organization:le conseil

  • Le #budget de l’#UE pour #2020 : la Commission centre sa proposition sur l’emploi, la croissance et la #sécurité

    Je mets ici uniquement ce qui concerne #frontières #migrations #réfugiés :

    Renforcer la sécurité et la #solidarité dans l’UE et au-delà

    Nombreux sont les défis européens qui ne connaissent pas de frontières. L’UE a recouru à plusieurs reprises à toute la flexibilité possible dans le budget pour faire face aux catastrophes, relever les défis de la migration et renforcer ses #frontières_extérieures. En mobilisant ses différents instruments, le budget 2020 de l’UE continuera à investir dans la solidarité et la sécurité en Europe et au-delà :

    - 420,6 millions € (+34,6 % par rapport à 2019) en faveur de l’#Agence_européenne_de garde-frontières_et_de garde-côtes (#Frontex), à la suite de l’accord dégagé en mars 2019 par le Parlement européen et le Conseil en vue de la mise en place d’un #corps_permanent de 10’000 garde-frontières d’ici à 2027 ;

    - 560 millions € pour les personnes dans le besoin en #Syrie ainsi que pour les #réfugiés et leurs communautés d’accueil dans la région. Il s’agit de la réponse budgétaire à un engagement pris lors de la conférence de Bruxelles III sur l’avenir de la Syrie en 2019 (le budget de l’UE pour 2019 prévoit déjà 2,01 milliards € de financements en faveur de la Syrie) ;
    - la poursuite du soutien du développement du système d’entrée/sortie, du système européen d’information et d’autorisation concernant les voyages, de la version modernisée du système d’information Schengen et du Fonds européen pour le développement durable, l’objectif global étant d’améliorer l’#interopérabilité des #systèmes_d'information de l’Union afin de préserver la sécurité de ses citoyens.

    http://europa.eu/rapid/press-release_IP-19-2809_fr.htm
    #EU #Europe #coût

    ping @karine4

    • L’ironie de « Nombreux sont les défis européens qui ne connaissent pas de frontières. » pour justifier le renforcement de la militarisation des frontières est en fait peu ironique, mais littéral : la sécurité ne connait pas de frontières, car elle est partout, ubiquitaire. La frontière est continue, ni dehors, ni dedans. Contrôle partout.

  • Pour le gouvernement, trop de biodiversité nuit à la croissance - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050519/pour-le-gouvernement-trop-de-biodiversite-nuit-la-croissance?onglet=full

    C’est l’une des plus anciennes et plus vénérables institutions de protection de la nature en France, et le gouvernement est en train de la priver de sa capacité à protéger les espèces naturelles menacées. Le Conseil national de protection de la nature (CNPN) est en train de perdre son droit de regard sur les demandes de dérogation à la protection des espèces protégées, selon des informations obtenues par Mediapart. La procédure actuelle oblige les porteurs de projet d’aménagement (une autoroute, une grande surface, une plateforme de forage pétrolier, un parc éolien, un aéroport…) à obtenir l’autorisation de la puissance publique si leurs travaux impactent l’habitat ou les conditions vitales de la faune et de la flore sauvages protégées. Les services instructeurs de l’État doivent alors saisir le CNPN pour recueillir son avis, consultatif.

    Mais un projet de décret visant à simplifier les procédures d’autorisation environnementale – en consultation jusqu’au lundi 6 mai – bouleverse ce fonctionnement. L’immense majorité des demandes de dérogation seraient désormais traitées par les conseils scientifiques régionaux du patrimoine naturel (CSRPN), instances directement nommées par les préfectures et les collectivités (Régions ou départements) et plus vulnérables, donc, aux pressions des responsables politiques et économiques locaux. Le CNPN ne serait plus sollicité que dans un nombre minime de cas, répertoriés dans un arrêté énumérant des espèces de vertébrés menacées d’extinction.

    #trop_de_biodiversité #CNPN

  • À la frontière ukraino-polonaise. “Ici, ce n’est pas l’entrée de la Pologne. C’est celle de l’Europe”

    Quand quelqu’un traverse cette ligne, il n’entre pas seulement en Pologne. Il entre en Europe. Demain, il peut être à Bruxelles. Après-demain, en Espagne ou au Portugal...”.

    Paolo, un officier de police portugais détaché à #Medyka, en Pologne, se tient sur une ligne rouge entourée de bandes blanches. “Ne la dépassez pas, sinon on va avoir des problèmes avec les Ukrainiens”, avertit-il.

    “On n’a pas besoin de mur ici”

    Devant lui, des voitures font la file pour sortir d’Ukraine. Des champs bordent le poste-frontière. La terre y a été retournée sur une quinzaine de mètres : sept et demi côté ukrainien, sept et demi côté polonais.
    “Si quelqu’un passe la frontière, il nous suffit de suivre les traces de pied dans la boue. À 10 kilomètres d’ici, il y a une #tour_de_contrôle avec des #caméras_de_surveillance (infrarouge et thermique) qui balaient l’horizon. Quand les conditions météo sont bonnes, elles peuvent voir jusqu’ici. Une deuxième tour va être installée de l’autre côté du #BCP (border check point, NdlR). Peut-être qu’un jour on aura une barrière comme en Hongrie. Mais je ne pense pas. On n’en a pas besoin ici, on a suffisamment d’équipements”, détaille Piotr, un officier qui ressemble comme deux gouttes d’eau au caporal Blutch dans Les Tuniques Bleues.

    Des détecteurs d’explosifs et de radioactivité - “ils sont très puissants et captent même si quelqu’un a suivi un traitement aux isotopes pour guérir du cancer” -, de battements de coeur - “le plus souvent, celui des souris dans les camions” -, #scanners à rayons X pour les véhicules et les cargos, caméras avec #thermo-vision qui peuvent identifier des objets, définir et enregistrer leurs coordonnées géographiques, capables de filmer à une distance maximale de 20 kilomètres, scanners de documents, lecteurs d’empreintes digitales, #terminaux_mobiles pour contrôler les trains... “On ne déconne pas à Medyka”, sourit Piotr.

    De barrière, il y en a bien une. Ou plutôt une simple #clôture, sortie de terre lorsque la Pologne appartenait au camp soviétique.

    Le BCP de Medyka, qui protège une section de 21 kilomètres de frontières entre les deux pays, a été construit en 1945. Parmi les quatorze postes de la frontière (dont onze avec la frontière ukrainienne), il s’agit du plus fréquenté : 14 000 piétons et 2 600 véhicules y passent chaque jour dans les deux sens. À cela, il faut encore ajouter les camions et les trains de passagers et de marchandises. “Certaines personnes passent toutes les semaines pour aller faire leurs courses - contrairement à ce que l’on pourrait croire, la vie est moins chère en Pologne qu’en Ukraine - et on finit par les connaître. Certains en profitent pour faire du trafic. Ils pensent que comme on les connaît et qu’on sait qu’ils sont réglos, on sera moins vigilants. C’est pour ça qu’il ne faut pas laisser la routine s’installer”, observe Piotr.

    Quand la Pologne adhère à l’Union européenne, en 2004, sa frontière orientale devient une des frontières extérieures de la zone Schengen (rejointe quant à elle en 2007). Cette même année, l’agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (#Frontex) voit le jour. Les opérations de coopération internationale aux postes-frontières polonais se sont multipliées depuis.

    Tous les officiers de la #Bieszczady_BGRU font ainsi partie d’un pôle de #garde-frontières et sont régulièrement envoyés en mission pour Frontex dans d’autres pays européens. À l’inverse, des officiers issus de différents États membres son envoyés par Frontex à Medyka (il y en a trois en ce moment : un Portugais, un Bulgare et un Espagnol). En cela, postuler comme garde-côte ou garde-frontière, c’est comme faire un mini Erasmus de trois mois.

    Dans quelques semaines, Piotr partira pour la treizième fois en mission pour Frontex. Ce sera la deuxième fois qu’il ira à la frontière entre la Bulgarie et la Serbie. Paolo est quant à lui le tout premier policier portugais à être déployé ici. Sa spécialité : détecter les voitures volées. À Medyka, on en repère entre 75 et 90 chaque année. “C’est particulier de travailler ici, à la limite du monde européen : on réalise ce que veut vraiment dire "libre-circulation" et "coopération internationale". C’est ici la première ligne, ici qu’on protège l’Europe, ici qu’on peut détecter si un voyageur est "régulier" ou pas. Si on ne le repère pas... Bonjour pour le retrouver dans Schengen ! En tant que policier, je savais tout ça. Mais je crois que je ne le comprenais pas vraiment. C’est lors de mon premier jour ici, quand j’ai vu la frontière, les files, les contrôles, que j’ai vraiment compris pourquoi c’est super important. Dans mon pays, je suis enquêteur. J’ai fait des tas d’arrestations pour toutes sortes de crimes qui ont été commis au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique. Si j’avais pu les stopper ici, en première ligne, peut-être que ce ne serait pas arrivé”, note Paolo.

    Mimi et Bernardo

    Pour la première fois éloigné de sa famille, Paolo a voulu sortir de sa routine en venant à Medyka. Enquêteur principal, la cinquantaine, il estimait avoir fait le tour de sa profession et commençait sérieusement à s’ennuyer. “Dans mon pays, j’étais le type vers qui se tournaient les autres pour avoir des conseils, des réponses. Ici, je suis le petit nouveau, je repars de zéro”, dit-il en buvant son café, entouré par trois collègues, tous nommés Piotr.

    “Raconte-lui l’histoire !”, s’exclame l’un d’eux. “Deux poissons sont dans un aquarium : Mimi et Bernardo. Bernardo est un petit poisson-rouge et Mimi est le plus grand. Il pense qu’il est le roi, qu’il a tout pour lui. Le jour où Mimi est placé dans un autre aquarium, beaucoup plus grand, avec un requin, Mimi se rend compte qu’il est tout petit ! Ici, je suis comme Mimi, je ne suis même pas une sardine (rires) !”. Morale de l’histoire : la taille du poisson dépend de la taille de l’aquarium. Et un enquêteur au top de sa carrière a toujours quelque chose à apprendre. “Oh allez Paolo, la taille ça ne compte pas !”, plaisante un autre Piotr.

    À Medyka, Paolo perfectionne sa connaissance en voitures volées et documents frauduleux. “Quand je faisais des contrôles d’identité au Portugal, je ne savais pas trop comment les reconnaître. Ici, j’apprends tous les jours grâce à leur expérience en la matière. Quand je rentrerai, j’enseignerai tout ça à mes collègues”, se réjouit-il.

    En guise d’illustration, Paolo contrôle notre passeport. Les fibres qui ressortent en couleurs fluo dans le lecteur de documents prouvent qu’il est authentique. “Premier bon signe”, glissent Paolo et Piotr. D’autres détails, qu’il est préférable de ne pas divulguer, confirment leurs certitudes. Un séjour en Afghanistan, un autre en Jordanie, un transit en Turquie et des tampons dans différents pays africains soulèvent toutefois des suspicions. “Si vous passiez la frontière avec ce passeport, on vous aurait signalé aux services secrets”, lâche Paolo.

    "Mon premier jour, on a découvert une Lexus volée"

    Ce cinquantenaire a le droit de circuler où bon lui semble - “c’est l’oiseau libre du BCP” - dans le poste-frontière. Il porte toujours un badge sur lui pour expliquer qui il est et dans quel cadre il intervient. Un détail important qui permet de calmer les tensions avec certains voyageurs qui ne comprennent pas pourquoi ils sont contrôlés par un officier portant un uniforme avec lequel ils ne sont pas familiers.

    Chaque matin, après avoir bu son café et fumé son cigare (il en grille trois par jour), Paolo se rend au terminal des voitures, son terrain de jeu. “Mon premier jour, on a découvert une Lexus volée ! Tout était bon : le numéro de châssis, la plaque d’immatriculation (espagnole), les pièces, les données... Mais un de mes collègues me répétait que quelque chose n’allait pas. J’ai contacté les autorités espagnoles pour leur demander une faveur. Ils ont accepté de vérifier et il se trouve que l’originale était garée à Valence ! Quand il y a deux voitures jumelles dans le monde, ça signifie qu’une des deux est volée. Et il faut trouver l’originale pour le prouver”, explique-t-il.

    Quelques instants plus tard, dans ce même terminal, il scrute un autre véhicule sous toutes ses coutures. Quelque chose cloche avec la vitre avant-gauche. Mais lui faut au moins deux détails suspects pour décider de placer le véhicule dans une autre file, où les fouilles et les vérifications sont plus poussées.

    Le #crime_organisé a toujours une longueur d’avance

    En 2018, Frontex a saisi 396 véhicules volés. Trois Joint Action Days, des opérations internationales organisées par l’agence visant à lutter contre les organisations criminelles, ont mené à la saisie de 530 voitures, 12 tonnes de tabac et 1,9 tonne de différentes drogues. 390 cas de fraudes aux documents de voyage ont été identifiés et 117 passeurs arrêtés.

    À la fin de sa journée, Paolo écrit un rapport à Frontex et signale tout ce qui s’est produit à Medyka. Le tout est envoyé au Situation Centre, à Varsovie, qui partage ensuite les informations récoltées sur des criminels suspectés à Europol et aux autorités nationales.

    Ce travail peut s’avérer décourageant : le crime organisé a toujours une longueur d’avance. “Il faut en être conscient et ne pas se laisser abattre. Parmi les vols, on compte de moins en moins de voitures entières et de plus en plus de pièces détachées. Ce qu’on peut trouver dans les véhicules est assez dingue. Un jour, on a même déniché un petit hélicoptère !”, se rappelle Piotr.

    Derrière lui, un agent ouvre le coffre d’une camionnette, rempli de différents moteurs de bateaux et de pneus. Plus loin, une agent des Douanes a étalé sur une table le contenu d’une voiture : CD, jouets, DVD... Elle doit tout vérifier avant de la laisser passer vers la frontière, où l’attendent Paolo et ses trois comparses.

    Par-delà l’entrée du BCP, la file s’étend sur quelques kilomètres. Les moteurs ronronnent, les passagers sortent pour griller une cigarette. Dans la file pour les piétons, certains s’impatientent et chantent une chanson invitant les officiers à travailler un peu plus vite. “Là où il y a une frontière, il y a toujours une file”, dit Piotr en haussant les épaules. Il faut une minute pour vérifier l’identité d’une personne, trente minutes à une heure pour “innocenter” une voiture.

    "Avant 2015, je ne connaissais pas Frontex"

    Le travail des garde-frontières est loin de refléter l’ensemble des tâches gérées par Frontex, surtout connue du grand public depuis la crise de l’asile en Europe et pour le volet "migration" dont elle se charge (sauvetages en mer, identification des migrants et rapatriements). Son rôle reste flou tant son fonctionnement est complexe. “Je n’avais jamais entendu parler de Frontex avant la crise de 2015. J’ai appris son existence à la télévision et je suis allé me renseigner sur Internet”, avance Paolo.

    Les images des migrants traversant la Méditerranée, qui font régulièrement le tour du monde depuis quatre ans, l’ont bouleversé. “Je trouve ça tellement normal de vouloir une vie meilleure. Quand on voit les risques qu’ils prennent, on se dit qu’ils doivent vraiment être désespérés. Je me souviens que je regardais ma fille qui se plaignait de son iPhone qui n’avait qu’un an mais qu’elle trouvait déjà trop vieux. Je me suis dit que j’étais très bien loti et que je pouvais peut-être faire quelque chose. Alors, j’ai décidé de déposer ma candidature. Je ne savais pas où j’allais être envoyé et j’ai fini ici, à Medyka. Ce n’est pas la même chose que de sauver des vies mais... dans quelques années, je pourrai dire que j’ai fait quelque chose. Que je ne suis pas resté les bras croisés chez moi, à regarder ma fille et son iPhone”.

    Dans le Situation Center de Frontex, coeur névralgique de la surveillance des frontières

    La migration et la #criminalité_transfrontalière sur grand écran

    Le cœur névralgique de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex) est situé à son siège principal, à #Varsovie. Une douzaine d’agents s’y relaient en permanence pour surveiller les frontières extérieures de l’Union européenne.

    Devant eux, trois larges écrans meublent les murs du #Situation_Center. Des points verts apparaissent sur celui du milieu, le plus large, principalement près des côtes grecques et espagnoles. Ils représentent diverses “détections” en mer (sauvetages en mer, navire suspect, etc.).

    Sur une autre carte, les points verts se concentrent près des frontières terrestres (trafic de drogue, voitures volées, migration irrégulière, etc.) de l’Albanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Grèce. À gauche, une carte affiche d’autres informations portant sur les “incidents” aux postes-frontières détectés par les États membres. “Ce que vous voyez ici n’est pas diffusé en temps réel mais on tend à s’en rapprocher le plus possible. Voir les données nous aide à évaluer la situation aux frontières, constater si certaines sont soumises à une pression migratoire et à effectuer des analyses de risques”, explique un porte-parole de l’agence. Les images diffusées lors de notre passage datent de février. Dès que nous quittons la pièce, elles seront remplacées par d’autres, plus récentes qui ne sont pas (encore) publiables.

    Le #Frontex_Situation_Centre (#FSC) est une sorte de plate-forme où parviennent toutes sortes d’informations. Elle les les compile et les redispatche ensuite vers les autorités nationales, Europol ou encore la Commission européenne.

    Sur demande, Frontex peut également suivre, par exemple, tel vaisseau ou telle camionnette (le suivi en temps réel dans le cadre de missions spécifiques se déroule dans une autre pièce, où les journalistes ne sont pas les bienvenus) grâce au système européen de surveillance des frontières baptisé #Eurosur, un système de coopération entre les États membres de l’Union européenne et Frontex qui “vise à prévenir la criminalité transfrontalière et la migration irrégulière et de contribuer à la protection de la vie des migrants”.

    Pour tout ce qui touche à l’observation terrestre et maritime, Frontex exploite du Centre satellitaire de l’Union européenne, de l’Agence européenne pour la sécurité maritime et l’Agence européenne de contrôle des pêches.

    Un exemple : en septembre 2015, les garde-côtes grecs ont intercepté Haddad I, un vaisseau surveillé par Eurosur depuis le début de l’année. Le navire, en route vers la Libye, transportait 5 000 armes, 500 000 munitions et 50 millions de cigarette. Autre exemple : en octobre 2015, un radar-satellite utilisé par Eurosur a détecté des objets en mer, au nord de la Libye. Envoyé sur place par les autorités italiennes dans le cadre de l’opération Sophia, le Cavour, porte-aéronefs de la Marine militaire, a trouvé plusieurs bateaux avec des migrants à bord. 370 personnes ont été sauvées et amenées à bon port.

    Surveillance accrue des médias

    Dans un coin de la pièce, des images diffusées par France 24, RaiNews et CNBC défilent sur d’autres écrans. Au FSC, on suit l’actualité de très près pour savoir ce qui se dit sur la migration et la criminalité transfrontalière. Parfois, les reportages ou les flash info constituent une première source d’information. “La plupart du temps on est déjà au courant mais les journalistes sont souvent mieux informés que les autorités nationales. La couverture médiatique de la migration change aussi d’un pays à l’autre. Par exemple, les Italiens et les Grecs connaissent mieux Frontex que les autres”, glisse un porte-parole.

    Les médias sociaux (Twitter, Facebook, Youtube) sont également surveillés quotidiennement par une équipe dédiée depuis 2015. “Pendant la crise migratoire, Facebook était une source importante d’information. On peut y trouver pas mal de choses sur le trafic d’êtres humains, même si ce n’est pas évident. Ça peut être aussi utile quand une personne a traversé une frontière illégalement et poste une vidéo pour dire qu’il a réussi. Mais on ne mène pas d’enquête. On transmet à Europol ce qui peut être intéressant”, décrit-on chez Frontex.

    Depuis 2009, le FSC publie une newsletter en interne, du lundi au vendredi. L’agence a également créé le Frontex Media Monitor, une application gérée par le staff du FSC qui collecte les articles portant sur la gestion des frontières, Frontex et les agences frontalières des États membres. Ils sont issus de 6 000 sources ouvertes en 28 langues différentes.

    Une partie des agents qui travaillent au FSC, des nationaux issus des États membres qui vont-viennent selon une rotation effectuées tous les trois mois, rédige des rapports durant les périodes dites “de crise”. Ceux-ci portent sur les incidents majeurs aux frontières européennes, la situation migratoire dans les différents États membres, les développements politiques et institutionnels au niveau national et international et les crises dans les pays non-européens.

    Paradoxe kafkaïen

    À l’avenir, le programme Eurosur permettra-t-il de sauver des vies, comme dans l’exemple susmentionné ? Alors que l’Union européenne vient de suspendre la composante navale de l’opération Sophia (ou EUNAVFORMED), Frontex va bientôt acquérir ses propres navires grâce à l’élargissement de son mandat. Selon le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, ceux-ci pourront couvrir plus de kilomètres que ceux déployés par les autorités nationales.

    En vertu du droit maritime international, Frontex est, comme tout navire, tenue de porter assistante aux naufragés et de les ramener dans un port sûr. De port sûr, condition requise par ce même droit pour débarquer des personnes à terre, les autorités européennes considèrent qu’il n’y en a pas en Libye. Mais l’Italie refuse désormais de porter seule la charge des migrants secourus en mer et les Européens n’ont pas réussi à trouver d’accord pour se les répartir à l’avenir. D’où la suspension des activités maritime de Sophia.

    Quid si l’agence est amenée à procéder à un sauvetage pendant une mission de surveillance des frontières extérieures ? L’Europe finira-t-elle par obliger les navires de Frontex, son “bras opérationnel”, à rester à quai ? Et si oui, qui surveillera les frontières ? À quoi serviront alors les investissements que Frontex s’apprête à réaliser, au frais du contribuable européen, pour s’acheter son propre matériel ? Seul l’avenir donnera des réponses.

    “Nous ne construisons pas une Europe forteresse”

    Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex)

    Douze secondes pour décider. C’est le temps dont dispose, en moyenne, un garde-frontière pour décider si un voyageur est “légal” et si ses documents sont authentiques. C’est ce que dit une brochure produite par l’équipe “Information et Transparence” de Frontex, l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières, exposée dans une salle d’attente de ladite agence.

    La tour qui abrite le siège de l’agence a été réalisée par le constructeur flamand Ghelamco, en plein centre des affaires de Varsovie.

    Début avril, l’agrandissement du mandat de Frontex a été confirmé. Dotée de 1 500 garde-côtes et garde-frontières (majoritairement déployés en Grèce, en Italie et en Espagne) empruntés aux États-membres, Frontex en comptera 10 000 d’ici 2027 et pourra acquérir son propre équipement (avions, bateaux, voitures, hélicoptères, etc.). Le tout doit encore être adopté par le Parlement européen et le Conseil – une formalité qui ne devrait pas remettre en question ce projet. Depuis son bureau à Varsovie, situé dans une tour sortie de terre par le constructeur flamand Ghelamco, Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l’agence, revient en détails sur cette décision, qu’il considère comme “une grande avancée pour l’Union européenne” .

    Le mandat de Frontex a déjà été élargi en 2016. Celui qui vient d’être avalisé va encore plus loin. Des États membres avaient exprimé leurs réticences par rapport à celui-ci. Qu’est-ce qui a changé ces dernières semaines ?

    2016 a été un véritable tournant pour notre agence, qui a été investie d’un mandat plus robuste avec des moyens plus importants. Aujourd’hui, on ne doit plus seulement renforcer des équipes pour réagir en cas de crise – c’est nécessaire mais insuffisant, on l’a compris en 2015 et 2016. Il s’agit de renforcer de manière durable la capacité européenne de gestion des frontières. Concernant notre futur mandat, il est clair que certains États seront vigilants dans la manière dont il sera mis en œuvre. 2020 était une date qui paraissait, à juste titre, très difficile pour la plupart des acteurs (la Commission européenne souhaitait que les effectifs soient portés à 10 000 en 2020, NdlR). D’ailleurs, j’ai observé qu’on parlait beaucoup plus de cette date que du nombre d’agents lui-même, ce qui me laisse penser que nous sommes donc largement soutenus.

    Un corps européen n’a jamais existé auparavant à une telle échelle. Expliquez-nous comment il va fonctionner.

    Construire la capacité de gestion de frontières efficaces, ça ne veut pas dire qu’on doit se cantonner à l’immigration irrégulière. Il faut aussi s’occuper du bon fonctionnement des franchissements réguliers aux points de passages (dans les aéroports, aux postes-frontières, etc.). En 2018, on a eu 150  000 franchissements irréguliers mais on a 700 millions de franchissements réguliers par an. Donc, on ne construit pas une Europe forteresse mais un espace intérieur de libertés, de sécurité et de justice. L’objectif de la création de ce corps européen et des propositions budgétaires proposées par la Commission est de pouvoir recruter davantage pour augmenter le nombre total de garde-côtes et de garde-frontières. Ce corps européen doit être construit ensemble avec les États. On est là pour se compléter les uns les autres et pas pour entrer en concurrence (lire ci-dessous) . Selon un chiffre qui vient des États membres eux-mêmes, le nombre théorique de garde-frontières que l’Union européenne devrait avoir est de 115  000. Quand on regarde combien il y en a de façon effective, selon les planifications nationales, il y en a – à peu près – 110  000.

    “Nos grosses opérations et nos nouveaux déploiements en dehors de l’Union européenne, sont deux gros morceaux qui vont absorber pas mal de ressources”.

    Au niveau opérationnel, quels sont les grands changements que permet le nouveau mandat ?

    Nous allons pouvoir déployer, en mai, une opération hors du territoire européen, en Albanie. Nous pourrons aussi aller dans un pays tiers sans que ce soit nécessairement un pays directement voisin de l’Union européenne, à condition évidemment que celui-ci nous appelle, donne son consentement et qu’il y ait un accord entre l’Union européenne et ce pays. Autrement dit  : on va avoir des contingents de plus en plus nombreux hors des frontières européennes. Nos grosses opérations et nos nouveaux déploiements en dehors de l’Union européenne, sont deux gros morceaux qui vont absorber pas mal de ressources.

    Une de vos missions qui prend de plus en plus d’importance est d’organiser le rapatriement de personnes dans les pays tiers.

    À ce niveau-là, l’Union européenne est passée dans une autre dimension. L’Europe est devenu un acteur à part entière de l’éloignement. Par rapport à ce qu’on pouvait seulement imaginer il y a quatre ou cinq ans (13 729 personnes ont été rapatriées en 2018 contre 3 576 en 2015, NdlR), on a fait un bond énorme. Pour les éloignements, une partie des ressources humaines sera utilisée soit comme escorteurs, soit comme spécialiste de l’éloignement qui vont aider les États membres à les préparer. Cette dimension est nécessaire à cause d’un goulot d’étranglement administratif  : les États membres n’ont pas augmenté le personnel qui doit préparer les décisions d’éloignement alors que le nombre d’étrangers en situation irrégulière et de demandeurs d’asile déboutés à éloigner croît. Le corps européen peut répondre à cette faiblesse pour qu’elle ne se transforme pas en vulnérabilité.

    Vous parlez de complémentarité avec les États. Certains sont méfiants face à l’élargissement du mandat de Frontex, voire carrément hostiles à sa présence sur leur territoire, en vertu de leur souveraineté nationale. Ont-ils raison de craindre pour celle-ci ?

    Qu’il y ait des craintes, ça peut se comprendre. Mais les déploiements du corps européens se feront toujours avec le consentement de l’État concerné et l’activité se déroulera toujours sous l’autorité tactique de celui-ci. Vous savez, je ne sais pas combien de personnes s’en souvienne mais la libre-circulation dans l’espace Schengen existe depuis bientôt 25 ans. Ça fait donc près d’un quart de siècle que les gardes-frontières nationaux gardent la frontière de “nous tous”. Donc ce qu’on fait aujourd’hui, ce n’est pas si différent… Le vrai changement, c’est que ce sera plus visible. Plus assumé. Que Frontex devient le bras opérationnel de l’Union européenne. Moi, je considère l’agence comme une plateforme d’entraide opérationnelle. Et ce n’est pas parce qu’un État membre nous demande de l’aide qu’il est défaillant. Il ne faut pas non plus percevoir nos actions comme une sanction, une faiblesse ou une substitution à la souveraineté. À l’avenir, il faudra que chaque État puisse avoir un petit bout de ce corps européen présent chez lui. Il contribue à renforcer une culture de travail commune, à homogénéiser des pratiques. Les frontières extérieures sont communes à tous, à notre espace de circulation et il serait absolument incompréhensible qu’on travaille de façon radicalement différente en divers endroits de cette frontière commune.

    Le nouveau mandat vous donne tout de même plus d’autonomie…

    On aura une autonomie opérationnelle plus forte et une flexibilité dans la gestion des ressources humaines, ce qui est effectivement une force. Mais c’est une force pour nous et qui bénéficie aux États membres. On aura aussi une plus grande autonomie technique renforcée grâce à nos propres moyens opérationnels (Frontex emprunte actuellement ce matériel aux États membres et les défraye en échange, NdlR).

    À vous entendre, on croirait que la libre-circulation des personnes a été tellement menacée qu’elle aurait pu disparaître…

    C’est le cas. La crise de 2015-2016 a montré que ce qui était remis en question, c’était la libre-circulation effective. D’ailleurs, un certain nombre d’États membres ont rétablis les contrôles aux frontières. C’est le signe d’un dysfonctionnement. L’objectif des autorités au niveau de l’Union européenne, c’est de retourner au fonctionnement normal. C’est “retour à Schengen”.

    Le visa Schengen est le représentant du collectif des 26 pays européens qui ont mutuellement décidé d’éliminer les contrôles à leurs frontières communes.

    Schengen, c’est quelque chose que l’on prend trop pour acquis ?

    Quand on voyage à l’intérieur de cet espace, ça paraît surprenant de se voir demander sa carte d’identité ou d’entendre que le contrôle a été rétabli aux frontières intérieures. Ça a un impact économique monstrueux qui se chiffre en millions, même en milliards d’euros et ça détricote l’Europe petit à petit. Un espace de libre-circulation, c’est un espace où on circule pour faire du commerce, pour étudier, etc. Et c’est là que le rôle de l’agence de garde-côtes et de garde-frontières est crucial  : les frontières doivent fonctionnent correctement pour sauver et maintenir Schengen. Sans vouloir faire une digression, c’est un peu la même chose avec qu’avec la zone euro. C’est quelque chose de très concret pour le citoyen européen. Vous remarquez que quand vous arrivez en Pologne (nous sommes à Varsovie, où se situe le siège de Frontex, NdlR), vous ne pouvez pas payer votre bus avec une pièce dans le bus. L’espace Schengen, c’est pareil. C’est quand on ne l’a pas ou qu’on ne l’a plus, qu’il est suspendu temporairement, qu’on se dit que c’est quand même bien. Frontex évolue dans un domaine où “plus d’Europe” est synonyme de meilleur fonctionnement et de meilleure utilisation des deniers publics.

    En 2015, le budget de Frontex dédié aux retours était de 13 millions d’euros. En 2018, 54 millions y étaient dédiés. La Belgique n’organisait quasiment pas de vols sécurisés, en collaboration avec Frontex avant 2014. Ces "special flights" sont plus avantageux sur le plan financier pour les États car ceux-ci sont remboursés entre 80 % et 100 % par Frontex.


    https://dossiers.lalibre.be/polono-ukrainienne/login.php
    #frontières #Europe #pologne #Ukraine #gardes-frontières #migrations #asile #réfugiés #surveillance #contrôles_frontaliers

  • La bataille des Lobbies européens autour de la directive Copyright
    https://lvsl.fr/la-bataille-des-lobbies-europeens-autour-de-la-directive-copyright

    La proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique sort de sa phase de négociation et aborde sa dernière ligne droite : celle des adoptions par les deux co-législateurs que sont le Conseil européen et le Parlement européen. Depuis sa création, la proposition de directive cristallise les passions. État des lieux des jeux d’influence et des tractations européennes opérées sur ce texte depuis son entrée en négociation en septembre 2018. Il (...)

    #Société_Belge_des_Auteurs,Compositeurs_et_Editeurs(SABAM) #Google #Alphabet #Microsoft #DailyMotion #Facebook #Reddit #YouTube #algorithme #ContentID #législation #GAFAM #web #surveillance #copyright #filtrage #lobbying #CJUE #Creatives_Commons (...)

    ##Société_Belge_des_Auteurs,Compositeurs_et_Editeurs__SABAM ##European_Digital_Rights ##LaQuadratureduNet ##Wikileaks

  • L’agenda européen en matière de migration : l’UE doit poursuivre les progrès accomplis au cours des quatre dernières années

    Dans la perspective du Conseil européen de mars, la Commission dresse aujourd’hui le bilan des progrès accomplis au cours des quatre dernières années et décrit les mesures qui sont encore nécessaires pour relever les défis actuels et futurs en matière de migration.

    Face à la crise des réfugiés la plus grave qu’ait connu le monde depuis la Seconde Guerre mondiale, l’UE est parvenue à susciter un changement radical en matière de gestion des migrations et de protection des frontières. L’UE a offert une protection et un soutien à des millions de personnes, a sauvé des vies, a démantelé des réseaux de passeurs et a permis de réduire le nombre d’arrivées irrégulières en Europe à son niveau le plus bas enregistré en cinq ans. Néanmoins, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer la pérennité de la politique migratoire de l’UE, compte tenu d’un contexte géopolitique en constante évolution et de l’augmentation régulière de la pression migratoire à l’échelle mondiale (voir fiche d’information).

    Frans Timmermans, premier vice-président, a déclaré : « Au cours des quatre dernières années, l’UE a accompli des progrès considérables et obtenu des résultats tangibles dans l’action menée pour relever le défi de la migration. Dans des circonstances très difficiles, nous avons agi ensemble. L’Europe n’est plus en proie à la crise migratoire que nous avons traversée en 2015, mais des problèmes structurels subsistent. Les États membres ont le devoir de protéger les personnes qu’ils abritent et de veiller à leur bien-être. Continuer à coopérer solidairement dans le cadre d’une approche globale et d’un partage équitable des responsabilités est la seule voie à suivre si l’UE veut être à la hauteur du défi de la migration. »

    Federica Mogherini, haute représentante et vice-présidente, a affirmé : « Notre collaboration avec l’Union africaine et les Nations unies porte ses fruits. Nous portons assistance à des milliers de personnes en détresse, nous en aidons beaucoup à retourner chez elles en toute sécurité pour y démarrer une activité, nous sauvons des vies, nous luttons contre les trafiquants. Les flux ont diminué, mais ceux qui risquent leur vie sont encore trop nombreux et chaque vie perdue est une victime de trop. C’est pourquoi nous continuerons à coopérer avec nos partenaires internationaux et avec les pays concernés pour fournir une protection aux personnes qui en ont le plus besoin, remédier aux causes profondes de la migration, démanteler les réseaux de trafiquants, mettre en place des voies d’accès à une migration sûre, ordonnée et légale. La migration constitue un défi mondial que l’on peut relever, ainsi que nous avons choisi de le faire en tant qu’Union, avec des efforts communs et des partenariats solides. »

    Dimitris Avramopoulos, commissaire pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté, a déclaré : « Les résultats de notre approche européenne commune en matière de migration parlent d’eux-mêmes : les arrivées irrégulières sont désormais moins nombreuses qu’avant la crise, le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes a porté la protection commune des frontières de l’UE à un niveau inédit et, en collaboration avec nos partenaires, nous travaillons à garantir des voies d’entrée légales tout en multipliant les retours. À l’avenir, il est essentiel de poursuivre notre approche commune, mais aussi de mener à bien la réforme en cours du régime d’asile de l’UE. En outre, il convient, à titre prioritaire, de mettre en place des accords temporaires en matière de débarquement. »

    Depuis trois ans, les chiffres des arrivées n’ont cessé de diminuer et les niveaux actuels ne représentent que 10 % du niveau record atteint en 2015. En 2018, environ 150 000 franchissements irréguliers des frontières extérieures de l’UE ont été détectés. Toutefois, le fait que le nombre d’arrivées irrégulières ait diminué ne constitue nullement une garantie pour l’avenir, eu égard à la poursuite probable de la pression migratoire. Il est donc indispensable d’adopter une approche globale de la gestion des migrations et de la protection des frontières.

    Des #mesures immédiates s’imposent

    Les problèmes les plus urgents nécessitant des efforts supplémentaires sont les suivants :

    Route de la #Méditerranée_occidentale : l’aide au #Maroc doit encore être intensifiée, compte tenu de l’augmentation importante des arrivées par la route de la Méditerranée occidentale. Elle doit comprendre la poursuite de la mise en œuvre du programme de 140 millions d’euros visant à soutenir la gestion des frontières ainsi que la reprise des négociations avec le Maroc sur la réadmission et l’assouplissement du régime de délivrance des visas.
    #accords_de_réadmission #visas

    Route de la #Méditerranée_centrale : améliorer les conditions d’accueil déplorables en #Libye : les efforts déployés par l’intermédiaire du groupe de travail trilatéral UA-UE-NU doivent se poursuivre pour contribuer à libérer les migrants se trouvant en #rétention, faciliter le #retour_volontaire (37 000 retours jusqu’à présent) et évacuer les personnes les plus vulnérables (près de 2 500 personnes évacuées).
    #vulnérabilité #évacuation

    Route de la #Méditerranée_orientale : gestion des migrations en #Grèce : alors que la déclaration UE-Turquie a continué à contribuer à la diminution considérable des arrivées sur les #îles grecques, des problèmes majeurs sont toujours en suspens en Grèce en ce qui concerne les retours, le traitement des demandes d’asile et la mise à disposition d’un hébergement adéquat. Afin d’améliorer la gestion des migrations, la Grèce devrait rapidement mettre en place une stratégie nationale efficace comprenant une organisation opérationnelle des tâches.
    #accord_ue-turquie

    Accords temporaires en matière de #débarquement : sur la base de l’expérience acquise au moyen de solutions ad hoc au cours de l’été 2018 et en janvier 2019, des accords temporaires peuvent constituer une approche européenne plus systématique et mieux coordonnée en matière de débarquement­. De tels accords mettraient en pratique la #solidarité et la #responsabilité au niveau de l’UE, en attendant l’achèvement de la réforme du #règlement_de_Dublin.
    #Dublin

    En matière de migration, il est indispensable d’adopter une approche globale, qui comprenne des actions menées avec des partenaires à l’extérieur de l’UE, aux frontières extérieures, et à l’intérieur de l’UE. Il ne suffit pas de se concentrer uniquement sur les problèmes les plus urgents. La situation exige une action constante et déterminée en ce qui concerne l’ensemble des éléments de l’approche globale, pour chacun des quatre piliers de l’agenda européen en matière de migration :

    1. Lutte contre les causes de la migration irrégulière : au cours des quatre dernières années, la migration s’est peu à peu fermement intégrée à tous les domaines des relations extérieures de l’UE :

    Grâce au #fonds_fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique, plus de 5,3 millions de personnes vulnérables bénéficient actuellement d’une aide de première nécessité et plus de 60 000 personnes ont reçu une aide à la réintégration après leur retour dans leur pays d’origine.
    #fonds_fiduciaire_pour_l'Afrique

    La lutte contre les réseaux de passeurs et de trafiquants a encore été renforcée. En 2018, le centre européen chargé de lutter contre le trafic de migrants, établi au sein d’#Europol, a joué un rôle majeur dans plus d’une centaine de cas de trafic prioritaires et des équipes communes d’enquête participent activement à la lutte contre ce trafic dans des pays comme le #Niger.
    Afin d’intensifier les retours et la réadmission, l’UE continue d’œuvrer à la conclusion d’accords et d’arrangements en matière de réadmission avec les pays partenaires, 23 accords et arrangements ayant été conclus jusqu’à présent. Les États membres doivent maintenant tirer pleinement parti des accords existants.
    En outre, le Parlement européen et le Conseil devraient adopter rapidement la proposition de la Commission en matière de retour, qui vise à limiter les abus et la fuite des personnes faisant l’objet d’un retour au sein de l’Union.

    2. Gestion renforcée des frontières : créée en 2016, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes est aujourd’hui au cœur des efforts déployés par l’UE pour aider les États membres à protéger les frontières extérieures. En septembre 2018, la Commission a proposé de renforcer encore le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes et de doter l’Agence d’un corps permanent de 10 000 garde-frontières, afin que les États membres puissent à tout moment bénéficier pleinement du soutien opérationnel de l’UE. La Commission invite le Parlement européen et les États membres à adopter la réforme avant les élections au Parlement européen. Afin d’éviter les lacunes, les États membres doivent également veiller à un déploiement suffisant d’experts et d’équipements auprès de l’Agence.

    3. Protection et asile : l’UE continuera à apporter son soutien aux réfugiés et aux personnes déplacées dans des pays tiers, y compris au Moyen-Orient et en Afrique, ainsi qu’à offrir un refuge aux personnes ayant besoin d’une protection internationale. Plus de 50 000 personnes réinstallées l’ont été dans le cadre de programmes de l’UE depuis 2015. L’un des principaux enseignements de la crise migratoire est la nécessité de réviser les règles de l’UE en matière d’asile et de mettre en place un régime équitable et adapté à l’objectif poursuivi, qui permette de gérer toute augmentation future de la pression migratoire. La Commission a présenté toutes les propositions nécessaires et soutient fermement une approche progressive pour faire avancer chaque proposition. Les propositions qui sont sur le point d’aboutir devraient être adoptées avant les élections au Parlement européen. La Commission continuera de travailler avec le Parlement européen et le Conseil pour progresser vers l’étape finale.

    4. Migration légale et intégration : les voies de migration légale ont un effet dissuasif sur les départs irréguliers et sont un élément important pour qu’une migration ordonnée et fondée sur les besoins devienne la principale voie d’entrée dans l’UE. La Commission présentera sous peu une évaluation complète du cadre de l’UE en matière de migration légale. Parallèlement, les États membres devraient développer le recours à des projets pilotes en matière de migration légale sur une base volontaire. L’intégration réussie des personnes ayant un droit de séjour est essentielle au bon fonctionnement de la migration et plus de 140 millions d’euros ont été investis dans des mesures d’intégration au titre du budget de l’UE au cours de la période 2015-2017.

    http://europa.eu/rapid/press-release_IP-19-1496_fr.htm
    –-> Quoi dire plus si ce n’est que... c’est #déprimant.
    #Business_as_usual #rien_ne_change
    #hypocrisie
    #langue_de_bois
    #à_vomir
    ....

    #UE #EU #politique_migratoire #asile #migrations #réfugiés #frontières

  • Organisation de l’islam : le CFCM évince l’Alsacien Abdelhaq Nabaoui
    https://www.rue89strasbourg.com/organisation-islam-cfcm-evince-alsacien-abdelhaq-nabaoui-149687

    Le Conseil français du culte musulman a révoqué Abdelhaq Nabaoui, actuel président du Conseil régional du culte musulman d’Alsace, de ses fonctions d’aumônier national des hôpitaux. L’instance représentative des musulmans en France ne supportait plus que l’Alsacien fasse cavalier seul dans ses initiatives. Trop, c’est trop, pour le Conseil français du culte musulman (CFCM). L’institution [...] (lire l’article complet : Organisation de l’islam : le CFCM évince l’Alsacien Abdelhaq Nabaoui)

  • Un projet de fichage géant de citoyens prend forme en Europe

    https://www.mediapart.fr/journal/international/250219/un-projet-de-fichage-geant-de-citoyens-prend-forme-en-europe

    Des appareils portables équipés de lecteurs d’empreintes digitales et d’images faciales, pour permettre aux policiers de traquer des terroristes : ce n’est plus de la science-fiction, mais un projet européen en train de devenir réalité. Le 5 février 2019, un accord préliminaire sur l’interopérabilité des systèmes d’information au niveau du continent a ainsi été signé.

    Il doit permettre l’unification de six registres avec des données d’identification alphanumériques et biométriques (empreintes digitales et images faciales) de citoyens non membres de l’UE. En dépit des nombreuses réserves émises par les Cnil européennes.

    Giovanni Buttarelli, contrôleur européen de la protection des données, a qualifié cette proposition de « point de non-retour » dans le système de base de données européen. En substance, les registres des demandeurs d’asile (Eurodac), des demandeurs de visa pour l’Union européenne (Visa) et des demandeurs (système d’information Schengen) seront joints à trois nouvelles bases de données mises en place ces derniers mois, toutes concernant des citoyens non membres de l’UE.

    Pourront ainsi accéder à la nouvelle base de données les forces de police des États membres, mais aussi les responsables d’Interpol, d’Europol et, dans de nombreux cas, même les gardes-frontières de l’agence européenne Frontex. Ils pourront rechercher des personnes par nom, mais également par empreinte digitale ou faciale, et croiser les informations de plusieurs bases de données sur une personne.

    L’infographie diffusée par le Conseil pour défendre son projet. L’infographie diffusée par le Conseil pour défendre son projet.

    « L’interopérabilité peut consister en un seul registre avec des données isolées les unes des autres ou dans une base de données centralisée. Cette dernière hypothèse peut comporter des risques graves de perte d’informations sensibles, explique Buttarelli. Le choix entre les deux options est un détail fondamental qui sera clarifié au moment de la mise en œuvre. »

    Le Parlement européen et le Conseil doivent encore approuver officiellement l’accord, avant qu’il ne devienne législation.

    Les risques de la méga base de données

    « J’ai voté contre l’interopérabilité parce que c’est une usine à gaz qui n’est pas conforme aux principes de proportionnalité, de nécessité et de finalité que l’on met en avant dès lors qu’il peut être question d’atteintes aux droits fondamentaux et aux libertés publiques, assure Marie-Christine Vergiat, députée européenne, membre de la commission des libertés civiles. On mélange tout : les autorités de contrôle aux frontières et les autorités répressives par exemple, alors que ce ne sont pas les mêmes finalités. »

    La proposition de règlement, élaborée par un groupe d’experts de haut niveau d’institutions européennes et d’États membres, dont les noms n’ont pas été révélés, avait été présentée par la Commission en décembre 2017, dans le but de prévenir les attaques terroristes et de promouvoir le contrôle aux frontières.

    Les institutions de l’UE sont pourtant divisées quant à son impact sur la sécurité des citoyens : d’un côté, Krum Garkov, directeur de Eu-Lisa – l’agence européenne chargée de la gestion de l’immense registre de données –, estime qu’elle va aider à prévenir les attaques et les terroristes en identifiant des criminels sous de fausses identités. De l’autre côté, Giovanni Buttarelli met en garde contre une base de données centralisée, qui risque davantage d’être visée par des cyberattaques. « Nous ne devons pas penser aux simples pirates, a-t-il déclaré. Il y a des puissances étrangères très intéressées par la vulnérabilité de ces systèmes. »

    L’utilité pour l’antiterrorisme : les doutes des experts

    L’idée de l’interopérabilité des systèmes d’information est née après le 11-Septembre. Elle s’est développée en Europe dans le contexte de la crise migratoire et des attentats de 2015, et a été élaborée dans le cadre d’une relation de collaboration étroite entre les institutions européennes chargées du contrôle des frontières et l’industrie qui développe les technologies pour le mettre en œuvre.

    « L’objectif de lutte contre le terrorisme a disparu : on parle maintenant de “fraude à l’identité”, et l’on mélange de plus en plus lutte contre la criminalité et lutte contre l’immigration dite irrégulière, ajoute Vergiat. J’ai participé à la commission spéciale du Parlement européen sur la lutte contre le terrorisme ; je sais donc que le lien entre terrorisme et immigration dite irrégulière est infinitésimal. On compte les cas de ressortissants de pays tiers arrêtés pour faits de terrorisme sur les doigts d’une main. »

    Dans la future base de données, « un référentiel d’identité unique collectera les données personnelles des systèmes d’information des différents pays, tandis qu’un détecteur d’identités multiples reliera les différentes identités d’un même individu », a déclaré le directeur d’Eu-Lisa, lors de la conférence annuelle de l’Association européenne de biométrie (European Association for Biometrics – EAB) qui réunit des représentants des fabricants des technologies de reconnaissance numérique nécessaires à la mise en œuvre du système.

    « Lors de l’attaque de Berlin, perpétrée par le terroriste Anis Amri, nous avons constaté que cet individu avait 14 identités dans l’Union européenne, a-t-il expliqué. Il est possible que, s’il y avait eu une base de données interopérable, il aurait été arrêté auparavant. »

    Cependant, Reinhard Kreissl, directeur du Vienna Centre for Societal Security (Vicesse) et expert en matière de lutte contre le terrorisme, souligne que, dans les attentats terroristes perpétrés en Europe ces dix dernières années, « les auteurs étaient souvent des citoyens européens, et ne figuraient donc pas dans des bases de données qui devaient être unifiées. Et tous étaient déjà dans les radars des forces de police ».

    « Tout agent des services de renseignement sérieux admettra qu’il dispose d’une liste de 1 000 à 1 500 individus dangereux, mais qu’il ne peut pas les suivre tous, ajoute Kreissl. Un trop-plein de données n’aide pas la police. »

    « L’interopérabilité coûte des milliards de dollars et l’intégration de différents systèmes n’est pas aussi facile qu’il y paraît », déclare Sandro Gaycken, directeur du Digital Society Institute à l’Esmt de Berlin. « Il est préférable d’investir dans l’intelligence des gens, dit l’expert en cyberintelligence, afin d’assurer plus de sécurité de manière moins intrusive pour la vie privée. »

    Le budget frontière de l’UE augmente de 197 %

    La course aux marchés publics pour la mise en place de la nouvelle base de données est sur le point de commencer : dans le chapitre consacré aux dépenses « Migration et contrôle des frontières » du budget proposé par la Commission pour la période 2021-2027, le fonds de gestion des frontières a connu une augmentation de 197 %, tandis que la part consacrée aux politiques de migration et d’asile n’a augmenté, en comparaison, que de 36 %.

    En 2020, le système Entry Exit (Ees, ou SEE, l’une des trois nouvelles bases de données centralisées avec interopérabilité) entrera en vigueur. Il oblige chaque État membre à collecter les empreintes digitales et les images de visages de tous les citoyens non européens entrant et sortant de l’Union, et d’alerter lorsque les permis de résidence expirent.

    Cela signifie que chaque frontière, aéroportuaire, portuaire ou terrestre, doit être équipée de lecteurs d’empreintes digitales et d’images faciales. La Commission a estimé que ce SEE coûterait 480 millions d’euros pour les quatre premières années. Malgré l’énorme investissement de l’Union, de nombreuses dépenses resteront à la charge des États membres.

    Ce sera ensuite au tour d’Etias (Système européen d’information de voyage et d’autorisation), le nouveau registre qui établit un examen préventif des demandes d’entrée, même pour les citoyens de pays étrangers qui n’ont pas besoin de visa pour entrer dans l’UE. Cette dernière a estimé son coût à 212,1 millions d’euros, mais le règlement, en plus de prévoir des coûts supplémentaires pour les États, mentionne des « ressources supplémentaires » à garantir aux agences de l’UE responsables de son fonctionnement, en particulier pour les gardes-côtes et les gardes-frontières de Frontex.

    C’est probablement la raison pour laquelle le budget proposé pour Frontex a plus que triplé pour les sept prochaines années, pour atteindre 12 milliards d’euros. Le tout dans une ambiance de conflits d’intérêts entre l’agence européenne et l’industrie de la biométrie.

    Un membre de l’unité recherche et innovation de Frontex siège ainsi au conseil d’administration de l’Association européenne de biométrie (EAB), qui regroupe les principales organisations de recherche et industrielles du secteur de l’identification numérique, et fait aussi du lobbying. La conférence annuelle de l’association a été parrainée par le géant biométrique français Idemia et la Security Identity Alliance.

    L’agente de recherche de Frontex et membre du conseil d’EAB Rasa Karbauskaite a ainsi suggéré à l’auditoire de représentants de l’industrie de participer à la conférence organisée par Frontex avec les États membres : « L’occasion de montrer les dernières technologies développées. » Un représentant de l’industrie a également demandé à Karbauskaite d’utiliser son rôle institutionnel pour faire pression sur l’Icao, l’agence des Nations unies chargée de la législation des passeports, afin de rendre les technologies de sécurité des données biométriques obligatoires pour le monde entier.

    La justification est toujours de « protéger les citoyens européens du terrorisme international », mais il n’existe toujours aucune donnée ou étude sur la manière dont les nouveaux registres de données biométriques et leur interconnexion peuvent contribuer à cet objectif.

  • « École de la confiance » : l’Assemblée adopte le projet de loi Blanquer | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190219/ecole-de-la-confiance-l-assemblee-adopte-le-projet-de-loi-blanquer?onglet=

    « École de la confiance » : l’Assemblée adopte le projet de loi Blanquer
    19 février 2019 Par Faïza Zerouala

    Adopté mardi par l’Assemblée nationale, le texte fourre-tout porté par le ministre Jean-Michel Blanquer entérine l’obligation d’instruction à 3 ans, prévoit de confier des missions d’enseignement à certains surveillants volontaires ou de créer des rapprochements entre écoles et collèges. L’opposition de gauche dénonce un texte qui aggrave les inégalités.

    • Il existe deux niveaux de lecture dans le projet de loi pour une école de la confiance, adopté sans surprise en première lecture lors d’un vote solennel à l’Assemblée nationale, le 19 février, à 353 voix pour et 171 contre avec le soutien des élus LREM-MoDem et une partie des UDI-Agir. Tous les autres groupes ont majoritairement voté contre, comme le RN, tandis que la plupart des députés Libertés et Territoires (centre) se sont abstenus.

      Cette loi a donné l’impression d’être accessible au grand public, avec le débat autour des drapeaux dans les salles de classe ou la baisse de l’âge de l’instruction obligatoire à 3 ans, objet initial de cette loi. En réalité, celle-ci renferme un volet plus technique, qui entérine la disparition du Conseil national de l’évaluation scolaire (Cnesco) et veut mettre en place le prérecrutement des enseignants dès la licence 2.

      Ce projet de loi prévoit aussi la création d’« établissements publics des savoirs fondamentaux », qui regrouperaient « les classes d’un collège et d’une ou plusieurs écoles situées dans le même bassin de vie » et portent atteinte au statut des directeurs d’école.

      © Twitter / Jean-Michel Blanquer © Twitter / Jean-Michel Blanquer
      Au regard du profil du ministre de l’éducation nationale, volontiers technocrate et fin connaisseur du système, on aurait pu s’attendre à des débats de haute tenue. Il n’en a rien été. Les députés ont pu se perdre à disserter sur les uniformes ou les revêtements des cours de récréation au détriment de sujets autrement plus cruciaux et plus engageants pour l’avenir.

      Dans un hémicycle quasiment vide, la majorité des députés, faute d’opposition très ferme – malgré les efforts notables de la communiste Elsa Faucillon, du LR Patrick Hetzel et des députés insoumis –, ont adopté les 25 articles et quelque mille amendements de manière expresse, en cinq jours.

      Or cette loi, sur certains points précis, change le visage de l’école.

      Les syndicats ne s’y trompent pas et s’alarment du tournant pris par Jean-Michel Blanquer. L’ensemble des organisations syndicales – FSU, Unsa Éducation, SGEN-CFDT, Ferc-CGT et Snalc – « dénonce cette méthode verticale » dans un communiqué commun et demande aux députés de ne pas voter cette loi en l’état. Peine perdue.

      Dans les rangs parlementaires, les députés LR ont raillé une « loi d’affichage » et ont voté contre ; l’UDI-Agir dénonce une « loi bavarde », même s’ils l’ont votée. De leur côté, les trois groupes de gauche ont souligné le fait que ce texte – « autoritaire » et « rétrograde » – aggravait un peu plus les inégalités dont souffre l’école française.

      La députée Elsa Faucillon, lors des explications de vote, a déclaré à l’adresse du ministre : « Vous déstructurez le cadre national de l’éducation nationale et la fonction publique. »

      À l’issue du vote, les deux rapporteures, Anne-Christine Lang et Fanette Chevrier (LREM), ont salué « une réforme de justice sociale ».

      L’historien de l’éducation Claude Lelièvre est moins enthousiaste et juge pour sa part que Jean-Michel Blanquer apparaît tel qu’il est à la lumière de cette loi. « Il ne faut pas le surestimer, ce n’est pas un navigateur de haut vol, il ne fait que du cabotinage. Sa loi n’a aucune colonne vertébrale. Il n’a pas su mettre au centre les vrais débats. Abaisser l’obligation d’instruction de 6 à 3 ans est une absurdité au point de vue opérationnel. Cela ne peut rien changer, mais permet juste à Blanquer et Macron de récupérer du bénéfice symbolique en s’inscrivant dans le prolongement historique de Jean Zay, Jules Ferry ou Charles de Gaulle. » Il prévoit que l’imprécision de certaines dispositions vont poser problème lors de leur application.

      Voici les principaux changements à venir.

      L’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire à 3 ans et le cadeau au privé

      Annoncé par Emmanuel Macron en personne en mars 2018 lors des Assises de la maternelle, l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire de 6 à 3 ans a été le catalyseur de cette loi. Et ce bien que cette disposition ne doive concerner que 26 000 élèves, notamment en outre-mer.

      Ces 3 % d’élèves non scolarisés à cet âge-là, Jean-Michel Blanquer a longuement expliqué ne pas vouloir les abandonner car ils viennent souvent des familles les plus fragiles. Il a assumé ce texte comme « symbolique » et a surtout voulu montrer qu’il entendait ainsi enclencher une « vraie politique publique de la petite enfance ». Un amendement renforce l’obligation de scolarisation des enfants étrangers. Le texte prévoit que la direction d’académie aura autorité pour inscrire les élèves à l’école si le maire s’y oppose.

      L’opposition a surtout pointé le coût financier de cette mesure. En effet, l’école élémentaire est la seule à être obligatoire. Les communes vont dorénavant devoir financer aussi les écoles maternelles privées sous contrat dès septembre 2019, à l’application de la mesure. Mais la compensation de l’État n’interviendra qu’en 2021. Le ministre a insisté sur le fait que ce surcoût s’élevait à 100 millions d’euros, alors que le coût global de l’instruction se chiffre à 6 milliards d’euros pour les communes.

      Un article de la loi encadre aussi de manière renforcée l’instruction à domicile, qui concernerait près de 30 000 enfants, en prévoyant que « l’autorité de l’État compétente en matière d’éducation doit au moins une fois par an faire vérifier que l’enseignement assuré est conforme au droit de l’enfant à l’instruction et que l’instruction dispensée dans un même domicile l’est pour les enfants d’une seule famille ».

      Ce qui fait dire à l’opposition de droite qu’il s’agit d’une disposition « liberticide ». Les sanctions en cas de manquements à la scolarisation seront elles aussi renforcées. Le droit garanti à la formation entre 16 et 18 ans, comme le réclamait le plan pauvreté, a été entériné.

      Le prérecrutement des enseignants

      Jean-Michel Blanquer veut trouver une solution à la crise de recrutement des enseignants. Pour ce faire, le ministre propose de mettre en place un dispositif de prérecrutement. Les assistants d’éducation qui se destinent aux concours de l’enseignement pourront dès leur deuxième année de licence effectuer deux demi-journées par semaine – six ou huit heures – dans un collège ou dans une école, près de leur université.

      Ces futurs enseignants seront encadrés par un tuteur – qui bénéficiera d’une prime – et pourront mettre en place du coenseignement. Au fur et à mesure de son avancée, le futur professeur pourra endosser des responsabilités supplémentaires. Il pourra aussi percevoir un salaire net de 693 à 980 euros, cumulable avec les bourses.

      Ainsi, un boursier de niveau 2 pourrait-il percevoir 1 231 euros net. Le ministre a insisté sur la « dimension sociale » de la mesure. Le dispositif pourra accueillir 3 000 de ces jeunes gens chaque année. L’opposition a dénoncé la « précarisation » de ces jeunes gens.

      La création des établissements publics des savoirs fondamentaux

      Cet article 6 bis apparaît comme la plus importante et la plus lourde de conséquences dans ce projet de loi. Ces « établissements publics des savoirs fondamentaux » regrouperaient « les classes d’un collège et d’une ou plusieurs écoles situées dans le même bassin de vie ».

      Après avis du recteur, ils sont créés par arrêté du représentant de l’État dans le département. Ils seront dirigés par un chef d’établissement, qui aura un adjoint du premier degré. Un conseil d’administration supervisera cette structure, qui comprendra aussi un conseil école-collège. Introduite dans le texte en commission des lois, sur une proposition de la députée Cécile Rilhac (LREM), cette mesure a été pensée pour les écoles rurales qui pourraient ainsi développer des projets communs avec le collège.

      La députée Sabine Rubin (LFI) a dénoncé ces rapprochements : « Il n’y a aucune évaluation qui montre un intérêt à ces établissements pour les élèves, mais cela permet surtout de faire des économies et de fermer des classes. » D’autres ont craint que les directeurs d’école n’aient plus un rôle très déterminé, d’autant que ceux-ci ne bénéficient pas du statut de chef d’établissement contrairement à leurs homologues de collège. Les socialistes et l’UDI ont de leur côté pointé la précipitation du gouvernement pour une telle mise en œuvre.

      La création d’établissements publics locaux d’enseignement international

      Les députés ont voté l’article 6, créant des établissements publics locaux d’enseignement international (EPLEI) sur le modèle de l’École européenne de Strasbourg. Ceux-ci seront constitués de classes du premier et du second degrés et dispenseront tout au long de la scolarité des enseignements en langue française et en langue vivante étrangère. Ils préparent soit à l’option internationale du diplôme national du brevet et à l’option internationale du baccalauréat, soit au baccalauréat européen.

      Ces établissements pourront recevoir « des dotations versées par l’Union européenne, d’autres organisations internationales et des personnes morales de droit privé, à savoir des entreprises ou des associations ». Le recteur doit donner son avis avant ouverture. Là encore, l’opposition de gauche a exprimé sa désapprobation, craignant que ces établissements ne soient réservés aux familles les plus aisées et n’entretiennent une concurrence entre établissements.

      La fin du Conseil national de l’évaluation scolaire

      Le texte de loi crée le Conseil d’évaluation de l’école, qui va remplacer le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), qui avait vu le jour en 2013 sous l’impulsion de Vincent Peillon. La nouvelle instance sera chargée de coordonner et de réguler l’évaluation des établissements scolaires, une nouveauté voulue par Emmanuel Macron.

      Le ministre l’a justifiée ainsi : « Il y a des enjeux de nature pédagogique, éducatifs ou encore de climat scolaire. L’auto-évaluation sera complétée par une évaluation de la part d’équipes constituées majoritairement des corps d’inspection. L’évaluation est faite pour aider l’établissement à formuler son projet éducatif […].Une évaluation aura lieu cinq ans plus tard pour mesurer les progrès accomplis. »

      Les députés ont aussi insisté sur le fait que le futur conseil s’appuierait sur « des expertises scientifiques ». Selon les détracteurs du ministre, ce conseil serait beaucoup moins indépendant que son prédécesseur, puisque placé sous sa tutelle. Le Cnesco deviendra quant à lui une chaire au Conseil national des arts et métiers (Cnam).

      L’école inclusive

      Des mesures, jugées timides par l’opposition, en faveur de l’inclusion des élèves handicapés ont été adoptées. Le statut de leurs accompagnants – les AESH –, souvent précaire, a été légèrement amélioré, par exemple avec la possibilité de bénéficier d’un CDI après un CDD de trois ans renouvelable une fois. Par ailleurs, un plan plus large est prévu sur la question en mars, ont promis Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

      Drapeaux et hymne national

      Hélas, il y aura eu peu de débats sur ces sujets de fond, et surtout peu de précisions. Le projecteur a été braqué sur les mesures les plus explosives, à savoir l’installation obligatoire de deux drapeaux, l’un tricolore, l’autre européen, et des paroles de l’hymne national dans les salles de classe. L’amendement émanait du député LR Éric Ciotti, obsédé par les questions identitaires.

      Ce clin d’œil appuyé à la droite n’a pas été le seul lors des premières journées d’examen du projet de loi en séance publique, débuté le 11 février. Le ministre a aussi exprimé à titre personnel son opposition au port de signes religieux pour les accompagnateurs lors des sorties scolaires, allant contre la position du président de la République sur la question.

      Les formulaires scolaires

      Lire aussi

      Loi sur l’école : les débats se déportent un peu plus sur la droite Par Faïza Zerouala
      Jean-Michel Blanquer, « un conservateur 2.0 » à l’Education nationale Par Faïza Zerouala
      Usul. Réforme scolaire : Blanquer prend la confiance Par Rémi Liechti et Usul

      La majorité s’est fendue d’une main tendue à la gauche à travers un amendement déposé par Valérie Petit, députée LREM, contre l’avis du gouvernement, qui voudrait remplacer sur les documents administratifs réclamés à l’école, comme les autorisations de sortie par exemple, les mentions « père et mère » par « parent 1 et parent 2 ».

      Interrogé le 18 février par France Info sur le sujet, Jean-Michel Blanquer a voulu déminer la controverse lancée par la droite en expliquant : « Je ne pense pas que les mentions “père” et “mère” doivent disparaître. Il y a plusieurs formules qui permettent d’avoir père et mère tout en permettant à chaque structure familiale d’être respectée. »

      Les syndicats ont expliqué par ailleurs que cette précaution était inutile, étant donné que la plupart des formulaires scolaires se contentent de mentionner les « représentants légaux ». La corapporteure Anne-Christine Lang (LREM) a expliqué qu’elle allait modifier l’amendement lors de la nouvelle lecture en laissant la possibilité d’entourer les bonnes mentions parmi « père, père, mère, mère ».

  • Chronique Suisse | Septembre à décembre 2018
    https://asile.ch/2019/01/29/chronique-suisse-septembre-a-decembre-2018

    27 septembre Le Conseil national et le Conseil des Etats font de la surenchère dans le durcissement des conditions de voyage imposées aux réfugiés reconnus prévu par le projet de révision de la LEtr. Les restrictions à la liberté de voyager existent déjà dans la législation actuelle : sans autorisation expresse, les réfugiés ne peuvent se […]

  • Émission « Libre à vous ! » sur radio Cause Commune (29 janvier 2019)
    https://www.april.org/emission-libre-a-vous-sur-radio-cause-commune-29-janvier-2019

    Début : 29 Janvier 2019 - 15:30Fin : 29 Janvier 2019 - 17:00

    Écouter le podcast

    >

    La onzième émission Libre à vous ! de l’April sera diffusée en direct sur radio Cause Commune sur la bande FM en région parisienne (93.1) et sur le site web de la radio, mardi 29 janvier 2019 de 15 h 30 à 17 h 00. Et l’émission sera rediffusée le soir même de 21 h à 22 h 30.

    Notre sujet principal portera sur le projet de directive droit d’auteur, suite à l’annulation du trilogue (négociation entre la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne) qui devait se tenir le 21 janvier. Vincent Calame fera sa première chronique « Jouons collectif » (Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs (...)

    #Droit_d'auteur #Sensibilisation #Trad-GNU

  • Émission « Libre à vous ! » diffusée mardi 29 janvier 2019 sur radio Cause Commune
    https://www.april.org/emission-libre-a-vous-diffusee-mardi-29-janvier-2019-sur-radio-cause-commune

    Début : 29 Janvier 2019 - 15:30Fin : 29 Janvier 2019 - 17:00

    Écouter le podcast

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    La onzième émission Libre à vous ! de l’April sera diffusée en direct sur radio Cause Commune sur la bande FM en région parisienne (93.1) et sur le site web de la radio, mardi 29 janvier 2019 de 15 h 30 à 17 h 00. Et l’émission sera rediffusée le soir même de 21 h à 22 h 30.

    Notre sujet principal portera sur le projet de directive droit d’auteur, suite à l’annulation du trilogue (négociation entre la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne) qui devait se tenir le 21 janvier. Vincent Calame fera sa première chronique « Jouons collectif » (Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs (...)

    #Droit_d'auteur #Sensibilisation #Trad-GNU

  • Des milliers d’étudiants étrangers privés d’études en France

    Outre une perte d’attractivité des universités françaises, l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens risque d’entraîner un effacement du champ de recherches et de formation dédié à la Méditerranée, estiment François Castaing et Pascale Froment, professeurs à l’université Paris-VIII.

    L’annonce du gouvernement d’augmenter les frais d’inscription des étudiants étrangers [hors Union européenne] a été affichée en moins de quarante-huit heures sur tout le réseau Campus France. Une diligence rare, souvent constatée lorsqu’il s’agit de sélectionner et d’exclure, socialement et géographiquement…

    Différentes voix se sont exprimées à ce sujet, hélas difficilement audibles dans un contexte politique et médiatique fort troublé. Il n’en reste pas moins que la question soulevée par la décision d’un barrage financier à la liberté d’étudier dans les universités françaises ne peut être éludée ; il en va d’un choix de société à long terme.

    L’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, située en Seine-Saint-Denis (93), accueille actuellement près de 30 % d’étudiants étrangers, soit deux fois plus que la moyenne des universités françaises (14 %). Cette attractivité de Paris-VIII n’est pas sans rapport avec les choix assumés d’être une « université-monde », même si d’autres logiques interviennent qui ont aussi à voir avec son « territoire » d’insertion dans l’un des départements français les plus pauvres et stigmatisés. Cette attractivité est clairement menacée par la hausse des frais d’inscription compte tenu du profil de nos étudiants, avec à la clé un effacement probable du champ de recherche et de formation dédié à la Méditerranée.A

    Depuis vingt-cinq ans, l’actuel master « Méditerranée, Maghreb, Europe » peut s’enorgueillir d’avoir défendu – contre vents et marées – un espace d’enseignement et de recherche axé sur la Méditerranée, occidentale au départ puis élargie à l’ensemble du bassin. Une Méditerranée appréhendée non pas dans l’opposition de deux rives mais bien comme un espace de circulations, d’échanges, de transformations, un espace pluriel, complexe, commun, pour ne pas dire partagé.
    Métissage intellectuel et social

    Contre tout enfermement dans des catégories et assignations culturalistes, le pari d’une approche transdisciplinaire a largement contribué à un décloisonnement de la pensée, indispensable pour l’intelligibilité de cet espace, et à la rencontre d’étudiants issus d’horizons géographiques, linguistiques, disciplinaires multiples.

    Venus de France, d’Espagne, d’Italie, de Grèce, mais aussi de Turquie et de Mauritanie en passant par le Liban et Israël et, bien sûr, des pays du Maghreb, les étudiants de ce master ont été formés scientifiquement sur la base d’un métissage intellectuel et social ouvrant à une compréhension partagée de la richesse et de la complexité de l’espace méditerranéen.A

    Par leurs diplômes, puis leurs projets, ils se sont pour beaucoup insérés professionnellement ici mais aussi ailleurs… Ce faisant, ils sont devenus de subtils passeurs de ces rencontres et de ces proximités culturelles. La connaissance fine des nombreux enjeux que cristallise la Méditerranée dans ses géométries variables ne peut se concevoir sans la participation des étudiants des rives sud et est.

    Nous connaissons bien ces étudiants qui sont les nôtres, leur situation universitaire, certes, mais aussi leurs conditions de vie, leurs « galères », tant en amont de leur arrivée (la course d’obstacles et les exigences croissantes pour espérer obtenir un visa) qu’au quotidien de leur vie d’étudiant, sur les plans économiques (travailler pour financer les études), social (des conditions d’hébergement difficiles), de la santé ou encore familial.

    Pour l’écrasante majorité, ils ne pourront passer le cap des frais d’inscription. Ce sont assurément des milliers de jeunes interdits d’études. Et c’est aussi, pour la France, se priver de la construction de savoirs croisés, co-construits, indispensables sur cet espace et à partir de cet espace.

    Bien au-delà de notre master et de l’université Paris-VIII, il y a là le risque imminent d’une désertification progressive du champ des études méditerranéennes et d’une méconnaissance pour la société française de cet espace, des tensions et des contradictions mais aussi des richesses et des potentiels qui le traversent, avec tous les dangers que cela représente. Une menace régulièrement rappelée par nombre d’universitaires, comme en témoignait déjà Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial (1962-2012), de l’historien Pierre Vermeren (Publications de la Sorbonne, 2012).Lire aussi Comment la France a délaissé les études sur le Maghreb

    Ce cynique « Bienvenue en France » [du nom de la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux, présentée par Edouard Philippe en novembre 2018] – sic – combine alors tristement une vision à courte vue, très libérale en son essence, dans la lignée de l’immigration choisie de 2006, et un message pour le moins inquiétant de fermeture à l’égard d’une partie de cette Méditerranée à laquelle nous appartenons. Visions qui se rapprochent dangereusement de celles des Viktor Orban ou Matteo Salvini par une volonté, si peu masquée, de tarir le flux d’étudiants en provenance de cette région, très largement francophone, à l’instar des autres flux migratoires transitant par la Méditerranée.

    Ce sera, nous l’espérons, tout à l’honneur des universités françaises, et de Paris-VIII, que d’affirmer une résistance à cet « air du temps » délétère – qui s’installe dans la durée – en défendant une politique d’ouverture aux étudiants de Méditerranée et d’Afrique et, au-delà, gage d’une connaissance désoccidentalisée, mieux partagée des « fluidités » méditerranéennes et, plus largement, d’une reconnaissance de l’altérité.

    https://mondafrique.com/des-milliers-detudiants-etrangers-prives-detudes
    #frais_d'inscription #université #France

    • https://www.univ-lyon2.fr/universite/presse-medias/cp-l-universite-lumiere-lyon-2-s-engage-a-exonerer-les-etudiant-es-etrang

      (Je crois que Clermont-Freand a pris la même décision.)

      Le Gouvernement a annoncé à l’automne dernier l’augmentation des droits d’inscription des étudiant.es extracommunautaires de 170€ à 2 770 € en licence et, respectivement, de 243€ et 380€ à 3 770 € en master et en doctorat.

      La Commission recherche, le Comité technique, le Conseil académique et le Conseil d’administration de l’Université Lumière Lyon 2 se sont clairement prononcés en décembre dernier contre l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiant.es étranger.es extra-communautaires.

      Cette mesure, inscrite dans une stratégie intitulée paradoxalement « Bienvenue en France », remet en cause le principe d’une université française ouverte à tou.tes ainsi que la stratégie internationale de la France en matière d’accueil des étudiant.es étranger.es, de développement de la Francophonie et d’attractivité de la recherche française.

      Si l’amélioration de l’accueil des étudiant.es étranger.es est évidemment une nécessité, l’augmentation des droits d’inscription ne paraît ni pertinente, ni juste car elle concerne des étudiant.es parmi les plus fragiles et bat en brèche le principe d’égalité de traitement entre usager.es du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

      Le triplement annoncé des bourses et des exonérations ne permettra pas de couvrir tous les besoins. De nombreux/ses étudiant.es devront renoncer à leurs projets de formation en France en raison du niveau des frais d’inscription. Cette éviction concernera en premier lieu les régions du monde les plus pauvres et, plus généralement, les étudiant.es les moins fortuné.es.

      Afin de permettre au plus grand nombre de poursuivre leurs études en France, l’Université Lumière Lyon 2 exonérera à la rentrée universitaire 2019/2020 l’ensemble des étudiant.es étranger.es de ces frais complémentaires et leur appliquera uniquement les droits en vigueur pour l’ensemble des étudiant.es français.es.

  • Jean-Michel Blanquer adore les évaluations… mais pas pour lui - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2018/10/12/jean-michel-blanquer-adore-les-evaluations-mais-pas-pour-lui_1684926

    Un projet de loi, qui sera soumis lundi au Conseil supérieur de l’Education, supprime le Conseil national d’évaluation des politiques scolaires (Cnesco) dans sa forme actuelle.

    Le ministre de l’Education croit beaucoup en l’évaluation, « un levier de progrès incontestable ». D’ailleurs, à la rentrée, Jean-Michel Blanquer a décidé que tous les élèves de CP, CE1, sixièmes et secondes passeraient fissa des tests nationaux pour évaluer leur niveau. Et ainsi, dit-il, aider enseignants à adapter leurs pratiques pédagogiques.

    Aux inquiets et suspicieux, le ministre rétorque : « On doit aborder ces évaluations de façon décontractée. N’essayons pas de créer des peurs, elles ne sont pas anxiogènes mais rassurantes. » Sur le plateau de France 2, il a même dit : « Vous savez c’est très agréable, tout le monde le fait, même pendant les vacances sur la plage. Vous n’arrêtez pas de vous tester dans les magazines et à la fin vous êtes contents parce que vous avez votre portrait. C’est un peu la même idée… On vous dit qui vous êtes. »

    Mais, alors, si les évaluations sont un progrès, qui plus est « agréable », pourquoi vouloir supprimer le Conseil national d’évaluation du système scolaire (#Cnesco) dont la mission est d’évaluer l’efficacité des politiques éducatives ? Le ministre craindrait-il que sa propre action soit évaluée ?

    Une instance à part

    S’il est peu connu du grand public, le Cnesco produit des études intéressantes et utiles au débat public. On lui doit la grande enquête sur la mixité sociale qui a permis de mettre des chiffres sur une réalité vécue par des milliers d’élèves et enseignants. Ou encore le travail de fond sur l’enseignement professionnel, mettant au jour le décalage entre les politiques qui répètent à l’envi que la voie professionnelle est primordiale, tout en laissant ouvertes des filières dont on sait les débouchés d’insertion maigres ou inexistants… Les rapports du Cnesco, nourris par le travail de recherche scientifique, ont aussi le mérite de mettre en lumière des sujets pas forcément dans l’agenda des politiques.

    Terminé les folies et l’indépendance ! Dans un projet de loi en préparation, que les syndicats ont découvert cette semaine, figure la transformation du Cnesco en « Conseil de l’évaluation de l’école ». Sur le papier, la mission semble la même : « Le conseil, placé auprès du ministre chargé de l’éducation nationale, est chargé d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire. » Les ressemblances s’arrêtent là.

    Une instance pour évaluer les établissements ?

    Le Cnesco pouvait s’autosaisir. Pas le nouveau conseil. La composition n’a plus rien à voir. Créé par la loi de 2013, le Cnesco consistait en un attelage à part. Pour garantir son indépendance, il comptait obligatoirement deux députés et deux sénateurs, de bords politiques différents. Désormais, ce sera un député et un sénateur choisi par les présidents des deux chambres, autant dire de la majorité. Et pour le reste… Le nouveau conseil comptera quatre « personnalités choisies par le ministre pour leur compétence dans le domaine éducatif » et « quatre représentants du ministre ». Il n’y aurait plus de représentants du Conseil économique, social et environnemental (Cese) comme aujourd’hui.

    Le travail des membres sera un poil moins excitant. Dans l’état actuel du projet de loi, le conseil sera chargé d’« établir une synthèse des différents travaux d’évaluation sur le système éducatif ». Une agence à produire des résumés de rapports produits par les services de l’Education nationale ? Merci l’utilité… En réalité, le conseil aura une autre mission, qui intéresse bien plus le ministre : il sera chargé d’évaluer les établissements scolaires. « La France est en effet l’un des derniers grands pays à n’avoir pas développé une politique nationale d’évaluation de ses établissements scolaires », justifie le ministère dans l’exposé des motifs du projet de loi. Jean-Michel Blanquer croit beaucoup dans les bienfaits de l’évaluation, pour « avancer ». Sauf pour lui.
    Marie Piquemal

    #évaluation #éducation_nationale #blanquer

  • La commission des affaires juridiques du Parlement européen a voté pour les robots-censeurs de l’article 13 : quelle sera la suite ?
    https://www.saveyourinternet.eu/fr

    15 eurodéputés ont voté pour mettre votre Internet en danger mais le Parlement européen a encore le pouvoir de sauver votre Internet avant le 5 juillet ! La Commission européenne et le Conseil (où siègent les Etats de L’Union Européenne) vont détruire l’Internet tel que nous le connaissons. Ils veulent que les grandes entreprises du net contrôlent ce que nous voyons et faisons en ligne. Si l’article 13 de la proposition de directive sur le droit d’auteur est adopté, il imposera une censure généralisée (...)

    #bot #filtrage #web #surveillance #copyright

  • RT France mise en demeure par le CSA : quelle vérité sur la Syrie ? — RT en français
    https://francais.rt.com/france/52012-rt-france-mise-demeure-par-csa-quelle-verite-syrie

    Dans un communiqué, le CSA met en garde RT France pour un sujet portant sur la Syrie. En cause : le témoignage d’un Syrien affirmant avoir été forcé par des terroristes à simuler une attaque chimique. Mais les médias omettent certains éléments…

    Ce 28 juin, RT France a été mis en demeure par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour des « manquements à l’honnêteté, à la rigueur de l’information et à la diversité des points de vue » à propos d’un sujet sur la Syrie diffusé le 13 avril dernier. La présidente de RT France, Xenia Fedorova, a réagi : « Le président du CSA, monsieur Schrameck, m’a informé aujourd’hui de cette mise en demeure. La mauvaise association entre la traduction et une vidéo spécifique diffusée le 13 avril dernier était une erreur purement technique, qui a été corrigée. Nous maintenons que RT France couvre tous les sujets, y compris le conflit en Syrie, de la manière la plus équilibrée, en donnant la parole à toutes les parties. Nous avons convenu de continuer à travailler de manière productive avec le CSA pour maintenir la qualité supérieure de nos contenus. »

    À lire intégralement pour se faire une idée de l’affaire.

  • Les négociations de l’ALENA s’accélèreront Éric Desrosiers - 21 juin 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/economie/530808/alena-les-negociations-s-accelereront

    Loin d’être dans l’impasse, la renégociation de l’ALENA se poursuivra cet été, et même s’intensifiera, dit Chrystia Freeland qui reste convaincue qu’une entente finira par être trouvée en dépit du protectionnisme de Donald Trump et des rumeurs de guerre commerciale mondiale qu’il a déclenchées.

    « J’ai tendance à croire au déterminisme économique, a expliqué la ministre des Affaires étrangères canadienne lors d’un point de presse mercredi en marge de son passage devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Je me dis que si la réalité économique veut qu’on s’entende, cela va finir par se produire, malgré les difficultés. »


    Les négociateurs canadiens, américains et mexicains ont déjà bouclé neuf chapitres sur la trentaine que devrait compter la version modernisée de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), a-t-elle rappelé. Portant sur des enjeux comme le commerce électronique, les télécommunications et les mesures sanitaires et phytosanitaires, ces chapitres ont peu attiré l’attention alors qu’ils s’attaquent justement à la plupart des sources d’irritation dont se plaignaient les entreprises canadiennes au début des négociations.

    Sur les enjeux les plus litigieux, en ce qui a trait notamment au délicat secteur de l’auto, à l’extinction automatique du nouvel accord après cinq ans ou encore à son mécanisme d’arbitrage, la ministre assure que le Canada continuera de se montrer « ouvert au compromis » et « créatif » afin de trouver des façons de répondre aux demandes américaines sans compromettre ses intérêts économiques fondamentaux.

    Après de nombreux rendez-vous manqués, les trois pays se gardent bien désormais de fixer une date à laquelle ils comptent avoir conclu leurs négociations, entamées l’été dernier. Le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, a dit s’attendre à une accélération des discussions après les élections présidentielles mexicaines, le 1er juillet.

    Réponse à Washington
    Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a répété mercredi devant un comité sénatorial à Washington que l’imposition de tarifs douaniers contre les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada et du Mexique tenait, entre autres, à l’absence d’entente sur l’ALENA. Il a reconnu qu’en dépit de la justification des sanctions au nom de la défense de la sécurité nationale américaine, les métaux canadiens ne constituaient pas une menace et que son pays affichait même un surplus commercial dans l’acier avec le Canada. Il s’est néanmoins justifié en disant craindre que le principal pays visé, la Chine, ne contourne les sanctions américaines en faisant transiter ses métaux subventionnés par le marché canadien.

    Chrystia Freeland a rejeté cet argument du revers de la main, faisant valoir que le Canada n’avait aucun intérêt à permettre du dumping chinois sur son territoire. La ministre a dit être encore en discussion avec l’industrie et les provinces sur la meilleure façon de venir en aide aux compagnies victimes des tarifs américains. « Mais nous allons le faire », a-t-elle assuré. Le gouvernement du Québec a déjà annoncé une enveloppe de 100 millions en prêts et garanties de prêts.

    Chrystia Freeland s’est félicitée du fait que l’Union européenne, la Chine, le Japon et cinq autres pays se soient joints à sa contestation devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) des tarifs américains basés sur l’argument de la sécurité nationale. Ces tarifs, a déclaré au CORIM celle qui s’est vu décerner la semaine dernière, à Washington, le prix de la diplomate de l’année par la revue Foreign Policy, « relèvent du protectionnisme pur et simple. C’est un exemple que les États-Unis veulent le beurre et l’argent du beurre, et cela va à l’encontre de toutes les règles qu’ils ont pourtant aidé à écrire ».

    #alena #Canada #USA #Mexique #Commerce #Dumping #mondialisation #acier #aluminium #droits de douane #libre-échange #tafta #ttip #néolibéralisme

  • #Iran : l’#UE a lancé la procédure pour bloquer les #sanctions américaines - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/05/18/iran-l-ue-a-lance-la-procedure-pour-bloquer-les-sanctions-americaines_165

    « La levée des sanctions liées au #nucléaire est une part essentielle du JCPOA. L’Union européenne s’engage pour mitiger l’impact des sanctions américaines sur les entreprises européennes et prend des mesures pour maintenir la croissance du commerce et des relations économiques entre l’UE et l’Iran qui ont débuté quand les sanctions ont été levées », souligne la Commission.

    Cette loi dite « de blocage » permet aux entreprises et tribunaux européens de ne pas se soumettre à des réglementations sur des sanctions prises par des pays tiers et stipule qu’aucun jugement décidé par des tribunaux étrangers sur la base de ces réglementations ne saurait s’appliquer dans l’UE.

    L’exécutif européen a également lancé la procédure pour permettre à la Banque européenne d’investissement (BEI) de soutenir les investissements européens en Iran, en particulier pour les petites et moyennes entreprises.

    Le Parlement européen et le Conseil (les Etats membres) ont deux mois pour s’opposer à ces mesures.

    « La procédure peut être interrompue si les circonstances politiques ne justifient plus l’adoption des mesures », précise l’exécutif européen.

  • Et enfin, le 22 avril 2027... | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/et-enfin-le-22-avril-2027

    Le 22 avril 2027, quelques jours avant le terme de son second quinquennat, Emmanuel Macron, en faisant brouiller tous leurs comptes sur les réseaux, dissolvait enfin l’Assemblée, le Sénat, et le Conseil constitutionnel. Dans la foulée, il annonçait la tenue d’un plébiscite, numérique bien entendu, sur le rétablissement de la monarchie en France.

  • 06.01.2018 – Décision Parlement européen et Conseil - Instrument de flexibilité - Défis actuels liés à la migration, à l’afflux de réfugiés et aux menaces pesant sur la sécurité

    Contenu de la décision_

    Décision (UE) 2018/8 du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2017 relative à la mobilisation de l’#instrument_de_flexibilité aux fins du financement de mesures budgétaires immédiates pour faire face aux défis actuels liés à la migration, à l’afflux de réfugiés et aux menaces pesant sur la sécurité

    LE PARLEMENT EUROPÉEN ET LE CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE,

    vu le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne,

    vu l’accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (1), et notamment son point 12,

    vu la proposition de la Commission européenne,

    considérant ce qui suit :

    (1) L’instrument de flexibilité vise à permettre la prise en charge de dépenses clairement identifiées qui ne pourraient être financées dans les limites des plafonds disponibles pour une ou plusieurs rubriques.

    (2) Le plafond du montant annuel disponible pour l’instrument de flexibilité s’élève à 600 000 000 EUR (aux prix de 2011), comme le prévoit l’article 11 du règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil (2).

    (3) Afin de faire face aux défis actuels liés à la migration, à l’afflux de réfugiés et aux menaces pesant sur la sécurité, il est nécessaire de mobiliser des montants supplémentaires importants pour financer sans délai ces mesures.

    (4) Après examen de toutes les possibilités de réaffectation des crédits sous le plafond des dépenses de la rubrique 3 (Sécurité et citoyenneté), il est nécessaire de mobiliser l’instrument de flexibilité pour compléter le financement disponible du budget général de l’Union pour l’exercice 2018, au-delà du plafond de la rubrique 3, par un montant de 837 241 199 EUR, afin de financer des mesures dans le domaine de la migration, des réfugiés et de la sécurité. Cette somme comprend les montants du Fonds de solidarité de l’Union européenne et du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation qui ont été annulés les années précédentes et qui sont mis à la disposition de l’instrument de flexibilité, conformément à l’article 11, paragraphe 1, deuxième alinéa, du règlement (UE, Euratom) n° 1311/2013.

    (5) Sur la base du profil des paiements escompté, il y a lieu que les crédits de paiement correspondant à la mobilisation de l’instrument de flexibilité soient répartis sur plusieurs exercices.

    (6) Afin de permettre une mobilisation rapide des fonds, la présente décision devrait s’appliquer à partir du début de l’exercice 2018,

    ONT ADOPTÉ LA PRÉSENTE DÉCISION :

    Article premier

    1. Dans le cadre du budget général de l’Union relatif à l’exercice 2018, il est fait appel à l’instrument de flexibilité pour fournir le montant de 837 241 199 EUR en crédits d’engagement à la rubrique 3 (Sécurité et citoyenneté).

    Le montant visé au premier alinéa doit servir à financer des mesures visant à faire face aux défis actuels liés à la migration, à l’afflux de réfugiés et aux menaces pesant sur la sécurité.

    2. Sur la base du profil des paiements escompté, la répartition des crédits de paiement correspondant à la mobilisation de l’instrument de flexibilité est estimée comme suit :

    a) 464 039 631 EUR en 2018 ;

    b) 212 683 883 EUR en 2019 ;

    c) 126 354 910 EUR en 2020 ;

    d) 34 162 775 EUR en 2021.

    Les montants spécifiques des crédits de paiement de chaque exercice sont autorisés conformément à la procédure budgétaire annuelle.

    Article 2

    La présente décision entre en vigueur le jour de sa publication au Journal officiel de l’Union européenne.

    Elle est applicable à partir du 1er janvier 2018.

    Fait à Bruxelles, le 12 décembre 2017.

    Par le Parlement européen

    Le président

    A. TAJANI

    Par le Conseil

    Le président

    K. SIMSON

    http://www.europeanmigrationlaw.eu/documents/Decision%202018-8-InstrumentFlexibilite.pdf

    #migrations #asile #réfugiés

    • Commentaire de Claudia Charles via la mailing-list de Migreurop :

      Cette décision décide d’affecter l’instrument de flexibilité à des questions de migration et « aux menaces pesant sur la sécurité ».

      Il y est dit que les sommes affectées « comprend les montants du #Fonds_de_solidarité de l’Union européenne et du #Fonds_européen_d'ajustement_à_la_mondialisation qui ont été annulés les années précédentes et qui sont mis à la disposition de l’instrument de flexibilité ».
      Or, par une très rapide recherche, je trouve que le fonds de solidarité de l’UE

      « a été mis en place dans le but de faire face aux grandes catastrophes naturelles et d’exprimer la solidarité de l’UE à l’égard des régions sinistrées. Il a été créé en réponse aux graves inondations qui ont touché l’Europe centrale durant l’été 2002. Depuis, il est intervenu dans 76 cas de catastrophes naturelles, parmi lesquels des inondations, des incendies de forêts, des tremblements de terre, des tempêtes et la sécheresse. »

      http://ec.europa.eu/regional_policy/index.cfm/fr/funding/solidarity-fund

      et le Fonds européen d’ajustement à la #mondialisation

      « aide les personnes ayant perdu leur emploi à la suite de changements structurels majeurs survenus dans le commerce international en raison de la mondialisation (par exemple lorsqu’une grande entreprise ferme ou que la production est délocalisée en dehors de l’UE), ou du fait de la crise économique et financière mondiale.
      Le #FEM dispose d’un budget annuel maximum de 150 millions d’euros pour la période 2014-2020. Il peut financer jusqu’à 60 % du coût des projets destinés à aider les personnes ayant perdu leur emploi à retrouver du travail ou à créer leur propre entreprise.

      En général, le FEM ne peut intervenir que lorsque plus de 500 travailleurs ont été licenciés par une seule entreprise (y compris ses fournisseurs et les producteurs en aval), ou si un grand nombre de travailleurs sont licenciés au sein d’un secteur particulier dans une ou plusieurs régions avoisinantes. »

      http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=326&langId=fr

      Sauf si je fais une interprétation erronée, il y a bien là bel et bien un #détournement de l’objectif initial de la création de ces instruments.
      Claudia

      #développement #catastrophes_naturelles #chômage

  • Israël, pas un « vrai pays » ? Le Crif furieux, le magazine Youpi retiré de la vente — RT en français
    https://francais.rt.com/international/46806-israel-pas-dans-liste-vrais-pays-crif-exige-correctif-editions-ba

    Le 24 décembre, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a tweeté sa réaction à ce qu’elle a perçu comme un outrage : le rédacteur en chef de la publication pour enfants Youpi j’ai compris ! a rédigé une fiche sur tous les pays du monde accompagnée d’une carte.

    En revanche, la notice concernant l’Etat d’Israël a suscité l’ire de l’institution juive en semblant induire qu’il ne faisait pas partie des « vrais pays ». « On appelle ces 197 pays des Etats, comme la France, l’Allemagne ou l’Algérie. Il en existe quelques uns de plus, mais tous les autres pays du monde ne sont pas d’accord pour dire que ce sont de vrais pays (par exemple l’Etat d’Israël ou la Corée du Nord) », expliquait la notule signée de Bertrand Fichou.

    Dans un tweet indigné, le Crif a affirmé : « L’existence d’Israël est une vérité internationalement reconnue. Dire le contraire revient à rejoindre le camp de ceux qui considèrent qu’Israël ne doit pas exister. »

    Avant d’ajouter : « Je vous demande donc instamment

    – de retirer immédiatement de la vente le numéro

    – de publier un rectificatif »

    • #quelle_histoire et en ce premier jour de noël énorme éclat de rire lorsqu’on a lu le contenu de la parenthèse ! Ce n’était pas très fin d’expliquer que ce n’était pas un « vrai pays », mais par contre la comparaison avec la Corée du Nord, dans le genre État voyou, c’était assez bien vu :) (même si formellement je ne vois pas trop le rapport de comparaison entre les deux pays, mais bon). Je ne pense pas que cet effet comique était voulu par les auteurs.

    • Vivement une explication pour les enfants sur les État voyous.

      Exemples : usa, en guerre permanente, ses troupes d’occupation dans ses bases militaires à l’étranger, son refus de signer ou de respecter les conventions internationales . . .

      france : en guerre permanente, ses armées en Afrique par exemple, son agression envers la Libye, soutien aux djiadistes en Syrie, les millions d’Algérien(e)s exterminé(e)s lors de la conquête du pays et de la guerre d’Algérie, pillage de la Gréce . . .
      angleterre . . . .

      belgique Congo, maintenant RDC . . .

      . . . . .

  • L’athéisme, ce tabou du monde musulman

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/20/l-atheisme-ce-tabou-du-monde-musulman_5232132_3232.html

    Du Maghreb au Pakistan, en passant par l’Arabie saoudite, les athées sont de plus en plus nombreux. Enquête sur cet athéisme qui dérange et effraie le monde musulman.

    Bahous aimerait bien ne plus entendre parler de l’islam. Et même ne plus en parler du tout. Mais quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, cet homme de 33 ans, vendeur à Voiron (Isère), y est toujours ramené.

    Son athéisme intrigue, ou dérange, c’est selon. Lorsque l’on est issu, comme lui, d’une famille et d’une culture musulmanes, le fait de ne pas croire en Dieu – et, surtout, de le dire – ouvre la voie à une vie d’incompréhensions, de renoncements, de ruptures. « Je subis un double regard, explique Bahous. Pour les gens, de par mon apparence, mon nom, la couleur de ma peau, je suis de facto musulman. On ne peut pas concevoir que je sois juste Français. Mais, pour ma famille, je suis le vilain petit canard. Ils me considèrent comme un “francisé” : être athée, c’est trahir ses origines, comme si être musulman était une origine. Du coup, je me sens obligé de toujours me justifier, sur tous les fronts. »

    Bahous avait écrit au Monde en février, en répondant à un appel à témoignages sur les musulmans ayant perdu la foi. Quand nous l’avons à nouveau sollicité, en novembre, rien n’avait changé pour lui : il avait toujours le sentiment de vivre dans cet « étrange entre-deux », où il se sent contraint de préciser sans cesse qu’il n’est « ni islamophobe ni islamophile ».

    Le comble pour un athée : « Après les attentats, on m’a demandé de me désolidariser… » Sa famille, elle, en particulier son frère aîné, n’a jamais accepté son renoncement à l’islam. Depuis, les deux hommes ne se fréquentent plus. Bahous peut cependant s’estimer chanceux : sa mère, auprès de laquelle il s’est ouvert de ses doutes sur l’existence de Dieu dès l’adolescence, n’approuve pas ce choix mais le tolère.

    « Dans certaines familles, annoncer son athéisme peut être encore plus compliqué qu’annoncer son homosexualité », affirme le sociologue Houssame Bentabet, qui travaille depuis 2014 sur une thèse consacrée au reniement de la foi chez les musulmans de France. Un sujet jamais étudié de manière systématique, et dont on sait finalement encore peu de chose, tant ces athées savent se faire discrets, dans un contexte où, en France tout du moins, le conflit entre « islamo-gauchistes », considérés comme trop tolérants envers l’islam politique, et « islamophobes », accusés de « faire la guerre aux musulmans », monopolise les débats.

    Persécutions, agressions et assassinats

    La discrétion s’impose encore davantage dans les pays à majorité musulmane, où ce renoncement, s’il est public, suscite des réactions beaucoup plus violentes : brimades, persécutions, agressions, voire assassinats. L’athéisme n’y est tout simplement pas concevable.

    Même s’il n’existe pas, en arabe, de mot spécifique pour dire l’athéisme (les termes utilisés – mulhid, murtad ou kafir – évoquent davantage l’hérésie ou l’apostasie et ont une connotation péjorative), l’athée est parfois vu comme plus dangereux, encore, que le terroriste islamiste.

    « Si vous êtes Libanais, vous pouvez appartenir, dans la loi, à dix-huit communautés différentes. Si vous êtes Egyptien, vous pouvez être musulman, chrétien ou juif, précise l’historien des religions Dominique Avon. Le droit est appliqué à des groupes, et pas à des individus ; il est d’abord communautaire. Or un athée n’entre dans aucune catégorie prévue dans le droit musulman. Sinon celle de l’apostasie. »

    Ce phénomène n’est pas nouveau dans le monde islamique. « Il y a toujours eu des intellectuels, des écrivains, des universitaires qui ont pu dire ponctuellement qu’ils ne croyaient pas en Dieu », poursuit Dominique Avon. Ainsi, l’écrivain égyptien Ismaïl Adham (1911-1940) fit scandale au début des années 1930 en mettant en doute l’authenticité des hadiths (paroles attribuées au prophète Mahomet) et en publiant Pourquoi je suis athée.

    Citons aussi l’écrivain saoudien Abdullah Al-Qasimi (1907-1996), qui nia l’existence de Dieu et survécut à deux tentatives d’assassinat. Plus récemment, Salman Rushdie ou Taslima Nasreen ont été persécutés à la suite de leurs écrits jugés blasphématoires. « Mais ce qui est nouveau, poursuit l’historien, ce sont que des jeunes qui ne sont pas forcément passés par l’université déclarent publiquement, par le biais des réseaux sociaux, qu’ils sont athées. »

    Avec l’avènement d’Internet, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Mais en rendant ainsi public leur renoncement à l’islam, ces athées s’exposent à de grands risques. Waleed Al-Husseini avait 21 ans en 2010 lorsqu’il a été arrêté dans sa ville natale de Qalqilya, en Cisjordanie. Son seul crime : se déclarer athée sur son blog au lieu de garder ce secret pour lui. Un « affront à l’encontre du sentiment religieux », selon un tribunal palestinien. Après dix mois d’emprisonnement, pendant lesquels il raconte avoir été torturé, il a finalement pu partir à Paris, où il a obtenu le statut de réfugié et où il a fondé la branche française du Conseil des ex-musulmans, en 2013.

    « Pas de faute plus grave »

    Pourquoi se définir comme « ex-musulman », alors que l’idée est précisément de se démarquer de la religion ? « Une fois qu’on arrêtera de vouloir me tuer, je pourrai cesser de me définir ainsi, explique Maryam Namazie. Je ne veux plus rien avoir à faire avec l’islam. Mais, aujourd’hui, force est de constater qu’il envahit encore ma vie. » Installée à Londres depuis 1979, cette Iranienne dérange par sa verve et son discours sans concession contre l’islam politique. En 2007, elle a eu l’idée de fédérer ceux qui, comme elle, ont renoncé à l’islam, au sein d’une association, le Conseil des ex-musulmans de Grande-Bretagne.

    Depuis 2014, elle a organisé quatre conférences à Londres sur la liberté de conscience et d’expression. La dernière, les 22 et 23 juillet, était d’une ampleur inégalée : quelque 70 participants venus de trente pays se sont retrouvés dans une luxueuse salle de conférence de Covent Garden – un lieu tenu secret jusqu’au dernier moment par peur des agressions.

    Tour à tour, des athées du Maroc, du Liban, de Turquie, de Jordanie, du Pakistan… ont raconté à la tribune leur vécu fait de brimades, de persécutions et, souvent, d’exil, clamé leur absence de foi, défendu la laïcité, débattu et blasphémé sans crainte de représailles. « C’était le plus grand rassemblement d’ex-musulmans dans l’histoire », se félicite Maryam Namazie.

    Combien sont-ils, ces athées condamnés à se cacher pour ne pas être persécutés ? Difficile d’établir un chiffre. Mais, d’après un sondage international WIN/Gallup sur la religiosité et l’athéisme datant de 2012, 5 % des personnes interrogées en Arabie saoudite se déclaraient athées. La même proportion… qu’aux Etats-Unis ! Dans le monde arabe en général, 77 % des sondés se sont dits « religieux », 18 % « non religieux » et 2 % « athées », contre respectivement 84 %, 13 % et 2 % en Amérique latine, région majoritairement catholique.

    « Les autorités égyptiennes, elles, donnent des chiffres approchant de zéro ; mais si c’est le cas, on se demande bien pourquoi l’athéisme effraye autant la plus haute autorité religieuse du pays, l’université Al-Ahzar, dont un des oulémas a dit qu’il n’y a pas de faute plus grave que d’être athée », souligne l’historien Dominique Avon.

    « C’était asphyxiant »

    Selon le Rapport sur la liberté de conscience publié par l’Union internationale humaniste et éthique, une organisation fondée en 1952 à Amsterdam (Pays-Bas), l’athéisme, considéré comme un blasphème, une offense à la religion ou un trouble à l’ordre public, est pénalisé dans une trentaine de pays musulmans.

    Dans quatorze d’entre eux, comme l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan, le Qatar, l’Arabie saoudite ou encore le Yémen, la peine encourue est la mort, même si la plupart des pays ont renoncé à l’appliquer. Toutefois, la répression se poursuit. Un des cas les plus médiatisés a été celui du blogueur saoudien Raïf Badaoui, condamné en 2013 à mille coups de fouet et dix ans de prison. Malgré une mobilisation internationale demandant sa libération, il croupit toujours dans une cellule pour avoir osé critiquer l’islam.

    S’ils ne sont pas condamnés par les autorités, les ex-musulmans le sont par leurs proches. Imad Iddine Habib peut en témoigner. Ce Marocain de 27 ans, placé dans une école coranique à l’âge de 5 ans, a su très vite qu’il ne croyait pas en Dieu : « Je ne voulais plus aller à la mosquée ; c’était asphyxiant, je trouvais ça stupide. Or, pendant sept ans, c’est tout ce qu’on m’a fait étudier : la religion. A 13 ans, j’ai dit à ma famille que je ne croyais pas en Dieu. Elle m’a renié et je suis parti. » Pendant des années, il a vécu à la merci de « toute une économie qui, au Maroc, profite des enfants des rues », raconte-t-il sobrement.

    Aujourd’hui, Imad est réfugié à Londres. Il a participé à trois des quatre conférences organisées par Maryam Namazie. Il évoque son parcours d’une voix douce ; de longues dreadlocks entourent un visage poupon. Son histoire est pourtant aussi aride que le Sahara occidental dont il est originaire : « Mon propre père, soutenu par des avocats islamistes, a porté plainte contre moi quand j’ai créé le Conseil des ex-musulmans du Maroc. Alors, j’ai fui. »

    Blogs, forums et réseaux sociaux

    Mohamed Alkhadra, un Jordanien de 25 ans qui, adolescent, se disait salafiste et rêvait de « rétablir le califat », a, lui, décidé de cacher son athéisme à sa famille. « Elle serait détruite si elle l’apprenait. Mais ils n’ont pas accès à Internet, donc ils ne sauront pas », se rassure-t-il, alors qu’il attend de prendre la parole à la conférence de Londres. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, le changement est venu de la consultation du Web. « C’était une révélation d’apprendre que je pouvais quitter l’islam. Je ne savais même pas que c’était possible », s’amuse le Marocain Imad Iddine Habib.

    « Internet a permis de mettre les athées du monde musulman en connexion, de leur faire prendre conscience qu’ils ne sont pas seuls, qu’il ne s’agit pas forcément de blasphème que de douter, de se poser des questions », considère le sociologue Houssame Bentabet.

    Blogs, forums, réseaux sociaux… Les témoignages foisonnent, l’athéisme devient militant – et global. En novembre 2015, le Conseil des ex-musulmans de Grande-Bretagne a lancé une campagne sur Twitter avec le mot-clé #ExMuslimBecause (« ex-musulman parce que »). En à peine vingt-quatre heures, 120 000 personnes de 65 pays ont publiquement expliqué pourquoi elles avaient quitté l’islam.

    La réaction des autorités, mais également des islamistes, ne s’est pas fait attendre. Certains prédicateurs n’hésitent pas à appeler à tuer les apostats. Au Bangladesh, ils ont été entendus : au moins six blogueurs et un éditeur ont été assassinés depuis 2015 en raison de leur athéisme. « Grâce à Internet, aux réseaux sociaux, consultables sur les téléphones mobiles, il y a de plus en plus de groupes de militants athées ou défendant la laïcité et la liberté de conscience », assure l’éditeur Ahmedur Rashid Chowdhury, lui-même brutalement attaqué en octobre 2015, et réfugié en Norvège, d’où il répond au téléphone aux questions du Monde. Fondateur du magazine Shuddhashar, il a édité de nombreux blogueurs athées.

    Toujours dans la peur

    Aucun pays à majorité musulmane n’est épargné par le phénomène. En Turquie, pays pourtant autrefois laïc, la situation s’est beaucoup dégradée depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, et en particulier depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 : agressions contre des femmes à cause de leur tenue vestimentaire ou contre des personnes ne respectant pas le ramadan, remaniement des programmes scolaires pour y remplacer la théorie de l’évolution de Darwin ou les principes d’Atatürk par des cours de religion et le récit du putsch raté.

    Même la Tunisie, qui fait pourtant figure d’exception dans le monde musulman, est concernée. Des mouvements de « dé-jeûneurs », qui refusent ostensiblement de respecter le ramadan, s’y sont développés, ainsi qu’au Maroc et en Algérie. Mais toujours dans la peur. « On a quand même du mal à dire qu’on est athée en Tunisie aujourd’hui, regrette la réalisatrice Nadia El Fani. J’ai été considérée comme terroriste simplement parce que dans mon film, Ni Allah ni maître, je défendais la laïcité. »

    Dénoncée par trois avocats proches du parti islamiste Ennahda, elle a été accusée en 2011 d’incitation à la haine de la religion et à… l’extrémisme religieux. Menacée de mort, elle s’est installée en France et n’a pu retourner en Tunisie pendant cinq ans, jusqu’au 4 novembre, à l’invitation des Journées cinématographiques de Carthage, pendant lesquelles son film Même pas mal a été projeté. Car, en juin, l’affaire a finalement été classée sans suite. « Les choses bougent », reconnaît-elle. Le 25 octobre, une organisation mentionnant explicitement l’athéisme dans ses statuts, l’Association des libres-penseurs, a été reconnue par les autorités tunisiennes. Une première dans le monde arabo-musulman.

    Les auteurs de violences rarement inquiétés

    D’autres signes témoignent d’un changement en cours dans les sociétés musulmanes. « Au Maroc, en 2016, six membres du Haut Conseil des oulémas, qui avaient pourtant signé quatre ans plus tôt une fatwa dans le sens contraire, ont écrit qu’il n’était plus possible, dans le contexte actuel, d’appliquer la peine de mort aux apostats », souligne Dominique Avon. Cette évolution laisse pourtant de marbre le Marocain Imad Iddine Habib : « Un peu facho, ça reste toujours facho. »

    Quoi qu’il en soit, les auteurs de violences à l’encontre des ex-musulmans sont rarement inquiétés par les autorités. Au Bangladesh, le gouvernement nie que des groupes islamistes inspirés de l’étranger soient actifs dans le pays, et les enquêtes tardent à aboutir, comme en témoigne Rafida Bonya Ahmed. En février 2015, cette Bangladaise marchait dans les rues de Dacca, la capitale, avec son mari, le blogueur Avijit Roy (édité par Ahmedur Rashid Chowdhury), lorsqu’ils ont été agressés à coups de machette. Elle a été gravement blessée. Lui n’y a pas survécu.

    Invitée à la conférence de Londres, cette petite femme déterminée, qui garde des séquelles visibles de son agression, raconte son calvaire d’une voix posée. « Dans certains cas, il y a eu quelques arrestations, mais peu d’assassins ont été jugés, explique-t-elle. En février 2016, les autorités ont dit avoir arrêté notre principal agresseur, mais quelques mois plus tard, alors qu’il était censé être sous surveillance, il a été tué dans une fusillade. » Depuis les Etats-Unis, Rafida Bonya Ahmed vient en aide aux blogueurs et aux écrivains athées persécutés dans son pays. « Après ce qui m’est arrivé, je pourrais être pessimiste et pleine de haine, ajoute-t-elle. Mais je ne le suis pas. Il faut continuer à nous battre pour les droits des athées. »

    Exil en Europe

    Selon les intérêts politiques du moment, les autorités répriment les expressions d’athéisme ou, au contraire, ferment les yeux et laissent faire, parfois sous la pression des pays occidentaux. Pour Rafida Bonya Ahmed, il ne fait aucun doute que le gouvernement bangladais veut s’assurer le vote des islamistes.

    « C’est clairement politique », abonde le sociologue Houssame Bentabet. Comme le pardon accordé par le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, alors qu’il effectuait une visite en Allemagne, au chroniqueur de télévision Islam Behery, condamné à un an de prison à la demande de l’université Al-Azhar parce qu’il critiquait certains textes de l’islam. Selon Houssame Bentabet, « cette grâce avait pour but de laisser croire que l’Egypte est du côté des libres-penseurs ». Et si l’Autorité palestinienne a été si intraitable avec Waleed Al-Husseini, dont l’influence de blogueur était pourtant négligeable, c’est certainement qu’elle se devait, à l’époque, de contrer les islamistes du Hamas.

    Alors, beaucoup choisissent l’exil. En Europe, ils se retrouvent dans une situation qu’ils n’auraient jamais imaginée en partant. Persécutés dans le monde arabo-musulman par les islamistes et les autorités, ceux qui ont renoncé à l’islam sont, en Occident, classés dans la catégorie des « islamophobes ».

    Pour les ex-musulmans, dont les positions ne sont pas monolithiques et qui sont traversés par les mêmes débats que le reste de la société – sur le port du voile ou le burkini, par exemple –, la critique de l’islam est aussi nécessaire que l’a été celle du catholicisme au moment de la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France, au début du XXe siècle. Mais les déclarations et prises de position à l’emporte-pièce de certains n’aident pas à pacifier le débat.

    Lorsque l’écrivain indien Ibn Warraq soutient que le problème n’est pas simplement l’intégrisme musulman, mais l’islam lui-même, le discours choque. Mais, se défendent-ils, il faut être radical pour critiquer l’islam. « Je dis : “Allons-y, rentrons-leur dedans !” Oui, on a le droit de hurler qu’on est athée, de trouver que les religions, toutes les religions, c’est stupide », s’enflamme la réalisatrice tunisienne Nadia El Fani, qui ajoute : « On n’a jamais vu un athée tuer un religieux. »

    Désenchantement face à l’« islamo-gauchisme »

    Pris dans un discours anti-islam souvent virulent, les ex-musulmans courent le risque de se faire récupérer. Ce que ses détracteurs appellent l’« islamo-gauchisme » – incarné dans le débat français actuel par le site Mediapart et son directeur, Edwy Plenel –, en condamnant toute critique de l’islam, laisse ces athées, souvent jeunes et sans grande expérience du militantisme, à la merci des véritables islamophobes.

    « L’ex-musulman a besoin de confirmer son choix, en permanence, analyse Houssame Bentabet. Il a ce besoin de cohabiter avec ce passé de musulman, de dire : “C’est ce que je ne veux plus être.” Et, dans cette reconstruction, il se peut qu’il y ait certaines récupérations, car il y a plus de chances d’être récupéré quand on doit refaire sa vie à 22 ou 23 ans. »

    C’est, très exactement, ce qu’a vécu Waleed Al-Husseini à son arrivée en France, après avoir passé dix mois dans les geôles palestiniennes. « Pour lui, cette torture, c’est l’islam, souligne Houssame Bentabet. C’est l’islam qui l’a empêché d’être libre dans sa pensée. »

    Le jeune homme, qui ne mâche pas ses mots, n’hésite donc pas à qualifier l’islam de « religion de terreur ». Immédiatement relayé par le site islamophobe Riposte laïque, Waleed Al-Husseini, qui a écrit dans Une trahison française (Ring, 300 pages, 18 euros) son désenchantement face à la frilosité d’une certaine gauche vis-à-vis de l’islamisme, ne se défend pas de cette proximité. « Ce sont les seuls à me soutenir ! », se justifie-t-il, plein d’amertume.

    « Les ex-musulmans tiennent sur l’islam un discours que d’autres n’osent pas tenir par peur d’être politiquement incorrects. Quelle hypocrisie !, s’emporte l’écrivain indien Ibn Warraq, signataire, aux côtés de l’essayiste française Caroline Fourest, de Maryam Namazie, de Taslima Nasreen ou encore de Salman Rushdie, du « Manifeste des douze », un appel à la lutte contre l’islamisme publié par Charlie Hebdo le 1er mars 2006. Les gens ont vite oublié ce qu’est “être Charlie” : c’est avoir le droit de critiquer l’islam, et même de s’en moquer. »

    Récupération par l’extrême droite

    Au cours de la conférence de Londres, il n’y a pas eu de mots assez durs contre cette gauche qui, selon bien des intervenants, laisse la critique de l’islam aux xénophobes, ce qui lui vaut d’être perçue par certains comme lâche, voire traître et irresponsable.

    Des victimes d’agressions ou de tentatives d’assassinat de la part des islamistes ne comprennent pas d’être assimilés à l’extrême droite. « Quelles sont vos priorités ? Pendant que nous mourons, vous parlez d’islamophobie ! », tempêtait alors à la tribune le jeune Jordanien Mohamed Alkhadra, applaudi à tout rompre.

    L’extrême droite, elle, ne s’embarrasse pas de précautions. Le Turc Cemal Knudsen Yucel raconte comment, après avoir fondé le Conseil des ex-musulmans de Norvège, où il réside depuis 2005, aucune personnalité politique ne l’a contacté. A part, bien sûr, l’extrême droite, qui a su adapter son discours et n’attaque plus frontalement les immigrés, mais s’en prend à l’islam – une stratégie également à l’œuvre en France, au Front national.

    Cemal n’y voit que du feu : « L’extrême droite n’est plus raciste en Norvège, assure-t-il, plein de candeur. Même le blogueur Fjordman, celui qui a inspiré Anders Behring Breivik [le terroriste néonazi responsable des attentats à Oslo et sur l’île d’Utoya, qui avaient fait 77 morts en juillet 2011], a changé. Il nous soutient, nous, les immigrés, il ne peut donc pas être raciste ! » Même discours chez Waleed Al-Husseini, qui nie partager les idées de l’extrême droite. « Les racistes, de toute façon, n’aiment pas les Arabes comme moi, dit-il. Si j’étais en Arabie saoudite, j’aurais une fatwa contre moi. Ici, dans le monde moderne, on me traite juste d’islamophobe. »

    Si les plus jeunes se laissent berner, leurs aînés ne cautionnent pas ces dangereux rapprochements. « On ne peut pas se compromettre avec Riposte laïque, martèle Nadia El Fani. Mais critiquer l’islam, exiger la laïcité comme nous le faisons, ce n’est pas être islamophobe. En revanche, ne pas prendre en considération la possibilité de la modernité dans les pays musulmans, ça, c’est du vrai racisme antimusulman. »

    La laïcité, celle dont jouissent la plupart des pays occidentaux, voilà, au final, le seul combat de ces militants pour l’instant inaudibles.

  • L’enquête sur les #armes_chimiques en Syrie en suspense à l’ONU
    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/10/24/l-onu-va-se-positionner-sur-l-enquete-sur-les-armes-chimiques-en-syrie_52050

    Est-ce que l’enquête sur les attaques menées en Syrie avec des armes chimiques va être prolongée ? C’est la question que va se poser le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), qui doit voter mardi sa poursuite ou non, ont rapporté lundi 23 octobre des diplomates.

    Cette mesure risque d’être bloquée par un veto de la Russie – alliée du régime du président syrien Bachar Al-Assad –, qui souhaite au préalable pouvoir consulter un rapport devant être publié jeudi, à propos de l’attaque au sarin menée en avril contre le village de #Khan_Cheikhoun, qui avait fait plus de 80 morts.

    Les Etats-Unis avaient réclamé la tenue d’un vote sur le projet de résolution présenté la semaine dernière visant à permettre au comité d’experts de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques de poursuivre pendant une année supplémentaire leurs travaux pour identifier les auteurs des attaques aux armes chimiques au cours des six ans de guerre en Syrie.

    L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Nikki Haley, avait pressé vendredi le Conseil de sécurité « d’agir maintenant » pour soutenir cette prolongation. Le mandat actuel du comité d’enquête – baptisé Joint Investigative Mechanism – s’achève le 18 novembre.

    Le titre initial était, comme l’indique l’adresse : L’ONU va se positionner sur l’enquête sur les armes chimiques en Syrie. Il a été modifié moins d’une heure plus tard pour introduire ce… #en_suspense. Et donc, prolongation ou … suspension, l’affaire est en suspens ;-)

  • Coup de semonce contre l’inefficacité de l’homéopathie

    http://sante.lefigaro.fr/article/coup-de-semonce-contre-l-homeopathie

    Les Académies des sciences européennes dénoncent des privilèges réglementaires.

    Sur le plan scientifique, l’affaire est réglée depuis belle lurette : un produit homéopathique ne vaut pas plus qu’un médicament placebo (faux médicament). Ce qui n’est pas franchement étonnant puisque « les revendications scientifiques de l’homéopathie ne sont pas plausibles et sont incompatibles avec les concepts établis de la chimie et de la physique », précise dans une déclaration d’une douzaine de pages le Conseil scientifique des Académies des sciences européennes (Easac), regroupant 27 pays, dont la France.

    Par une indulgence réglementaire historique, qui date des années 1960 pour la France (que l’on retrouve dans une directive européenne de 2001), un produit homéopathique est dispensé du lourd dossier d’autorisation de mise sur le marché (essais toxicologiques, pharmacologiques et cliniques) demandé habituellement aux médicaments.

    En France, un article du Code de la santé publique évoque « l’usage bien établi » du « médicament ou des souches homéopathiques le composant », et même « la tradition homéopathique » pour justifier ce traitement particulier. Pour les scientifiques, on ne peut pas à la fois être un médicament et ne pas être. « Si un produit était considéré comme pouvant avoir des effets justifiant son utilisation dans le traitement de maladies, écrit l’Easac, il devrait être évalué avec les mêmes standards que d’autres médicaments candidats. »

    Un défi impossible à relever pour l’homéopathie !

    N’oublions pas non plus que l’homéopathie est remboursée (à 30 %, NDLR) et qu’il y a toujours un risque de détourner le malade de traitements réellement efficaces. »

    C’est malheureusement ce qui est arrivé en juin dernier en Italie. Un enfant de 7 ans est décédé des complications d’une otite traitée par homéopathie. Du côté de l’Agence du médicament (ANSM), on admet que « des effets indésirables graves peuvent survenir avec l’homéopathie ». Sans pouvoir en préciser le nombre.

    • On sent bien que ce qui les ferait kiffer c’est le déremboursement.

      « Pour moi Jacques Benveniste est un grand chercheur, comme vous avez dit, et c’est vraiment scandaleux la façon dont il a été traité. Il est mort comme vous savez en 2004, on peut dire épuisé par toutes ces luttes, et je crois qu’un jour prochain, il sera complètement réhabilité. (…) Les biologistes en sont restés encore à Descartes. Descartes, l’animal machine, les rouages, les engrenages… Or, après Descartes, il y a eu Newton, la gravité, une force qui se transmet à distance, il y a eu Maxwell, et la découverte des ondes électromagnétiques, donc tout ceci les biologistes l’ignorent totalement. Les biologistes actuels, biologistes moléculaires, imaginent les contacts entre les molécules par des contacts physiques n’est-ce pas alors que les molécules, c’est ce que disait Benveniste, peuvent correspondre également à distance. Donc c’est une révolution mentale et ça prend du temps. Professeur Montagnier »

      https://www.youtube.com/watch?v=_2xInJFD23k

  • Vives critiques du Conseil national du numérique contre les récentes lois sécuritaires

    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/09/12/vives-critiques-du-conseil-national-du-numerique-contre-les-recentes-lois-se

    L’organe consultatif dénonce notamment des risques pour les libertés publiques et la sécurité informatique des internautes.

    Le Conseil national du numérique (CNNum), un organisme consultatif chargé de conseiller le gouvernement sur les questions numériques, a rendu public ce 12 septembre un rapport très critique des impacts des récents projets de loi sur la sécurité sur les libertés individuelles en ligne. Sur une douzaine de pages, le texte décrit « une trajectoire sécuritaire préoccupante », une « spirale infernale » qui privilégie « un désir de sécurité au détriment des exigences de l’Etat de droit et de notre économie ».

    Dans le détail, le rapport critique plus particulièrement des mesures et déclarations récentes sur le chiffrement des communications et la tentation d’utiliser des algorithmes prédictifs dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Législation après législation, la logique du soupçon semble l’emporter, écrit le CNNum. La notion de comportement tend à se substituer à celle d’activité : au nom d’une conception prédictive de la lutte antiterroriste, des individus pourraient être contraints non parce qu’ils prépareraient des crimes ou des délits, mais bien parce qu’ils seraient susceptibles d’en commettre. »

    Dangers des algorithmes prédictifs

    Au-delà des questions de principe, le rapport note que les expériences d’algorithmes prédictifs menées jusqu’à présent se sont avérées peu efficaces. Comme l’avaient démontré des chercheurs de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique au moment de la discussion de la loi renseignement, même un système extrêmement efficace, avec une très faible marge d’erreur, aboutirait à une très grande quantité de « faux positifs » – des personnes identifiées à tort comme suspectes – une fois appliqué à l’ensemble de la population.

  • Crise entre Qatar et Arabie saoudite : « Riyad ne veut pas laisser ses vassaux s’émanciper »
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/07/03/crise-entre-qatar-et-arabie-saoudite-riyad-ne-veut-pas-laisser-ses-vassaux-s

    Le politologue Alexandre Kazerouni, chercheur à l’Ecole normale supérieure, est un spécialiste des monarchies du golfe Persique. Il a récemment publié Le miroir des cheikhs. Musée et politique dans les principautés du golfe Persique (PUF, 274 p., 29 euros), une étude consacrée à la stratégie de rayonnement culturel de Doha et d’Abou Dhabi. Il analyse pour Le Monde les ressorts de la crise qui oppose le Qatar à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.

    Quelles sont les racines de la crise ?
    Il faut remonter à l’invasion du Koweït par les troupes irakiennes, en 1990. C’est le vrai tournant dans la région. Pour assurer leur sécurité face à l’Iran révolutionnaire, les Etats de la côte – Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats arabes unis – avaient accepté en 1981 d’intégrer le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Cela impliquait d’abandonner une part de leur souveraineté. L’administration de cette union régionale allait être dominée par l’Arabie saoudite. Et surtout durant les années 1980, le CCG a facilité la diffusion du salafisme saoudien au sein de la jeunesse des principautés.
    […]
    Autrement dit, la crise du GCC ne date pas d’il y a un mois…
    Le GCC est mourant depuis 1991. Il n’a fait que se fissurer depuis cette date. Riyad ne veut pas laisser ses vassaux s’émanciper. Ce que l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis tentent de faire, en profitant de l’élection de Trump, c’est de revenir en arrière, de réécrire l’histoire.