipides, de protéines différentes, ils sont produits dans des œufs fertilisés. Alors que les vaccins ARN nouveaux ne contiennent que la molécule d’ARN, seule, pure, et quatre lipides. Autrement dit, la version à ARN messager est beaucoup plus pure et plus sûre que les vaccins à ARN produits de façon naturelle, que vous avez eus précédemment ».

    « Si le vaccin causait des recombinaisons d’ADN, le virus le ferait aussi »

    L’avantage de cette méthode par rapport à la production « classique » des vaccins, c’est sa rapidité. « Une fois que vous avez l’infrastructure pour produire de l’ARN messager, vous pouvez produire de l’ARN messager qui code pour n’importe quelle protéine. Le processus de production est toujours le même, et il dure maximum deux mois (...) alors que les autres méthodes demandent de l’optimisation, un temps qui peut prendre plusieurs semaines à plusieurs mois », selon Steve Pascolo.

    A-t-on assez de recul pour mesurer l’impact de l’injection d’ARN messager ? « En réalité, on a des millions d’années d’expérience, explique le spécialiste. Notre corps est affecté en permanence par des virus, des bactéries, et il y a de l’ARN messager partout dans ces virus. Ils infectent votre corps et vous donnent leur ARN. Ca n’affecte pas votre ADN pour autant ». Peu de risques, également, que des échanges et recombinaisons donnent naissance à de nouveaux virus : "On ne peux jamais l’exclure, mais ces mécanismes de « Transplacing » sont très, très précis et très définis. Nous avons des millions d’ARN messagers dans nos cellules, et ils ne recombinent pas entre eux. Il n’y a pas de raison d’imaginer que l’ARN messager du vaccin puisse faire ce type de recombinaison. Et s’il le pouvait, alors le virus le ferait aussi, puisque cet ARN messager code pour une protéine du virus".

    Vers des vaccins anti-cancer ?

    [...]

    Par ailleurs, ces vaccins peuvent connaître des applications nouvelles, et notamment contre les cancers. C’est même une technologie déjà utilisée, mais de façon individuelle, selon Steve Pascolo : « Il y a beaucoup d’essais cliniques de phase 2, des essais pivots. On peut produire et développer des vaccins anti-cancer individualisés, pour chaque patient. La tumeur est analysée, séquencée, on trouve les mutations de la tumeur chez le patient et on fait de l’ARN messager vaccinal qui code pour ces mutations. Chaque patient reçoit son vaccin et totalement individualisé, et cela en moins de deux mois : c’est cela qui est en cours de développement ».

    • Frederic Lagarce, @frlagarce, Professeur de Biopharmacie/ PUPH CS PUI @chu_angers Vice-Doyen
      @FacSante_Angers /EIC @pthpjournal /Recherche #nanomedecine
      https://twitter.com/frlagarce/status/1412804385613230098

      Un peu ras le bol d’entendre certains dire qu’ils sont des cobayes pour le #vaccin. contre la covid-19 Je vous fais un mini thread pour vous expliquer pourquoi c’est faux.

      Les premiers #vaccins_ARNm ont été proposé par une équipe de l’APHP (MArtinon Eur J Immunol) en 1993, cette date est celle où l’efficacité a été démontrée chez l’animal déjà contre un virus, celui de la grippe.

      en 2018 Moderna et BioNtech avaient déjà des essais cliniques sur l’homme (phase 1) dans le domaine de la cancérologie (mélanome) ou de l’infectiologie et devinez... pour déjà des maladies virales.

      Ces vaccins on d’ailleurs eu un développement préclinique dans le cadre de MERS-COV et SARS-COV1 il y a respectivement environ 15 ans et 10 ans mais comme les épidémies se sont éteintes les développements se sont arrétés.

      Les vecteurs de ces vaccins : les nanocapsules lipidiques existent depuis plus de 20 ans, mon labo @LabMint a déposé ces premiers brevets en 2001, on travaille dessus depuis 1998. on a démontré (comme d’autres) la très bonnes tolérance de ces vaccins sur de multiples modèles

      A #Angers rien que pour @LabMint on a sorti plus de 200 publications internationales sur ce thème. une autre équipe
      @umr8612 a démontré en parallèle la tolérance en particulier sur la tox pulmonaire.

      Quand en janvier 2020 la séquence génétique du virus Sars-cov2 a été décrite, tout était prêt depuis des années pour lancer des essais de grande ampleur, seul l’argent manquait et les états ont contribué fortement à régler ce pb

      Vous le voyez, utiliser aujourd’hui un vaccin ARNm c’est profiter d’une technologie mise en place sur 25 années et testées par de multiples labo universitaires et pharmaceutiques dans le monde. Les vaccins ARNm sont l’avenir de la vaccination

      En effet ils permettent une production plus rapide, moins complexe et plus maîtrisable que les autres vaccins classiques. Les vaccins peuvent être adaptés en quelques semaines. Alors VACCINEZ VOUS !

    • Covid-19 : la saga du vaccin à ARN messager désormais dans le sprint final
      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/11/30/covid-19-la-saga-du-vaccin-a-arn-messager-dans-le-sprint-final_6061695_16506

      ENQUÊTE Contre toute attente, c’est une technologie encore jamais éprouvée sur l’homme qui a permis de proposer le plus rapidement des solutions vaccinales contre le SARS-CoV-2, via les projets de Pfizer/BioNTech et de Moderna. Retour sur une course de vitesse lancée il y a plusieurs décennies.

      Imaginons un instant la finale olympique d’une course de fond. Ils sont douze sur la ligne de départ, dont quatre Chinois et quatre Américains, attendant le coup de feu sous le regard des caméras du monde entier. Dix d’entre eux présentent de sérieuses références : des titres, des records, un palmarès. Les deux derniers, à l’inverse, semblent sortis de nulle part. Non seulement ils n’ont rien gagné mais ils n’ont même jamais couru une finale. On les prétend doués, prometteurs, mais peuvent-ils seulement boucler les tours de piste imposés, eux qui ne se sont alignés jusqu’ici que sur des distances inférieures ? Personne n’y songe sérieusement. Pourtant, au terme d’une épreuve menée à une vitesse éclair, ce sont eux qui coupent la ligne les premiers, presque côte à côte.

      L’histoire du vaccin contre le Covid-19 n’est pas terminée. Car pour filer la métaphore athlétique jusqu’au bout, elle ressemblerait plutôt à un décathlon qu’à un 5 000 mètres. Une fois le produit mis au point, il va encore falloir le faire habiliter par les autorités sanitaires, le produire, le stocker, le distribuer, l’administrer. Autant d’épreuves nouvelles dans lesquelles nos nouveaux venus peuvent encore échouer, ou prendre du retard. Il n’empêche, l’exploit est là : les deux premiers vaccins à avoir réussi avec succès les essais cliniques – ceux du duo Pfizer/BioNTech et de Moderna –, avec dans les deux cas une efficacité annoncée d’environ 95 %, s’appuient sur la technologie dite de l’ARN messager.

      Dans le principe, rien de plus simple. Pour réaliser un vaccin, les chercheurs fabriquent habituellement un antigène qu’ils présentent au système immunitaire afin que celui-ci produise des anticorps adaptés. Différentes méthodes sont possibles : utiliser le virus entier, inactivé ou atténué, se contenter d’un fragment, ou le combiner avec un virus déjà bien maîtrisé. La nouvelle méthode laisse les cellules faire le travail : elle consiste à injecter dans l’organisme non pas l’antigène mais son mode d’emploi, son code génétique, sous forme d’ARN (acide ribonucléique).

      « Une histoire de fou »

      Les spécialistes lui promettaient un grand avenir. Elle restait pourtant cantonnée dans les laboratoires de recherche, loin des hôpitaux et des pharmacies. « C’est une histoire de fou, s’éblouit Bruno Pitard, directeur de recherche (CNRS) au centre de cancérologie et d’immunologie Nantes-Angers. Aucun produit à base d’ARN messager n’avait dépassé la phase 2 d’un essai clinique, ni en cancérologie, ni en immunologie, ni en virologie. Et là, premier essai de phase 3, jackpot ! J’ai beau vanter le potentiel de cette technologie depuis des années, je n’imaginais pas un tel scénario. Bien sûr, les données ne sont toujours pas publiées dans des articles scientifiques dignes de ce nom et tout est allé si vite qu’on manque de recul, on y verra plus clair dans quelques mois. Mais cette aventure est d’ores et déjà extraordinaire. »

      S’il fallait lui trouver un visage, nul doute qu’il aurait les traits ciselés et le sourire franc de Katalin Kariko. Franc et fatigué, à en croire l’écran de l’ordinateur à travers lequel la biochimiste répond à nos questions, depuis sa maison des environs de Philadelphie (Pennsylvanie), où elle se tient confinée. Née en Hongrie il y a 65 ans, elle a grandi dans la petite ville de Kisujszallas, où son père est boucher, et s’est tôt prise de passion pour les sciences. Décidée, la jeune femme a choisi le terrain aride de la biochimie et plus particulièrement de l’ARN. Rien de bien séduisant, de prime abord, dans ce polymère composé d’une succession de nucléotides, A, C, G et U, à l’image de notre alphabet génétique. Là où, dans chaque cellule, son cousin l’ADN conserve le code de notre vie, avec lequel il construira notre descendance, lui semble se contenter d’assurer le transport de l’information, notamment pour fabriquer les protéines. Petit copiste, en somme, que cet ARN messager.

      La réalité est bien différente. L’ARN tient de multiples rôles, catalytiques, structurels, informationnels. La chercheuse en herbe rêve d’en percer les secrets. La tâche est laborieuse. Au Centre de recherche biologique de Szeged, où elle commence sa carrière à 23 ans, « on manquait de tout », raconte-t-elle. C’est à l’abattoir voisin qu’il faut parfois aller chercher le matériel biologique nécessaire. Aussi quitte-t-elle la Hongrie, en 1985, avec son mari et sa fille de 2 ans. « Nous partions sans rien, se souvient-elle. Enfin si, un peu d’argent que la famille avait collecté. Mais nous n’avions pas le droit de sortir de devises du pays à l’époque. Nous l’avons caché dans l’ours en peluche de la petite. »

      Katalin Kariko, génie marginalisé

      Deux ans à Temple University, à Philadelphie, avant d’être recrutée par la maison voisine, la célèbre université de Pennsylvanie. Fondée en 1740, « UPenn » est une institution, un des huit établissements qui constituent la célèbre Ivy League, le gotha académique du pays. C’est là, au département de cardiologie, que Katalin Kariko découvre un article écrit par Philip Felgner, de la biotech californienne Vical, et des chercheurs de l’université du Wisconsin. Ils ont injecté de l’ADN et de l’ARN dans la cuisse d’une souris et ont constaté l’expression de la protéine correspondante. « Nous avons choisi de nous consacrer à l’ADN, se remémore l’immunologiste, aujourd’hui directeur du centre de recherche vaccinale de l’université de Californie à Irvine. C’était l’époque de la thérapie génique, on se disait qu’on pourrait ainsi corriger les anomalies génétiques. Nous avons aussi travaillé sur un vaccin contre la grippe, avec le soutien du laboratoire Merck. Mais nous n’avons jamais abouti. J’ai quand même la satisfaction d’avoir eu ma petite part dans une innovation qui va changer le monde. »

      La thérapie génique n’agite pas seulement la Californie. C’est aussi la grande affaire de UPenn : utiliser l’ADN pour transformer les cellules et s’attaquer aussi bien à la mucoviscidose qu’au cancer. Katalin Kariko poursuit le même but. La mucoviscidose constitue même la cible de ses rêves. Mais son arme à elle sera l’ARN. « Elle avait compris qu’en attaquant l’ADN, en modifiant le génome des cellules, on prenait le risque d’introduire des modifications génétiques délétères, qui peuvent se multiplier, se rappelle David Langer, jeune médecin qui travaille alors avec elle, aujourd’hui directeur du département de neurochirurgie de l’hôpital Lenox Hill, à New York. Or Kati n’est pas seulement un génie scientifique, c’est aussi une femme d’une droiture absolue. Et d’une grande franchise. Elle a donc fait savoir son opposition. »

      Elle le paye. En 1995, elle est écartée de la liste des titularisations, rétrogradée au rang de simple chercheuse. Elle est même renvoyée du département de cardiologie. « Ils disaient qu’elle n’avait pas assez de résultats, raconte David Langer. C’était ridicule. J’étais d’autant plus écœuré que toute la famille rêvait déjà d’inscrire Susan Francia, la fille de Kati, à UPenn. Elle était brillante mais ils n’avaient pas d’argent. Sa seule chance, c’était la réduction accordée aux enfants du personnel. Mon père connaissait le patron du département de neurochirurgie. Je lui ai raconté qui était Kati et de qui nous allions nous priver. Il l’a accueillie. »

      Katalin Kariko hésite. Tourner les talons ou accepter le salaire de misère de chercheuse et le bureau au sous-sol ? « J’aimais ce que je faisais. Mon mari m’a toujours dit que je ne travaillais pas vraiment puisque je m’amusais au laboratoire. Et c’est vrai. Alors j’ai continué. »

      Drew Weissman et Katalin Kariko, à UPenn, en 2015. Ils sont les premiers à avoir maîtrisé les réactions immunitaires liées à l’ARN messager. Katalin Kariko est vice-présidente de BioNTech depuis 2013.
      Drew Weissman et Katalin Kariko, à UPenn, en 2015. Ils sont les premiers à avoir maîtrisé les réactions immunitaires liées à l’ARN messager. Katalin Kariko est vice-présidente de BioNTech depuis 2013. COLLECTION PRIVÉE
      Ce splendide isolement prend fin un jour de 1998, devant la photocopieuse. C’est elle qui rejoue le dialogue :

      « Bonjour, je suis Kati, je fais de l’ARN.

      – Moi c’est Drew, je fais un vaccin contre le sida avec de l’ADN. Enfin j’essaie, ça ne marche pas. Tu crois que tu pourrais faire de l’ARN pour moi ? »

      Cape d’invisibilité

      Entre le jeune et discret médecin immunologiste Drew Weissman, tout juste sorti de l’illustre laboratoire d’Anthony Fauci au NIH (National Institutes of Health, les Instituts américains de la santé), et la chercheuse audacieuse et marginalisée démarre une collaboration qui continue aujourd’hui. « Nous étions dans deux bâtiments séparés, mais nous échangions sans cesse », se souvient-elle. Ils n’avaient pas vraiment le choix, du reste. « Personne d’autre ne s’intéressait à ce que nous faisions, poursuit-elle. La plupart des gens nous prenaient pour des dingues. Dans l’université comme à l’extérieur. Au NIH, on nous écoutait poliment mais on n’y croyait pas une seconde. Les mêmes m’appellent maintenant deux fois par semaine mais, à l’époque, il n’était pas question de nous accorder une bourse. Mon argent, je l’ai pris ailleurs et sur d’autres sujets. »

      Le travail est fastidieux. Car l’ARN pose de sérieux problèmes. Le plus épineux est cette fâcheuse tendance à affoler le système immunitaire. Convaincu d’avoir affaire à un intrus – bactérie ou virus –, le corps envoie ses troupes de défense, provoquant de sévères inflammations. Les souris y laissent au mieux leur santé, souvent leur vie. « Nous avons décidé de passer en revue les 140 modifications connues des structures de l’ARN (ajout de groupes chimiques, changement des bases, des sucres, de la structure) et nous en avons testé vingt, rapporte Drew Weissman. Deux d’entre elles se sont révélées vraiment efficaces. » Des changements subtils, qui recouvrent l’ARN d’une cape d’invisibilité. Publiée en 2005, cette découverte fait sortir Katalin Kariko de son gourbi. Mais pas du purgatoire. « Ils m’ont dit que jamais, dans l’histoire de l’établissement, un chercheur rétrogradé n’avait été titularisé. »

      Le principal verrou a sauté. Le rêve des deux chercheurs d’utiliser l’ARN comme mode d’emploi et de laisser ensuite les cellules fabriquer elles-mêmes les protéines thérapeutiques prend forme. En 2008, ils découvrent que l’ARN modifié produit même dix fois plus de protéines qu’un ARN naturel. « Cette publication, je ne l’oublierai pas. J’étais aux Jeux de Pékin, en août, avec ma fille, sélectionnée dans le huit d’aviron des Etats-Unis. Et à la fin de la journée, à l’hôtel, je regardais mes mails. » La fille, Susan Francia, diplômée en criminologie de l’université de Pennsylvanie, décroche l’or olympique. La mère rentre au bercail avec un article de plus dans sa besace. Et les publications s’enchaînent. En 2011, Kariko et Weissman purifient encore leur ARN pour éviter toute réaction immunitaire incontrôlée. En 2012, ils réussissent à faire produire par des souris et des singes de l’hormone EPO afin de les soigner de leur anémie.

      Un obstacle de taille, toutefois, demeure : si l’ARN peut tromper le système immunitaire, il reste la cible d’enzymes spécialisées, omniprésentes dans nos organismes. Les chercheurs décident de loger leur précieuse molécule dans des nanoparticules lipidiques, des sortes de sphères électriquement chargées à double pellicule de graisse qui se dissoudront une fois entrées dans les cellules. Ils publient leur résultat en 2015.

      Le début d’une nouvelle ère

      La construction théorique du duo est achevée. Les promesses d’application thérapeutiques de l’ARN messager aiguisent désormais les appétits des entreprises de biotechnologies, particulièrement aux Etats-Unis et en Allemagne. Une communauté de chercheurs est née, avec ses leaders, son congrès, l’International mRNA Health Conference : ils sont 160 en 2013, à Tübingen, en Allemagne, pour la première édition. En 2019, plus de 600 scientifiques se retrouveront à Berlin.

      Cette nouvelle ère s’est ouverte en 2010. Derrick Rossi, un médecin canadien qui a grandi à Toronto, professeur à l’université Harvard, a décelé là le moyen de fabriquer sans risque des cellules souches pluripotentes, capables ensuite de se différencier dans l’organisme pour combattre différentes pathologies. Les cellules souches sont à la mode. Son article attire l’attention. Le magazine Time le propulse dans son Top 10 des découvertes scientifiques de l’année. « Kati Kariko mérite le prix Nobel, je le dis depuis longtemps, mais sans notre travail, je ne sais pas combien de temps elle serait restée sous le radar », dit-il. Rossi flaire le filon. Il contacte son collègue de Harvard Robert Langer, star de l’ingénierie biologique et entrepreneur éprouvé, et l’homme d’affaires Noubar Afeyan. Il leur parle de cellules souches, mais aussi de protéines thérapeutiques, capables par exemple de cibler les cellules cancéreuses. « Les vaccins, on n’y pensait pas vraiment. En fait, ça n’intéressait personne car ce n’est pas un modèle économique rentable. Vous vaccinez une ou deux fois et c’est terminé. »

      Le nom de leur entreprise, c’est Derrick Rossi qui va le proposer : Moderna pour « Modified RNA », précisément l’innovation publiée en 2005 par les chercheurs de UPenn. Sauf que cette pierre angulaire du système fait l’objet d’un brevet, déposé par l’université. Katalin Kariko et Drew Weissman y figurent au titre d’auteurs. Ils proposent bien à leur établissement d’en racheter la propriété en 2010. Mais impossible pour eux de réunir les 300 000 dollars réclamés. C’est une biotech du Wisconsin, CellScript, qui rafle la mise. Gary Dahl, son patron, a compris qu’il détient de l’or et qu’on s’arrachera bientôt ses licences. L’équipe de Moderna tente d’en acquérir les droits, la négociation échoue.

      Le mercato des chercheurs

      Moderna n’a pas seulement couru après la technologie du duo de Philadelphie. L’ambitieuse start-up a aussi tenté de s’attacher leurs services, surtout ceux de Katalin Kariko. Lassée des mauvaises manières de la direction de UPenn, la chercheuse a justement décidé de partir. En 2013, elle va rencontrer l’équipe de direction dans le Massachusetts. « A la fin de l’entretien, ils m’expliquent que, même s’ils m’embauchent, ils peuvent me virer au bout de deux jours. Et que pendant deux ans, je devrai renoncer à travailler sur les ARN messagers. J’avais envie de rester aux Etats-Unis mais pas dans n’importe quelles conditions. »

      C’est donc vers l’Europe qu’elle se tourne, plus précisément l’Allemagne, ou deux start-up lui font les yeux doux. La première se nomme CureVac. Fondée en 2000 par l’Allemand Ingmar Hoerr et le Français Steve Pascolo, dans l’incubateur de la prestigieuse université de Tübingen, elle a réalisé, entre 2003 et 2006, le premier essai clinique d’un « vaccin anticancer » à base d’ARN messager. « Les médecins et les universitaires ne nous prenaient pas au sérieux, se remémore Steve Pascolo, aujourd’hui patron du laboratoire de dermatologie de l’hôpital de Zurich. Les journaux Nature et Science n’ont pas voulu de notre article, c’était trop audacieux. Finalement, nous l’avons publié en 2008 dans le Journal of Immunotherapy, une revue modeste, ce qui permet aux Américains de l’oublier et de faire comme s’ils avaient été les premiers partout. »

      Précisons toutefois que la substance, si elle a été bien tolérée par les patients et a montré sa capacité à déclencher une réponse antitumorale, n’a pas fait la preuve de son efficacité clinique. CureVac va toutefois poursuivre sa quête de thérapies anticancéreuses – « c’est ce qui intéressait les investisseurs qui nous soutenaient », se souvient Pascolo – mais aussi de vaccins.

      L’autre prétendant se nomme BioNTech. Créée à Mayence, en Allemagne, par le couple de médecins d’origine turque Ugur Sahin et Ozlem Tureci, la société a développé une approche horizontale que résume son concurrent Steve Pascolo : « Tout ce qui peut être bon pour lutter conte le cancer, on le teste et on l’optimise. Pour ça, on va chercher les meilleurs partout. Il faut dire qu’ils ont un atout : Ugur Sahin. C’est un génie scientifique, médical et entrepreneurial. » Fils d’ouvrier, arrivé en Allemagne à l’âge de 4 ans, il se rêvait médecin au chevet des patients. Mais au cours de sa thèse d’immunologie, un virus le contamine : la recherche. Cologne, Zurich, Mayence : il enchaîne les postes d’enseignant-chercheur. Mais pour mettre en œuvre ses idées et « soigner le monde », lui et sa femme se font entrepreneurs. D’abord Ganymed Pharmaceuticals, créée en 2001, revendu 1,28 milliard d’euros en 2016. Puis BioNTech, lancée par le couple en 2010.

      Les Français en éclaireurs

      Curiosité scientifique, souci sanitaire, ambition économique : Katalin Kariko est séduite. Elle raconte : « Ugur Sahin m’a invitée à donner une conférence à Mayence, le 17 juillet 2013. Il était attentif, direct, enthousiaste, simple. Je me suis sentie appréciée. Nous avons beaucoup parlé et constaté que nous avions été élevés de manière similaire. Je me souviens qu’il m’a dit qu’il aimait le fait que j’étais honnête, transparente, que je ne faisais pas semblant… A la fin de la journée, il m’a proposé d’être vice-présidente de l’entreprise. » Elle poursuit : « Il avait de vrais projets cliniques. J’avais 58 ans, je voulais que mon travail serve vraiment aux malades. J’ai accepté. »

      Le décor est posé, les acteurs en place. Une société américaine, deux allemandes, prêtes à faire de l’ARN messager une machine de guerre contre les maladies génétiques, l’hémophilie, le diabète, mais surtout le cancer. Les Français ? Comme souvent, ils ont joué les éclaireurs. Dès 1993, une équipe de chercheurs de l’Inserm et du laboratoire Pasteur-Mérieux est parvenue à déclencher une réponse immunitaire à partir d’ARN messager encapsulé dans des sphères de lipides. « Ensuite, on a essayé d’industrialiser le process, se rappelle Pierre Meulien, coordinateur de l’étude, alors directeur de la recherche de Pasteur-Mérieux, aujourd’hui directeur exécutif de IMI (initiatives pour des médicaments innovants), un partenariat entre l’Union européenne et l’industrie pharmaceutique. Ça marchait une fois sur deux, on ne comprenait pas pourquoi. J’ai pris la décision d’arrêter en 1994. »

      Deux décennies plus tard, l’histoire bafouille. Sanofi-Pasteur, l’héritier du groupe Pasteur-Mérieux, obtient en 2011 un financement de la Darpa, la division de recherche de l’armée américaine, pour développer un programme de vaccins à ARN messager. Le géant pharmaceutique a convié à bord l’ambitieuse biotech CureVac mais aussi une petite start-up française, In-Cell-Art, fondée par le Prix Nobel de chimie Jean-Marie Lehn et le spécialiste des vaccins ribonucléiques Bruno Pitard, à la pointe des systèmes de vectorisation. Mais après cinq ans de recherche « et de vrais résultats », assure Bruno Pitard, Sanofi renonce, préférant miser sur une autre technologie, les vaccins à protéine recombinante… avant de revenir sur la piste de l’ARN messager, avec la start-up américaine Translate Bio et plusieurs longueurs de retard.

      Le pari du patron de Moderna

      Si bien que lorsque, début janvier, apparaît la menace d’une pandémie que personne n’appelle encore Covid-19, ils sont trois champions de l’ARN messager véritablement dans la course au côté des tenants de stratégies vaccinales plus classiques. Et aucun Français. Le patron de Moderna, Stéphane Bancel, exhibe certes un passeport tricolore, un diplôme de l’Ecole centrale et une première carrière chez BioMérieux. Mais le projet qu’il conduit, avec le milliard de dollars accordé par l’opération « Warp Speed » du gouvernement pour trouver au plus vite un vaccin, le soutien appuyé de Donald Trump et la collaboration du NIH, apparaît 100 % américain.

      La saga de ce Frenchie semble taillée sur mesure pour nourrir le mythe de cette Amérique, terre de tous les paris. Et en cette année 2011, quitter le confort de son fauteuil de DG de BioMérieux pour se consacrer à une technologie émergente en est assurément un. « Le monde entier pensait qu’il était impossible de créer un médicament à partir d’ARN messager », résume-t-il. Pour lui, l’aventure a commencé un soir glacé de février. Noubar Afeyan, le fondateur de Flagship, l’un des fonds d’investissement les plus en vue des sciences de la vie et qu’il connaît de longue date, tient à lui montrer les résultats obtenus par des chercheurs d’Harvard. « Ils avaient injecté dans le muscle d’une souris de l’ARN messager codant pour l’EPO humaine, et montré que cette hormone circulait ensuite bien dans son sang, se souvient Stéphane Bancel. Je lui ai dit : “Ce n’est pas possible”. Il m’a répondu : “Si, si, regarde, ils ont répété l’expérience.” »

      L’homme d’affaires lui propose de monter à bord de la start-up qu’il vient de fonder avec les deux scientifiques d’Harvard Derrick Rossi et Robert Langer. « J’anticipais les centaines de médicaments qu’il serait possible de créer avec cette technologie, notamment pour des maladies incurables aujourd’hui », raconte Stéphane Bancel. Quand il sort du bureau de Noubar Afeyan, face au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge, il rentre à pied, songeur, en empruntant le Longfellow Bridge, qui le ramène chez lui à Boston. « Ma femme m’a demandé : “C’est risqué ?” Je lui ai dit : “Ça a 5 % de chance de réussir.” » Il signe malgré tout.

      La première année, Moderna s’efforce de rester sous le radar : rien ne filtre de ses travaux ni de ses résultats. « Nous étions méfiants, nous avions peur qu’en montrant nos progrès d’autres se mettent à courir après notre technologie », explique Stéphane Bancel. A l’époque, seuls les investisseurs, tenus au secret par un accord de confidentialité, sont informés des avancées : de premières expériences concluantes chez le singe et une étude de toxicité chez le rat, deux modèles animaux classiques. Cette preuve de concept, comme on dit dans le jargon, convainc début 2013 l’un des géants pharmaceutiques, le britannique AstraZeneca. Il signe à Moderna un chèque de 240 millions de dollars – « payés en cash le jour de la signature » – pour développer différentes thérapies à base d’ARN messager.

      Mais Moderna, nous l’avons vu, a un talon d’Achille : elle ne dispose alors pas du brevet sur la technologie conçue par UPenn pour fabriquer un ARN messager inoffensif pour l’organisme. Ses scientifiques espèrent initialement faire aussi bien, mais toutes les pistes explorées finissent en impasse. « On voyait bien que la technologie de UPenn était meilleure, mais on ne comprenait pas pourquoi », reconnaît aussi Stéphane Bancel. Il finira par débourser 75 millions de dollars en 2018 (63 millions d’euros) pour obtenir une licence, que son concurrent BioNTech acquerra aussi.

      En parallèle de ses partenariats avec des géants des secteurs – AstraZeneca, mais aussi Merck –, Moderna conclut des accords avec les institutions qui comptent dans le domaine des maladies infectieuses : la Barda et la Darpa, les services de recherche des départements de la santé et de la défense des Etats-Unis ; la Fondation Gates, au cœur de l’effort mondial sur les vaccins ; et surtout les Instituts américains de la santé, les fameux NIH.

      Le temple de la recherche médicale américaine, installé à Bethesda (Maryland), non loin de Washington, ne s’est pas fait prier pour participer à l’aventure. Il faut dire que le patron de son département des maladies infectieuses, Anthony Fauci, a guidé les premiers pas de Drew Weissman et n’a jamais perdu de vue le pionnier de UPenn. Le responsable du laboratoire de pathogenèse virale, Barney Graham, a même essayé de l’embaucher en 2000, avant de collaborer avec lui sur un vaccin contre la grippe. Au NIH, l’ARN messager est donc suivi de près.

      Une blague qui tourne au défi

      Aussi, lorsque Moderna vient trouver Barney Graham en 2014 pour lui proposer de collaborer, le chercheur n’hésite pas. Avec un partage des tâches évident : au NIH la conception de l’antigène, cette protéine qui déclenche la production d’anticorps par le système immunitaire ; Moderna s’occupera du reste, de la fabrication de l’ARN et de son acheminement vers les cellules. Un vaccin expérimental contre le virus respiratoire syncytial (RSV) est mis en chantier, puis, en 2016, un vaccin contre Zika. « Le niveau de réponse immunitaire était déjà impressionnant », se souvient Barney Graham. En 2017, enfin, les deux parties lancent un programme de préparation aux pandémies virales liées aux maladies émergentes. Parmi elles, les nipavirus mais aussi les coronavirus.

      En septembre 2019, lors de la revue annuelle des différents projets au siège du NIH, Stéphane Bancel arrive triomphant avec de nouvelles données cliniques. Il annonce : « Avec notre technologie, il nous suffit de soixante jours pour mettre au point un vaccin et démarrer un essai clinique. » « Tout le monde s’est mis à rigoler », s’amuse-t-il. La blague tourne cependant vite au défi. Sûr de lui, le chef d’entreprise propose à Anthony Fauci de lui envoyer la séquence d’un nouveau MERS, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, et de « mettre en marche le chrono » jusqu’à réception des vaccins qui doivent servir à la première phase des essais cliniques. Le vétéran des maladies infectieuses lui répond « Chiche ! » et l’exercice est programmé pour le deuxième trimestre de 2020.

      L’équipe est entre-temps rattrapée par la réalité. C’est pendant ses vacances dans le sud de la France, au lendemain du réveillon, que Stéphane Bancel lit pour la première fois dans le Wall Street Journal un article sur une nouvelle maladie respiratoire en Chine. Il le photographie et l’envoie à Barney Graham. « Je lui ai demandé : “C’est quoi ce truc ? !” Et il m’a répondu : “On ne sait pas encore, cela fait deux jours qu’on est dessus.” »

      Au Forum économique de Davos, du 21 au 24 janvier, Stéphane Bancel commence à comprendre que le virus ne menace pas seulement la Chine mais toute la planète. Deux infectiologues l’alertent sur la contagiosité du virus. « Il était clair que le R0 [le taux de reproduction de base du virus] était très élevé », relate-t-il. Il tape « Wuhan » sur Google Maps, puis sur Wikipedia, alarmé de découvrir que ce nouveau coronavirus se propage sans contrôle dans cette ville industrielle de 11 millions d’habitants. La liste des vols directs depuis la capitale du Hubei vers le reste du monde ne lui laisse guère de doute : « Le virus a déjà commencé à voyager partout. »

      Une mise au point express

      Attendu au conseil d’administration de la société Qiagen en Allemagne, il s’excuse et prend un vol pour Washington, où une réunion de crise est organisée avec toute l’équipe du NIH. Les équipes de Moderna travaillent déjà depuis le 13 janvier sur un candidat vaccin, mais impossible d’avancer sans l’aide de Barney Graham, qui a conçu l’antigène à présenter au système immunitaire. Le 24 février, Moderna envoie au NIH ses premiers lots cliniques. Quarante-deux jours se sont écoulés, du jamais-vu.

      De l’autre côté de l’Atlantique, BioNTech fait vite figure de premier challenger. Parce qu’il a, contrairement à CureVac, lui aussi payé au prix fort une licence pour exploiter l’ARN modifié inventé par Katalin Kariko, mais aussi parce qu’il a réagi immédiatement. « Ugur a tout de suite pris au sérieux le virus venu de Chine, se souvient celle qui occupe désormais le poste de vice-présidente. Il a dit à tout le staff que la pandémie n’épargnerait pas l’Allemagne, que c’était une occasion mais surtout un devoir de montrer ce que pouvait faire notre technologie. Et il a basculé tout notre programme de vaccination dessus. »

      Depuis 2017, la start-up orientée sur le cancer s’est diversifiée, en même temps qu’elle se cherchait des partenaires. Ugur Sahin a acquis la conviction que l’ARN messager peut bouleverser le traitement des maladies infectieuses. Mais aussi leur prévention. Il se tourne vers Pfizer. Pour le docteur Sahin, le géant pharmaceutique américain (88 000 employés) dispose d’une solide force de frappe mais aussi d’un atout particulier : la responsable de son département vaccin, Kathrin Jansen, est allemande elle aussi. On la dit intraitable, lui apprécie son scepticisme affiché et les questions pointues qu’elle lui adresse. Le courant passe. « Cette technologie n’avait pas encore fait ses preuves, a-t-elle raconté au Wall Street Journal. Mais potentiellement, elle avait tout pour faire de meilleurs vaccins contre la grippe. » Or la grippe, avec ses mutations constantes, exige une nouvelle injection chaque année, ce qui en fait un marché de choix.

      Accord conclu août 2018. L’excellence technique de l’un, l’expérience industrielle de l’autre : le projet avance vite et un essai clinique est programmé pour 2020. Jusqu’à l’entrée en scène du nouveau virus en couronne. La moitié des 1 500 employés de BioNTech s’y consacrent. Ils étudient le génome envoyé par les Chinois, sélectionnent les meilleures cibles, celles capables de créer la réponse immunitaire la plus performante, les ARN les plus prometteurs, et retiennent vingt formules, puis quatre. Mais comment s’attaquer seul à une pandémie qui devient mondiale ? Alors Sahin rappelle Kathrin Jansen début mars et lui propose une collaboration. Partage des coûts de développement restants, partage des bénéfices, mais BioNTech conservera la propriété exclusive du produit. La réponse est immédiate et positive. L’accord est rendu public le 18 mars.

      La suite est mieux connue. Pendant tout le printemps, Moderna caracole en tête. On évoque son duel avec l’autre favori, le vaccin d’AstraZeneca et de l’université d’Oxford, conçu à partir d’une technologie qui a fait ses preuves : celle dite du vecteur viral. Pfizer s’est plié à la stratégie de BioNTech, que résume Katalin Kariko : « Ne communiquer que quand on a quelque chose à dire. Et encore… » (Ugur Sahin n’a jamais répondu aux demandes d’entretien du Monde). Le 27 juillet pourtant, le duo américano-allemand se lance dans la phase 3 de ses tests cliniques, cet examen à grande échelle de l’efficacité de son produit, le même jour que Moderna. Au terme de ces essais, ce dernier a annoncé lundi 30 novembre avoir déposé une demande d’autorisation d’urgence auprès de la FDA américaine et l’Agence européenne du médicament. Pfizer et BioNTech l’avaient devancé auprès de l’agence américaine et espèrent que les premières vaccinations pourront débuter au Royaume-Uni le 7 décembre. Adversaires, sur le terrain industriel et commercial. Mais pour la science et vraisemblablement pour la santé humaine, ils viennent d’écrire ensemble une impressionnante page d’histoire.

    • L’aventure scientifique des vaccins à ARN messager, 14 DÉCEMBRE 2020, MARC GOZLAN
      https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/12/14/laventure-scientifique-des-vaccins-a-arn-messager

      Drew Weissman et Norbert Pardi abordent cette question dans un ouvrage intitulé DNA Vaccines (Humana Press, avril 2020). Selon eux, l’ARN n’a aucun moyen connu lui permettant de s’intégrer dans l’ADN, à moins qu’il ne soit préalablement « rétrotranscrit » en ADN. Ces experts soulignent que cette possibilité, théorique, nécessiterait que la cellule possède l’enzyme transcriptase inverse, capable de copier l’ARN en ADN, comme lors de l’infection par un rétrovirus (par exemple, le virus du sida) ou à partir de séquences d’ADN correspondant à des éléments transposables (rétrotransposons).

      Cette hypothèse impliquerait donc forcément la survenue d’une étape supplémentaire, jugée improbable, et ce d’autant plus que tout ARN est rapidement dégradé après avoir été traduit en protéine. Même si la copie ADN de l’ARN s’intégrait dans le génome, elle serait de tout façon dépourvue des séquences lui permettant de provoquer une surexpression de gènes à proximité du site d’intégration, soulignent les chercheurs. Et de conclure que des recherches sont nécessaires pour déterminer si une intégration de l’ARN dans le génome pourrait se produire en cas d’infection rétrovirale.

      le premier et le plus complet des articles publiés dans la presse (un blog...) française

      #Katalin_Karikó #vaccin_anti_cancer #infectiologie #H1N1 #Ebola

  • #COVID-19 : Le #vaccin universel n’est pas loin | santé log
    https://www.santelog.com/actualites/covid-19-le-vaccin-universel-nest-pas-loin

    [...] les scientifiques ont cherché un talon d’Achille commun aux #coronavirus et l’ont identifié sur leur domaine de liaison aux récepteurs, situé sur la pointe qui relie les virus aux récepteurs des cellules humaines. [...] L’équipe a ensuite conçu une #nanoparticule affichant ce site de vulnérabilité et l’a combinée avec un #adjuvant à petite molécule-qui stimule la réponse immunitaire du corps.
     
    Une approche « pan coronavirus » ou universelle : ici, le candidat « vaccin pan-coronavirus », testé chez des singes et les souris contre une variété d’infections à coronavirus -dont le SRAS-CoV-2 et le SARS-CoV-1, se montre capable de déclencher des anticorps neutralisants. L’approche a non seulement permis une protection contre le SRAS-CoV-2, mais les anticorps induits par le vaccin ont également pu neutraliser les variantes préoccupantes apparues au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil, ainsi que tout un spectre d’autres coronavirus.

    Source ;
    Neutralizing antibody vaccine for pandemic and pre-emergent coronaviruses
    https://www.nature.com/articles/s41586-021-03594-0_reference.pdf

    #variants

  • La grande #malbouffe

    Que mangeons-nous réellement en avalant un cordon bleu industriel ? Ce documentaire met la main à la pâte pour déconstruire les pratiques souvent douteuses de l’industrie agroalimentaire.

    Toujours plus abondante et moins chère, la nourriture industrielle a envahi nos assiettes, avec des incidences sur la santé de plus en plus fortes : jamais l’obésité et le diabète n’ont été aussi répandus. Et jamais les étiquettes n’ont été aussi compliquées à déchiffrer. Pour percer les secrets du secteur agroalimentaire, Maud Gangler et Martin Blanchard sont eux-mêmes devenus… des industriels. Avec l’aide d’un laboratoire alimentaire spécialisé en recherche et développement, ils se lancent dans la production d’un plat populaire : le cordon bleu. Un projet offensif qui leur permet de comprendre de l’intérieur les rouages de l’ultratransformé, où la fabrication d’un produit en apparence simple tient de l’assemblage complexe. Pourquoi, alors que l’escalope panée cuisinée à la maison ne nécessite que cinq ingrédients, en faut-il ici une trentaine ? La viande du cordon bleu mérite-t-elle encore son nom ? Peut-on appeler fromage cette pâte fondante obtenue à grand renfort d’additifs ? L’emballage lui-même est-il nocif pour la santé ?

    Riche et digeste
    En partant d’un produit emblématique comme le mal nommé cordon bleu, puis en élargissant l’enquête, ce documentaire détricote les fils cachés d’un système ultraconcurrentiel. Se jouant des frontières, l’industrie agroalimentaire se révèle diaboliquement novatrice, usant de technologies toujours en avance sur les réglementations et d’astuces marketing rodées, ou s’aidant de puissants lobbies pour servir ses intérêts. Les autorités nationales et européennes s’avouent techniquement débordées et peinent à contrôler les substances toxiques qu’elles ont commencé par autoriser. Pourtant, l’espoir d’un changement qualitatif est impulsé par la société civile : sous la pression des consommateurs et d’applications de notation alimentaire comme Yuka, certains industriels cherchent à mieux faire pour bénéficier d’un « clean label » auquel s’attache le grand public. Réduction du nombre d’ingrédients, abandon d’additifs, choix de protéines végétales : une démarche vertueuse qui tourne parfois au casse-tête, quand elle n’aboutit pas à un effet inverse, avec des plats végans à la qualité sanitaire douteuse. Au menu de cette enquête riche mais remarquablement digeste, experts, nutritionnistes, docteurs en sciences des aliments ou consultants en « transformation positive » éclairent une question devenue cruciale : que mange-t-on aujourd’hui ?

    https://www.arte.tv/fr/videos/091150-000-A/la-grande-malbouffe

    #film #documentaire #film_documentaire

    #alimentation #prix #industrie_agro-alimentaire #industrie_alimentaire #marketing #aliments_ultra-transformés #budget_alimentaire #viande_séparée_mécaniquement (#VSM) #polyphosphates #additifs_alimentaires #effet_cocktail #dioxine_de_titane #nano-particules #E_171 #E171 #cefic #TDMA #EFSA #principe_de_précaution #précaution #MOAH #MOSH #huiles_minérales #substances_réactives #Yuka (application smartphone) #publicité #malnutrition #obésité #surpoids #santé #clean_label #végétarianisme #végétarisme #ingrédientistes #transglutaminose #junk_food #auxiliaires_technologiques #chimie #anti-mousse #packaging

  • A Single Immunization with Spike-Functionalized Ferritin Vaccines Elicits Neutralizing Antibody Responses against SARS-CoV-2 in Mice | ACS Central Science
    https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acscentsci.0c01405

    [...]

    #COVID-19 : Vers un #vaccin à dose unique et lyophilisé ? | santé log
    https://www.santelog.com/actualites/covid-19-vers-un-vaccin-dose-unique-et-lyophilise

    Certes ce candidat est beaucoup moins avancé, mais il promet des avantages incomparables au-delà d’une immunisation efficace : un schéma à injection unique, l’absence de contrainte de chaîne du froid pour le stockage, le transport et la distribution et un tarif bon marché. Développé par une équipe de virologues de l’Université de Stanford et présenté dans la revue ACS Central Science, le candidat basé sur des #nanoparticules de ferritine recouvertes de fragments de la protéine de pointe du coronavirus, vient de faire ses premières preuves chez la souris.

    [...]

    Si la prochaine étape reste la tenue d’essais cliniques, l’équipe travaille déjà également au développement d’un vaccin universel contre les #coronavirus (SRAS-CoV-1, MERS, SRAS-CoV-2 et les autres coronavirus qui pourraient émerger).

    #vaccination #vaccins #sars-cov2

  • Voici plusieurs articles sur les manœuvres (voire les fraudes) qui ont permis à plusieurs entreprises de récupérer des préfixes d’adresses #IPv4, notamment en passant par l’Afrique. Au fur et à mesure que la pénurie d’adresses IPv4 s’aggrave, ce genre de magouilles va devenir de plus en plus fréquent.

    Un article très général, ne donnant pas de détails concrets <http://www.globalsecuritymag.com/Fraudsters-Obtained-30-Million,20190913,90692.html>. Notez des erreurs énormes comme « Since IPs are localized, however, African addresses only serve limited use – to operate a server within Europe or America, a user needs a European or American IP. » Cet article a été traduit en français <https://lafibre.info/ipv6/vol-ipv4>. Il a été repris dans un communiqué de presse de la société Heficed, qui est un peu juge et partie car elle est dans le business des solutions de gestion d’adresses IP <https://www.heficed.com/press-releases/fraudsters-obtained-30-million-worth-of-ip-addresses-in-south-africa-expert>.

    Un article beaucoup plus précis, avec des détails concrets, notamment une liste de préfixes d’adresses IP concernées, avec leur histoire <https://mybroadband.co.za/news/internet/318205-the-big-south-african-ip-address-heist-how-millions-are-made-o>.

    Cet article se base beaucoup sur le travail de Ronald F. Guilmette, qui distrait les lecteurs de la liste de diffusion #NANOG depuis des mois avec ses investigations sur le sujet. Un exemple fascinant de détail est <https://seclists.org/nanog/2019/Aug/461>.

  • Depuis mai dernier, plusieurs maires ont pris des arrêtés pour protéger leurs populations de l’exposition aux #pesticides utilisés en agriculture dite « conventionnelle ». Aujourd’hui au tribunal administratif de Rennes, Daniel Cueff, maire de Langouët (Ille-et-Villaine), a défendu son arrêté anti-pesticide face à la préfète en exposant un argumentaire de 300 pages.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/22/a-rennes-l-annulation-d-un-arrete-antipesticides-mise-en-delibere_5501623_32

    « Nous avons développé plus de 300 pages d’argumentaire, a déclaré Daniel Cueff à sa sortie du tribunal. Nous allons continuer, la bagarre n’est pas finie. Je ne veux plus que dans ma commune soient faites des analyses d’urine dans lesquelles on trouve, chez des enfants de 6 ans, des taux de glyphosate trente fois supérieurs à la normale. » « Aujourd’hui, vingt maires en France ont pris le même arrêté », a-t-il aussi annoncé, alors qu’il était applaudi par la foule. La décision du tribunal a été mise en délibéré au début de la semaine prochaine.

    Occasion pour rappeler que RAGSTER (Rachat et la mise en Gestion Santé de Terres agricoles et forestières), association des Yvelines, se bat pour protéger les populations riveraines soumises aux pollutions par les pesticides mais aussi des #nanoparticules utilisées dans les intrants chimique en agriculture :
    http://www.ragster.org

    RAGSTER dénonce également une certaine charte dite « de bon voisinage » en tant qu’intox de la #FNSEA auprès des mairies.

    http://www.ragster.org/charteagriculteurs.html

  • A new route for plant nutrient delivery - College of Engineering at Carnegie Mellon University
    https://engineering.cmu.edu/news-events/news/2019/06/12-lowry-acs-nano.html

    With current practices, up to 95% of applied micronutrients and 99.9% of applied #pesticides never reach their destinations and are wasted. They accumulate in the soil or run off into the ground water and cause collateral environmental damage, degrade soil, and waste the water and energy used in their production and application.

    If growers could apply something to the leaf that could travel directly to the root, it could be a game-changer for delivering nutrients, antibiotics, and pesticides in a nearly 100% efficient way. Greg Lowry, post-doctoral researcher Astrid Avellan, and a team of researchers have successfully discovered a way to apply nanoparticles to plant leaves so that they travel through the plant all the way to the root. Their results are published in a recent ACS Nano paper.

    Les nouvelles #technologies au service de l’#agriculture
    https://siecledigital.fr/2019/06/25/les-nouvelles-technologies-au-service-de-lagriculture

    #nanoparticules

  • Get a primer on the basics of supercapacitors, their functionality,...
    https://diasp.eu/p/8607903

    Get a primer on the basics of supercapacitors, their functionality, and which applications they’re best for. The current trend of supercapacitors is to replace rechargeable batteries, offering a new method of storage for energy based on nanotechnology. Unlike batteries,supercapacitors can recharge within seconds and withstand virtually unlimited charge cycles.Supercapacitors have a higher energy density than conventional capacitors, but a lower energy density than the standard batteries used in electronic products such as IoT devices. #supercapacitor #nanotechnology #battery #electronics #science #technology #IoT #physics (...)

  • Additif E171 : la mobilisation citoyenne fait plier le ministère de l’Economie
    https://www.bastamag.net/Additif-E171-la-mobilisation-citoyenne-fait-plier-le-ministere-de-l-Econom

    La pression des associations et des parlementaires aura fini par faire plier le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire qui refusait de suspendre le E171, un additif alimentaire très controversé. Le 2 octobre dernier, l’Assemblée nationale avait pourtant voté la suspension de la mise sur le marché de cet additif ainsi que des denrées alimentaires en contenant. Vous avez peut-être déjà repéré la mention du « E171 » sur des produits alimentaires : il s’agit de dioxyde de titane. (...)

    En bref

    / #Alimentation, #Nanotechnologies, Santé , #Politique

    #Santé_

    • Face au tollé, le ministre de l’Économie reçoit plusieurs associations le 11 janvier et revient sur sa position en « [réaffirmant] sa volonté d’interdire l’#E171 ».

      Le ministère précise dans un communiqué qu’il demande à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) de rendre les résultats « de ses travaux sur les #nanoparticules sur le volet TiO2 (#dioxyde_de_titane, ndlr) pour le 15 avril », « afin de réunir les conditions juridiques nécessaires à cette interdiction ». C’est sur la base de ce rapport que le ministère s’engage à saisir la Commission européenne et à exercer « son droit de sauvegarde en prenant une décision unilatérale d’interdiction de l’E171 ». Ce délai supplémentaire de trois mois, regretté par les associations, est aussi critiqué par Loïc Prud’homme, député de la France insoumise, qui a annoncé le 15 janvier avoir saisi le Conseil d’État afin que les décrets d’application soient pris dès maintenant. En attendant la suspension officielle, le site Infonano.org recense les produits alimentaires contenant le E171, du chewing-gum aux sucettes.

  • Le gouvernement ne veut pas interdire le dioxyde de titane, pourtant proscrit par les députés
    https://reporterre.net/Le-gouvernement-ne-veut-pas-interdire-le-dioxyde-de-titane-pourtant-pros

    Mardi 8 janvier, dans une interview accordée à l’émission « C à vous », le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire a annoncé qu’il ne comptait pas signer l’arrêté d’interdiction du dioxyde de titane, comme l’y enjoint pourtant la loi Alimentation, adoptée en novembre 2018.

    Le #dioxyde_de_titane est une #nanoparticule utilisée comme #additif_alimentaire, sous le nom d’#E171. D’après les études scientifiques, il aurait un effet non seulement délétère pour le système immunitaire, mais aussi #cancérogène. C’est pourquoi les parlementaires l’avaient interdit lors des débats sur la loi #Alimentation.

  • « La “#croissance_verte” est une mystification absolue »
    https://reporterre.net/La-croissance-verte-est-une-mystification-absolue

    L’#économie_circulaire a le vent en poupe. Qu’en pensez-vous ?

    L’économie circulaire me rappelle furieusement le développement durable. Comme lui, ça va faire « pschitt ! ». L’économie circulaire est un concept très vague, tellement vague que tout le monde s’y retrouve, à la fois les citoyens, les associations, les industriels, les multinationales, les politiques, etc. C’est pour cela que l’économie circulaire est à la mode : il n’y a pas de définition stabilisée, chacun y met ce qu’il y veut et on peut même y « recycler » quelques bon vieux concepts : écologie industrielle, économie de la fonctionnalité, économie du partage...

    Selon la définition de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’économie circulaire est un système économique qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources à tous les stades du cycle de vie des produits. Il s’agit de « faire plus avec moins ». C’est beau, mais utopique, car on ne sait pas découpler de manière absolue croissance du PIB et décroissance de la consommation matérielle et pollution.

    • Et aussi :

      Si la fuite en avant énergético-minière se poursuit, quelles pourraient en être les conséquences géopolitiques et socio-politiques ?

      Il faut regarder les choses en face, la situation va s’aggraver. Nos dirigeants font semblant d’appuyer sur le frein avec un discours lénifiant sur le #développement_durable, alors qu’ils appuient à fond sur l’accélérateur ! Il n’y a qu’à voir les appels à l’innovation, les subventions accordées, tous les projets qui sortent concernant les #nanotechnologies, la biologie de synthèse, le numérique, les #objets_connectés, la robotique, etc. Tout le monde s’émerveille face à ces nouveautés, mais la voie que nous poursuivons est en réalité mortifère, tant du point de vue de la #consommation_de_ressources et d’#énergie que de la génération de #déchets électroniques ingérables.

  • L’enfer vert s’étend au Palais Rameau – Contre la cyber-agriculture Hors-sol, Braderie 2018 - 31 Aout 2018 - hors-sol.herbesfolles

    http://hors-sol.herbesfolles.org/2018/08/31/lenfer-vert-setend-au-palais-rameau-contre-la-cyber-agricultu

    La Ville de Lille vient de céder le Palais Rameau à trois écoles d’ingénieur qui en feront un laboratoire d’agriculture automatisée et hors-sol. Alors que la Ville détruit les derniers espaces possibles de verdure, îlot Pépinière et friche Saint-Sauveur, elle recrée une nature artificielle, sous cloche, et pilotée par des capteurs. Cette artificialisation des terres et de l’agriculture avance d’un pas serein grâce l’appui des Verts qui voient là une réponse aux « enjeux écologiques du XXIe siècle ». Avec des amis pareils, la nature n’a plus besoin d’ennemis.


    Le calendrier se passe parfois de commentaire. Dans le même Conseil municipal, Martine Aubry rappelle son engagement dans la bétonnisation de l’îlot Pépinière, ancienne parcelle horticole, et cède le Palais Rameau, du nom d’un horticulteur lillois, à trois écoles d’ingénieur spécialisées dans l’« agriculture de précision ». Donc : Martine Aubry remplace des horticulteurs avec de la terre sur les mains par des agro-informaticiens du substrat chimique. Après que la mécanisation des champs ait saigné les rangs des paysans, l’automatisation supprime les derniers « travailleurs de la terre ».

    Une agriculture sans terre ni agriculteurs
    Les trois écoles d’ingénieur en question appartiennent à la Catho et se nomment ensemble « Yncréa ». Leur regroupement forme des ingénieurs et chercheurs en nanotechnologies, smart farming, chimie verte, smart grids (ex : Linky) ou maison intelligente. Yncréa est donc un agent du renouvellement actuel du capitalisme dans les technologies de pilotage de la planète, de la ville, de la maison et du vivant, pour aller decrescendo dans la perspective. Détail qui ne manque pas de saveur : le directeur d’Yncréa est ingénieur militaire, à la fois chevalier de la Légion d’honneur et du Mérite agricole, passé par la Délégation générale à l’armement et la sûreté nucléaire. Ses rangs de topinambours seront bien désherbés sur les côtés.

    Leur agriculture hors-sol (préférez « urbaine », « de précision », « connectée » ou « verticale » si vous deviez masquer vos intentions) passe au stade 2.0. Les semences sont toujours sélectionnées pour ce type de terroir hydroponique. Les légumes plongent toujours leurs racines dans un substrat et des intrants artificiels. Mais les bâtiments sont désormais « pilotés par des technologies contrôlant les paramètres de production (luminosité, apports en eau, en nutriments…) et alliant les compétences en conception de bâtiments intelligents, agronomie et automatisation. »1 Les Pays-Bas par exemple, surnommés la « Silicon Valley de l’agriculture », ont les meilleurs rendements du monde grâce à des serres où la lumière, l’arrosage, les intrants ou la ventilation sont entièrement automatisés. Le modèle vaut aussi pour les élevages de porcs, de volailles – sans parler des citadins. Le smart farming est à l’agriculture ce qu’un « réseau social » est à l’amitié. Une relation à la terre pilotée par ordinateur, privatisée par des ingénieurs et leurs firmes, produisant une alimentation sans goût pour une vie sans qualité.

    L’avancée du désert vert
    L’élu Julien Dubois soutint l’initiative au nom du groupe écologiste. Reprenant les éléments de langage de circonstance, celle-ci répondrait aux « enjeux écologiques du XXI° siècle ».2 Quels sont ces « enjeux » ? En quoi Yncréa y « répond » ? Nulle explication chez les élus qui s’écharpent à peine sur le superflu, l’absence d’appel d’offres ou la privatisation du Palais Rameau. Mais sur le fond : rien.

    Dans les Hauts-de-France comme au niveau global, les terres cultivables manquent. La planète compte bientôt 10 milliards d’estomacs en même temps que les terres arables disparaissent sous les effets conjoints de l’urbanisation, de la pollution et l’appauvrissement des sols, de l’élevage intensif ou du manque d’eau. Près de nous, autour de l’ancien site Metalleurop, 500ha de terres saturées en plomb interdisent toute culture comestible. À Lille, les 23 ha de la friche Saint Sauveur seront enfouis sous du logement intensif et des bureaux, plutôt que rendus – enfin ! – à des activités plus humaines.

    Face à ce dilemme comptable, les technocrates ont leurs solutions. Pour aller des plus lointaines aux plus proches, Elon Musk (Tesla) souhaite coloniser Mars ; Peter Thiel (PayPal, Facebook) bâtit des villes flottantes alimentées aux algues3 ; Larry Page (Google) finança le premier steak in vitro ; et toute une flopée d’urbanistes se gaussent d’agriculture urbaine : soit en utilisant les toits des buildings, soit sur les sols pollués des friches industrielles, soit encore dans les souterrains des grandes villes, ainsi qu’Anne Hidalgo l’expérimente à Paris. Après avoir épuisé la Terre, la cyber-agriculture s’attaque aux océans, aux sous-sols, et pourquoi pas à l’espace, dans une fuite en avant technologique. Les écologistes applaudissent. Et l’Union européenne s’interroge sur une labellisation « bio » du hors-sol.

    Ce scénario d’artificialisation et de privatisation du vivant ne devrait surprendre aucun Lillois. Non seulement parce qu’il est d’une banalité confondante au regard de l’état du monde. Surtout parce que la Ville nous avait prévenus, dès 2013, dans une exposition « Natures artificielles » à la Gare Saint-Sauveur. Les artistes convoqués nous y jetaient leurs « visions originales d’un réel transfiguré par une époque mutante où l’homme joue de son emprise ambiguë [sur la nature]. On y crois[ait] des expérimentations scientifiques qui réécrivent l’Histoire, théâtres de robots agriculteurs, parcelles de cosmos comprimées, poupées mutantes issues d’expérimentations génétiques, végétaux à humeurs variables, terre tremblant au son de la voix, etc. »4 L’enfer vert était annoncé.

    Quant à ceux qui ne veulent pas ajouter de l’artifice au désastre, qui ne souhaitent pas gérer les nuisances mais bien les supprimer, ils peuvent se joindre à nous dans une opposition résolue à la bétonnisation de Saint-Sauveur et à la reconversion technologique du Palais Rameau.

    Hors-sol, Braderie 2018

    1Yncrea.fr

    2Conseil municipal du 22 juin 2018, site d’Europe écologie – Les Verts

    3Paradis Pourri – Smart islands en Polynésie, https://hors-sol.herbesfolles.org/2017/10/02/paradis-pourri-smart-islands-en-polynesie

    4L’art de nous acclimater à la technopole – Visite de l’expo « Natures artificielles », http://hors-sol.herbesfolles.org/2013/07/31/lart-de-sacclimater-a-la-technopole-contre-visite-guidee-de-l

    #Lille #artificialisation #martine_aubry #écologie #agro-informaticiens #Catho #Yncréa #nanotechnologies #smart_farming #chimie_verte #smart_grids #agriculture_urbaine #agriculture_connectée #agriculture_verticale #smart_farming #hydroponique #Julien_Dubois #Hauts-de-France #écologistes #enfer_vert #nuisances

  • Fiction generator post-mortem : #mythology generation
    https://hackernoon.com/fiction-generator-post-mortem-mythology-generation-d7548a08beac?source=r

    For JuNoGenMo[1] this year, I wrote a small script to generate work in the style of sumerian mythology.Sumerian mythology, in the form of translated primary sources, has a number of attributes that make it suitable for prose generation. The original sources tend to be extremely repetitive, prone to inserting long lists, and without a strong narrative.Part of this is the use of exhaustive lists of epithets. For instance, here is a portion of an actual myth:Grandiloquent lord of heaven and earth, self-reliant, Father Enki, engendered by a bull, begotten by a wild bull, cherished by Enlil, the Great Mountain, beloved by holy An, king, meš tree planted in the Abzu, rising over all lands; great dragon who stands in Eridug, whose shadow covers heaven and earth, a grove of vines extending over (...)

    #mesopotamia #nanogenmo #generative-art #fiction-generator

  • 85 Free #udacity #nanodegree Courses
    https://hackernoon.com/85-free-udacity-nanodegree-courses-4be88d76e379?source=rss----3a8144eabf

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