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  • Jean-Marie Hullot, informaticien visionnaire, technologiste exceptionnel | binaire
    http://binaire.blog.lemonde.fr/2019/06/20/jean-marie-hullot-informaticien-visionnaire-technologiste-excep

    Jean-Marie Hullot fut un très grand professionnel de l’informatique. Outre les apports scientifiques du début de sa carrière de chercheur IRIA détaillés plus loin, peu de personnes ont eu des impacts aussi forts et permanents sur l’informatique de Monsieur Tout-le-monde. On lui doit directement les interfaces et interactions graphiques et tactiles modernes, développés d’abord à L’IRIA, puis chez NeXT computers, dont la superbe machine est restée dans les mémoires et a servi en particulier à Tim Berners-Lee pour créer le World Wide Web, et enfin chez Apple à travers le Macintosh et son système MacOSX puis l’iPhone, véritables révolutions dans le domaine qui ont largement engendré le développement de l’informatique conviviale à grande échelle que nous connaissons maintenant, avec en particulier la révolution des smartphones.

    Ces interfaces particulièrement élégantes et intuitives ont marqué une nette rupture avec tout ce qui s’était fait avant, et qu’on a d’ailleurs largement oublié. Il faut bien comprendre qu’elles résultent de la conjonction d’un goût esthétique très sûr et de la création et de la maîtrise de nouvelles architectures de programmation subtiles et éminemment scientifiques, que Jean-Marie Hullot avait commencé à développer lorsqu’il était chercheur à l’IRIA. Un autre apport majeur a été celui des mécanismes de synchronisations d’appareils divers, ici Macs, iPhones et iPads, pour que les calendriers, listes de choses à faire ou autres soient automatiquement à jour dès qu’on les modifie sur un des appareils, sans besoin de la moindre transformation et quels que soient les réseaux utilisés. Cette transparence maintenant habituelle était difficile à réaliser et inconnue ailleurs. Il faut rappeler que le domaine concerné de l’IHM locale et synchronisée est profond et difficile, et les réussites de ce niveau y sont fort rares. Celle de Jean-Marie Hullot chez NeXT puis Apple, particulièrement brillante, a aussi demandé de très nombreuses interactions avec des designers et surtout directement avec Steve Jobs, dont l’exigence de qualité était légendaire.

    Mais, avant sa carrière industrielle, Jean-Marie Hullot a fait bien d’autres apports scientifiques de premier plan. Après l’École normale supérieure de Saint-Cloud, il s’est vite passionné pour la programmation, particulièrement en LISP. Cela s’est passé à l’IRCAM où se trouvait alors le seul ordinateur en France vraiment adapté à la recherche en informatique, le PDP-10 exigé par Pierre Boulez pour monter cet institut. S’y trouvaient en particulier Patrick Greussay, auteur de VLISP et fondateur de l’école française de LISP, et Jérôme Chailloux, auteur principal du système Le_Lisp qui a longtemps dominé la scène française de l’Intelligence Artificielle et auquel Hullot a beaucoup participé et apporté.

    Avec sa rencontre avec Gérard Huet, dont il suivait le cours de DEA à Orsay, il rejoint l’IRIA à Rocquencourt pour son travail doctoral. Il débuta sa recherche en réécriture de termes, problématique issue de la logique mathématique et de l’algèbre universelle, et par suite essentielle aux fondements mathématiques de l’informatique. Parti de l’algorithme de complétion décrit dans l’article séminal de Knuth et Bendix, il réalisa un système complet de complétion de théories algébriques, incluant les dernières avancées en traitement des opérateurs commutatifs et associatifs, permettant la transition avec le calcul des bases polynomiales de Gröbner. Le logiciel KB issu de son travail de thèse avait une algorithmique particulièrement soignée, permettant d’expérimenter avec des axiomatisations non triviales, comme par exemple la modélisation canonique des déplacements du robot de l’Université d’Edimbourg. La renommée de ce logiciel lui valut une invitation d’un an comme chercheur invité au Stanford Research Institute en 1980-1981. Là, en tandem avec Gérard Huet, il développa les fondements de la théorie de la réécriture algébrique, alors en balbutiement. Son article Canonical forms and unification, présenté à l’International Conference on Automated Deduction en 1980, présente un résultat fondamental sur la surréduction qui permit d’établir le théorème de complétude de la procédure de narrowing (Term Rewriting Systems, Cambridge University Press 2003, p. 297.)

    Sa thèse de Doctorat à l’Université Paris XI-Orsay Compilation de formes canoniques dans les théories équationnelles fut soutenue le 14 novembre 1980. Point d’orgue de son travail en algèbre effective, elle devint la bible des chercheurs en réécriture, désormais domaine essentiel de l’informatique fondamentale. Elle fut le premier document technique français composé avec le système de composition TeX, alors en développement par Don Knuth à Stanford, où Jean-Marie Hullot s’y était initié. Il était frappé par l’étonnante qualité graphique des documents traités par TeX, mais aussi des écrans bitmap alors développés au laboratoire PARC de Xerox.

    En 1981 il retrouve l’INRIA à Rocquencourt où démarrait le Projet National Sycomore dirigé par Jean Vuillemin, et que venait de rejoindre Jérôme Chailloux, concepteur du langage Le_Lisp. Il y découvrit le premier Macintosh, ordinateur commercial pionnier profitant des avancées de PARC (bitmap display, interface de fenêtres, ethernet) et du SRI (souris). Mais il a vite trouvé la façon dont ses interfaces étaient programmées assez infernale. Comme c’était l’époque de la naissance des langages objets, il a d’abord décidé de développer le sien au-dessus de Le_Lisp, nommé Ceyx, en privilégiant les aspects dynamiques non présents dans les autres langages de l’époque (il est ensuite passé à Objective C, langage du même type mais bien plus efficace.) Ce langage remarquable, dont l’implémentation était un bijou de simplicité et d’intelligence, a servi notamment à Gérard Berry pour écrire son premier compilateur Esterel.

    Ce travail a débouché sur la création du premier générateur d’interfaces mêlant conception graphique directe et programmation simple, SOS Interfaces. C’est en présentant ce système aux idées très originales dans un séminaire à l’université Stanford qu’il a rencontré Steve Jobs, alors chassé d’Apple, et qui a immédiatement souhaité l’embaucher pour créer sa nouvelle machine NeXT. Même si cette machine n’a pas été un succès commercial, elle reste connue comme probablement la plus élégante jamais fabriquée, et a eu le rôle de précurseur de tout ce qui s’est passé ensuite.

    Jean-Marie Hullot a ensuite pris le leadership des interfaces et interactions du nouveau Macintosh en tant que directeur technique du service des applications d’Apple. Ses créations et celles de son équipe marquent toujours l’informatique moderne. Il a ensuite quitté un moment Apple et la Californie pour s’installer à Paris. Là, Steve Jobs l’a rappelé pour régénérer l’esprit créatif d’Apple, mais il a refusé de revenir en Californie, et proposé plutôt de créer un téléphone, ou plutôt un smartphone comme on dit maintenant. Après quelques difficultés pour convaincre Steve Jobs qui n’y croyait pas trop, il a créé l’iPhone dans un laboratoire secret d’une vingtaine de personnes à Paris. La suite est connue, et assez différente de ce que disait Steve Ballmer lors de la première démonstration par Steve Jobs : « Cet objet n’a aucun avenir industriel » ! Avec plus d’un milliard d’exemplaires vendus, il s’agit probablement d’un des plus grands succès esthétiques et industriels de l’histoire.

    En outre, il mena plusieurs entreprises technologiques en France. La société RealNames qu’il a créé en 1996 avait pour objet de doter le réseau Internet alors en plein essor, mais anarchique au niveau du nommage, d’un espace de nommage standardisé. Plus tard, il chercha à créer une infrastructure ouverte pour le partage de photographies, en suivant le modèle de l’encyclopédie libre Wikipedia , et créa la société Photopedia à cet effet. Ces entreprises n’ont pas été pérennes, mais elles ont permis à de nombreux jeunes professionnels de se former aux technologies de pointe, et d’essaimer à leur tour de nouvelles entreprises technologiques.

    Mathématicien créatif, informaticien visionnaire, programmeur élégant, ingénieur rigoureux, technologiste hors-pair, esthète raffiné, Jean-Marie Hullot aura marqué son époque. Les résultats de son travail ont tout simplement changé le monde à tout jamais. La Fondation Iris, qu’il a créé avec sa compagne Françoise et dont l’objectif est de sauvegarder la fragile beauté du monde, continue de porter son message humaniste : http://fondationiris.org.

    Gérard Berry et Gérard Huet

    #Histoire_numérique #IHM #iPhone #Interface #Synchronisation

  • https://us12.campaign-archive.com/?u=93670423e9243101afcfcae19&id=8cc96e117d
    Vanessa Codaccioni est chercheuse en sciences politiques à l’Université Paris-8. Elle est spécialisée dans la justice pénale et la répression. Elle a publié en avril Répression, l’État face aux contestations politiques chez Textuel. Dans le livre, elle revient sur la criminalisation de l’action politique et la dépolitisation de l’activisme. Elle a répondu à nos questions. Extrait.

    Aujourd’hui, les procès ne peuvent plus être une tribune politique ; les juges ne reconnaissent plus la parole politique. La plupart des militant·es sont jugé·es en comparution immédiate – 29 minutes d’audience en moyenne, sans vraiment le temps de préparer sa défense – ou au tribunal correctionnel, qui est le tribunal des petites affaires.
    Si dans les tribunaux correctionnels, les peines sont plus légères, il y a cependant une impossibilité d’en faire une tribune politique. Ces procès ne permettent pas de faire des déclarations politiques, ils n’autorisent pas les avocats à plaider en longueur ou comme ils le souhaiteraient, ou encore à faire défiler des témoins. Les défilés de témoins ont toujours été importants dans les procès politiques. En cour d’assises ou en tribunal spécial, l’exercice serait plus simple, mais les peines y sont plus lourdes.

    https://www.editionstextuel.com/livre/repression

    #repression #justice #contestation #police

  • Matières à penser par Antoine Garapon
    10/06/2019
    Pourquoi des djihadistes ? (1/5) : Y a-t-il un profil des djihadistes ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser/pourquoi-des-djihadistes-15-y-a-t-il-un-profil-des-djihadistes


    La radicalisation est un phénomène complexe qu’il faut se garder d’imputer exclusivement à un nouveau fanatisme religieux. S’il n’existe pas de profil type, presque toutes les personnes impliquées dans des dossiers d’association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste, présentent une biographie brisée, pleine de ruptures et semée de violences qui commencent souvent dans la famille. Ce mal-être génère un terreau favorable pour les recruteurs.

    Intervenants
    Ariel Planeix, Docteur en anthropologie, chercheur associé à l’Institut d’étude du développement économique et social (IEDES) de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne.

    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/16274-10.06.2019-ITEMA_22084410-0.mp3

  • Disparition du Salvator Mundi de Léonard de Vinci : « Notre patrimoine est vendu à la découpe »
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/disparition-du-salvator-mundi-de-leonard-de-vinci-notre-patrimoine-est-vend


    TOLGA AKMEN/AFP

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Depuis qu’il a été vendu aux enchères à un investisseur saoudien, le tableau est introuvable, alors que le Louvre est à sa recherche pour son exposition d’octobre prochain à l’occasion des 500 ans de la mort du génie italien. Le décryptage de Laurent Izard.

    Laurent Izard est normalien et agrégé de l’Université en économie et gestion. Diplômé en droit de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, professeur de chaire supérieure, il est l’auteur de nombreux manuels d’enseignement supérieur en économie et gestion. Il vient de publier La France vendue à la découpe (L’Artilleur, janvier 2019), une enquête qui fait le récit d’un long renoncement et passe en revue de nombreux secteurs de l’économie française vendus à des capitaux étrangers.

    FIGAROVOX.- Le « Salvator Mundi » de Léonard de Vinci, adjugé 450 millions de dollars en 2017 à un milliardaire saoudien, a disparu depuis sa vente dans le monde de l’art. Le Louvre souhaite pourtant qu’il figure dans son exposition pour les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci prévue cet automne. Quelle analyse faites-vous de cet incident ? Que des milliardaires d’Arabie Saoudite possèdent nos plus grands tableaux ne pose-t-il pas problème ?
    Laurent IZARD.- La situation du « Salvator Mundi » pose effectivement de nombreuses questions : qui en est aujourd’hui le véritable propriétaire ? Lors de la vente aux enchères à New York en 2017, l’adjudicataire était-il un simple mandataire ? Quelle est la localisation actuelle du tableau ?

    Pourquoi son exposition au Louvre d’Abu Dhabi prévue en septembre 2018 a-t-elle été reportée ? Pourra-t-on le contempler en octobre prochain lors de l’exposition prévue à Paris, au Louvre, en octobre 2019 ? Ces interrogations ravivent de surcroît des querelles artistiques beaucoup plus anciennes : s’agit-il réellement d’une œuvre de Léonard de Vinci ou a-t-il seulement participé à la réalisation de ce tableau ? Les œuvres du Maître font-elles partie du patrimoine artistique français ou italien ?

    Mais au-delà des controverses factuelles ou historiques, le « Salvator Mundi » est au cœur d’un débat beaucoup plus vaste, qui mêle des considérations juridiques, économiques et éthiques : d’un point de vue strictement juridique, l’acquéreur, titulaire d’un droit de propriété sur l’œuvre acquise en a l’entière maîtrise : il n’a aucune obligation d’exposer ou de prêter son bien.

    Certains invoquent le caractère perpétuel et inaliénable du droit moral sur les œuvres d’art, qui s’opposerait aux prérogatives du propriétaire. Mais il est peu probable que le droit saoudien, par exemple, valide cette limitation du droit de propriété… Et d’un point de vue économique, celui qui propose la meilleure offre devient logiquement propriétaire de l’œuvre vendue aux enchères.
    Il est néanmoins choquant qu’un particulier, quel qu’il soit, puisse avoir le bénéfice exclusif d’œuvres d’un intérêt exceptionnel comme le « Salvator Mundi ». Fort heureusement, la plupart de ces œuvres sont aujourd’hui la propriété de musées. Mais pour les autres, on peut légitimement s’interroger sur une évolution possible de leur statut juridique au regard du droit international. L’Unesco qui veille à la protection des sites d’exception du patrimoine mondial ou à la sauvegarde du patrimoine immatériel culturel de l’humanité pourrait avoir un rôle moteur en la matière.
    […]
    N’y a-t-il pas aussi dans cette affaire le reflet d’une idéologie de la privatisation et de la cession de notre patrimoine qui est à l’œuvre plus globalement ? Est-ce abusif de penser qu’Emmanuel Macron en est la figure de proue ?
    Que nous le voulions ou non, nous évoluons dans une économie ouverte et mondialisée. Mais aujourd’hui, le différentiel de potentiel financier entre acteurs économiques aboutit inéluctablement à des situations de domination voire de dépendance. Les États les plus fortunés s’approprient peu à peu le patrimoine économique et culturel d’autres pays, sans que ce phénomène inquiète la plupart de nos dirigeants, plus soucieux de la stabilité du taux de croissance ou de la préservation de l’emploi. Ainsi, en l’espace de quelques décennies, une part non négligeable du patrimoine industriel, immobilier, foncier et même historique de la France a été dispersée, souvent au profit d’investisseurs internationaux. Et même si ce processus n’en est qu’à son début, de nombreuses entreprises d’origine française sont d’ores et déjà contrôlées par des fonds d’investissement, des fonds souverains ou des firmes multinationales, principalement originaires des États-Unis, d’Allemagne, d’Asie ou du Moyen-Orient. Ce phénomène concerne tous les actifs patrimoniaux qui peuvent présenter un intérêt économique direct ou indirect : les œuvres d’art, le patrimoine immobilier, les brevets, les terres agricoles, les clubs sportifs, etc.

    Évidemment, chaque cession présente un intérêt économique, industriel ou financier pour l’acquéreur comme pour le vendeur et l’on pourrait se réjouir de l’attractivité de notre pays ainsi que de la dynamique économique impulsée par les investisseurs internationaux. D’autre part, les investisseurs français rachètent également des entreprises étrangères. Mais si le jeu n’est pas à sens unique, il n’est pas non plus équilibré. Et la dispersion de notre patrimoine nous conduit peu à peu à perdre notre souveraineté économique et politique. Nous abandonnons notre pouvoir de décision et nous devenons chaque jour un peu plus dépendants d’investisseurs internationaux fortunés, publics ou privés. Les cessions de Péchiney, Arcelor ou Alcatel - comme celles de nombreux autres groupes ou de leurs filiales - ont d’autre part contribué à la désindustrialisation de notre pays, à l’aggravation de notre déficit extérieur et à la perte d’influence de la France dans le monde.

    Emmanuel Macron, en tant que ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, puis en tant que président de la République, a joué un rôle actif dans la cession de fleurons de notre patrimoine économique. Il a notamment autorisé la privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac - cédé à un investisseur chinois peu fiable - et a approuvé le protocole de cession de la branche « énergie » d’Alstom à General Electric, qui nous prive de notre indépendance énergétique et militaire. Face au risque hégémonique chinois lié aux « Nouvelles routes de la soie », Emmanuel Macron a toutefois appelé à « la défense d’une souveraineté européenne ». Et Bruno Le Maire, quant à lui, n’a pas hésité à parler d’ « investissements de pillage ». Prise de conscience tardive ou double jeu ? Difficile de faire la part des choses.

    En tout cas, il est peu probable que les mesures de protection de nos intérêts stratégiques prévues dans la loi « Pacte » auront une quelconque efficacité : dans un passé récent, les décrets « Villepin » et « Montebourg » ont montré leurs limites. Mais une chose est sûre : par naïveté, par faiblesse ou par couardise, nous avons jusqu’à présent toléré une totale absence de réciprocité dans l’investissement international : les entrepreneurs français qui ont tenté d’acquérir une entreprise chinoise ou américaine ne démentiront pas…

  • Vanessa Codaccioni : « Maintenant, beaucoup de gens savent ce qu’est la répression » - Radio Parleur
    https://radioparleur.net/2019/05/03/codaccioni-repression

    À notre micro, elle identifie les tactiques et les techniques mises en place par le pouvoir politique face aux mobilisations. La politiste décortique ces principaux dispositifs et éclaire l’une de leurs logiques majeures : la sémantique. Le vocable mis en œuvre par la communication gouvernementale pour qualifier les manifestants – de « vandales » à « foule haineuse » – vise à vider leurs actions de leur substance. Assimilé au terrorisme ou à la criminalité de droit commun, l’activisme se retrouve dépolitisé. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner déclarait ainsi devant le Sénat, le 19 mars 2019 : « Ceux qui ont manifesté samedi et qui ont cassé n’ont aucune revendication, si ce n’est celle de faire tomber la République. »

    Dans le même temps, cette croisade langagière vise à remettre en cause la rationalité des militant.es. Le « casseur » est décrit dans le langage étatique comme animé uniquement par la haine et la volonté de détruire, brûler, tuer, dépassant largement les frontières de la raison. Mais attention, prévient Vanessa Codaccioni, même le plus grotesque, le plus absurdement nihiliste de ces individus ne saurait être considéré comme fou. Car aux yeux de la justice française, le fou est celui qui n’est pas responsable de ses actes. Or c’est à l’exact opposé qu’appelle les responsables politiques, exigeant de fermes condamnations par la justice des activistes. Irrationnel mais pas fou : une psychologisation des manifestant.es qui efface la dimension éminemment politique de leurs actes.

    https://file.ausha.co/ep0VKh8EGLL52zMcXC60R6Gui10OhRtTq3LnSfgm.mp3

    • Copier-coller de la lettre d’info de @paniersalade reçue hier :

      Interview

      Vanessa Codaccioni est chercheuse en sciences politiques à l’Université Paris-8. Elle est spécialisée dans la justice pénale et la répression. Elle a publié en avril Répression, l’État face aux contestations politiques chez Textuel. Dans le livre, elle revient sur la criminalisation de l’action politique et la dépolitisation de l’activisme. Elle a répondu à nos questions.
      Le Panier à salade : Ces dernières semaines, des militant·es « décrocheurs » ont été jugé·es à Bourg-en-Bresse (Ain) pour « vol en réunion et par ruse », un militant animaliste qui filmait un élevage de porcs a été condamné pour « violation de domicile » et des pompiers qui manifestaient pour « entrave à la circulation ». Qu’illustrent ces exemples récents ?

      Vanessa Codaccioni : Il y a une invisibilisation du combat politique. Aujourd’hui, on constate une multiplication des formes de répressions. Dans de nombreux procès – notamment en comparution immédiate, le plus important ce sont les infractions reprochées : de quoi sont accusées les personnes mises en examen ? Elles sont jugées pour des délits de droit commun : outrages, diffamation, exhibition sexuelle… L’aspect politique des gestes sanctionnés n’est pas reconnu.

      Lors du procès des « Décrocheurs », si le juge a laissé un espace à la revendication politique, il a refusé en revanche les témoignages de chercheurs et associatifs. Quelle est la place de l’engagement politique au tribunal ?

      VC : Aujourd’hui, les procès ne peuvent plus être une tribune politique ; les juges ne reconnaissent plus la parole politique. La plupart des militant·es sont jugé·es en comparution immédiate – 29 minutes d’audience en moyenne, sans vraiment le temps de préparer sa défense – ou au tribunal correctionnel, qui est le tribunal des petites affaires.

      Si dans les tribunaux correctionnels, les peines sont plus légères, il y a cependant une impossibilité d’en faire une tribune politique. Ces procès ne permettent pas de faire des déclarations politiques, ils n’autorisent pas les avocats à plaider en longueur ou comme ils le souhaiteraient, ou encore à faire défiler des témoins. Les défilés de témoins ont toujours été importants dans les procès politiques. En cour d’assises ou en tribunal spécial, l’exercice serait plus simple, mais les peines y sont plus lourdes.

      Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer une amnistie des « Gilets jaunes ». Le premier ministre s’y est opposé. Mais la correctionnalisation des actions politiques n’aide pas non plus à une telle amnistie.

      VC : Le président de la République pourrait faire une amnistie sociale. Cependant, ça voudrait dire qu’il reconnaît que les actes des manifestant·es sont des actes politiques. Et tout le jeu du gouvernement a été de diviser entre les bons manifestant·es d’un côté, et « les casseurs » de l’autre.

      En plus, comme il n’y a pas de délit politique comme on l’a vu, l’amnistie deviendrait complexe à mettre en œuvre. Il faudrait définir l’un après l’autre les délits qui seraient amnistiés.

      La journée « Ripostons à l’autoritarisme » rassemblait des militant·es d’horizon différents, des quartiers populaires à Bure (Meuse) en passant par les « Décrocheurs ». La plupart d’entre eux a expliqué qu’ils passaient plus de temps à parler de leur déboires judiciaires et policiers que de leur cause.

      VC : C’est précisément ce que j’explique dans mon livre. La stratégie de l’État, c’est que la répression force les militants à dépenser toute leur énergie et tout leur argent dans leur défense judiciaire. Quitte à avoir moins de temps pour la cause pour laquelle ils et elles se battent. C’est un des effets de la répression.

      Vous avez également travaillé sur la question de la légitime défense. Le procureur de la République à Paris, Rémy Heitz, a annoncé qu’en cas d’usage illégitime de la force, des policiers seraient poursuivis. Cela a suscité une levée de bouclier du côté des syndicats.

      VC : C’est très compliqué de juger des policiers aujourd’hui ; la plupart ne le sont pas. Et lorsqu’ils le sont, ils bénéficient de verdict de clémence. C’est à dire soit des non-lieux, des acquittements ou des peines de prison avec sursis.

      Les forces de l’ordre, et notamment les syndicats de police, souhaiteraient, en plus, qu’il n’y ait aucune procédure judiciaire contre un policier. Un policier qui tue ne devrait pas être jugé, selon eux.

      Ils ont une revendication forte en faveur la présomption de légitime défense. Ils seraient ainsi déclarés en état de légitime défense, jusqu’à ce qu’on prouve le contraire. Pour l’instant, c’est au policier de montrer qu’il a agit en état de légitime défense.

      Le syndicat Unité-SGP Police-FO a demandé l’instauration d’un tribunal dédié, avec des magistrats spécialisés. Les policiers font déjà l’objet d’enquête menées par leurs pairs au sein de l’IGPN…

      VC : La police et la plupart des syndicats policiers n’aiment pas que des juges s’immiscent dans leurs affaires. Ils souhaiteraient être jugés par leur pairs. C’est finalement l’équivalent de ce qu’ont les hommes et femmes politiques, qui sont jugés principalement par des parlementaires, au sein de la Cour de justice de la République.

      Quant à l’IGPN, celle-ci ne sanctionne que très rarement l’usage des armes par un policier ou la gestion du maintien de l’ordre. Il faut un comportement exceptionnellement grave, notamment en dehors de la fonction, pour que l’IGPN ne prononce une sanction.

      On a appris récemment qu’un policier pourrait aller devant les assises pour avoir éborgné un manifestant en 2016.

      VC : C’est exceptionnel qu’un policier aille devant les assises. Ça n’arrive que très rarement. En général, ils y échappent, sauf dans les cas mortels où la légitime défense n’est pas évidente. C’est en effet encore plus rare pour un acte non mortel. Si le renvoi est confirmé, cela fera peut-être jurisprudence.

      L’ouvrage de Vanessa Codaccioni :

      https://www.editionstextuel.com/livre/repression

  • Sagas, épopées, récits fondateurs : de Gilgamesh à Njáll le Brûlé (2/3) : Légendaires, héroïques ou familiales : les #sagas_islandaises
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/emission-speciale-consacree-a-notre-dame-de-paris


    Quand les sagas islandaises ont-elles été écrites ? Pourquoi leur écriture s’interrompt-elle brutalement au XIVe siècle ? Comment et par qui ont-elles été portées à notre connaissance ? Voici quelques unes des questions qu’Emmanuel Laurentin et Victor Macé de Lépinay posent à François Emion, maître de conférences en études nordiques à l’Université Paris-Sorbonne, spécialiste de la Scandinavie médiévale, Marie Mossé, professeure agrégée de lettres et Hanna Steinunn Thorleifsdottir, maîtresse de conférences en langue, littérature et civilisation islandaises à l’Université de Caen Normandie.

    #histoire #fabrique_de_l'histoire

  • [Seminaire] Les représentations des migrations #1. Les enjeux de la cartographie

    Le laboratoire Migrations internationales, espaces et sociétés (Migrinter 7301 CNRS - Université de Poitiers) ouvre un séminaire (2019-2021) intitulé "Représenter les migrations".

    Quatre séances introductives sont programmées, entre avril et octobre 2019. Elles seront suivies par sept séances thématiques prévues entre novembre 2019 et juin 2020 (dates à venir).

    La première séance introductive dédiée aux Enjeux de la cartographie des migrations est organisée autour des interventions de Nicolas Lambert (Riate, CNRS, Paris Denis Diderot) et de Françoise Bahoken (IFSTTAR, Université Paris Est).

    Elle aura lieu le jeudi 4 avril de 14 à 17 h à la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de Poitiers.

    Résumé de la séance « Enjeux de la cartographie... » :
    « De tous temps, des cartes ont été mobilisées pour se repérer, se déplacer et représenter le monde. La cartographie des déplacements humains apparaît toutefois tardivement, notamment avec les premiers travaux de Charles-Joseph Minard, au milieu du XIXe siècle, figurant des mouvements humains ou des transports à différentes échelles géographiques. Dès lors, elle n’a cessé de se développer, en lien avec un engouement général et soutenu pour la visualisation de données. ... » Lire la suite : _http://migrinter.labo.univ-poitiers.fr/actualites/les-representations-des-migrations-seance-1/_

    – En savoir plus sur le séminaire : _http://migrinter.labo.univ-poitiers.fr/seminaires/representations-migrations/_

    #seminaire #cartographie #migrations #migrants #carte #cartedeflux #cartostats #dataviz #geoviz #théories #méthodes #concepts #sémantique #pratique #rhétorique

  • Le tutoiement au travail, un subtil marqueur social, Baptiste Coulmont, Professeur de sociologie à l’Université Paris VIII
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/03/25/le-tutoiement-au-travail-un-subtil-marqueur-social_5440691_1650684.html

    Pour le sociologue Baptiste Coulmont, l’usage du « tu » reflète les frontières au bureau : entre groupes professionnels, entre groupes de sexe, entre générations.

    Carte blanche. Le tutoiement, affaire de feeling ou d’habitude ? Certains ont le tutoiement si facile qu’il semble être dans leur nature. Mais il se généralise, signe qu’il ne dépend pas que des individus. Il était déjà hégémonique pendant l’enfance, puis dans le monde étudiant. Il est maintenant omniprésent au #travail. C’est une des premières règles qu’on m’a indiquées, à mon arrivée à l’université Paris-VIII : « Ici on se tutoie. »

    On se tutoie parce qu’on s’estime être égaux. Mais voilà qu’aujourd’hui, en majorité, c’est aussi son chef qu’on tutoie, alors même qu’il nous commande. L’enquête COI sur les changements organisationnels et l’informatisation a demandé à 16 000 salariés, parmi de nombreuses autres questions, s’ils tutoyaient leur supérieur hiérarchique. Le plus souvent, la réponse est « oui ». Alex Alber (université de Tours) déplie les tenants et les aboutissants de cette pratique sociale faussement anodine dans le dernier numéro de la revue Sociologie du travail :
    « C’est d’abord une pratique d’hommes et de cadres du secteur privé. Seule une femme sur deux tutoie son chef. C’est pourtant le cas de sept hommes sur dix. »

    Les cadres tutoient leur « n + 1 » (qui est aussi cadre, et souvent de sexe masculin). Les employées et employés le font moins : leur chef n’est pas employé, il est cadre ou profession intermédiaire, et souvent d’un autre sexe qu’eux. Les plus jeunes tutoient plus que les plus âgés… et on tutoie d’autant plus son chef qu’il est plus jeune que nous.

    La plus ou moins grande fréquence du tutoiement reflète alors les frontières : entre groupes professionnels, entre groupes de sexe, entre générations. C’est un marqueur subtil des différences de pouvoir et de distance entre groupes. On voit bien qu’il ne s’agit pas là simplement de feeling : les grandes variables sociales sont associées à la fréquence du tutoiement du chef.

    Nouvelles formes d’organisation du travail

    Mais le plus intéressant émerge quand le sociologue se demande alors s’il ne s’agit pas d’habitudes ou d’une « culture » du tutoiement, qu’on sait fréquent dans les start-up, par exemple.

    Plutôt que vers une « culture du tu », c’est vers les nouvelles formes d’organisation du travail qu’il faut tourner son regard : on tutoie son « n + 1 » quand ce dernier n’a plus l’habit du « petit chef ». Le tutoiement du chef direct est plus fréquent quand les salariés font l’objet d’évaluations individualisées ou reçoivent des primes : le « management par objectifs », associé à l’autonomie dans les méthodes de travail, s’accompagne d’un recours plus intense au tutoiement.

    L’organisation en « groupes de projet », qui réunissent des salariés de niveaux hiérarchiques différents et venant de directions différentes, développe encore le recours au tutoiement, lingua franca des interactions. Dans ces mondes professionnels, le contrôle de l’activité est délégué à des outils standardisés qui servent d’interface entre le chef et ses subordonnés. Ce n’est plus le chef qui sanctionne, c’est la machine.

    Selon l’enquête COI, un monde résiste. Pourquoi donc ? Le tutoiement est associé à des relations souples, horizontales, égalitaires, des formes d’interactions socialement valorisées. Qui n’en voudrait pas ? Dans les administrations publiques de l’Etat, le recours au tutoiement est moins important. On vouvoie son chef. L’individualisation des carrières y est moins poussée que dans le secteur privé, car « le caractère impersonnel du statut limite la possibilité, pour le supérieur hiérarchique direct, de négocier les conditions d’emploi de l’agent », écrit Alex Alber. Le modèle bureaucratique distribue clairement les rôles hiérarchiques des fonctionnaires et limite alors l’attrait du tutoiement : la fiction du patron-copain n’y est pas tenable.

    J’ai pas l’âge, mais pour instaurer un minimum de distance, il m’arrive de répondre au #tutoiement qu’on a pas fait 68 ensemble. Ralbol de ces fausses proximités.

    #égalité (fausse)

  • DISTANCE ET VITESSE EN #ASIE_INTÉRIEURE
    Coordonner les allures, ajuster les espaces et habiter les lieux
    7 et 8 mars, 9h30-18h30
    musée du quai Branly - Jacques Chirac
    http://www.quaibranly.fr/fr/recherche-scientifique/activites/colloques-et-enseignements/colloques/details-de-levenement/e/distance-et-vitesse-en-asie-interieure-38264

    Ce colloque propose d’explorer comment se coordonnent les distances et les vitesses propres à différentes sortes d’humains et de non-humains en Asie intérieure.
    Organisé avec Grégory Delaplace, Université Paris Nanterre, et Caroline Humphrey, Université de Cambridge

    Ceux dont le mode de vie repose sur la mobilité, comme les pasteurs nomades, les chasseurs ou les commerçants itinérants, entretiennent des manières propres d’estimer les distances ; leur activité leur impose souvent aussi d’ajuster leur vitesse sur celle d’autres êtres. Les éleveurs dépendent ainsi pour leur subsistance de la relation qu’ils parviennent à établir et maintenir avec diverses espèces de bétail, chacune se caractérisant par un certain rythme et une allure particulière. Ces allures asynchrones doivent être coordonnées et temporisées (dirigées, relâchées, ralenties, accélérées) au moyen de dispositifs permettant d’ajuster les relations respectives que différents types d’humains et de non-humains peuvent entretenir à l’espace qu’ils habitent conjointement.

    La question se pose d’une manière toute particulière dans le contexte de l’Asie intérieure, où les modes de territorialisation – humains et non-humains – font la part belle au mouvement. Cette conférence sera ainsi l’occasion, à l’heure de la désertification, de l’exode rural massif et des mouvements migratoires transnationaux qui affectent la région, de s’interroger sur la notion classique et récriée de nomadisme. Le nomadisme tient-il seulement à la mobilité des animaux et des humains (mobilité plus ou moins importante, qui peut être associée à des écologies par ailleurs très diverses) ou peut-il être défini de façon plus profonde comme une certaine façon d’habiter les lieux – c’est-à-dire de s’en tenir à bonne distance en coordonnant les allures auxquelles sont parcourus les espaces ?

  • Des conférences de cinema mises en ligne par la FEMIS - Le mag cinéma
    https://lemagcinema.fr/non-classe-fr/des-conferences-de-cinema-mises-en-ligne-par-la-femis

    La Femis ouvre son patrimoine vidéo et met à disposition des vidéos de conférences sur le thème du cinéma assez exceptionnelles.

    Depuis plus de trente ans, La Fémis est un lieu de rencontres entre artistes et étudiants.
    La Fémis a ainsi décidé de mettre en valeur au sein de ses archives une première sélection de tables rondes, master class, conférences et débats qui se sont tenus à La Fémis ou dans d’autres lieux – tel que le Festival de Cannes – qui illustrent la parole des cinéastes, images filmées par les étudiants eux-mêmes depuis 1986.
    Grâce au soutien de l’Université Paris Sciences et Lettres, à laquelle La Fémis est associée, et grâce au travail de monteurs image et son, les interventions choisies de nombreux cinéastes seront désormais accessibles sur deux plateformes, celle de l’école et celle de la bibliothèque numérique de « PSL Explore », et ce, à des fins culturelles, scientifiques et pédagogiques

    Conférences
    http://www.femis.fr/conferences

    Depuis plus de trente ans, La Fémis est un lieu de rencontres entre artistes et étudiants.
    La Fémis a ainsi décidé de mettre en valeur au sein de ses archives une première sélection de tables rondes, master class, conférences et débats qui se sont tenus à La Fémis ou dans d’autres lieux

    Conférence de Jean Rouch, Johan Van der Keuken et Frederick Wiseman dans le cadre des Rencontres de la Fémis (1987)
    ↓ Conférence d’Alain Tanner dans le cadre des Rencontres de la Fémis (1987)
    ↓ Conférence de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (1988)
    ↓ Conférence de Jean-Luc Godard dans le cadre des Mardis de La Fémis (1988)
    ↓ Conférence de David Cronenberg dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2000)
    ↓ Conférence d’Éric Rohmer dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2005)
    ↓ Conférence de Guy Maddin dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2012)
    ↓ Conférence de Francis Ford Coppola dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2012)
    ↓ Conférence de Luc et Jean-Pierre Dardenne dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2012)
    ↓ Conférence de Thomas Vinterberg dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2012)
    ↓ Conférence de Bruno Dumont dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2014)
    ↓ Conférence d’Agnès Varda dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2014)
    ↓ Conférence de Patricio Guzman dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2015)
    ↓ Conférence de Jean-Gabriel Périot dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2016)
    ↓ Conférence de Frederick Wiseman dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2016)
    ↓ Conférence de Raymond Depardon et Claudine Nougaret dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2017)
    ↓ Conférence de Cédric Klapisch dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2017)
    ↓ Conférence de Damien Manivel dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2017)
    ↓ Conférence de Frederick Wiseman dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2017)
    ↓ Conférence de Vincent Macaigne dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2017)
    ↓ Conférence de Tony Gatlif dans le cadre des Rencontres de la Fémis (2018)

  • Un projet de licence universitaire financée par BNP Paribas fait débat
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/22/un-projet-de-licence-universitaire-financee-par-bnp-paribas-fait-debat_54269

    La dizaine d’élus représentant les enseignants, les personnels et les étudiants du conseil d’administration – qui réunit 30 membres – du regroupement universitaire PSL (comptant dans ses rangs l’université Paris-Dauphine, l’Ecole normale supérieure Paris, l’Observatoire de Paris…) s’est mobilisée, quand elle a découvert qu’une licence sur les questions de développement durable était sur les rails avec la grande banque française pour seul mécène. Le projet a néanmoins été adopté à une large majorité (19 pour, trois contre, sur le total des 22 votants), lors du conseil d’administration de PSL, jeudi 21 février, délocalisé au rectorat de Paris, à la suite d’une tentative de blocage d’étudiants, mobilisés sur cette question.

    ça fait envie, hein ?
    https://www.youtube.com/watch?v=cGrzjSuMq8k


    #enseignement_supérieur #formation #privatisation

    • Argent public, profits privés : BNP Paribas et la « School of Positive Impact »
      http://pssp-lab.org/Argent-public-profits-prives-BNP-Paribas-et-la-School-of-Positive-Impact.h

      Les premiers articles parus dans la presse ont largement mis en avant le financement par le seul groupe BNP Paribas : « Un projet de licence universitaire financée par BNP Paribas fait débat », « BNP Paribas se paye un cursus universitaire pour se reverdir », etc. Or, cette manière de présenter les choses tend à occulter le fait que les dépenses de mécénat effectuées par les entreprises sont défiscalisées à hauteur de 60 %, dans les limites de 0,5 % de leur chiffre d’affaire (soit un plafond confortable de 212 millions d’euros pour BNP Paribas, selon les résultats du groupe en 2018). Autrement dit, le coût réel de cette « School of Positive Impact » pour la banque serait de seulement 3,2 millions d’euros, le reste (4,8 millions d’euros) étant à la charge de l’État, sous la forme de perte de recettes budgétaires. BNP Paribas engage ainsi, de manière irrévocable, de l’argent public, sans que le ministère du Budget (sans même mentionner le Parlement !) puisse se prononcer sur le bon emploi de cet argent.

      Reste également à savoir pour qui l’impact sera positif. Cet argent, qui est dans sa composition davantage public que privé, bénéficierait à un regroupement d’universités et de grandes écoles déjà très bien dotées par rapport à d’autres établissements dans l’enseignement supérieur. De manière classique, mais contrairement aux idées reçues sur la #philanthropie et le #mécénat, les riches donnent d’abord... aux riches. C’est ce qu’illustre bien le cas des « #fondations_académiques », créées en 2007 par la loi relative aux libertés et responsabilités des universités : les fondations qui ont réussi à collecter le plus grand volume de dons sont celles de grandes écoles telles que HEC (160 millions d’euros collectés entre 2008 et 2017) ou l’École polytechnique (80 millions), loin devant celles des universités, accueillant pourtant un bien plus grand nombre d’étudiants (35 millions pour la fondation la mieux dotée des universités françaises – celle de l’Université de Strasbourg –, seulement 1,5 million pour celle de l’Université Paris-Sud) (2)... Bien loin de réduire les inégalités de dotation déjà criantes au sein de l’enseignement supérieur, les dons effectués par les entreprises et les riches particuliers les renforcent.

  • Palestine et Cour pénale internationale
    Jeudi 10 janvier 2019
    http://iremmo.org/rencontres/controverses/palestine-et-cour-penale-internationale

    Rencontre avec :

    Sarah Daoud, doctorante au Centre de recherches internationales de Sciences Po, auteure de L’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale : une stratégie en vue de la reconnaissance (Bibliothèque de l’iReMMO, l’Harmattan, 2018).

    Rafaëlle Maison, agrégée des Facultés de droit, professeur à l’Université Paris Sud , spécialiste de droit international, membre de l’iReMMO, auteur de La responsabilité individuelle pour crime d’Etat en droit international public (Emile Bruylant, 2004).

    Modération : Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités, président de l’iReMMO et directeur de la revue Confluences Méditerranée.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=542&v=bZxYhbUbDMQ

  • A l’#Université de #Nanterre, deux étudiants risquent l’exclusion de la fac pour s’être mobilisés contre l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants non-européens. La fac a convoqué une #section_disciplinaire, qui se tiendra à la fin du mois, et qui peut conduire à leur #exclusion. 95 enseignants de Nanterre ont rédigé une #lettre_ouverte à la présidence de cette #Université pour demander l’abandon des #poursuites contre les étudiants. Il est très important de signer la pétition et de la faire tourner, la #répression et l’#intimidation des étudiants mobilisés est intolérable.


    Voici le lien pour la pétition : https://www.change.org/p/jean-fran%C3%A7ois-balaud%C3%A9-militer-n-est-pas-un-crime-abandon-des-pours

    Voici le texte de la lettre ouverte ainsi que ses signataires :
    " Lettre publique à la Présidence de l’Université Paris Nanterre,
    « Nous, 95 enseignant-e-s, chercheur-e-s et personnel BIATSS de l’Université Paris Nanterre, constatons que deux de nos étudiants, l’un en L3 de sociologie, l’autre en M1 de science politique, ont reçu par la présidence de l’Université Paris Nanterre un arrêté décidant de leur interdiction du campus entre le 7 janvier et le 5 février 2019 à la suite de leur engagement dans le mouvement social étudiant sur le campus de Nanterre qui contestait, au mois de décembre, l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s extracommunautaires. Cette mesure, qui intervient au moment des partiels et des examens, risque de les pénaliser fortement dans leurs études.
    Nous contestons cette mesure, qui est disproportionnée par rapport à la situation actuelle sur le campus de notre université. L’AG étudiante a voté la non-reconduction du blocage à la rentrée. Punir rétrospectivement par arrêté deux étudiants pour leur engagement politique et syndical sur le campus constitue une sanction déguisée et une grave entrave à la liberté d’expression et de rassemblement. »
    Signataires :
    Karen Akoka MCF science politique (DSP)
    Marie-Hélène Bacqué, Pr en études urbaines (SSA)
    Laurent Baronian, MCF Économie (chercheur associé au Sophiapol)
    Maxime Bello, doctorant en sociologie (Sophiapol)
    Alessandro Benucci, MCF (LCE)
    Léa Billen, doctorant en études urbaines (SSA)
    Cécile Birks , MCF anglais (LCE)
    Giovanni Bonato, MCF en droit italien (LCE)
    Laurent Bonelli - MCF science politique (DSP)
    Isabelle Boucobza - Pr de droit (DSP)
    Thibaut Brouillet, MCF en psychologie (STAPS)
    Grégory Busquet, MCF de sociologie (SSA)
    Fanny Bugeja-Bloch - MCF de Sociologie (SSA)
    Véronique Champeil-Desplats (Pr droit. DSP)
    Brian Chauvel, Vacataire (SSA DSP)
    Céline Clément - MCF de Sociologie (SSA)
    Loréna Clément, doctorante études urbaines (SSA)
    Annie Collovald - PR science politique (DSP)
    Laurence Conty - Pr de psychologie (SPSE)
    Marine Cordier, MCF en sociologie (STAPS)
    Flore Coulouma, MCF anglais (LCE)
    Alexandre Coutté, MCF STAPS
    Yan Dalla Pria, MCF en sociologie (STAPS)
    Aurélien Dasré - MCF de démographie (SSA)
    Marielle Debos - MCF de Science Politique (DSP)
    Éva Debray, docteure en philosophie (Sophiapol)
    Julien Delord, IGE, (SRI)
    Emmanuel Dockès - Pr. de droit, (SSA)
    Claude Dorey MCF anglais, (LCE)
    Frédéric Dufaux - MCF de géographie (SSA)
    Stéphane Dufoix - Professeur de Sociologie (SSA)
    Hugo Dumoulin, doctorant en philosophie (Sophiapol)
    Mariana Echegaray doctorante en espagnol (LCE)
    Héloïse Facon, doctorante en philosophie (Sophiapol)
    Gabriel Faraud MCF Mathématiques (SEGMI)
    Sabine Fortino - MCF de sociologie (SSA)
    Anthony Fouet, doctorant sociologie (Sophiapol)
    Anne-Laure François, PRAG (LCE)
    Muriel Froment-Meurice - MCF de géographie (SSA)
    Leila Frouillou - MCF de Sociologie (SSA)
    Charles Gadéa - Pr. de Sociologie (SSA)
    Romain Gallart, doctorant en études urbaines (SSA)
    Charlotte Girard - MCF de droit (DSP)
    Antoine Giraud, doctorant en droit (DSP)
    Matthias Glenn, doctorant en sociologie (Sophiapol)
    Emilie Hache, MCF Philosophie (Sophiapol)
    Florence Johsua - MCF de Science Politique (DSP)
    Mathilde Julla-Marcy, ATER en sociologie (STAPS)
    Thierry Labica MCF anglais (LCE)
    Nathalie Lalisse-Delcourt, PRAG espagnol, (LCE)
    Christian Lazzeri PR Philosophie (Philia)
    Frédérique Leblanc - MCF de Sociologie (SITEC)
    Christophe Le Digol - MCF de science politique (DSP)
    Anne le Huérou , MCF études Russes (LCE)
    Nathalie Leroux - MCF en sociologie (STAPS)
    Luca Marsi, MCF UFR LCE
    Christophe Mileschi, Pr en études italiennes (LCE)
    Eric Millard - Pr de droit (DSP)
    Virginie Milliot, MCF en anthropologie (SSA)
    Clara Mogno, docteur en Philosophie (Sophiapol - Università degli Studi di Padova)
    Delphine Mondout, IGE, DRED
    Alexandra Oeser- MCF de Sociologie (SSA)
    Julie Pannetier - MCF de Sociologie (SSA)
    Amélie Parienté, doctorante et vacataire en sociologie (SSA)
    Jean-Jacques Petit, conservateur, La Contemporaine Sandra Pommier, administrative, UFR (LCE)
    Véronique Rauline, MCF en anglais (LCE)
    Marie Reygnier- Professeure Agrégée en allemand (LCE)
    Stéphane Rican-MCF de géographie (SSA)
    Julie Robert, IGE, DRED
    Marjolaine Roccati - MCF de droit, (DSP)
    Michaël Roy, MCF, UFR LCE
    Patricia Rrapi - MCF de droit (DSP)
    Simon Ridley, vacataire en sociologie (SSA et NCEP)
    Daria Saburova, doctorante en philosophie (Sophiapol)
    Simon Sarlin, MCF en histoire (SSA)
    Pierre Sauvêtre, MCF Sociologie (SSA)
    Maud Simonet, DR CNRS, sociologie
    Rémi Sinthon, enseignant vacataire en sociologie (SSA)
    Frédérique Sitri, MCF Sciences du langage (Phillia)
    Arnault Skornicki - MCF science politique (DSP)
    Bradley Smith, MCF en études anglophones (LCE)
    Adriano Souza de Athayde doctorant en sociologie (Sophiapol)
    Nicolas Tardits, doctorant science politique (DSP)
    Nial Tekin, doctorante (Sophiapol)
    Olivia Tersigni, doctorante en philosophie (Sophiapol)
    Simona Tersigni - MCF de Sociologie (SSA)
    Christophe Voilliot - MCF science politique (DSP)
    Zoé Vaillant - MCF géographie (SSA)
    Laurence Vanoflen MCF français (LCE)
    Margot Verdier, vacataire d’enseignement (SOPHIAPOL)
    Claire Vincent-Mory, docteure en sociologie (Sophiapol)
    Victor Violier, doctorant en science politique (ISP)
    Cécile Viollain, MCF anglais (LCE)
    Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique (DSP et SSA)
    Et aussi :
    La section FSU de l’Université Paris Nanterre
    Vincent Bruand - extérieur à l’université, conservateur de bibliothèque
    Benoit Meunier - extérieur à l’université - enseignant."

    Reçu via email, le 12.02.2019

    #frais_universitaires #France #taxes_universitaires #Mickaël #Victor

    v. aussi la métaliste :
    https://seenthis.net/messages/739889

  • Sept universités s’opposent à la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers - Libération

    https://www.liberation.fr/france/2019/01/17/sept-universites-s-opposent-a-la-hausse-des-frais-de-scolarite-pour-les-e

    Sept universités ont annoncé, cette semaine, leur refus d’augmenter les frais d’inscription pour les étrangers prévue dans le plan « Bienvenue en France ». Elles rejoignent ainsi l’Université Paris-Nanterre qui a clarifié sa position dans un communiqué datant du 12 décembre. La forte hausse annoncée à l’automne par le gouvernement a fait réagir officiellement pour l’instant les universités Clermont-Auvergne, Aix-Marseille, Toulouse Jean-Jaurès, Lyon-II, Nanterre, Rennes-II et Angers. Elles font bloc contre le coût d’une inscription en licence qui passera de 170 € par an à 2 770 € et en master (ou doctorat) de 243 € (ou 380 €) à 3 770 € pour les étudiants non communautaires (hors Union européenne). « Nous demandons un retrait de la hausse des frais d’inscription et la mise en place d’une réflexion collective sur l’accueil des étudiants étrangers », détaille à Libération Nadia Dupont, la chargée de mission formation à l’université Rennes-II. « Au-delà des questions de fond (attractivité de nos universités, accueil des étudiants), ce qui pose problème avec le plan "Bienvenue en France", c’est la méthode et le calendrier », expose Mathias Bernard, le président de l’université Clermont-Auvergne.

    #résister ! #université #macron crapule

  • Y a-t-il une guerre « dans » le corps des femmes ? Finance, territoires et violence – CONTRETEMPS
    http://www.contretemps.eu/guerre-corps-femmes-finance-territoires/#_ftnref15

    Dans la cadre de la journée d’études consacrée aux épistémologies croisées de la critique de l’économie le 30 mai dernier à l’Université Paris 7, la chercheuse argentine Veronica Gago a partagé son analyse des récentes mobilisations féministes en Amérique latine. Pour ce faire, elle propose de repenser le concept de « féminicide » dans le cadre des « nouvelles formes de guerres » entraînées par la mondialisation néolibérale.

    .../...

    Mon hypothèse est qu’aujourd’hui la guerre contre les femmes s’exprime sur quatre scènes à l’origine des féminicides, qui sont le substrat de sa production antérieure – pour paraphraser Marx, on pourrait dire de son accumulation primitive[5], et qui entretiennent entre elles une logique de connexion :

    –l’implosion de la violence dans les foyers comme effet de la crise de la figure de l’homme pourvoyeur de ressources, et de son déclassement dans le monde du travail ;

    –l’organisation de nouvelles violences dans les quartiers populaires à partir de la prolifération d’économies parallèles qui remplacent, dans une autre logique, les formes d’approvisionnement traditionnelles ;

    –la spoliation et le pillage des terres et des ressources dont dépend la vie communautaire par les sociétés transnationales, privant d’autres économies de leur autonomie matérielle ;

    –l’articulation des formes d’exploitation et d’extraction liées à la financiarisation de la vie sociale – et en particulier le dispositif de la dette, leur dénominateur commun.

    Dans ce texte, je voudrais procéder comme suit : premièrement, j’essaierai de montrer que c’est la finance qui connecte entre elles ces 4 dimensions (I) ; puis je reviendrai au problème de la « guerre » (II) ; et enfin, à notre point de départ : à quel genre de force cette offensive répond-elle ? Dans quelles économies l’autonomie des femmes peut-elle trouver une place ? Je m’intéresserai ici à l’expérience de la Grève des femmes en Argentine (III). A cette étape de notre réflexion, la guerre subira un déplacement : c’est parce qu’il y a une guerre « dans » le corps des femmes qu’il y a une guerre « contre » les femmes.

    #féminicides

  • L’uberisation, un retour au XIXème siècle ? - Entretien avec Sarah Abdelnour
    https://lvsl.fr/luberisation-retour-au-xixeme-siecle-entretien-avec-sarah-abdelnour

    Sarah Abdelnour est sociologue du travail et maîtresse de conférences au laboratoire de recherche IRISSO de l’Université Paris-Dauphine, spécialiste des transformations des formes de travail et d’emploi. Elle est entre autres l’autrice de l’ouvrage Les nouveaux prolétaires, paru en 2012.

    LVSL – En lisant vos articles, on comprend que l’auto-entrepreneuriat a pour cause et pour conséquence la destruction du modèle de l’État-Providence. Pouvez-vous nous faire une chronologie des événements et choix politiques qui nous ont fait passer d’un État-protecteur à un État-responsabilisateur ? En quoi l’Etat, en redéfinissant son périmètre d’action depuis les années 1980, a-t-il encouragé cette transformation ?

    Sarah Abdelnour – On identifie globalement un tournant, reconnu par de nombreux historiens et sociologues, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. Il s’agit d’un tournant libéral couplé à la « crise » et à l’augmentation du chômage. Si on s’intéresse au prisme spécifique de l’encouragement à la création d’entreprises, le tournant s’opère en 1976. On l’observe après trois décennies de construction du salariat et d’expansion de l’Etat-Providence, avec une rupture de tendance et le passage à une lecture beaucoup plus libérale et centrée sur la prise en charge individuelle des difficultés sociales. En 1976, sous Raymond Barre et avec Alain Madelin, est créé le premier dispositif d’aide à la création d’entreprise pour les chômeurs, l’ACCRE.

    A partir de là, cette aide intègre l’arsenal des politiques publiques d’emploi et de lutte contre le chômage. Elle devient un outil consensuel utilisé tant par la droite que par la gauche de gouvernement, sans distinction. Cette dimension consensuelle se comprend à travers la mise en place d’une rhétorique entrepreneuriale qui appartient à la famille économique et politique du libéralisme, mais aussi très souvent d’un argumentaire social qui se greffe dessus. L’argument consiste à dire que la création d’entreprises serait bénéfique aux populations qui ont du mal à accéder à l’emploi notamment du fait de faibles diplômes. Ce tournant dépasse le cas de la France et ce cadre se maintient jusqu’à aujourd’hui, en témoigne la persistance du dispositif ACCRE. 

    Une nouvelle étape est franchie dans les années 2000, avec une figure de l’entrepreneur qui devient plus populaire. Dans les années 1970, on visait plutôt les cadres ou des travailleurs qualifiés au chômage dont on estimait qu’ils avaient les ressources pour monter une entreprise, comprise comme une entreprise qui embauche des gens. Le tournant auto-entrepreneurial constitue une nouvelle étape : c’est au chômeur isolé de se prendre en main seul et de créer son propre emploi, du moins sa source de revenus pour ne pas dépendre des aides sociales. Il y a là une alternative à la logique de l’assistance. Pour arrêter de compter sur les aides, il faudrait monter son business, en partant de l’idée qu’il y a ce goût pour l’entrepreneuriat dans les classes populaires. Par extension, on assiste à un déplacement des cibles des dispositifs qui avant étaient destinées à un public plus confidentiel.

  • « Cagoule noire » sur « gilet jaune » : décryptage des violences durant les manifs
    https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/cagoule-noire-sur-gilet-jaune-decryptage-des-violences-800970.html

    La violence militante n’est pas une nouveauté : mais de quoi parle t-on exactement quand on mentionne l’ultra-droite ou l’ultra-gauche ? Qui se cache derrière et quelles sont leurs méthodes ? Par Guillaume Origoni, Université Paris Nanterre - Université Paris Lumières ; Stéphane François, École pratique des hautes études (EPHE)

    L’action violente qui n’a cessé d’émailler les manifestations des « gilets jaunes » a été au cœur de l’attention médiatique.

    Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’a pas hésité à affirmer que derrière cette mobilisation violente, en particulier celles ayant eu lieu sur les Champs Élysées, il y avait des militants de l’ultra-droite et de l’ultra-gauche.

    Les profils des personnes interpellées montrent une tout autre réalité. Cependant, la radicalisation de ces extrêmes n’est pas à minorer, celles-ci cherchant réellement à en découdre avec les forces de l’ordre. Elle est également à replacer dans un contexte historique.
    […]
    L’ultra-gauche : en place et méthodique
    […]
    Des chercheurs estiment que 200 personnes seraient en phase de pré-terrorisme, tandis qu’un militant identifié du milieu donnait récemment le chiffre de 6000 militants radicaux au sein de l’ultra-gauche. Un officier de renseignement du SDAO (service de renseignement de la gendarmerie) nous indiquait il y a peu que son service a recensé 2000 à 2500 individus « au contact » des forces de l’ordre à Notre-Dame des Landes.

    On l’aura compris, à moins que les services de renseignement restent volontairement imprécis, nul n’est en mesure aujourd’hui de quantifier l’ensemble des militants radicaux au sein de la mouvance. Ajoutons à cela qu’il nous est toujours aussi difficile de comprendre ce qui est désigné par « pré-terrorisme », « ayant une volonté subversive » ou capables d’aller « clasher les flics », toutes notions qui semblent maniées avec une grande subjectivité.

    Ces expressions regroupent donc, au-delà de l’extrême gauche, aussi bien les mouvements anarchistes voire autonomes, réunis dans cette catégorie du fait de la radicalité de leurs discours et/ou de leurs modes opératoires.
    […]
    L’ultra-droite : affaiblie mais revancharde
    […]
    Un renouveau inspiré par l’ultra-gauche mais surtout virtuel
    […]
    Ces militants sont désormais surtout actifs sur Internet, au travers de blogs ou d’interventions sur des forums. Leur activisme est resté, de ce fait, assez virtuel. Toutefois, on constate depuis deux semaines la volonté de militants d’extrême droite, notamment identitaires ou gravitant autour du Rassemblement national, d’agir au sein des gilets jaunes.

    Plusieurs articles de presse montrent leur implication avant tout dans des actions locales, voire parisiennes. De fait, l’activisme de ceux-ci sur les réseaux sociaux des gilets jaunes tend à montrer que l’extrême droite cherche à orienter la colère des gilets jaunes. Enfin, lors des manifestations parisiennes, on y a pu voir également des négationnistes et des néofascistes.

  • Jean-Claude Michéa - Une lettre à propos du mouvement
des Gilets jaunes 21 Novembre 2018 - Le Blog de Bartleby
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2018/11/22/jean-claude-michea-une-lettre-a-propos-du-mouvement-des-gilets-jaunes%e2%80%89/#more-1561
     

    Le 21 novembre 2018

    Chers Amis,

    Juste ces quelques mots très brefs et donc très lapidaires – car ici, on est un peu débordés par la préparation de l’hiver (bois à couper, plantes et arbres à pailler  etc.). Je suis évidemment d’accord avec l’ensemble de vos remarques, ainsi qu’avec la plupart des thèses de Lieux communs https://collectiflieuxcommuns.fr/?Gilets-jaunes-la-democratie-en-germe (seule la dernière phrase me paraît un peu faible en raison de son «  occidentalisme  » : il existe aussi, bien entendu, une véritable culture de l’émancipation populaire en Asie, en Afrique ou en Amérique latine !).

    Le mouvement des «  gilets jaunes  » (bel exemple, au passage, de cette inventivité populaire que j’annonçais dans Les Mystères de la gauche ) est, d’une certaine manière, l’exact contraire de «  Nuit Debout  ». Ce dernier mouvement, en simplifiant, était en effet d’abord une tentative – d’ailleurs encouragée par une grande partie de la presse bourgeoise – des «  10 %  » (autrement dit, ceux qui sont préposés – ou se préparent à l’être – à l’encadrement technique, politique et «  culturel  » du capitalisme moderne), pour désamorcer la critique radicale du Système, en dirigeant toute l’attention politique sur le seul pouvoir (certes décisif) de Wall Street et des fameux «  1 %  ». Une révolte, par conséquent, de ces urbains hypermobiles et surdiplômés (même si une fraction minoritaire de ces nouvelles classes moyennes commence à connaître, ici ou là, une certaine «  précarisation  ») et qui constituent, depuis l’ère Mitterrand, le principal vivier dans lequel se recrutent les cadres de la gauche et de l’extrême gauche libérales (et, notamment, de ses secteurs les plus ouvertement contre-révolutionnaires et antipopulaires : Regards, Politis , NP“A”, Université Paris VIII etc.). Ici, au contraire, ce sont bien ceux d’en bas (tels que les analysait Christophe Guilluy – d’ailleurs curieusement absent, jusqu’ici, de tous les talk-shows télévisés, au profit, entre autres comiques, du réformiste sous-keynésien Besancenot), qui se révoltent, avec déjà suffisamment de conscience révolutionnaire pour refuser d’avoir encore à choisir entre exploiteurs de gauche et exploiteurs de droite (c’est d’ailleurs ainsi que Podemos avait commencé en 2011, avant que les Clémentine Autain et les Benoît Hamon du cru ne réussissent à enterrer ce mouvement prometteur en le coupant progressivement de ses bases populaires).

    Quant à l’argument des «  écologistes  » de cour – ceux qui préparent cette «  transition énergétique  » qui consiste avant tout, comme Guillaume Pitron l’a bien montré dans La Guerre des métaux rares, à délocaliser la pollution des pays occidentaux dans les pays du Sud, selon lequel ce mouvement spontané ne serait porté que par «  une idéologie de la bagnole  » et par «  des gars qui fument des clopes et roulent en diesel  », il est aussi absurde qu’immonde : il est clair, en effet, que la plupart des Gilets jaunes n’éprouvent aucun plaisir à devoir prendre leur voiture pour aller travailler chaque jour à 50 km de chez eux, à aller faire leurs courses au seul centre commercial existant dans leur région et généralement situé en pleine nature à 20 km, ou encore à se rendre chez le seul médecin qui n’a pas encore pris sa retraite et dont le cabinet se trouve à 10 km de leur lieu d’habitation. (J’emprunte tous ces exemples à mon expérience landaise ! J’ai même un voisin, qui vit avec 600 € par mois et qui doit calculer le jour du mois où il peut encore aller faire ses courses à Mont-de-Marsan, sans tomber en panne, en fonction de la quantité de diesel – cette essence des pauvres – qu’il a encore les moyens de s’acheter !) Gageons qu’ils sont au contraire les premiers à avoir compris que le vrai problème, c’était justement que la mise en œuvre systématique, depuis maintenant 40 ans, du programme libéral par les successifs gouvernements de gauche et de droite, a progressivement transformé leur village ou leur quartier en désert médical, dépourvu du moindre commerce de première nécessité, et où la première entreprise encore capable de leur offrir un vague emploi mal rémunéré se trouve désormais à des dizaines de kilomètres (s’il existe des «  plans banlieues  » – et c’est tant mieux – il n’y a évidemment jamais eu rien de tel pour ces villages et ces communes – où vit pourtant la majorité de la population française – officiellement promis à l’extinction par le «  sens de l’histoire  » et la «  construction européenne  » !).

    Ce n’est donc évidemment pas la voiture en tant que telle – comme «  signe  » de leur prétendue intégration dans le monde de la consommation (ce ne sont pas des Lyonnais ou des Parisiens !) – que les Gilets jaunes défendent aujourd’hui. C’est simplement que leur voiture diesel achetée d’occasion (et que la Commission européenne essaye déjà de leur enlever en inventant sans cesse de nouvelles normes de «  contrôle technique  ») représente leur ultime possibilité de survivre, c’est-à-dire d’avoir encore un toit, un emploi et de quoi se nourrir, eux et leur famille, dans le système capitaliste tel qu’il est devenu, et tel qu’il profite de plus en plus aux gagnants de la mondialisation. Et dire que c’est d’abord cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier (et dans tous les «  Festival de Cannes  ») la bonne parole «  écologique  » et «  associative  » qui ose leur faire la leçon sur ce point ! Décidément, ceux qui ne connaissent rien d’autre que leurs pauvres palais métropolitains n’auront jamais le centième de la décence qu’on peut encore rencontrer dans les chaumières (et là encore, c’est mon expérience landaise qui parle !).

    La seule question que je me pose est donc de savoir jusqu’où un tel mouvement révolutionnaire (mouvement qui n’est pas sans rapport, dans sa naissance, son programme rassembleur et son mode de développement, avec la grande révolte du Midi de 1907) peut aller dans les tristes conditions politiques qui sont les nôtres. Car n’oublions pas qu’il a devant lui un gouvernement thatchérien de gauche (le principal conseiller de Macron est d’ailleurs Mathieu Laine – un homme d’affaires de la City de Londres et qui est, en France, le préfacier des œuvres de la sorcière Maggie), c’est-à-dire un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes (comme Maggie avec les mineurs gallois ou les grévistes de la faim irlandais) pour imposer sa «  société de croissance  » et ce pouvoir antidémocratique des juges, aujourd’hui triomphant, qui en est le corollaire obligé. Et, bien sûr, sans avoir quoi que ce soit à craindre, sur ce plan, du servile personnel médiatique français. Faut-il rappeler, en effet, qu’on compte déjà 3 morts , des centaines de blessés, dont certains dans un état très critique. Or, si ma mémoire est bonne, c’est bien à Mai 68 qu’il faut remonter pour retrouver un bilan humain comparable lors de manifestations populaires, du moins sur le sol métropolitain. Et pour autant, l’écho médiatique donné à ce fait effarant est-il, du moins pour l’instant, à la hauteur d’un tel drame ? Et qu’auraient d’ailleurs dit les chiens de garde de France Info si ce bilan (provisoire) avait été l’œuvre, par exemple, d’un Vladimir Poutine ou d’un Donald Trump ?

    Enfin, last but not the least , on ne doit surtout pas oublier que si le mouvement des Gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population), l’État benallo-macronien n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses «  antifas  » (telle la fameuse «  brigade rouge  » de la grande époque) pour le discréditer par tous les moyens, où l’orienter vers des impasses politiques suicidaires (on a déjà vu, par exemple, comment l’État macronien avait procédé pour couper en très peu de temps l’expérience zadiste de Notre-Dame-des-Landes de ses soutiens populaires originels). Mais même si ce courageux mouvement se voyait provisoirement brisé par le PMA – le Parti des médias et de l’argent (PMA pour tous, telle est, en somme, la devise de nos M. Thiers d’aujourd’hui !) ; cela voudra dire, au pire, qu’il n’est qu’une répétition générale et le début d’un long combat à venir. Car la colère de ceux d’en bas (soutenus, je dois à nouveau le marteler, par 75 % de la population – et donc logiquement stigmatisé, à ce titre, par 95 % des chiens de garde médiatiques) ne retombera plus, tout simplement parce que ceux d’en bas n’en peuvent plus et ne veulent plus. Le peuple est donc définitivement en marche ! Et à moins d’en élire un autre (selon le vœu d’Éric Fassin, cet agent d’influence particulièrement actif de la trop célèbre French American Fondation) , il n’est pas près de rentrer dans le rang. Que les Versaillais de gauche et de droite (pour reprendre la formule des proscrits de la Commune réfugiés à Londres) se le tiennent pour dit !

    Très amicalement,
JC

    #GiletsJaunes #gazoil #diesel #Jean-Claude_Michéa #Mathieu_Laine #adolf_thiers #chiens_de_garde #Nuit_Debout#podémos #gauche_kérosène #pinochet #macron #tatcher

  • Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française René Naba - /oumma.com
    https://oumma.com/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaiseune-lecture-frac
    http://www.les7duquebec.com/7-au-front/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaise

    Une lecture fractale de l’Histoire de France : Réponse à Bruno Gollnisch, Philippe Val, Philippe Douste Blazy et Nicolas Sarkozy

    La scène se passait en juin 1998, il n’y a pas si longtemps, huit ans environ à peine, un mois avant la grande communion multicolore du Mondial, la première victoire de la France bariolée dans le championnat du Monde de Football : Bruno Gollnisch, le successeur potentiel du dirigeant du Front National Jean Marie Le Pen, exhibait, au terme d’une conférence de presse, un attaché-case, dont il révélait le code secret de verrouillage comme un trophée de guerre (1).

    Le code secret par définition doit demeurer secret. Il se conserve comme une sainte relique. Pour M.Gollnisch, cela n’est évidemment pas le cas : le secret est public surtout lorsqu’il s’agit de stigmatiser, surtout lorsqu’il s’agit de glaner un succès à bon compte. Chacun a les satisfactions intellectuelles de son niveau d’éducation.

    Ménageant ses effets, il déclame en public sa combinaison magique de trois chiffres, l’égrenant lentement 7-3-2 dans un mouvement jouissif libérateur. 732. l’effet est assuré. 732, #Poitiers. La victoire controversée de #Charles_Martel sur les troupes arabes d’Abdel Rahman.

    Cela se passait donc en 1998 et #Gollnisch prenait pour référence un événement datant de 1266 ans. 1266 ans de rumination historique. Sans doute la marque manifeste du zèle d’un néophyte. 1266 ans de rumination pour ce Français de la troisième génération, comme l’on désigne en France les petits fils d’immigrés, en l’occurrence un petit fils d’immigrés allemands.


    Correspondant de guerre sur les théâtres d’opérations extérieurs du territoire métropolitain, l’exhibition impudique de Bruno Gollnisch, la passivité des #journalistes présents devant sa vaine et vaniteuse démonstration ont opéré comme un déclic en moi me propulsant dans une navigation sidérante dans le tréfonds de la conscience française, dont je souhaite vous livrer les conclusions sans appétence polémique particulière, dans le droit fil de la thématique de ce colloque « D’une rive à l’autre, Ecrire l’Histoire, Décoloniser les Esprits ».

    L’exercice ne relève ni de la démagogie, ni d’un populisme de bon aloi, de bonne guerre il est vrai, dans ce genre de démonstration. Il vise à apporter une contribution à la clarification sémantique et psychologique du débat post-colonial par le pistage des non-dits de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français.

    Ni populisme, ni démagogie, ni dénigrement non plus. Mais l’application de l’analyse de contenu à de constats qui s’ils sont lapidaires ne sont nullement sommaires ni rudimentaires.

    Une thérapie par électrochocs en somme. Un voyage révélateur des présupposés d’un peuple, des ressorts psychologiques d’une nation et de la complexion mentale de ses dirigeants.

    Embarquons nous donc pour ce voyage de #déconstruction des mythes fondateurs de la #grandeur_française avec un grand merci pour Bruno Gollnisch d’en avoir été, involontairement, l’élément déclencheur.
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    Le Panache français ou le mythe de la grandeur
    Le propos n’est pas anodin. Il correspond à une réalité indéniable : la dernière grande victoire militaire française remonte à deux siècles. Oui deux siècles exactement. #Austerlitz. Certes il y eut #Valmy et le Pont d’Arcole. Puis Austerlitz. Le panache français en somme. Puis. Plus rien….drôle de panache. Ce fut ensuite Waterloo (1815), face aux Anglais, Sedan (1870), face aux Allemands, Fachoda (1898), qui brisa net l’accès de la France aux sources du Nil, au Soudan. Soit près d‘un siècle de désastres militaires ininterrompus, compensés, il est vrai, par les conquêtes coloniales notamment l’#Algérie. A croire que les expéditions coloniales sont d’utiles palliatifs aux désastres nationaux et par transposition au débat contemporain, les immigrés d’indispensables dérivatifs aux difficultés internes.

    #VERDUN 1916 et Rethondes I (l’armistice du 11 novembre 1918), cent ans après Waterloo refermeront la parenthèse néfaste. Mais là, les Français ne sont pas seuls. Ils ne peuvent plus revendiquer la victoire à leur bénéfice exclusif. C’est une « victoire alliée » qu’ils devront partager avec leurs alliés britanniques et américains mais aussi avec les nouveaux venus de la scène internationale : les #Basanés. 550.449 soldats de l’Outre mer dont 173.000 Algériens, soit 20 pour cent des effectifs et 10 pour cent de la population du pays participeront à l’effort de guerre de la France. 78.116 #ultramarins tomberont sur le champ d’honneur, soit l’équivalent de la totalité de la population de #Vitrolles et d’#Orange prises ensemble, les deux fiefs de l‘extrême droite française contemporaine.

    La pensée peut paraître sacrilège mais elle correspond, là aussi, à la réalité : Verdun est à ce titre autant une victoire française qu’une victoire arabe et africaine. Certes la « chair à canon » était présentée comme étant de peu de valeur face à la qualité des stratèges du Haut commandement. Mais le fait est là aussi démontré : Après Verdun beaucoup avaient cru naïvement que la France s’était réconciliée avec la victoire. Et bien non. 1940 et #Rethondes Bis (la capitulation de #Montoire du 21 juin 1940) apporteront la preuve du contraire. #Monte_Cassino (1944) lavera l’honneur français mais la plus grande victoire française de la Deuxième Guerre mondiale est une victoire mixte : Cent mille (100.000) soldats alliés, contre 60.000 Allemands, ainsi que 4000 ressortissants du #Maghreb auront payé de leur vie cette victoire. 4.000 originaires du Maghreb sur 6.300 tués dans les rangs français, soit les 2/3 des effectifs. Monte Cassino est donc tout autant une victoire alliée, qu’une victoire française, arabe et africaine.

    Le schéma est identique en ce qui concerne le domaine naval. Le dernier fait d’armes français -controversé tout de même- remonte à #Aboukir (1799). Puis ce fut au tour de Trafalgar (1805), Toulon (1942), le Charles de Gaulle et son hélice manquante durant la guerre d’Afghanistan (2001), la première guerre du XXI me siècle, enfin les pérégrinations de l’ancien joyau de la flotte française, le Clemenceau, en 2005. On aurait rêvé meilleur traitement à De Gaulle et à Clemenceau, tout de même deux personnages considérables de l’Histoire de France.

    Victorieuse avec ses anciens colonisés, la France retrouvera le chemin de la défaite lorsqu’elle se dressera contre eux. Carbonisée à #Dien_Bien_Phu (1954) contre le Vietnam, première victoire d’un pays du tiers monde sur un pays occidental, ainsi qu’en Algérie (1954-1962).
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    Le tryptique républicain (#Liberté, #Egalité, #Fraternité), le mythe fondateur de l’exception française.
    A) La liberté : 
La Colonisation est la négation de la Liberté. La #Colonisation n’est pas, loin s’en faut, « la mise en valeur des richesses d’un pays transformé en #colonie » selon la plus récente définition du dictionnaire « Le Petit Robert » Edition -2007

    La liberté et La colonisation sont proprement antinomiques. Car la colonisation est l’exploitation d’un pays, la spoliation de ses richesses, l’asservissement de sa population au bénéfice d’une #Métropole dont elle est, en fait, un marché captif, le réservoir de ses matières premières et le déversoir de son surplus démographique, de sa main d’œuvre et de sa surpopulation, le volant régulateur du chômage et de l’inflation dans les sociétés occidentales.

    Contraire aux idéaux de Liberté, d’Egalité et de fraternité, les principes fondateurs de la Révolution Française, la colonisation est le fossoyeur de l’#idéal_républicain. Elle l’aura été quand bien même d’illustres figures françaises, telles Léon Blum, la conscience morale du socialisme, auront voulu – déjà- en célébrer les bienfaits comme un devoir de faire accéder à la civilisation les peuples primitifs (2).

    Par transposition au débat contemporain, la rhétorique de #Léon_Blum est comparable à celle de la nouvelle conscience de la nouvelle gauche française, le philosophe #André_Glucksman, présentant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 comme une contribution occidentale à l’instauration de la démocratie en terre arabe et non comme la mainmise américaine sur les gisements pétroliers de ce pays. « Le fardeau de l’homme blanc », théorisé par l’anglais Kipling, est un alibi commode, le thème récurrent à toutes les équipées prédatrices du monde occidental.
    B ) L’Egalité : 
L’exception française est une singularité : Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France sera aussi le premier pays à inaugurer la #piraterie_aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.

    La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française : En effet, ce pays jacobin, égalisateur et égalitaire se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le « #gobino-darwinisme juridique », à avoir codifié en Droit « la théorie de l’inégalité des #races », une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la #ségrégation.

    La « Patrie des Droits de L’Homme » et des compilations juridiques modernes -le code civil et le code pénal- est aussi le pays de la codification discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination : le pays du« #Code_Noir » de l’esclavage, sous la Monarchie, du « Code de l’#indigénat » en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les « expositions ethnologiques », ces « #zoos_humains » (3) dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des « peuples de couleur », et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche comme si le blanc n’était pas une couleur, même si elle est immaculée, ce qui est loin d’être le cas.

    Un chiffre suffit à démontrer l’inanité de ce principe d’égalité : Trois membres du dernier gouvernement de l’ère chiraquienne présidé par Dominique De #Villepin (2005) ont été affectés à la mise en œuvre de ce principe dans ses diverses déclinaisons : la cohésion sociale (Jean Louis Borloo), la promotion de l’égalité des chances entre Français de souche et Français naturalisés (Azouz Begag) enfin la parité Hommes-femmes (Catherine Vautrin).

    Ce principe d’égalité est pourtant l’un des principes fondateurs de la République, entériné comme bien commun de la nation depuis deux siècles. Que n’a-t-on songé à le mettre en œuvre auparavant ? A croire que la laïcité ce concept unique au monde ne s’est forgé que pour servir de cache-misère à un #chauvinisme récurrent de la société française.

    Les hochets offerts épisodiquement non aux plus méritants mais aux plus dociles, en guise de lot de consolation, loin d’atténuer cette politique discriminatoire, en soulignent la parfaite contradiction avec le message universaliste de la France. Ils l’exposent à de douloureux retours de bâtons.

    C) Fraternité : Le #Bougnoule, la marque de stigmatisation absolue, le symbole de l’ingratitude absolue.
    La fraternisation sur les champs de bataille a bien eu lieu mais la fraternité jamais. Jamais pays au monde n’a autant été redevable de sa liberté aux peuples basanés et pourtant jamais pays au monde n’a autant compulsivement réprimé ses alliés coloniaux, dont il a été lourdement redevable de sa survie en tant que grande nation. De Fraternité point, mais en guise de substitut, la stigmatisation, la #discrimination et la #répression à profusion.

    Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à #Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de #Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à #Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

    ((A noter qu’en Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population #Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -#Canada, #Australie, #Nouvelle Zélande, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’#Inde et du #Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (#Indochine, Algérie).

    « Bougnoule » tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante-mortem.
    La revendication ultime préludant au sacrifice suprême -« Aboul Gnoul, apporte l’#alcool »- le breuvage galvanisateur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

    Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique : « Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux #Nord-Africains. Synonyme de #bicot et de #raton » (4). Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les « mélanodermes », #arabo-berbères et #négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par « #ratonnade » une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

    Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse, d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral…….Une revanche posthume du bougnoule, en quelque sorte.
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    La France du triptyque républicain : une vision ethniciste face au phénomène exogène.
    L’affirmation peut paraître péremptoire, n’y voyons aucune malice, mais correspond néanmoins à la réalité historique : Le clivage communautaire a préexisté en France dans l’esprit des autorités et des citoyens du pays d’accueil bien avant qu’il ne prenne corps dans l’esprit des migrants.

    Par transposition du schéma colonial à l’espace métropolitain, l’immigré en France a longtemps été perçu comme un indigène, ce qui faisait paradoxalement de l’immigré, l’indigène de celui qui est étymologiquement l’indigène (5), une main-d’oeuvre relevant de la #domesticité de convenance, dont l’expatriation assurait sa subsistance et l’obligeait par voie de conséquence à un devoir de gratitude envers le pays hôte.

    D’extraction modeste, affecté à des taches subalternes et pénibles de surcroît non valorisantes, l’immigré, parqué en marge des villes, était par définition et par destination un être en marge de la société, un élément #marginal et non une composante de la société française. Il n’avait de ce fait ni droit de cité, ni droit de regard, ni a fortiori droit de parole.

    L’immigré a été d’autant plus occulté qu’il deviendra durant les années 1950-1970 responsable de tous les maux diplomatiques et économiques français : du désastre de Dien Bien Phu, en 1954, à la Guerre d’Algérie, à l’expédition franco-britannique de Suez contre le symbole du nationalisme arabe Nasser, en 1956, à l’affrontement de Bizerte et la décolonisation de l’Afrique, en 1960, à la 3ème guerre israélo-arabe de juin 1967, à la première crise pétrolière, en 1973, autant d’événements qui ont fini par diaboliser l’immigré notamment “#arabo-musulman” dans le regard du français.

    Dans le domaine de l’imaginaire et le champ de la production intellectuelle, l’arabe représentait alors par compensation “le mal absolu” identifié dans le langage courant par cette rodomontade musculatoire : “le bougnoule à qui l’on doit faire suer le burnous”.

    Par un faux effet d’optique, la France se donnera l’illusion de venger ses avatars d’Algérie et, par un philosémitisme actif, l’illusion de sa rédemption, substituant une arabophobie à une judéophobie, en somme une injustice à une autre injustice, feignant par là même d’ignorer que l’injustice ne se combat pas par une autre #injustice.

    Symptomatique de cet état de fait, le #harki, celui-là même qui dans le schéma mental français devait représenter le bon arabe ou le bon immigré puisqu’il s’était rangé de son côté, c’est à dire du bon côté, sera gommé de la conscience nationale et dissimulé dans les recoins arides du pays, dans une démarche symbolique destinée à refouler ce « déchet du colonialisme » dans le tréfonds de la conscience.

    La crispation identitaire française remonte, en fait, sur le plan national, aux premières vagues d’immigration de l’ensemble arabo-musulman, principalement du Maghreb, le ponant du monde arabe, plus précisément à la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Avec 1,4 millions de morts, 900 000 invalides, la France déplorera la perte de 11 pour cent de sa population active du fait du premier conflit mondial, à laquelle il conviendrait d’ajouter les dégâts économiques : 4,2 millions d’hectares ravagés, 295 000 maisons détruites, 500 000 endommagés, 4.800 km de voies ferrées et 58.000 km de routes à restaurer et 22 900 usines à reconstruire et 330 millions de m3 de tranchées à combler.

    Les premiers travailleurs immigrés, des #Kabyles, arriveront en France dès 1904 par petits groupes, mais la Première Guerre Mondiale provoquera un effet d’accélérateur entraînant un recours massif aux « travailleurs coloniaux » auxquels se superposeront les renforts des champs de bataille comptabilisés sous une autre rubrique.

    L’indigène lointain cède la place à l’immigré de proximité. De curiosité exotique que l’on exhibe dans les zoos humains pour glorifier l’action coloniale française, le mélanoderme deviendra progressivement une donnée permanente du paysage humain de la vie quotidienne métropolitaine, sa présence vécue comme une contrainte, exacerbée par la différenciation des modes de vie entre immigrés et métropolitains, les fluctuations économiques et les incertitudes politiques du pays d’accueil

    Paradoxalement, dans la période de l’entre-deux guerres (1918-1938), la France va favoriser la mise en place d’une « République Xénophobe » (6), matrice de l’idéologie vichyste et de la « préférence nationale », alors que son besoin en main d’oeuvre est criant. Bien que contribuant à sortir la France de son champ de ruine, les travailleurs immigrés seront tenus en suspicion, pistés au sein d’un grand « fichier central ».

    Soumis pour l’obtention de la carte de séjour à une taxation équivalant parfois à un demi mois de salaire, source de revenus complémentaire pour l’Etat français, ils seront de surcroît perçus comme porteurs d’un triple péril : péril économique pour leurs concurrents français, péril sanitaire pour la population française dans la mesure où l’étranger particulièrement les Asiatiques, les Africains et les Maghrébins étaient présumés porteurs de maladies, péril sécuritaire pour l’Etat français.

    Près de deux cent mille « #travailleurs_coloniaux » (200 000) seront ainsi importés d’Afrique du Nord et du continent noir par de véritables corporations négrières, telle la « Société générale de l’immigration » (#SGI), afin de pallier la main d’oeuvre française principalement dans le bâtiment et l’industrie textile en remplacement des soldats français partis au front. Dans la cohorte de travailleurs immigrés, venus d’abord principalement d’Italie et de Pologne, les Maghrébins feront l’objet d’une attention spéciale de la part des pouvoirs publics.

    Un « Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains chargé de la répression des crimes et des délits » est constitué le 31 mars 1925. Un bureau spécial rien que pour les Maghrébins, précurseur du « service des #questions_juives » que le pouvoir vichyste mettra en place en 1940 pour la surveillance des nationaux français de « race ou de confession juive » durant la Seconde Guerre mondiale.
    ((NDLR Citation de l’article de la juriste Danièle Lochak « La race, une catégorie juridique ? »
    (http://www.anti-rev.org/textes/Lochak92a ) :
    « la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs dispose : “Est regardé comme juif pour l’application de la présente loi toute personne issue de trois grands parents de race juive ou de deux grands parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif”. Cette définition, qui laisse en suspens la question de savoir comment sera déterminée l’appartenance des grands-parents à la race juive, sera remplacée, dans la loi du 2 juin 1941, par une définition plus explicite : “Est regardé comme juif :

    1° celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d’au moins trois grands-parents de #race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ;

    2° celui ou celle qui appartient à la religion juive et qui est issu de deux grands-parents de race juive”. »

    L’intitulé de l’office en dit long quant à l’opinion du gouvernement français et de ses intention à l’égard des « indigènes » d’Afrique du Nord. Le phénomène ira en s’amplifiant avec la Deuxième Guerre Mondiale et les trente glorieuses années de l’après-guerre (1945-1975) qui suivirent la reconstruction de l’Europe, où le besoin de « chairs à canon » et d’une main d’oeuvre abondante à bas prix provoqueront un nouveau flux migratoire égal en importance au précédent.

    Luxe de raffinement, le recrutement s’opérait selon des critères d’affinités géographiques au point de constituer de véritables couples migratoires en particulier entre Renault et l’embauche kabyle, charbonnages de France et les travailleurs du sud marocain, de même qu’en Allemagne, Wolkswagen et les immigrés turcs.

    A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, les travailleurs coloniaux faisaient même l’objet d’une #notation en fonction de leur nationalité et de leur race (7) avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance notamment au sein des Algériens où les Kabyles bénéficiaient d’un préjugé plus favorable que les autres composantes de la population algérienne. Le Kabyle était invariablement noté 5/20, l’arabe 4/20 et l’Indochinois 3/20. Ho Chi Minh témoin de cette humiliante notation ethnique lors de son séjour parisien, se vengera trente ans plus tard en infligeant à son ancien maître l’une des plus humiliantes défaites militaires du monde occidental, la défaite de Dien Bien Phu en 1954.

    Muettes, les blessures de l’histoire ne cicatrisent jamais.
    La France s’affiche volontiers révolutionnaire mais se révèle, en fait, profondément conservatrice. La France du triptyque républicain a eu un comportement liberticide avec la colonisation, ethniciste dans sa politique migratoire, un comportement sociocide dans sa structuration socio-culturelle et démographique.
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    Le mythe de la politique arabe de la France
    Philipe Val, le directeur conformiste de l’hebdomadaire faussement anarchiste Charlie Hebdo, impute la collaboration vichyste anti-juive à « la politique arabe de la France ». Ce mémorialiste des temps modernes qui se vit en rival contemporain du cardinal de RETZ, s’imagine, par ce raccourci non pas audacieux mais hasardeux, exonérer la France de l’#antisémitisme récurrent de la société française.

    Sauf à prêter aux Arabes une capacité d’anticipation d’une hardiesse rare confinant à un machiavélisme suprême, en vue de soudoyer l’Etat-Major français pour le conduire à faire condamner pour « haute trahison » un officier français de confession juive, le Capitaine Alfred Dreyfus, ou encore à gangrener le haut commandement politico-militaire français en vue de savourer le désastre de 1940, l’antisémitisme en France a préexisté à la présence arabe et musulmane en France.

    Le plus grand déferlement d’Arabes et de Musulmans en France est survenu à l’occasion de la Deuxième Guerre Mondiale, non pour l’appât du gain -« pour manger le pain des Français »-, mais bien pour libérer avec d’autres le pays du joug nazi, pour aider à la défense d’un pays que ses habitants n’ont pas su, pas pu ou pas voulu défendre… C’est-à-dire près de cinquante ans après l’affaire Dreyfus et dans la foulée de la capitulation de Montoire.

    Et, que je sache, le « Bureau des affaires juives », a eu pour précurseur immédiat « le Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains » dont la création, en 1925, n’a pas suscité la moindre protestation des Français sans doute trop occupés à l’époque à magnifier leur supériorité dans l’admiration des « zoos humains »

    La thèse de Philipe Val ne résiste pas à une analyse un tant soit peu sérieuse. Mais qui a jamais soutenu que Philippe Val était un analyste ? Sérieux de surcroît ? Elle participe néanmoins d’une falsification de l’Histoire, d’un sournois travail de révisionnisme anti-arabe.

    Une politique se juge sur la durée. A l’épreuve des faits, la politique arabe de la France, dogme sacré s’il en est, se révèle être, par moments, une vaste mystification, un argument de vente du complexe militaro-industriel français. Qu’on en juge. L’histoire en est témoin.

    La contribution des Arabes à l’effort de guerre français en 1914-1918 pour la reconquête de l’Alsace-Lorraine a été franche et massive. Sans contrepartie. La France, en retour, vingt ans après cette contribution, a témoigné de sa gratitude à sa façon…… en amputant la #Syrie du district d’Alexandrette (1939) pour le céder à la Turquie, son ennemi de la Première guerre mondiale.

    Dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, la France, récidiviste, carbonisera la première manifestation autonomiste des Algériens, à Sétif, le jour même de la victoire alliée, le 9 mai 1945, une répression qui apparaîtra rétrospectivement comme une aberration de l’esprit sans doute unique dans l’histoire du monde, dont les effets se font encore sentir de nos jours.

    Dix ans plus tard, en 1956, de concert avec Israël et la Grande Bretagne, la France se livre à une « expédition punitive » contre le chef de file du nationalisme arabe, Nasser, coupable d’avoir voulu récupérer son unique richesse nationale « le Canal de Suez ». Curieux attelage que cette « équipée de Suez » entre les rescapés du génocide hitlérien (les Israéliens) et l’un de leur ancien bourreau, la France, qui fut sous Vichy l’anti-chambre des camps de la mort.

    Curieux attelage pour quel combat ? Contre qui ? Des Arabes, ceux-là mêmes qui furent abondamment sollicités durant la deuxième guerre mondiale pour vaincre le régime nazi, c’est-à-dire l’occupant des Français et le bourreau des Israéliens. A moins qu’il ne s’agisse d’une forme élaborée de l’exception française, on aurait rêvé meilleure expression de la gratitude.

    Très concrètement, la politique arabe de la France a consisté, historiquement, en une opération de restauration de la souveraineté nationale dans les centres de décision du pouvoir politique français, après la guerre de juin 1967, par la rupture de la relation fusionnelle qui existait qui, au mépris de l’intérêt national, entre services français et israéliens.

    Bon nombre d’entre vous se rappellent peut-être le chef de la mission d’achat militaire israélienne en France disposait, à l’époque, non pas à l’ambassade israélienne, mais au sein même du ministère français des armées, d’un bureau jouxtant celui du directeur de cabinet du ministre, une proximité sans précédent même dans les pays colonisés.

    Bon nombre d’entre vous gardent peut être présent à l’esprit l’implication des services israéliens et français dans l’enlèvement du chef charismatique de l’opposition marocaine #Mehdi_Ben_Barka, en 1965, en plein jour, en plein Paris, ou encore le vol des cinq vedettes de Cherbourg par les Israéliens (Décembre 1969), la plus concrète manifestation sinon de la connivence du moins de la passivité des services français à l’égard des coups de main israéliens.

    L’ouverture de la France vers les pays arabes, en 1967, au terme d’une rupture de onze ans consécutive à l’expédition de Suez, lui a valu un regain de prestige après deux décennies de déboires militaires en Indochine et en Algérie, la conquête des marchés pétroliers, notamment l’#Irak, l’ancienne chasse gardée des Anglais, la percée majeure de la diplomatie gaulliste de la seconde moitié du XXme siècle, ainsi que de fabuleux contrats militaires de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars, notamment avec l’Irak, la Libye et l’Arabie saoudite,

    L’illustration patente de la disparité de traitement entre Français et Arabes est la première crise de l’#énergie en 1973. A cette date, la France est officiellement le partenaire privilégié du Monde arabe, officiellement épargnée par le boycottage pétrolier anti-occidental, le principal bénéficiaire du boom pétrolier, le principal bénéficiaire des contrats pétro-monarchiques, mais les Français se cramponnent à une xénophobie lancinante, crispés sur un comportement guidé par une psychorigidité nourrie d’une nostalgie de grandeur.

    Tout le monde garde présent à l’esprit les traits d’humour d’une époque où les Français exultaient de compenser leur absence de ressources naturelles par une prétendue supériorité intellectuelle, affichant leur fierté de ne “pas avoir de pétrole mais des idées”, formule qui peut se décrypter de la façon suivante : “pas d’essence, mais la quintessence de l’esprit”, humour que sous-tendait une #arabophobie ambiante dans une période où les arabo-musulmans étaient cloués au pilori pour avoir osé frigorifier les Français avec leur crise de l’énergie.

    Le renchérissement du coût du pétrole était vécu comme un crime de lèse-majesté, alors qu’il s’agissait d’un problème de rajustement des prix du brut, longtemps outrageusement favorables aux économies occidentales.

    La contradiction entre l’ouverture pan-arabe de la diplomatie française et la crispation identitaire de l’opinion française posait déjà à l’époque le problème de la mise en cohérence de la politique française à l’égard du fait arabo-musulman.

    L’universalisme français a pratiqué à destination du monde arabo-musulman une « politique des minorités », contraire à ses principes fondateurs, institutionnalisant et instrumentalisant le confessionalisme et le communautarisme, se servant des Maronites (au Levant) et des Kabyles (au Ponant) comme levier à une re-christianisation de la rive méridionale de la Méditerranée, interdisant aux Algériens sur le sol même de leur patrie, l’usage de leur langue nationale, infligeant à ce pays un dégât plus important que les ravages de 130 ans de la colonisation, le dommage de l’esprit,— l’acculturation—, dont les effets corrosifs et pernicieux se font encore sentir de nos jours et qui expliquent pour une large part les crises cycliques entre les deux pays.

    La politique arabe de la France c’est cela aussi. Muettes et douloureuses, les blessures de la mémoire ne cicatrisent jamais.
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    La France : Aimez- là ou quittez-là ou le mythe de l’excellence française
    Ce mot d’ordre n’a même pas le mérite de l’originalité. IL a été emprunté à #Ronald_Reagan, le président Rambo des Etats-Unis de la décennie 1980 (1980-1988) qui entendait par cette formule neutraliser les critiques contre l’aventurisme américain dans la période post Vietnam (1975-1980).

    Empruntée à Reagan en vue de son application électoraliste en France par le dirigeant de la droite traditionaliste #Philippe_de_Villiers, reprise et amplifiée par…#Nicolas_Sarkozy, ce « Français de la deuxième génération » selon la dénomination en vigueur en France pour les citoyens originaires du tiers monde.

    Le clonage de l’Amérique n’est pas la marque de l’originalité.

    Les basanés de France sont là et bien là. Durablement ancrés dans le paysage politique et social français. Eux dont « le rôle positif » n’a jamais été célébré avec solennité, sinon que d’une manière, incidente quand il n’a pas été plus simplement nié ou controversé.

    En France, non pas leur pays d’accueil, mais leur pays d’élection.

    Déterminés à défendre la haute idée que la France veut donner d’elle-même au Monde.

    A combattre tous ceux qui fragilisent l’économie par une gestion hasardeuse, tous ceux qui discréditent la politique par une connivence sulfureuse,

    Tous ceux qui polluent l’image de la France, à coups d’emplois fictifs et de responsabilité fictive, de rétro-commissions et de frais de bouche, de délits d’initiés et d’abus de biens sociaux

    Ces messieurs des frégates de Taiwan et de Clearstream,
    Du Crédit Lyonnais et de la Compagnie Générale des Eaux,
    D’Elf Aquitaine et d’EADS,
    D’Executive Life et de Pechiney American-Can
    Des marchés d’Ile de France et de HLM de Paris, de la MNEF et d’Urba-Gracco,
    Ceux qui dévalorisent leur justice à coups d’affaires d’#Outreaux, d’écoutes téléphoniques illégales, de tri sélectif et de « #charters de la honte »
    Qui dévalorisent leurs nationaux à coups de bougnoule et de ratonnades, de racaille et de Karcher.

    Contre la « France d’en bas » qui gouverne le pays, la France des basses manoeuvres et des bas calculs, des « zones de non droit et de passe-droits », des nominations de complaisance et des appartements de fonction, la France qui refuse de donner un coup de pouce au SMIC, qui « cristallise », c’est-à-dire, fige à sa portion congrue, les retraites des anciens combattants « basanés » de l’armée française, mais qui relève de 70 pour cent le salaires des ministres nantis, qui gorge de « stock options et de parachutes dorés » les gérants en déconfiture, tels ceux de Vinci et de Carrefour, qui recycle la forfaiture dans l’honorabilité, propulsant au Conseil d’Etat, le temple de la vertu républicaine, en guise de rétribution pour services rendus dans la diversion de la justice, tel ministre de la justice, passé dans l’histoire comme le plus célèbre intercepteur d’hélicoptères des annales judiciaires internationales.

    En un mot contre cette posture du mépris et de l’irresponsabilité la singulière théorie du fusible à la française » qui exonère le responsable de toute responsabilité par une sorte de privilège anti-démocratique tirant sa justification dans une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française.

    Contre la criminalisation du politique, cet état de fait symptomatique de la France contemporaine illustré particulièrement par la présidence Chirac, dont la double mandature (1995-2000), douze ans, aura été polluée par de retentissants scandales politico-financiers en rapport avec l’argent illicite, sans pour autant que soit discrédité le chef de l’état français -le parangon de la « fracture sociale », de « l’état modeste » et d’un « siècle de l’Ethique », réélu en dépit des dérives autoritaro-mercantiles de son magistère.

    Le président Chirac précisément et non son prédécesseur François Mitterrand, en application de l’aveu d’un spécialiste du brigandage politique, Jean Montaldo, un chiraquien désabusé qui soutient, paroles d’expert, que « de Mitterrand à Chirac nous sommes passés du stade artisanal au stade industriel », dans le domaine de la corruption (8).

    N’y voyez aucune interférence électoraliste ou partisane : L’histoire d’aujourd’hui est la mémoire de demain et il importe d’être vigoureux dans la dénonciation des dérives contemporaines pour prévenir de douloureuses réminiscences de la mémoire future.

    « Le casier judiciaire de la République » présente ainsi l’édifiant bilan suivant : Neuf cent (900) élus mis en examen soit pour #délinquance financière, soit pour atteintes aux biens et aux personnes y compris les crimes sexuels. Ce bilan porte sur la décennie 1990-2000. Gageons que le bilan de la présente décennie est en passe d’être identique.

    La « #tolérance_zéro » à l’égard de la criminalité en col blanc se devrait d’être pourtant un impératif catégorique de l’ordre républicain en vertu du principe de l’exemplarité de l’Etat.

    La capitulation de Sedan face à l’Allemagne en 1870-71 a donné naissance à la III me République, la capitulation de Montoire (9) face à Hitler en 1940 à la IV me République (1946), celle de Dien Bien Phu et d’Algérie en 1955, à la V me République (1958), avec leurs cortèges de grandes institutions : Sedan à la création de « sciences po », l’Institut des Etudes Politiques de Paris et Montoire à la fondation de l’ENA, l’Ecole Nationale d’Administration (1945). Le pays des « Grandes Ecoles », des concours pépinières des élites, des scribes et des clercs, -cinq millions de fonctionnaires en France en l’an 2.000, le plus fort contingent de l’Union européenne, soit 20 pour cent de la population active- ne tolère pas de retour sur son passé. Il ne conçoit que les perspectives d’avenir. Jamais de rétrospectives, ni d’introspection. toujours des prospectives. Une fuite en avant ?

    Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat s’impose tant sur la contribution des « peuples basanés » à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil, en guise de mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école ?- la correspondance entre l’amnésie sur les « crimes de bureau » de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XX me siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.

    Cette dérive a été sanctionnée d’ailleurs lors de la première consultation populaire à l’échelon national du XXI me siècle. « Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France », selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la présidentielle de 2002 qui avait mis aux prises un « superfacho » et un « supermenteur », -selon la formule en vigueur à l’époque-, révélera aux Français et au Monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé par les élites depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale (1945), au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation #postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane. Cinq siècles de colonisation intensive à travers le monde auraient dû pourtant banaliser la présence des « basanés » sur le sol français, de même que treize siècles de présence continue matérialisée par cinq vagues d’émigration conférer à l’Islam

    le statut de religion autochtone en France où le débat, depuis un demi siècle, porte sur la compatibilité de l’#Islam et de la République, comme pour conjurer l’idée d’une agrégation inéluctable aux peuples de France de ce groupement ethnico-identitaire, le premier d’une telle importance sédimenté hors de la sphère européo-centriste et judéo-chrétienne.

    Premier pays européen par l’importance de sa communauté musulmane, la France est aussi, proportionnellement à sa superficie et à sa population, le plus important foyer musulman du monde occidental. Elle compte davantage de musulmans que pas moins de huit pays membres de la Ligue arabe (Liban, Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Palestine, Iles Comores et Djibouti). Elle pourrait, à ce titre, justifier d’une adhésion à l’Organisation de la #Conférence_Islamique (OCI), le forum politique panislamique regroupant cinquante deux Etats de divers continents ou à tout le moins disposer d’un siège d’observateur.

    L’intégration présuppose une conjonction d’apports et non une amputation de la matrice identitaire de base. La troisième génération issue de l’immigration est certes extrêmement sensible à son environnement international comme en témoignent les flambées de violence à caractère confessionnel en rapport avec l’intifada palestinienne, la guerre du Golfe (1990-91) ou encore la guerre d’Afghanistan (2001-2002), la guerre d’Irak et la guerre du Liban (2006).

    Elle n’en demeure pas moins porteuse d’une dynamique interculturelle en raison de ses origines, de son profil culturel et de ses croyances religieuses.
    Facteur d’intermédiation socioculturelle, les bougnoules des temps anciens, #sauvageons des temps modernes, paraissent devoir tenir leur revanche dans leur vocation à devenir de véritables « passeurs de la #Francophonie », l’avant-garde de « l’arabofrancophonie culturelle » (10) que la France s’ingénie tant à mettre sur pied afin de faire pièce à l’hégémonie anglo-américaine et de favoriser le dialogue des cultures par le dépassement de son passé colonial.

    A l’entame du IIIème millénaire, la « patrie de la mémoire courte » souffre d’évidence d’un blocage culturel et psychologique marqué par l’absence de fluidité sociale. Reflet d’une grave crise d’identité, ce blocage est, paradoxalement, en contradiction avec la configuration pluriethnique de la population française, en contradiction avec l’apport culturel de l’immigration, en contradiction avec les besoins démographiques de la France, en contradiction enfin avec l’ambition de la France de faire de la Francophonie, l’élément fédérateur d’une constellation pluriculturelle ayant vocation à faire contrepoids à l’hégémonie planétaire anglo-saxonne, le gage de son influence future dans le monde.
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    Conclusion
    Cinq ans après la bourrasque lepéniste aux présidentielles françaises de 2002, alors que la France s’apprête, en 2007, à se choisir un nouveau président, il m’a paru salutaire de pointer les incohérences françaises. De démystifier le discours politique officiel, et, au delà du clivage droite-gauche de la classe politique française, de recentrer le débat sur le fait migratoire en mettant l’imaginaire français à l’épreuve des faits historiques et de la réalité quotidienne nationale en vue d’apporter ma contribution à la mutation post-coloniale de la France.

    L’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est antinomique d’une culture de l’#impunité et de l’#amnésie, une culture érigée en un #dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.

    Mes remerciements renouvelés vont donc en premier lieu à Bruno Gollnisch, Philippe Val, le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste Blazy, initiateur, en tant que député de Toulouse, du projet de loi controversé sur le « rôle positif » de la colonisation, ainsi que naturellement à Nicolas Sarkozy, pour leur inestimable contribution à la remise en ordre de ma formation universitaire, un exercice qui m’a permis de prendre conscience du « rôle positif » de la colonisation….. des Colonies par rapport à la Métropole et des colonisés à l’égard de leurs colonisateurs-oppresseurs.

    Merci aussi aux organisateurs de ce colloque qui m’ont donné la possibilité devant un auditoire savant, patient ( et indulgent à mon égard ), de procéder à une « déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française », pour le plus grand bénéfice du débat public contradictoire et de la recherche universitaire.

    Notes
    1) Contribution de l’auteur au colloque de SEPTEMES-LES-VALLONS 6- 7 OCTOBRE 2006, organisé par Festival TransMediterranée (fmed@wanadoo.fr) sur le thème « D’UNE RIVE A L’AUTRE, ECRIRE L’HISTOIRE, DECOLONISER LES MEMOIRES »
    2 Léon Blum invoquera son « trop d’amour » pour son pays « pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française ». « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture », écrira-t-il dans le journal « Le Populaire » en date du 17 juillet 1925) cf « Quand Tocqueville légitimait les boucheries » par Olivier le Cour Grandmaison et « une histoire coloniale refoulée » par Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Nicolas Bancel- Dossier général sous le thème « Les impasses du débat sur la torture en Algérie »-Le Monde Diplomatique juin 2001. Alexis de Tocqueville légitimera les boucheries considérant « le fait de s’emparer des hommes sans armes, des femmes et des enfants, comme des nécessités fâcheuses auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ». De son côté, Jules Ferry soutiendra dans un discours au Palais Bourbon le 29 juillet 1895 qu’ « il y a pour les races supérieures un droit par ce qu’il y a un devoir pour elle. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
    3) « Zoos humains, de la Vénus Hottentote aux Reality Show » Ed. La Découverte Mars 2002, ouvrage réalisé sous la direction d’un collectif d’historiens et d’anthropologues membres de l’Association connaissance de l’Afrique contemporaine (Achac-Paris),Nicolas Bancel (historien, Université Paris XI), Pascal Blanchard (historien, chercheur CNRS), Gilles Boetsch (anthropologue, Directeur de recherche au CNRS), Eric Deroo (cinéaste, chercheur associé au CNRS) et Sandrine Lemaire (historienne, Institut européen de Florence). De 1877 à 1912, trente spectacles ethnologiques seront donnés au jardin d’acclimatation à Paris, puis aux expositions universelles de Paris de 1878 et de 1889 dont le clou pour celle de 1889 étaient aussi bien l’inauguration de la Tour Eiffel que la visite d’un « village nègre ». Suivront les expositions de Lyon (1894), les deux expositions coloniales de Marseille (1906 et 1922), enfin les grandes expositions de Paris de 1900 (diorama sur Madagascar, 50 millions de spectateurs) et de 1931 dont le commissaire général n’était autre que le Maréchal Lyautey. cf. « Le spectacle ordinaire des zoos humains » et « 1931. Tous à l’Expo » par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, Manière de voir N°58 Juillet Août 2001, op cité.
    4 Dictionnaire Le Petit Robert 1996.
    5 « Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » René Naba-Editons l’Harmattan-2002
    6 « La République Xénophobe, 1917-1939 de la machine d’Etat au « crime de bureau », les révélations des archives » de Jean Pierre Deschodt et François Huguenin Editions JC Lattès septembre 2001.
    7 « Une théorie raciale des valeurs ? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre » par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in « L’invention des populations », ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).
    8 Jean Montaldo, auteur de deux ouvrages sur la corruption présidentielle : « Chirac et les 40 menteurs » Albin Michel 2006, « Mitterrand et les 40 voleurs » Albin Michel.
    9 l’armistice a été signé le 22 juin 1940 symboliquement à Rethondes au même endroit, dans le même wagon, que l’armistice du 11 novembre 1918. Toutefois l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre Pétain et Hitler a scellé la collaboration entre la France et l’Allemagne nazie. Si l’armistice constituait une cessation des hostilités, la rencontre de Montoire a représenté dans l’ordre symbolique le voyage à Canossa de Pétain et constitué en fait une capitulation dans la mesure où Pétain a cautionné la collaboration avec le régime nazi quand bien même l’Allemagne reniant ses promesses avait annexé l’Alsace-lorraine, août 1940.
    10 « Arabo-francophonie culturelle : l’expression a été forgée en 1995-1996 par Stellio Farangis, ancien secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie.

  • « Migrations internationales et solidarités locales » - L’Eco locale - 27 octobre 2018 | Radio Campus Amiens - 87.7 FM
    http://www.radiocampusamiens.fr/migrations-internationales-et-solidarites-locales-leco-locale-27-o

    Le premier invité est El Mouhoub MOUHOUD, Professeur à l’Université Paris Dauphine et un des meilleurs spécialistes des migrations internationales auxquelles il a consacré de nombreux travaux à visibilité internationale. Dans son ouvrage récent L’immigration en France. Mythes et réalités, il déconstruit méthodiquement, travaux scientifiques à l’appui, 15 « fake news » sur l’immigration et pose les jalons d’une politique d’accueil alternative à la hauteur des enjeux.

    Extrait :

    Ce n’est pas l’immigration qui est à l’origine de la baisse des salaires s’il y en a une, c’est la « déprotection » du marché du travail.

    Interview très claire et super intéressante.

    #immigration #travail #chômage #migrations

  • Clergé catholique : le bien et le mâle | Les couilles sur la table
    https://www.binge.audio/clerge-catholique-le-bien-et-le-male

    Qu’est-ce que la masculinité acceptable selon l’Eglise ? Comment les prêtres, évêques et moines sont-ils censés l’incarner ? Pourquoi cette crispation contre la “théorie-du-genre” ? Alors que deux tiers des Français·es se déclarent encore catholiques, la croyance et la pratique déclinent de façon continue depuis les années 70. Seuls 4,5% des Français·es vont encore à la messe le dimanche, et il ne reste plus que 12 000 prêtres. Pourtant, le catholicisme pèse et influence profondément sur la culture, la mentalité, les valeurs de la société française. Entretien avec Josselin Tricou, doctorant de l’Université Paris 8 qui s’apprête à soutenir sa thèse sur les masculinités sacerdotales dans l’Eglise Catholique. Durée : 39 min. Source : Binge (...)

    https://assets.pippa.io/campaigns/5bbe16c839cfe0cd56f956cd.mp3

  • Emission très instructive !
    Dans les poubelles de l’économie (3/4) : La main invisible des mafias
    https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-du-mercredi-03-octobre-2018

    Au début des années 2000, les images des rues de Naples saturées par l’amoncellement de poubelles avaient fait le tour du monde. Aujourd’hui, en Campanie, les déchets enfouis ou brûlés continuent d’empoisonner la terre et ses habitants. Selon le journal La Stampa, c’est l’un des plus grands désastres environnementaux de l’histoire de l’Italie…

    Pourquoi les mafias ont-elles pris les commandes d’une large part du trafic de déchets en Italie et avec quelles conséquences ? Et qu’est-ce que ce business nous dit du fonctionnement de la mafia ?

    Avec :
    Clotilde Champeyrache
    Economiste - Maîtresse de Conférences à l’Université Paris 8.
    Fabrice Rizzoli
    Enseignant et chercheur, spécialiste de la criminalité organisée
    #mafia #déchets #corruption

  • Le sexe des colonies | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/220918/le-sexe-des-colonies?onglet=full

    Un livre-somme consacré aux rapports entre sexe, race et colonies explore les images et les imaginaires qui ont structuré les relations entre #sexualité, #domination et #colonisation. Entretien avec Pascal Blanchard, co-directeur de l’ouvrage.

    https://www.youtube.com/watch?v=pVW96mYnhQ0

    #racisme #métissage #sexisme #livre

  • Kevin Limonier : géopolitique du cyberespace russophone - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=IFqsIm4x7VI

    Quel rôle joue Moscou dans le cyberespace ? À tort ou à raison, la Russie s’est construit une image de cyberpuissance, que les accusations américaines, renforcées par les déclarations du président français, ont grandement contribué à façonner. Kevin Limonier, maître de conférences en études slaves et géopolitique à l’Université Paris VIII - Vincennes-Saint-Denis, vient de publier le livre "Ru.net : géopolitique du cyberespace Notre invité nous décrypte le terrain cybernétique post-soviétique sur le plateau du « 64 minutes le monde en français » sur TV5MONDE.

    #remarquable interview de Kevin Limonier, découvert via @dedefensa, https://seenthis.net/messages/722819 un peu ironique, car visiblement frustré de ne pas se découvrir le seul anti-russophobe ;-)

    KL est suivi – et apprécié ! – ici depuis un bon bout de temps (l’époque où il était doctorant en Russie).

    • Ru.net – Les Éditions l’Inventaire
      Géopolitique du cyberespace russophone
      par Kevin Limonier • mai 2018
      https://editions-linventaire.com/livres/ru-net

      ISBN : 978-2-35597-032-0
      16 x 11 (à la française)
      128 p. mai 2018
      13 €

      À tort ou à raison, la Russie s’est construit une image de « cyberpuissance » que les accusations américaines, renforcées par les déclarations du président français, ont grandement contribué à façonner.

      Kevin Limonier pose ici la question de l’instrumentalisation politique, par la Russie comme par ses adversaires, d’un phénomène technique ayant acquis une immense importance stratégique. La lutte pour son contrôle est en effet susceptible de provoquer des guerres, de déstabiliser des régions entières, ou encore de priver les citoyens de certains de leurs droits les plus fondamentaux.

      Le retour objectif de la Russie sur la scène internationale s’accompagne d’une mise en récit s’appuyant sur un imaginaire issu de la « guerre froide ». C’est à cette « mise en récit » qu’est consacré le quatrième Carnet de l’Observatoire.

      Kevin Limonier est maître de conférences en études slaves et géopolitique à l’Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis.