organization:ligue du nord

  • En Italie, l’impossible équilibre du Mouvement Cinq Etoiles
    https://www.mediapart.fr/journal/international/250519/en-italie-l-impossible-equilibre-du-mouvement-cinq-etoiles

    Pour la clôture de sa campagne européenne, le Mouvement Cinq Étoiles défend son bilan et tente de faire passer toujours le même message : quelle que soit l’issue du scrutin, cela ne changera rien à son alliance de gouvernement avec la Ligue du Nord.

    #EUROPE #Mouvement_5_étoiles,_Ligue_du_Nord,_européennes,_Ignazio_Corrao

  • Hello Seenthis, rien sur Battisti ? Je dois avouer que les événements récents m’ont échappé, bicoz comme tu sais deuil du rezo, mais j’aimerais bien avoir tes idées là-dessus.

    Y a-t-il eu un retournement de situation, ou bien considère-t-on ces aveux comme la marque (suggéré en dernier paragraphe d’un article du Monde) de la violence carcérale qui a finit par briser un homme usé qui n’a plus rien à espérer qu’un allègement de ses conditions de détention ? Et si les aveux sont tenus pour valables, que penser des prises de positions politiques de ces derniers années (encore il y a quelques semaines) ?

    Si le pronostic est celui d’un aveuglement de la gauche sur base politique, y a-t-il de sérieuses remises en question (une rapide recherche semble limiter les « dénonciations » des soutiens à l’anecdotique BHL, ce que je trouve assez minable pour le coup), dans des milieux qui sont autrement prompts à sauter sur leur chaise pour traquer le confusionnisme, le complotisme, l’antisionisme-qui-glisse-vers-l’antisémitisme et plus généralement un anti-impérialisme dénoncé comme un campisme zombie. Si ce n’est pas le cas, j’aimerais savoir quelle est la posture morale dans ces cas et la justification qui expliquerait l’absence de « on ne doit rien laisser passer » dans l’autre.

    • IL N’Y A [toujours] PAS D’“AFFAIRE BATTISTI” ! | Claude Guillon
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2019/03/31/il-ny-a-toujours-pas-daffaire-battisti

      J’imagine, sans avoir tenté une recherche particulière dans ce sens, que ses « soutiens » d’alors ne se précipitent pas pour tirer le bilan d’une telle expérience. Si ces personnes se sentent à postériori trahies, elles n’auront guère envie d’en faire état. C’est compréhensible, mais c’est dommageable. Parce que Battisti n’était pas le seul Italien réfugié en France et parce que l’« innocentisme » qui a animé beaucoup de ses soutiens constituait déjà une erreur politique et stratégique avant qu’il soit ainsi démenti de manière tragi-comique.

    • La lettre ci-dessus rappelle des éléments essentiels. En guise d’ajouts : la ligne dite « innocentiste » n’est apparue qu’en 2004, après la décision d’extradition prononcée par la cour d’appel puis par la cour de cassation, et alors que Cesare Battisti était déjà en fuite, juste avant le dernier recours et dernier niveau de juridiction, le Conseil d’Etat.
      Fred Vergas a autrefois elle-même raconté que c’est ses soutiens français qui l’ont conjuré d’adopter cette ligne, se heurtant à sa forte résistance (les portes claquaient, dit-elle). Contrairement à ce que racontent les gazettes, sa ligne antérieure était d’assumer la responsabilité collective des actions du groupe auquel il appartenait, les Prolétaires Armées pour le Communisme. Son récit des événements dans son roman autobiographique, « Dernières cartouches », qui date de 1998, et que je vous recommande vivement (c’est un excellent livre), est assez proche de ce qu’il raconte dans la transcription des interrogatoires récents.
      Par ailleurs, l’émotion et la mobilisation contre l’extradition en 2004 était surtout liées au fait qu’elle reniait la parole de l’Etat français, qui avait accueilli les anciens militants italiens en échange d’un arrêt total de leurs activités illégales. Après avoir été tolérés, ils avaient reçu des cartes de séjour en règle, et Cesare Battisti avait même reçu en février 2004 un courrier du ministère des Affaires sociales l’informant de son imminente naturalisation, après deux ans d’enquête des renseignements généraux qui concluait à une réinsertion exemplaire. C’est la duplicité du gouvernement Raffarin et du ministre de la justice Dominique Perben, qui avait passé un accord en 2002 avec son homologue italien d’extrême-droite, le politicien raciste de la Ligue du Nord, R.Castelli, qui ont provoqué l’abandon de la parole donnée, le kidnapping de Paolo Persichetti en 2002 et l’affaire Battisti en 2004. La procédure a donc surtout porté à l’époque sur l’aberration de la position française, reniant l’asile offert 25 ans après les faits, alors que Battisti avait deux filles françaises, de 20 et 9 ans, etc, et que les demandes d’extradition italiennes avaient déjà été déboutées par les tribunaux français en 1991. Tout ça n’est pas moins scandaleux aujourd’hui qu’alors.
      Ceci dit, et pour nuancer les jugements négatifs sur les affirmations « innocentistes » qu’a pu propager Fred Vargas par exemple (et qu’elle continue de défendre aujourd’hui), ces thèses ont joué un rôle considérable dans la procédure brésilienne. Le ministre de la justice de Lula qui a concédé l’asile l’a fait sur la foi de la démolition par Fred Vargas du procès par contumace qui s’était déroulé en Italie et qui montrait de très nombreuses irrégularités (témoignages de repentis, gagnant de fortes réductions de peine, voire leur libération, comme preuves pratiquement uniques, documents falsifiés par la magistrature milanaise, etc). Le fait qu’on puisse en Italie être condamné à la perpétuité par contumace, sans pouvoir bénéficier d’un nouveau procès au moment de l’arrestation, et que Battisti ait donc été condamné à perpétuité à l’époque en son absence, sans jamais avoir été interrogé sur les faits ni confronté à ses accusateurs, a été déterminant dans l’imbroglio juridique brésilien, qui s’est transformé en bras de fer, de 2006 à 2010, entre le Parti des Travailleurs au pouvoir et le président et le rapporteur très droitiers du Tribunal Suprême Fédéral. Après quatre ans d’incarcération dans des conditions plus ou moins dantesques (mais où il a écrit un autre beau livre, « Face au mur »), Battisti a obtenu l’asile sur décision du président Lula. On peut dire que la ligne « innocentiste » lui a valu 11 ans de liberté au Brésil, ce qui n’est pas rien.
      La récente « confession », motivée sans doute par le régime de l’isolement qu’il subit dans sa prison sarde, a surtout pour défaut de donner raison sur toute la ligne aux allégations des magistrats milanais dont le dossier d’instruction était très fragile. Même si, d’un autre point de vue, cette confirmation totale la rend suspecte.

  • No TAP : un an et demi de lutte contre le gazoduc transadriatique
    https://grenoble.indymedia.org/2018-11-09-No-TAP-un-an-et-demi-de-lutte

    Le TGV Lyon-Turin va-t-il être abandonné par l’État italien ? Jamais l’hypothèse n’est apparue aussi crédible depuis que la métropole turinoise s’est explicitement prononcée pour l’arrêt de l’infrastructure, la semaine dernière. Stopper tous les GPII, c’était un pan important du programme du mouvement Cinq Étoiles. Quelques mois après être arrivé à la tête de l’État grâce à ses charmants partenaires de la Ligue du Nord, l’application de celui-ci semble pour le moins compromise. Car si le sort du TAV est encore en (...)

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    #Révoltes_/_Luttes_sociales
    https://mauvaisetroupe.org/spip.php?article226

  • La légitime défense, une « arme au service des dominants »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/071118/la-legitime-defense-une-arme-au-service-des-dominants

    Dans Légitime défense. Homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières (CNRS éditions, septembre 2018), Vanessa Codaccioni retrace l’évolution de cette notion, montrant comment l’État français a réussi, par une politique volontariste, à faire diminuer depuis les années 1990 ces homicides en légitime défense. L’historienne met également en garde contre la tentation, sur le modèle du Canada, d’étendre cette notion aux femmes battues qui tuent leur compagnon. Entretien.

    Vous décrivez un véritable Far West français dans les années 1980-1990. Comment expliquer cette multiplication des homicides présentés en légitime défense ?

    Vanessa Codaccioni : Il y a plusieurs raisons. La politisation de l’insécurité par le gouvernement, les médias ainsi que le marché de l’autodéfense va se conjuguer à la hausse des atteintes aux biens, qui débute dans les années 1950. Dans les années 1970, on atteint un pic de vols et cambriolages. De cette utilisation des chiffres du crime et de la peur du crime résulte une augmentation du sentiment d’insécurité de la population.

    Il y a une popularisation de la notion de légitime défense, qui était tombée en désuétude. Dans les archives du magistrat Étienne Bloch, fondateur du Syndicat de la magistrature, j’ai trouvé une petite note qui disait : « On ne parlait plus de la légitime défense et aujourd’hui on ne parle que de ça. » En 1978, une association nommée Légitime défense va médiatiser ce sujet, en appelant les citoyens à s’armer contre les délinquants, les voleurs, à leur tirer dessus, en leur promettant l’acquittement. Cette association fait croire qu’existe un droit à la légitime défense, ce qui est faux, et qu’en plus, il y a une impunité à tuer un supposé cambrioleur.

    Pourquoi la légitime défense n’est-elle pas un droit ?

    Historiquement, elle a toujours été considérée comme un droit. Si vous êtes attaqué, vous vous défendez, vous pouvez même tuer pour protéger votre vie. C’est un droit à l’autoconservation. Mais au Moyen Âge, une rupture se produit : on considère que ces actes de légitime défense sont assimilables à une forme de justice privée. Or la construction de l’État et d’une justice publique suppose l’éradication de cette justice privée. Les actes de légitime défense deviennent un crime excusé. Les juges vont vérifier qu’il y a bien eu légitime défense.

    C’est aussi un moyen pour le roi de disciplinariser les nobles. À partir du XVIe siècle, si un noble tue et se déclare en état de légitime défense, il doit demander le pardon du roi et des juges dans une cérémonie où il se met à genoux. On passe ainsi d’un droit à un crime excusable. Dans le premier code pénal de 1810, la légitime défense devient une cause d’irresponsabilité pénale, comme la folie. Si vous êtes reconnu en état de légitime défense, vous n’êtes pas jugé, vous êtes libre et n’allez même pas en prison.

    Un personnage relie votre précédent travail sur la justice d’exception et ce livre sur la légitime défense : François Romerio, ex-président de la Cour de sûreté de l’État et créateur de l’association Légitime défense.

    C’est un personnage incroyable. François Romerio est un juge de l’exception : un juge qui a toujours exercé des fonctions d’exception ou qui a toujours recherché la proximité avec les politiques. Cet ancien juge colonial a exercé en Indochine, où il mettait en œuvre une justice coloniale. Il était donc déjà habitué à des pratiques arbitraires. Il a été président des assises, puis de la Cour de sûreté de l’État de 1965 à 1975. Pendant dix ans, il a jugé les ennemis politiques : l’OAS [Organisation armée secrète], les manifestants de mai 1968, les maos de la Gauche prolétarienne, les premiers indépendantistes corses, basques, bretons. Et dans ses mémoires, François Romerio fait une distinction très claire entre les ennemis politiques et les droits-communs, pour lesquels il a une véritable aversion. Ce qui va se manifester dans la création de l’association Légitime défense, clairement dirigée contre ce qu’il appelle la « racaille » et la « vermine ».

    À la Cour de sûreté de l’État, avait-il une pratique aussi sévère ?

    Non, au contraire, il avait presque une forme d’admiration pour les ennemis politiques déférés devant ce tribunal d’exception [créé en 1963 et dissous en 1981 – ndlr]. Par exemple, il leur permettait de parler pendant des heures. Il acceptait que des militants du FLNC fassent de longues déclarations politiques. Les journalistes n’avaient jamais vu ça. En revanche, après son départ à la retraite, son discours devient extrêmement répressif. Il diffuse une idéologie sécuritaire très conservatrice. Il a un discours d’animalisation du délinquant : c’est un loup, c’est un chien, une bête sauvage. Et si c’est une bête, ce n’est donc pas un homme, on peut le tuer. Son discours est presque d’eugénisme : le délinquant ronge la société française. Il faut assainir la société, presque dans une perspective évolutionniste.

    Et, chose importante, François Romerio considérait que le délinquant n’est pas récupérable. Pour la droite et l’extrême droite, la criminalité ne peut s’expliquer par des facteurs sociaux – enfance difficile, parcours scolaire difficile, précarité – mais uniquement par l’égoïsme. C’est pour cela qu’il existe toujours un lien entre la légitime défense et la peine de mort. Vu que les délinquants ne sont pas récupérables, il faut les tuer par la peine de mort ou par la légitime défense. Quand on a commencé à évoquer l’abolition de la peine de mort, à la fin des années 1970, François Romerio a prévenu qu’il resterait la légitime défense, perçue comme un palliatif à cette abolition.

    Comment ce Far West se traduit-il dans les faits ?

    Entre 1978 et 1980, uniquement en termes de crimes sécuritaires, il y a 41 cambrioleurs ou voleurs supposés qui périssent dans le cadre de la légitime défense en France. La plupart sont des faux cas de légitime défense.

    Outre ces crimes sécuritaires, parmi les nombreux cas présentés comme des « affaires de légitime défense » par la presse, beaucoup sont en réalité, selon vous, des bavures policières et des « crimes racistes ». Comment l’expliquez-vous ?

    L’association Légitime défense naît d’un comité de soutien au brigadier de police Marchaudon qui, en 1977, a vidé son chargeur sur un jeune Algérien de 21 ans, Mustapha Boukhezer, qui rôdait autour d’un bureau de poste. En 1974, ce brigadier avait déjà tué un jeune Algérien de trois balles dans le dos, au métro Anvers. C’est un récidiviste.

    À partir des années 1970, les affaires de bavure policière sont beaucoup plus médiatisées. Les policiers ont toujours beaucoup tué, mais on parlait finalement peu de ces homicides. Pensez au silence qui a entouré le 17 octobre 1961. Mon hypothèse est qu’on en parle davantage parce que ces affaires sont dites « en légitime défense », qui est alors un sujet d’actualité.

    L’un des cas les plus connus est celui, en 1972, de Mohamed Diab, un chauffeur de poids lourd algérien tué d’une rafale de pistolet-mitrailleur par un sous-brigadier, au prétexte qu’il se serait rebellé dans le commissariat. Sauf que le sous-brigadier a dit, avant de le mitrailler : « Oui, je te tue, sale race, je te tue. » Le sous-brigadier ne sera jamais jugé, il bénéficiera d’une ordonnance de non-lieu. Il y a quelques rares procès de policiers, qui sont pour la plupart acquittés.

    Puis, parmi les homicides dits en légitime défense, il y a ce que j’appelle les homicides querelleurs. Ce sont des hommes qui se disputent, le beau-père et son ex-beau-fils, deux personnes en conflit dans une petite ville, et ça finit mal. Enfin, il y a énormément de crimes racistes qui sont justifiés par la légitime défense à partir de la fin des années 1970.

    Pour comprendre la légitime défense, vous vous intéressez au profil tant des auteurs que des victimes. Quel est-il ?

    Ceux qui tuent en état de légitime défense sont toujours des hommes. De 1978 au milieu des années 1990, il n’y a qu’un seul cas de femme, c’est l’affaire de la boulangère de Reims qui, en 1989, tue d’une balle dans la tête Ali Rafa parce qu’il aurait voulu voler des pains au chocolat. Le phénomène des femmes battues qui retournent la violence contre leur conjoint, à l’image de Jacqueline Sauvage, est extrêmement récent.

    Mon point de départ est de vouloir déconstruire cette idée selon laquelle la légitime défense est une arme pour les plus faibles. C’est le discours tenu historiquement par les juristes, les hommes politiques, les criminologues. Or, quand on regarde qui tue et qui est tué, on voit très bien que c’est l’inverse. La légitime défense est une arme au service des dominants, c’est-à-dire ceux qui ont toujours monopolisé la violence. Ce n’est qu’une disposition de plus qui permet aux détenteurs du monopole de la violence de tuer presque en impunité : des hommes qui ont des armes, des chasseurs, des policiers, des vigiles.

    Toujours des hommes d’âge mûr, blancs, qui exercent des professions qui peuvent leur attirer de la sympathie – commerçants, artisans, garagistes – ou dites respectables comme les policiers, les vigiles. Ce profil d’honnêtes gens leur sert au moment du procès. Ces hommes n’étaient pas prédestinés à tuer. Alors, s’ils sont des honnêtes gens, ce sont les personnes en face qui n’étaient pas des gens respectables. Cela joue en miroir contre ceux qui sont tués.

    Qui sont-ils ?

    Ce sont plutôt des jeunes en situation d’exclusion sociale, soit au chômage, soit exerçant des petits boulots précaires, souvent vivant en banlieue et souvent racisés, noirs ou arabes. Dans la période 1978-1990 sur laquelle j’ai travaillé, ce sont souvent des jeunes de banlieue issus de l’immigration maghrébine. La moyenne d’âge est de 22 ans. Certains sont très jeunes. Ce sont des « délinquants », des « racailles », donc, dans cette façon de penser, ils sont tuables, quel que soit leur âge. Il y a presque deux idéotypes opposés : les honnêtes gens ou les bons flics, et la racaille. Souvent, les personnes tuées avaient un passé de délinquance, étaient connues des services de police ou avaient un casier judiciaire. Et ça va justifier leur mort.

    De façon étonnante, vous racontez que l’association Légitime défense va militer pour faire passer ces procès du tribunal correctionnel aux assises.

    Les affaires de légitime défense sont des procès qui vont toujours être politisés. Il y a toujours un enjeu politique derrière : le droit de posséder des armes, de défendre sa vie, ses biens, son commerce, etc. Les affaires de légitime défense ont toujours été jugées au tribunal correctionnel, qu’il s’agisse de policiers ou de citoyens. Mais ce n’est pas la bonne juridiction pour politiser la légitime défense, car c’est un petit tribunal, qui ne permet pas de faire des grandes plaidoiries politiques, des grands défilés de témoins. Et les magistrats professionnels du tribunal correctionnel sont plutôt sévères envers les auteurs de légitime défense. Ils condamnent souvent symboliquement à du sursis ou à une peine d’amende pour signifier qu’il y a eu mort d’homme.

    Or le fait qu’un auteur d’homicide dit défensif soit condamné, même à du sursis, est inacceptable pour les avocats de Légitime défense. Ils vont demander que leurs clients soient passibles des assises, ce qui est du jamais-vu : des avocats qui demandent à aggraver la situation pénale de leurs clients. Ils disent : ce n’est pas un homicide involontaire puisque mon client avait vraiment l’intention de tirer sur cette personne. C’est très risqué, car les peines en cour d’assises peuvent être beaucoup plus lourdes. Mais c’est une stratégie payante : les jurys vont acquitter très majoritairement les tireurs.

    Au début des années 1980, l’État veut être de plus en plus sévère contre les auteurs de légitime défense en les traduisant devant les cours d’assises. Deux camps opposés, qui réclament l’un la limitation de la légitime défense, l’autre son extension, vont se retrouver sur la juridiction où les tireurs doivent être jugés, la cour d’assises.

    Comment les cours d’assises traitent-elles ces homicides ?

    Ma thèse est que la légitime défense impose aux jurés d’assises une problématique particulière. On passe de la question habituelle : « L’accusé est-il coupable ou innocent ? », à une autre question : « L’accusé a-t-il tiré en état de légitime défense ? ». Ce qui modifie complètement les questions des juges, la plaidoirie des avocats, la perception des jurés.

    Le juré d’assises va toujours s’identifier avec celui qui a tiré parce qu’il y a des proximités en termes de classe sociale et de vision du monde. Les jurés d’assises ont toujours été très sévères envers les atteintes aux biens. Dans une société où on martèle qu’il y a de l’insécurité, les jurés ont tendance à acquitter celui qui a tiré sur un voleur supposé, aperçu sur un toit, en train de s’enfuir dans leur jardin.

    Il y a cette croyance qu’on peut défendre ses biens par les armes, alors qu’en France l’atteinte aux biens a toujours été exclue des crimes de sang. On peut être excusé si on tue en état de légitime défense, quand on protège sa vie, mais pas quand on protège un bien, sauf si on entre chez vous la nuit ou qu’on essaie de vous voler avec une extrême violence.

    Le profil de la victime semble également déterminant. Qu’attend-on d’une bonne victime ?

    Les jurys d’assises ne jugent pas tant celui qui a tiré que celui qui a été tué. C’est le mort qui est en procès : avait-il une bonne vie ? Était-il un délinquant ? Était-il en train de commettre un crime ou un délit ? Dans ces procès, on assiste à une criminalisation post mortem de la personne tuée. Cela débouche souvent sur deux affirmations : soit « il l’a bien mérité », soit « il est responsable de son propre décès », s’il commettait un délit au moment où il a été tué. Par exemple, quand un voleur est tué, les avocats du tireur diront que ce sont les risques du métier.

    Les bonnes victimes de la légitime défense sont très rares. Il n’y a que trois configurations où les tireurs sont condamnés et où la famille de la victime peut obtenir justice. Premier cas, les jurés ne peuvent vraiment pas croire que la personne était en état de légitime défense parce qu’elle a inventé une menace ou a maquillé la scène du crime. Les jurés ne peuvent alors pas croire à sa peur.

    Deuxième cas, lorsque le tireur a un rapport problématique aux armes, est un fanatique des armes. C’est le cas du gardien de supermarché qui a tué Moussa Mezzogh, qui venait de dérober des blousons. Il a été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis. La police avait trouvé chez lui un arsenal.

    Le troisième cas, c’est lorsque le racisme est reconnu comme le mobile unique. Dans les crimes racistes, pour que la question du racisme apparaisse lors des audiences, il faut qu’il n’existe aucune autre possibilité. Pour que la thématique du racisme apparaisse, il faut que la personne tuée soit « blanche comme neige », si je peux me permettre l’expression : qu’elle n’ait aucun passé délinquant et ne fasse absolument rien au moment où elle est tuée.

    Les médias ont un rôle très important, car ils participent à l’idéologie de l’insécurité en mettant l’accent sur les faits divers. Et ils ont tendance à participer à la criminalisation post mortem de la victime. Soit ils ne parlent pas de la personne tuée, qui est invisibilisée, soit ils insistent sur sa mauvaise conduite.

    Aujourd’hui, hors quelques cas médiatisés comme celui du bijoutier de Nice, en 2013, les homicides en légitime défense ont diminué. Comment l’expliquer ?

    Il y a effectivement de moins en moins de cas de légitime défense mortels. Entre 2015 et 2017, il y a eu une cinquantaine de cas où l’argument de la légitime défense est avancé au procès, dont moins d’une dizaine mortels. Donc, moins de dix cas mortels en deux ans contre quarante cas mortels juste pour des cambriolages ou des vols en 1978 et 1980.

    Cela rentre dans un processus plus général de pacification des mœurs, mais aussi dans une politique volontariste de l’État français pour réduire la légitime défense. Il limite les ventes d’armes d’autodéfense les plus utilisées, notamment la carabine 22 long rifle. Dans les années 1980, on achetait ces armes à la FNAC, au BHV, sur catalogue à La Redoute, etc.

    Mais l’État ne pourra jamais limiter l’une des principales armes de légitime défense : le fusil de chasse. Les cas récents montrent que c’est ce fusil de chasse qui est utilisé dans les affaires mortelles dites de légitime défense.

    À partir de 1994, il inclut dans le code pénal des critères, issus de la jurisprudence, qui encadrent la légitime défense : l’immédiateté, la simultanéité, la proportionnalité et la nécessité d’avoir une menace réelle et non imaginaire. Et l’État impose ce qu’est une bonne autodéfense : appeler la police, ne pas garder d’argent chez soi, s’assurer contre le vol, ne pas ouvrir quand on frappe, être très méfiant. L’État français construit un sujet résilient, acteur de sa propre sécurité, qui développe des sentiments de suspicion envers autrui mais qui a confiance envers la police.

    Reste l’exception policière : les policiers ont eux, au contraire, connu ces deux dernières années une extension du champ de la légitime défense, au nom de la menace terroriste.

    La légitime défense policière s’analyse comme un dispositif d’exception qui, après les attentats du 13 novembre 2015 et après l’état d’urgence, est devenu permanent. J’ai découvert que la France avait déjà étendu la légitime défense pour les policiers à deux reprises, sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, en leur permettant d’utiliser plus facilement leurs armes. Ce sont les moments les plus répressifs de notre histoire récente, où on a inventé le plus de dispositifs d’exception et dans lesquels on va puiser des mesures aujourd’hui, dans le cadre de la lutte antiterroriste.
    Sous Vichy et pendant la guerre d’Algérie, on avait déjà aligné la légitime défense policière sur les règles d’ouverture du feu militaires, dans un cas, pour abattre plus facilement des résistants, dans l’autre, pour abattre des indépendantistes ou leurs soutiens. Mais après Vichy et après la guerre d’Algérie, on avait refermé cette parenthèse. La légitime défense policière était redevenue ordinaire.

    Après les attentats, au contraire, on a étendu par deux lois, en 2016 et 2017, la possibilité pour les policiers de tirer. C’était une très vieille revendication, à la fois des syndicats de policiers et de la droite et de l’extrême droite, au moins depuis le début des années 1980. Et tous les chefs d’État, gouvernements, tous les ministres de l’intérieur s’y étaient toujours opposés. Même Charles Pasqua, connu pour avoir couvert de graves bavures policières, était contre, car il disait que c’était trop dangereux. En 2015, dans le contexte traumatique post 13-Novembre et de l’état d’urgence où l’État a beaucoup demandé aux policiers, il a accédé à leurs revendications.

    Cela a-t-il eu un impact sur le nombre de personnes tuées par la police ?

    Je ne crois pas. Il y a eu 14 morts l’an dernier, or on sait que la police a tué plus de 450 personnes en 40 ans [de juillet 2017 à mai 2018, 14 personnes ont été tuées lors d’opérations policières, selon un recensement inédit de l’IGPN, qui ne comptabilisait pas ces morts auparavant – ndlr]. En revanche, il y a une augmentation exponentielle du nombre de tirs policiers. En 2017, la police a tiré 394 fois, soit une augmentation de 54,5 % par rapport à 2016. Il va falloir observer les effets de ces lois sur le temps long.

    Après les attentats à Londres de 2005, les officiers de Scotland Yard ont adopté la théorie du shooting to kill, qui vise à abattre le plus rapidement possible un potentiel terroriste avant qu’il ne déclenche une possible ceinture d’explosifs. Quelques semaines après l’adoption de cette doctrine, en juillet 2005, un électricien brésilien, Jean Charles de Menezes, a été tué de sept balles dans la tête, dans le métro londonien, par deux policiers qui l’avaient pris pour un suspect pakistanais. Cela a été considéré comme une affaire de légitime défense.

    Une nouvelle problématique s’est mise en place, qui est celle du « faire mourir le terrorisme ». Michel Foucault parlait des techniques du « faire mourir » et du « laisser vivre ». Aujourd’hui, il me semble que nous sommes dans une réflexion sur le « faire mourir les terroristes ». Comment les tuer ? À quel moment ? Cela répond à la militarisation de la police, qui fait suite à cette expression entendue partout après le 11 septembre 2001 : « On est en guerre. » Si nous sommes en guerre, alors la police doit pouvoir tuer, comme l’armée, et avoir une possibilité de tir plus étendue sans être inquiétée par la justice.

    Et chez nos voisins européens, comment cette législation sur la légitime défense évolue-t-elle ?

    C’est assez inquiétant. Nos voisins européens sont dans une démarche totalement différente de la nôtre sur la légitime défense citoyenne. Au début des années 2000, le Royaume-Uni a par exemple entamé une réflexion sur la possibilité d’étendre la légitime défense pour les particuliers, notamment quand il s’agit de cambriolage. En 2008, une loi a mis en place la légitime défense subjective, qui a toujours été refusée en France. C’est considérer que quelqu’un qui croyait honnêtement être en légitime défense ne sera pas inquiété par la justice. Celle-ci s’applique aussi aux policiers.

    Le pire à venir est en Italie. La Ligue du Nord a fait de la légitime défense un enjeu central de ses campagnes en politisant les affaires de vols, de cambriolages. En 2015, elle a réussi à la faire étendre. Et le ministre de l’intérieur Matteo Salvini, qui porte des tee-shirts en faveur de la légitime défense [comme ici, en mai 2017 – ndlr], défend des propositions de loi pour aller plus loin. Ce qui est très préoccupant, car il y a énormément d’armes en circulation en Italie, avec un fort lobby des armes. Et ce n’est pas un hasard si, depuis quelques mois, on assiste à une multiplication des fusillades racistes visant des Noirs.

    Sans parler de la République tchèque, qui dit qu’il faut s’armer contre les terroristes islamistes. Avec notre État centralisé très fort qui veut centraliser la violence, nous sommes un peu une exception par rapport à nos voisins.

    Aujourd’hui, certaines féministes revendiquent une extension de la légitime défense aux femmes battues, comme c’est déjà le cas au Canada, au vu notamment du cas de Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari. Cela vous semble-t-il souhaitable ?

    En France, les femmes battues ne sont jamais reconnues en état de légitime défense, car deux critères leur font défaut quand elles tirent. Celui de la simultanéité : il faut que la femme tue son compagnon violent au moment même où elle est battue, ce qui est extrêmement rare. C’était le cas d’Alexandra Lange qui, en 2009, a poignardé son mari au moment où il l’étranglait. Elle a été acquittée en avril 2012. Mais souvent, les femmes les tuent après la séquence de violence conjugale, soit d’une balle dans le dos, soit dans leur sommeil. Et il y a celui de la proportionnalité : peut-on tirer sur quelqu’un qui vous a donné une gifle ?

    Le cas le plus ahurissant est celui de Fatiha Taoui, condamnée en mars 2018 à cinq ans de réclusion criminelle, dont trois ferme, aux assises de la Haute-Vienne. Elle a été battue pendant plusieurs années, son mari avait été condamné trois fois pour violences conjugales et harcèlement, il avait des injonctions à ne pas s’approcher du domicile. Il défonçait sa porte à coups de hache, il la menaçait de mort, elle et ses enfants. Un soir, il est arrivé avec un fusil de chasse chez elle et elle l’a tué. Les juges ont trouvé son discours incohérent, car elle a affirmé l’avoir abattu dans un corps à corps, alors qu’elle a utilisé un fusil long. C’est représentatif, car les femmes qui tuent leur conjoint ne sont quasiment jamais reconnues en état de légitime défense.

    Au Canada, en 1990, une législation a créé la légitime défense différée. Elle supprime ce critère de simultanéité. Un expert décide si la femme qui a tué est atteinte d’un syndrome de la femme battue (SFB). Ce qui est une manière aussi de pathologiser ces femmes, mais cela leur permet de pouvoir mobiliser la légitime défense comme les hommes. On considère qu’elles ont tellement été battues qu’elles ne sont plus en état de décider si c’est bien ou mal au moment où elles tirent.

    Est-ce transposable en France ?

    Je suis réservée parce que la légitime défense a été faite pour les hommes, ceux qui disposent des armes, qui monopolisent la violence, qui vont à la chasse, qui sont inscrits dans un club de sport de tir. Ne faut-il pas laisser la légitime défense aux hommes et imaginer autre chose ?

    En tout cas, il faut être extrêmement prudent dès qu’on parle d’extension de la légitime défense, pour deux raisons. En Angleterre, on a étendu la légitime défense citoyenne. Immédiatement, ça s’est appliqué aux policiers. En 2014, Christian Estrosi (LR) et Éric Ciotti (LR) avaient déposé une proposition de loi pour étendre la légitime défense pour les commerçants. Ils ont justifié cette extension en prenant l’exemple des femmes battues au Canada ! C’est-à-dire que les causes féministes peuvent être utilisées pour justifier la légitime défense des dominants et des hommes.

  • LesInrocks - Comment les talk-shows ont fait grimper l’extrême droite
    https://www.lesinrocks.com/2018/07/12/actualite/comment-les-talk-shows-ont-fait-grimper-lextreme-droite-111104098

    « Ce qui se passe en Italie aujourd’hui, c’est représentatif de ce qui se passe partout ailleurs », commente sans ambages la journaliste italienne Anaïs Ginori en faisant référence aux plateaux télévisés qui de plus en plus servent de tremplin aux idées populistes. Le phénomène ne connait pas de frontières : en France, la chaîne CNews est par exemple épinglée pour sa ressemblance de plus en plus saisissante avec la chaîne américaine Fox News, proche de Trump, tristement célèbre pour ses fake news construites de toutes pièces et reposant la plupart du temps sur les préjugés de ses téléspectateurs. Un phénomène qui commence à être pointé du doigt, notamment par le célèbre auteur de Gomorra, Roberto Saviano. L’écrivain et journaliste napolitain a ainsi affirmé avec virulence dans les pages du Monde que les talk-shows assiégeaient les citoyens par « une politique [populiste, du gouvernement Di Maio-Salvini] qui, loin d’être réelle, se fait dans les talk-shows et sur les réseaux sociaux » et « parle aux citoyens furieux ».

    « Il est vrai que la télévision pèche parce qu’elle est superficielle et spectaculaire, elle simplifie tout pour s’adresser à tous », reconnaît Karsten Kurowski. Le journaliste allemand qui a longtemps travaillé pour la chaîne Arte fait référence au « framing ». Bien-aimée des plateaux télévisés, cette technique consiste à formuler des questions de manière schématique et subjective, comme par exemple : « Criminalité : est-il vraiment possible d’intégrer les migrants ? ». Le journaliste et professeur à l’Institut d’études journalistiques de Bordeaux souligne néanmoins la déontologie des journalistes des talk-shows, qui « n’ont plus jamais invité le président de l’AFD Alexander Gauland après que ce dernier a déclaré que le IIIe Reich n’était qu’une fiente d’oiseau » dans l’histoire allemande, à la manière de Jean-Marie Le Pen déclarant que « les chambres à gaz n’étaient qu’un détail de l’histoire ».

    Cependant, Karsten Kurowski concède que les talk-shows « font le commerce » de l’extrême droite dans leur forme actuelle, qui pourrait s’approcher « du podium » si les plateaux allemands « restent comme ils sont aujourd’hui, différenciés et racoleurs, alors ils font le jeu de l’extrême droite ». « D’ailleurs, la technique du framing avec l’association de préjugés et d’amalgames marche sur le moment, ça fait le buzz, mais après c’est fini, on oublie », tance le journaliste, qui estime que les plateaux télévisés actuels sont « tabloïds et vendeurs ». C’est de la « dramaturgie, on invite l’émotion là où il devrait y avoir de la réflexion », condamne Karsten Kurowski, qui réitère que « le format des talk-shows pourrait ne pas être si stérile si les invités des émissions offraient un argumentaire tranquille et posé ».

    Être au gouvernement sans gouverner

    « Pourquoi pas, finalement, avoir recours au framing, si on s’impose des limites ? Il faut absolument apporter une réflexion, au risque de seulement nourrir et encourager les préjugés », met en garde Anaïs Ginori, correspondante du journal italien La Repubblica. Et de regretter que le paysage télévisuel italien n’apporte pas de réponses constructives aux enjeux politiques : « la spécificité italienne, c’est la ’politica spectacolo’, la politique du spectacle, c’est ce à quoi se réfère Roberto Saviano en disant que les talk-shows politiques reposent sur la vulgarisation et la provocation ». Il s’agit de chercher le clash à tout prix. « C’est vieux comme le monde, poursuit-elle. Mais aujourd’hui, ce qui est extrêmement dangereux, c’est que le système de l’information est démultiplié par les réseaux sociaux et les médias audiovisuels, une info trash circule beaucoup plus vite. » L’écueil des talk-shows est de trop « courir après les combats de pugilat pour assurer leur taux d’audience ».

    Anaïs Ginori est absolument certaine que Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur du gouvernement italien actuel, populiste et d’extrême droite, « est une pure créature de la télé, il s’est construit lui-même et sa carrière politique grâce aux talk-shows ». Cet homme de pouvoir transalpin est un véritable professionnel de communication politique. L’homme fort de la Ligue du Nord a gravi les échelons du pouvoir au moyen de son sens de la rhétorique, particulièrement éloquente devant la caméra. S’il a pu tenir un rythme haletant en participant à une dizaine de talk-shows par jour, ses sujets de prédilection restent restreints : Salvini n’a de cesse d’alpaguer son audience au sujet de l’immigration et du danger que représentent les réfugiés.

    Matteo Salvini, pur produit des plateaux télévisés

    C’est d’ailleurs là « où le rôle du bon journalisme intervient : quand Salvini détourne l’attention d’autres problèmes de fond en déblatérant sur les méfaits de l’immigration, le journaliste doit axer le débat sur les vrais enjeux », sans quoi « un emballement du reste des médias est à craindre » puisque ceux-ci ont tendance à traiter l’information comme elle a d’abord été présentée sur les plateaux télévisés. Pour la journaliste, « Matteo Salvini et Berlusconi avant lui ont lancé, par la politique du spectaculaire qui se déroule sur les talk-shows, la mode d’être au gouvernement sans gouverner ».

    Pour Christopher Lauer, membre du parti social démocrate allemand, les talk-shows « servent juste à entériner des idées reçues, comme celle que les étrangers représentent un danger pour les citoyens allemands ». Pour cet homme politique allemand de 33 ans, « les talk-shows ont totalement provoqué l’ascension de l’extrême droite allemande, cela ne fait pas l’ombre d’un doute ».

    Le journalisme est véritablement « dans la merde »

    Amer, il souligne que les journalistes de talk-shows « se disent : ’on a un très grand public, on atteint plein de gens, il faut continuer à faire grandir notre audience en choisissant des thèmes racoleurs’ », alors qu’ils « devraient justement ne pas faire ça puisqu’ils ont un impact extrêmement fort sur la manière dont vont penser le commun des Allemands ». Ainsi, le parti populiste AFD a fait une entrée remarquée au Bundestag, avec des scores jamais vus depuis la Seconde guerre mondiale.

    « Associer de manière négative des idées reçues sur les migrants n’est pas la bonne manière de mener un débat », s’indigne Christopher Lauer. Quand les journalistes de talk-shows se justifient en disant qu’ils traitent des sujets qui « occupent le peuple », c’est « exactement comme du fascisme, idéologie qui repose sur le fait de vouloir ‘parler au peuple ‘ ». Et de conclure que sur ce point, « le journalisme télévisuel est globalement dans la merde ».

    • Le problème me semble tout de même plus large que ce qui est directement énoncé d’extrême-droite à la télé (notamment la focalisation sur des thèmes racistes).

      Même sans inviter les purs-fachos, on est lourdement dans la vulgarisation de méthode de « discussion » qui n’ont rigoureusement rien de la discussion. Pour les sujets foireux : néo-libéralisme à l’emporte-pièce, guerre aux pauvres, haines des fonctionnaires et des assistés, fascination pour le fric… Et pour la forme : couper systématiquement la parole, l’attaque ad hominem, la mauvaise foi assumée, la confusion systématique entre opinions, analyses et exposé de faits…

  • #Italie : expulser les Roms à coups de pelleteuses !
    https://la-bas.org/5139

    « Expulser les Roms à coups de pelleteuses. » Un dingue raciste après quelques bières ? Non, c’est Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur italien lorsqu’il était en campagne. Patron de la Ligue du Nord, aujourd’hui ministre du gouvernement d’extrême droite qui vient de prendre le pouvoir en Italie, il déclare : « et maintenant, on va recenser tous les Roms, sauf les Tziganes italiens car ceux-là, on doit malheureusement se les garder ».Continuer la lecture…

    #Radio #Immigration

  • Italie. Le populisme de droite au gouvernement
    http://www.revolutionpermanente.fr/Italie-Le-populisme-de-droite-au-gouvernement

    Les populistes de droite du Mouvement 5 Etoiles et la formation xénophobe Ligue du Nord ont présenté un candidat au poste de premier ministre suite à un accord de gouvernement. De grandes incertitudes planent sur l’UE mais se pose aussi la question de savoir s’ils auront les « moyens de leurs promesses électorales ».

    Hier soir, au journal de 20h, c’était la fête :
    « Imaginez que le FN et la France Insoumise se retrouvent pour gouverner ».
    Comment peuvent-ils être aussi gratuitement malveillants ? :-)

  • « Un gouvernement eurosceptique en Italie ? » L’édito de Charles SANNAT
    https://www.crashdebug.fr/international/14889-un-gouvernement-eurosceptique-en-italie-l-edito-de-charles-sannat

    Mes très chers frêres, mes très chères soeurs... Prions...,

    Au moment où j’écris ces lignes, les rencontres se multiplient au plus haut niveau de l’État italien, et il semblerait que l’on puisse s’acheminer vers une alliance des partis antisystème et anti-européen pour diriger l’Italie, à savoir la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles.

    Hier soir, le Mouvement 5 étoiles (M5S) demandait encore quelques jours pour réussir à former un gouvernement.

    Si cela arrivait, ce serait un immense basculement pour l’Europe, car là, on ne parlerait pas uniquement de la Hongrie ou de quelques pays de l’Est de second rang – et j’assume l’expression de second rang que personne ne doit lire ou comprendre comme de moindre importance morale mais parce que factuellement, la politique européenne ne se fait pas en Hongrie ou en (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • « Honte à la victime et déshonneur sur la pute »
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/17/honte-a-la-victime-et-deshonneur-sur-la-pute_1644035

    Pute, menteuse, traîtresse, opportuniste.

    Voilà ce qu’on aura dit de moi et plus encore lorsque, en octobre dernier, j’ai commencé à m’exprimer sur le fait d’avoir été violée en 1997 par Harvey Weinstein. Pour avoir osé dire ma vérité : honte à la victime et déshonneur sur la pute. Depuis lors, chaque jour apporte son lot de menaces et d’intimidations. Et je suis loin d’être la seule.

    Partout, portées par l’ampleur du mouvement #MeToo, les femmes ont eu le courage de partager en public leurs traumatismes les plus intimes et les plus douloureux. En retour, elles ont dû affronter des agressions redoublées concernant leur caractère, leur crédibilité, leur dignité. Six mois après la sortie de l’affaire Weinstein dans les pages du New York Times et du New Yorker, nombreuses sont les personnalités publiques […] à se sentir elles aussi désinhibées et ce, non pour avouer leur lâcheté de spectateurs indécents mais pour ni plus ni moins dénoncer le mouvement #MeToo. Haro sur les survivantes ! Plus nous sommes nombreuses et ferventes, plus violentes sont la fréquence et la férocité des attaques !

    Berlusconi a montré le chemin

    La palme de la brutalité face au déferlement de cette parole féminine revenant à mon pays d’origine : l’Italie.

    Mais le poison se répand partout.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    Pour avoir défendu le droit des femmes en Italie, la Boldrini a subi des intimidations d’une violence extrême. On a brûlé son effigie dans la rue. Le maire de droite d’une petite ville a suggéré sans vergogne qu’elle méritait d’être violée par des migrants. Au cours d’une étape d’un rallye automobile, Matteo Salvini, le leader d’extrême droite de la Ligue du Nord, a osé comparer la députée Boldrini à une poupée gonflable. Et ce diffamateur sans foi ni loi a des chances de devenir un jour Premier ministre. Un autre membre de la Ligue du Nord a purement et simplement appelé à l’élimination physique de la Boldrini. Quant à Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement Cinq Etoiles, n’a-t-il pas simplement demandé à ses deux millions de followers Facebook : que feriez-vous avec la Boldrini dans une voiture ?

    Ambra Battilana Gutierrez est une jeune mannequin courageuse qui a osé tenir tête à deux monstres : Berlusconi et Weinstein. Elle a pu témoigner de ce qu’elle a vu et subi lors des fameuses parties « bunga-bunga » organisées par Berlusconi. Deux ans plus tard, le NYPD lui a demandé de porter un micro lors d’une rencontre avec Harvey Weinstein. Elle a ainsi pu enregistrer les preuves de ce qu’elle a subi en fait de harcèlement, de manipulation et d’intimidation. Le groupe Murdoch a lancé une campagne de calomnie faisant d’elle une pute et une extorqueuse.

    Nous adressons donc une mise en garde aux Américains : ce qui a commencé en Italie se poursuit à présent aux Etats Unis. Une parole publique souillée par le délire malsain des tabloïds. Sexe, mensonge, violence et corruption. Berlusconi suivi de près par Trump et Weinstein. La figure à présent familière de l’homme de pouvoir se servant des femmes pour assouvir ses pulsions sexuelles et regonfler son ego fragile avant de couvrir son crime par l’usage de la corruption, de la menace et de l’intimidation. L’exploitation des femmes étant l’élément central de son cheminement vers le pouvoir. Weinstein a utilisé sa société pour asservir ses proies, Trump a gagné en pouvoir dans le monde des affaires et des médias grâce au concours Miss USA.

    Berlusconi leur a montré le chemin à tous les deux. Il a corrompu son pays, étape par étape, au travers d’un vaste empire médiatique régnant sur trois chaînes de télévision nationales, Mondadori - le plus grand éditeur de livres et de magazines ainsi que d’un quotidien,Il Giornale - et Striscia La Notizia, une émission satirique hebdomadaire sur Canal 5, la plus regardée en Italie depuis les années 80, qui tourne le journal télévisé en dérision et met en scène des filles à moitié nues.

    Avec le temps, cette représentation par la télévision italienne de la femme comme objet sexuel, stupide, muette et soumise s’est généralisée jusqu’à s’insinuer dans l’inconscient national, contaminant la culture et déformant les ambitions des jeunes Italiennes. On leur disait « fais la con, tais-toi, sois sexy, c’est la meilleure manière d’être admirée et de réussir dans la vie ». Un objet de désir sans voix. Si Berlusconi a été capable d’accomplir cela, c’est parce que les femmes étaient déjà considérées comme moins que rien, cantonnées à deux rôles tout au plus : la maman et la putain. L’Italie a longtemps été sexiste jusqu’à l’os : la misogynie y est une loi courante et le féminicide une réalité quotidienne.

    En Italie, toutes les soixante heures, une femme est tuée par un homme. Une femme sur trois a subi des violences sexuelles sous une forme ou une autre au cours de sa vie. Une femme sur trois !

    Jusqu’en 1981, la justice italienne pouvait supprimer des accusations de viol si la victime acceptait d’épouser son violeur.

    On désignait cette pratique épouvantable sous le nom de « mariage réparateur ». Jusqu’à la même année, un mari pouvait tuer sa femme qu’il soupçonnait d’adultère et n’être que faiblement condamné. Jusqu’en 1996, le viol n’était pas considéré comme un crime contre une personne mais une atteinte à la morale publique. […]

    Réfléchissez-y !

    Tout se passe comme si la loi entravait la déclaration et les poursuites. Jusqu’à prétendre qu’il ne s’est rien passé. Une loi écrite par les hommes pour les hommes. Une loi conçue pour protéger les violeurs. Quand je me suis décidée à parler de Weinstein, c’est tout d’abord en Italie que mon récit n’a été ni cru ni accepté. Au lieu de cela, on a souillé ma réputation, déformé mon histoire et dénigré ma crédibilité.

    Quasiment tous les jours, la télévision montrait un panel de gens qui ne me connaissaient pas, que je n’avais jamais rencontrés et qui se sentaient légitimes pour affirmer si oui ou non j’avais été violée. Ils disséquaient mon histoire et ma vie comme autant de détectives d’une scène de crime qui n’existait que dans leur imagination malsaine. Et ces grands détectives de conclure que non seulement j’avais demandé à être violée mais que j’en avais tiré bénéfice. Ce qui m’était arrivé n’était pas un viol mais de la prostitution. A leurs yeux, je ne valais même pas la peine d’être considérée comme victime de ce crime monstrueux. A leurs yeux, je n’étais pas assez bonne pour être violée. Cette déshumanisation impitoyable opérée au travers des médias italiens a répandu l’idée dans toute l’Italie que l’on peut avilir et calomnier en toute impunité.

    Les commentaires parmi les plus cruels et les plus blessants sont venus de certaines de mes connaissances. Catherine Breillat, sans doute la réalisatrice la plus sadique et la plus inhumaine avec laquelle il m’ait été donné de travailler, se déclare féministe mais fait toujours passer son intérêt personnel avant celui des femmes. Dans un entretien récent, elle a déploré la perte d’Harvey Weinstein pour le cinéma européen mais n’a pas eu un mot de soutien pour toutes les femmes qu’il a violées, agressées, harcelées. Au lieu de cela, me prenant en exemple, elle a tenté de salir la crédibilité de tous ceux qui accusent Weinstein.

    Il y a aussi Vincent Gallo, acteur et mannequin. Afin d’assurer la promotion de la collection qu’il promeut, il a exploité les pages du magazine de mode britannique Another Man pour mener une attaque injuste et malveillante contre Rose McGowan et moi-même. (Je ne connais pas Gallo, nous nous sommes vaguement croisés il y a une vingtaine d’années). Il a déshonoré Yves Saint Laurent et le directeur artistique Anthony Vaccarello qui a autorisé son mannequin à vendre des vêtements sur le dos de deux rescapées d’agressions sexuelles. Yves Saint Laurent et Jefferson Hack, l’éditeur de la revue Another Man, se sont couverts de honte en autorisant Gallo à faire cela en leur nom, sans aucune censure, tout en profitant silencieusement de la publicité générée par cette affaire.

    Et ce sont nous les putes !?

    Je ne permettrai pas à ces pyromanes de me dénigrer impunément. Ni moi, ni #MeToo, ni personne. Aucune d’entre nous ne devrait tolérer cela.

    Toutes des Nanine McCool

    Les exemples ne manquent pas et nous devrions toutes rendre hommage à Nanine McCool. Cette femme courageuse s’est levée dans un stade de plus de 10 000 personnes pour tenir la dragée haute à Tony Robbins, gourou autoproclamé et demi-dieu de pacotille [cet auteur de livres de développement personnel a condamné le mouvement #MeToo lors d’un grand show, ndlr.] Cet homme, stéréotype du mâle dominant façon poupée Ken, s’est dressé devant elle de toute sa hauteur tentant d’utiliser sa force physique pour l’intimider, empiéter sur son espace, la déstabiliser. Nanine ne s’est pas démontée et n’a pas reculé. Elle l’a emporté et démasqué ce nabot voulant se faire passer pour un géant. Il n’a exprimé ses regrets qu’après la diffusion d’une vidéo virale (2).

    Nous sommes toutes des Nanine McCool. Je la soutiens, ainsi que tous les survivants. Leur douleur est ma douleur. Leur trauma, mon trauma. Leur voix, ma voix. Mon expérience personnelle et mon chagrin ont fait de moi une militante. Ils m’ont donné une vocation, une mission et un message autrement plus précieux pour le respect de moi-même que n’importe qu’elle carrière dans le cinéma.

    Il y a six mois, le monde a changé. Définitivement. Irrévocablement. L’équilibre des forces a enfin basculé du côté des survivants auxquels on a donné une voix et une estrade pour dire leur vérité au monde. Si nous restons forts, déterminés, vigilants - si nous nous soutenons les uns les autres - les intimidateurs tomberont.

    Ce qui est fait ne peut être défait. Ce qui a été révélé ne peut plus être caché. Ce qui a été dit ne peut plus être tu.

    Pour avoir dit ma vérité aux puissants j’ai été traitée de pute, de menteuse et d’opportuniste. Mais s’il est une chose que je ne ferai plus, qu’aucune d’entre nous ne fera plus : garder le silence.

  • #Antifascismes

    http://mondialisme.org/spip.php?article2674

    "Tenir la rue. L’autodéfense socialiste (1929-1938)" de Matthias Bouchenot (Libertalia, 2014)

    A partir d’une analyse limitée dans le temps (neuf années) et dans l’espace (Paris pour la Fédération locale de la SFIO puis celle du PSOP ,) l’auteur nous fait découvrir les activités antifascistes de la Gauche socialiste de Marceau Pivert dans le Parti socialiste puis dans le PSOP : protection des meetings ; représailles systématiques contre des sièges et des permanences nationalistes en cas d’attaques fascistes particulièrement violentes ; protection de la vente de journaux et des collages d’affiches ; contre-manifestations, voire tentatives de dispersion des manifestations fascistes ; surveillance téléphonique des conversations des dirigeants ou des cadres d’extrême droite ; interception de courriers et de documents internes des groupes nationalistes ; établissements de fichiers sur les militants d’extrême droite, leurs réseaux et sur les commissaires de police nationalistes, fascisants ou fascistes ; entraînement aux sports de combat, au tir au pistolet et à la fronde, au maniement de la canne et de la matraque ; mobilisation d’estafettes motocyclistes, etc.

    Les objectifs des antifascistes « soc’ dem’ » des années 1930 n’étaient donc pas simplement défensifs mais aussi offensifs. Même si les socialistes de gauche appartenaient à un parti dont la direction avait toujours privilégié « la concertation et la collaboration avec la préfecture de police de Paris » et qui « se gard[ait] de verser dans l’action armée clandestine ou paramilitaire », leurs pratiques étaient assez semblables à celles des « antifas » de 2018 qui défendent une ligne No platform, que l’on pourrait traduire « Pas de liberté d’expression pour les fascistes ». Partisans de « l’action directe de masse », : ils ne comptaient pas sur l’Etat pour interdire l’espace public aux fascistes, ni pour réclamer au gouvernement la dissolution de groupes qui se reforment très rapidement sous un autre nom. A l’époque, les antifascistes de la Gauche socialiste puis du PSOP ne faisaient pas confiance à la police ; ils refusaient de laisser les flics protéger les fascistes ; et ils étaient prêts à affronter les condés eux-mêmes dans certains cas.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/tenir_la_rue._l_autodeI_fense_socialiste.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2675

    "L’antifascisme en France. De Mussolini à Le Pen" de Gilles Vergnon

    Décortiquer un siècle d’antifascisme dans un seul livre, même au niveau d’un pays, n’est pas une tâche aisée. D’autant plus qu’il faut à la fois s’intéresser à l’évolution de cette idéologie multiforme mais aussi étudier les multiples formes concrètes qu’il a prises. L’auteur a pris le parti de privilégier l’étude idéologique de l’antifascisme à travers les déclarations et communiqués officiels, les débats internes, les articles de la presse de gauche et d’extrême gauche et les mémoires de militants, en précisant à chaque fois le contexte politique et les choix des organisations et des réseaux qui ont eu recours (à plus ou moins forte dose) à la thématique de l’antifascisme : PCF, SFIO/PS, « Jeunes Turcs » du Parti radical-socialiste, Association républicaine des anciens combattants, LICP, FNCR , Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Ligue des droits de l’homme , Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix, SOS Racisme , Ras l’Front, Scalp, Grand Orient, catholiques de gauche, syndicats ouvriers, enseignants et étudiants. Il est dommage que Vergnon n’ait pas analysé davantage les activités antifascistes concrètes des différents partis, mouvements ou groupes concernés – tâche de toute façon impossible dans un ouvrage de 210 pages.

    Le résultat global est utile, d’autant plus qu’il n’existe pas d’étude exhaustive de l’antifascisme en France. Pour l’auteur, « l’antifascisme est un phénomène de longue durée, riche d’usages multiples, et toujours constitutif des identités politiques de gauche et surtout d’extrême gauche, dans ses composantes libertaires et trotskistes ». Malheureusement, Vergnon n’adopte aucun point de vue critique par rapport au nationalisme et au républicanisme bourgeois français. Bien au contraire, il semble apprécier leur version « jaurésienne ».

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/l_antifascisme_en_france_de_vergnon.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2676

    "Antifacisme radical ? Sur la nature industrielle du fascisme" de Sebastian Cortés

    Tout, ou presque, est dans le titre et dans l’appartenance syndicale de l’auteur. Cortés considère que « l’industrialisme » serait le véritable responsable du fascisme et que le « syndicalisme » (révolutionnaire ?) serait la solution pour mettre fin au danger civilisationnel que représente le système capitaliste.

    L’hypothèse n’est pas tout à fait dénuée de fondement :
    – les régimes fascistes des années 20 et 30 sont nés à un moment où le capitalisme connaissait des transformations importantes, notamment le taylorisme qui s’imposa aussi bien aux Etats-Unis qu’en URSS dite « socialiste » ;
    – les transformations technologiques imposées par le capitalisme depuis les années 1920 conduisent, au nom du progrès, à déposséder de plus en plus les travailleurs de tout contrôle sur leur activité productive mais aussi sur leur vie : l’automatisation et l’informatisation ne « libèrent » pas plus les ouvriers de la domination capitaliste, que la machine à laver ou le four à micro-ondes n’ont « libéré la femme » de la domination masculine ; le « temps libre », les loisirs individuels et collectifs, sont soumis –eux aussi – au règne de la marchandise, de la concurrence et du conditionnement des esprits ; l’informatique permet de mieux contrôler (y compris à distance) les salariés, mais aussi de mieux surveiller politiquement les opposants au système capitaliste, etc.
    – l’industrialisation de la planète, grâce à la mondialisation, aboutit à de graves crises voire à des catastrophes écologiques.

    Pourquoi donc la lecture de ce livre nous laisse-t-elle sur notre faim et pourquoi l’argumentaire proposé nous semble-t-il aussi insuffisant ?

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/corteI_s_antifascisme_radical.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2677

    "Ces Allemands qui ont affronté Hitler", de Gilbert Badia

    Décédé en 2004, Gilbert Badia était un historien très proche du PCF, et un résistant antinazi courageux, membre de la MOI , qui fut arrêté en 1943 et s’évada deux fois. Dans ce livre paru en 2000, il ne prétend pas nous offrir une étude globale et détaillée de tous les mouvements de résistance en Allemagne mais une série de portraits d’individus exceptionnels (tels le menuisier Georg Elser qui organisa tout seul un attentat contre Hitler), passés à la trappe de l’histoire officielle, ainsi que quelques réflexions sur les différentes facettes des mouvements ou courants antinazis. Il conclut par une réflexion assez pessimiste sur la capacité des nazis de « souder étroitement tout le peuple dans une “communauté du peuple allemand” la Volksgemeinschaft » totalement fanatisée par son Chef, prête à gober n’importe quoi et à se taire devant les actes les plus barbares, voire à y participer sans discuter.

    Et il décrit l’isolement des résistants antifascistes (quelques dizaines de milliers) dont les activités (distribution de tracts et de journaux clandestins, organisation de manifestations éclairs, rassemblements lors de funérailles de militants, tentatives de grèves, sabotage, noyautage d’organisations nazies, aide aux travailleurs étrangers et aux Juifs, etc.) « sont restées en Allemagne quasi secrètes, ignorées du peuple allemand, sauf lorsque les nazis annonçaient » leur arrestation, leur condamnation et leur exécution, ce qui n’était pas fréquent.

    Ce n’est pas cet aspect, pourtant fondamental (comment des fascistes arrivèrent à briser toute résistance dans un pays donné et à fanatiser un peuple) qui nous intéresse ici, mais plutôt la façon dont Badia décrit les idées fondamentales des antifascistes allemands. Avant d’aborder le vif du sujet, il me faut tout d’abord faire un sort à l’insupportable philo-stalinisme de l’auteur.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/badia_allemands_contre_hitler_.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2678

    « L’antifascisme militant. Un siècle de résistance » de M. Testa (Militant antifascism. A hundred years of resistance)

    M. Testa se présente comme un « blogueur antifasciste qui a écrit pour la revue anarchiste Freedom et appartient à l’Anti-Fascist Network ». Son livre a été publié en 2014 chez AK Press, une maison d’édition anarchiste anglaise.

    Selon M. Testa, le fascisme se caractérise par « le racisme, la misogynie, l’antisémitisme, le gangstérisme, l’homophobie, le militarisme et une politique essentiellement anti-ouvrière » qui amène ses partisans à collaborer « de façon opportuniste avec des liberals », des démocrates bourgeois. Le fascisme repose sur le « Führerprinzip » (le culte du Chef), « l’exclusion des minorités (juifs, musulmans, Roms) », « la pureté de la race » et sa « supériorité génétique », la « défense de la famille et de l’hétéronormalité », « l’anti-intellectualisme », « une politique dure en matière de criminalité et de châtiment mais seulement pour certains criminels ».

    Cette définition pourrait s’appliquer (avec évidemment des nuances) à la plupart des dictatures des années 30 et à de nombreuses « démocraties autoritaires » actuelles (Birmanie ou Thaïlande, par exemple) ainsi qu’à de nombreux mouvements politiques, y compris les Talibans, Daesh, al-Qaida, le GIA, le Hamas et le Hezbollah, mais aussi aux partis nationaux-populistes : Front national, Vlaams Belang, Ligue du Nord, PVV de Geert Wilders, etc.

    Cette définition est trop générale et s’applique beaucoup plus à l’extrême droite qu’au fascisme proprement dit.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/m._testa_l_antifascisme_militant_.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2680

    Matthieu Gallandier et Sébastien Ibo : "Temps obscurs. Nationalisme et fascisme en France et en Europe"

    Il est extrêmement difficile, voire sans doute impossible, en 157 pages, d’exposer ce que furent le fascisme italien et le nazisme allemand, de décrire les groupes néofascistes actuels en Europe, d’évoquer les « grands partis électoraux xénophobes » (que je préfère appeler « nationaux-populistes ») et de s’interroger sur la possibilité d’une résurgence du fascisme ainsi que d’envisager les moyens de la contrecarrer efficacement. Il faut donc savoir gré aux auteurs d’avoir tenté l’aventure en utilisant un langage militant mais compréhensible par tous.

    Ce livre est malheureusement davantage centré sur des considérations idéologiques (le plus souvent justes mais trop peu étayées) que sur des références et des explications historiques précises et convaincantes. Les auteurs tiennent des raisonnements très (trop) généraux en s’appuyant sur des données fréquemment inexactes ou vagues, en transformant des faits ayant une portée limitée en tendances lourdes ce qui exagère leur portée (par exemple, les quelques patrouilles effectuées par des Identitaires dans le métro parisien ou lyonnais) mais permet de les faire entrer plus aisément dans leur cadre d’analyse (les Identitaires seraient en train de constituer des milices, ou au moins des « embryons de milices »).

    Cet article commencera donc par évoquer les qualités de ce livre avant d’évoquer ses nombreux défauts, que nous mentionnerons à la fin de ce texte, afin de ne pas vous décourager de lire cet ouvrage !

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/temps_obscurs.pdf

  • #Italie : un parlement sans majorité, dominé par des partis antimigrants
    https://www.mediapart.fr/journal/international/050318/italie-un-parlement-sans-majorite-domine-par-des-partis-antimigrants

    Matteo Salvini, leader de la #Ligue_du_Nord, dimanche à Milan. © Reuters Selon les résultats partiels diffusés par les médias italiens, le Mouvement Cinq Étoiles est le parti vainqueur des #élections_législatives, et l’extrême droite de la Ligue du Nord dépasse son partenaire de coalition, #Forza_Italia. Mais aucune majorité claire ne se dessine.

    #International #Mouvement_cinq_étoiles #PD

  • #Italie : un parlement sans majorité, dominé par des partis anti-migrants
    https://www.mediapart.fr/journal/international/050318/italie-un-parlement-sans-majorite-domine-par-des-partis-anti-migrants

    Matteo Salvini, leader de la #Ligue_du_Nord, dimanche à Milan. © Reuters Selon les résultats partiels diffusés par les médias italiens, le Mouvements Cinq Etoiles est le parti vainqueur des #élections_législatives, et l’extrême droite de la Ligue du Nord dépasse son partenaire de coalition, #Forza_Italia. Mais aucune majorité claire ne se dessine.

    #International #Mouvement_cinq_étoiles #PD

  • ITALIE ISOLÉE DANS LA TEMPÊTE MIGRATOIRE
    Article de JÉRÔME GAUTHERET

    Sur les 600 000 migrants arrivés en Italie depuis 2014, la plupart ont traversé la #Méditerranée. Des milliers d’autres y ont péri. L’île de #Lampedusa, avant-poste de l’accueil, est débordée par cette crise humanitaire fortement liée au chaos qui règne en #Libye.

    On rejoint le jardin public en poussant les portes d’une grille qui ne ferme plus depuis longtemps. Puis, après une courte promenade au milieu des agaves et des myrtes, on arrive à un étrange réseau de grottes sommairement aménagées à proximité d’un vieux puits. L’endroit est à peine mentionné par les guides de voyage, mais il mérite qu’on s’y arrête : en effet, le vrai cœur de Lampedusa est là, en ces vestiges
    à peine entretenus d’un sanctuaire millénaire, témoignage unique de ce qu’était l’île avant sa colonisation systématique, au début du XIXe siècle.

    LAMPEDUSA, UNE ÎLE AU CENTRE DU MONDE

    Avant de devenir un paradis touristique perdu au milieu de la Méditerranée, à 150 kilomètres des côtes tunisiennes, en même temps que, pour le monde entier, le symbole de l’odyssée des centaines de milliers de migrants qui, chaque année, bravent tous les dangers pour atteindre l’Europe, Lampedusa a été un havre, un lieu de repos pour les marins de toutes origines qui sillonnaient la mer.

    Marchands phéniciens, arabes ou grecs, chevaliers francs revenant de croisade, pirates barbaresques, pêcheurs en détresse : Lampedusa était leur île. Elle appartenait à tous et à personne. Chacun, du roi de France revenant de Terre sainte au plus humble pêcheur, venait s’abriter ici durant les tempêtes, prier ses dieux et reprendre des forces, en attendant l’accalmie. Aujourd’hui, une chapelle dédiée à
    la Vierge a été aménagée dans la pierre, à deux pas de la grotte, et les habitants viennent, de loin en loin, y déposer quelques fleurs ou prier, dans un calme absolu.

    La " porte de l’Europe ", pour reprendre le nom d’une œuvre d’art installée sur une plage faisant face à l’infini, à la pointe sud de Lampedusa, peut bien être présentée comme une des extrémités de l’Union européenne, un bout du monde exotique. Mais, dès que l’on pose le pied sur l’île, on est assailli par le sentiment inverse : celui d’être au centre d’un espace fluide, au sein duquel les populations ont navigué de rive en rive, depuis toujours. L’impression est encore plus
    saisissante lorsqu’on observe, grossièrement sculptées dans la roche, les traces de ce passé enfoui.

    L’homme qui nous conduit dans ce sanctuaire, un matin d’hiver, s’appelle Pietro Bartolo. Il est né sur l’île en 1956, il en est parti à 13 ans et y est revenu au milieu des années 1980, une fois achevées ses études de médecine. C’est lui qui a fondé, un peu à l’écart du bourg, le petit hôpital qui, aujourd’hui encore, constitue le seul lieu d’assistance, sur terre comme sur mer, à plus de 100 milles nautiques (185 km) à la ronde.

    En tant que directeur de l’#hôpital de Lampedusa, il a accueilli, ces dernières années, des dizaines de milliers de candidats à l’exil sur le quai minuscule qui tient lieu de débarcadère, et les a soignés. Il a aussi eu la terrible responsabilité d’ouvrir, du même geste, des centaines et des centaines de ces grands sacs verts dans lesquels on
    ramène à terre les corps des naufragés. Un film documentaire sorti en 2016, nominé pour l’Oscar, Fuocoammare. Par-delà Lampedusa, dans lequel il jouait son propre rôle, lui a valu une notoriété internationale. A sa manière, lui aussi est devenu un symbole.

    Comme c’est courant ici, l’histoire familiale de Pietro Bartolo est africaine autant qu’italienne. A l’exemple de ces milliers de Siciliens poussés par la misère qui, pendant des décennies, ont pris la mer en sens inverse des migrants d’aujourd’hui pour chercher du travail dans les colonies et protectorats d’Afrique du Nord, la famille de sa mère s’était installée un temps en Tunisie. Cette multitude d’odyssées ordinaires, dont le souvenir est entretenu par les histoires familiales, explique une bonne part des différences de perception du phénomène migratoire entre le nord et le sud de l’Italie.

    LE TEMPS DES " TURCS "

    A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, #Pietro_Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.

    Le gouvernement, lui, ne considère pas encore le phénomène comme préoccupant. D’autant plus que, depuis le début des années 1990, l’#Italie a la tête ailleurs. L’arrivée dans les Pouilles, au printemps et en été 1991, de plusieurs dizaines de milliers d’Albanais fuyant la ruine de leur pays a provoqué un choc terrible. Le 8 août, le #Vlora, un cargo venu du port albanais de Durres, est entré dans celui de Bari avec à son bord 20 000 migrants, bientôt installés dans l’enceinte du stade de la ville. La désorganisation est totale : le maire multiplie les appels aux dons et à la solidarité, tandis qu’à Rome le gouvernement cherche un moyen de renvoyer chez eux ces arrivants illégaux… Rien ne sera plus jamais comme avant.

    A l’aune de ce bouleversement venu des Balkans, qui force l’Italie, pour la première fois de son histoire, à se poser la question de l’accueil et de l’intégration, les arrivées sporadiques à Lampedusa ne sont pas perçues au départ comme beaucoup plus qu’une anecdote. Selon les souvenirs des habitants, les migrants venaient surtout des côtes tunisiennes, ils étaient jeunes et en relative bonne santé. La plupart du temps, la traversée était assurée par des passeurs, payés une fois le but atteint. Bref, la route de la #Méditerranée_centrale vivait à l’heure d’une migration "artisanale".

    Mais au fil du temps, dans les années 2000, le phénomène change de nature et d’échelle. "Il ne s’agit pas seulement de géopolitique. Il s’est produit un changement anthropologique dans la jeunesse africaine il y a une quinzaine d’années", assure le vice-ministre italien des
    affaires étrangères et de la coopération, Mario Giro, qui, avant d’entrer en politique, a consacré de nombreuses années à des missions en Afrique comme responsable des questions internationales de la Communauté de Sant’Egidio. "Avant, il s’agissait de projets collectifs : une famille se cotisait pour envoyer un de ses fils en Europe, dit-il. Désormais, ce sont des #hommes_seuls qui décident de
    partir, parce qu’ils considèrent que partir est un droit. Dans les villes africaines, la famille a subi les mêmes coups de la modernité que partout dans le monde. Ces jeunes gens se sont habitués à penser seuls, en termes individuels. Dans leur choix, il y a une part de vérité – les blocages politiques – et la perception que l’avenir n’est pas dans leur pays. Alors, ils partent."
    #facteurs_push #push-factors

    Des gouvernements européens essaient de passer des accords avec les Etats africains pour qu’ils arrêtent en Afrique les candidats à l’Europe, ce qui a pour effet de criminaliser l’activité des #passeurs. Des réseaux de plus en plus violents et organisés se mettent en place.

    VIE ET MORT DE MOUAMMAR KADHAFI

    Un acteur central du jeu régional comprend très tôt le parti à tirer de ce phénomène, face auquel les pays européens semblent largement démunis. C’est le chef de l’Etat libyen, Mouammar #Kadhafi, qui cherche depuis le début des années 2000 à retrouver une forme de respectabilité internationale, rompant avec la politique de soutien au terrorisme qui avait été la sienne dans les années 1980 et 1990.
    Grâce aux immenses recettes de la rente pétrolière, dont il dispose dans la plus totale opacité, le Guide libyen multiplie les prises de participation en Italie (Fiat, Finmeccanica) et les investissements immobiliers. Il entre même au capital du club de football le plus prestigieux du pays, la Juventus de Turin. En contrepartie, le groupe énergétique ENI, privatisé à la fin des années 1990 mais dans lequel l’Etat italien garde une participation importante, conserve le statut d’Etat dans l’Etat dont il jouit en Libye depuis la période coloniale (1911-1942).

    Bientôt, la maîtrise des flux migratoires devient un aspect supplémentaire dans la très complexe relation entre la Libye et l’Italie. " De temps en temps, tous les deux ou trois ans, Kadhafi réclamait de l’argent pour la période coloniale. Et quand ça n’allait pas assez bien pour lui, il faisait partir des bateaux pour se rappeler à nous. C’était devenu pour lui un moyen de pression de plus, et ça signifie également qu’en Libye, des réseaux étaient déjà en place", se souvient Mario Giro.
    #chantage

    Entamées à l’époque du deuxième gouvernement Prodi (2006-2008), et émaillées de moments hauts en couleur – comme cette visite privée à Tripoli du ministre des affaires étrangères italien Massimo D’Alema, un week-end de Pâques 2007, au terme de laquelle Kadhafi a affirmé que l’Italie lui avait promis de construire une autoroute traversant le pays d’est en ouest –, les négociations sont poursuivies par le gouvernement de Silvio Berlusconi, revenu aux affaires au printemps 2008. Elles débouchent sur la signature d’un accord, le 30 août de la même année. En échange de 5 milliards d’euros d’investissements sur vingt-cinq ans et d’#excuses_officielles de l’Italie pour la #colonisation, le dirigeant libyen s’engage à cesser ses reproches, mais surtout à empêcher les départs de migrants depuis ses côtes. Plus encore, les migrants secourus dans les eaux internationales seront ramenés en Libye, même contre leur gré et au mépris du droit de la mer.
    #accord_d'amitié

    L’Eglise et plusieurs ONG humanitaires peuvent bien chercher à alerter l’opinion sur les conditions dans lesquelles sont ramenés à terre les candidats à la traversée, ainsi que sur les innombrables violations des droits de l’homme en Libye, elles restent largement inaudibles. Le colonel Kadhafi peut même se permettre de pittoresques provocations, comme ses visites officielles à Rome en 2009 et 2010, où il appelle publiquement à l’islamisation de l’Europe. Le gouvernement Berlusconi, embarrassé, n’a d’autre solution que de regarder ailleurs.

    L’irruption des "#printemps_arabe s", début 2011, va faire voler en éclats ce fragile équilibre. Le soulèvement libyen, en février 2011, un mois après la chute du président tunisien Ben Ali, est accueilli avec sympathie par les chancelleries occidentales. Mais en Italie, on l’observe avec préoccupation. "Bien sûr, l’Etat libyen de Kadhafi n’était pas parfait, concède #Mario_Giro. Mais il y avait un Etat… Dans les premiers mois de 2011 – je travaillais encore pour Sant’Egidio –, alors que la France semblait déjà décidée à intervenir en Libye, le ministre des affaires étrangères du Niger m’a demandé d’organiser une entrevue avec son homologue italien, Frattini. Nous étions trois, dans un bureau du ministère, et il nous a expliqué point par point ce qu’il se passerait en cas de chute de Kadhafi. Le chaos en Méditerranée, les armes dans tout le Sahel… Tout s’est passé exactement comme il l’a dit. Mais personne n’a voulu l’écouter". Il faut dire qu’en ce début d’année 2011, le prestige international de l’Italie est au plus bas. Très affaiblie économiquement et victime du discrédit personnel d’un Silvio Berlusconi empêtré dans les scandales, l’Italie est tout simplement inaudible.

    En mai 2011, les membres du G8, réunis à Deauville, appellent Mouammar Kadhafi à quitter le pouvoir. "Lors de ce sommet, Silvio Berlusconi a plusieurs fois tenté de prendre la défense du Guide libyen, mettant en avant son aide sur le dossier des migrants et le fait qu’il s’était amendé et avait tourné le dos au terrorisme", se souvient un diplomate français, témoin des discussions. "Mais
    personne n’en a tenu compte." Le chef libyen, chassé de Tripoli en août, mourra le 20 octobre, à Syrte. Quatre semaines plus tard, le gouvernement Berlusconi 4 cessait d’exister.

    Sur le moment, entre l’euphorie de la chute de la dictature et le changement d’ère politique en Italie, ces tensions entre puissances semblent négligeables. Il n’en est rien. Au contraire, elles ne cesseront de resurgir dans le débat, nourrissant en Italie un procès durable contre la #France, accusée d’avoir déstabilisé la situation en Méditerranée pour mieux laisser l’Italie en subir, seule, les conséquences.

    CHAOS EN MÉDITERRANÉE

    Car dans le même temps, les "printemps arabes" provoquent un bouleversement de la situation en Méditerranée. Une fois de plus, c’est à Lampedusa que les premiers signes de la tempête apparaissent. Sur cette île minuscule, en hiver, on compte à peine 5 000 habitants d’ordinaire. Là, ce sont plus de 7 000 personnes venues de #Tunisie qui y débarquent en quelques jours, entre février et mars 2011. La population les accueille avec les moyens du bord, dans des conditions très précaires. Des "permis temporaires de séjours" de trois mois
    sont délivrés aux arrivants par les autorités italiennes. Ainsi, les candidats à l’exil pourront-ils circuler aisément dans tout l’espace Schengen. Plus de 60 000 migrants débarqueront en 2011 ; la grande majorité d’entre eux ne resteront pas en Italie.
    #migrants_tunisiens

    Passé les mois de désorganisation ayant suivi la chute du président tunisien #Ben_Ali, Rome et Tunis concluent en 2012 un #accord_de_réadmission, formalisant le retour au pays des migrants d’origine tunisienne expulsés d’Italie. Assez vite, se met en place une coopération qui, de l’avis de nos interlocuteurs dans les deux pays, fonctionne plutôt harmonieusement.

    En revanche, en Libye, du fait de la déliquescence du pouvoir central, Rome n’a pas d’interlocuteur. Dans un pays livré aux milices et à l’anarchie, des réseaux de trafiquants d’êtres humains s’organisent à ciel ouvert. Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. "J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis."

    En une dizaine de jours, l’opération "#Mare_Nostrum" est mise sur pied. Concrètement, il s’agit d’une opération navale, à la fois militaire et humanitaire, visant à lutter contre les réseaux de passeurs, tout en évitant la survenue de nouveaux drames. Ses effets sont immédiats : en moins d’un an, plus de 100 000 migrants sont secourus et le nombre de morts diminue spectaculairement. Pourtant, le gouvernement Renzi, qui succède à Letta un an plus tard, décide d’y mettre un terme, à l’automne 2014. "Ça ne coûtait pas très cher, environ 8 millions d’euros par mois, et nous avons sauvé des centaines de vie avec ce dispositif, tout en arrêtant de nombreux trafiquants, avance Enrico Letta pour défendre son initiative. Mais très vite, Mare Nostrum a été accusée de provoquer un #appel_d'air… "

    De fait, en quelques mois, le nombre de départs des côtes africaines a explosé. Surtout, une évolution capitale se produit : peu à peu, les passeurs changent de stratégie. Pour ne pas voir leurs bateaux saisis, plutôt que de chercher à gagner un port italien, ils se contentent, une fois arrivés à proximité des eaux italiennes, de débarquer les migrants à bord de petites embarcations, les laissant ensuite dériver
    jusqu’à l’arrivée des secours. La marine italienne, trouvant les migrants en situation de détresse, n’a alors d’autre choix que d’appliquer les règles immuables du #droit_de_la_mer et de les conduire en lieu sûr.

    La suppression de Mare Nostrum par le gouvernement Renzi vise à sortir de cet engrenage. En novembre 2014, est annoncée l’entrée en vigueur de l’opération "#Triton", coordonnée par l’agence européenne #Frontex. Un dispositif de moindre envergure, financé par l’Union européenne, et dans lequel la dimension humanitaire passe au second plan. Las, le nombre de départs des côtes libyennes ne diminue pas. Au contraire, en 2015, plus de 150’000 personnes sont secourues en mer. En 2016, elles seront 181’000. Et pour suppléer à la fin de Mare Nostrum, de nouveaux acteurs apparaissent en 2015 au large des côtes libyennes : des navires affrétés par des #ONG humanitaires, aussitôt
    accusés, eux aussi, de former par leur présence une sorte d’appel d’air facilitant le travail des trafiquants d’êtres humains.

    L’ITALIE PRISE AU PIÈGE

    Pour Rome, les chiffres des secours en mer sont bien sûr préoccupants. Mais ils ne disent pas tout du problème. L’essentiel est ailleurs : depuis la fin de 2013, les pays limitrophes de l’Italie (#France et #Autriche) ont rétabli les contrôles à leurs frontières. Là où, jusqu’alors, l’écrasante majorité des migrants empruntant la route de la Méditerranée centrale ne faisaient que traverser le pays en direction du nord de l’Europe, ils se trouvent désormais bloqués sur le sol italien, provoquant en quelques années l’engorgement de toutes les structures d’accueil. Et les appels répétés à la solidarité européenne se heurtent à l’indifférence des partenaires de l’Italie, qui eux-mêmes doivent composer avec leurs opinions publiques, devenues très hostiles aux migrants.
    #frontière_sud-alpine

    Considéré jusque-là comme un impératif moral par une large part de la population, l’accueil des demandeurs d’asile est l’objet de critiques croissantes. En 2015, en marge du scandale "#Mafia_capitale ", qui secoue l’administration de la commune de Rome, l’Italie découvre que plusieurs coopératives chargées de nourrir et d’héberger les migrants se sont indûment enrichies. S’installe dans les esprits une l’idée dévastatrice : l’#accueil des réfugiés est un "#business " juteux plus qu’une œuvre humanitaire.
    #mafia

    Deux ans plus tard, une série de procédures à l’initiative de magistrats de Sicile en vient à semer le doute sur les activités des ONG opérant en Méditerranée. Le premier à lancer ces accusations est le procureur de Catane, Carmelo #Zuccaro, qui dénonce en avril 2017 – tout en admettant qu’il n’a "pas les preuves" de ce qu’il avance – les ONG de collusion avec les trafiquants. Après trois mois de rumeurs et de fuites organisées dans la presse, début août 2017, le navire de l’ONG allemande #Jugend_Rettet, #Iuventa, est placé sous séquestre, tandis qu’il a été enjoint aux diverses organisations de signer un "code de bonne conduite", sous le patronage du ministre de l’intérieur, Marco #Minniti, visant à encadrer leurs activités en mer. La plupart des ONG, dont Médecins sans frontières, quitteront la zone à l’été 2017.
    #code_de_conduite

    Tandis que le monde entier a les yeux tournés vers la Méditerranée, c’est en réalité en Libye que se produit, mi-juillet, une rupture majeure. En quelques jours, les départs connaissent une chute spectaculaire. Moins de 4000 personnes sont secourues en mer en août, contre 21’000 un an plus tôt, à la même période. La cause de ce coup d’arrêt ? Le soutien et l’équipement, par Rome, des unités libyennes
    de #gardes-côtes, qui traquent les migrants jusque dans les eaux internationales, au mépris du droit de la mer, pour les reconduire dans des camps de détention libyens. Le gouvernement italien conclut une série d’accords très controversés avec différents acteurs locaux en
    Libye.
    #accord #gardes-côtes_libyens
    v. aussi : http://seen.li/cvmy

    Interrogé sur les zones d’ombre entourant ces négociations, et les témoignages venus de Libye même affirmant que l’Italie a traité avec les trafiquants, Marco Minniti nie la moindre entente directe avec les réseaux criminels, tout en mettant en avant l’intérêt supérieur du pays, qui n’arrivait plus, selon lui, à faire face seul aux arrivées. "A un moment, confiait-il fin août 2017 à des journalistes italiens, j’ai eu peur pour la santé de notre démocratie."

    De fait, l’accueil de 600’000 migrants depuis 2014 et l’attitude des partenaires européens de l’Italie, qui ont poussé à l’ouverture de "#hotspots" (centres d’enregistrement des migrants) en Sicile et dans le sud de la Péninsule, sans tenir leurs engagements en matière de #relocalisation (à peine 30 000 réfugiés arrivés en Italie et en Grèce concernés à l’automne 2017, contre un objectif initial de 160’000), a nourri le rejet de la majorité de centre-gauche au pouvoir. Il a alimenté le discours xénophobe de la Ligue du Nord de Matteo Salvini et la montée des eurosceptiques du Mouvement 5 étoiles. A quelques jours des élections du 4 mars, celui-ci est au plus haut dans les sondages.

    Depuis l’été, les départs des côtes africaines se poursuivent
    sporadiquement, au gré de la complexe situation régnant sur les côtes libyennes. Resteque des centaines de milliers de candidats à l’exil – ils seraient de 300’000 à 700’000, selon les sources – sont actuellement bloqués en Libye dans des conditions humanitaires effroyables. Pour le juriste sicilien Fulvio Vassallo, infatigable défenseur des demandeurs d’asile, cette politique est vouée à l’échec, car il ne s’agit pas d’une crise migratoire, mais d’un mouvement de fond. "Pour l’heure, l’Europe affronte le problème avec
    la seule perspective de fermer les frontières, explique-t-il. Et ça, l’histoire des vingt dernières années nous démontre que c’est sans espoir. Ça n’a pas d’autre effet que d’augmenter le nombre de morts en mer."

    Depuis 2014, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 13’500 personnes au moins ont trouvé la mort en mer, sur la route de la Méditerranée centrale. Sans compter la multitude de ceux, avalés par les eaux, dont on n’a jamais retrouvé la trace.


    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/23/l-italie-seule-dans-la-tempete-migratoire_5261553_3210.html

    Un nouveau mot pour la collection de @sinehebdo sur les mots de la migration : #Les_Turcs

    A la tête de ce qui, à l’origine, n’était guère plus qu’un dispensaire, Pietro Bartolo s’est trouvé aux premières loges quand tout a changé. " Ça a commencé dans les années 1990. Les migrants, des jeunes hommes venus d’Afrique du Nord, arrivaient directement sur la plage, par leurs propres moyens, avec des barques ou des canots pneumatiques. Sur l’île, on les appelait “#les_Turcs”, se souvient-il. Les habitants accueillent comme ils peuvent les arrivants, qui gagnent ensuite la Sicile puis, pour l’immense majorité, le continent.

    #histoire

    #abandon de l’Italie :

    Jusqu’à la catastrophe, qui se produit dans la nuit du 2 au #3_octobre_2013. « J’ai été réveillé à 6 heures du matin par un appel des autorités maritimes, se souvient Enrico Letta, alors chef du gouvernement italien. En quelques minutes, nous avons compris que le #naufrage qui venait d’avoir lieu près de Lampedusa était une tragédie sans précédent – le bilan sera de 366 morts. Il fallait trouver des cercueils, s’occuper des orphelins… J’ai dû presque forcer le président de la Commission européenne - José Manuel Barroso - à m’accompagner sur l’île. Quelques jours plus tard, il y a eu un autre naufrage, tout aussi meurtrier, au large de Malte. Alors que nous demandions l’aide de l’Europe, j’ai vite compris que nous n’aurions rien. Donc, nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes. L’émotion était si forte que l’opinion nous a suivis. »

    #asile #migrations #réfugiés #mourir_en_mer #frontières

    • C’est une manière de classer les étrangers en mouvement ou en attente de statut par le pays d’accueil.
      Migrants pour étrangers en mouvement. Immigrés pour étrangers sur le territoire national quelque soit leur statut.
      Demandeur d’Asile pour ceux qui font une demande de protection.
      Réfugiés pour ceux qui ont obtenu cette protection.
      Sans papiers pour ceux qui n’ont pas encore obtenu un statut qu’ils aient fait la demande ou non. Le terme administratif en France est ESI, étranger en situation irrégulière.
      Exilés pour ceux qui ont quitté leur pays d’une manière volontaire ou involontaire avec ce qui implique de difficultés et de sentiment d’éloignement de son pays.

    • Solidarietà Ue: gli altri paesi ci hanno lasciati da soli?

      Tra settembre 2015 e aprile 2018 in Italia sono sbarcate quasi 350.000 persone. A fronte di ciò, i piani di ricollocamento d’emergenza avviati dall’Unione europea prevedevano di ricollocare circa 35.000 richiedenti asilo dall’Italia verso altri paesi Ue: già così si sarebbe dunque trattato solo del 10% del totale degli arrivi. Inoltre i governi europei avevano imposto condizioni stringenti per i ricollocamenti: si sarebbero potuti ricollocare solo i migranti appartenenti a nazionalità con un tasso di riconoscimento di protezione internazionale superiore al 75%, il che per l’Italia equivale soltanto a eritrei, somali e siriani. Tra settembre 2015 e settembre 2017 hanno fatto richiesta d’asilo in Italia meno di 21.000 persone provenienti da questi paesi, restringendo ulteriormente il numero di persone ricollocabili. Oltre a queste limitazioni, gli altri paesi europei hanno accettato il ricollocamento di meno di 13.000 richiedenti asilo. La solidarietà europea sul fronte dei ricollocamenti “vale” oggi dunque solo il 4% degli sforzi italiani e, anche se si fossero mantenute le promesse, più di 9 migranti sbarcati su 10 sarebbero rimasti responsabilità dell’Italia.

      Oltre al fallimento dei ricollocamenti, neppure le risorse finanziarie destinate dall’Europa all’Italia per far fronte all’emergenza hanno raggiunto un livello significativo. Al contrario, gli aiuti europei coprono solo una minima parte delle spese italiane: nel 2017, per esempio, gli aiuti Ue ammontavano a meno del 2% dei costi incorsi dallo Stato italiano per gestire il fenomeno migratorio.

      https://www.ispionline.it/it/pubblicazione/fact-checking-migrazioni-2018-20415
      #aide_financière

  • En #Italie, la #Ligue_du_Nord part à la conquête du Sud
    https://www.mediapart.fr/journal/international/010318/en-italie-la-ligue-du-nord-part-la-conquete-du-sud

    Au théâtre San Marco de #Caserte, lors du meeting de #Matteo_Salvini, le 21 février 2018. © CasertaKeste press Depuis son accession à la tête du parti en décembre 2013, Matteo Salvini a modifié les contours de son mouvement. L’agenda fédéraliste de la Ligue du Nord a été mis de côté pour faire place à un discours nationaliste et anti-immigrés, dans l’idée de s’imposer aussi dans le sud de l’Italie. Il pourrait gouverner en coalition avec la droite de Berlusconi. Reportage dans les environs de Naples.

    #International #Beppe_Grillo #Luigi_Di_Maio #Matteo_Renzi #Silvio_Berlusconi

  • Législatives en Italie : un enjeu de taille pour l’Union européenne

    Depuis le Brexit, rien n’effraie davantage les technocrates de Bruxelles que « l’effet domino ». La Commission Européenne croyait son institution toute puissante, indispensable et que les menaces de sortie des traités seraient inexorablement vaines. Il n’en est plus rien, désormais, et les droites souverainistes n’hésitent plus à jouer d’alliances avec les extrêmes-droites.
    Cette conjoncture politique ne concerne plus uniquement les pays d’Europe de l’Est. Les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche emboîtent le pas, eux-aussi.

    C’est dans ce climat d’hostilité toujours croissante, envers l’UE, que vont se jouer les élections générales en Italie. En effet, les sondages annoncent des scores élevés pour le Mouvement 5 Étoiles. La Ligue du Nord et Fratelli d’Italia, quant à eux, se voient prédire une progression conséquente. Au milieu de tout cela, Silvio Berlusconi et Forza Italia sont encore hésitant, entre une coalition avec le Parti Démocrate de Matteo Renzi, ou une coalition englobant les deux partis d’extrême-droite.

    Les questions économiques et européennes sont évidemment au coeur des enjeux de tractation, et les mouvements souverainistes sont bien partis pour tirer leurs épingles du jeu. La stratégie « ni de droite ni de gauche » du M5S, quant à elle, semble conquérir une large part de l’assentiment populaire, au sein d’un pays pourtant historiquement européiste. En fin de compte, l’inconnue concerne moins le résultat du scrutin que la coalition qui gouvernera l’Italie, en fin de compte. Le maigre espoir qui subsiste encore, à gauche, pourrait venir du score que fera le jeune mouvement Potere al Popolo.

    https://www.lemediatv.fr/articles/elections-en-italie-la-grande-cacophonie
    https://theconversation.com/legislatives-en-italie-un-enjeu-de-taille-pour-lunion-europeenne-92
    https://seenthis.net/messages/672492

    #Les_nouvelles_droites #Italie #élections #Europe

  • A #Macerata, l’équipée raciste d’un militant de la #Ligue_du_Nord
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040218/macerata-l-equipee-raciste-d-un-militant-de-la-ligue-du-nord

    Capture d’écran d’une vidéo tournée chez la mère du tireur et diffusée par « La Repubblica » Luca Traini, qui a blessé au moins six personnes noires à Macerata le 3 février, lors d’une équipée raciste, a affirmé avoir agi à la suite du meurtre d’une jeune femme dont est suspecté un homme d’origine nigériane. Selon la presse italienne, ce jeune militant de la Ligue du Nord a défilé avec le mouvement néofasciste CasaPound.

    #International #extrême_droite #immigration #Italie

  • Amazon : l’idée d’un bracelet électronique pour ses salariés provoque un tollé
    https://www.rtbf.be/info/medias/detail_amazon-l-idee-d-un-bracelet-electronique-pour-ses-salaries-provoque-un-t

    Amazon a breveté un système électronique lui permettant, via un bracelet, de détecter les mouvements des mains de ses salariés dans ses entrepôts pour suivre leur travail, une idée qui suscite un tollé en Italie.

    Ce système de « traçage (...) des mouvements des mains d’un employé (...) pourrait être utilisé pour surveiller la réalisation de tâches assignées » comme l’inventaire et la préparation des commandes, expliquent les documents officiels relatifs à ce brevet, disponibles sur internet et révélés par le site spécialisé Geekwire.

    L’appareil est « prévu pour être porté (...) près de la main et pour émettre des vibrations » pour guider le salarié, poursuit le document.

    « La spéculation à propos de ce brevet est erronée », a réagi auprès de l’AFP une porte-parole d’Amazon. « Chaque jour, dans n’importe quelle entreprise dans le monde, les employés se servent de scanners à main pour faire l’inventaire et préparer les commandes », a-t-elle ajouté.

    « Placer ces équipements plutôt sur le poignet des employés leur permettrait d’avoir les mains libres et ne pas avoir les yeux rivés sur des écrans », fait valoir Amazon, estimant que si cette idée devait être un jour mise en oeuvre, elle améliorerait l’organisation pour les employés travaillant dans la préparation des commandes.

    Le concept a déjà suscité des réactions virulentes en Italie, notamment de la part du chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, qui a estimé que « le défi, c’est un travail de qualité et non pas le travail avec un bracelet ».
    Des conditions de travail déjà décriées

    « Homme ou esclave ? Je veux restituer la dignité du travail, certaines multinationales exploitent, pressent et ensuite mettent au rebut. Ca suffit ! », a réagi de son côté, le leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini.

    Le géant du commerce en ligne a depuis longtemps la réputation d’entretenir des conditions de travail difficiles dans ses entrepôts et centres de distribution pour augmenter la productivité des employés et garantir des livraisons rapides aux clients.

    En 2015, le New York Times décrivait une culture d’entreprise « néfaste » chez Amazon, destinée à augmenter la productivité des employés, une description rejetée à l’époque par le patron du groupe Jeff Bezos.

    Amazon a publié jeudi ses résultats trimestriels en forte hausse, affichant un bénéfice net de 1,856 milliard de dollars et un chiffre d’affaires de 60,45 milliards.

    #Amazon #Surveillance #Digital_labor #Mais_j_en_peux_plus_de_ce_monde_de_merde

  • Amazon : l’idée d’un bracelet électronique pour ses salariés provoque un tollé RTBF - 2 Février 2018 - AFP
    https://www.rtbf.be/info/medias/detail_amazon-l-idee-d-un-bracelet-electronique-pour-ses-salaries-provoque-un-t

    Amazon a breveté un système électronique lui permettant, via un bracelet, de détecter les mouvements des mains de ses salariés dans ses entrepôts pour suivre leur travail, une idée qui suscite un tollé en Italie.

    Ce système de « traçage (...) des mouvements des mains d’un employé (...) pourrait être utilisé pour surveiller la réalisation de tâches assignées » comme l’inventaire et la préparation des commandes, expliquent les documents officiels relatifs à ce brevet, disponibles sur internet et révélés par le site spécialisé Geekwire.

    L’appareil est « prévu pour être porté (...) près de la main et pour émettre des vibrations » pour guider le salarié, poursuit le document.

    « La spéculation à propos de ce brevet est erronée », a réagi auprès de l’AFP une porte-parole d’Amazon. « Chaque jour, dans n’importe quelle entreprise dans le monde, les employés se servent de scanners à main pour faire l’inventaire et préparer les commandes », a-t-elle ajouté.

    « Placer ces équipements plutôt sur le poignet des employés leur permettrait d’avoir les mains libres et ne pas avoir les yeux rivés sur des écrans », fait valoir Amazon, estimant que si cette idée devait être un jour mise en oeuvre, elle améliorerait l’organisation pour les employés travaillant dans la préparation des commandes.

    Le concept a déjà suscité des réactions virulentes en Italie, notamment de la part du chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, qui a estimé que « le défi, c’est un travail de qualité et non pas le travail avec un bracelet ».

    Des conditions de travail déjà décriées
    « Homme ou esclave ? Je veux restituer la dignité du travail, certaines multinationales exploitent, pressent et ensuite mettent au rebut. Ca suffit ! », a réagi de son côté, le leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini.

    Le géant du commerce en ligne a depuis longtemps la réputation d’entretenir des conditions de travail difficiles dans ses entrepôts et centres de distribution pour augmenter la productivité des employés et garantir des livraisons rapides aux clients.

    En 2015, le New York Times décrivait une culture d’entreprise « néfaste » chez Amazon, destinée à augmenter la productivité des employés, une description rejetée à l’époque par le patron du groupe Jeff Bezos.

    Amazon a publié jeudi ses résultats trimestriels en forte hausse, affichant un bénéfice net de 1,856 milliard de dollars et un chiffre d’affaires de 60,45 milliards.

    #pratiques-nazies #esclavage #amazon #logistique #préparation-des-commandes

  • Sur l’immigration, la classe politique italienne vire à droite toute
    https://www.mediapart.fr/journal/international/310717/sur-l-immigration-la-classe-politique-italienne-vire-droite-toute

    Matteo Renzi a durci son discours sur l’accueil des migrants, surprenant même son propre camp. Le Toscan se rapproche des discours du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, mais aussi de la Ligue du Nord, alors que 2017 devrait marquer un nouveau record du nombre d’arrivées de migrants dans la péninsule.

    #International #immigration #Italie #M5S #PD

  • Aux États-Unis, les amis américains de Marine Le Pen préparent le terrain - France 24
    http://www.france24.com/fr/20170425-etats-unis-marine-le-pen-amis-americains-preparent-terrain-trump-

    Au fil des années, Marine Le Pen s’est tissé un embryon de réseau de l’autre côté de l’Atlantique, et notamment à New York. "Bienvenue à la Trump Tower !", lance ainsi Guido George Lombardi, dit Guido, en ouvrant la porte de son appartement au 63e étage avec un large sourire. Cet Italo-Américain de 66 ans a fait fortune dans l’immobilier. Il habite trois étages en dessous du penthouse du président américain, où vivent encore sa femme Melania Trump et leur fils Baron, et partage avec eux la même vue époustouflante sur Central Park.

    "On veut la rencontrer, l’aider"

    C’est grâce à sa seconde femme, Gianna Lahainer, que Guido entre dans le cercle du milliardaire devenu président. Proche de la Ligue du Nord en Italie, il devient au fil des années l’intermédiaire de Donald Trump avec les partis populistes européens. Aujourd’hui, il compte parmi ses fréquentations Geert Wilders aux Pays-Bas (PVV), Beppe Grillo en Italie (M5S), Frauke Petry en Allemagne (AfD) et Marine Le Pen en France (FN). Il a rencontré la candidate du Front national il y a un peu plus de 20 ans, à Bruxelles. "J’ai tout de suite remarqué qu’elle n’était pas une figure politique traditionnelle. J’ai été impressionné", se rappelle-t-il.

    C’est lui que l’on a vu attablé à côté de la présidente du Front national dans le café de la Trump Tower, en janvier dernier. Malgré les rumeurs sur un éventuel entretien avec Donald Trump, Guido assure que la candidate était là pour rencontrer de potentiels donateurs. "Des gens qui connaissent mon amitié pour elle m’ont dit : ’On veut la rencontrer, l’aider’, rapporte-t-il aujourd’hui. Ce sont des personnes avec beaucoup de moyens, des gens de Wall Street ou des hommes d’affaires."

    Parmi les invités au cocktail en l’honneur de Marine Le Pen dans l’appartement très kitsch de Guido, des Américains, des Israéliens, des Indiens et des Russes, soit 35 personnes au portefeuille bien garni. D’habitude si bavard, l’hôte de cette petite sauterie ne s’étend pas sur le résultat de ces rencontres. Mais il laisse entendre que la candidate est repartie satisfaite : “J’ai fait les présentations, je n’ai pas assisté à des signatures de chèques. Mais il y a eu d’autres réunions par la suite, en privé, auxquelles je n’étais pas présent. Donc beaucoup de choses ont pu se passer” laisse-t-il entendre.

     ;inf

  • Italie : la Constitution hors des mythes | Lutte de classe, le mensuel de Lutte Ouvrière http://mensuel.lutte-ouvriere.org//2017/01/22/italie-la-constitution-hors-des-mythes_75204.html

    Le référendum italien du 4 décembre sur la réforme constitutionnelle s’est soldé par un non massif à cette réforme et la démission du Premier ministre Matteo Renzi, qui en avait été le promoteur. Le non a été en grande partie une réaction populaire témoignant du mécontentement à l’égard du gouvernement Renzi, mais, parmi les partisans du non, on trouvait aussi bien les partis de droite – Forza Italia de Berlusconi et la Ligue du Nord de Matteo Salvini – qu’une partie de la gauche et de l’extrême gauche. Ces dernières motivaient leur non à une réforme de la Constitution en lui attribuant un caractère démocratique et social particulier, celui d’une République « née de la Résistance ». Cet argument, traditionnel au sein de la gauche italienne, requiert quelques mises au point comme le fait l’article suivant, traduit du journal de nos camarades de l’Internazionale (Italie – UCI) et écrit à la veille du référendum...

  • Italie, 4 décembre… Serait-ce le prochain domino ?
    https://www.crashdebug.fr/international/12724-italie-4-decembre-serait-ce-le-prochain-domino

    Chaud cacao....

    Contributeur anonyme

    Audrey Duperron

    Le 4 décembre, les Italiens se rendent aux urnes pour approuver ou rejeter une réforme proposée par le Premier ministre Matteo Renzi. Mais comme David Cameron avant lui, qui avait proposé d’organiser le referendum du brexit, Renzi joue gros avec cette décision : son destin politique, mais aussi l’avenir de l’Italie, et celui de l’ensemble de l’UE.

    L’opposition de Renzi se compose de trois partis, dont le populiste Mouvement Cinq étoiles de Beppe Grillo. Ce dernier a réussi à remporter les villes de Rome et Turin au cours des dernières élections municipales, mais aussi une série de petites. Le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord, qui, comme le Mouvement Cinq étoiles, veut remettre en question l’adhésion de l’Italie à la zone euro, et qui veut (...)

    #En_vedette #Ça_s'est_dit_par_là... #International

  • le summum de l’#absurdité:
    Profughi siriani a Monaco, Salvini protesta: “Rubano il lavoro ai nostri immigrati in Germania”
    –-> traduction: «réfugiés syriens à Monaco, Salvini [Ligue du Nord] proteste: ils volent le travail de nos [italiens] immigrés en Allemagne»
    http://i1.wp.com/www.lercio.it/wp-content/uploads/2015/09/11986109_966332473431225_1772967931_o.jpg?resize=620%2C400

    http://www.lercio.it/profughi-siriani-a-monaco-salvini-protesta-rubano-il-lavoro-ai-nostri-immigra
    #Salvini #réfugiés #Italie #Allemagne #migration
    cc @albertocampiphoto @reka

  • L’alliance franco-allemande pour des « centres de tri » au sud de l’Europe

    « On est très clairement dans une stratégie de dramatisation de la situation », relève Pierre Henry, responsable de France terre d’asile, en doutant des chiffres spéculatifs qu’avance Berlin. « Ce qui est certain, c’est que se dessine un axe franco-allemand pour contraindre tant la Grèce que l’Italie à accepter sur leur sol des #zones_d’attente, dont le rôle sera de trier ceux qui ont droit à l’asile et ceux qui n’y ont pas droit. Mais cela ne sera pas si simple à mettre en place. En Italie, des courants contraires s’affrontent, entre la Ligue du Nord, qui veut renvoyer tout le monde, et le Vatican, qui plaide pour une politique charitable. »


    http://www.tdg.ch/monde/Lalliance-franco-allemande-pour-des-centres-de-tri-au-sud-de-lEurope/story/21442250
    #hotspot #externalisation #asile #réfugiés #migrations #politique_migratoire #Europe #UE #Italie #Grèce #centres_de_tri #tri

  • la #Ligue_du_nord passe au sud sous une fausse identité

    Du bleu, du jaune et du blanc. Pas la moindre touche de vert, la couleur fétiche de la Ligue du Nord depuis près de 40 ans, dans le logo du nouveau « sujet politique » présenté, vendredi 19 décembre, par #Matteo_Salvini, le leader du mouvement populiste et xénophobe. Baptisé en toute simplicité « Nous avec #Salvini », ce projet se veut la tête de pont du débarquement dans le #Mezzogiorno d’un parti traditionnellement attaché à la défense des intérêts économiques de l’Italie septentrionale. Une sorte de branche régionale de la maison mère en vue des prochains scrutins. De fausse identité...

    http://italie.blog.lemonde.fr/2014/12/20/la-ligue-du-nord-passe-au-sud-sous-une-fausse-identite
    #Lega_Nord #extrême_droite #Italie
    cc @albertocampiphoto