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  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce jeudi 9 novembre 2017
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14166-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour à toutes et à tous, nous sommes le jeudi 9 novembre 2017, et voici notre habituelle Revue de presse. Comme d’habitude, en complément, la Defcon Room, se tient à votre disposition.

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance.

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    09.11.2017

    Au moins deux députés LREM ont embauché les enfants d’autres députés (L’Express.fr)

    300.000 étrangers en situation irrégulière en France, selon Gerard Collomb (Les Echos.fr)

    Les pauvres, toujours plus pauvres et victimes de préjugés, selon le Secours catholique (L’Express.fr)

    Photos d’exactions de l’EI sur Twitter : l’Assemblée lève l’immunité de Marine Le Pen (France24.com)

    Le Sénat rouvre les vannes des hydrocarbures (Le Monde.fr)

    Vers une forte (...)

  • Une stratégie européenne pour la gauche | Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/2017-11-06-Une-strategie-europeenne-pour-la-gauche

    Avec l’admirable conscience professionnelle des boussoles qui indiquent le Sud, Jean Quatremer et ses semblables n’ont pas manqué de décréter la question de l’euro définitivement « tranchée » par l’élection de Macron. Mais, à la fin des fins, qu’une boussole indique le Sud n’est pas un problème, pourvu qu’elle l’indique avec constance — ce qui est assurément le cas en l’occurrence. Il n’y a plus qu’à regarder dans la direction opposée pour s’orienter avec sûreté. La prédiction australe posée, nous savons donc maintenant avec certitude que « la question européenne » est tout sauf close, et qu’elle ne manquera pas de revenir. Pour une bonne et simple raison d’ailleurs : c’est que, par paraphrase inversée du Manifeste du parti communiste, un spectre hante la gauche — l’Europe. Si la dernière élection a confirmé quelque chose, c’est bien que l’euro est l’hypothèque posée sur toute stratégie de conquête du pouvoir à gauche. Même les débris de la social-démocratie ont fini par s’en apercevoir, un peu tard cependant, et, mettant les bouchées doubles pour rattraper un si long silence, pensent avoir trouvé avec le « parlement de l’euro » de quoi racheter vingt-cinq ans d’errements. C’est que, si plus personne ne croit, ni même ne peut entendre, la promesse devenue outrageante de « l’Europe sociale », celle de « l’Europe démocratique » a pris le relais — en apparence plus fraîche, mais en réalité aussi résolument creuse.

    • Les termes réels de l’équation européenne à gauche :

      1. Il n’est pas de politique progressiste qui ne verrait ses dispositions les plus centrales interdites par les traités européens.

      2. Soustraire les contenus substantiels de certaines des plus importantes politiques publiques aux délibérations d’une assemblée ordinaire, pour les sanctuariser dans des traités ne répondant qu’à des procédures de révision extraordinaires, est une anomalie qui disqualifie radicalement toute prétention démocratique.

      3. Seule une révision des traités propre à instituer un véritable parlement, auquel serait rendue l’intégralité des domaines de décision actuellement hors d’atteinte de toute redélibération souveraine, est à la hauteur du projet de rendre l’Europe démocratique.

      4. En l’état actuel des choses, une telle révision fera l’objet d’un refus catégorique de l’Allemagne qui, serait-elle mise en minorité dans le débat européen, préférerait l’intégrité de ses principes à l’appartenance à l’Union.

      Que ce soit sous l’espèce d’un parlement pantomime, en fait privé de toute voix au chapitre sur les questions fondamentales et réduit à la figuration résiduelle, ou bien, a fortiori, sous toute proposition qui envisagerait d’aller plus loin, l’Allemagne (sans doute accompagnée) dira non. On peut donc si l’on veut persister dans l’erreur ou la cécité volontaire un certain temps, mais pas trop quand même. Comme jadis « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique » n’aura pas lieu. Il s’ensuit que, si elle reste accrochée à l’illusion d’un « autre euro », c’est la gauche au pouvoir qui n’aura pas lieu non plus.

    • Toujours cette rhétorique indigeste (avec, au passage, pour la bonne figure, évocation de Marx, du matérialisme et de la lutte de classe - mais ceci pour abuser qui ?) ... pour promouvoir, en guise de solution transitoire, la vieille lune protectionniste de la sortie de l’euro.

      Il n’y a pas à s’étonner que Lordon s’intéresse au sort de la gauche, de cette gauche (gouvernementale, gestionnaire) qui a rompu depuis des décennies avec toutes perspectives révolutionnaires pour adopter la boussole de la collaboration de classe, car, en lui proposant, pour se requinquer, de faire sienne une vieille diversion nationaliste, il reste sur le même terrain.

      Sur ce terrain, la division de la société en deux classes fondamentales antagonistes, l’existence d’un prolétariat international uni par les mille liens de la mondialisation capitaliste, renforcé numériquement par le développement des forces productives, n’existent pas. Tout au plus y a-t-il opposition d’une « oligarchie financière », impersonnelle et désincarnée aux « peuples souverains » - Lordon, du reste, n’a jamais conçu les transformations qu’il appelle de ses vœux que par le haut, par un changement des institutions et finalement par l’intervention des États nationaux.

      Il faudra bien un jour s’en rendre compte : en présentant les institutions européennes comme responsables de l’austérité et de toutes les attaques subies par les travailleurs, Lordon n’a jamais fait que ce que les souverainistes « de droite » ont toujours fait : rendre l’Union européenne, l’euro et la mondialisation responsables de tous les maux de la société indépendamment de la domination de la bourgeoisie. C’est-à-dire se refuser de désigner les capitalistes en chair et en os, camouflés derrière les abstractions qu’il dénonce. Et ainsi, fondamentalement, à l’instar de tout nationaliste qui se respecte, dédouaner la bourgeoisie française et tous les gouvernements successifs à son service.

      Le principal danger que représentent les idées souverainistes, c’est qu’elles obscurcissent la conscience des opprimés en leur désignant des leurres et des boucs-émissaires plutôt que de les aider à comprendre les mécanismes réels de la société et de l’économie.

      Quand ceux que ce monde révolte comprendront que, derrière la prose insupportable de Lordon, ne se trouvent, somme toute, que ces idées-là, des idées qui ne sentent pas meilleurs que les pièges nationalistes portées par l’extrême-droite, on aura peut-être commencé à faire un petit pas.

    • La « gauche de gouvernement », elle, refuse depuis 1982-1983 de mettre en œuvre une politique correspondant aux attentes du bloc social qui la porte au pouvoir. Cette coalition politique, dominée par le PS, est donc condamnée à rechercher un électorat alternatif qui soutiendrait les options fondamentales autour desquelles s’articule sa politique économique : l’intégration européenne et les « réformes structurelles » néolibérales, éventuellement adoucies par une politique sociale « active » et/ou une politique macroéconomique tournant le dos à l’austérité. Les groupes susceptibles d’appuyer une telle orientation se caractérisent par un revenu et un niveau d’éducation relativement élevés ; c’est pourquoi on peut qualifier de « bloc bourgeois » le front qu’ils constitueraient. Son cœur serait formé des cadres supérieurs de la fonction publique, traditionnellement rattachés au bloc de gauche, et des cadres du secteur privé, qui font plutôt partie du bloc de droite.

      La stratégie politique correspondante n’est pas nouvelle et a été explorée avec des succès limités par les divers représentants de la droite du PS : M. Jacques Delors appelait en 1985 « les sages de tous les camps » à se mettre d’accord sur une politique économique qui ne varierait que peu suivant les alternances politiques ; Michel Rocard, prenant la tête du PS après la défaite aux législatives de 1993, cherchait dans un « big bang » une solution de rechange à l’alliance traditionnelle du PS avec le PCF.

      Celui qui l’incarne actuellement de la façon la plus flagrante est M. Macron, qui, malgré ses prétentions à la nouveauté, revendique un « ni droite ni gauche » souvent utilisé dans le passé. On peut facilement deviner le programme économique dont il est porteur à la lecture de ses œuvres de jeunesse, le rapport Attali, comme à l’examen de son parcours de ministre, avec la loi Macron. Ses orientations de politique économique, pro-intégration européenne, favorables aux privatisations, à la « libéralisation » du marché du travail, correspondent à la tentative de constituer un « bloc bourgeois » qui serait dominant.

      Il y a toutefois un obstacle à ce projet. Cet électorat est constitué de groupes sociaux diplômés et aisés mais socialement et politiquement minoritaires. Une stratégie réaliste impliquerait donc de rechercher une médiation susceptible d’agréger d’autres troupes. Comme le projet économique repose sur des réformes néolibérales rejetées par la majorité de l’ancien bloc de gauche, le renfort proviendrait le plus vraisemblablement de fractions appartenant au bloc droitier (indépendants, professions intermédiaires). Ce serait là une solution aux contradictions internes de la droite : rejeter dans la minorité politique les catégories les plus hostiles aux « réformes structurelles » pour s’allier aux groupes de l’ancien bloc de gauche qui y sont le plus favorables. Cette majorité politique resterait probablement sociologiquement minoritaire.

      Étrange démocratie française : depuis trente-cinq ans, les programmes des grands partis de gouvernement ne correspondent pas aux attentes économiques des classes populaires, qui représentent pourtant plus de la moitié du corps électoral. Contrairement aux idées en vogue sur l’effacement des clivages idéologiques, les aspirations des ouvriers et des employés dessinent un bloc social de gauche.

      Majorité sociale, minorité politique par Bruno Amable
      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/AMABLE/57285

    • « Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie »

      Nous sommes aujourd’hui face à une situation qui peut laisser perplexe…
      La taxe de 3% sur les dividendes, instaurée sous le quinquennat de François Hollande, a été invalidée par le conseil constitutionnel.
      Cette taxe visait à compenser une perte de recettes budgétaires de de près de 5 milliards (qui elle-même datait du quinquennat du gouvernement de Nicolas Sarkozy dont faisait d’ailleurs parti Bruno Le Maire)
      Elle visait à encourager les entreprises à réinvestir leurs bénéfices plutôt que de distribuer des dividendes.
      Assez rapidement, les spécialistes de droit fiscal avaient alerté sur l’incompatibilité de cette taxe avec le régime fiscal des sociétés-mères et de leurs filiales au sein de l’Union européenne.
      Le président Hollande avec l’appui de son fidèle conseiller économique de l’époque Emmanuel Macron, avait décidé d’introduire, une contribution additionnelle à l’impôt sur les sociétés.
      Cela allait dans le bon sens, mais sans surprise, la mesure a été retoquée par le Conseil Constitutionnel après l’invalidation partielle de la Cour de Justice européenne.

      Une façon de persister dans l’erreur qui laisse songeur…

      En 2015, la Commission européenne avait mis la France en demeure au sujet de cette taxe.
      A ce moment-là, la facture était seulement estimée entre 2 à 3 milliards d’euros.
      On peut donc se demander pourquoi l’État a maintenu cette taxe sous sa forme aussi longtemps.

      Il ne s’agit donc pas tout à fait de gérer un imprévu …. mais plutôt de faire un correctif nécessaire suite à une gestion juridique que l’on pourrait qualifier dans le meilleur des cas, d’hasardeuse ….

      Peu importe si notre président actuel s’occupait précisément de la fiscalité des entreprises à cette période…
      Peu importe si de nombreux membres de la majorité actuelle ont participé au vote de cette loi et ont accepté l’amendement invalide au regard de la constitution.
      Et enfin, peu importe si des parlementaires devenus ministres de l’actuel gouvernement ont voté tout cela…

      Nous voilà rassurés…

      Désormais, en tenant compte des pénalités et des intérêts, la facture a donc grimpé à près de 10 milliards.
      Voyant la douloureuse arriver, le nouveau gouvernement a décidé de simplement supprimer la taxe de 3% sur les dividendes au lieu de la remanier pour la rendre applicable.
      Pour le reste Bercy propose la solution que vous connaissez…

      Au grand désespoir du Medef, la moitié sera financée par une nouvelle taxe exceptionnelle et ponctuelle pour les grandes entreprises et l’autre moitié par le contribuable.

      Il est peut-être temps de réformer le Conseil Constitutionnel dont la composition et l’orientation idéologique pose question.

      En effet, ses membres, que la presse qualifie curieusement de « sages », peuvent interpréter la constitution et décider de l’équilibre entre intérêts économiques particuliers et intérêt général…

      Et ils semblent avoir souvent fait primer la défense de l’ordre économique établi, et donc des privilèges des multinationales, sur les objectifs de justice sociale et fiscale empêchant de ce fait toute forme de vision alternative.

      Les grands groupes en jouent, comme le démontre l’enquête de Mathilde Mathieu pour Mediapart qui nous parlent des “portes étroites” : ces contributions informelles, qui sont commandées à d’éminents professeurs de droit constitutionnel ou à des cabinets d’avocats spécialisés, moyennant rémunération de plusieurs dizaines de milliers d’euros, et envoyées au Conseil pour tenter d’influencer sa décision.

      Le conseil constitutionnel a ainsi censuré de nombreuses mesures législatives bénéfiques à l’intérêt général ces dernières années :
      – la proposition de taxer les très hauts revenus à 75% sur la dernière tranche,
      – la loi Florange, censée mettre fin aux « licenciements boursiers » en imposant des pénalités aux entreprises qui fermeraient des sites rentables.
      – la taxe sur les dividendes.
      – ils se sont également opposé aux sanctions contre les lobbyistes, qui ne respecteraient pas les obligations liées aux registres, imposant un minimum de transparence de leurs activités, à l’Assemblée ou au Sénat.
      – ils ont même censuré la disposition prévoyant une aide financière aux lanceurs d’alerte.

      Étonnamment , nous n’avons pas eu de réaction du Conseil Constitutionnel sur la baisse des APL, sur la casse du code du travail, sur les pertes de liberté individuelles, ou le démentellement de la protection sociale qu’il s’agisse de l’assurance chômage ou de l’assurance maladie.

      Ne nous trompons pas.

      Il ne s’agit pas là d’une fatalité insurmontable pour la France comme pour l’Europe, qui nous empêche de rendre notre société plus juste mais d’un basculement idéologique !

      Comme le dit très justement Emmanuel Todd « Dans un monde où les inégalités de revenus primaires s’accroissent dans des proportions démesurées, les riches, exigent et obtiennent que leurs impôts diminuent.

      Ils veulent toujours moins d’État, toujours moins de fonctionnaires. Nous n’avons plus affaire à une logique d’efficacité économique, mais à une dynamique de pouvoir. Ce glissement inquiétant, de la recherche du profit à celle du pouvoir, traduit la mutation du capitalisme, passé par étape du stade industriel au stade financier. »

      Profitons de ce projet de loi de Finance rectificative pour nous poser la bonne question :

      Quelle fiscalité pour quelle société ?

      De l’argent, il y en a. Mais il est capté par les uns au lieu d’être mis au service de l’intérêt général par l’impôt.
      Le système fiscal doit être entièrement refondé sur des bases justes et claires, en appliquant le principe de la progressivité qui veut que plus on gagne d’argent, plus on contribue au bien public.
      Nous considérons que le partage entre salariés et actionnaires est injuste et inefficace, et que la fiscalité doit davantage taxer l’économie financière.

      Louise Michel avait raison : « notre plus grande erreur, fût de n’avoir pas planter le pieu au cœur du vampire : la finance » !

      Ce système, non seulement ne fonctionne pas, mais il détruit des millions de vies. Vous avez sacrifié le code du travail ! Vous avez piétiné la loi qui protégeait les plus faibles, vous avez supprimé l’ISF…
      Il faut renverser les perspectives et orienter l’économie vers de nouvelles valeurs.

      Il est indispensable que l’accumulation des biens et la thésaurisation de capitaux financiers soient très sérieusement encadrées et qu’une fiscalité plus juste réduise les écarts extravagants qui ne cessent de se creuser.
      L’argent a perdu sa vocation initiale qui était de favoriser les échanges entre les hommes pour devenir une finalité en soi.
      Introduit dans tous les aspects de la vie, développé de manière démesurée, il devient un écran qui nous sépare. Accumulé, il consolide la séparation entre ceux qui le maitrisent et ceux qui en subissent le manque.
      Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie.

      En effet, les réalités concrètes de nos quotidiens ne peuvent se résumer aux seules lois de l’argent et du marché.
      Et vous savez aussi bien que moi que cet argent ne reviendra jamais dans le circuit de l’économie réelle et qu’aucun emploi ne sera créé !
      C’est clair, nous avons donc deux visions différentes de l’économie.
      Comme certains d’entre vous le savent peut-être, le terme « crise » en chinois provient de l’association de deux notions : danger et opportunité.

      Derrière la crise du système capitaliste débridé, il y a aussi une opportunité : nous saisir de cette bifurcation pour redonner sa place à l’humain.
      Commençons par construire une fiscalité plus respectueuse des gens et de leur environnement, une fiscalité socialement et écologiquement responsable !
      Mettre l’économie au service de l’humain c’est résister à une mondialisation dépersonnalisante et destructrice, mais c’est aussi réaffirmer la volonté de partager les biens et les richesses créées par le travail.

      La dérive des institutions, l’abstention de masse, l’uniformité médiatique, le rétrécissement du débat politique aux dogmes de la « pensée unique », font prévaloir les normes néolibérales.
      Pour stopper la folie des marchés, il faut juste que le peuple se mette en mouvement et cela commence par chacun d’entre nous.
      L’explosion des inégalités, de la précarité et de la pauvreté, les violations répétées de la démocratie, le dénigrement des rapports humains basés sur la solidarité et la coopération, tout ceci, en apparence inéluctable, dépend entièrement de nos choix politiques.

      Par exemple, Vous aviez le choix d’augmenter l’ISF mais vous l’avez supprimé.
      Vous aviez le choix de renforcer les droits des travailleurs, mais vous les avez dégradés.
      Vous aviez le choix de permettre véritablement l’accès au soin pour tous, mais vous avez supprimé les cotisations sociales concernant l’assurance maladie, ce qui contribue à fragiliser son financement.
      Vous aviez le choix de permettre à chaque bachelier d’avoir une place dans l’université de son choix et vous laissez perdurer un système qui généralise le tirage au sort.

      Des exemples parmi tant d’autres qui reflètent le délitement de l’état.
      Un état qui a renoncé à protéger les plus faibles.
      Un état qui abandonne peu à peu son rôle : être présent sur tout le territoire.
      Un état qui permet à la population de consommer des produits alimentaires toxiques et qui recule sur le CETA et le glysphosate.

      Je conclurai avec Jean-Claude Bresson-Girard :

      « Après la fin du développement, la décroissance soutenable, avec la sortie de la société de marché qu’elle implique, est la réponse logique pour permettre à l’humanité d’échapper aux conséquences désastreuses de la barbarie consumériste, pour que l’humanité s’accomplisse comme l’humanité, si tel est son désir, en prenant conscience d’elle-même. »

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/06/discours-percutant-de-muriel-ressiguier

  • Facebook, Google et twitter sur le gril
    https://www.informatiquenews.fr/facebook-google-twitter-gril-54300

    Les trois géants de l’Internet viennent de subir trois auditions marathons devant des commissions du sénat et de la Chambre des représentants des Etats-Unis dans leur rôle sur les dernières élections et la perspective d’une future loi.

    C’est Noël Jeanneney, à l’époque président de la Bibliothèque nationale de France qui fut l’une des premières voix à s’élever contre les risques que pouvait poser Google. C’était avec un petit essai intitulé « Quand Google défie l’Europe » publié en 2005 à une époque où Facebook était un simple annuaire pour les étudiants de Harvard et Twitter n’existait pas encore. C’était une autre époque où les réseaux sociaux n’avaient pas encore façonné le fonctionnement de nos sociétés. Mais paradoxalement le motif de cette mise en garde était lié au danger d’hégémonie culturelle d’une entreprise américaine. « Le socle de sa réflexion est de promouvoir la vision culturelle et géopolitique qui émane de l’organisation du savoir face à la machine à réduire la connaissance en poudre et la rediffuser en fonction des bénéfices économiques et publicitaires » écrivait alors l’universitaire Hervé Le Crosnier. Egalement de devenir un monopole de la recherche sur internet. Ce qu’il est devenu aujourd’hui sans que personne, aucun entreprise ou aucun gouvernement ne puisse opposer une quelconque résistance.

    Depuis Facebook et Twitter sont apparus et sont devenus des géants d’Internet et des géants économiques tout court.

    En fin d’article, les vidéos des présentations des géants devant le Sénat et la Ch. des représentants.

    #Plateformes #Politique_numérique

  • U.S. Navy Releases Investigation Report on ’Preventable’ USS Fitzgerald and USS John S McCain Collisions – gCaptain
    http://gcaptain.com/u-s-navy-releases-report-on-preventable-uss-fitzgerald-and-uss-john-s-mcca

    The fatal collisions involving two U.S. Navy destroyers in the Seventh Fleet’s Area of Responsibility this year could have been prevented, the Navy said in a collision report released Wednesday.

    The Navy released today the 71-page report detailing the events and actions that led to the separate fatal collisions involving the Arleigh Burke-class destroyers USS Fitzgerald (DDG 62) and USS John S. McCain (DDG 56) with commercial vessels.

    Three U.S. Navy investigations concerning each of these incidents are now complete, the Navy said.
    […]
    Both of these accidents were preventable and the respective investigations found multiple failures by watch standers that contributed to the incidents,” said Chief of Naval Operations (CNO) Adm. John Richardson. “We must do better.”

    Already as a result of the collisions, the Navy has dismissed a number of high-ranking officers, including the commanders of both destroyers as well as the commander of the Seventh Fleet.

    Le rapport est là (pas encore lu, juste le résumé fourni par gCaptain)
    http://s3.amazonaws.com/CHINFO/USS+Fitzgerald+and+USS+John+S+McCain+Collision+Reports.pdf

    Déjà sur les 2 cartes fournies :
    USS Fitzgerald


    Illustration of Approximate Collision Location. Credit : U.S. Navy

    Un refus de priorité « tribord » caractérisé, avec manœuvre désespérée de dernière minute, la règle étant d’ailleurs de s’y prendre à l’avance et de passer derrière

    USS John S McCain


    Illustration of Approximate Collision Location. Credit : U.S. Navy

    C’est bien une avarie de barre qui provoque l’abattée sur la gauche qui aboutit à couper la route du navire marchand. On notera que le McCain est à 20 nœuds, soit au moins 2 fois plus vite que l’Alnic MC et ce dans le dispositif de séparation de trafic. Le McCain tente de corriger en jouant sur le différentiel entre ses deux lignes d’arbres d’hélice, en ralentissant babord mais conservant l’allure à tribord. Apparemment, mais il faut lire, la barre de secours n’était pas armée…

    Je ne sais pas ce que diront les tribunaux mais la responsabilité des navires marchands ne paraît pratiquement pas du tout engagée.

    • ah oui ! pour l’USS John S McCain

      With regard to procedures, no one on the Bridge watch team, to include the commanding officer and executive officer, were properly trained on how to correctly operate the ship control console during a steering casualty.

      Pas d’entraînement à l’avarie de barre ! on rêve…

    • U.S. Navy orders back-to-basics reforms after deadly collisions
      http://www.reuters.com/article/us-usa-navy-crash/u-s-navy-orders-back-to-basics-reforms-after-deadly-collisions-idUSKBN1D22S

      What happened was a gradual erosion of the margins of safety,” Admiral John Richardson, who as the chief of naval operations is the Navy’s top uniformed officer, told a news briefing, as he unveiled the results of the broad Navy review.

      Rising pressure to meet demands for more and more Navy operations, particularly in the Asia-Pacific, led those in command to rationalize declining standards that ranged from basic seamanship to operational safety, Richardson said.

      The Navy’s review called for reforms that will cost between $400 and $500 million over the next five to six years, including periodic, standardized assessments of seamanship and bolstering training of navigation fundamentals.

      It also involved ensuring back-to-basics measures like ensuring sailors get enough sleep. The Navy said fatigue was a contributing factor in the Fitzgerald and John S. McCain collisions.

      Senator Roger Wicker, the chairman of the Senate Seapower Subcommittee, said the Navy needed more ships to meet the demands for operations at sea. Boosting the size of the Navy is a key objective of Republican President Donald Trump.

      We are asking too few ships to do too many things,” said Wicker, a Republican.
      […]
      During the summer, there was speculation that cyber warfare might have been to blame for the repeated mishaps, which stunned the Pentagon. The Navy, during its investigations, ruled out the possibility that hacking was to blame.

      These ships in the 7th Fleet did not master the fundamentals,” Richardson said.

    • Ouaouh, pour le John S McCain, c’est encore plus monstrueux que ce que laisse entendre la rapide synthèse ci-dessus. C’est du pur délire, du début à la fin : il n’y a jamais eu d’avarie de barre, c’était juste le bazar, mais grave !

      At 0519, the Commanding Officer noticed the Helmsman (the watchstander steering the ship) having difficulty maintaining course while also adjusting the throttles for speed control. In response, he ordered the watch team to divide the duties of steering and throttles, maintaining course control with the Helmsman while shifting speed control to another watchstander known as the Lee Helm station, who sat directly next to the Helmsman at the panel to control these two functions, known as the Ship’s Control Console. See Figures 3 and 4. This unplanned shift caused confusion in the watch team, and inadvertently led to steering control transferring to the Lee Helm Station without the knowledge of the watch team. The CO had only ordered speed control shifted. Because he did not know that steering had been transferred to the Lee Helm, the Helmsman perceived a loss of steering.

      Steering was never physically lost. Rather, it had been shifted to a different control station and watchstanders failed to recognize this configuration. Complicating this, the steering control transfer to the Lee Helm caused the rudder to go amidships (centerline). Since the Helmsman had been steering 1-4 degrees of right rudder to maintain course before the transfer, the amidships rudder deviated the ship’s course to the left.

      Additionally, when the Helmsman reported loss of steering, the Commanding Officer slowed the ship to 10 knots and eventually to 5 knots, but the Lee Helmsman reduced only the speed of the port shaft as the throttles were not coupled together (ganged). The starboard shaft continued
      at 20 knots for another 68 seconds before the Lee Helmsman reduced its speed. The combination of the wrong rudder direction, and the two shafts working opposite to one another in this fashion caused an un-commanded turn to the left (port) into the heavily congested traffic area in close proximity to three ships, including the ALNIC. See Figure 5.

      Although JOHN S MCCAIN was now on a course to collide with ALNIC, the Commanding Officer and others on the ship’s bridge lost situational awareness. No one on the bridge clearly understood the forces acting on the ship, nor did they understand the ALNIC’s course and speed relative to JOHN S MCCAIN during the confusion.

      Approximately three minutes after the reported loss of steering, JOHN S MCCAIN regained positive steering control at another control station, known as Aft Steering, and the Lee Helm gained control of both throttles for speed and corrected the mismatch between the port and starboard shafts. These actions were too late, and at approximately 0524 JOHN S MCCAIN crossed in front of ALNIC’s bow and collided. See Figure 6.

  • La demi-heure où l’Espagne a basculé dans l’inconnu
    https://www.mediapart.fr/journal/international/271017/la-demi-heure-ou-l-espagne-bascule-dans-l-inconnu

    Tout s’est joué en trente minutes : le Parlement catalan a déclaré l’indépendance, et le Sénat espagnol a placé la #Catalogne sous tutelle. L’engrenage plonge la cinquième économie européenne dans l’inconnu.

    #International #Carles_Puigdemont #Espagne #indépendance #indépendantistes #Mariano_Rajoy #UE

  • DIRECT. Le Sénat espagnol autorise la mise sous tutelle de la Catalogne, qui vient de voter l’indépendance
    https://www.crashdebug.fr/international/14129-direct-le-senat-espagnol-autorise-la-mise-sous-tutelle-de-la-catalo

    Si vous voulez comprendre les réels enjeux derrière ce joyeux bordel, je vous conseille le dernier entretien d’actualité de l’UPR (cliquez sur l’image pour avoir le live de France Info en Direct).

    Cette mise sous tutelle pourrait être officialisée par le chef du gouvernement Mariano Rajoy lors d’un Conseil des ministres à Madrid à 18 heures vendredi.

    La réaction de Madrid est immédiate : le Sénat espagnol a autorisé par un vote la mise sous tutelle de la Catalogne, vendredi 27 octobre, moins d’une heure après la proclamation de l’indépendance par le Parlement catalan. Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy devrait officialiser cette prise de contrôle sur la région lors d’un Conseil des ministres à 18 heures. "L’Etat de droit restaurera la légalité en (...)

  • #Impôts sur la fortune et le capital : l’absurdité de la réforme
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/271017/impots-sur-la-fortune-et-le-capital-l-absurdite-de-la-reforme

    Le président de la commission des finances du Sénat a obtenu des chiffrages inédits de Bercy sur les effets de la fin de l’ISF et de l’introduction de la « flat tax » sur les revenus du capital. Les 100 premiers contribuables à l’ISF économiseront en moyenne 582 380 euros. Tandis que le PIB en sera à peine augmenté.

    #Economie #budget #fiscalité #gouvernement #inégalités #ISF #PFU #PLF2018

  • #Impôts sur la fortune et le capital : l’absurdité de la réforme
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/271017/impots-sur-la-fortune-et-le-capital-labsurdite-de-la-reforme

    Le président de la commission des finances du Sénat, Vincent Éblé, a obtenu des chiffrages inédits de Bercy sur les effets de la fin de l’ISF et de l’introduction de la « flat tax » sur les revenus du capital. Les 100 premiers contribuables à l’ISF économiseront en moyenne 582 380 euros. Tandis que le PIB en sera à peine augmenté.

    #Economie #budget #fiscalité #gouvernement #inégalités #ISF #PFU #PLF2018

  • La tension monte autour de France Télévisions
    http://abonnes.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/10/26/la-tension-monte-autour-de-france-televisions_5206205_3236.html

    La pression sur #France_Télévisions augmente : mercredi 25 octobre, devant la commission des affaires culturelles du Sénat, la ministre de la #culture Françoise Nyssen a plaidé pour une « réforme de fond » de l’audiovisuel public, proposant trois « axes de transformation » : le périmètre des entreprises #publiques du secteur, leur financement et leur gouvernance.

    Cette volonté générale était connue, mais la ministre a davantage poussé les feux du changement. France Télévisions doit s’adapter à ce nouvel horizon, alors qu’elle est encore en train de déterminer quels postes elle va réduire pour réaliser les 50 millions d’euros d’#économies exigées par le gouvernement par rapport à son budget 2018.

    Le 17 octobre, alors que les syndicats de France Télévisions étaient en #grève, a eu lieu la première réunion du comité stratégique, l’instance du conseil d’administration de France Télévisions désignée pour réviser le budget. Selon nos informations, la direction a esquissé des pistes d’économies chiffrées : les charges hors salaires (renégociation des achats, des abonnements à la mesure d’audience Médiamétrie, des frais de diffusion…) pour environ 10 millions d’euros ; les émissions et les sports (renégociations de magazines ou jeux, réexamen des droits du tournoi de tennis de Roland Garros, de la coupe de la Ligue de football ou des Jeux olympiques…) pour 20 millions d’euros environ ; le cinéma pour environ 8 millions d’euros environ ; la création audiovisuelle (séries, téléfilms, dessins animés et documentaires) pour 12 millions d’euros environ, sachant que ce budget avait été augmenté de 20 millions d’euros pour atteindre 420 millions en 2018…
    Toutefois, les membres du comité stratégique ont estimé ne pas pouvoir valider à ce stade ces pistes. « Il y a un risque de cercle vicieux, avec une baisse de la qualité de nos antennes, une donc baisse des audiences, puis des ressources… », commente Marc Chauvelot, élu de la CGT, syndicat représenté au comité stratégique.
    Mme Nyssen veut préserver la création et le sport

    Pour la direction, la voie est très étroite : après avoir rappelé que le budget 2018 de France Télévisions restait supérieur à son budget 2016, la ministre de la culture a explicitement dit mercredi que l’entreprise devait « préserver » la création mais aussi les événements sportifs. Elle a suggéré des coupes dans « les frais de structure : technique, diffusion, frais généraux ».

    A ce bras de fer feutré s’ajoute la perspective de bouleversements à moyen terme. L’un d’eux est vu d’un bon œil par France Télévisions – la ministre veut engager en 2018 la réflexion sur la réforme de la redevance qui finance l’audiovisuel public. Les autres sont plus incertains : Mme Nyssen a choisi de « ne pas écarter » la piste de la fusion entre France Télévisions et #Radio_France, ardemment défendue par les sénateurs Jean-Pierre Leleux et André Gattolin. Jusqu’ici, le ministère avait pourtant laissé entendre qu’une « #BBC à la française » n’était pas à l’ordre du jour, préférant des synergies « par projets ».

    « Le gouvernement a demandé une intensification des coopérations sur l’offre culturelle, les réseaux locaux et les systèmes d’information, a expliqué la ministre mercredi. Il faudra ensuite dire s’il faut aller plus loin. Nous ne privilégions aucune issue. » Autre nouveauté : la ministre a suggéré d’« aligner » les dates des contrats d’objectifs et de moyens signés avec l’Etat, afin que celui de France Télévisions et celui de Radio France ne soient pas décalés, voire coïncident avec les dates des élections présidentielles. Elle a rappelé que le gouvernement voulait retirer au Conseil supérieur de l’audiovisuel la nomination des présidents d’audiovisuel public, pour la confier aux conseils d’administration des entreprises concernées. De quoi soulever quelques questions sur la fin des mandats de Delphine Ernotte et Matthieu Gallet, prévues en 2019 et 2020…
    « Un mammouth à dégraisser »

    Les réseaux régionaux de France 3 et France Bleu pourraient aussi proposer ensemble des « services en ligne » ou des « programmes communs multicanaux », a suggéré Mme Nyssen, en rappelant « qu’il y a déjà des échanges », dans l’immobilier par exemple. France Télévisions ou Radio France sont officiellement ouverts à ce type de synergies, qui rappelle leur offre d’information commune France Info. Mais en interne, on souligne que de tels projets ne dégagent pas d’économies à court terme. Une fusion supposerait par exemple d’aligner la convention des salariés de France Bleu sur celle de France 3.

    « Les contrats d’objectifs et de moyens ne devraient pas être alignés sur les alternances politiques », a lancé à la ministre le sénateur socialiste David Assouline, rappelant que le budget quinquennal signé avec l’Etat fin 2016 par France Télévisions prévoyait déjà des efforts, dont le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux (180 postes en 2018). « Avec l’équipe Macron, on sent une rupture de politique, regrette un membre de la majorité précédente. Certains sont imprégnés de la vieille culture qui voit dans l’audiovisuel public un mammouth à dégraisser. »

    L’idée d’une #privatisation de France 2 a même resurgi ces dernières semaines. Si cette idée n’est a priori pas retenue par le gouvernement, elle a ravivé en interne les craintes d’une fermeture de chaîne. Cette « rumeur » sert « allumer des contre-feux » en pleine discussion budgétaire, a dénoncé FO dans un communiqué. La ministre attend, elle, des propositions de la part des entreprises d’audiovisuel public à partir de « mi-novembre » et la réflexion sur l’avenir du secteur se poursuivra jusqu’à « début 2018 ».

  • Sénat (LR) : haro sur la justice prédictive et l’open data de la jurisprudence
    http://www.precisement.org/blog/Senat-LR-haro-sur-la-justice-predictive-et-l-open-data-de-la-jurisprude

    Retour de balancier, reality-check ou tentative condamnée d’avance ? À en croire la proposition de loi sénatoriale LR sur le redressement de la justice (voir le dossier législatif) , malgré la loi Lemaire, la justice prédictive ne serait pas près de réussir le profiling des magistrats ni de forcer la mise en ligne de la jurisprudence de première instance. Mais étant d’origine LR, ce texte initié par le Sénat n’est pas sûr de passer les fourches LREM de l’Assemblée (...)

  • La jurisprudence dans la proposition de loi sénatoriale sur la justice
    http://www.precisement.org/blog/La-jurisprudence-dans-la-proposition-de-loi-senatoriale-sur-la-justice.

    Retour de balancier, reality-check ou tentative condamnée d’avance ? À en croire la proposition de loi sénatoriale LR sur le redressement de la justice (voir le dossier législatif) , malgré la loi Lemaire, la justice prédictive ne serait pas près de réussir le profiling des magistrats ni de forcer la mise en ligne de la jurisprudence de première instance. Mais étant d’origine LR, ce texte initié par le Sénat n’est pas sûr de passer les fourches LREM de l’Assemblée (...)

  • Ne dites plus ni « mineurs isolés étrangers » ni « enfants »

    Ne dites plus «  mineur isolé étranger  » mais «  mineur non accompagné  ».

    – Ah bon ? mais qu’est-ce que ça change ?

    – Lors du comité de suivi du 7 mars 2016, le garde des Sceaux a souhaité modifier la dénomination de MIE en MNA pour être en adéquation avec la directive européenne, mettant ainsi l’accent sur la protection de l’enfance avant toute chose [1].

    – Vous faites bien référence à la directive 2011/95/UE du Parlement et du Conseil du 13 décembre 2011 concernant les normes relatives aux conditions que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir bénéficier d’une protection internationale ?

    – Oui, c’est ça. Cette directive a posé la notion de «  mineur non accompagné  » et l’a définie dans son article 2 paragraphe 1.

    – Mais… cette directive date de 2011 ! Et avant elle, il y avait la directive du 27 janvier 2003 relative à des normes minimales pour l’accueil des demandeurs d’asile qui utilisait déjà le terme «  mineur non accompagné  ». Repris ensuite dans celle de 2005. En fait, cette terminologie est utilisée dans la réglementation européenne depuis des années. Tous les autres pays européens l’ont adoptée depuis belle lurette.

    – Il n’est jamais trop tard pour bien faire !

    – Et en quoi le terme «  mineur non accompagné  » mettrait plus l’accent sur la protection de l’enfance que «  mineur isolé  »  ? Au contraire, cela semble plutôt atténuer le risque de danger. Être non accompagné paraît moins grave que d’être isolé.

    – C’est bien expliqué dans un récent rapport du Sénat «  sur la prise en charge sociale des mineurs non accompagnés  ». Je cite : «  Le changement de terminologie opéré par les pouvoirs publics correspond d’une part à une volonté d’orientation d’harmonisation lexicale avec la notion utilisée par le droit européen…  »

    – Avec 13 ans de retard !

    – «  ...et d’autre part au souhait de mettre en avant l’isolement plutôt que l’extranéité des mineurs concernés  [2]  ». Fin de citation.

    – Pour mettre en avant l’isolement, on remplace «  isolé  » par «  non accompagné  »  ! Mais cela n’a aucun sens !

    – Pardon ! Cela permet surtout de supprimer le terme «  étranger  ». Il s’agit avant tout de mineurs qu’il faut protéger avant d’être des étrangers !

    – Alors, il aurait suffi de les appeler «  mineurs isolés  » tout simplement !

    – Certes… Ils n’ont pas dû y penser au ministère. D’ailleurs, les sénateurs se sont interrogés comme vous et ont conclu que ce changement ne devait pas «  constituer un sujet de débat dans la mesure où elle n’a pas d’incidence de fond  ».

    – «  Pas d’incidence de fond  », c’est vite dit. Cela peut permettre à l’administration de refuser toute protection à un mineur isolé en lui trouvant opportunément un «  accompagnateur  ».

    – Je ne vous suis pas.

    – Rappelez-vous l’histoire de ce petit Comorien de cinq ans, arrivé sans sa famille à Mayotte dans une embarcation de fortune en compagnie d’un groupe d’adultes qu’il ne connaissait pas. La police aux frontières, comme elle le fait régulièrement à Mayotte, a considéré d’autorité qu’un de ces adultes accompagnait l’enfant et qu’elle pouvait en conséquence l’enfermer en centre de rétention avant de l’expulser [3].

    – Oui, enfin, bon, Mayotte, c’est tout de même très particulier !

    – Au fait, il y a des dispositions concernant les mineurs iso… non accompagnés dans la loi relative à la protection de l’enfant du 14 mars 2016.

    – Bien sûr, elle consacre le système de répartition nationale de ces mineurs après l’annulation partielle de la circulaire Taubira de mai 2013 par le Conseil d’État [4].

    – Et alors ? Quel est le terme utilisé dans la loi et les textes d’application ? «  Mineur isolé étranger  » ou «  mineur non accompagné  » ?

    – Euh… ni l’un ni l’autre.

    –…

    – Le législateur a opté pour une troisième terminologie. Le code civil et le code de l’action sociale et des familles parlent maintenant de «  mineur privé temporairement ou définitivement de la protection de sa famille  ». La difficulté pour la chancellerie était de légaliser le système de répartition de ces mineurs étrangers sans les nommer [5]. Vous comprenez bien qu’il n’était pas juridiquement possible de créer au sein du dispositif de protection de l’enfance un système pour les enfants français et un autre pour les étrangers. Cela aurait été discriminatoire !

    – C’est vraiment n’importe quoi.

    – Euh… oui. La seule certitude c’est qu’il ne faut pas utiliser le terme d’«  enfant  » à leur égard, vous comprenez, parce que, là, cela induirait une #vulnérabilité et même un besoin de #protection.

    http://www.gisti.org/spip.php?article5746
    #mots #vocabulaire #migrations #asile #réfugiés #MNA #mineurs_isolés #mineurs_non_accompagnés
    cc @sinehebdo
    signalé par @fil que je remercie

  • Why Has the E.P.A. Shifted on Toxic Chemicals ? An Industry Insider Helps Call the Shots - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2017/10/21/us/trump-epa-chemicals-regulations.html

    Un lng papier très intéressant sur les changements a sein de l’Environmental Protection Agency. Le poids du lobby de l’industrie chimique et surtout la manière de poser les problèmes pour dénaturer les alertes de santé repérés par les chercheurs. Des « éléments de langage » qu’on retrouve dans toutes les tentatives de diminuer la régulation sur les produits chimiques. Une méthode qui « mise en doute » qui est devenu un cas d’école sur les formes modernes de la domination politique sur la science.

    So scientists and administrators in the E.P.A.’s Office of Water were alarmed in late May when a top Trump administration appointee insisted upon the rewriting of a rule to make it harder to track the health consequences of the chemical, and therefore regulate it.

    The revision was among more than a dozen demanded by the appointee, Nancy B. Beck, after she joined the E.P.A.’s toxic chemical unit in May as a top deputy. For the previous five years, she had been an executive at the American Chemistry Council, the chemical industry’s main trade association.

    The E.P.A.’s abrupt new direction on legacy chemicals is part of a broad initiative by the Trump administration to change the way the federal government evaluates health and environmental risks associated with hazardous chemicals, making it more aligned with the industry’s wishes.

    It is a cause with far-reaching consequences for consumers and chemical companies, as the E.P.A. regulates some 80,000 different chemicals, many of them highly toxic and used in workplaces, homes and everyday products. If chemicals are deemed less risky, they are less likely to be subjected to heavy oversight and restrictions.

    The E.P.A.’s new leadership also pressed agency scientists to re-evaluate a plan to ban certain uses of two dangerous chemicals that have caused dozens of deaths or severe health problems: methylene chloride, which is found in paint strippers, and trichloroethylene, which removes grease from metals and is used in dry cleaning.

    “It was extremely disturbing to me,” Ms. Hamnett said of the order she received to reverse the proposed pesticide ban. “The industry met with E.P.A. political appointees. And then I was asked to change the agency’s stand.”

    “No matter how much information we give you, you would never write a fair piece,” Liz Bowman, a spokeswoman for the E.P.A., said in an email. “The only thing inappropriate and biased is your continued fixation on writing elitist clickbait trying to attack qualified professionals committed to serving their country.”

    Before joining the E.P.A., Ms. Bowman was a spokeswoman for the American Chemistry Council.

    Mr. Pruitt has selected a replacement for Ms. Hamnett: Michael L. Dourson, a toxicologist who has spent the last two decades as a consultant helping businesses fight E.P.A. restrictions on the use of potentially toxic compounds. He is already at work at the agency in a temporary post while he awaits Senate confirmation.

    The American Chemistry Council, and its members, are among the top private-sector sponsors of Mr. Dourson’s research. Last year, he collaborated on a paper that was funded by the trade group. His fellow author was Dr. Beck.

    #Environnement #Politique_USA #EPA #Lobbyisme

  • #expulsion des étrangers : Collomb construit un mur législatif
    https://www.mediapart.fr/journal/france/201017/expulsion-des-etrangers-collomb-construit-un-mur-legislatif

    Près de l’ancienne « jungle » de Calais, le 23 août 2017. © Reuters Éloignement vers des pays de transit, refoulement à la frontière franco-italienne, « centres de retour » : le gouvernement est en train de mettre en place un dispositif permettant le renvoi massif non seulement de sans-papiers, mais aussi de demandeurs d’asile.

    #France #asile #Gérard_Collomb #immigration #réfugiés

    • Il y a les murs en dur comme celui de Calais, et les autres, tout aussi efficaces. Une brique après l’autre, le ministre de l’intérieur, avec l’aval du président de la République, est en train de construire, tel un maçon laborieux, une frontière législative visant à faciliter les reconduites à la frontière d’étrangers jugés indésirables sur le territoire français.

      Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron assume cette politique répressive conçue comme la contrepartie à une attitude supposément accueillante à l’égard des réfugiés. Mais la réalité est tout autre : alors que le chef de l’État fait le distinguo, dans ses discours, entre « demandeurs d’asile » et « migrants économiques », les mesures disséminées ici et là au cours des derniers mois visent à renvoyer aussi bien les uns que les autres.
      Sur les 91 000 étrangers en situation irrégulière interpellés en 2016, 13 000 ont effectivement été éloignés. Un chiffre jugé insuffisant par l’exécutif. « Nous reconduisons beaucoup trop peu », a déclaré le chef de l’État devant les préfets début septembre. Selon Le Figaro, la tendance serait à la hausse en 2017. Au cours des sept premiers mois de l’année, les retours forcés auraient progressé de près de 5 %. Hors Union européenne, l’augmentation atteindrait 10 %.

      Accélérer les expulsions tous azimuts : depuis sa nomination place Beauvau, Gérard Collomb en a fait sa priorité. S’il s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs concernant les étrangers en situation irrégulière, il va plus loin en cherchant aussi à faire partir un nombre croissant de demandeurs d’asile.

      De l’avant-projet de loi sur l’immigration et l’asile à la nouvelle loi antiterroriste, en passant par le projet de loi de finances en cours d’examen à l’Assemblée, tous les outils mobilisables ont été utilisés pour compléter l’arsenal, déjà fort compact depuis trente ans que les gouvernements successifs s’efforcent de le durcir.

      « Mettre à l’abri » pour mieux trier et renvoyer les demandeurs d’asile « dublinés ». L’objectif de « zéro migrant » dans la rue d’ici à la fin de l’année, affiché par Emmanuel Macron cet été, va de pair avec la création de centres d’hébergement regroupant les demandeurs d’asile susceptibles d’être renvoyés dans un autre pays européen.

      En vertu des accords de Dublin III, le premier pays d’entrée dans l’UE est considéré comme le pays compétent pour statuer sur la demande d’asile. Lors de sa campagne électorale, le président de la République avait jugé cette règle inique parce qu’elle fait peser toute la charge des procédures sur les quelques mêmes pays du pourtour européen. Ce temps est révolu. Macron s’évertue désormais à l’appliquer avec le plus de zèle possible afin d’augmenter le “rendement” des expulsions.

      Si les empreintes des demandeurs d’asile ont été enregistrées dans le fichier Eurodac à partir d’un autre État membre ou, a fortiori, si leur dossier y a été examiné, la France essaie systématiquement d’organiser leur retour. Sans forcément aboutir, puisque les pays concernés font tout, de leur côté, pour éviter les réadmissions. Pour des raisons géographiques, beaucoup de ces « dublinés » viennent d’Italie, de Grèce et de Bulgarie ; mais depuis plusieurs mois, ils sont de plus en plus nombreux à arriver d’Allemagne, où 400 000 à 500 000 personnes ont vu leur demande d’asile refusée (sur plus d’un million d’exilés accueillis entre 2015 et 2016). Le gouvernement craint particulièrement ce mouvement migratoire « secondaire ».

      Selon le bleu budgétaire pour la loi de finances 2018, 22 500 procédures Dublin ont été initiées en 2016, ce qui correspond à un « niveau inédit ». Parmi elles, toutefois, « seules » 10 % ont abouti, se désole l’administration qui a confié au Figaro espérer doubler ce chiffre en un an.

      À la suite de l’exode qu’a connu l’Europe depuis 2015, la part des « dublinés » dans la demande d’asile augmente (environ 85 000 au total en 2016, y compris les mineurs et les réexamens). Pour faciliter le renvoi de ces personnes, l’exécutif a créé dans certaines préfectures des « pôles spécialisés » dans la mise en œuvre de la procédure Dublin. Il a aussi décidé d’orienter les demandeurs d’asile concernés vers des centres d’hébergement spéciaux, permettant leur assignation à résidence avant leur transfert. Les documents annexés au budget évoquent des « centres d’assignation à résidence » situés « près des aéroports » ; ces lieux prolongent l’expérience des centres dits Prahda (5 351 places ouvertes en 2017), dédiés eux aussi aux « dublinés ». Pour les intéressés, y être envoyés signifie la fin des espoirs en France.

      L’avant-projet de loi sur l’immigration et l’asile, pas encore validé par le Conseil d’État, va plus loin : il prévoit que les « dublinés » pourraient être placés en rétention dès que la demande de renvoi a été déposée auprès de l’État compétent, sans attendre, comme c’est le cas jusqu’ici, que l’arrêté de transfert ait été pris. Il existe toutefois un motif de contrariété pour le gouvernement : la Cour de cassation a invalidé, dans un arrêt du 27 septembre 2017, le placement en rétention des demandeurs d’asile pour défaut de définition légale des risques de fuite. Difficile de savoir, à ce stade, si cette décision est de nature à freiner le ministère de l’intérieur dans ses projets.

      En amont, Gérard Collomb souhaite multiplier les « centres de transit » et les « centres d’accueil et d’évaluation des situations », à l’image de la nouvelle structure récemment ouverte (dans une ancienne patinoire) en Île-de-France, où sont envoyés les nouveaux arrivants dormant à la rue, avant d’être répartis en fonction de leur situation administrative : les personnes identifiées comme « dublinées » sont conduites dans les « centres d’assignation à résidence », celles autorisées à demander l’asile en France sont envoyées dans les traditionnels centres pour demandeurs d’asile (Cada).

      En matière d’hébergement, le tri ne s’arrête pas là. Le gouvernement prévoit la création de « centres d’aide de préparation au retour » non seulement pour les étrangers en situation irrégulière acceptant, en échange d’une aide financière, de repartir volontairement, mais aussi pour les déboutés du droit d’asile, qu’il s’agit de faire sortir des Cada, avant de les reconduire dans leur pays d’origine.

      L’architecture du logement des exilés fait ainsi actuellement l’objet d’une refonte globale de manière à isoler les expulsables. Dans un avis du 17 octobre 2017, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) regrette que « la logique de tri entre différentes catégories de personnes migrantes appliquée dans certains centres empêche un accueil inconditionnel et condui[se] à la fuite de certains, notamment les “dublinés”, par peur d’être renvoyés à l’étranger ».

      Expulser les demandeurs d’asile vers un « pays tiers sûr ». Cette fois-ci, il ne s’agit plus de renvoyer les demandeurs d’asile vers un pays de l’Union européenne, comme c’est le cas pour les « dublinés », mais vers un pays tiers, c’est-à-dire hors de l’Union européenne, pour peu que cet État offre les « garanties » nécessaires en matière de respect des droits de l’homme.

      Cette mesure, qui met dangereusement en cause la philosophie du droit d’asile en France, est inscrite dans l’avant-projet de loi sur l’immigration et l’asile (lire notre article) révélé fin septembre par l’AFP. Selon ce texte, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) serait invité à juger « irrecevable » la demande d’asile de personnes susceptibles d’être réadmises dans un « pays tiers sûr » par lequel elles auraient transité avant d’arriver en Europe.

      Autrement dit, ces exilés en quête de protection pourraient être réexpédiés sans que leur demande n’ait été examinée en France. Plutôt que de les interroger sur les motifs ayant provoqué leur exil, plutôt que de chercher à évaluer la crédibilité de leur témoignage, plutôt que de rassembler des indices de leur persécution, les officiers de l’Ofpra devraient retracer leur trajectoire : au cours des milliers de kilomètres parcourus pour fuir leur pays, ont-ils traversé un « pays tiers sûr » ? Peu importent les violences subies (viol, enfermement arbitraire, harcèlement, rançon, torture, etc.), il faudrait trouver une terre d’accueil, la plus éloignée possible de l’Europe.

      Car telle est bien la logique à l’œuvre sur le vieux continent : depuis plus d’une décennie, les États membres tentent par tous les moyens d’endiguer, le plus en amont possible, l’arrivée de migrants et de sous-traiter la demande d’asile à des pays tiers (lire notre article). La proposition de Gérard Collomb trouve ainsi sa source dans une directive européenne, que la précédente loi sur l’asile du 29 juillet 2015 n’avait pas transposée. Alors que la Commission européenne travaille à un règlement européen qui serait d’application directe, Gérard Collomb veut accélérer la cadence. Nul doute qu’il considère l’accord de l’UE avec la Turquie conclu en mars 2016 comme un “modèle” : contestée à l’unanimité par les organisations internationales et les ONG, cette déclaration politique a autorisé le renvoi vers la Turquie des demandeurs d’asile arrivés en Grèce. Des milliers de Syriens se sont ainsi retrouvés bloqués dans ce pays, renonçant à leur rêve européen, alors qu’ils avaient été poussés hors de leur pays par les bombardements de Bachar al-Assad et/ou de Daech.

      Aucune liste de « pays tiers sûrs » n’est pour l’heure établie en France. Mais on peut imaginer qu’outre la Turquie, la France pourrait envisager d’y inscrire la Tunisie, le Maroc, et pourquoi pas l’Algérie, le Niger et le Mali ? Des milliers de personnes seraient potentiellement concernées : s’il n’est pas rare que les demandeurs d’asile débarquent par avion, ils sont aussi nombreux à arriver par voie de terre. Le directeur général de l’Ofpra, Pascal Brice, n’est pas favorable à cette mesure. Sera-t-il entendu ?

      Faciliter les réadmissions de migrants à la frontière franco-italienne. La loi antiterroriste, définitivement adoptée à l’Assemblée mercredi 11 octobre avant son approbation au Sénat le 18 octobre, autorise dans son article 10 (lire notre article) l’extension des contrôles d’identité frontaliers à de très nombreux « points de passages » (jusqu’à 118 partout en France). La commission mixte paritaire a certes réduit à 10 kilomètres (au lieu des 20 envisagés) le rayon des nouvelles zones concernées, mais ces contrôles permettront aux forces de police de multiplier les interpellations sans motif, et en s’affranchissant du feu vert du juge. Depuis plusieurs mois, la Cimade ainsi que les associations d’aide aux réfugiés présentes dans les Alpes-Maritimes reprochent aux policiers de refouler impunément en Italie les migrants franchissant cette frontière, leur empêchant, ce faisant, de demander l’asile en France. Elles dénoncent des contrôles au faciès qui, grâce à la loi antiterroriste, trouveraient un cadre légal.

      Accélérer les renvois vers l’Afghanistan. Il fut un temps où les expulsions vers l’Afghanistan créaient un émoi national. Aujourd’hui, elles se sont banalisées, alors que l’instabilité demeure la norme dans ce pays où les talibans contrôlent une partie importante du territoire. En 2016, 640 ressortissants afghans ont ainsi été réexpédiés depuis la France dans leur pays d’origine au mépris de leur sécurité, indique la Cimade, qui vient de lancer avec Amnesty International une campagne demandant à Gérard Collomb de décréter un moratoire. La tendance s’accélère en 2017, selon elles. Le problème est aussi européen : selon les statistiques officielles, entre 2015 et 2016, le nombre d’Afghans ayant subi ce sort a presque triplé, passant de 3 290 à 9 460. Dans un communiqué publié le 16 octobre, le Défenseur des droits exige lui aussi la « suspension immédiate » de l’application de l’accord UE-Afghanistan (lire notre article) autorisant ces retours.

      Renforcer les mesures d’expulsion des sans-papiers, y compris des étrangers malades. Outre l’allongement du maintien en rétention (de 45 à 90 jours) prévu dans l’avant-projet de loi sur l’immigration et l’asile, le gouvernement veut accroître la pression sur les pays d’origine pour qu’ils délivrent plus facilement les laissez-passer consulaires nécessaires au retour de leurs ressortissants lorsque ceux-ci n’ont pas de passeport.

      Sans tarder, un « ambassadeur aux migrations », Pascal Teixeira Da Silva, a été nommé afin d’« accélérer la délivrance » des documents par les pays « récalcitrants ». Nombre de pays, notamment africains, hésitent à se montrer coopératifs, de crainte de se le voir reprocher par leurs opinions publiques. De quels leviers la France dispose-t-elle ? « Il peut y avoir un lien entre la réadmission et d’autres politiques », avertit une source citée par l’AFP au ministère de l’intérieur. En cas de refus, l’attribution des visas par Paris pourrait être revue à la baisse. Autre piste : l’aide financière dans le cadre de l’aide publique au développement pourrait se tarir.

      Le Défenseur des droits observe de son côté que l’« intensification des mesures d’éloignement » touche particulièrement les étrangers malades. « Alors qu’il y a 20 ans, avant même l’instauration d’un droit au séjour pour soins, le législateur avait estimé indispensable de prémunir les personnes gravement malades d’un éloignement qui aurait conduit pour beaucoup à une mort certaine, les obstacles actuels à l’admission au séjour pour soins sont de plus en plus fréquents », observe Jacques Toubon, avant de poursuivre : « À cet égard, les éloignements des personnes porteuses du VIH vers la Côte d’Ivoire, l’Angola et la Guinée, inédits avant 2013, et dont le Défenseur des droits est saisi, marquent une régression particulièrement terrible et une atteinte au droit fondamental le plus essentiel, le droit à la vie. »

      Être « intraitable » à l’égard des étrangers en situation irrégulière qui auraient commis un délit. Quitte à alimenter l’amalgame entre immigration irrégulière et délinquance, en prenant le prétexte de la remise en liberté du Tunisien qui a tué à Marseille deux femmes le 1er octobre, le président de la République, lors de son intervention télévisée du 15 octobre, a affirmé vouloir expulser « tout étranger en situation irrégulière qui commet un acte délictueux ». Si la loi lui offre déjà la possibilité d’assortir les condamnations d’une interdiction du territoire français, temporaire ou définitive, il existe toutefois des protections susceptibles d’empêcher un retour forcé, liées notamment au droit à mener une vie familiale normale, inscrit dans la législation européenne, ce qui fait que tous les étrangers condamnés ne peuvent pas, au regard du droit, être renvoyés.

      Des ONG aux associations de défense des droits des étrangers, en passant par le Défenseur des droits et la CNCDH, les observateurs sont unanimes pour dénoncer les « régressions » actuelles. Ils multiplient les communiqués, sans pour l’instant produire de réaction de la part du gouvernement. Leur objectif, alors qu’il en est encore temps, est de stopper l’avant-projet de loi sur l’immigration et l’asile, programmé pour être examiné début 2018 par le Parlement.

      Outre l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) qui dénonce l’« amplification de la politique du rejet et de l’éloignement », la CNCDH s’alarme de la « multiplication des violations des droits fondamentaux des personnes migrantes observées sur le terrain ». Elle demande d’« abandonner une vision réductrice des phénomènes migratoires consistant à opposer les demandeurs d’asile aux autres migrants » et souligne que « l’État se doit non seulement de protéger le droit d’asile, mais il a aussi pour devoir de garantir et de faire respecter les autres droits des personnes migrantes, et ce quel que soit leur statut ».

      Cette exigence a le mérite de rappeler que les étrangers, y compris lorsqu’ils sont considérés comme des « migrants économiques », y compris lorsqu’ils sont en situation irrégulière, ont des droits interdisant qu’ils soient traités comme des rebuts. Parmi ces droits, il en existe qui empêchent théoriquement, dans certains cas, leur renvoi : s’ils sont gravement malades, si leur sécurité est menacée dans leur pays d’origine, si leur droit à mener une vie familiale normale est mis en cause. La question est de savoir jusqu’où le gouvernement est prêt à aller pour les amoindrir.

      Près d’un an après la destruction de la « jungle » à Calais, des experts de l’ONU viennent de rappeler à la France la nécessité d’octroyer de l’eau potable aux migrants. Face à la honte provoquée par une telle demande, il est urgent de s’interroger sur les raisons de cette maltraitance organisée. En refusant à ces personnes le minimum vital, l’État les décourage de rester en France et les incite à partir d’elles-mêmes. S’il est encore trop tôt pour mesurer les effets d’une telle politique (le nombre des expulsions va-t-il décoller ?), il est déjà certain que les migrants ont compris le message.

  • Republican Tactic Aims to Open Eastern Gulf, Arctic to Oil Rigs - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-10-18/republicans-may-use-budget-to-open-arctic-atlantic-to-oil-rigs

    Congressional Republicans have found a way to use the federal budget to open the Arctic National Wildlife Refuge to oil drilling — and they don’t plan on stopping there. 

    GOP leaders in the House and Senate are exploring ways to also expand drilling in the Gulf of Mexico as well as the Arctic and Atlantic Oceans through congressional budget rules that allow them to pass major policy changes on a simple majority vote.

    There are other opportunities for us,” Alaska Senator Lisa Murkowski, the chairman of the Senate Energy and Natural Resources Committee, said in an interview. “There is a significant way that we can help with the budget process.

    Money from selling drilling rights and royalties from oil and gas production would be a revenue-raiser that could help offset some of the tax cuts Republicans are proposing. The House has instructed its Natural Resources Committee to find ways to generate $5 billion in revenue over the next decade. And the Senate is set to vote as soon as this week on a budget plan imposing a $1 billion target on Murkowski’s natural resources committee.

  • Puerto Rico’s streets crawl with heavily armed, masked mercenaries bearing no insignia or nametags
    https://boingboing.net/2017/10/15/katrina-rerun.html

    Though Puerto Rican law prohibits ownership and bearing of most long-guns and especially semiautomatic weapons, the streets of the stricken US colony now throng with mercenaries in tactical gear bearing such arms, their faces masked. They wear no insignia or nametags and won’t say who they work for, apart from vague statements in broken Spanish: “We work with the government. It’s a humanitarian mission, we’re helping Puerto Rico.”

    Rosa Emilia Rodríguez, head of Puerto Rico’s Federal Prosecutor’s Office, initially dismissed reports of the mercenaries, then, after reporters from the Centro de Periodismo Investigativo pressed her she said she’d “check it out.”

    After Hurricane Katrina devastated New Orleans, Erik Prince’s Blackwater mercenaries flooded the city again, turning it into an “armed camp”, after Brigadier Gen. Gary Jones, commander of the Louisiana National Guard’s Joint Task Force announced “This place is going to look like Little Somalia. We’re going to go out and take this city back. This will be a combat operation to get this city under control.”

    Erik Prince is now reportedly considering a senate run as a Trumpist candidate in Wyoming. His sister, Betsy Devos, has used millions from her husband’s pyramid-scheme fortunes to fund efforts to destroy public education, and now serves as Trump’s Secretary of Education.

    Though the mercenaries in Puerto Rico won’t identify their employers, there’s good evidence that Blackwater (now called Academi) is or will soon be operating there, as well as other notorious mercenary gangs like Ranger America and the Whitestone Group.

    Security firm Academi —known by its former name, Blackwater, which won $21 million contract with the U.S. government to provide security services during the Iraq war in 2003— said that they already have offers from the local and federal government and by the Red Cross to come to Puerto Rico.

    “We’re ready to go,” said Paul Donahue, Chief Operating Officer of Constellis, Academi’s parent company, in a phone interview with the CPI. He explained that if the government of Puerto Rico accepts the proposal made by Academi to respond to the government’s offer, they would be providing security services for water transportation. The company already operates in the Caribbean islands of Dominica and St. Martin, where they arrived after Hurricanes Irma and Maria made landfall. This company, described as an army of mercenaries by investigative journalist Jeremy Scahill, has changed its name three times since its founding in 1997 by a former Navy Seal Officer (United States Marine, Air and Land Teams.)

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce vendredi 13 octobre 2017
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/14088-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour à toutes et à tous, j’espère que vous allez bien, de notre côté ... no comment ... Bref, le point positif c’est que nous sommes vendredi... ; )))

    En attendant, voici notre Revue de presse du jour, et comme d’habitude en complément, la Defcon Room, se tient à votre disposition ; )))

    Bonne lecture, bonne journée, et merci de votre confiance.

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette

    Actualités françaises :

    13.10.2017

    Suppression de l’ISF : quelques arguments pour ne pas avaler la soupe de Macron (Marianne.net)

    VIDEO. Sénat : gros chèques et petites combines (FranceTvInfo.fr)

    Location de gros-porteurs privés : un centre militaire perquisitionné (Le Point.fr)

    Soupçons d’emplois fictifs : François Fillon placé sous le statut de témoin assisté pour (...)

  • #Soigner les #détenus : des dépenses sous observation - Sénat
    http://www.senat.fr/notice-rapport/2016/r16-682-notice.html

    Depuis 1994, c’est le ministère de la santé, et non plus le ministère de la justice, qui est chargé de la prise en charge sanitaire des personnes écrouées.

    Toutefois, le ministère de la justice contribue à cette prise en charge, à la fois financièrement, mais aussi par les interactions quotidiennes entre le personnel soignant intervenant en milieu carcéral et les professionnels de l’administration pénitentiaire, mais aussi les magistrats.

    Sur un coût total évalué à 360 millions d’euros, le ministère de la justice prend en charge 30 millions d’euros correspondant à la part dite « complémentaire » des dépenses de #santé pour les personnes détenues. Il contribue également au financement de ces dépenses par le biais d’une cotisation annuelle de 90 millions d’euros versée à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS), en contrepartie de l’affiliation des personnes détenues au régime général.

    L’#administration_pénitentiaire contribue également à la construction de certaines structures d’hospitalisation dédiées aux personnes détenues.

    Ces modalités particulières de financement de la prise en charge sanitaire de cette population singulière, mais aussi, plus généralement, la question du vieillissement de la population pénale et de la prévalence de certaines maladies en son sein ont conduit la commission des finances du Sénat à confier à Antoine Lefèvre, rapporteur spécial, en janvier 2017, une mission de contrôle sur les dépenses de santé pour les personnes détenues.

    À l’issue de ce travail, Antoine Lefèvre formule 13 recommandations.

    #prison

  • How Trump Governs by Tweet: Start with Outrage, Then Escalate | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/news-desk/how-trump-governs-by-tweet-start-with-outrage-then-escalate

    The tweets of @realDonaldTrump express what the President of the United States is thinking, and that alone makes them noteworthy. On top of that, Trump appears to think that he can govern by tweet.

    His Twitter attack on the news media has followed a similar trajectory: a hundred and forty characters at a time, he searches for instruments of power available to him. Prosecute leakers? Get the Senate Intelligence Committee to go after journalists? And, finally, today: “With all of the Fake News coming out of NBC and the Networks, at what point is it appropriate to challenge their License? Bad for country!”

    #Trump #Twitter

  • Macron digne de la lâcheté de ses prédécesseurs
    https://www.laquadrature.net/fr/macron_macabre

    Paris, 11 octobre 2017 — Aujourd’hui, l’Assemblée nationale adoptera l’état d’urgence permanent. Le Sénat le fera jeudi prochain. « Les Français sont drogués à l’état d’urgence » : Macron n’avait rien trouvé de mieux pour expliquer à notre collectif1, lors d’une rencontre en juin dernier, pourquoi il prolongerait l’état d’urgence pour toujours. Sa vision politique ne va pas plus loin : il craint qu’au lendemain d’un futur attentat, ce peuple qu’il méprise tant ne le mette au pilori pour n’avoir pas pris une loi anti-terroriste de plus. Une trentième loi en 30 ans2, dont Macron n’a en vérité que faire du contenu. Quelques mois après sa prise de poste, Macron se révèle déjà aussi faible, lâche et vide de tout projet que le furent Hollande ou (...)

    #état_d'urgence #Loi_de_programmation_militaire_LPM_ #Loi_surveillance #PJL_Terrorisme #Surveillance #Emmanuel_Macron #communiqué

  • Travaux parlementaires : le Sénat met (presque) tout en ligne depuis 1958
    http://www.precisement.org/blog/Travaux-parlementaires-le-Senat-met-presque-tout-en-ligne-depuis-1958.h

    http://www.senat.fr/dossiers-legislatifs/depots/depots.html Ça remonte au 9 décembre 1958, soit le début officiel de la Version République et concerne les types de documents parlementaires Sénat (PaAS Assemblée nationale) : projet de loi proposition de loi proposition de résolution rapport législatif rapport d’information rapport de commission d’enquête. Les documents parlementaires déposés au Sénat les plus récents sont également à disponibles à partir cette (...)

  • Le Parlement doit protéger nos identifiants numériques
    https://www.laquadrature.net/fr/cmp_pjlterro

    Paris, 9 octobre 2017 - Aujourd’hui, à 16h, 7 députés et 7 sénateurs, réunis en commission mixte paritaire (CMP), devront trouver un texte de compromis entre les versions du projet de loi sécuritaire adoptées au Sénat et à l’Assemblée. Cet énième texte sécuritaire devrait être rejeté par les deux Assemblées, car il est à la fois inutile - les lois existantes suffisent amplement - et dangereux puisqu’il augmente considérablement les pouvoirs de l’administration au détriment de la justice et au mépris du principe de séparation des pouvoirs (lire notre analyse). Enfin il est proposé alors qu’aucune des lois précédentes n’a fait l’objet d’une évaluation pour en vérifier l’efficacité. Cet après midi, il reviendra notamment aux sénateurs de maintenir leur opposition à (...)

    #état_d'urgence #Loi_de_programmation_militaire_LPM_ #Loi_surveillance #PJL_Terrorisme #Surveillance #Emmanuel_Macron #communiqué

  • Immobilier : les APL « accession » vont disparaître dès 2018
    http://www.latribune.fr/vos-finances/immobilier/immobilier-les-apl-accession-vont-disparaitre-des-2018-752645.html

    Les #APL_accession, qui facilitent l’emprunt immobilier pour les ménages aux revenus modestes, devraient être supprimées dès le 1er janvier 2018.

    C’est un dispositif assez méconnu mais pourtant potentiellement très avantageux pour ses bénéficiaires. L’APL accession permet aux primo-accédants aux revenus modestes de se faire rembourser une partie de leurs mensualités de crédit immobilier. Malheureusement, il vit ses dernières heures...

    Passée inaperçu lors de la présentation du budget 2018 mercredi dernier, la suppression de l’APL accession a été repérée par le courtier en crédit Vousfinancer ce lundi 2 octobre, et cette mesure sera regrettée par les futurs accédants. Selon les calculs effectués par le courtier, l’APL accession pouvait presque réduire de moitié le taux d’endettement de certains de ses bénéficiaires.
    […]
    Pour justifier la suppression du dispositif dès le 1er janvier 2018, le gouvernement a parlé d’un effort en faveur de le politique d’accession à la propriété qui serait désormais « prioritairement porté sur le PTZ, qui sera prorogé ». Sachant que le prêt à taux zéro, qui existait déjà, a été prolongé mais réduit sur certaines zones, la fin du dispositif des APL accession doit surtout s’expliquer par une logique d’économie budgétaire.

    • Pierre-Nicolas Durand face au quotidien des « Officiers du droit d’asile » de l’OFPRA

      C’est une vieille connaissance qui revient sur Le Blog documentaire, qui y était déjà venue il y a quelques années pour décrire son « itinéraire d’un jeune documentariste »… Pierre-Nicolas Durand signe aujourd’hui un nouveau film, « Officiers du droit d’asile », diffusé à partir de ce samedi 30 septembre sur Public Sénat. Une plongée inédite à l’OFPRA, au plus près des agents et des demandeurs d’une protection de l’Etat français. Entretien avec le réalisateur.

      http://leblogdocumentaire.fr/pierre-nicolas-durand-face-quotidien-officiers-droit-dasile-de-lo

    • Asile : le piège des dealers d’histoires

      Pour demander l’asile en France, présenter un « #récit de vie rédigé en français » est obligatoire… Et mission impossible pour les exilés qui découvrent la langue française. Des trafiquants en profitent pour monnayer leurs services, souvent contre-productifs.

      Deux sur trois. C’est le ratio de dossiers qu’Elise (1) refuse chaque jour. De son bureau de Fontenay-sous-Bois (Ile-de-France), cette salariée de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) voit défiler les demandeurs d’asile. En tant qu’officier de protection (OP), et comme ses 800 collègues, elle examine et instruit les demandes de régularisation reçues par l’Ofpra. Et pour chaque demande, Elise évalue la gravité de la situation fuie par l’exilé. Au cours d’un entretien d’environ deux heures, secondée par un traducteur, elle interroge les migrants sur leur histoire et vérifie la cohérence des faits racontés.

      Dans l’écrasante majorité des cas, ces entretiens se soldent par un refus : seulement 27% des demandes enregistrées se traduisent par l’obtention du statut de réfugié. Plusieurs facteurs expliquent la faiblesse de ces chiffres : les critères limités à la convention de Genève et excluant la détresse sociale et économique, le manque d’accompagnement et de suivi pour aider les demandeurs d’asile dans leurs démarches, l’engorgement des plateformes d’accueil mises en place par l’Etat, les contraintes de délai conduisant les OP de l’Ofpra à travailler en cadence… Mais pas seulement.

      Pour Elise, si tant de demandes d’asile sont déboutées, c’est surtout à cause d’un problème majeur et pourtant méconnu : les fausses histoires. L’OP explique refuser au moins la moitié des dossiers qu’elle examine à cause de « récits stéréotypés » : « On tape beaucoup sur l’Ofpra en disant qu’on accepte à peine un tiers des demandes… Mais il faut voir les demandes qu’on reçoit ! A une époque, presque tous les dossiers que je recevais étaient écrits avec la même écriture, les mêmes fautes d’orthographe, la même histoire… Il n’y avait que les noms qui changeaient. A tel point qu’à la fin, je leur donnais des numéros, "Dossier La Chapelle 1, 2, 3", etc. »

      Dans le jargon des travailleurs du droit d’asile, le problème mentionné par Elise porte plusieurs noms : « faux récits de vie », « récits stéréotypés », « histoires toutes faites »… Moyennant des sommes allant jusqu’à une centaine d’euros, des « dealers » écument les camps de migrants, proposant leurs services aux nouveaux arrivants. La rumeur va vite et les demandeurs d’asile savent qu’ils seront moins d’un tiers à obtenir le statut de réfugié. Alors les escrocs leur font miroiter monts et merveilles : en trafiquant des récits aux parcours de vie et nationalité factices, ils promettent aux exilés un futur meilleur. Acheter une histoire est présenté comme la meilleure façon d’obtenir l’asile. Les associations s’efforcent bien de proposer des traductions gratuites, mais la demande est trop importante et l’accompagnement trop éclaté pour que les bonnes informations circulent correctement. Alors, sans savoir qu’ils pourraient faire traduire leurs histoires sans débourser un centime, et dans l’espoir d’être le plus convaincants possible, les exilés tombent dans le piège des « dealers de récits ».
      « Des histoires sans queue ni tête »

      Sauf que ces récits sont surtout la garantie d’un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), où les exilés peuvent faire appel quand la protection leur est refusée. Car quelques questions suffisent aux officiers de l’Ofpra pour débusquer un faux récit. « Parce qu’on leur a dit que l’Ofpra accordait l’asile aux personnes de telle ou telle nationalité, ils jettent leurs passeports ou achètent des récits qui racontent des histoires sans queue ni tête, explique Elise. Quand ils n’ont pas vécu ce qui est écrit dans le récit, ils sont incapables de répondre à nos questions et on s’en rend compte très rapidement. C’est terrible, parce que souvent les personnes peuvent parfaitement venir de zones dangereuses et avoir rencontré des situations qui permettraient d’obtenir la protection en France. »

      En 2015, le directeur général de l’Ofpra, Pascal Brice, affirmait à Slate ne pas tenir rigueur des fausses histoires : « Les récits stéréotypés ne portent pas préjudice aux demandeurs. C’est notre politique. » Mais, en deux ans de carrière, Elise n’a jamais vu un demandeur d’asile reconnaître qu’il avait acheté son récit : « Les demandeurs n’ont pas confiance en nous, car pour eux on représente l’Etat ou la police. A leur place, je n’aurais pas confiance non plus, reconnaît l’employée de l’Ofpra. Je ferais confiance à quelqu’un qui parle ma langue plutôt qu’à quelqu’un qui travaille pour l’Etat. »

      Le constat est le même du côté des travailleurs sociaux. Antoine de Courcelles, responsable de l’aide administrative auprès des demandeurs d’asile pour l’association la Cimade Ile-de-France, dénonce l’extrême exigence de l’Ofpra : « L’Ofpra a développé depuis les années 80 un discours de suspicion vis-à-vis des demandeurs d’asile, car le discours politique à l’égard des réfugiés et de leur accueil a complètement changé. » Une bénévole du Bureau d’aide et d’accompagnement des migrants (BAAM) regrette également cette posture : « Les officiers de l’Ofpra sont là pour jouer au détecteur de mensonges. » Craintifs, les demandeurs restent donc souvent mutiques. Floués par les dealers de récits, ils se trouvent prisonniers d’une histoire qui leur ferme les portes de l’asile.

      Originaire du Tchad, Mahamad, 23 ans, a traversé la Libye et l’Italie avant d’arriver en France. Aujourd’hui en attente d’une réponse de l’Ofpra, il a dû rédiger un récit de vie en français. A son arrivée il y a sept mois, il ne parlait qu’un français balbutiant. Alors, dès ses premiers jours sur le camp de la Porte de la Chapelle, Mahamad a eu affaire aux dealers de récits : « Des gars sont venus me voir et m’ont dit en arabe : "T’es nouveau toi ? Ça se voit que t’es nouveau." Ils m’ont demandé si je voulais obtenir l’asile, si je connaissais les règles. Ils m’ont dit qu’ils connaissaient les "bonnes histoires" et que, pour m’aider, ils allaient améliorer la mienne. » Se fiant à son instinct, Mahamad a refusé leur « aide ». « J’ai senti qu’ils voulaient me tromper, alors je suis parti. »
      « Le moins de bruit possible »

      Tous n’ont pas le flair de Mahamad. « Souvent, les demandeurs d’asile sont tellement sous pression qu’ils se présentent eux-mêmes aux dealers de récits pour qu’ils traduisent leur histoire. Ils ont besoin d’écrire leur récit, ils ont vingt-et-un jours pour remplir un dossier en français, donc ils font tout pour se débrouiller. Va comprendre la convention de Genève quand tu viens d’arriver d’Afghanistan ! » raconte Héloïse Mary, présidente du BAAM.

      Le trafic de faux récits est très difficile à identifier. Malgré des années d’expérience sur le terrain avec les migrants, les bénévoles présents sur les camps peinent à cerner cette nébuleuse : « C’est la même chose que si tu avais des dealers en face de toi, constate l’une d’entre eux. Comme tous les dealers, ils font le moins de bruit possible pour faire leur business discrètement. » Ce sentiment d’impuissance est largement partagé dans les associations d’aide aux migrants. Morgann Barbara Pernot, cofondatrice de Paris d’Exil, déplore aussi une omerta : « On a tenté de mener l’enquête mais on n’arrive jamais à savoir si c’est un ami qui a traduit, un traducteur ou carrément un vendeur de récits bidons. Et même quand les demandeurs d’asile en parlent, ils disent ignorer le vrai nom du vendeur. »

      Dhrubo (1) fait partie de ceux qui distillent des informations lapidaires. Ce jeune exilé du Bangladesh, qui sollicite l’asile politique pour persécution, dit avoir vu graviter des passeurs potentiels au métro La Chapelle, à la jonction des Xe et XVIIIe arrondissements de Paris : « J’attendais sur le quai et j’ai surpris une conversation. Ils parlaient le bengali, ma langue natale, et expliquaient à quelqu’un qu’ils allaient améliorer son histoire », se souvient-il. Mais au moment d’entrer dans les détails, le jeune homme reste énigmatique : « Je ne sais pas qui c’était. Ça peut être dangereux, lâche-t-il dans un soupir. On a peur. On a tous peur. »
      Une « culture restrictive »

      Entre Barbès-Rochechouart et place de la Chapelle, les rues sont jalonnées de taxiphones, cybercafés et petites boutiques de téléphonie. Derrière les enseignes clignotantes et les grands sourires commerciaux, des vendeurs s’affairent parmi les téléphones prépayés et les smartphones retapés à neuf. Mais à la mention d’éventuels traducteurs travaillant avec des migrants, c’est silence radio. On hausse les épaules, fronce les sourcils et invite gentiment à aller voir ailleurs : « Allez voir vers Barbès, c’est là qu’il y a des traducteurs ! » conseille un vendeur d’une boutique de La Chapelle. Et du côté de Barbès : « Vous devriez essayer d’aller à La Chapelle, je crois qu’il y a des gens qui font ça chez eux ! » Les bénévoles le répètent, il est quasiment impossible de poser des questions sans se faire balader.

      « Comment voulez-vous mettre le doigt dessus sans que l’on s’intéresse à la cause du problème ? soupire la présidente du BAAM. Tant qu’on imposera des récits en français, qu’il n’y aura pas de service d’aide géré par l’Etat et que tout reposera essentiellement sur la bonne volonté des associations, il y a aura toujours de la débrouille ! » Car pour les travailleurs sociaux comme pour les salariés de l’Ofpra, ce trafic n’est que la manifestation d’un problème plus profond. Le désengagement de l’Etat laisse les exilés livrés à eux-mêmes, l’économie de la misère squatte la place laissée vacante par les institutions. Pour Antoine de Courcelles, de la Cimade, voilà la preuve d’une « culture restrictive distillée depuis longtemps à l’Ofpra selon laquelle le droit d’asile serait quelque chose de rare, et seulement accessible à une minorité de personnes. »

      La solution pour supprimer ce business des traducteurs mal intentionnés existe, disent les associations : supprimer les récits en français. Selon Héloïse Mary, « il faudrait que les personnes puissent s’exprimer oralement sur leur histoire dans leur propre langue. Imposer un récit manuscrit suppose une maîtrise parfaite de la lecture et de l’écriture, alors que beaucoup viennent de pays où le taux d’alphabétisation est faible ». Une revendication que partage Antoine de Courcelles : « C’est étrange de demander à des demandeurs d’asile venus des quatre coins du monde de rédiger en français les motivations de leur demande. Il faudrait tout simplement supprimer cette obligation. »

      (1) Les prénoms ont été modifiés à la demande des intervenants.

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/14/asile-le-piege-des-dealers-d-histoires_1649999

  • C’est long mais a lire : édifiant sur les politiciens ! - fedetlib.overblog.com
    http://fedetlib.overblog.com/2017/09/c-est-long-mais-a-lire-edifiant-sur-les-politiciens.html
    http://img.over-blog-kiwi.com/0/35/71/51/201312/ob_b76de56a5bb8d3697d0b023964463c95_logo.png

    Aviez-vous conscience de faire quelque chose de potentiellement illégal ?

    Je ne me suis jamais posé la question avant d’être mis en examen. D’abord, le Sénat autorisait les sénateurs à déléguer une partie de leurs « crédits d’assistants » à leur groupe politique. Ensuite, il y avait une apparence d’équité, sinon de justice : il était normal que le groupe aide davantage un sénateur qui lui fournissait des recettes supplémentaires, plutôt qu’un sénateur qui utilisait la totalité de ses crédits d’assistants en recrutant sa femme, ses enfants, sa maîtresse, son amant ou même des membres de sa famille par la main gauche [via un collègue] !

    Que ce système de rétrocession ait été légal [ou non], ce n’est pas moi qui peux trancher cette question. D’autant qu’elle ne s’est jamais posée avant que la justice s’en saisisse. Moi, j’étais collaborateur des législateurs. Je ne faisais pas la loi, j’étais donc incompétent pour l’interpréter !

    #corruption