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  • Le Régime de Macron panique après la publication du Colonel Legrier, La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? - AgoraVox le média citoyen
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-regime-de-macron-panique-apres-212734

    L’article remarquable, ci-dessous, écrit par le Colonel François-Régis Legrier - Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique et Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019 - est d’un intérêt capital à plusieurs titres.

    Il l’est, notamment, pour la compréhension du désastre de la "stratégie" militaire menée depuis 5 mois par la "Coalition" dans la bataille d’Hajin en Syrie, des conséquences dramatiques vécues par les populations civiles mais également du profond ressentiment engendré à l’égard des Etats responsables de ce désastre.

    Ce brûlot a été publié récemment dans la Revue de la Défense Nationale - page 65 à 71 - sous le titre :

    La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

    Le Régime de Macron a très mal pris cette publication qui pointe la responsabilité avant tout politique de ce désastre auquel a participé activement l’Etat français, vassal des US. 

    Cet article a été retiré de la publication de la RDN et selon des médias, Le Colonel Legrier risquerait des sanctions. 

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    La bataille d’Hajin (septembre 2018 – janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive Est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille rangée » contre le pseudo État islamique et semble mettre un point final à sa volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux, riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement les limites de la guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie technologique.

    Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée – Austerlitz par exemple ; au XXesiècle, il faut compter en semaines – que l’on pense à la poche de Dunkerque en 1940 ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. Telle est la réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre.

    Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre.

    Par ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est à-dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont délégué le droit de se battre à leur place – la conduite des opérations au sol, la Coalition (1) a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo stratégique. Prise en étau entre la décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement l’avenir de cette province.

    In fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines.

    Caractéristiques de la bataille d’Hajin : un concentré de tous les types de guerre

    Située au cœur du « Grand Jeu » entre puissances régionales et grandes puissances, la poche d’Hajin regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique », autant dire pas grand-chose. En réalité, nous allons voir que la bataille déborde largement de son cadre géographique pour se répandre dans le champ des perceptions, autre enjeu essentiel du combat.

    La zone d’action est une bande de terrain en V coincée entre l’Euphrate à l’Ouest et la frontière irako-syrienne à l’Est avec une zone rurale (champs et villages) le long du fleuve et une zone désertique. Soulignons que la rive Ouest de l’Euphrate est plus ou moins sous contrôle du régime syrien et des milices irakiennes qui contrôlent également une partie de la frontière. La population est estimée à quelques milliers de personnes, surtout présente dans la partie Nord de la poche (localité d’Hajin).

    Au Sud de la poche (pointe du V) et au bord de l’Euphrate, en territoire irakien, la ville d’Al-Qaïm. Au Nord de cette ville, la frontière est tenue par l’armée irakienne et légèrement en retrait se trouve la position de tir des moyens feux sol-sol de la coalition. Au Sud, la frontière est tenue par une milice affiliée à l’Iran (Katiba Hesbollah), véritable petite armée avec ses chars et ses canons. Si la frontière est globalement étanche au Nord, elle est très poreuse au Sud, la milice se livrant à la contrebande.

    Le combat au sol a été confié à des proxys, les FDS, alliance arabo-kurde conseillée par les forces spéciales américaines et bénéficiant du soutien des moyens feux sol-sol et sol-air de la Coalition. D’un volume sensiblement équivalent à celui de Daech, leur valeur combative est toute relative sachant que les combattants kurdes viennent du Nord-Est syrien où ils sont régulièrement pris à partie par les Turcs, alliés des Américains au sein de l’Otan. Ainsi, fin octobre 2018, les FDS ont annoncé la suspension des opérations suite à des frappes turques et il a fallu plusieurs semaines de négociation pour qu’ils reprennent le combat. Le même scénario a failli se répéter mi-décembre et compromettre à nouveau la prise d’Hajin pourtant bien engagée.

    Au sol, les traits distinctifs de cette bataille sont assez proches de ceux des batailles de la Première Guerre mondiale : une ligne de front entre combattants où chaque gain de 500 mètres ou 1 kilomètre de territoire représente un succès ; des contre-attaques violentes et répétées de la part d’un ennemi cerné de toute part et qui cherche à desserrer l’étau des FDS ; un emploi massif de l’artillerie, seule capable de délivrer des feux par mauvaises conditions météorologiques et qui, à plusieurs reprises, a sauvé la mise aux FDS violemment prises à partie ; des pertes importantes au regard du volume de combattants (plusieurs centaines au total de part et d’autre).

    Sur un plan purement tactique, cette bataille a fait redécouvrir toutes les vertus d’un appui-feu sol-sol (2) alliant effets de saturation par obus explosif et effets de destruction par munition de précision et surtout opérationnel par tout temps. Ainsi, c’est le 3 décembre 2018 qu’ont été tirés avec succès pour la première fois en opération, les obus antichars à effet dirigé Bonus détruisant une colonne de pickup lancée à l’assaut des lignes de défense FDS.

    Dans les airs, la suprématie occidentale est évidemment totale. Comme dans le film de Gavin Hood, Eye in the Sky (3), c’est la quintessence de la haute technologie qui se déploie quasiment sans limite avec l’emploi massif de moyens de surveillance et de renseignement, et d’avions pour observer et frapper. En l’espace de six mois, plusieurs milliers de bombes ont été déversées sur quelques dizaines de kilomètres carrés avec comme résultat principal la destruction des infrastructures.

    L’ennemi a-t-il été détruit par ces frappes ? Oui, mais pas autant qu’on a bien voulu le faire croire dans les comptes rendus alignant un BDA (4) impressionnant calculé de façon statistique et non pas par observation visuelle.

    L’ennemi a-t-il été atteint dans son moral et sa volonté de combattre ? À l’évidence, non. Il a déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable mettant à profit les périodes de mauvaise météo, le préservant de la menace aérienne, pour contre-attaquer violemment et infliger à plusieurs reprises de sérieux revers tactiques aux FDS. La défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers.

    Ainsi, cette bataille illustre à merveille les propos du général Desportes : « Des systèmes d’armes toujours plus performants produisent des résultats toujours plus décevants » (5). Entendons-nous bien. Ils ne sont pas décevants parce que performants mais parce que mal employés ; nous y reviendrons.

    Enfin, la bataille d’Hajin dépasse largement le cadre géographique pour s’inscrire plus largement dans le champ infini des perceptions.

    Force est de constater que dans ce domaine, Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès. En effet, à plusieurs reprises, la Coalition trop souvent en réaction sur le champ des perceptions, a dû renoncer à ses frappes face à la pression médiatique. Il y a ici tout un champ de réflexion à explorer et notamment le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi.

    Les limites de la guerre par procuration et de notre approche techno-centrée

    La guerre par procuration ou comment perdre la main sur le plan stratégique

    En s’en remettant à des proxys pour conduire la bataille au sol, les Occidentaux en ont certes retiré un avantage politique à court terme : celui d’éviter des pertes et un mouvement d’opinion contre leur politique. En revanche, sur le moyen-long terme, ce choix s’est avéré désastreux.

    En affirmant que la poche était la Main Battle Area (6) tout en refusant d’y engager des moyens terrestres ou même des hélicoptères d’attaque, les Américains ont laissé planer un doute sur leurs intentions réelles d’en finir rapidement. Il est donc permis de penser que la poche d’Hajin constituait un excellent alibi pour maintenir une présence dans le Nord-Est syrien et surtout prévenir un éventuel délitement trop rapide de la Coalition. Ainsi, au fur et à mesure de la bataille, le discours s’est articulé de la façon suivante : « il faut détruire Daech » vers « oui, Daech est bientôt éliminé en Syrie mais il se reconstitue en Irak et reste tout aussi dangereux », ce qui pose la question de la pertinence de la stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ?

    Par ailleurs, la conséquence la plus immédiate d’une telle approche est la perte de la maîtrise du temps : l’opération avance au gré de la volonté des proxys et selon leur propre agenda et elle traîne en longueur quelle que soit l’ampleur des moyens consentis. Cela s’appelle un enlisement.

    Pour compliquer les choses, est apparue au grand jour la divergence de vues entre Donald Trump et son état-major. Fidèle en cela à une promesse de campagne, le Président des États-Unis a saisi l’occasion de la reprise d’Hajin mi-décembre pour annoncer la victoire sur Daech et le retrait des forces américaines de Syrie montrant ainsi, certes de façon brutale, que c’est bien le tempo politique qui détermine la stratégie et non pas l’inverse.

    En refusant d’inscrire dans leur stratégie du Moyen-Orient cette volonté de retrait pourtant annoncée depuis deux ans, l’Administration américaine et les étatsmajors se sont mis d’eux-mêmes en porte à faux. Bousculés par le décideur politique d’un côté, ayant perdu la main sur le tempo des opérations au sol de l’autre, c’est-à-dire privés de toute marge de manœuvres, la seule réaction a été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète.

    Ainsi, cette victoire tactique, par la façon dont elle a été acquise, a compromis l’avenir de cette province sans ouvrir de perspectives stratégiques intéressantes pour la Coalition. L’avenir du Nord-Est syrien est plus que jamais incertain et Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint dans sa volonté de continuer la lutte.

    La leçon est la suivante : il n’y a pas de stratégie et donc de victoire durable sans liberté de manœuvre. Celle-ci est au croisement du politique et du militaire. Le stratège doit impérativement inscrire son action dans une politique et doit garder la main sur les opérations dans tous les domaines, y compris les opérations terrestres s’il veut être en mesure de présenter plusieurs options stratégiques au décideur politique. Il n’y a pas d’autres solutions possibles.

    L’approche techno-centrée ou l’illusion de la puissance

    En s’en remettant principalement à des moyens air inopérants sur un plan tactique lorsque les conditions météo se dégradent et aux forces spéciales, la Coalition a perdu beaucoup de temps, d’énergie et de crédibilité, Daech ayant beau jeu de se vanter d’avoir tenu en échec la première puissance mondiale pendant des mois.

    Il faut être rentré dans une Strike Cell (7) par temps couvert pour comprendre toutes les limites de notre approche techno-centrée. En effet, en cas de pluie, de brouillard, de nuages, les écrans deviennent noirs, les gens jouent aux cartes ou regardent un film : la guerre s’arrête pour eux en attendant la prochaine fenêtre météo. Lors des violentes contre-attaques de Daech en octobre 2018 et le repli des FDS, le premier constat d’un officier général a été de dire : « C’est à cause de la météo, nous n’avions plus l’appui aérien. » Sous-entendu, Daech ne respecte pas les règles du jeu, il attaque par mauvais temps !

    Non, nous n’avons pas été tenus en échec par la météo mais par notre refus de nous adapter à notre ennemi et au réel. La guerre par procuration, c’est-à-dire ce refus d’engager des troupes au sol aptes au combat pour s’en remettre uniquement aux forces spéciales et à l’arme aérienne est l’un des facteurs principaux de nos échecs actuels. Les forces spéciales sont faites… pour les opérations spéciales et non le combat conventionnel en zone urbaine ou désertique.

    Encore une fois, ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement ici de critiquer l’apport indispensable aux opérations que constitue l’arme aérienne ou les forces spéciales mais de rappeler que c’est une erreur que de s’en remettre uniquement à elles pour gagner une bataille. Ce concept ultra-technologique conçu pour réduire le format des troupes conventionnelles et séduire le politique en lui faisant croire qu’on peut faire mieux avec moins est un leurre séduisant mais un leurre quand même.

    Alors que fallait-il faire ?

    La réponse est simple : comprendre que si la bataille se gagne au niveau tactique – adaptation au terrain et à l’ennemi – la guerre se gagne au niveau stratégique et politique, et qu’elle est une dialectique des volontés et non une éradication « des méchants » impossible à réaliser.

    En l’occurrence, il fallait resituer la bataille d’Hajin dans un cadre plus global : celui d’empêcher Daech de se reconstituer d’une part et de préserver l’avenir de la moyenne vallée de l’Euphrate en évitant des destructions inutiles d’autre part.

    Au niveau tactique, une bataille se gagne en disposant les moyens adéquats au bon endroit et au bon moment (principe d’économie des forces et de concentration des efforts) pour créer un rapport de force favorable. Ainsi, tout en s’appuyant sur les FDS, il fallait, en sus des moyens d’appui-feux, engager a minima un groupement tactique interarmes motorisé capable de s’emparer rapidement de la poche d’Hajin en limitant autant que faire se peut la destruction des infrastructures.

    En effet, une bataille ne se résume pas à détruire des cibles comme au champ de foire. C’est la combinaison de la manœuvre et du feu qui permet de disloquer le dispositif ennemi et de le mettre dans l’impossibilité de poursuivre la bataille par la conquête des points clés du terrain, et de ses moyens de commandement et logistique. La prise d’Hajin, en décembre, en est l’illustration tardive : l’ennemi, ayant perdu son centre de commandement, n’a plus été en mesure d’opposer une résistance coordonnée par la suite.

    Enfin, la bataille doit être menée en temps imminent dans le champ informationnel, c’est-à-dire avec un temps d’avance. Est cru par le plus grand nombre ce qui est affirmé en premier : c’est une loi immuable dont il faut tenir compte. Une plus grande réactivité aurait été nécessaire pour valoriser nos succès et disqualifier le comportement de l’adversaire quitte à assumer, et non pas justifier après coup, les dommages collatéraux.

    L’évocation de la bataille dans le champ des influences nous permet de faire la transition avec les parties hautes de la guerre, la stratégie et la politique.

    Au lieu de se focaliser de façon excessive sur la poche d’Hajin, la Coalition aurait dû l’intégrer dans une approche stratégique et ainsi découper son espace de bataille non pas en fonction de ses structures internes (répartition entre commandement des forces spéciales en Syrie et commandement conventionnel en Irak) mais en fonction de l’espace de bataille ennemi allant de Kirkuk au Nord-Est de l’Irak au désert d’Al-Anbar à l’Ouest, en passant par Hajin et Al-Qaïm.

    Seule une vue globale du problème aurait permis d’ébaucher une stratégie globale et d’éviter le constat amer de voir Daech resurgir là où on l’a chassé il y a deux ans. Seule une stratégie globale laissant entrevoir une résolution politique durable aurait permis au politique de comprendre la nécessité du temps long au lieu de brusquer les choses pour sortir de ce qui s’apparente à une impasse et un échec.

    Il faut donc rappeler avec le général Desportes que la victoire militaire doit toujours être pensée au prisme de son objectif politique et qu’elle ne peut se passer d’un engagement au contact : « La guerre à distance est un leurre : elle produit un effet militaire mais pas d’effet politique. La “projection de puissance”, c’est-à-dire la projection de destruction, sans “projection de forces”, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas ; elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. » (8)

    Conclusion

    Oui, la bataille d’Hajin a été gagnée, au moins sur le terrain mais en refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? w guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate.

    François-Régis Legrier

    Colonel. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique. Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019. Auteur de Si tu veux la paix prépare la guerre aux Éditions Via Romana

    Courriel de l’auteur : frlegrier@gmail.com

    (1) Operation Inherent Resolve (OIR) : coalition dirigée par les Américains.

    (2) Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour.

    (3) Sorti en 2016 : montre les ambiguïtés politico-juridiques d’une prise de décision d’une frappe aérienne.

    (4) Battle Damage Assessment : estimation des pertes ennemies.

    (5) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », Le Casoar n° 231, p 19.

    (6) L’espace de bataille prioritaire.

    (7) Centre d’opérations couvert d’écrans permettant une recopie des images fournies par les drones ou les avions. C’est à partir de là que s’effectuent les frappes aériennes et les tirs d’artillerie d’où son nom de Strike Cell.

    (8) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », op. cit.

  • Poutine tourne en dérision les sanctions d’Obama
    https://www.crashdebug.fr/international/12928-poutine-tourne-en-derision-les-sanctions-d-obama

    VIDÉO - Le président russe a refusé d’appliquer la réciprocité habituelle et d’expulser à son tour des diplomates américains. Il a au contraire invité leurs enfants au Noël du Kremlin.

    Correspondant à Moscou

    Amateur de réponses « asymétriques », Vladimir Poutine a rejeté vendredi la proposition de son ministre des Affaires étrangères d’appliquer la réciprocité habituelle en matière d’expulsion de diplomates. Mêlant sérieux et dérision, le président russe a qualifié sur le site du Kremlin l’expulsion de 35 diplomates russes de « nouveau geste inamical de l’Administration américaine sortante » et une « provocation pour déstabiliser plus encore les relations russo-américaines ».

    Plus loin, il ajoute, méprisant, refuser de « descendre au niveau des cuisines », et préfère « orienter (sa) politique sur (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #International

  • New report finds human-caused climate change increased the severity of many extreme events in 2014
    http://www.noaanews.noaa.gov/stories2015/110515-new-report-human-caused-climate-change-increased-the-severity-

    Le changement climatique a amplifié des phénomènes météo extrêmes - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/05/le-

    Le réchauffement planétaire induit par les activités humaines a amplifié un grand nombre de phénomènes météorologiques extrêmes en 2014, conclut jeudi l’Administration américaine océanique et atmosphérique (NOAA), un groupe international de recherche. Ces scientifiques ont analysé 28 de ces phénomènes dans le monde l’année dernière. Ils citent notamment des cyclones dans le centre du Pacifique, la sécheresse en Afrique de l’Est, des vagues de chaleur en Australie, en Asie et en Amérique du Sud, ou encore des inondations dans les Cévennes, dans le sud de la France.

    Mais ils n’ont pas trouvé d’influence du réchauffement climatique pour huit de ces « événements météo », comme les fortes tempêtes de neige pendant l’hiver 2013-14 en Amérique du Nord qui ont résulté principalement de la variation naturelle du climat, ou encore dans la sécheresse au Proche-Orient en 2014. En revanche, les cyclones tropicaux à Hawaï avaient « nettement plus de probabilités de se produire en raison du changement climatique induit par l’homme », relève le rapport.

    #climat

  • Je suis Charlie... ainsi suit-il - Nous sommes aveugles à la violence que nous produisons

    Non, je ne suis PAS Charlie
    Par Alain Naze, philosophe

    Personne ne peut se réjouir des assassinats perpétrés ce mercredi #7_janvier à l’encontre des gens de #Charlie_Hebdo. D’abord parce que cette violence est le fruit d’une froide délibération, qui n’a rien à voir avec la moindre violence libératrice, et ensuite parce qu’il est évident que cet attentat va renforcer à l’extrême l’#_islamophobie régnante. Que cet acte ait suscité de l’émotion, c’est bien compréhensible, mais il n’est pas possible de s’en tenir à ce niveau de réaction immédiate, sauf à renoncer à toute réflexion et à toute prise de positions politiques, au profit d’une simple forme d’indignation morale. Et l’on renonce à cette réflexion politique, sitôt qu’on embraie sur les effets massifs du rouleau compresseur médiatique, cédant ainsi à une forme de dictature de l’émotion, par ailleurs nécessairement sélective en ses indignations. Nous ferions pourtant bien de nous inspirer, pour l’occasion, de la célèbre maxime de Spinoza : « Non ridere, nec lugere, neque detestari, sed intellegere » (1).
    (…)
    Si, dans le cadre d’une sorte d’union sacrée, allant pour ainsi dire du Parti de gauche au Front national, Sarkozy parle aujourd’hui d’une « guerre déclarée à la civilisation », c’est bien qu’il reproduit le schéma même de l’Etat colonial que la France n’a jamais tout à fait cessé d’être, mais aussi celui qu’adoptèrent les Etats-Unis, pour exporter la « Démocratie » en terre irakienne (et les « valeurs » occidentales utilisées par l’Administration américaine furent bien alors, de façon cette fois évidente, des armes de guerre). Si les valeurs occidentales sont la civilisation – conclusion inévitable dans le cadre d’une partition du monde s’adossant à un schéma progressiste de l’histoire, et opposant un #Occident_éclairé et moderne à un monde non occidental obscurantiste et rétrograde – , comment s’étonner d’attentats aussi barbares, puisque, aussi bien, nous n’aurions alors, face à « Nous », que des hordes de « barbares », abrutis d’obscurantisme.
    Si nous restons dans cette position intellectuellement aveugle et autarcique, tout occupés (2) à nous féliciter d’être, « Nous », excellents Occidentaux, tellement « bons », « justes », « tolérants », etc., nous ne comprendrons jamais rien à#la_violence_que_nous_produisons, et donc rien non plus à la violence qui nous affecte à certaines occasions. Saisissons-nous au contraire de cet événement pour nous interroger sur la nécessité de fissurer notre homogénéité, en y introduisant de l’hétérogène, du plébéien. Sans cela, nous resterons face à nous-mêmes, dans un monde dont nous aurons éradiqué le différent – contre cet atroce huis-clos à venir, je préfère me tenir aux côtés d’#Ernest_Coeurderoy, qui en appelait aux « Cosaques » - autant dire aux « Barbares » –, comme on en appelle à l’hétérogène, pour provoquer une révolution !

    1]Ne pas rire, ni se lamenter, ni haïr, mais comprendre. Le texte du Traité politique (Introduction, IV) dit, plus précisément : « … je me suis soigneusement abstenu de tourner en dérision les actions humaines, de les prendre en pitié ou en haine ; je n’ai voulu que les comprendre. »

    [2]Je respecte l’énonciation de l’auteur, qui suit la règle du masculin-qui-l’emporte-sur-le-féminin, mais pour ma part j’aurais laissé ouverte la possibilité d’un féminin, puisqu’il y a des femmes et non pas seulement des hommes dans les pays occidentaux.

    http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/10/30/je-suis-charlie-ainsi-suit-il-nous-sommes-aveugles-a-la-viol-572268.html

  •  » En faisant preuve de retenue, la Russie n’a fait que persuader Washington qu’elle était faible, par Paul Craig Roberts
    http://www.les-crises.fr/pcr-russie-faible

    Paul Craig Roberts, 1er août 2014

    Je viens juste d’entendre deux choses sur la radio publique nationale [NPR] qui ont complètement anéanti le peu de confiance qu’il me restait encore dans l’Administration américaine. J’en ai conclu que l’expression « un Américain intelligent » est un oxymore.

    Les élites américaines ont décidé que les Américains n’étaient pas suffisamment menacés par la guerre et le chaos économique, aussi nous apportent-elles le virus Ebola en Amérique. La radio publique nationale [NPR] a annoncé que deux personnes infectées par le virus Ebola, qui est incurable et généralement mortel, ont été conduites à l’hôpital universitaire d’Emory à Atlanta, en Géorgie. Il suffit d’une toux, d’un éternuement, d’une goutte de salive, et le virus est relâché dans l’un des principaux centres du réseau de transport des États-Unis.

    Une pandémie, ça vous tente ? Il y a peu de doutes que toute la planète ou presque pousserait un grand soupir de soulagement d’être débarrassé de Washington.

    Les porteurs de l’Ebola seront prétendument mis en quarantaine dans des locaux spéciaux. Mais nous savons déjà que les hôpitaux américains ne sont même pas capables de contenir les infections nosocomiales [http://rt.com/usa/177408-nightmare-bacteria-antibiotic-southeast/]. Qu’advient-il des couverts, assiettes, bols et verres qu’utilisent les personnes infectées pour manger et boire ? Et qui s’occupe de nettoyer les lits ? Une bourde faite par une personne, une déchirure dans un gant en caoutchouc, et le virus est lâché dans la nature.

    Si on ne meurt pas d’Ebola, on devra encore échapper à une guerre nucléaire.

    J’ai écouté une partie de la conférence de presse d’Obama. Obama accuse Poutine de faire tout ce qu’Obama est le seul à faire. Si Obama croit ce qu’il a dit à la presse, il se laisse mener en bateau par ses conseillers. S’il ne croit pas en la propagande grossière dont il parle, il nous mène tout à fait consciemment vers une guerre avec la Russie, ce qui signifie probablement aussi la guerre avec la Chine et notre fin à tous.

    Gardez à l’esprit qu’en huit ans, l’armée américaine a été incapable d’occuper l’Irak avec succès, et qu’en 13 ans, les États-Unis ont été incapables de venir à bout de quelques milliers de Talibans faiblement armés en Afghanistan.

    La Russie et la Chine ne sont pas l’Irak, la Libye ou l’Afghanistan.

    La guerre avec la Russie sera nucléaire. Washington s’y est préparé. Washington a abandonné le traité ABM, a créé ce qu’il pense être un « bouclier anti-missiles balistiques », et a changé sa doctrine de guerre pour permettre aux USA de lancer les premiers une attaque nucléaire . Tout ceci évidemment dirigé contre la Russie, ce que son gouvernement sait très bien. Combien de temps la Russie va-t-elle rester les bras croisés à attendre la première frappe de Washington ?

    La Russie n’a rien fait d’autre que d’opposer des obstacles tardifs aux mensonges de Washington, ceux que Washington utilise pour déclencher des guerres. La Russie (et la Chine) se sont laissées berner par Washington et les armes de destruction massive irakiennes. La Russie (et la Chine) se sont laissées berner par Washington sur la soi-disant traque de 13 ans de Ben Laden, qui aurait nécessité la conquête et l’occupation de l’Afghanistan. La Russie (et la Chine) sont tombées dans le panneau lorsque Washington a affirmé que la résolution des Nations unies établissant une zone d’exclusion aérienne sur la Libye avait pour but d’empêcher l’armée de l’air de Kadhafi de bombarder son propre peuple. Avant de découvrir que Washington faisait un usage abusif de cette résolution en envoyant la force aérienne de l’OTAN renverser le gouvernement libyen......

    #Russie

  • Les entreprises américaines accélèrent leur retour en Iran
    http://www.lefigaro.fr/societes/2014/05/03/20005-20140503ARTFIG00030-les-entreprises-americaines-accelerent-leur-retou

    Alors que les négociations politiques entre les Occidentaux et l’Iran avancent, les sociétés outre-Atlantique multiplient les contacts auprès de Téhéran.


    Dans le secteur automobile, le groupe Chrysler a transmis à la présidence iranienne une offre d’investissements sur ce vaste marché de 75 millions de consommateurs, affirme au Figaro un homme d’affaires à Téhéran. La proposition, faite début mars, a été transmise par le canal diplomatique, c’est-à-dire avec l’aval de l’Administration américaine. Officiellement, Washington multiplie pourtant les appels aux entreprises étrangères à ne pas se précipiter en Iran, tant qu’un accord sur la neutralisation de la menace nucléaire n’aura pas été trouvé.

    Le géant de l’informatique Cisco Systems, de son côté, a lancé des demandes de licence d’exportation de ses équipements auprès du Trésor, s’engouffrant ainsi dans la brèche ouverte par Barack Obama qui encourage le développement d’Internet en Iran pour renforcer la démocratie.

    Fin février, selon une autre source occidentale à Téhéran, une dizaine de présidents d’universités américaines ont fait le tour des meilleurs établissements iraniens, comme l’université Sharif de Téhéran. Outre une rencontre avec le ministre de l’Éducation et Mohammad Nahavandian, le conseiller économique du président Hassan Rohani, la délégation américaine a été reçue par Mohammadi Golpayegani, le directeur de cabinet du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, numéro un du régime et porte-drapeau du très vif sentiment antiaméricain. « Qui plus est, les Américains ont été reçus au bureau du Guide, tout un symbole ! » constate notre source. Conséquence de cette visite : trois semaines plus tard, pour Norouz, le Nouvel An iranien, l’Administration américaine levait les restrictions à la formation des étudiants iraniens dans les universités outre-Atlantique........

    #États-Unis
    #embargo
    #Iran
    #sanctions
    #entreprises-américaines
    #Chrysler
    #Cisco
    #Boeing
    #contrats ..........#France ???

    • toujours partant pour le « the big deal » avec les #États-Unis ?
      –> le traité transatlantique

      GM quitte PSA et l’ embargo s’en va
      Et puis, à la fin d’année dernière, le groupe de Detroit annonce, grand seigneur, qu’il revend ses parts de PSA pour céder sa place au chinois Dongfeng. Hasard ou coïncidence, Barack Obama annonce dans la foulée la levée de l’embargo, notamment pour l’automobile durant au moins 6 mois. John Kerry s’en mêle et entame la négociation avec le nouveau pouvoir iranien en place, et obtient des importations officielles pour les marques américaines. GM n’a donc plus besoin de la couverture PSA pour débarquer à Téhéran.

      lire la suite ->
      http://www.huffingtonpost.fr/michel-holtz/general-motors-perte-voiture-psa_b_4765415.html

  • Les dangers funestes du biais de publication by Iain Chalmers - Project Syndicate
    http://www.project-syndicate.org/commentary/publish-or-perish/french

    Sur la « rétention des résultats d’études liées à la santé. »

    ...les résultats d’au moins la moitié des tests cliniques impliquant des patients et des volontaires en bonne santé restent non publiés des années après leur clôture. Les études marquées par des résultats « négatifs », en particulier, ont bien peu de chances de voir la lumière du jour. Or, la négligence dans la communication de ces résultats est susceptible d’aboutir à des distorsions entre les recommandations cliniques et médicales, à des souffrances, voire à des décès.  

    Ainsi, pendant plus de dix ans, des médicaments anti-arythmiques ont par exemple été prescrits en masse – avec l’aval de la Food and Drug Administration américaine – à des patients ayant connu un accident cardiaque, sur la base du principe selon lequel la réduction des anomalies du rythme cardiaque entraînerait une diminution des taux de mortalité. Pourtant, comme l’a démontré le journaliste d’investigation Thomas J. Moore dans son ouvrage Deadly Medicine, à l’apogée de leur utilisation, ces médicaments ont entraîné chaque année plus de morts américaines que de soldats tués pendant toute la guerre du Vietnam.

    À la suite de cette révélation, une équipe de chercheurs britanniques a présenté les résultats d’un essai clinique auquel elle avait procédé plus de dix ans auparavant. Cette étude avait rapporté un taux de mortalité plus élevé parmi les patients sous nouveau traitement anti-arythmique que chez les patients sous placebo. Ces chercheurs ont expliqué qu’ils n’avaient pas publié ces résultats dans la mesure où le développement du médicament en question avait été abandonné pour des raisons commerciales. Seulement voilà, rétrospectivement, ils ont admis que la publication de ces résultats « aurait pu constituer une mise en garde quant aux problèmes à venir. »