organization:conseil de coopération du golfe

  • _Voilà ce qui était pensable et a été écrit, dans une discussion sur un forum, en décembre 2011. Les "erreurs" des analystes peuvent se juger à l’aune de cela. La différence de ceci avec les "analyses" plus ou moins savantes que l’on nous a servies repose sur deux choses : la considération de la centralité du conflit israélo-arabe en géopolitique et une connaissance approfondie de ce que sont les révolutions colorées - dont les révoltes arabes ont été un avatar - comme technique de changement de régime, et de leurs conditions de réussite.
    Tout l’appareillage conceptuel sociologique ou politologique, ou de celui d’une de ses branches, l’islamologie, n’était en fait que de peu d’intérêt à côté de cela pour parvenir à une analyse au moins assez juste. Une connaissance un peu intime de la Syrie n’a pas fait de mal non plus.

    Cette analyse prévoyait dès fin 2011 :
    – le développement du jihadisme en Syrie et un accroissement de la violence
    – que les "printemps arabes" pourraient mener la Tunisie à un régime représentatif mais pas l’Egypte et encore moins la Syrie
    – que l’opposition syrienne (politique comme militaire) allait devenir otage d’intérêts étrangers car elle n’avait pas les moyens par elle-même de faire tomber le régime
    – que l’ASL n’était que la couverture de service étrangers
    – que la fracture confessionnelle (chiite/sunnite) allait s’aggraver au Moyen-Orient du fait de la guerre en Syrie
    – que le Conseil de Coopération du Golfe allait mettre sous tutelle l’ensemble du monde arabe
    – qu’Assad ne pouvait tomber qu’à la suite d’une guerre civile et internationale dévastatrice qui ne pouvait mener qu’à un Etat failli (modèle libanais ou irakien) et qu’il n’était d’ailleurs pas du tout sûr qu’il tombe
    – que la seule sortie de crise possible, si Assad ne gagnait pas, serait une négociation directe entre acteurs syriens parrainée par les acteurs étrangers au conflit (notamment Russie / USA) à laquelle ceux-ci en viendraient du fait de leur exposition aux risques d’extension régionaux et internationaux du conflit

    Sur les causes du conflit syrien :
    RESPONSABILITES PARTAGEES
    De mon point de vue le régime a malgré lui apporté la flamme à la mèche. Mais le stock de poudre, que cette mèche a fait exploser, n’est pas totalement de son fait. Cette poudre explosive, c’est vrai, c’est à la fois la corruption de cercles dans le régime (les Makhlouf sont l’exemple le plus connu), une certaine forme de confessionnalisme (parfois aussi exagérée), son absence de réformes politiques réelles depuis une décennie, la brutalité réelle de ses services, l’ambiguïté de la réussite des réformes économiques de Dardari (qui maintenant se pavane au Liban et fait la retape pour les opposants),un relatif abandon des campagnes (alors qu’elles subissaient la sècheresse) … Je dirai aussi peut-être une trop grande confiance dans la valeur du modèle chinois pour sortir d’un système soviétique hérité du père. Cependant ce stock de poudre c’est aussi les efforts conjugués d’acteurs étrangers pour renverser (ou affaiblir) le régime et casser le bloc de la mumana’a : la guerre de l’information menée par l’ancien allié qatari et les médias saoudiens et occidentaux, la livraison d’armes très tôt par l’étranger, le soutien financier à l’opposition (et probablement la formation d’une opposition colorée-facebookeuse) par l’oligarchie washingtonienne, … En résumé à la fois un COMPLOT de l’étranger, et à la fois la responsabilité d’un régime qui ne s’est pas réformé, ou seulement de manière très limitée et ambivalente.

    Sur les erreurs d’appréciation de la résilience du régime par l’opposition et les conditions de réussite d’une révolution colorée qui n’étaient pas réunies en Syrie pour lui épargner la guerre civile avec intervention d’acteurs extérieurs (proxy-war) :
    Plus la crise s’approfondit et se militarise, moins l’opposition est syrienne – ou plus elle est dépendante de l’étranger. L’erreur de l’opposition est d’avoir immédiatement refusé tout dialogue, alors qu’elle n’avait pas, par elle même, les moyens politiques ou militaires d’un tel maximalisme. Les opposants sont désormais otages d’intérêts étrangers au risque d’apparaître aux yeux d’une grande partie des Syriens comme des traîtres à la souveraineté nationale. [...]
    Comme vous je ne crois PLUS à une intervention étrangère DIRECTE, du moins à court terme. Mais il faut bien admettre que l’intervention étrangère INDIRECTE a déjà lieu et qu’elle est très inquiétante. L’opposition militaire et diplomatique des Russes, la difficulté à calculer les effets régionaux d’une telle intervention (l’équation est trop complexe) et ses bénéfices éventuels pour les intérêts des acteurs (notamment USA-OTAN), et d’autres facteurs, empêchent probablement pour un temps cette intervention. Mais à moyen terme (d’ici un an, si la crise se poursuit), qui sait ?
    De fait vous ne croyez pas une intervention mais la plus grande partie de l’opposition appelle de manière irresponsable à cette intervention (Leçon libyenne : No-Fly zone = Intervention secrète des forces spéciales et de mercenaires au sol et bombardements aériens intensifs, y compris de villes entières comme Syrte). Elle en appelle à cette intervention, je vous le répète, du fait de cette position maximaliste : elle n’a pas les moyens par elle-même de renverser le régime, ni militairement, ni politiquement. C’est donc désormais sa seule solution pour ne pas perdre la face et en rabattre sur ses prétentions.
    Bachar jouissait d’une indéniable popularité en Syrie (et dans le monde arabe en général : selon un sondage Zogby de 2010 il était la 5ème personnalité préférée des Arabes derrière Erdogan, Chavez, Ahmadinejad, Nasrallah. Le régime était lui par contre plutôt critiqué, me semble-t-il.
    Qu’en était-il vraiment avant la crise de cette différence entre Bachar et le reste du régime, cette différence reposait-elle sur une réalité ? Je ne sais. Mais de fait beaucoup de Syriens y croyaient encore. Au lieu de contester le régime, et de donner à Bachar une dernière chance de se dégager de certains cercles, la position maximaliste des opposants et leur militarisation a serré les rangs du régime, réduisant peut-être dans le même temps sa marge de manœuvre. Les opposants se sont laissés abuser par l’exemple égyptien et tunisien. Moubarak et Ben Ali ont été débarqués parce que les USA les ont lâché et qu’ils ont poussé les militaires à les lâcher également. Et les USA les ont lâché parce qu’ils avaient des possibilités de rechange au sein de ces mêmes états-majors militaires pour s’assurer qu’un certain nombre de choses resteraient en ordre. Si l’Occident et le bloc des pétromonarchies peuvent laisser voguer la Tunisie vers une forme viable de régime représentatif (avec de plus la garantie de l’influence qatari via En-Nahda), parce que sa position géostratégique est secondaire, on voit d’ailleurs bien que ce n’est pas le cas de l’Egypte, où toutes les manipulations seront tentées par l’Otan et le CCG pour éviter que les futurs gouvernants égyptiens ne rompent le traité de paix avec Israël et ne se rapprochent trop de Téhéran. Y compris s’il faut entraver la transition vers un régime représentatif stable.
    Or en Syrie, les USA ne peuvent pas lâcher Bachar parce qu’ils ne le tiennent pas et qu’ils n’ont pas d’hommes à eux au sein du régime pour le pousser dehors. Cette erreur d’appréciation de l’opposition est MAJEURE, et c’est elle qui l’a fait otage de l’étranger. Par ailleurs, Moubarak et ben Ali étaient indéniablement plus détestés que Bachar en Syrie, et cette différence dans le rapport de force politique interne fait aussi une grande différence. Ne pas tenir compte de cette différence c’est aussi avoir pris le risque que le conflit ne finisse en guerre civile s’ils ne ralliaient pas rapidement de larges secteurs de la « majorité silencieuse ». Or ils n’y sont pas manifestement pas arrivés, notamment à Damas et Alep (mais peut-être en partie à Homs et Hama).
    J’ajouterai qu’en avalisant des sanctions économiques (notamment de l’Europe et de la Ligue arabe) qui ne ciblent pas seulement des personnalités du régime, mais l’Etat et l’économie syrienne dans son ensemble, l’opposition ne sait pas distinguer entre le régime et l’Etat. En voulant désolidariser les bourgeoisies sunnites du régime, par le moyen de la guerre économique, elles prennent le risque d’une chute de l’Etat dans son ensemble si le conflit perdurait trop longtemps. Or le cocktail de confessionnalisme, d’intervention étrangères et d’intérêts concurrents dans un pays qui est un pivot géopolitique, couplés à celui d’une chute de l’Etat (et pas seulement du régime), on connaît dans la région : c’est le Liban, et plus encore l’Irak. Quel syrien peut en conscience souhaiter cela ?

    Conclusion prospectiviste :
    QUELS SONT LES SCENARIS ENVISAGEABLES ?
    1° – Le conflit trouve une issue militaire à court terme (peut-être avec quelques concessions éventuelles du régime à certains soutiens étrangers à l’opposition). Et là, sauf surprise, c’est le régime qui gagne. Aucune garantie de réforme hors la bonne volonté de Bachar, s’il n’a pas perdu complètement la main et s’il le souhaite vraiment.
    2° – Chacun revient à la raison et la voie d’une médiation est choisie (voir 3b).
    3° – Le conflit ne trouve pas d’issue militaire à court terme. Et les choses se passent à moyen terme.
    a)Les armes et les mercenaires de l’étranger, couplés avec une opposition grandissante et généralisée et la chute de l’économie syrienne par les sanctions arabo-occidentales produisent une désolidarisation des élites sunnites, de la classe moyenne urbaine et de larges secteurs de l’armée. Intervention étrangère directe, ou pas, la guerre fait rage. Dans le cas où l’opposition et leurs soutiens extérieurs ne l’emporterait pas rapidement, le risque d’une guerre civile (avec des possibilités d’extension régionales voire internationales réelles) et d’une chute complète de l’Etat est majeur. Risque également d’une aggravation de la fracture confessionnelle du Moyen-Orient (bénéficiant à Israël) et de mise sous tutelle de l’ensemble du Monde arabe par le CCG.
    b)Devant l’impasse politique à l’intérieur, et les risques de dégradation au niveau régional et international, un certain nombre d’acteurs de l’opposition et du régime, et de leurs soutiens respectifs, optent pour une médiation. Il faut alors choisir soit des pays neutres et démocratiques (Brésil et Inde, par exemple), soit, à la limite, des concurrents directs conviés ensemble à cette médiation : Russie/USA, voire Doha-Ryadh/Téhéran. Je considère cette possibilité comme assez peu probable.

    • Sur le caractère dit pacifique des manifestations et les premiers combats :
      Je connais un peu mieux, pour des raisons personnelles, Tall Kalakh, et je crois avoir raison en disant que de nombreux signes – ville de contrebande à la frontière libanaise, démantèlement de plusieurs réseaux de livraison d’armes à la Syrie par les services libanais, le fait que j’ai connaissance de COMBATS à l’arme à feu entre l’armée encerclant la ville et des « opposants armés », … – attestent que dans cette ville, et donc très tôt (en mai) une partie des opposants étaient dès le début armés de l’extérieur. Les armes n’ont pas pu arriver au moment où l’armée encerclait la ville, elles sont donc arrivées AVANT . Puis, au moment du siège, le seul journaliste à se trouver à proximité était Robert Fisk (de l’autre côté de la frontière) et il relayait les témoignages de gens qui quittaient les villes, probablement majoritairement des familles d’insurgés, ce qui évidemment biaisait le compte-rendu. Les autres journalistes se contentant de se conformer au récit biaisé des opposants « électroniques » décrivant des opposants désarmés et majoritaires écrasés par les forces de sécurité. Depuis Fisk s’est rendu en Syrie et son analyse à lui s’est considérablement modifiée : il pointe désormais aussi le doigt vers des gangs armés soutenus de l’extérieur.

      Sur le fait que les minorités soutiendraient le régime malgré les slogans de l’opposition sur le peuple uni et deux trois personnalités de l’opposition extérieure venant de ces minorités :
      Vous faîtes du wishful thinking. Tout indique que les minorités soutiennent le régime car elles sont terrifiées. Et ce n’est pas telle ou telle personnalité chrétienne ou alaouite, qui se prononce en faveur de l’opposition, qui fait le nombre… Croyez-vous que les chrétiens n’ont pas vu l’Irak ? Que les alaouites ne se rappellent pas du passé, et ne savent pas ce qu’un Ibn taymiah (qui est une des références majeures de certains islamistes) voulait leur réserver comme sort ? Croyez-vous qu’ils n’ont pas vu les heurts confessionnels meurtriers à Tripoli entre partisans d’Hariri (ou du Hizb ut-tahrir, ce qui est idem) et alaouites ? Et à Tripoli, qui peut croire que ce sont les manipulations des shabihhas qui ont enclenché la mécanique de l’affrontement confessionnel ?

      Sur l’ASL comme couverture des services secrets, notamment turcs :
      L’ASL, comme « armée des frontières », est manifestement une couverture des services secrets turcs (entre autres). Le fait que selon diverses sources il faille, pour interviewer son chef Riyad al-Assad, d’abord passer par un contact dans les services turcs, l’indique assez clairement. Vous imaginez-vous de Gaulle acceptant un tel diktat des Anglais ? D’ailleurs pour d’autres opposants armés, à l’intérieur, l’ASL n’est peut-être qu’une bannière sous laquelle il est commode de se ranger, mais il est loin d’être sûr qu’il existe un lien idéologique et opérationnel fort entre elles.

      sur les jihadistes, parrainés par le Qatar, que personne ou presque ne voyait en décembre 2011 et qui allaient accroître considérablement le niveau de violence :
      En tout cas, s’imaginer que ces jihadistes-salafistes libyens (car il ne s’agit pas de vertueux « démocrates » mais essentiellement d’hommes de Belhaj, soutenus par le Qatar) seront sous direction patriotique syrienne est un doux rêve. Si c’est gens là mettent un pied en Syrie, ils vont y déclencher l’enfer. Un enfer à côté duquel la violence actuelle n’est rien.

    • Merci de ce rappel « historique ». Perso, je n’arrive toujours pas à comprendre l’incroyable décalage entre les analyses faites par certains (mais complètement isolés tout de même) à cette époque et tant la politique extérieure de la France sur cette question que l’aveuglement de la communauté des prétendus analystes spécialistes. Dans le premier cas, on s’étonne que le Quai, où tout le monde n’est pas stupide, n’ait pas davantage entendu d’appels à la prudence, pour s’en tenir à cela. Dans le second, on reste confondu par l’incompétence, l’opportunisme aussi, la naïveté si je veux être gentil, de la plupart desdits spécialistes. Quant aux Syriens, je les laisse régler cela entre eux mais, là encore, on n’entend assez peu de remises en question de la part des « responsables » (au mieux, le discours qu’on entend est celui du « la politique, ça me dégoûte »...)

    • Oui j’ai copié ça sur le forum de ce site.
      J’ai délibérément omis le lien pour que la conversation n’aille pas sur la question de ce site très pro-régime, organisé par des gens en France politiquement très discutables.
      Je voulais juste montrer qu’une vision un peu plus claire des évènements et de leur cours probable était possible à cette époque. Et insister sur le fait que l’argument de ceux qui nous disent maintenant que tout le monde s’est trompé pour expliquer leurs étranges « erreurs », qui allaient toutes dans le même sens, est absolument irrecevable.
      Comme le dit @gonzo : d’autres analyses ont dû être faites allant grosso modo dans ce sens, et à des endroits plus appropriés. Alors pourquoi ce fiasco du quai d’Orsay et de l’écrasante majorité des « spécialistes » comme des médias français tous supports confondus ?
      #les_chemins_de_Damas (commenté ici par @nidal) nous ont donné quelques éléments de réponse à ces questions (pour le quai d’Orsay et certains universitaires) mais c’est encore insuffisant. Elles restent donc d’actualité.

      PS : @loutre, ce n’est pas impossible, mais pas complètement certain non plus ;)

  • Qu’est-ce que le tandem saoudo-turc est en train de préparer au nord du Liban ? Coup de bluff ou tentative de déstabilisation ?

    Depuis quelques jours, plusieurs pays du Golfe ont incité leurs citoyens à ne pas se rendre au Liban, alors qu’il n’y a a priori aucun signe sécuritaire qui justifierait celà.
    Pour les EAU voir ici : http://seenthis.net/messages/463844 (signalé par @nidal)
    En plus des Emirats, c’est aussi le cas de l’Arabie saoudite, du Qatar, du Koweït et de Bahreïn qui ont fait de même :
    http://www.aljazeera.com/news/2016/02/kuwait-joins-gulf-allies-banning-travel-lebanon-160224161730185.html

    Kuwait, Qatar join GCC allies in Lebanon travel warning
    The two countries follow Saudi, UAE and Bahraini move after Riyadh halted $4bn aid to Lebanon over Hezbollah.

    Dans le même temps l’Arabie saoudite a annulé son aide de 4 milliards de dollars à l’armée libanaise : http://seenthis.net/messages/462711

    Et en sus, les 6 pays du Conseil de Coopération du Golfe ont décidé de classer le Hezbollah « organisation terroriste », accusant celle-ci d’actes hostiles contre les membres du CCG :
    http://www.timesofisrael.com/gulf-nations-declare-hezbollah-a-terrorist-group

    A Saudi-led bloc of six Gulf Arab nations formally branded Hezbollah a terrorist organization on Wednesday, ramping up the pressure on the Lebanese militant group fighting on the side of President Bashar Assad in Syria.
    A statement from GCC Secretary-General Abdullatif al-Zayani said the bloc decided to implement the terrorist designation because of hostile acts by Hezbollah within its member states. It said the designation applies to the militant group as well as all its leaders, factions and affiliates.
    Al-Zayani accused Hezbollah of charges including seeking to recruit members within the GCC to carry out terrorist acts, smuggling weapons and explosives, and incitement to sow disorder and violence.

    Le récent discours de Nasrallah témoigne du sentiment d’une volonté saoudienne de faire monter la tension au Liban pour sanctionner le Hezbollah :
    http://seenthis.net/messages/466108 (signalé par @gonzo)

    Qui plus est hier on apprenait qu’un navire en partance de la Turquie avait été arraisonné par la Grèce alors qu’il contenait une cargaison d’armes et que, selon son équipage, il se dirigeait vers le Liban : http://seenthis.net/messages/465954 (signalé par @kassem)

    Enfin, l’agence privée américaine de renseignements Stratfor, considérée comme des services bis, a rapporté que selon les confidences d’un « politicien sunnite » libanais, l’Arabie saoudite tentait de recruter dans les camps de réfugiés syriens au Liban pour monter une milice sunnite anti-Hezbollah. Une indication sur les destinataires de cette cargaison d’armes de Turquie ?
    https://www.stratfor.com/sample/situation-report/lebanon-saudi-arabia-courting-syrian-refugees-politician-says?amp%3Buuid=a

    Lebanon: Saudi Arabia Is Courting Syrian Refugees, Politician Says
    March 1, 2016 | 15:42 GMT
    According to a Sunni politician in Lebanon, Saudi Arabia is reportedly courting Syrian refugees in Lebanon with the goal of establishing an anti-Hezbollah Sunni militia. The politician said Saudi Deputy Crown Prince Mohammed bin Salman sees Sunni Syrian refugees with military training as a way to harass Hezbollah , and he may be using Saudi philanthropic organizations that provide aid to refugee camps as a way to court potential militia recruits. Though Stratfor could not verify the politician’s claims, it is clear that Saudi Arabia is using Syria’s convoluted battlespace as a way to expand its regional clout.

    • Pour moi, il y a eu tentative manifeste, à travers la vidéo qui se moque de Nasrallah, de faire exploser la cocotte-minute. Raté, les partisans de Hezbollah sont plus disciplinés que les autres, et il aurait fallu plus de provocation/provocateurs... Les experts de ces choses ont l’air de penser que l’invasion militaire par le nord de la Syrie (et ou le sud) ne se fera pas et le cessez-le-feu, contre toute attente, tient (plus qu’un jour, comme tu le soulignais d’ailleurs). Nombre d’articles soulignent que l’AS est aux abois, ou bien que les plus jeunes de ses dirigeants sont aussi inexpériments qu’impatients. Dans ce contexte, le coup du Liban s’explique. On peut même imaginer qu’il y a eu une tentative du meme type (qu’il y aura) dans le nord de la Jordanie (je l’ai signalée, et elle n’est guère commentée dans la presse internationale je trouve...)

    • @gonzo : oui j’ai oublié le coup du sketch dans ma recension. Et avec cet étrange cargaison d’armes et cette rumeur de constitution d’une milice, on passerait de la parole provocatrice et des mesures symboliques de rétorsion à quelque chose de plus dangereusement concret.
      Un coup probable selon toi. Je crois d’ailleurs qu’al-akhbar a fait un article dans le même sens.
      Perso, je n’aurais pas misé cher sur ce cessez-le-feu. S’il dure malgré tout et s’il n’y a pas d’invasion au nord et au sud, la seule course vers Raqqa possible sera par l’Irak. Ça laisse du temps au régime et à ses alliés pour se positionner, ce que, d’après certaines infos, ils sont déjà en train de faire du côté de Palmyre et de Tabaqa (on parle notamment du redéploiement des forces du « Tigre »).
      A moins que les USA ne leurrent leurs encombrants « alliés » et qu’ils ne se soient entendus avec les Russes bien plus qu’on ne le croit...

  • Le mythe de la « bonne volonté » et de l’« impuissance » de la diplomatie française en Syrie…

    Il est certes heureux qu’on s’autorise (enfin) à critiquer médiatiquement le bilan de Laurent Fabius au Ministère des affaires étrangères ; mais il me semble que ces critiques restent très largement dans l’idée que Fabius aurait adopté une posture réellement morale, sans avoir les moyens d’imposer ses positions de principe, essentiellement en Syrie. C’est, à mon avis, passer à côté du sujet syrien… Cette critique colle d’ailleurs toujours parfaitement avec cette idée que ce serait parce que les pays « Amis de la Syrie » ne seraient pas intervenus massivement depuis des années que la situation serait aussi catastrophique.

    Ça me rappelle d’ailleurs les critiques de l’invasion américaine de l’Irak fondées sur l’idée que les États-Unis auraient échoué – malgré leur bonne volonté – à installer la démocratie durable et le nation building que les néoconservateurs avaient « sincèrement » promis.

    Voici donc des éléments largement connus (en se contentant d’éléments sortis dans des médias « reconnus ») permettant de douter du manque d’intervention de la France en Syrie et, surtout, de l’« impuissance » française à faire valoir sa position sincèrement « droit-de-l’hommiste »… (amis de Seenthis, si vous en avez d’autres, je compléterai la liste)

    – fin février 2012 (avant Fabius), des mercenaires français à Homs (selon Malbrunnot)
    http://seenthis.net/messages/315495

    En fait, si les journalistes ne veulent pas sortir, c’est parce qu’ils ne sont pas seuls. Dans Homs, sous les bombes, un petit groupe de mercenaires français est présent, aux côtés des rebelles, le groupe Abou Baqir. L’information nous a été confirmée par la DCRI , et les renseignements syriens. […] Journalistes et mercenaires quitteront Homs séparément via Al-Qoussayr et le Liban où les services de renseignement les recueilleront. Leur sortie a été négociée par la DGSE et les services libanais, selon Bernard Squarcini, avec l’aide de l’Armée syrienne libre précisera Etienne Mougeotte.

    – Fabius dirige le ministère des affaires étrangères depuis mai 2012.

    – des valises de billets livrées par l’ambassadeur Eric Chevallier (septembre 2012) – les valises de billets dans un pays en guerre, c’est pour acheter de la farine…
    http://seenthis.net/messages/141999

    Chevallier se rend de temps en temps à la frontière syrienne pour apporter des fonds à des opposants jugés sûrs. Via des informateurs en contact avec Paris, des représentants des régions libérées de l’emprise de Bachar El-Assad font connaître leurs besoins de médicaments ou d’argent pour réparer les canalisations, renouveler les stocks de farine, gérer les ordures qui s’entassent mais, du moins l’assurent-ils, pas pour acheter des armes.

    Tous se retrouvent discrètement dans un appartement ou dans une petite chambre d’hôtel. Comme dans un film d’espionnage, le diplomate leur remet plusieurs centaines de milliers de dollars sortis d’une valise. Des photos sont prises, les Syriens promettent d’en envoyer d’autres montrant l’avancée des projets menés grâce à la France. Des informateurs rapporteront la réalité des actions engagées. Avant de quitter l’ambassadeur, les Syriens signent même un reçu. Scène surréaliste à quelques kilomètres d’un pays à feu et à sang.

    – état major en Turquie, livraisons d’armes, formation militaire (août 2012, Richard Labévière)
    http://seenthis.net/messages/81260

    Avec le « service action » de la DGSE, la France mène en revanche des opérations de formation et de soutien à l’Armée syrienne libre et à d’autres groupes armés. Sur le plan des transmissions et de l’artillerie : mortiers, missiles antichars et canons de 105 mm. Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Charnagh (Turquie), qui bénéficie d’une aide britannique à la frontière syrienne.

    – livraisons d’armes violant l’embargo européen (commence fin 2012)
    http://seenthis.net/messages/368061

    La France a fourni des armes à des groupes rebelles syriens dès 2012 alors que l’Union européenne avait imposé un embargo sur de telles livraisons. Et c’est le président Hollande qui le dit lui-même dans un livre à paraître le 13 mai aux Editions de l’Archipel, intitulé Dans les coulisses de la diplomatie française, de Sarkozy à Hollande, écrit par le journaliste Xavier Panon.

    « Nous avons commencé quand nous avons eu la certitude qu’elles iraient dans des mains sûres », explique le chef de l’Etat à l’auteur du livre, en mai 2014. Les livraisons ont débuté dès la fin de l’année 2012, alors que l’embargo européen, établi à l’été 2011, est toujours en vigueur. Il ne sera levé qu’à la fin du mois de mai 2013.

    Ce cavalier seul contraint l’Elysée à la prudence. Officiellement, la France se contente d’envoyer de l’équipement non-létal : gilets pare-balles, outils de communication cryptée, masques contre les armes chimiques, lunettes nocturnes. Mais c’est un tout autre matériel qu’elle dépêche sur place : canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles anti-chars. Seuls les missiles anti-aériens restent tabous. François Hollande n’en enverra pas car ils s’avéreraient trop dangereux si des djihadistes venaient à s’en emparer.

    – promotion active d’Al Nusra (décembre 2012) : « sur le terrain, ils font du bon boulot »
    http://seenthis.net/messages/284012

    En revanche, la décision des Etats-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que « tous les Arabes étaient vent debout » contre la position américaine, « parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot ». « C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne », a ajouté le ministre.

    + entrefilet dans le Canard Enchaîné, Fabius essaie de les faire retirer de la liste des organisations terroristes à l’ONU (mais je ne retrouve pas)

    – mystérieuse affaire de contrebande en Israël (septembre 2013)
    http://seenthis.net/messages/173542

    De fait, en fouillant la voiture les douaniers israéliens découvrent, outre 500 kilos de tabac, quelque 152 kilos d’or, des chèques pour un montant total de deux millions de dollars, et 800 téléphones portables.

    […]

    Tout juste explique-t-on qu’il s’agit, sans doute, d’une affaire crapuleuse et non d’un quelconque financement du terrorisme.

    on n’entendra évidemment pas plus parler de l’affaire similaire en février 2016 (on ne sait quelle ambassade est concernée cette fois-ci)
    http://seenthis.net/messages/458246

    Sinon, des éléments pour lesquels je ne retrouve pas de liens :
    – France seule invitée au sommet GCC, sans doute sensibles aux positions de Fabius sur les Droits humains…
    – liens Fabius/Qatar
    – Haytham Manna devenu persona non grata à Paris (ainsi que les autres membres de l’opposition « de l’intérieur ») ; il me semble que Manna raconte que lui et ses amis, soudainement, ne pouvaient plus obtenir de visas pour venir en France.

    • – Hollande premier chef d’Etat occidental invité au Conseil de Coopération du Golfe : RFI / 5 mai 2015 :
      http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150505-riyad-hollande-invite-sommet-conseil-cooperation-golfeccg-iran-

      Après une escale au Qatar, François Hollande est arrivé lundi soir à Riyad, en Arabie saoudite, pour y rencontrer le roi Salman et participer aujourd’hui à un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Koweit, Bahrein et Oman. C’est la première fois qu’un chef d’Etat occidental est ainsi accueilli à la table des monarques du CCG.

      – Fabius fait tout son possible pour retirer al-Nusra de la liste des organisations terroristes ; article des journalistes Beau et Bourget qui se basent sur une lettre de l’ambassadeur marocain à l’ONU, envoyée à Rabat, relatant les faits :
      http://seenthis.net/messages/429835

      – Fabius, en février 2012, conseiller en relations internationales du candidat Hollande, déjà pressenti au quai d’Orsay en cas de victoire, réalise une tournée en Israël et au Qatar :
      http://24heuresactu.com/2012/02/03/la-curieuse-tournee-de-laurent-fabius-au-qatar-et-en-israel

      C’est en toute discrétion, et bien loin des journalistes, que Laurent Fabius s’est envolé en début de semaine pour une curieuse tournée au Qatar et en Israël. Une tournée « d’amitié » selon l’ancien Premier ministre qui est en réalité destinée à faire du lobbying pour le candidat socialiste François Hollande… et peut-être chercher de puissants soutiens dans la région.
      Que peut aller faire Laurent Fabius dans l’émirat gazifère du Qatar et en Israël ? Une simple visite « d’amitié », comme il l’assure ? Ou doit-on chercher des raisons autrement plus politiques derrière cette tournée improvisée (et incroyablement peu médiatisée) de l’ancien Premier ministre de François Mitterrand ?

  • Le Yémen en morceaux
    http://orientxxi.info/magazine/le-yemen-en-morceaux,0852

    L’Arabie saoudite a pris la tête le 25 mars 2015 au soir d’une coalition de dix pays incluant les autres membres du Conseil de Coopération du Golfe (Oman excepté), l’Égypte, le Pakistan, la Jordanie, le Soudan (qui avait pourtant été accusé d’avoir transféré de l’armement aux houthistes) et la Turquie en vue de défendre le « gouvernement légitime » Abd Rabbo Mansour Hadi. Le rôle opérationnel des différents pays membres reste à définir. Des bombardements saoudiens ont visé différentes cibles militaires houthistes ou tenues par leurs alliés, notamment des proches d’Ali Abdallah Saleh. Plusieurs leaders militaires de la rébellion auraient été tués. Les États-Unis ont annoncé apporter un soutien logistique à ces frappes. Une intervention au sol pourrait se profiler. Une telle stratégie de la part des puissances régionales apparait comme largement contre-productive.
    . . .

    #Yemen #houtistes #Arabie_saoudite

  • Les monarchies du Golfe dénoncent un « coup d’Etat » au Yémen - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/910304/au-yemen-les-houthis-forment-une-commission-pour-assurer-la-securite.

    Les monarchies pétrolières du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont dénoncé samedi un « coup d’Etat » des miliciens chiites au Yémen, qui ont dissout le Parlement et mis en place un Conseil présidentiel en guise d’exécutif.

    « Le coup d’Etat des Houthis (nom des miliciens chiites, ndlr) marque une grave escalade, inacceptable et irrecevable, (....) comme il expose au danger la sécurité, la stabilité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Yémen », souligne le CCG [Conseil de coopération du Golfe, organisation sunnite, c’est-à-dire du côté des gentils : note du veilleur] dans un communiqué.

    L’Orient-Le Jour nous aide bien à tout lire comme il faut, mais des fois, ils sont feignants (il faut dire que, là où ils vivent, hein...) et ils oublient de nous expliquer. Alors, pour ceux que l’article intéresse, j’ai mis un peu d’explication moi aussi.

  • L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont décidé de renvoyer leurs ambassadeurs au Qatar.
    « Les pays du Golfe ouvrent ’une nouvelle page’ dans leurs relations » - Le Monde

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/11/17/les-pays-du-golfe-ouvrent-une-nouvelle-page-dans-leurs-relations_4524423_321

    Après huit mois de tension, les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se sont réunis, dimanche 16 novembre, à la faveur d’un sommet surprise à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite. Les représentants du Koweït, des Emirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, d’Oman, de Bahreïn et du Qatar ont pris part à ces discussions qui visaient à trouver une solution à leurs différends.

    Parmi les principales sources de discorde figure le soutien de Doha aux Frères musulmans. Le Qatar a été accusé par ses voisins de déstabiliser la région, de soutenir les islamistes proches de cette organisation dans les autres pays du Golfe et de servir de refuge à des islamistes d’autres pays arabes.

    « SITUATION DÉLICATE DE LA RÉGION »

    L’accord obtenu, dimanche, à Riyad promet « l’ouverture d’une nouvelle page » dans les relations entre les membres du CCG, dont trois pays membres, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont d’ailleurs décidé de renvoyer leurs représentants à Doha. Le rappel de leurs ambassadeurs, au début de mars, avait ouvert une crise sans précédent au sein du CCG depuis sa création, en 1981.

    Le communiqué souligne par ailleurs « la situation délicate que traverse la région ». Selon les médias locaux, les représentants du CCG tiendront par ailleurs leur sommet annuel à Doha les 9 et 10 décembre.

  • Le Liban dans la guerre contre le terrorisme
    http://www.mestrategicperspectives.com/2014/09/13/terrorisme-le-liban-entre-en-guerre-ses-risques-et-perils

    Le Liban était présent à la réunion de Djeddah (11/09), aux côtés des six Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe, de la Jordanie, de l’Irak, de la Turquie et des Etats-Unis. Il s’est engagé à prendre part à la guerre contre le terrorisme, sous le parapluie de l’ONU. Le même jour, les chefs des Eglises d’Orient réunis à Washington, rencontraient le Président Barack Obama qui leur a transmis des messages rassurants dans la forme, sur une supposée “protection” américaine qui leur serait offerte, mais fondamentalement inquiétants en réalité.

    Les Libanais passent d’une position défensive face à la menace terroriste, à une position offensive au sein d’une coalition pilotée par Washington, et alors que l’Etat Islamique (EI) et Jobhat al-Nosra (JAN, al-Qaëda) transforment leur pays en terre de djihad. Les Chrétiens orientaux, qui ne désespèrent pas de sauver leur ultime rempart régional au Liban, se retrouvent aussi au coeur de cette confrontation entre deux mondes que tout oppose, et engagent, sans le vouloir, la survie de la nation libanaise (qui ne leur survivrait pas) dans le conflit. Ces évolutions semblent inévitables pour le Liban, mais cela paraît particulièrement risqué aussi.

    Au Liban, la présence des Chrétiens, privilégiée comme elle le fût pendant longtemps ou soumise comme elle tend à le devenir depuis quelques années, dépend d’une série de facteurs que la nouvelle aventure guerrière américaine affectera forcément. En résumé, cette guerre, imposée par l’EI et à laquelle la communauté américaine a répondu présente, achèvera de déstabiliser complètement l’environnement des populations chrétiennes libanaises devenues une minorité parmi tant d’autres dans un Moyen-Orient aux frontières redevenues floues. La violence qui croîtra nécessairement en Irak et en Syrie, et qui débordera probablement vers d’autres régions, accroîtra le déséquilibre démographique au Liban (installation durable des réfugiés syriens et palestiniens de plus en plus nombreux, immigration), l’insécurité, la précarité sociale, les incertitudes économiques etc. Cela fragilisera forcément l’environnement direct des populations chrétiennes, et attisera les doutes quant à leur avenir et leur présence au Liban. Le désastre, devenu exponentiel, provoquera aussi des réflexes identitaires forts, et donc un risque de repli sur soi et d’exclusion dangereux pour la nation libanaise édifiée sur ce maillage culturel, religieux, confessionnel.

    Le scénario catastrophe découlerait d’une association mal planifiée et désorganisée du Liban à l’effort de guerre contre l’EI. Et au Liban, avec les failles constitutionnelles que l’on sait et l’équipe dirigeante que l’on connaît, cela est tout sauf impossible. Les Forces armées et de sécurité libanaises, qui souffrent d’un sous-équipement chronique que les aides d’urgence débloquées par les Etats-Unis principalement ne pourront combler, seraient très vite débordées en cas d’offensive généralisée des djihadistes sur les fronts nord et est, offensive qui serait vraisemblablement accompagnée d’un réveil brutal des cellules dormantes à travers tout le pays. Sous fortes pressions militaires, avec des aides opérationnelles que l’on imagine ponctuelles et chirurgicales mais largement inefficaces pour contrer toutes les menaces de diverses formes sur l’ensemble du territoire national, l’Armée souffrira sans aucun doute, d’un blocage politique encore plus dangereux. Les réflexes communautaires ne manqueront pas de déstabiliser l’action des FAL, alors que l’installation dans les diverses régions, y compris dans les régions chrétiennes, de forces armées locales, jettera un discrédit encore plus pénalisant sur l’Etat et son image.

    Le Liban a choisi ses partenaires pour se défendre contre l’agression de l’EI contre son sol et sa souveraineté : les Etats-Unis, qui associent le Liban à leur coalition avec l’espoir de l’éloigner du régime syrien, l’Arabie saoudite, qui pense retenir le Liban dans son camp face à l’axe syro-iranien, la France, qui s’aligne dans le contexte actuel sur l’axe saoudo-américain. En échange de ce choix, utile pour la coalition anti-EI, le Liban reçoit beaucoup de promesses de ses partenaires : ces promesses vont d’une protection directe de la souveraineté libanaise, à celle des minorités chrétiennes, en passant par des promesses d’aides inédites au profit des Forces armées et de sécurité. Concrètement, ce choix emprisonne le Liban dans une logique binaire, et l’empêche de répondre aux sollicitations, parfois acceptées par d’autres membres de la coalition américaine et par les Américains eux-mêmes, de partenaires tiers, dont l’Iran, la Russie et même la Syrie (ces trois pays proposent au Liban leurs aides militaires intéressées). Ce choix a pour conséquences aussi d’ouvrir la scène libanaise à toutes sortes de conflits marginaux et de rivalités entre puissances régionales ou internationales, liés ou non à la guerre initiale contre l’EI (Arabie saoudite vs Qatar, Turquie, Israël), comme il risque sérieusement d’ouvrir des fronts internes encore contenus à ce jour (facteurs syriens, palestiniens).

    En échange, et en dépit des promesses (comme celles prises par Riyad et Paris de fournir pour $3md d’armes et équipements à l’Armée libanaise, et qui tardent à se concrétiser alors que la France a, par exemple, pris le risque de violer les lois irakiennes et peut-être aussi les lois internationales, en approvisionnant en urgence les Peshmergas kurdes sans passer par Bagdad) et des engagements internationaux (comme celles prises par Washington et leurs alliés arabes et islamiques de détruire l’EI, sans aucune garanties de résultats bien évidemment), le Liban n’est assuré que d’une chose : se retrouver au coeur, et non plus en marge, d’une guerre générale contre un terrorisme qu’on lui avait pourtant promis de ne jamais laisser s’introduire chez lui. Le Liban accepte de jouer à ce jeu, devenu inévitable à ce stade, et prend le risque d’une déstabilisation générale et durable de sa société. Cela par manque de vision stratégique de l’équipe dirigeante, et faute de pouvoir prétendre à une véritable cohésion nationale.

  • [L’oeil itinérant] L’Otan va-t-elle libérer le Djihadistan ?
    par Pepe Escobar
    Traduit par Daniel pour vineyardsaker.fr
    http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/06/loeil-itinerant-lotan-va-t-liberer-djihadistan

    Le calife devrait toutefois savoir, même s’il est en bonne partie le produit de l’Occident, avec une contribution significative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sous forme de pétrodollars liquides, que l’Otan ne lui a jamais promis un jardin de roses.

    De façon prévisible donc, les ingrats Barack Obama et David Cameron, le Premier ministre britannique (ces deux là oui, parce que la « relation spéciale » est tout ce qui compte au sein de l’Otan, les autres n’étant que des faire-valoir) ont juré d’aller aux trousses du calife en montant une grande (en fait, pas si grande que ça) « coalition des volontaires », formée des suspects habituels du CCG, plus la Turquie et la Jordanie, pour bombarder le Kurdistan irakien, une partie de l’Irak sunnite et même la Syrie. Après tout, c’est le président syrien « Bachar al-Assad doit partir », ou plutôt « la brutalité d’Assad », pour reprendre la formulation de Cameron, que visent vraiment les actions du calife.

    Tout cela au nom de la Guerre mondiale contre le terrorisme et de sa liberté immuable à jamais.

    Il faut stopper le calife slave

    Le secrétaire-général sortant de l’Otan, Anders « Fogh la Guerre » Rasmussen, était un peu ébranlé. Après tout, ce sommet de l’Otan au Pays de Galles devait être le « moment crucial » où l’Otan, au faîte de sa rhétorique de Guerre froide 2.0, devait porter secours aux « alliés », les 28 au complet, face à la sombre morosité de leur insécurité. La réplique du glorieux Eurofighter Typhoon déployée devant l’hôtel du sommet de l’Otan à Newport, au sud du Pays de Galles, en dit d’ailleurs long à ce sujet.

    Pour compléter, le méchant calife slave, Vlad Poutine lui-même, a élaboré un plan de paix en sept points afin de régler le bourbier ukrainien, au moment même où la lamentable armée de Kiev est réduite en bœuf Stroganov par les fédéralistes/séparatistes dans le Donbass. Le président ukrainien Petro Porochenko, qui, jusqu’à hier encore, poussait des hurlements (Invasion !) jusqu’à s’en arracher les poumons, a laissé échapper de longs soupirs de soulagement. Puis il a révélé, en passant, que Kiev allait recevoir des armes de haute précision d’un pays anonyme, qui ne peut être que les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Pologne.

    Sauf que tout cela pose problème. Contre qui l’Otan va-t-elle défendre la civilisation occidentale, si la menace que constitue « l’agression russe » se dissout dans une feuille de route menant à la paix ?
    (...)

    Pour sa part, la « vieille Europe » a tenté du moins de sauver un espace de négociation avec Poutine. Cette chère prudence, démontrée surtout par Berlin, a fini par aboutir au plan de paix de Poutine.

    Juste au cas où, pour ne pas trop froisser l’Empire du Chaos, Paris a annoncé qu’elle ne livrera pas à Moscou, comme prévu, le premier des deux navires porte-hélicoptères Mistral. L’Otan ne s’est pas fait prier non plus, pour durement condamner la Russie à propos de l’Ukraine, et l’Union européenne a renchéri en imposant d’autres sanctions.

    Quant à Fogh la Guerre, c’était prévisible, il a continué à jongler avec sa rhétorique digne de « Mars attaque ! » [1], en blâmant Moscou pour tout. L’Otan n’est rien d’autre qu’une force d’apaisement innocente, puissante et solide. Mais l’Otan n’est pas assez insensée pour commencer à dépeindre la Russie comme une ennemie déclarée.

    #OTAN

  • Grave crise entre les émirats du Golfe, par Alain Gresh
    Les blogs du Diplo, 7 mars 2014
    http://blog.mondediplo.net/2014-03-07-Grave-crise-entre-les-emirats-du-Golfe

    La décision n’a pas vraiment surpris, car le feu couvait depuis longtemps sous la cendre. Le 5 mars, trois pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn annonçaient, dans un communiqué commun, le rappel de leurs ambassadeurs au Qatar (« Saudi, Bahrain, UAE recall envoys to Qatar », Saudi Gazette, 5 mars).

    @alaingresh @ag

  • Le chantage des pétromonarchies contre le Liban continue:
    http://mediaramalb.files.wordpress.com/2013/03/mediarama-293.pdf

    Les Etats du Golfe ont aussi accentué leurs pressions sur le Liban. Le signal a été donné avec les réactions démesurées de capitales du Golfe aux propos du général Michel Aoun sur la situation à Bahreïn, la semaine dernière. Une délégation du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a soulevé cette affaire lors d’une rencontre cette semaine avec le président Michel Sleiman. Au passage, la délégation du CCG a mis en garde le Liban contre le non–respect de la politique de dissociation par certaines parties, en allusion au Hezbollah. Alors que les amis du Golfe au Liban sont impliqués à tous les niveaux dans la crise syrienne, et cela depuis le début des troubles.

    Par ailleurs, et selon le quotidien Al Akhbar, les Emirats arabes unis ont recommandé à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Liban et demandent à ceux qui souhaitent s’y rendre de remplir un formulaire assurant qu’ils le font à leur entière responsabilité.

    Pour sa part, la chaine de télévision panarabe Al-Mayadeen rapporte que des investisseurs saoudiens ont retiré des banques libanaises près d’un milliard de dollars après la dernière réunion du Conseil de coopération du Golfe.

  • Banque mondiale : les transferts de migrants en hausse
    Economie - El Watan

    http://www.elwatan.com/economie/banque-mondiale-les-transferts-de-migrants-en-hausse-25-11-2012-193450_111.

    Les tensions que connaît actuellement l’économie mondiale n’affectent pas les envois de fonds des travailleurs émigrés vers leurs pays d’origine.

    S’il est vrai que les expatriés installés en Europe pâtissent quelque peu de la crise des dettes souveraines en zone euro, les envois de fonds issus des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) redressent le niveau des transferts en raison du niveau de vie élevé dans ces pays. Ainsi, en prenant en compte l’ensemble de ces données, la Banque mondiale prévoit une hausse continue des transferts des migrants jusqu’à 2015.

  • TLAXCALA

    http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=8053

    La Realpolitik brouille la ligne rouge US sur la Syrie


    Pepe Escobar

    Traduit par MecanoBlog
    Edité par Fausto Giudice فاوستو جيوديشي

    Les armes de destruction massive (ADM) sont de retour. C’est comme si nous n’avions jamais quitté les jours glorieux de George « Dubya » Bush. Non, ils n’ont pas trouvé l’inexistante planque de Saddam sur eBay. Il s’agit bien de celle de Bachar al-Assad. Et ce n’est pas que les armes de destruction massive soient un prétexte à une invasion et une occupation, mais les ADM servent de motif pour livrer ce que l’administration Obama définit par le doux euphémisme d’ « activité militaire cinétique* ».

    Le tout est d’autant plus suspect que Damas avait signalé qu’il n’utilisera jamais d’armes chimiques contre les « rebelles ». Voici ce que le président Barack Obama a déclaré : « cela constituerait une ligne rouge pour nous [si] nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques circuler ou être utilisées. » [1]

    Alors maintenant, même quelques containers de gaz moutarde en position légèrement instable dans dépôt peuvent constituer un casus belli. Mais est-ce si clair ? Obama a a dit que c’était « une » ligne rouge – ce qui implique qu’il peut y en avoir d’autres (cachées) non spécifiées.

    Obama a également souligné les « craintes » de Washington qu’en Syrie les armes de destruction massive « tombent entre les mains des mauvaises personnes. » Etant donné que la CIA est dans la manœuvre – aux côtés des piliers que sont l’Arabie saoudite et le Qatar au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – afin de militariser la myriade de gangs que constitue l’Armée Syrienne Pas Exactement Libre (ASL), dont des centaines de djihadistes salafistes -, il s’agit d’une confession frappante qu’en fait, ce sont les « mauvaises personnes ». Ergo, les « bonnes personnes » sont le régime Assad.

    Était-ce un message codé d’Obama à la Turquie – signifiant : si vous envahissez le nord-ouest de la Syrie, devenu pratiquement une zone autonome kurde, vous devrez le faire tout seul, sans l’OTAN et sans le Pentagone ? Était-ce un message adressé aux « mauvaises personnes », alias les « rebelles », que, à part les manigances à l’efficacité douteuse de la CIA, vous devrez vous débrouiller seuls ?

    Ces deux possibilités ont été avancées sur le site web de Moon of Alabama. [2]

    Pourtant, l’administration Obama a peut-être fini par comprendre que la possibilité d’un après-Assad en Syrie dirigée par les Frères Musulmans syriens (FM) – infiniment plus cruels et sectaires que la version égyptienne – ne serait pas exactement un pari judicieux.

    La Maison Blanche et le Département d’Etat sont furibonds de la purge à la tête du Conseil suprême des Forces armées par le président égyptien Mohammed Morsi et de ses voyages diplomatiques à venir – que le ciel nous en préserve – à Pékin et au sommet du Mouvement des Non-Alignés (MNA) à Téhéran. Si les Frères Musulmans en Egypte peuvent réussirce genre de prouesses, imaginez en Syrie, qui n’était même pas dans la sphère d’influence de Washington.

    Alors pourquoi ne pas laisser le tout traîner vers une libanisation – ou plutôt une somalisation – scénario qui abattrait les quilles de l’armée syrienne et affaiblirait le gouvernement central de Damas, éclipsant ainsi sa « menace » au cas où le duo belliciste Bibi-Barak en Israël lançait une attaque sur l’Iran ?

    Carlos Latuff

    Etoffez votre démocratie par des bombes

    Voyons comment la situation se présente. Les Trois (dis)Grâces – Hillary Clinton, Susan Rice et Samantha Power – et leur doctrine R2P (« responsabilité de protéger ») a été appliquée « avec succès » en Libye, et a lamentablement échoué en Syrie.

    Il n’y aura pas de « zone d’exclusion aérienne » – dans les faits une déclaration de guerre. Il n’y aura pas de bombardement « humanitaire », il a été bloqué au Conseil de sécurité de l’ONU pas moins de trois fois par la Russie et la Chine.

    De plus, l’hystérique « guerre contre les terro » vieille de dix ans s’est avérée être une escroquerie intergalactique ; la CIA, aux côtés de la Maison des Saoud et du Qatar, est de nouveau côte-à-côte avec une palette de djihadistes salafistes du genre Al-Qaïda qui combattent allègrement une république arabe laïque.

    La question clé de la Syrie est comment la Russie et la Chine perçoivent la ligne rouge d’Obama.

    Voici la réponse russe [3]. Sa ligne directrice est que les USA doivent respecter les « règles du droit international », et non pas celles de « la démocratie par les bombes », et que seul le Conseil de sécurité a le pouvoir d’autoriser une attaque contre la Syrie. Une fois de plus, la Russie et la Chine, trois fois déjà, ont dit non à la guerre.

    Voici la réponse chinoise [4]. Une réponse qui n’est pas parvenue par la voie diplomatique, comme le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, mais par un éditorial de l’agence de presse Xinhua, qui dans le contexte chinois signifie la version officielle de Pékin. Le titre est plutôt explicite : « Par sa mise en garde sur le « ligne rouge », Obama cherche un nouveau prétexte pour une intervention en Syrie. »

    Et l’agence écrit textuellement – résumant la politique étrangère US selon Pékin : « Il n’est pas difficile de constater que, sous le couvert de l’humanitaire, les USA ont toujours essayé d’écraser les gouvernements qu’ils considèrent comme une menace pour leurs soi-disant intérêts nationaux et afin de les remplacer par des sympathisants de Washington. »

    Tous les acteurs clés ici –USA, Russie et Chine – savent que Damas ne commettra pas la folie d’utiliser (ou de faire « circuler ») des armes chimiques. Donc, pas étonnant que Moscou et Pékin suspectent fortement que cette astuce de « ligne rouge » ne soit qu’une nouvelle manœuvre de diversion d’Obama, du genre « Leading from behind » ("diriger en coulisses") en Libye (une foutaise : en fait, l’attaque sur la Libye a été démarrée par AfriCom, puis a été transférée à l’OTAN).

    Comme l’Asia Times Online n’a cessé de le rapporter depuis plus d’un an, une fois de plus la situation dans son ensemble est claire : il s’agit d’un combat titanesque entre l’OTAN-CCG d’une part et les membres des BRICS , la Russie et la Chine, d’autre part. L’enjeu n’est rien de moins que la primauté du droit international, qui n’a cessé d’être violé depuis au moins la pulvérisation de l’agent Orange sur tout le Vietnam, en passant par l’invasion de l’Irak par « Dubya » Bush en 2003, pour toucher le fond du gouffre avec le « bombardement humanitaire » de la Libye. Sans parler d’Israël qui menace tous les jours de bombarder l’Iran – comme s’il s’agissait d’une visite à un traiteur casher.

    Bon, on peut toujours rêver du jour où un monde multipolaire donnera un carton rose (avis de licenciement) aux traceurs de lignes rouges.

    Notes

    1. Obama Threatens Force Against Syria, New York Times, 20 août 2012

    2. http://www.moonofalabama.org/2012/08/obama-to-assad-do-whatever-you-need-to-do.html, Moon of Alabama, 21 août 2012.

    3. Russia warns West on Syria after Obama threats, Reuters, 21 août 2012.

    4. Obama’s “red line” warnings merely aimed to seek new pretext for Syria intervention, 22 août 2012.

    Merci à Tlaxcala
    Source : http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/NH24Ak03.html
    Date de parution de l’article original : 24/08/2012

    Libellés : Syrie | ADM | USA | Obama | Intervention militaire | Russie | Chine

  • Une des affaires sales du moment, c’est l’expulsion de libanais de Bahreïn, la plupart étant évidemment chiites.

    Le 14 Mars, toujours prompt à sacrifier ses propres concitoyens du moment qu’ils sont chiites, dénonce là les effets du discours du 19 Mars de Hassan Nasrallah, qui avait évoqué la répression à Barheïn.
    http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/699786/Timides_initiatives_contre_les_expulsions_des_Libanais_de_Bahrein.htm

    Pour Mohammad Jarrah, membre du bloc du Futur, qui s’exprimait au micro de la VDL 93.3, ce qui est arrivé était « attendu » après les déclarations de Hassan Nasrallah et « ses ingérences » dans les affaires internes du royaume. Il a indiqué que Saad Hariri avait essayé d’intervenir pour « réduire l’impact » des propos du chef du Hezbollah auprès de Bahreïn, propos qui ont laissé « un grand ressentiment » dans le royaume. Amine Wehbé, son collègue, a estimé pour sa part que « l’immixtion iranienne » dans les affaires du royaume a teinté les revendications de l’opposition « d’une couleur fortement confessionnelle », « confirmée » par les discours de Hassan Nasrallah, qui « a lésé les Libanais » résidant à Bahreïn.

    Les expulsions de libanais depuis les pays du Golfe, on a en parle pourtant depuis l’année dernière.

    Surtout, l’orientation : cette histoire de « complot iranien-chiite » dans les pays du Golfe, servant d’alibi à l’intervention à Bahreïn, ça date du 21 mars, avec la dénonciation hystérique d’un « complot étranger formenté pendant 20 à 30 ans » par le roi el Khalifa :
    http://actualite.portail.free.fr/monde/21-03-2011/le-roi-de-bahrein-annonce-l-echec-d-un-complot-etranger

    « Un complot étranger a été fomenté pendant 20 à 30 ans jusqu’à ce que le terrain soit prêt pour des menées subversives », a déclaré à son armée le monarque sunnite, cité par l’agence BNA. « J’annonce l’échec de ce complot. »

    Si ce complot avait réussi dans un pays du Golfe, il aurait fait tâche d’huile sur les pays voisins, a ajouté Hamad.

    Bahreïn, théâtre de manifestations depuis plus d’un mois, a fait appel lundi dernier aux forces du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le royaume sunnite a également arrêté des dirigeants de l’opposition pour connivence avec des pays étrangers.

    Annonce rapidement suivie, parmi les mesures répressives, par la mise en place d’un plan d’« expulsions massives » sur base confessionnelle :
    http://www.iranmanif.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1437

    Le quotidien koweïtien As-Siyassa a indiqué que le plan du CCG visait à expulser des milliers de chiites libanais ayant des liens avec le Hezbollah et les gardiens de la révolution de l’Iran. Le journal, dans un article du 24 mars, a déclaré que le plan avait été élaboré dans le sillage des rapports de renseignements stipulant que des chiites libanais avaient été recrutés pour manifester au Bahreïn et en Arabie saoudite.

    D’après une source diplomatique, « aucun chiite libanais lié ou soupçonné d’être associé au Hezbollah et au gardiens de la révolution ne restera dans le Golfe ».

    On dit que le CCG a reçu des renseignements du Bahreïn, de la France et des États-Unis sur l’arrivée d’agents du Hezbollah et des pasdarans dans les Etats sunnites du Golfe. As-Siyassa a déclaré que d’après les rapports de renseignement, les agents des pasdaran et du Hezbollah dirigeaient des manifestations contre le régime au Bahreïn et en Arabie saoudite.

    Par « expulsion massive », on parle tout de même d’une « proposition visant à découvrir les quelques 20.000 chiites qui entretiennent des liens avec l’Iran ».

    À nouveau, le 14 Mars libanais importe la stratégie décidée par l’arabie séoudite : la répression de l’opposition par la dénonciation sectaire des chiites comme « anti-arabes » et « iraniens ». Pour le Liban, cette stratégie est purement et simplement mortelle.

  • Où l’on apprend incidemment que le #Qatar participe désormais à la répression à Bahreïn :

    AFP : Bahreïn : manifestations près de Manama, où l’opposition ne désarme pas
    http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hBm4uMONI4_lwUgvsnInOaC7VlPw?docId=CNG.304edd66d9b57d20dfa5e42dd7cd9b5

    Bahreïn a reçu le soutien de son puissant voisin l’Arabie Saoudite qui a dépêché vers Manama un millier de militaires, faisant partie du Bouclier de la Péninsule, la force commune des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG).
    Les Emirats arabes unis ont également envoyé des troupes pour aider le régime de Manama, et vendredi le Qatar a lui aussi annoncé sa participation à cette opération.

    (Oui, à l’AFP, on aime les titres débiles : l’opposition revendique la non-violence, c’est le régime et les troupes d’invasion étrangères qui sont armés. #maître_capello)

  • Bahreïn : des soldats saoudiens en renfort - L’Express
    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/bahrein-des-soldats-saoudiens-en-renfort_971903.html#xtor=AL-447

    Plus d’un millier de soldats saoudiens faisant partie de la force commune du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont arrivés dimanche à Bahreïn, selon un responsable saoudien. L’opposition a réagi ce lundi en déclarant, que « toute présence militaire étrangère » serait considérée comme « une occupation ». 

    L’Arabie saoudite est le chef de file du CCG, groupement des monarchies arabes du Golfe dont fait partie Bahreïn. Le CCG a exprimé plus d’une fois sa solidarité avec les autorités bahreïnies qui font face à une contestation grandissante, animée essentiellement par des activistes chiites.

    #Bahreïn #Arabie_séoudite

  • ContreInfo : : Le crépuscule du dollar, par Robert Fisk 
    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2828

    Les pays Arabes du Golfe Persique planifient - avec la Chine, la Russie, le Japon et la France - de mettre fin à la facturation du pétrole en dollars, et vont utiliser à la place un panier de monnaies, dont le yen japonais et le yuan chinois, l’euro, l’or et la nouvelle devise commune que doivent adopter les nations appartenant au Conseil de Coopération du Golfe, incluant l’Arabie Saoudite, Abu Dhabi, le Koweït et le Qatar. C’est là un tournant majeur sur le plan financier pour le Moyen Orient.

    #dollar #économie #finance