organization:akp

  • Démesure d’Istanbul
    http://www.laviedesidees.fr/Demesure-d-Istanbul.html

    Recep Tayyip Erdoğan et son parti, l’AKP, font de la « nouvelle Istanbul » la vitrine de leur projet politique : celui de refonder la Turquie en rompant avec l’héritage kémaliste. Sondant la ville à partir de ses marges, un géographe se penche sur l’émergence d’un nouvel ordre social et urbain.

    #Recensions

    / #urbanisme

  • Selahattin Demirtas : « Je continuerai à m’opposer sans reculer d’un pas, quel qu’en soit le prix à payer »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/16/selahattin-demirtas-je-continuerai-a-m-opposer-sans-reculer-d-un-pas-quel-qu

    Incarcéré depuis 2016 en Turquie, le leader du parti pro-kurde et candidat à l’élection présidentielle turque du 24 juin, appelle à ne faire aucun compromis avec Erdogan.

    Incarcéré depuis le 4 novembre 2016 au Centre pénitentiaire de haute sécurité d’Edirne en Turquie, Selahattin Demirtas a écrit ce texte mardi 12 juin et l’a transmis au « Monde ». En attente d’un procès, il risque une peine de prison de cent quarante-deux ans, selon le code pénal turc. Turc d’origine kurde, il préside le Parti démocratique des peuples et a présenté sa candidature à l’élection présidentielle turque du 24 juin.

    Tribune . J’écris ces mots depuis le Centre pénitentiaire de haute sécurité d’Edirne, tout près de la frontière avec la Bulgarie. La prison est située à sept kilomètres du centre-ville d’Edirne, dans une zone vierge de toute habitation, au milieu des champs de tournesols. Chaque année, au mois d’août, les alentours de la prison se parent de vert et de jaune, étouffant dans une immense orgie de couleurs ses murs gris et monotones. Tous, on connaît les tournesols. Ils poussent en l’espace de quelques mois seulement, puis leur face supérieure, d’abord inclinée, se redresse pour regarder le soleil.

    Depuis ma jeunesse, et aujourd’hui encore, chaque fois que je contemple un champ de tournesols en fleur, j’ai l’impression de voir une foule de jeunes gens serrés côte à côte dans le cortège d’une manifestation. La rivière Toundja, venue des profondeurs de la Bulgarie, coule non loin de la prison. Après avoir sinué pendant des kilomètres, cette longue ligne verte rencontre les eaux du fleuve Maritsa, à quelques encablures du centre-ville d’Edirne. La confluence de ces deux cours d’eau m’évoque les retrouvailles pudiques et heureuses de deux amis qui ne se seraient pas vus depuis des années. Or, depuis vingt mois que je suis ici, je n’ai encore jamais eu la possibilité de voir ni l’un ni l’autre. C’est cela, être en prison. Pour comprendre la géographie de l’endroit où je me trouve, il me faut faire un effort d’imagination. La vérité est que je suis enfermé dans une cellule que l’on s’est appliqué à rendre intégralement grise du sol au plafond, et que j’écris ces lignes assis sur une chaise en plastique plutôt inconfortable. J’ai la nostalgie des promenades dans les champs de tournesols.

    Il y a un an et huit mois que j’ai été transféré ici, après avoir été arrêté à Diyarbakir, capitale de la région kurde de Turquie, là où habite ma famille. Une distance d’environ 1 700 kilomètres me sépare désormais d’elle et de mes amis. Avocat des droits de l’homme, j’ai eu l’occasion de faire le tour de presque toutes les prisons de la région kurde, afin de recenser et de dénoncer les atteintes au droit qui y étaient commises. Mais on ne m’avait jamais obligé à demeurer dans une prison aussi longtemps qu’aujourd’hui. Pourtant, mon sort ne me semble pas spécialement différent de celui des autres détenus, hormis que je suis un prisonnier politique connu. Il y a aujourd’hui, dans les prisons turques, des dizaines de milliers de gens qu’on a incarcérés en les qualifiant de « terroristes », simplement parce qu’ils ont usé de leur droit à s’exprimer et à s’organiser librement.

    Prison à ciel ouvert

    Dans ces conditions, et quoique je ne puisse l’affirmer assurément, il me semble que la situation dans laquelle se trouvent les opposants à Erdogan qui ne sont pas en prison, si elle est par certains aspects meilleure que la nôtre, l’est par d’autres bien pire. Là où elle est meilleure, c’est qu’ils peuvent se déplacer librement à travers le pays, qu’ils ne sont pas séparés de ceux qu’ils aiment et qu’ils peuvent se promener tant qu’ils veulent dans les champs de tournesols. Là où elle est pire, c’est qu’ils ne sont pas aussi libres que nous autres derrière les barreaux. Il suffira d’un commentaire de leur part sur les réseaux sociaux, de quelques phrases prononcées au travail ou dans la rue contre le pouvoir d’Erdogan et son parti l’AKP [Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 2002], d’une critique contre la politique menée par l’Etat concernant la question kurde ou encore de l’organisation d’une réunion pédagogique sur la question des droits de l’homme, ou bien même de n’avoir rien fait mais d’être l’objet d’une diffamation anonyme, pour qu’ils se retrouvent en prison dans la seconde. Car, comme vous pouvez le voir dans ce texte envoyé de prison, nous y jouissons d’une plus grande tranquillité et y trouvons plus de liberté. Ici nous n’avons pas peur du gouvernement. Ceux qui sont dehors vivent dans une prison à ciel ouvert.

    Je suis l’un des six candidats à l’élection présidentielle qui aura lieu le 24 juin prochain en Turquie. Cela n’a pourtant jamais été mon ambition de figurer dans l’histoire aux côtés des rares leaders politiques qui ont « candidaté à la présidence depuis leur cellule de prison ». C’est Erdogan qui en a voulu ainsi, pas moi. Après mon incarcération, un an s’est écoulé sans que je comparaisse devant aucun juge. Par la suite, cela est arrivé deux fois seulement. Je ne vois rien qui puisse me laisser croire que mon procès sera équitable. Si la justice s’exerçait dans le cadre prévu par la loi, j’aurais déjà dû être relaxé. Désormais, les juges peuvent faire traîner mon procès autant qu’ils en auront envie, ou bien me jeter en prison pour plus d’un siècle, suivant le bon plaisir du gouvernement.

    « SI FAIBLE SOIT MA CONFIANCE DANS LES INSTITUTIONS JUDICIAIRES, GRANDE EST MA FOI EN LA CAPACITÉ DU PEUPLE TURC À SE LIBÉRER LUI-MÊME ET À RENDRE SON INDÉPENDANCE À LA JUSTICE »

    Je n’attends rien, aucune justice, de la part de juges et de procureurs qui tremblent devant Erdogan. Or, si faible soit ma confiance dans les institutions judiciaires, grande est ma foi en la capacité du peuple turc à se libérer lui-même et à rendre son indépendance à la justice. Les quatre autres candidats se sont tous ouvertement prononcés pour que je sois relaxé. Pour nos concitoyens, cette situation a de quoi déconcerter. Car, si je suis coupable, comme Erdogan le martèle chaque jour dans ses meetings, ils se demandent comment il est encore possible que je sois candidat à la présidence. Et, si je ne suis pas coupable, pourquoi n’ai-je pas encore été remis en liberté ? La réponse à leurs interrogations est pourtant assez claire : moi en liberté, comme c’était le cas lors des élections du 7 juin 2015, le pouvoir sait qu’il y aurait quelqu’un pour faire virer au cauchemar les rêves autoritaires d’Erdogan, malgré toutes les pressions visant à m’en empêcher, malgré l’injustice du traitement qui m’est réservé.

    Dictature ou démocratie

    Bien que mes moyens soient limités, je continue à suivre de près la politique européenne. Force est malheureusement de reconnaître qu’elle ne fait pas grand-chose pour soutenir les citoyens de Turquie dans leur combat pour la liberté, dans leur prison à ciel ouvert. Ces élections qui auront lieu bientôt en Turquie exprimeront avant tout un choix entre la dictature et la démocratie. Or, même si l’on abandonne complètement le processus d’adhésion à l’Union européenne, l’avenir de la Turquie, en particulier dans ses versants sécuritaires, économiques, sans compter la question des réfugiés, tout cela intéresse directement l’Europe.

    Naturellement, je peux concevoir que les pays européens veuillent avant tout une Turquie stable politiquement et économiquement. Il est néanmoins pour moi inconcevable de ne pas voir que le régime autoritaire d’Erdogan, loin de favoriser la stabilité économique et politique, est la source même de l’instabilité la plus totale. Les gouvernements européens peuvent bien trouver dans sa politique des réponses, à court terme, à certains de leurs besoins, en matière d’économie ou de politique migratoire, quitte à fermer un œil sur les exactions antidémocratiques d’Erdogan, mais cela ne mène nulle part. Une crise économique profonde vient maintenant se superposer aux crises politiques que le règne autoritaire d’Erdogan, islamiste et nationaliste, a imposées à la société en la polarisant de manière systématique. Et, même si, au soir du 24 juin, Erdogan proclame que c’est la ruse et la pression qui ont gagné les élections, les multiples crises qui frappent la Turquie ne feront qu’empirer.

    Ceux qui se demandent comment Erdogan, l’homme qui a mobilisé toutes les ressources de l’Etat pour sa propre campagne, qui tient sous son contrôle 90 % des médias de Turquie, ne renonce devant rien pour rester au pouvoir, ceux-là n’ont qu’à suivre de près la polémique qu’il a déclenchée contre moi. Dans son meeting du 10 juin, il a promis à ses électeurs qu’il me ferait exécuter. Voici la question à poser aux leaders européens qui s’inquiètent du sort de la Turquie : avez-vous, sous prétexte qu’on ne peut pas revenir en arrière, à tel point abandonné les valeurs européennes que vous osez encore vous asseoir à la même table qu’un homme qui promet aux électeurs la tête d’un des candidats concourant avec lui à la présidence de la République ?

    Pour ma part, je peux dire, en mon propre nom et pour la cause du peuple, que je continuerai à m’opposer sans reculer d’un pas, quel qu’en soit le prix à payer. Car je sais qu’il y a en Turquie des dizaines de millions de gens qui luttent comme moi pour la paix et la démocratie, qui ne feront aucun compromis avec ce régime autoritaire. Aussi poursuivrons-nous notre combat pour l’égalité, la justice et la liberté, peu importe le résultat des élections.

  • Passe moi le Gülen, je te refile le Bureau-Kedistan
    http://www.kedistan.net/2017/08/12/passe-moi-gulen-je-refile-bureau

    @Ad Nauseam - Le régime AKP de Turquie utilise à plein les “institutions” et les “coopérations” européennes anti-terroristes pour organiser la chasse aux opposants. Un journaliste franco-turc a été fin 2016 placé en garde à vue en Belgique, suite à une demande de l’état turc via Interpol… Un écrivain et journaliste turc (...)

    #Kedistan / #Mediarezo

  • Réforme : Erdoğan jusqu’en 2029, c’est possible…-Kedistan
    http://www.kedistan.net/2016/11/17/reforme-erdogan-2029

    @Ad Nauseam - “La réforme constitutionnelle proposée en Turquie par le parti AKP afin d’étendre les pouvoirs du président permettrait à Recep Tayyip Erdoğan d’être élu président jusqu’en 2029, selon des responsables ultra-nationalistes qui ont consulté le projet de loi” annonce l’agence Reuters. Le prétexte donné est (...)

    #Kedistan / #Mediarezo

  • Syria conflict: Turkish ultra-nationalist suspected of killing Russian pilot may have ties to his country’s ’deep state’
    http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syria-conflict-turkish-ultra-nationalist-suspected-of-killing-russian

    Celik is a member of MHP (Millyetci Hareket Partisi or Nationalist Action Party), the political wing of the Grey Wolves. His father, Ramadan Celik, is a former MHP district mayor who has talked of his pride in his son’s decision to fight in Syria.

    The funeral Alparsian Celik attended in Istanbul was of Ibrahim Cucuk, who had held senior positions in the MHP: party members who have been killed at the same Syrian frontline include Burak Misinci, Selani Aymur and several others.

    The Grey Wolves have been accused in the past of being part of Turkey’s ‘Deep State’, a secret cabal of the country’s military and the extreme right-wing which conducted a secret war against its opponents: left-wing activists, trade unionists and Kurdish groups.

    The organization is pan-Turkic and its links with the armed forces would not make it natural allies of the ruling AKP party, which has been traditionally opposed to the country’s former military rulers and has put a large number of former senior officers on trial for allegedly planning coups.

    Celik, however, belongs to a faction of the MHP which puts more emphasis on Islam, and is said to have forged links with the Islamic government of President Erdogan. Ankara has been backing the Turkmen militias in Syria and projecting them as a counter-weight to Kurdish groups taking over territories being vacated by regime forces and Isis.

  • #Turquie | Selahattin Demirtas (HDP) : “Six millions d’électeurs nous ont mandatés pour la paix”

    Je relaie ici un texte, présenté comme suit par Zeynep Jouvenaux (@zjouvenaux) sur un autre réseau : Le 28 juillet dernier, Selahattin Demirtaş, le co-président du parti #HDP (parti de gauche visant à rassembler tous les peuples de Turquie, que le gouvernement en place veut faire interdire) a prononcé un discours mémorable lors de la réunion de son groupe parlementaire. En voici le texte intégral en français. Selahattin Demirtas est une chance non seulement pour la Turquie, mais pour toute la région. C’est la première fois qu’un politicien kurde déjoue tous les pièges communautaristes en Turquie, et se pose comme un acteur politique pour l’ensemble du pays. Très vivement recommandé ! (cc : @alaingresh)

    Cher-e-s ami-e-s,

    Durant la période électorale, nous avons tous vu, vécu, débattu ensemble des dangers qui menaçaient la Turquie. Nous avons travaillé, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour expliquer aux peuples ce que nous espérions pour la Turquie, ce que ces élections signifiaient. On l’a fait comme on le pouvait, avec nos moyens, avec sincérité. Nous avons dit clairement ce que nous avions comme projet à nos électeurs, à nos frères et sœurs, à nos concitoyens. A l’arrivée, nos concitoyens se sont rendus aux urnes pour exprimer leur volonté, malgré des conditions très hostiles et inégalitaires. Nous avions en face de nous un adversaire qui mobilisait tous les moyens de l’Etat, tous les fonds publics pour faire sa propre campagne. Malgré cela, nous avons obtenu 13 % des voix, six millions d’électeurs ont voté pour nous, nous ont fait l’honneur de mener ici, à l’Assemblée nationale pour défendre la justice, la démocratie, la paix, pour prendre le parti de ceux qui sont opprimés, exploités, des pauvres, des femmes, des jeunes. C’est pour cela que nous avons été mandatés.

    “Respecter la volonté des électeurs”

    Cher-e-s ami-e-s,

    Certaines difficultés que nous avons vécues lors de la période électorale ont été relayées dans les médias. Mais vous, qui travaillez sur le terrain, vous avez expérimenté tout cela de très près. La campagne électorale a été très difficile. Malgré cela, nous avons toujours affirmé que nous nous inclinerions devant les résultats, quels qu’ils soient. Notre parti, le HDP a toujours dit que même s’il restait en deçà du barrage des 10 % [ndt. en Turquie, un parti doit obtenir au moins 10% des votes au niveau national pour pouvoir faire entrer un député au Parlement. En deçà de ces 10 % au niveau national, les votes exprimés pour le parti ne comptent pas], il accepterait son sort. Nous avons dit : même si nous ne pouvons pas entrer à l’Assemblée nationale, nous continuerons de travailler, nous essayerons à nouveau, nous estimerons que c’est de notre faute, que c’est à nous de nous améliorer. En tant que dirigeants du Parti, nous nous sommes même engagés à démissionner en cas d’échec, à céder nos places à d’autres camarades, pour poursuivre le combat démocratique.

    Souvenez-vous, à cette période, le Premier Ministre alors en place [du parti AKP] faisait aussi campagne, et nous lançait des mises en garde en disant : « attention, si vous n’arrivez pas à franchir le barrage des 10 %, il ne faut pas venir pleurer. Engagez-vous dès à présent à respecter la volonté des électeurs. Quel que soit le résultat des urnes, soyez prêts à l’accepter ».

    “Ceci est un Coup d’Etat”

    Pourquoi je rappelle tout ça, cher-e-s ami-e-s ? Ceux qui ont déclaré qu’il ne pouvait y avoir de volonté individuelle au-delà de la volonté de la nation, ceux qui ont dit « nous sommes arrivés au pouvoir grâce à la volonté de la nation, si la nation veut notre départ, nous partirons », ceux qui, depuis treize ans, [ndt. AKP est au pouvoir depuis 13 ans] n’ont cessé de répéter le caractère souverain de la volonté de la nation, du peuple, des urnes dont ils tiraient leur légitimité, ceux-là ont décidé aujourd’hui de contrevenir à la volonté du peuple, de nier les résultats des élections, de faire un Coup d’Etat, de former un gouvernement de junte.

    Notre pays s’en est sorti haut les mains des élections législatives du 7 juin. La société a fait son devoir, nos concitoyens se sont rendus aux urnes. Malgré de nombreuses tentatives de fraude, et d’irrégularités dans des bureaux de vote, nos concitoyens ont voté. Le taux de participation était l’un des plus élevés de toute l’histoire de la République. Ces votes ont donné lieu à un nouveau Parlement. A travers leurs votes, les électeurs de ce pays ont demandé un gouvernement de coalition [ndt. AKP a perdu la majorité absolue aux élections du 7 juin, et n’est pas en mesure de former un gouvernement tout seul]

    Mais, ceux qui, depuis 13 ans, nous rabâchent qu’ils sont arrivés au pouvoir par la volonté nationale, ceux qui disent [ndt. Demirtas se réfère à Recep Tayyip Erdogan] “_j_e ne reconnais aucune tutelle, je ne reconnais aucune tentative de Coup d’Etat, moi j’ai lutté contre les Coups d’Etat, je n’en tolérerai aucune”, ceux-là même renient tous ces principes qu’ils faisaient mine de défendre, devant le succès électoral du HDP. Ils viennent de faire un Coup d’Etat. Après le 7 juin, contre la volonté du peuple, en Turquie, nous avons assisté à un coup d’Etat de Recep Tayyip Erdogan. Actuellement, nous avons une junte civile qui a pris possession des organes exécutifs, allant contre la volonté du peuple.

    Ils n’ont aucune légitimité. Leur pouvoir est illégal. D’où tirent-ils leur pouvoir, leur légitimité ?

    “Le gouvernement en place n’est pas légitime”

    Les décisions qu’ils prennent en ce moment même, comme celles de mener le pays à la guerre, ou de nommer des hauts fonctionnaires d’Etat, ou encore d’engager des dépenses sur des fonds secrets d’Etat... Sur quoi les fondent-ils ces décisions ? Le 7 juin, les électeurs vous ont retiré ce pouvoir. Depuis le 7 juin, vous n’avez pas la majorité pour former un gouvernement à vous seuls. Depuis le 7 juin, vous n’êtes pas autorisés à prendre ce genre de décisions tous seuls. Ceux qui agissent ainsi ont clairement fait un Coup d’Etat qui piétine les résultats des dernières élections du 7 juin. Nous en sommes là.

    Et il y a aussi les suiveurs de ce Coup d’Etat. Ceux qui se disent nationalistes [ndt. Demirtas se réfère ici au parti ultra-nationaliste de droite MHP] applaudissent des deux mains ce Coup d’Etat sans honte, sans vergogne. Souvenez-vous de ce qu’il [le chef du parti MHP] disait avant les élections, il disait « si un membre de notre parti se rend au Palais [du Président Erdogan], il sera radié ». C’était ça leur discours aux nationalistes. Mais hier, au Palais, ils étaient tous en garde-à-vous devant le Président.

    Alors ? Vous disiez que vous alliez demander des comptes à Bilal [le fils du Président Erdogan qui semble compromis dans diverses affaires de corruption], _regardez, vous n’avez pas eu Bilal, mais vous avez fini par donner votre Hilal [ndt. allusion au croissant de lune, symbole du parti ultra-nationaliste HDP, qui se dit « hilal » en turc)_

    “Notre seule faute est d’avoir obtenu 13% des voix”

    Cher-e-s ami-e-s, alors de quoi sommes-nous coupables ? Quelle est notre faute ? C’est d’avoir obtenu 13% des voix aux élections, d’avoir porté la volonté du peuple aux urnes et d’avoir donné lieu à la formation d’un nouveau Parlement. A part cela, on ne peut nous imputer aucun méfait. Nous avons lutté pour la démocratie, la fin des inégalités, pour que l’égalité et la liberté deviennent nos modes de vie pérennes dans ce pays. C’est pour cela, c’est pour la paix que les électeurs ont mandaté nos 80 députés aujourd’hui présents dans l’Assemblée nationale. Et dès le premier soir, dès le 7 juin, nous avons dit que nous étions prêts à servir la paix.

    Mais ceux qui ont clamé depuis des années lutter pour la paix, pour la résolution des conflits, pour la fraternité et l’unité des peuples de ce pays ; ceux qui ont solennellement affirmé qu’ils donneraient leur vie pour la paix, en buvant de la ciguë, en devenant des martyrs, ceux-là même nous ont démontré combien la paix ne signifiait rien pour eux en vérité, une fois qu’ils ont perdu leur majorité absolue après le 7 juin. C’est ça le sens de ce Coup d’Etat.

    L’accord de Dolmabahçe était une chance inédite pour ce pays. Le Président l’a renié”

    Souvenez-vous de l’accord de Dolmabahçe [ndt. en février 2015 un accord avait été trouvé entre les forces kurdes et représentants du gouvernement turc en vue du désarmement et de la paix. En mars 2015, le Président Erdogan a condamné cet accord commun, en reniant notamment une quelconque unité, ou entente entre les parties]

    Des délégations formées de nos députés, des représentants d’Imrali [ndt.référence à Abdullah Ocalan, le leader du PKK], des représentants du gouvernement et des députés d’AKP ont fait une déclaration commune. Cette déclaration de Dolmabahçe avait été un tournant crucial pour l’histoire politique turque. Cet accord, ce texte, ne sont pas à prendre à la légère. C’est quelque chose de très sacrée, très morale, très respectable. Je remercie encore une fois tous ceux qui y ont contribué. Chaque partie, que ce soit nos députés, les députés du AKP, les représentants du gouvernement et surtout Monsieur Öcalan qui a rendu possible cette annonce à travers sa ligne politique ferme, chacun d’entre eux mérite nos remerciements. Car, à travers cette déclaration, ils ont remis les clés de la paix aux peuples de Turquie. Ils ont libéré la paix prise en otage par toutes ces puissances qu’on qualifie tantôt d’étrangères, d’obscures, de secrètes, d’agents provocateurs nationaux ou internationaux. Bref ils ont écarté tous ceux qui ont été désignés comme les ennemis de la paix à un moment donné, et ils nous ont confiés cette paix à nous, aux peuples de Turquie. Voilà le sens de l’accord de Dolmabahçe. Cet accord n’était pas une trahison, ni une division du pays. C’était un manifeste, une feuille de route pour la fraternité, la libération de tous, la démocratie et le désarmement. Et nous, forts du mandat que le peuple nous a accordé après les élections du 7 juin, nous avons voulu immédiatement mettre tout cela en œuvre. Nous avons dit que nous respecterions ces principes quels que soient les partis qui allaient former le gouvernement. Nous avons apporté notre soutien à la paix et avons dit qu’on était prêt à collaborer avec tous les partis dans ce sens.

    Le Président de ce pays ne désire pas la paix

    Cher-e-s ami-e-s,

    Nous avons tous suivi avec attention comment ils se sont désolidarisés de l’accord de Dolmabahçe au bout d’une semaine, comment ils l’ont renié. Monsieur le Président a immédiatement réprouvé, contesté cet accord, en allant même critiquer jusqu’à la photo où toutes les parties posaient ensemble. Il a même nié l’existence des pourparlers pour la paix, en déclarant que, de toute façon il n‘y avait même pas de problème kurde dans ce pays. Je le comprends ceci dit. Il s’est fait construire un somptueux palais. Il l’a richement décoré. Il vient de s’y installer à peine. Il a des envies, des ambitions, il aime les titres, la gloire, le pouvoir, l’argent. Or la paix, la résolution des conflits internes, la démocratie, tout cela signifierait pour lui de perdre tout ça. Donc, lui, je le comprends.

    Mais j’ai beaucoup de mal à comprendre tous ceux qui avaient apposé leur signature à cet accord. Tous ces responsables d’Etat qui ont participé aux pourparlers, puis ont fait cette déclaration. Ils ont travaillé jour et nuit pour arriver à cet accord. Alors pourquoi l’ont-ils laissé tomber ? Comme nous, vous y avez passé du temps, donné votre énergie. Nous n’avons rien fait d’illégal, ni d’immoral. Nous avons fait ensemble et publiquement la promesse de la paix aux peuples de Turquie. Et nous n’étions qu’à un pas de la réalisation de cette promesse. Il ne restait plus qu’une semaine pour que tout aboutisse. Aux membres de l’AKP, au Premier Ministre à Monsieur le Président qui nous somment de faire des déclarations pour prouver encore et encore que nous sommes pour la paix. A ceux qui nous reprochent de nous nourrir de terrorisme, de sang, de conflits, je voudrais rappeler cet accord de Dolmabahçe.

    Il ne nous restait plus qu’une semaine, dix jours, pour résoudre de manière stable et pérenne le plus gros problème de la Turquie, pour arrêter le sang qui coule depuis 40 années. Nous avons travaillé, mené ces pourparlers pendant deux ans et demi. Il nous restait 10 jours pour aboutir. Pourquoi y avez-vous renoncé ? Pourquoi vous n’annoncez pas publiquement les raisons de votre désengagement de cet accord ? Pourquoi, pourquoi y avez-vous renoncé ? Imaginez-vous. Il y une organisation armée, le leader de cette organisation [référence à PKK et à Abdullah Öcalan] annonce qu’il va faire un appel à tous ses guérillas, les rassembler dans la semaine qui suit dans un congrès exceptionnel pour leur dire de déposer les armes définitivement. Nous, nous nous sommes réjouis de cette nouvelle. Pourquoi, vous, vous avez paniqué à cette nouvelle ? Monsieur le Président, pourquoi avez-vous paniqué devant la perspective que le PKK dépose les armes ? C’est vous qui avez empêché de déposer les armes ! On a l’impression que si aujourd’hui les membres du PKK quittaient leurs montagnes pour déposer leurs armes, le Président Erdogan leur bloquerait le passage, en leur disant « mais je vous en prie, regagnez la montagne, poursuivez la lutte armée ». Car il n’a pas l’intention d’aboutir à la paix. Je le dis très clairement, il faut que ceci soit très bien compris par tous nos frères et sœurs, par nos concitoyens, par tous ceux qui vivent en Turquie : le Président de ce pays a stoppé le désarmement du PKK, a tout fait pour l’en empêcher.

    Alors que nous étions parvenus à un point déterminant avec l’accord de Dolmabahçe, il a tout balayé d’un revers de la main, en anéantissant tous les fruits des pourparlers. Il a mis fin au processus de paix. Car, tous les sondages d’opinion lui ont démontré que si la paix se réalisait, cela serait contraire à ses intérêts, que la paix serait un obstacle pour lui, l’empêcherait d’obtenir le changement de la Constitution au profit d’un régime présidentiel, comme il le souhaite. Alors il s’est dit : « à quoi bon ces négociations, ce processus pour la paix si cela m’empêche d’instituer le régime présidentiel ? »

    Ceux-là même qui nous qualifient de traîtres à la patrie, de séparatistes, de terroristes, ont livré ce pays dans les flammes de leurs propres mains.

    ~Regardez, je l’exprime en jurant sur tout ce en quoi je crois, toutes mes valeurs sacrées. La situation est aussi claire que cela. Toute la population devrait agir en sachant cette vérité simple.

    “Il n’y a aucune menace séparatiste”

    Il n’y avait pas de menace de séparation, ni de guerre, cette menace n’existe toujours pas. L’organisation appelée PKK a abandonné la stratégie de séparation il y a 20 ans de cela. Il n’existe pas de menace ni la peur de séparation dans le pays. Elle a annoncé qu’elle allait faire un congrès pour le désarmement. De quelle menace parle-t-on ? Il n’y avait donc pas de menace, la seule chose que vous deviez faire, la plus importante et honorable, c’était de maintenir les négociations pour arriver à un résultat final en une semaine ou 10 jours. Maintenant, si on avait fait la paix avec le PKK, si, de facto, la force du PKK n’était plus une menace pour la Turquie, et c’était possible... Ça aurait pu arriver en février. On aurait pu mettre ça en œuvre de facto en mars. Qu’est-ce qui se serait passé dans ce cas, cher-e-s frères et sœurs ? Une Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, une Turquie qui serait sortie de la menace armée du PKK, elle aurait pu se mettre à respirer à l’intérieur comme à l’extérieur, réfléchissez-y. Ainsi, elle aurait pu devenir un acteur de la paix pour tout le Moyen Orient. A ce moment-là, fallait-il se battre contre l’EI ? Cette Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, aurait pu se battre, avec le PKK, contre l’EI.

    Cela est politiquement possible, est éthiquement juste et légitime aux yeux de la population, on aurait pu donc le faire. Mais ils n’ont pas préféré ceci. Car Erdogan a bien dit qu’ils avaient besoin de 400 députés, donnez-nous 400 députés et vivez sereinement, tout se passera bien, sans embrouilles, c’est ce qu’il a dit. Si vous ne les donnez pas, il n’y aura pas de paix pour vous dans ce pays. Regardez, cher-e-s ami-e-s, nous avions prévu les délires qui nous attendaient quand nous nous étions fixés le but de franchir le barrage des 10 %. Et nous avons essayé de vous expliquer lors de nos réunions, dans nos appels à notre peuple, comment, dans cette folie, ils allaient nous conduire vers le feu.

    Ağrı Diyadin, les provocations pendant la période des élections, l’attentat lors du rassemblement, pour la campagne électorale à Diyarbakir, les attaques fascistes à Erzurum, les attentats à Adana, Mersin, les attaques contre les 176 permanences de notre parti. Tout cela était les signes de cette folie.

    “Toutes les victimes sont nos frères et soeurs, nos enfants”

    Maintenant, je suis sûr que les peuples de Turquie voient mieux dans quelle situation ces gens sont capables de nous plonger. Cher-e-s frères et sœurs, nos mères qui ont envoyé leurs enfants faire leur service militaire, nos mères dont les enfants sont des policiers, leurs pères... Ce sont nos enfants, nos frères et sœurs. Les enfants des personnes avec qui nous devons vivre en fraternité sur ces terres, nos frères. La mort d’un seul parmi eux ne pourrait nous faire sentir que de la douleur, que de l’amertume...

    “Ces jeunes ne meurent pas pour défendre la patrie, ils sont sacirifés pour les intérêts du Palais présidentiel”

    Mais ces mères et pères devront savoir : ils n’envoient pas ces enfants à la mort pour la patrie, c’est pour défendre le Palais que les cadavres de ces enfants arrivent entourés de drapeaux turcs. Pour le Palais, pas pour la patrie. Cette patrie appartient à nous tous. Si elle est menacée défendons-la ensemble, main dans la main. Si notre patrie est attaquée par l’ennemi, luttons ensemble, nous l’avons déjà fait plusieurs fois dans le passé. Nous l’avons fait en 1071, dans les années 1920. Faisons-le ensemble encore une fois aujourd’hui, défendons la patrie ensemble mais que personne ne nous demande de sacrifier nos enfants pour les profits d’un parti, encore moins pour le règne et la puissance d’une seule personne. Vous devrez aussi hausser votre voix.

    Des enfants, ça ne s’élève pas facilement. Nous sommes, la plupart, des parents. Nous voyons dans quelles difficultés grandissent nos enfants.

    Ne les sacrifions pas pour les bénéfices d’un palais, ni pour ses ambitions ni pour son pouvoir. Il ne s’agit aucunement de la défense de la patrie. Il n’existe pas de menace. Ce sont des tromperies. Alors que nous étions à un seul pas de la paix, au lieu de franchir ce pas et d’attraper la paix, ils ont préféré cette méthode. En ce moment, cher-e-s ami-e-s, malheureusement les corps des défunts arrivent de tout part. Ils arrivent des montagnes, des vallées, des villes, des villages, des places publiques. Ils arrivent dans les mosquées, dans les Cemevi, [lieu du culte des alévi]. Mais ce sont, tous, les enfants de ce peuple. Et ce complot, cette sale combine est calculée de telle manière que le sang coulera.

    “Les sales combines du pouvoir”

    Les Kurdes mourront, les Turcs mourront, les membres du PKK mourront, les soldats mourront, la police mourra. Les civils mourront. Et c’est le HDP qui sera tenu pour responsable pour tout ce sang versé, à travers des opérations de manipulation psychologique que l’AKP déploie comme des armes de guerre. C’est ça le calcul, la sale combine. En ce moment, avec GLADIO, l’organisation qu’ils ont créée, liée au palais, ils mettent en place une sale guerre. Cher-e-s ami-e-s, l’Etat a une méthode, une stratégie, les Etats font aussi des opérations secrètes. Tous les Etats le font, il n’existe point d’Etat propre. Ils le font. Ils le font faire aux services secrets de renseignement, ils font des réunions secrètes, mais Erdogan, il n’utilise même plus que l’Etat. Il a sa propre organisation, son propre budget, son propre argent. Il a ses fonds secrets et même en dehors de ça, il a son propre argent. Les renseignements arrivent directement à lui. Pas aux registres officiels du MIT (Service Secret de Renseignement National), c’est lui qui reçoit toutes les informations secrètes. Il décide de tout avec son équipe, son cercle restreint. Ils mettent en place des forces de contre-insurrection. Il a sa propre force de police, sa propre justice, ses propres médias. Il a ses propres "trolls" de guerre sale, des réseaux sociaux, et ils sont salariés. Et il a tous mis en activité. Opérations contre les syndicats, à EĞİTİM-SEN ( le syndicat de l’éducation), opérations contre la jeunesse, guerre psychologique contre le HDP. Ordre au procureur général de la Cour Suprême de la République pour ouvrir une procédure de fermeture de notre parti. Préparations dans plusieurs domaines d’un complot avec des raisons quelconques. Tentatives de criminalisation du HDP en créant des preuves de pacotille pour préparer un complot, comme celui concocté contre notre cher député Faysal SARIYILDIZ. Tout ceci est mis en place par l’organisation GLADIO. Cher-e-s ami-e-s, savez-vous quand est-ce que le feu vert a été donné pour tout ceci, après les élections ? Au massacre de Suruç. Celui qui a fait le massacre de Suruç est aussi GLADIO, cette organisation privée. Je vais m’exprimer cher-e-s ami-e-s.

    Les messages du massacre de Suruç

    Que s’est-il passé là-bas ? Des jeunes révolutionnaires brillants ont été massacrés par le biais d’un pauvre diable qui avait rejoint les rangs d’EI mais qui répondait directement à GLADIO, qui était à son service. 32 précieux enfants de ce pays ont été massacrés, mis en morceaux. Premier résultat qu’ils souhaitaient obtenir, c’est de donner le message suivant aux révolutionnaires de ce pays : Si vous maintenez votre solidarité avec Kobane et Rojava, on vous réduira en morceaux. Le second était adressé aux peuples de Turquie s’étant réunis autour du HDP : Si vous continuez à vous assembler autour du HDP, on vous réduira en morceaux. Le 3ème message était au HDP, si vous insistez sur votre politique, on mettra vos jeunes en morceaux. Le 4ème résultat : ils se sont posés comme les victimes de l’EI. Un gouvernement, dont le soutien à l’EI est connu du monde entier, s’est montré comme victime de l’EI grâce à cette sale combine, ce sale massacre.

    Les leaders du monde entier appellent Monsieur le Président pour lui exprimer leurs condoléances mais lui, vu qu’il est victime de l’EI, il n’appelle aucune famille pour exprimer ses condoléances. Regardez-moi cette victime de l’EI. Regardez cette sale combine. Tout de suite après, cher-e-s ami-e-s, deux agents de police dans ont été exécutés dans leur sommeil. C’est une affaire crapuleuse, quoi qu’on en dise.

    “Un piège pour tous les peuples de Turquie”

    Ça fait aussi partie de la provocation. Le meurtre du soldat tué à Adıyaman reste aussi une affaire obscure, pas encore élucidée. Regardez, tout ceci arrive dans le même jour ou dans les jours qui se suivent. Et en partant de cela, on appuie sur un bouton pour une opération militaire et politique préparée et organisée bien avant. Ils font quelques sorties contre l’EI juste pour sauver les apparences, afin de se montrer au monde entier comme victime de l’EI et dire qu’ils font la guerre contre l’EI. Mais en vérité, ils utilisent ceci pour cacher leur opération contre le HDP. La vraie grande opération est contre le HDP. Ils bombardent Kandil avec des avions de guerre et attisent le feu en espérant que leurs adversaires vont répondre par des contre-attaques. Et les résultats de tout cela, ils veulent les mettre sur les épaules du HDP. A une potentielle future période d’élections, ils diront ceci aux peuples de Turquie : Voilà, vous avez voté pour ces terroristes, pour ceux qui ont massacré nos soldats et nos agents de police. Regardez, c’est eux qui ont mis le pays en guerre. Le complot est aussi clair que ça. Si les peuples de Turquie ne prennent pas position face à ce calcul si clair, s’ils n’y arrivent pas, si nous n’avons pas le courage d’élever la voix en unison pour la paix, cette sale combine continuera. Mais si tous ensemble, nous disons que que nous ne voulons pas de guerre, que nous ne les laisserons pas faire la guerre, les deux adversaires devront immédiatement sortir de leurs positions de conflit. Si nous leurs disons : nous n’avons pas trouvé nos enfants dans la rue.

    “On peut lutter tous ensemble, tous unis”

    Nous ne les avons pas élevés pour qu’ils soient victimes de votre règne au palais, cela s’arrêtera. Ils abandonneront s’ils voient qu’ils perdent des votes. Les votes, ce sont les votes qui nourrissent leurs veines. Comme si ces votes leur étaient donnés par perfusion. Au moment où vous la retirez, le danger s’arrête. Que les peuples de Turquie n’aient pas peur ! Le HDP est une grande chance pour ce pays, cher-e-s ami-e-s. Une grande chance pour l’unité et la fraternité dans ce pays. Une grande chance pour la paix au Moyen-Orient. Regardez ceux qui nous attaquent. Regardez leur manière de faire. Regardez les arguments qu’ils utilisent. Vous verrez mieux toutes ces vérités si claires.

    Regardez un peu le comportement de ceux qui parlent d’une Démocratie Avancée, ceux qui disent que dans la nouvelle Turquie, tout est désormais magnifique... Pendant trois jours, le cercueil d’une jeune femme alévie n’a pas pu quitter le Cemevi du quartier de Gazi encerclé par les forces de l’ordre. Cette jeune femme n’a pas pu avoir de funérailles durant trois jours. Pendant trois jours, ils ont attaqué les croyances sacrées des gens, leur foi, avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, en souillant leur lieu de culte.

    Treize cadavres ! Les cadavres de treize jeunes, ayant perdu la vie à Kobané, attendent depuis 4 jours au poste-frontière de Habur sous 45-50 degrés... Ils ne les acceptent pas en Turquie. Ce sont des citoyens de la République de Turquie. Ce sont les cadavres de héros ayant combattu avec honneur à Kobané. Les cadavres de ces héros qui ont résisté contre votre armée de violeurs, sont bloqués depuis 4 jours là-bas sur ordre du Premier ministre.

    Soixante jeunes sont placés en garde à vue à Urfa. Trois d’entre eux, cher-e-s ami-e-s, furent torturés de manière atroce. Dès le début de leur garde à vue. Ecoutez attentivement. Les membres d’une unité spéciale de la Préfecture de police d’Urfa ont emmené l’un d’entre eux dans un terrain vague, lui ont mis un sac en tissu sur la tête en l’étouffant. Ils l’ont déshabillé entièrement, ils lui ont mis un couteau sous la gorge. Ils lui ont dit : « nous sommes le DAECH, c’est nous le DAECH. » Tout ça figure dans la déposition de ce jeune homme torturé.

    Ils lui ont fait creuser une tombe. Je ne vous parle pas des années 1990, je vous parle de la semaine dernière. Ils l’ont torturé, lui ont infligé des traitements totalement contraires à la dignité humaine que je ne peux pas vous décrire ici, un traitement si inhumain que la victime ne veut pas que le récit des sévices qu’elle a subis soit fait ici. La semaine dernière, en Turquie. Sous le gouvernement AKP. Sous cette mascarade qu’ils appellent la Démocratie Avancée. Si nous n’unissons pas nos efforts cher-e-s ami-e-s, ils vont généraliser ceci à l’ensemble du pays. Nous allons avoir des funérailles chaque jour, un jour un membre du PKK, un autre jour un soldat, le lendemain un policier, le surlendemain un jeune, un autre jour une femme... Ils vont nous laisser porter le poids des cercueils sur nos épaules, nous monter les uns contre les autres pendant qu’eux continuent à savourer leur règne tyrannique, en profitant de l’argent qu’ils ont volé en dépouillant ce pays.

    Pourquoi veulent-ils faire interdire notre Parti ?

    C’est précisément pour cette raison qu’ils veulent faire interdire notre parti, le HDP.~ C’est la raison pour laquelle le HDP représente une menace pour eux. Vous voulez la paix ? C’est l’affaire d’une seule journée. M. Öcalan, que vous détenez en isolement, allait lancer son appel, si vous aviez respecté l’accord de Dolmabahçe. Vous voulez la paix ? Alors pourquoi vous faites des raids avec 40-50 avions de guerre ? Avec une seule de vos directives, vous arrivez à faire décoller cinquante F16 tous les jours. Alors pourquoi aucun bateau ne part pour l’île-prison d’Imrali ? Les avions de guerre ne sont jamais en panne mais le bateau d’Imrali est en panne depuis des années. La paix se trouve sur la trajectoire de ce bateau. C’est une question de bon sens. Si nous avons promis la paix à notre peuple, nous allons respecter notre parole cher-e-s frères et sœurs.

    ~Nous avons eu 13,1 % de voix de paix des peuples de Turquie. Nous avons eux des voix pour la tranquillité. Nous allons évidemment faire le nécessaire, nous allons prendre nos responsabilités. Nos consciences nous l’ordonnent. Le peuple nous l’ordonne. Notre éthique politique nous l’ordonne. Nous n’allons pas tomber dans ce piège, nous n’allons pas céder face à leurs bassesses. Quoi qu’il arrive cher-e-s ami-e-s. Cher-e-s camarades député-e-s, tou-te-s nos ami-e-s du parti. Nous n’allons pas faire de concession sur notre discours de paix. Ils vont nous provoquer, nous attaquer. Leur but est d’éloigner le HDP de sa ligne actuelle fondée sur ses principes. Attention ! C’est le plus grand piège. Evitons-le.

    Leur seul moyen pour revenir à un gouvernement de parti unique est de dissoudre le HDP. Les partis sont créés et dissous par le peuple. Ceux qui nous ont donnés 13% des voix aujourd’hui, pourraient demain nous en donner que 1%. Nous respecterons ceci. Nous considérerons notre parti comme dissout. Mais nulle part dans le monde, aucune décision de justice n’a pu dissoudre réellement un parti. A vous de voir.

    “Levons toutes les immunités parlementaires”

    Vous parlez d’immunité ? Demain, avec 80 collègues député-e-s, nous déposerons nos demandes au parlement pour la levée de nos propres immunités parlementaires. En êtes-vous capables, à votre tour ? Allons-y. Si vous n’avez pas peur, levons tous ensemble nos immunités parlementaires. Nous n’avons rien à nous reprocher, nous n’avons pas peur. Nous n’avons rien volé, nous n’avons rien pillé, nous n’avons pas tué. Nous ne cachons rien à personne. Bien que la justice soit à votre solde, allons-y ! Levons tous ensemble l’immunité parlementaire des 550 députés. Nous allons dire oui. Nous allons dire oui à la levée de nos propres immunités parlementaires. Nous n’avons pas peur de vous. Nous ne nous attendons pas à ce qu’Azraël nous rende la vie...

    Nous faisons confiance à notre peuple. Nous avons toujours dit, nous avons notre Dieu et nous avons notre peuple. Nous avons lutté en y puisant notre force, c’est grâce à cela que nous en sommes là aujourd’hui. Nous allons enrayer cette guerre en résistant ainsi. Nous n’allons pas te laisser faire la guerre dans ce pays.

    Cher-e-s ami-e-s, des moments difficiles nous attendent dans les prochains jours. Nous avons une mission, nous sommes des serviteurs de notre cause. Si nous réussissons à serrer les coudes, à agir ensemble dans la rue, dans les quartiers, dans les usines, jusqu’à dans l’assemblée, dans le respect de nos principes et de nos valeurs, si nous menons une résistance pour la paix, nous allons réussir à arrêter toutes ces sales politiques. Soyez-en sûrs. Nous n’allons jamais céder. Ils ne verront dans nos yeux ni la peur, ni la panique, ni la crainte. Ils en rêveront, mais leur rêve ne se réalisera jamais. Nous ne nous agenouillerons jamais devant eux, nous ne clignerons pas d’un œil. Nous serons aussi déterminés. Nous nous devons d’être clairs en cette période.

    “HDP est le parti des kurdes, des turcs, des turkmènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sunnites, des alévis, des chrétiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvriers, des agriculteurs, des académiciens.”

    Ce groupe parlementaire représente toutes les personnes qui ont une conscience dans les quatre coins du pays. Nous avons parmi nous des kurdes, des turcs, des turkmènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sunnites, des alévis, des chrétiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvriers, des agriculteurs, des académiciens. En somme, nous sommes le prototype des peuples de Turquie. C’est ça la Turquie. Et ce groupe parlementaire représente la conscience de la Turquie. Nous ne les laisserons pas piétiner cette conscience. Nous allons en payer le prix quel qu’il soit. Notre peuple, nos frères et sœurs ne porteront plus ce fardeau. Nous ne laisserons pas la guérilla se faire tuer, nous ne laisserons pas le soldat ou le policier se faire tuer. Aucun de ces meurtres n’est et ne sera acceptable à nos yeux. Que ceux-là ne fassent pas les frais, qu’ils n’aient pas à payer, ni de leur vie, ni de rien. Nous sommes là pour ça. Nous avons le mandat du peuple pour payer le prix fort ; c’est la raison pour laquelle ils ont voté pour nous. Nous sommes prêts à payer le prix qu’il faut. Mais ceux qui luttent contre nous, ceux qui nous considèrent comme des ennemis, devront être aussi courageux que nous. Sinon ils perdront et vous verrez bien qu’ils perdront.

    Nous allons le voir tous ensemble. Ils vont perdre face à cette résistance. La volonté pacifique de la Turquie triomphera.~ L’avenir libre de la Turquie vaincra. Pour ce faire, il nous suffit de ne jamais oublier autour de quel principe fondateur du HDP nous sommes réunis. Ils essayeront de nous démoraliser, nous allons rester droits. Ils essayeront de nous faire oublier nos peines, ils se moqueront de nos morts, nous resterons droits. Ils nous feront sentir la discrimination, nous resterons droits. Ils essayeront de nous marginaliser, nous resterons droits. Ils se fracasseront contre notre intégrité. Vous allez voir, ils perdront. Nous allons débarrasser la Turquie de la junte de l’AKP. Nous allons nettoyer la Turquie de cette mentalité de coup d’Etat. Si nous sommes tous d’accord, si nous répondons présents à la Nouvelle Vie, alors bon vent à nous tous. Je vous remercie beaucoup et nous souhaite beaucoup de réussite sur le chemin que nous empruntons.

    • Il est à présent menacé de 24 ans de prison par la justice turque, ainsi que la co-présidente du HDP, Figen Yüksekdağ.
      Selon Henri J. Barkey, directeur des études sur le Proche-Orient de l’institut américain Wilson Center interviewé par l’hebdomadaire allemand Die Zeit, "le combat contre le PKK n’est qu’une diversion, la cible du gouvernement Erdogan est le HDP".

      Le HDP est le premier parti réclamant plus de droits pour la communauté kurde qui est arrivé à entrer au parlement début juin. Il était arrivé à remporter des voix de nombreux électeurs non-kurdes, fatigués de l’éternelle exclusion et de la polarisation entre Turcs et Kurdes. Les 13% du HDP ont coûté au AKP, le parti de M.Erdogan, sa majorité gouvernementale et à Erdogan lui-même une grande partie de son pouvoir. Un nouveau gouvernement n’est toujours pas formé en Turquie.

      « le combat contre le PKK n’est qu’une diversion, la cible du gouvernement Erdogan est le HDP », dit Henri J. Barkey, directeur des études sur le Proche-Orient de l’institut américain Wilson Center . Pour Barkey, l’offensive militaire actuelle poursuit avant tout des buts de politique intérieure. "Erdogan joue un jeu très cynique. Depuis les élections, il est prêt à tout pour aider l’aKP à regagner son pouvoir".

      Avec de nouvelles élections qui seraient nécessaires si fin août il n’y avait toujours pas de coalition, le HDP pourrait, selon le plan Erdogan, retomber sous la barre des 10%, et ainsi être éliminé du parlement. Il suffirait de quelques points, d’une petite part d’électeurs qui se laisseraient attraper à nouveau par la rhétorique habituelle, mais déclamée à présent avec une rage renouvelée d’Erdogan : il faut que nous nous serrions les coudes contre les terroristes kurdes. C’est pourquoi Erdogan et son entourage essaient à chaque occasion d’effacer les frontières entre le HDP et le PKK."

      (extrait de l’article, trad.-minute I.B.)
      http://www.zeit.de/politik/ausland/2015-07/tuerkei-erdogan-friedensprozess-kurden-hdp

    • Vrai ou faux : La Turquie se sert-elle de l’#EI comme prétexte pour combattre les Kurdes ?

      ISTANBUL, 14 août 2015 (IRIN) - À la fin du mois de juillet, la Turquie a lancé des frappes aériennes contre l’autoproclamé État islamique (EI). Les États-Unis ont salué cette initiative, la considérant comme un tournant dans la mise au point d’une stratégie conjointe pour lutter contre le groupe islamiste.

      http://www.irinnews.org/fr/reportfrench.aspx?ReportID=101865

  • Istanbul 2023
    Yoann Morvan et Sinan Logie

    http://editions-b2.com/les-livres/40-istanbul-2023.html

    Métropole émergente du XXIe siècle, l’ancienne Byzance connaît actuellement de profondes transformations sous la houlette de Recep Tayyip Erdoğan et de son parti, l’AKP. Cette métamorphose de Constantinople, à l’aube du centenaire de la République turque (2023), est particulièrement visible sur les franges de la mégapole du Bosphore. À la manière de Mike Davis « excavant le futur » de Los Angeles (City of Quartz), Istanbul 2023 est un ouvrage pionnier, dévoilant les mirages de grandeur de celle autrefois capitale de l’Empire ottoman. L’arpentage mène le lecteur hors des sentiers battus, loin des clichés entretenus par les édiles ou les promoteurs touristiques : une entité urbaine tentaculaire, sans qualité, détruisant toujours davantage ses magnifiques aménités.

    #urbanisme #istanbul #métropole #erdogan

  • Head of Turkey’s housing agency replaced amid reshuffle in bureaucracy
    http://www.hurriyetdailynews.com/head-of-turkeys-housing-agency-replaced-amid-reshuffle-in-bureauc

    Karabel has been dismissed after three years at the helm of the Housing Development Administration (TOKİ), which has overseen the Justice and Development Party (AKP) government’s breakneck efforts to build housing units anywhere and everywhere.

    AKP Istanbul Municipality Assembly member Mehmet Ergün Turan has replaced Karabel, according to an announcement in the Official Gazette.

    Karabel’s name recently came to agenda when an audio recording alleged to be between himself and Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan was leaked on social media.

    In the alleged conversation, a man claimed to be Erdoğan lashes out at another man thought to be Karabel for selling “valuable land” on the Asian side of Istanbul to another company outside of his knowledge. The prime minister orders Karabel to inform him about all acquisition opportunities, according to the tape

    #TOKI
    #Turquie
    #corruption

  • Muftah » Why the Gezi Park Protests Do Not Herald a Turkish Spring (Yet)
    http://muftah.org/why-the-gezi-park-protests-do-not-herald-a-turkish-spring-yet

    Themes like ‘Turkish Spring‘ and ‘Taksim = Tahrir’ were manifest in the many analyses and expressions of solidarity with the Turkish protesters.

    These comments, however well intentioned, reflect a poor understanding of Turkey’s political economy under the AKP government, as well as the main driving force behind the Gezi Park protests.

    These realities make recent developments in Turkey fundamentally different from protests that broke out in Egypt and Tunisia in 2011.

    One simply needs to look at the youth attending the protests and, more importantly, at the youth who are absent from these demonstrations to realize that unlike the ‘Arab Spring’ uprisings this is not a mass popular movement supported by broad segments of society.

    Mass labor protests, like those that preceded and directly influenced the April 6th movement in Egypt, are largely absent from Gezi Park. Disenfranchised, jobless youth from the slums have generally stayed away from the demonstrations so far. Pious girls with headscarves who want more liberties are also absent.

    As long as these girls in headscarves, mechanics, poor vendors, construction workers, and jobless Anatolian youth are not protesting in Taksim Square, a comparison with Egypt’s Tahrir Square is misplaced.

    Upper Class Revolt

    The youth demonstrating in Gezi Park and in solidarity protests in secular bastions across Turkey hail from several groups opposing Erdogan. Nevertheless, young people from the country’s mainly upper-class, secular ‘white Turk’ social strata are the key driving force.

    In this sense, these demonstrations represent one of the last convulsions of the old ‘secular’ elites, who have been waging, and losing, a bitter battle against the rising Anatolian nouveau-riche that make up Erdogan’s AKP.

    The fact that protesters did not remove representatives from the main opposition party, CHP, who were present at yesterday’s Gezi Park demonstration is telling

    CHP is just as neoliberal and autocratic as AKP and has a similarly dismal governing record when it comes to human rights. In contrast to the Erdogan government, however, CHP represents Turkey’s old ‘secular’ elite. In fact, the party had approved and ratified the Gezi Park development plans, a fact that went without mention by people who welcomed its attempt to piggy back on the protests.

    (...)

    Conclusion: No Turkish Spring

    Erdogan is no Mubarak. The AKP is a populist party that was voted into power in free and fair elections, and has been successful in appeasing and expanding its base.

    The Gezi Park protests do not herald a ‘Turkish Spring,’ at least not yet. Instead, the protests and Erdogan’s violent defiance are likely to further divide an already extremely polarized country.

    Amass popular uprising in Turkey will only occur when the bubble economy bursts, which is bound to happen sooner or later. Perhaps, then, the ‘Turkish Spring’ will be upon us.