organization:vlaams belang

  • L’énorme montant dépensé par le Vlaams Belang pour sa communication sur Facebook
    https://www.lalibre.be/actu/politique-belge/l-enorme-montant-depense-par-le-vlaams-belang-pour-sa-communication-sur-face

    Pendant la campagne électorale, soit entre le 1er mars et le 25 mai, le parti d’extrême droite a dépensé 400 551 euros pour mettre en avant ses vidéos et posts électoraux sur nos murs Facebook. Sur les 7 derniers jours, le VB a consacré 125 050 euros à ce type de sponsoring sur le réseau social. Et ces sommes ne tiennent pas compte des montants investis sur Facebook par les candidats eux-mêmes. Cet investissement est considérable comparé aux autres partis qui ont misé 4 à 1000 fois moins sur ce moyen (...)

    #Facebook #manipulation #élections #publicité

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  • Facebook, l’arme fatale du Vlaams Belang (et de tous les extrêmes)
    https://parismatch.be/actualites/politique/275071/facebook-larme-fatale-du-vlaams-belang-et-de-tous-les-extremes

    Devenu le deuxième parti du pays, le Vlaams Belang a dépensé sans compter sur le réseau social pendant la campagne. Une stratégie qui a semble-t-il porté ses fruits même si elle n’explique pas tout. Un cas qui prouve (encore une fois) que le monstre créé par Mark Zuckerberg est plus que jamais une arme politique redoutable profitant surtout aux extrêmes. Une vague brune, ou noire selon les titres, est passée sur une partie de notre territoire ce dimanche. Mais sa couleur précise n’a pas beaucoup (...)

    #Facebook #manipulation #élections #publicité

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  • #Antifascismes

    http://mondialisme.org/spip.php?article2674

    "Tenir la rue. L’autodéfense socialiste (1929-1938)" de Matthias Bouchenot (Libertalia, 2014)

    A partir d’une analyse limitée dans le temps (neuf années) et dans l’espace (Paris pour la Fédération locale de la SFIO puis celle du PSOP ,) l’auteur nous fait découvrir les activités antifascistes de la Gauche socialiste de Marceau Pivert dans le Parti socialiste puis dans le PSOP : protection des meetings ; représailles systématiques contre des sièges et des permanences nationalistes en cas d’attaques fascistes particulièrement violentes ; protection de la vente de journaux et des collages d’affiches ; contre-manifestations, voire tentatives de dispersion des manifestations fascistes ; surveillance téléphonique des conversations des dirigeants ou des cadres d’extrême droite ; interception de courriers et de documents internes des groupes nationalistes ; établissements de fichiers sur les militants d’extrême droite, leurs réseaux et sur les commissaires de police nationalistes, fascisants ou fascistes ; entraînement aux sports de combat, au tir au pistolet et à la fronde, au maniement de la canne et de la matraque ; mobilisation d’estafettes motocyclistes, etc.

    Les objectifs des antifascistes « soc’ dem’ » des années 1930 n’étaient donc pas simplement défensifs mais aussi offensifs. Même si les socialistes de gauche appartenaient à un parti dont la direction avait toujours privilégié « la concertation et la collaboration avec la préfecture de police de Paris » et qui « se gard[ait] de verser dans l’action armée clandestine ou paramilitaire », leurs pratiques étaient assez semblables à celles des « antifas » de 2018 qui défendent une ligne No platform, que l’on pourrait traduire « Pas de liberté d’expression pour les fascistes ». Partisans de « l’action directe de masse », : ils ne comptaient pas sur l’Etat pour interdire l’espace public aux fascistes, ni pour réclamer au gouvernement la dissolution de groupes qui se reforment très rapidement sous un autre nom. A l’époque, les antifascistes de la Gauche socialiste puis du PSOP ne faisaient pas confiance à la police ; ils refusaient de laisser les flics protéger les fascistes ; et ils étaient prêts à affronter les condés eux-mêmes dans certains cas.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/tenir_la_rue._l_autodeI_fense_socialiste.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2675

    "L’antifascisme en France. De Mussolini à Le Pen" de Gilles Vergnon

    Décortiquer un siècle d’antifascisme dans un seul livre, même au niveau d’un pays, n’est pas une tâche aisée. D’autant plus qu’il faut à la fois s’intéresser à l’évolution de cette idéologie multiforme mais aussi étudier les multiples formes concrètes qu’il a prises. L’auteur a pris le parti de privilégier l’étude idéologique de l’antifascisme à travers les déclarations et communiqués officiels, les débats internes, les articles de la presse de gauche et d’extrême gauche et les mémoires de militants, en précisant à chaque fois le contexte politique et les choix des organisations et des réseaux qui ont eu recours (à plus ou moins forte dose) à la thématique de l’antifascisme : PCF, SFIO/PS, « Jeunes Turcs » du Parti radical-socialiste, Association républicaine des anciens combattants, LICP, FNCR , Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Ligue des droits de l’homme , Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix, SOS Racisme , Ras l’Front, Scalp, Grand Orient, catholiques de gauche, syndicats ouvriers, enseignants et étudiants. Il est dommage que Vergnon n’ait pas analysé davantage les activités antifascistes concrètes des différents partis, mouvements ou groupes concernés – tâche de toute façon impossible dans un ouvrage de 210 pages.

    Le résultat global est utile, d’autant plus qu’il n’existe pas d’étude exhaustive de l’antifascisme en France. Pour l’auteur, « l’antifascisme est un phénomène de longue durée, riche d’usages multiples, et toujours constitutif des identités politiques de gauche et surtout d’extrême gauche, dans ses composantes libertaires et trotskistes ». Malheureusement, Vergnon n’adopte aucun point de vue critique par rapport au nationalisme et au républicanisme bourgeois français. Bien au contraire, il semble apprécier leur version « jaurésienne ».

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/l_antifascisme_en_france_de_vergnon.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2676

    "Antifacisme radical ? Sur la nature industrielle du fascisme" de Sebastian Cortés

    Tout, ou presque, est dans le titre et dans l’appartenance syndicale de l’auteur. Cortés considère que « l’industrialisme » serait le véritable responsable du fascisme et que le « syndicalisme » (révolutionnaire ?) serait la solution pour mettre fin au danger civilisationnel que représente le système capitaliste.

    L’hypothèse n’est pas tout à fait dénuée de fondement :
    – les régimes fascistes des années 20 et 30 sont nés à un moment où le capitalisme connaissait des transformations importantes, notamment le taylorisme qui s’imposa aussi bien aux Etats-Unis qu’en URSS dite « socialiste » ;
    – les transformations technologiques imposées par le capitalisme depuis les années 1920 conduisent, au nom du progrès, à déposséder de plus en plus les travailleurs de tout contrôle sur leur activité productive mais aussi sur leur vie : l’automatisation et l’informatisation ne « libèrent » pas plus les ouvriers de la domination capitaliste, que la machine à laver ou le four à micro-ondes n’ont « libéré la femme » de la domination masculine ; le « temps libre », les loisirs individuels et collectifs, sont soumis –eux aussi – au règne de la marchandise, de la concurrence et du conditionnement des esprits ; l’informatique permet de mieux contrôler (y compris à distance) les salariés, mais aussi de mieux surveiller politiquement les opposants au système capitaliste, etc.
    – l’industrialisation de la planète, grâce à la mondialisation, aboutit à de graves crises voire à des catastrophes écologiques.

    Pourquoi donc la lecture de ce livre nous laisse-t-elle sur notre faim et pourquoi l’argumentaire proposé nous semble-t-il aussi insuffisant ?

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/corteI_s_antifascisme_radical.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2677

    "Ces Allemands qui ont affronté Hitler", de Gilbert Badia

    Décédé en 2004, Gilbert Badia était un historien très proche du PCF, et un résistant antinazi courageux, membre de la MOI , qui fut arrêté en 1943 et s’évada deux fois. Dans ce livre paru en 2000, il ne prétend pas nous offrir une étude globale et détaillée de tous les mouvements de résistance en Allemagne mais une série de portraits d’individus exceptionnels (tels le menuisier Georg Elser qui organisa tout seul un attentat contre Hitler), passés à la trappe de l’histoire officielle, ainsi que quelques réflexions sur les différentes facettes des mouvements ou courants antinazis. Il conclut par une réflexion assez pessimiste sur la capacité des nazis de « souder étroitement tout le peuple dans une “communauté du peuple allemand” la Volksgemeinschaft » totalement fanatisée par son Chef, prête à gober n’importe quoi et à se taire devant les actes les plus barbares, voire à y participer sans discuter.

    Et il décrit l’isolement des résistants antifascistes (quelques dizaines de milliers) dont les activités (distribution de tracts et de journaux clandestins, organisation de manifestations éclairs, rassemblements lors de funérailles de militants, tentatives de grèves, sabotage, noyautage d’organisations nazies, aide aux travailleurs étrangers et aux Juifs, etc.) « sont restées en Allemagne quasi secrètes, ignorées du peuple allemand, sauf lorsque les nazis annonçaient » leur arrestation, leur condamnation et leur exécution, ce qui n’était pas fréquent.

    Ce n’est pas cet aspect, pourtant fondamental (comment des fascistes arrivèrent à briser toute résistance dans un pays donné et à fanatiser un peuple) qui nous intéresse ici, mais plutôt la façon dont Badia décrit les idées fondamentales des antifascistes allemands. Avant d’aborder le vif du sujet, il me faut tout d’abord faire un sort à l’insupportable philo-stalinisme de l’auteur.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/badia_allemands_contre_hitler_.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2678

    « L’antifascisme militant. Un siècle de résistance » de M. Testa (Militant antifascism. A hundred years of resistance)

    M. Testa se présente comme un « blogueur antifasciste qui a écrit pour la revue anarchiste Freedom et appartient à l’Anti-Fascist Network ». Son livre a été publié en 2014 chez AK Press, une maison d’édition anarchiste anglaise.

    Selon M. Testa, le fascisme se caractérise par « le racisme, la misogynie, l’antisémitisme, le gangstérisme, l’homophobie, le militarisme et une politique essentiellement anti-ouvrière » qui amène ses partisans à collaborer « de façon opportuniste avec des liberals », des démocrates bourgeois. Le fascisme repose sur le « Führerprinzip » (le culte du Chef), « l’exclusion des minorités (juifs, musulmans, Roms) », « la pureté de la race » et sa « supériorité génétique », la « défense de la famille et de l’hétéronormalité », « l’anti-intellectualisme », « une politique dure en matière de criminalité et de châtiment mais seulement pour certains criminels ».

    Cette définition pourrait s’appliquer (avec évidemment des nuances) à la plupart des dictatures des années 30 et à de nombreuses « démocraties autoritaires » actuelles (Birmanie ou Thaïlande, par exemple) ainsi qu’à de nombreux mouvements politiques, y compris les Talibans, Daesh, al-Qaida, le GIA, le Hamas et le Hezbollah, mais aussi aux partis nationaux-populistes : Front national, Vlaams Belang, Ligue du Nord, PVV de Geert Wilders, etc.

    Cette définition est trop générale et s’applique beaucoup plus à l’extrême droite qu’au fascisme proprement dit.

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/m._testa_l_antifascisme_militant_.pdf

    http://mondialisme.org/spip.php?article2680

    Matthieu Gallandier et Sébastien Ibo : "Temps obscurs. Nationalisme et fascisme en France et en Europe"

    Il est extrêmement difficile, voire sans doute impossible, en 157 pages, d’exposer ce que furent le fascisme italien et le nazisme allemand, de décrire les groupes néofascistes actuels en Europe, d’évoquer les « grands partis électoraux xénophobes » (que je préfère appeler « nationaux-populistes ») et de s’interroger sur la possibilité d’une résurgence du fascisme ainsi que d’envisager les moyens de la contrecarrer efficacement. Il faut donc savoir gré aux auteurs d’avoir tenté l’aventure en utilisant un langage militant mais compréhensible par tous.

    Ce livre est malheureusement davantage centré sur des considérations idéologiques (le plus souvent justes mais trop peu étayées) que sur des références et des explications historiques précises et convaincantes. Les auteurs tiennent des raisonnements très (trop) généraux en s’appuyant sur des données fréquemment inexactes ou vagues, en transformant des faits ayant une portée limitée en tendances lourdes ce qui exagère leur portée (par exemple, les quelques patrouilles effectuées par des Identitaires dans le métro parisien ou lyonnais) mais permet de les faire entrer plus aisément dans leur cadre d’analyse (les Identitaires seraient en train de constituer des milices, ou au moins des « embryons de milices »).

    Cet article commencera donc par évoquer les qualités de ce livre avant d’évoquer ses nombreux défauts, que nous mentionnerons à la fin de ce texte, afin de ne pas vous décourager de lire cet ouvrage !

    http://mondialisme.org/IMG/pdf/temps_obscurs.pdf

  • Molenbeek, un nid de terroristes ? Ce quartier de Bruxelles est le lieu d’une belle alternative
    http://www.reporterre.net/Molenbeek-un-nid-de-terroristes-Ce-quartier-de-Bruxelles-est-le-lieu-d-u

    Molenbeek, près de Bruxelles, est présenté comme un repaire de terroristes. Comme toujours, la réalité n’est pas si simple. Car dans ce grand quartier de Bruxelles, une initiative de parc urbain autogéré est devenue un exemple extraordinaire de mixité et de tolérance.

    @supergeante

    • A Molenbeek, dans la spirale de la misère et de l’islam radical

      « Molenbeekistan », « nid de djihadistes ». Depuis les attentats de Paris, Molenbeek, commune de Bruxelles, est sous les feux de l’actualité, considérée comme la plateforme du terrorisme européen. Plongée dans ce quartier qui a sombré et où l’Arabie saoudite a massivement financé l’émergence d’un islam wahhabite.

      http://www.mediapart.fr/journal/international/201115/molenbeek-dans-la-spirale-de-la-misere-et-de-lislam-radical?onglet=full

    • De notre envoyée spéciale à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles, Belgique). Quand elle a appris que deux des fils Abdeslam étaient impliqués dans les tueries de Paris – l’un, Brahim, s’est fait sauter devant un bar du XIe arrondissement « comme s’il était à Kaboul » et l’autre, Salah, est en cavale –, Souad s’est effondrée en larmes et en prières. Elle « sentait que le malheur se rapprochait encore une fois du quartier ». Déjà, l’été dernier, pendant les vacances dans le village natal, dans le nord du Maroc, elle avait demandé à son mari, un retraité de la Stib, la RATP bruxelloise, de convaincre les enfants de rester au pays. « Au Maroc, c’est une dictature mais je préfère la dictature à l’anarchie, là-bas les policiers font peur, nos petits-enfants seront biens tenus. Pas comme à Molenbeek où tout est permis et les gosses à la rue nuit et jour. »

      Souad était déjà « traumatisée, dépassée » par l’histoire de la famille N. Ces lointains cousins, immigrés en Belgique comme eux, avaient organisé une « talba », une récitation du Coran, pour un de leurs gamins qui s’était radicalisé sans que personne s’en aperçoive et qui avait rejoint la Syrie, cédant à « l’appel du Cham » de Daech. Il était mort quelques mois plus tard, « shuhada », « martyr », selon un bref message de l’organisation qui avait plongé la mère dans la folie et le père dans la dépression. Souad, la soixantaine, voyait souvent les femmes de cette famille autour d’un thé à la menthe pour passer les après-midi « mais depuis cette tragédie, elles ne fréquentent plus personne, le djihad est un sujet tabou, les familles ont honte, comme si Satan les avait frappées ».

      Ce mercredi, dans son salon oriental, sous une photo de La Mecque où elle est allée en pèlerinage, Souad se demande « quelle drogue on donne à nos enfants pour qu’ils deviennent des monstres », un chapelet à la main. Elle raconte qu’elle ne sort plus de peur d’être harcelée par les journalistes « qui nous prennent pour des animaux » et pleure les victimes de Paris, « les musulmans d’Europe qui vont être encore plus stigmatisés » mais aussi « l’enfer que doit vivre la mère Abdeslam ». « Ici, c’est un village, on se connaît tous », dit-elle, scotchée sur Maghreb TV, une télé belge communautaire qui diffuse en arabe et qui a dépêché ses caméras sur la place communale de Molenbeek.

      Le quartier est l’un des poumons de la ville, à quelques mètres du métro Comte de Flandre et à moins d’un quart d’heure à pied de la Grand-Place de Bruxelles, épicentre touristique de la capitale européenne. S’y tient tous les jeudis un marché « qui donne l’impression d’être à Tanger », dit un commerçant. Il se présente comme « un des rares Blancs » à tenir encore un commerce dans ce qui a muté, au fil des décennies, en « un laboratoire de ville à 90 % musulmane », « un ghetto ethnique ». « Maroc-enbeek », 97 000 habitants sur six kilomètres carrés : plus de la moitié sont des immigrés marocains ou descendants, concentrés dans la partie basse de la ville, le triangle « Comte de Flandre-Étangs noirs-Ribaucourt ».

      Décrochage scolaire, chômage (jusqu’à 60 % chez les jeunes dans les quartiers est), discriminations de l’école à l’embauche, familles nombreuses sans revenus du travail entassées dans des logements minuscules dont un quart ne possède pas encore le confort minimal (W.-C., douche), trafic de cannabis importé par des Rifains, banditisme… Molenbeek, « Petit Manchester » ouvrier florissant dans les années 1960, a été foudroyé par la désindustrialisation. Le quartier est devenu, un demi-siècle après le premier accord bilatéral de recrutement de main-d’œuvre entre la Belgique et le Maroc (puis avec la Turquie), l’emblème du croissant pauvre et délinquant de Bruxelles qui tourne autour du canal. Tous les indicateurs sociaux sont au rouge, à quelques kilomètres du rond-point Schuman et des institutions européennes.

      Depuis samedi, les médias du monde entier cherchent à comprendre comment cette commune, que le ministre de l’intérieur belge Jambon, de la très droitière N-VA, veut « nettoyer » (et Zemmour « bombarder »), s’est muée en « nid à djihadistes ». Ils occupent la place communale avec leurs fourgons satellites, enchaînent les duplex, vont et viennent du dôme de la « maison communale » (la mairie) accolée au commissariat de police, au numéro 30, à l’autre bout de la place, une petite maison de trois étages au-dessus d’un Pakistanais qui vend des tissus orientaux. C’est ici, dans un logement social, que vit la famille Abdeslam, sous pression médiatique maximale.

      Lundi, en fin d’après-midi, sur le pas de la porte de l’immeuble, Mohamed, frère aîné des deux terroristes présumés, employé au service « population » de la commune depuis dix ans, s’est exprimé sous les flashs après une arrestation musclée et plusieurs heures de garde à vue : « J’étais accusé d’acte terroristes (…) mais en aucun cas je n’ai été lié de près ou de loin à une intervention à Paris. (…) Les gens de la commune savent de quoi je suis capable et de quoi je ne suis pas capable. Je n’ai jamais eu d’ennuis avec la justice. J’avais un alibi. » « Momo », comme l’appellent ses collègues, assure n’avoir « rien remarqué » chez ses frères. Comme tous ceux qui connaissaient Salah et Brahim Abdeslam.

      « Bienvenue à Hollywood, la plus grande fabrique de films »

      « Pas inconnus de la justice, les deux frères avaient commis des délits de droit commun mais ils appartiennent à une famille modérée, ouverte, originaire de Tanger, au Maroc, qui n’avait jamais fait parler d’elle sur le plan religieux », dit un travailleur social sous couvert d’anonymat. « Je les connais depuis qu’ils sont petits et je ne les ai jamais vus à la mosquée », renchérit Jamal Habbachich, à la tête d’un comité consultatif qui fédère seize mosquées de Molenbeek. Abdel, 26 ans, qui alterne périodes de chômage et d’intérim, passait ses journées et ses soirées aux « Béguines », le café qui appartenait à Brahim Abdeslam et que gérait Salah. C’était un bar d’hommes dans cette ville où les femmes sont pour la plupart voilées et où « tu n’en verras jamais une dans un bar, ni dans la rue le soir sauf si elle sort d’un mariage », dit Abdel.

      Le café a été fermé le 5 novembre par les autorités, pour « consommation de substances hallucinogènes prohibées » après une descente de police en août. On y menait une vie de bamboche, fumait du shit, buvait un verre de thé à la menthe ou des Jupiler (bière belge), en jouant aux dés et en regardant les matchs de foot. « C’était tout sauf des radicaux qui voient la vie en "haram" (illicite) ou en "halal" (licite). Ils ne faisaient pas la prière à ma connaissance. Leur "trip", c’était les filles, les discothèques, la fête », raconte Abdel.

      Abdel ne croit « pas du tout » ce qui tourne en boucle sur les chaînes d’information, sur les fils Abdeslam et le cerveau présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, Molenbeekois bien connu, mort dans l’assaut lancé ce mercredi dans un appartement à Saint-Denis. « C’est des montages. Comment on peut tenir un coffee-shop et se faire sauter quinze jours après ? Comment on peut être Abaaoud l’homme le plus recherché du monde planqué en Syrie et revenir à Paris incognito en passant les frontières dans un contexte ultra-sécuritaire même en empruntant la route des réfugiés syriens ? », dit le jeune homme en prenant à témoin ses copains.

      Tous lisent là « encore un complot de la Grande Puissance, l’Amérique, la France pour salir les musulmans ». « Si j’envoie par SMS à mon répertoire la question, "croyez-vous aux événements dont les médias nous matraquent depuis vendredi", 95 % va me répondre "Non" », assure sans ciller Samir, 28 ans et déjà dix de chômage. Ils ne sont pas allés ce mercredi au rassemblement sur la place communale en mémoire des victimes de Paris où 2 500 personnes, dont le frère Abdeslam depuis un balcon, se sont recueillies, allumant des bougies, des lumières contre les ténèbres.

      Karim, qui a quitté l’école à 16 ans et vit de « petits deals », ne se sent « pas concerné » : « On n’était pas "Charlie" en janvier parce qu’on ne peut pas rire de tout et se moquer de la religion, du prophète comme il le faisait. On ne va pas être "Paris" en novembre. Il y a eu des morts, O.K., qu’ils reposent en paix, mais on ne croit pas au "terrorisme", c’est une invention de l’Occident. Chaque fois, qu’il y a "un attentat" ou "une tentative", cela passe toujours comme par hasard par Molenbeek et les quartiers où il y a des musulmans concentrés. C’est la seule fois de l’année où on parle de nous dans les journaux, jamais pour parler du racisme, du chômage, de la misère, des violences policières que nous subissons avec nos parents. Du jour au lendemain, on découvre qu’untel avec qui on était à l’école, jouait au foot, à la boxe, est devenu un bourreau et pose avec une kalach sur Facebook au milieu de cadavres. Mais que fait la police alors si nous sommes un foyer du djihadisme mondial depuis tant d’années ? »

      Devant l’un des deux derniers établissements scolaires de Bruxelles qui accepte le port du foulard (tous deux à Molenbeek), des jeunes filles, voilées ou cheveux lâchés, sortent de cours, oscillant entre « c’est faux, c’est un complot », « c’est vrai, c’est bien fait pour la France qui bombarde la Syrie ». À « Molen », nombre d’habitants rencontrés, dont beaucoup de jeunes, refusent de croire que la ville est un foyer de l’islam radical européen, une base arrière des cellules djihadistes notamment françaises. Les théories du complot circulent à la vitesse du « téléphone arabe », révélant l’étendue de la fracture entre la population de ces quartiers bannis et le reste de la société.

      Depuis l’offensive médiatique, « la parano » a gagné les habitants qui voient « des agents extérieurs », « des espions au service du roi du Maroc », « des flics belges déguisés » partout, jusque dans les rangs des journalistes. « Bienvenue à Hollywood, la plus grande fabrique de films. Moi, je vole mais je ne suis pas un terroriste, je suis incapable de tuer une mouche », rigole un sans-papiers algérien. Tout de contrefaçon vêtu – jeans, blouson en cuir, montre, besace –, il fume un joint sur la chaussée de Gand, le grand axe de drague et commerçant de la ville, essentiellement des boutiques « ethniques » à bas prix, boucheries et snack halal, magasins de meubles, vaisselle et gadgets orientaux, vêtements islamiques, « jilbabs » et « kamis » sombres, « made in China »...

      « Molenbeek est en train de payer des décennies de harcèlement religieux »

      Pourtant, la réalité est là, impressionnante. Quand ils ne sont pas des enfants du cru, les islamistes radicaux se forment, se cachent, se lèvent derrière les murs, les caves et les garages des petites maisons en briques rouges de Molenbeek. Malgré le durcissement de la législation antiterroriste belge, le démantèlement de filières de recrutement depuis les années 1990, les chemins du terrorisme ne cessent de mener à cette commune parmi les plus pauvres de Belgique, lui valant le retour du surnom « Molenbeekistan ».

      « La religion poussée à l’extrême par les obscurantistes est devenue l’occupation principale des chômeurs qui n’ont plus que le choix entre le trafic de drogue ou le djihad. Tu n’as pas de travail ? Fais la prière cinq fois par jour et attends l’appel de l’imam au café en fumant un joint. Tu n’es pas marié, tu es frustré sexuellement, socialement ? On va te donner 70 vierges si tu te fais sauter », soupire un commerçant musulman qui aimerait bien « un peu de diversité, de Blancs ».

      Aujourd’hui, ce sont Abdelhamid Abaaoud, les frères Abdeslam, le Français Bilal Hadfi qui s’est fait exploser devant le Stade de France et qui vivait à Bruxelles… qui font la une des journaux. Hier, et la liste n’est pas exhaustive, c’était Hassan el-Haski, l’un des cerveaux des attentats de Madrid de 2004 (191 morts, 1 800 blessés) ; Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles en mai 2014, originaire de Roubaix ; Ayoub el-Khazzani, qui a raté l’attaque du Thalys Bruxelles-Paris en août dernier ou encore des protagonistes de « la cellule de Verviers » démantelée lors d’un assaut policier mortel au lendemain des attentats de Charlie-Hebdo, de Montrouge et de l’HyperCacher en janvier.

      C’était aussi les prédicateurs Jean-Louis Denis dit le Soumis, Fouad Belkacem aujourd’hui derrière les barreaux (il a pris douze ans en février). Ce dernier, à la tête de Sharia4Belgium, prônait le djihad armé entre Anvers et Bruxelles. En 2012, une quinzaine de membres de son groupuscule salafiste ont provoqué des émeutes avec la police de Molenbeek en réaction au contrôle d’identité d’une femme en niqab dans le tram (cette dernière s’était rebellée et avait cassé le nez d’une policière).

      « La ville est pour eux un arrondissement de Paris comme Anvers, une annexe des Pays-Bas. Ils peuvent s’y procurer facilement des armes, des faux papiers grâces aux filières criminelles, se planquer grâce à la densité de logements et se fondre dans la population de type arabo-musulmane », analyse l’anthropologue et militant associatif Johan Leman. Il a suivi toutes les mutations de la commune, de l’arrivée des premières générations d’immigrés venus travailler dans les mines, creuser le métro bruxellois aux premières radicalisations de leurs enfants nés sur le sol belge. C’est ici aussi que les Tunisiens Dahmane Abd el-Sattar et Bouraoui el-Ouaer ont fomenté l’assassinat du commandant afghan Massoud tué deux jours avant le 11 septembre 2001 sur ordre de Ben Laden.

      El-Sattar était l’époux de Malika el-Aroud, « la veuve noire », muse du djihadisme belge, deux fois femme de martyrs (elle s’est remariée avec Moez Garsallaoui, un Belgo-Tunisien tué par un drone au Pakistan en 2012). Fille d’ouvrier marocain, condamnée en 2008 à huit ans de prison et désormais sous le coup d’une procédure de déchéance de nationalité, elle avait envoyé vers l’Afghanistan des dizaines de jeunes.

      Le Franco-Syrien Bassam Ayachi, « cheikh » sulfureux, doyen des terroristes belges en Syrie où il est retourné en 2013, avait présidé à l’époque son mariage religieux avec el-Sattar. Il a dirigé pendant vingt ans, avec son fils (mort en Syrie en 2013), le Centre islamique belge (CIB) de Molenbeek. Un sanctuaire du salafisme radical, démantelé seulement en 2012 par la justice, qui a envoyé de nombreux combattants vers l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie.

      « Molenbeek est en train de payer des décennies de harcèlement religieux et de laxisme politique. On a laissé des fous de Dieu, des salafistes et des Frères musulmans, payés par le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Maroc, semer le malheur, la pagaille, le foulard. Ils ont fait de l’islam des sectes qui imposent un Coran de la terreur, sur des individus fragiles, ignorants, des gamins qui ont décroché du système scolaire dont les parents sont analphabètes, qui ne parlent ni l’arabe ni la langue des imams. » Rue Ribaucourt, le gérant de la librairie El-Itra (l’être originel en arabe) fulmine dans son local désert en lisant Grabovoï, « un grand penseur russe qui peut sortir nos consciences de la déchéance ». Sans concession, le libraire, « un musulman laïque », met « dans la même poubelle » le terroriste Bassam Ayachi et l’islamologue Tariq Ramadan qui tient régulièrement conférence dans la ville.

      Trois anciens, barbes longues et fournies, anoraks sur djellabas jusqu’aux genoux, passent devant sa vitrine : « Il y a trente ans, ils buvaient de l’alcool, fumaient, mais on leur a lavé le cerveau, les voilà singes. » Pas un client depuis samedi dans sa boutique, « que des journalistes qui ne connaissent rien à l’islam ». « À ce rythme, je vais fermer. Je tiens la seule vraie librairie de la ville qui propose du sacré et du profane face aux innombrables librairies coraniques, toutes affiliées à un groupuscule, salafistes, frères musulmans », râle le commerçant. Il raconte qu’un jour de campagne électorale, « un politicien » est rentré dans sa librairie : « Il m’a demandé ce que je voulais. Je lui ai dit : ferme les mosquées et je voterai pour toi. Il m’a pris pour un fou musulman et il a tourné les talons. Mais il est là le grand problème de Molenbeek. »

      « Un week-end comme celui-ci flingue tout le boulot des travailleurs sociaux »

      La ville compte officiellement 24 mosquées, organisées par pays, dont quatre seulement sont reconnues par la région de Bruxelles-Capitale (les imams y sont payés par les autorités). Elle compte aussi des dizaines de lieux de cultes ou associations privés, dans les anciennes maisons ouvrières, que personne ne sait vraiment chiffrer ni surveiller. Seize des 24 mosquées sont contrôlées par un conseil consultatif (onze sont arabophones, deux pakistanaises, une africaine, une turque, une bosniaque).

      Jamal Habbachich, 59 ans, un Belge originaire du sud marocain, est à la tête de ce conseil. Il donne rendez-vous dans la mosquée Attadamoune, 500 fidèles le vendredi, près des Étangs noirs, et appelle « la communauté à se remettre en question » : « Nous sommes à l’image de la Belgique, divisés, communautarisés dans nos mosquées. Chacun son pays, sa tribu, ses mentalités. Le Maghreb, c’est l’anarchie totale à l’inverse de la Turquie ou le Pakistan qui sont très structurés. Aucun de leurs jeunes ne part au djihad contrairement à nos fils du nord du Maroc et d’Afrique du Nord qu’on retrouve dans tous les dossiers de terrorisme avec les convertis. »

      Pour lui, « le mal vient des monarchies du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, qui versent leurs pétrodollars sur l’Occident et imposent dans nos quartiers des courants dangereux et une lecture très rigoriste et binaire de l’islam, "halal", "haram", sans nuances de gris. Chez les Marocains, c’est très fort et c’est un terreau fertile pour les recruteurs radicaux qui veulent décerveler nos jeunes ». Ce jeudi, dans les médias, Rachid Madrane, ministre PS de l’aide à la jeunesse à la Fédération Wallonie-Bruxelles, a reconnu « le péché originel » : « On a confié les clés de l’islam en 1973 à l’Arabie saoudite pour s’assurer un approvisionnement énergétique (…) Le résultat, c’est que la pratique de l’islam apaisé qui était celle des personnes qu’on a fait venir du Maroc a été infiltrée par du wahhabisme, du salafisme. »

      Le Royaume belge découvre ainsi qu’il a trop longtemps fermé les yeux sur l’emprise wahhabite. La Grande Mosquée du Cinquantenaire, à Bruxelles, financée dans les années soixante par la Ligue islamique mondiale, une ONG musulmane au service du régime saoudien, est emblématique de cette liaison dangereuse. Rachid Madrane souhaite plus d’imams formés en Belgique, qui prêchent en français, en néerlandais, plus d’arabophones dans les services de renseignements.

      « Les mosquées sont moins problématiques qu’internet. Cela l’était il y a encore dix ans mais aujourd’hui, elles sont surveillées. Les islamistes le savent et opèrent à l’extérieur, en privé, sur internet. On voit peu de jeunes dans nos mosquées faute d’imams qui savent répondre en phase avec leurs préoccupations », constate Jamal Habbachich.

      Professeur de religion musulmane dans des établissements professionnels du réseau officiel (les Belges ont une définition de la laïcité radicalement différente des Français), Jamal Habbachich a toutes les peines du monde à convaincre des gamins déboussolés par les prédicateurs du Web. « L’autre jour, une élève de cinquième m’a demandé si j’étais d’accord avec l’imam de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, la nouvelle coqueluche des jeunes, pour dire que les faux ongles, c’était "haram". J’ai passé quarante minutes à lui expliquer qu’il n’y avait rien de mal à se rajouter une couche d’ongles ! Les discours de ce type me font peur. J’ai passé deux semaines aussi à rappeler à un ado qui étaient les femmes de Mahomet, Aicha, guerrière, cavalière, infirmière, etc. Il me disait que suivant les préceptes d’un cheikh égyptien sur Youtube, sa femme ne travaillerait jamais. Il m’a soutenu que les femmes ne doivent sortir que trois fois : du ventre de leur mère, du joug parental au joug marital, puis du foyer au cimetière. »

      Dans son bureau à la commune, sous une affiche de lutte contre les contrôles au faciès, l’écolo Sarah Turine, échevine (adjointe) déléguée à la jeunesse, à la cohésion sociale et au dialogue interculturel, islamologue de formation, partage les mêmes craintes et la même analyse : « La logique manichéenne wahhabite a causé beaucoup de dégâts à Molenbeek. Après les attentats du 11-Septembre et la première vague d’islamophobie, les jeunes de la deuxième et troisième génération, ne se sentant pas reconnus comme des Belges à part entière, surtout les garçons, ont hissé en étendard leur identité musulmane. On prend en peine figure aujourd’hui les conséquences du repli religieux qu’on a laissé s’installer en achetant la paix sociale. »

      Depuis samedi, les politiques se renvoient les responsabilités, notamment les bourgmestres Philippe Moureaux, le baron socialiste qui a régné pendant plus de 20 ans sur la commune, et la nouvelle bourgmestre de droite Françoise Schepmans (Mouvement réformateur) qui a raflé la commune en 2012, grâce à une coalition mêlant son parti, le centre-droit (CDH) et les écolos.

      Le premier aurait laissé « Marrakech devenir Peshawar », la seconde « n’aurait rien fait »… Sarah Turine ne veut pas « rentrer dans la polémique ». Quand elle a appris les fusillades de Paris, elle s’est dit « pourvu qu’il n’y ait pas de lien avec Molenbeek » : « Un week-end comme celui-ci flingue tout le boulot des travailleurs sociaux et va stigmatiser un peu plus les habitants de Molenbeek, des musulmans normaux, pacifistes qui encaissent déjà beaucoup d’injustices. » Elle rappelle que sur les cinq communes de la zone de police de Bruxelles-ouest, dont Molenbeek, une cinquantaine de jeunes ont rejoint des milices en Syrie depuis le début du conflit. Une cinquantaine sur des dizaines de milliers de jeunes qui essaient de s’en sortir.

      « Les journalistes ne parlent jamais des énergies dingues que dégage cette ville »

      « On surmédiatise un épiphénomène, certes d’une extrême violence et barbarie. À l’échelle belge, les djihadistes, c’est 500 personnes sur près de 600 000 musulmans. Les taux de chômage, de décrochage scolaire sont beaucoup plus affolants », appuie Corinne Torrekens, chercheuse à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de la radicalisation. « Les journalistes ne viennent que lorsqu’il y a un attentat ou un gros tournage de film. Jamais ils ne parlent des énergies dingues que dégage cette ville, de son terreau associatif, artistique », s’indigne le comédien Ben Hamidou.

      Enfant de Molenbeek, « ma mère adoptive », dit ce natif d’Oran en Algérie, Ben Hamidou monte depuis quinze ans des pièces de théâtre, seul en scène ou avec des gens du quartier. Il joue dans Djihad, la pièce d’Ismael Saïdi qui tourne depuis 2014, tragi-comédie retraçant l’odyssée en Syrie de trois paumés de Molenbeek que l’oisiveté et la quête identitaire conduisent à la guerre sainte. Déclarée d’intérêt public au lendemain des attentats de Charlie-Hebdo par la ministre de la culture et de l’enseignement de Bruxelles, cette pièce est devenue un outil pédagogique dans les écoles des ghettos de riches et pauvres pour appréhender et dépassionner la folie du monde.

      « Les médias sont en train de faire de Molenbeek une zone plus terrible que les banlieues de Paris, où vous envoyez des CRS plutôt que d’y faire de bonnes écoles, quand nous, c’est une ville à taille humaine dans le centre-ville où il y a tout de même de l’investissement », déplore le professeur d’urbanisme Eric Corijn. On le retrouve dans « un endroit positif », la maison des cultures et de la cohésion sociale, théâtre d’initiatives et de diversités.

      « La ville change lentement, ses extrémités se gentrifient, le vieux Molenbeek est en pleine revitalisation, des hôtels ouvrent, on voit des boutiques avec des mini-jupes en vitrine chaussée de Gand, impensable il y a cinq ans ! », martèle-t-il lors de ses visites guidées de la ville comme samedi devant une trentaine d’eurocrates qui n’avaient jamais passé le canal. Près de la maison des Abdeslam, sur la place communale, une brasserie doit ouvrir à l’angle : « Il faut que la commune se débrouille pour que ce soit un lieu hybride où on peut boire du thé à la menthe et du vin. » Déghettoïser. Décommunautariser. « Faire ville ensemble. » C’est l’un des plus grands défis de Molenbeek, coupé en deux, le haut de la ville, bourgeois, branché, blanc, et le bas, populaire, misérable, arabo-musulman.

      « Cela va être difficile. Le mal est fait, l’intégration a échoué. Même si on donnait du travail à tous les chômeurs et ratés du quartier, les familles resteront repliées sur leurs tribus, à se marier entre cousins, à décourager les filles de faire des études. Les politiques ont laissé se mettre en place un petit Maroc du nord avec des élus, des policiers, des profs… tous marocains qui fonctionnent pour certains comme au bled avec des bakchichs. Les rues sont sales, le cannabis est partout dans la ville, dans des cafés légaux et d’autres clandestins derrière des rideaux de fer. Les autorités ne font rien, laisse la drogue détruire nos enfants. » Mounir est « déprimé ». Il veut « déménager avec sa famille dans un quartier tranquille, mettre ses filles dans une école avec des Blancs, car ici, il n’y a pas de mélange et le niveau est très bas ». Il veut « se sentir en Belgique ».

      À quelques rues de là, pas très loin de Ribaucourt, plaque tournante du trafic de drogue, un café aux vitres teintées. À l’intérieur, des habitués, des jeunes et des vieux, une odeur de shit, « cette odeur sans laquelle Molenbeek ne serait pas Molenbeek », dit Soufiane, deux télés, une branchée sur du football et l’autre sur de la “soul” aux clips suggestifs. Point de cendrier. On écrase ses joints au sol. Un sans-papiers algérien, qui tient le bar pour des Rifains, les patrons, balaie régulièrement les mégots. « C’est la technique pour rester propre si jamais la police faisait une descente », explique Soufiane. C’est son heure de détente après le travail, des missions d’intérim dans le BTP, « physiques ». Il y retrouve ses amis, originaires d’Oujda dans le nord marocain comme lui.

      Soufiane s’était rêvé une vie meilleure, des études longues, hors de Molenbeek mais ado, on l’a contraint aux filières professionnelles. « Ici, le système nous tire vers le bas, l’exclusion commence à l’école. On n’a pas le droit d’avoir de l’ambition. On nous veut dans les usines comme nos pères sauf qu’elles n’existent plus. » Dans son quartier, « une femme est partie en Syrie avec les gosses rejoindre son frère ». Sans rien dire à son mari qui a trouvé la maison vide en rentrant du boulot. Vendredi, il priera à la mosquée « pour les victimes de Paris ». En se demandant si ses voisins de prière ne sont pas de Daech : « On devient parano et on ne sait plus quoi penser. »

      De l’autre côté du canal, un commerce tenu par un Arménien qui visionne en boucle toujours les mêmes vidéos d’Abaaoud. Il dit que « tout ça, c’est la faute des politiques qui ont laissé les Arabes imposer leur culture à l’Europe » en sortant un tract de son tiroir. C’est la profession de foi du Vlaams Belang, le parti flamand d’extrême droite raciste et xénophobe. Dehors, un Syrien de Homs, passé par les Balkans, mendie quelques sous avec sa femme et leurs deux enfants. Ils ont peur d’être expulsés « à cause des terroristes »...

    • Merci @colporteur
      alors :

      Tous lisent là « encore un complot de la Grande Puissance, l’Amérique, la France pour salir les musulmans ». « Si j’envoie par SMS à mon répertoire la question, "croyez-vous aux événements dont les médias nous matraquent depuis vendredi", 95 % va me répondre "Non" », assure sans ciller Samir, 28 ans et déjà dix de chômage. Ils ne sont pas allés ce mercredi au rassemblement sur la place communale en mémoire des victimes de Paris où 2 500 personnes, dont le frère Abdeslam depuis un balcon, se sont recueillies, allumant des bougies, des lumières contre les ténèbres.

      Karim, qui a quitté l’école à 16 ans et vit de « petits deals », ne se sent « pas concerné » : « On n’était pas "Charlie" en janvier parce qu’on ne peut pas rire de tout et se moquer de la religion, du prophète comme il le faisait. On ne va pas être "Paris" en novembre. Il y a eu des morts, O.K., qu’ils reposent en paix, mais on ne croit pas au "terrorisme", c’est une invention de l’Occident. Chaque fois, qu’il y a "un attentat" ou "une tentative", cela passe toujours comme par hasard par Molenbeek et les quartiers où il y a des musulmans concentrés. C’est la seule fois de l’année où on parle de nous dans les journaux, jamais pour parler du racisme, du chômage, de la misère, des violences policières que nous subissons avec nos parents. Du jour au lendemain, on découvre qu’untel avec qui on était à l’école, jouait au foot, à la boxe, est devenu un bourreau et pose avec une kalach sur Facebook au milieu de cadavres. Mais que fait la police alors si nous sommes un foyer du djihadisme mondial depuis tant d’années ? »

      Ça c’est le discours majoritaire maroxellois. Je l’ai entendu en boucle depuis vendredi (dans la bouche d’hommes maroxellois de Molenbeek). Tu peux danser sur ta tête pour faire entendre un autre son de cloche, les complots ont la côte, c’est affolant, je suis effondrée, car même des personnes que je considère comme intelligentes versent dans ces raccourcis aveugles paranoïdes et victimaires. Les « rifains » sont tellement dans leur monde parfois, que, parfois, il ne reste plus rien qu’un pessimisme profond, car même si Molenbeek est plus complexe que les caricatures que l’on en fait, l’article de Mediapart est un des moins caricatural que j’ai lu jusqu’à présent.

  • http://blog.marcelsel.com/2015/01/07/je-ne-suis-pas-charlie

    Tu te rappelles que tu as publié cette critique acerbe quand le journal avait pris la défense de ce parti islamophobe, le Vlaams Belang, pour une histoire de coran déchiré. Zineb t’avait alors demandé un droit de réponse. Et de cette petite polémique, tu ne gardes rien d’autre que l’espoir qu’elle a échappé au massacre. Pour pouvoir t’offusquer encore, un jour, d’un texte d’elle que tu trouverais déplacé. Pour pouvoir publier encore, un jour, un droit de réponse comme celui qu’elle t’a envoyé, et que tu étais si fier d’avoir reçu. Pour pouvoir jouir avec elle de cette liberté de débattre, de se battre lettre à lettre, celle-là même que trois corbeaux ont voulu abattre aujourd’hui et qu’ils n’abattront pas.

    • Phil, je ne vais pas rentrer dans les détails, cette affaire me donne déjà envie de m’enterrer ; mais les dessinateurs de Charlie en résistants, franchement non. À moins de supposer que la France soit un état théocratique musulman contre lequel nos combattants de l’ombre portaient des coups depuis les souterrains, c’est juste faux. La violence de ce qu’ils ont subi est une chose, mais ce serait pas mal de garder un brin la tête froide pour observer cette chose avant de commencer à délirer une union nationale en deuil pour ses héros morts au combat. Toutes les réactions conduisant à cette espèce d’effrayant sentiment de cohésion collective et la clarté solennelle de son évidence ne conduiront à rien de bon. Les mausolées sont des constructions hypnotiques, je m’en tiens le plus éloigné possible.
      Bon. C’est le deuxième mot sur ce sujet, après celui, à chaud, envoyé à Aurélien le soir-même sur seenthis, que j’écris. C’est parce que c’est vous deux, parce que vous êtes des amis ; je me sens obligé de vous signifier à peu près où je me trouve. Ce sera aussi le dernier.

    • Euh ?

      Allez, ris ! Ris donc de son museau pointu. Ris donc de sa déprime qu’il impose à tous. Et, tiens, marre-toi aussi de ces sans-couilles homophobes et misogynes qui pensent se faire 72 vierges au paradis et découvriront en arrivant qu’à la place, ils devront se prendre la bite au Professeur Choron dans l’anus 72 fois par jour. Haha ! Allah sait y faire avec les cons !

      Tu te dis que ce genre de sarcasme pourrait choquer. Mais tu expliqueras d’emblée à tes amis musulmans que tu ne parlais pas de cet Allah auquel ils croient, que tu respectes, mais d’un dieu fallacieux auquel les jihadistes ont donné le même nom, le souillant par là même.

    • L., pour ma part je ne parviens pas très bien à savoir où je me trouve avec précision. D’abord ému et déboussolé à l’idée d’une rédaction assaillie à l’arme lourde et ses occupants décimés si froidement, et cela en dépit de l’aversion que j’avais pour ce journal depuis un peu plus de dix ans maintenant.

      Ensuite effaré, littéralement effaré par la récupération médiatique avant même celle politique, ce phénomène Je suis Charlie , manière de dire qu’on avait tous au moins une fois croisé dans son existence un des tués. Je note par exemple qu’il y a ces quatre noms de dessinateurs mis en avant, on se dit c’est parce qu’ils sont dessinateurs, donc plus emblématiques qu’un correcteur, mais alors quid d’Honoré à peine mentionné la plupart du temps à mon sens bien meilleur graphiste que tous les autres réunis, mais la question est oiseuse. Effectivement ce côté martyr et héros est à gerber. Et l’article dans Article 11 d’Oliver Cyran http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous donne un peu de recul sur les héros et leur crémerie dans laquelle le moindre que l’on puisse dire c’est que les produits n’étaient pas tous frais du jour.

      Quant à la volonté d’union nationale là c’est l’effroi complet. Et il me semble que ce post http://seenthis.net/messages/328384 dit assez bien en première analyse cette impossibilité. Quant à ce grand fantasme démocratique d’union nationale, c’est consternant et celles et ceux ici qui n’ont pas d’enfants au collège et au lycée ne peuvent même pas se douter de la difficulté que c’est de tâcher d’extraire des idées pareilles quelques minutes seulement après qu’elles ont germé dans l’esprit généreux, et élévés pour l’être, de ses enfants.

      Aussi sans doute suis-je particulièrement attentif à ceux, qui comme @arno, en premier ici http://seenthis.net/messages/328125, osent dire ce que je réponds aux mails et sms que je reçois depuis hier d’amis, de proches même, je ne suis pas Charlie. Ce truc est tellement stupide, il fait références à tellement d’héritages contradictoires, de Kennedy à mai 68, et il fait tellement tâche d’huile que je me dis que cela c’est déjà une bouffée d’air.

      Mais en fait je crois que je devrais faire comme je pensais faire depuis le début, tourner le dos entièrement à cette situation, j’ai cependant été rassuré dans un premier temps où je cédais à mes émotions de constater que sur seenthis, il y avait quelques renvois vers des liens qui rapportaient un peu d’intelligence là où elle manquait crucialement.

      En reponse à @arno et @rastapopulos sur le passage justement relevé par eux, je ne dis pas que je n’ai pas tiqué non plus, j’y ai vu un hommage malheureux et maladroit à ceux qui avaient été des adversaires, mais de fait c’est scabreux.

  • #Bruxelles : blocage du meeting électoral du Vlaams Belang
    http://lahorde.samizdat.net/2014/04/06/bruxelles-blocage-du-meeting-electoral-du-vlaams-belang

    Ce 3 Avril, une action de protestation a eu lieu dans centre de Bruxelles contre la tenue d’un meeting conjoint du Vlaams Belang et du Front National (français). Quelques dizaines de manifestants s’étaient rassemblés pour dénoncer la tenue du meeting d’ extrême droite dans le Théatre du Vaudeville. Face à eux, quelques nervis de Nation [&hellip

    #Autres #International #antifascisme

  • Le Vlaams Belang accueilli à bras ouverts en Israël
    http://www.pourlapalestine.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1759:le-vlaams-belang-a

    La semaine dernière, Ofir Akunis, un vice-ministre du bureau du Premier ministre israélien, a rencontré une délégation d’un parti d’extrême droite belge, boycotté par l’ambassade d’Israël et la communauté juive de Belgique. Le chef de la délégation du Vlaams Belang était Filip Dewinter, un membre éminent du parti raciste, qui compte dans ses rangs nombre d’éléments antisémites et dont les opinions lui ont valu le sobriquet de « Jean-Marie Le Pen belge », révèlent des sources du ministère israélien des Affaires étrangères.

    Akunis s’est vanté de cette rencontre sur sa page Facebook, écrivant dans un post accompagné d’une photo qu’il allait « continuer à être un porte-parole d’Israël. Sans s’excuser ni éprouver la moindre gêne à ce propos. »

    La rencontre était organisée par le haut responsable du Conseil régional de Samarie, Gershon Mesika, et son adjoint Yossi Dagan. Ces dernières années, Mesika, un activiste du Likoud en provenance du « camp national » du parti, a recruté de nombreux colons en tant que membres du Likoud, dans un effort de faire glisser encore plus le parti vers la droite. De nombreux membres du Likoud à la Knesset disent en privé que, s’ils ne coopèrent pas avec Medika, ils risquent d’être laissés de côté lors des élections primaires du parti.

    Mesika et Dagan ont introduit les membres du Vlaams Belang auprès d’hommes politiques israéliens et de certains médias traditionnels en tant que délégation du Parlement belge qui soutient les colonies en Cisjordanie et est opposée au boycott l’Israël. En fait, la plupart des visiteurs siègent au Parlement flamand et leur soutien très voyant à Israël provient surtout de leur désir de gagner quelque légitimité aux yeux de la communauté juive de leur pays.

    En 2010, Mesika et Dagan ont fait venir en Israël le chef du parti d’extrême droite autrichien (l’antisémite Parti de la Liberté), Heinz-Christian Strache, le successeur de Jorg Haider.

    Le Vlaams Belang est un parti séparatiste qui soutient l’indépendance de la Flandre vis-à-vis de la Belgique. Sa plate-forme met en garde contre « l’islamisation de l’Europe », réclame des restrictions sur le plan de l’immigration et exige l’adoption d’une identité et d’une culture flamandes comme critère de résidence. Il demande aussi que soit accordée l’amnistie aux collaborateurs flamands des nazis de même que la révision des lois contre le racisme et la négation de l’Holocauste, sur base de la liberté d’expression. Nombre de hauts responsables du parti ont un long passé d’identification à l’Allemagne nazie et à la négation de l’Holocauste.

  • Quand les partis nationalistes s’inventent européens
    http://www.taurillon.org/spip.php?article6145

    Après une multiplication des rencontres bilatérales, les chefs de partis de diverses formations nationalistes ont annoncés lundi 18 novembre, vouloir s’allier afin de devenir la troisième force du Parlement Européen. Sont concernés : le FN français, la Ligue du Nord en Italie, des Démocrates suédois, du Vlaams Belang en Belgique et du SNS slovaque, le FPÖ Autrichien ainsi que le PVV des Pays-Bas. Cette alliance ne présage rien de bon pour les élections du 25 mai. Si les rêves des populistes deviennent (...)

    #Elections_européennes #Européennes_2014 #extrêmes
    http://ec.europa.eu/public_opinion/flash/fl_387_fr.pdf

  • Une image féministe détournée par une campagne anti-islam du Vlaams Belang en Belgique
    http://www.lesoir.be/326091/article/styles/air-du-temps/2013-09-25/louboutin-lance-une-action-en-refere-contre-vlaams-belang

    http://www.lesoir.be/sites/default/files/2013/09/25/332925881_B971095796Z.1_20130925151058_000_G6I19TIKG.1-0.jpg

    http://www.lesoir.be/sites/default/files/2013/09/25/2018845117_B971095796Z.1_20130925151058_000_G6I19TIS9.1-0.jpg

    Cette affiche plagie le travail d’une photographe canadienne qui dénonçait le « slut shaming », littéralement « la stigmatisation des salopes », qui consiste à rabaisser les femmes à cause de leur comportement sexuel, réel ou supposé, notamment dans la manière dont elles s’habillent. Sur cette photo, elle montrait ce que représente la longueur de la jupe d’une femme dans le regard des autres. Plus c’est court, plus la fille est perçue comme une « salope ». Plus c’est long, plus elle est jugée « matrone ». Une manière de montrer que peu importe la manière dont elle s’habille, une femme n’est jamais vraiment jugée positivement par la société.

    C’est toute l’ironie de l’histoire Ou comment une photo qui appelait à plus de tolérance se trouve associée à une campagne anti-islam.

    (via @Rabab_Khairy sur Twitter)

    #islamophobie #fémonationalisme

  • L’internationale « féministe » de l’islamophobie

    http://fr.myeurop.info/2012/02/03/l-internationale-feministe-de-l-islamophobie-4481

    En Belgique, le parti d’extrême-droite flamand Vlaams Belang lance le mouvement « Ni pute, ni esclave ». Une campagne qui s’appuie sur un réseau européen islamophobe dans lequel on retrouve le FN.

    Le Vlaams Belang est un parti néo-nazi qui ne se préoccupe vraiment pas de la liberté de la femme. Je les vois parfois défiler dans mon village en scandant « Franse ratten, rol uw matten » (rats francophones, faites vos bagages). On ne voit ça qu’en Flandre. Dans les élections, ils ont perdu des voix, mais en fait, ces voix ce sont reportées sur la N-VA qui est plus politiquement correct mais qui ne vaut guerre mieux.

    #Vlaams_Belang, #N-VA, #néo-nazi, #islamophobie

  • La fille de Dewinter en Bikini et Nikab

    http://www.levif.be/info/actualite/belgique/la-fille-de-dewinter-en-bikini-et-nikab/article-4000038436611.htm

    Le Vlaams Belang lance une nouvelle campagne d’affichage sur la thématique des femmes contre l’islamisation. Paradant en bikini et niqab, on aperçoit An-Sofie Dewinter, la propre fille de Filip Dewinter, le chef de file du Vlaams Belang.

    « Liberté ou islam ? Il faut oser choisir ! », tel est le slogan de la nouvelle campagne du Vlaams Belang. Une campagne organisée en collaboration avec l’organisation « Vrouwen Tegen Islamisering » (les femmes contre l’islamisation) et présidée par la sénatrice Anke Van dermeersch (ancienne Miss Belgique 1991). An-Sofie Dewinter, 19 ans, revendique le message qui orne les affiches. « Je voulais poser un geste fort et la campagne défend des idées auxquelles je crois. » explique-t-elle dans Het Laatste Nieuws. « Les menaces de mort et critiques ne me font plus peur depuis longtemps ». An-Sofie Dewinter est membre des jeunesses du Vlaams Belang ainsi que du parti lui-même. Ce n’est pas la première fois qu’elle apparaît sur une affiche, puisque déjà en 2007 elle a prêté son image à une campagne locale. Sa sœur aînée, Karolien, 23 ans, poussera la liste VB à Merksem en 2012. Philippe Dewinter a encore une troisième fille, mais celle-ci est mineure.

    Mon Dieu, mon Dieu, quand la connerie vise à l’universalité.

    #Vlaams_Belang

  • Ntango ya ba Falama. Ou la génération spontanée des Congolais flamingants.

    http://blog.marcelsel.com/archive/2011/12/27/ntango-ya-ba-falama-ou-la-generation-spontanee-des-congolais.html

    Tout le monde a vu les manifestants pro-Tshisekedi marcher dans Bruxelles (et Anvers) avec des drapeaux indépendantistes flamingants, des portraits de Bart De Wever, le logo de la N-VA et l’une ou l’autre pancarte qui dans un autre pays aurait été qualifiée de raciste. L’une d’entre elles porte l’inscription : « Vive les Flamands. Les Wallons les voleurs ». On se croirait dans un meeting du Vlaams Belang, ou de l’arrière-ban radical de la N-VA.

    Bien des journaux ont commenté cette étrange association. D’autant plus tristement cocasse que la N-VA ne fait pas mystère de sa politique de regroupement familial qui reviendrait, si elle était appliquée, à renvoyer un certain nombre de ces manifestants au Congo, purement et simplement. Le parti de Bart De Wever a en effet proposé d’interdire à toute personne arrivée par regroupement familial d’en faire venir une autre par la même filière. En d’autres termes, un fils de Congolais arrivé après son père pourrait épouser une Congolaise et avoir des enfants, mais ne pourrait plus les faire venir en Belgique. Alors, quand les anti-Kabila ont brandi des drapeaux flamingants, au Nord comme au Sud, on a rapidement conclu à une excentricité plutôt amusante, et l’on s’est contenté d’expliquer que « les » (sic) Congolais pensent que les Francophones soutiennent Kabila et que les Flamands, à l’instar de Karel De Gucht ou de Bart De Wever, sont pro-Tshisekedi par nature.

    #Marcel_Sel, #N-VA, #Kabila, #flamingant, #flamand, #francophone, #Belgique, #Congo

    • Interpellant. Ce serait donc un résultat du populisme activiste (ou de l’activisme populiste ?) de Linda Mbungu.

      Car rien de tout cela n’est arrivé par hasard. La source, c’est Linda Mbungu, une militante de la N-VA qui fut très active au sein des anti-Kabila de la communauté congolaise. Au point qu’on trouve dans des forums lingala comme http://congodiaspora.forumdediscussions.com/t3151-aux-compatroites-congolais-belges des appels à voter N-VA pour « raisons stratégiques » : « Yango wana tosala vote stratégique tovoter NVA, to voter Linda Mbungu n°4 sur la liste 11 de NVA. » Traduction : « c’est pourquoi nous ferons un vote stratégique, nous voterons NVA, nous voterons Linda Mbungu (etc.) » Si vous cherchez à comprendre pourquoi Linda Mbungu a eu 4101 voix de préférence le 13 juin 2010 (ce qui est loin d’être négligeable), il ne faut peut-être pas chercher beaucoup plus loin.

      Reste à voir comment cette approche a priori un peu légère peut percuter quand on recoupe les appuis/soutiens supposés avec les « argumentaires » nationalistes. Et là, ça pique.

      Du reste, le point de vue de Mbungu, un pur produit N-VA, focalisé sur la dualité belge, et pas grand-chose d’autre, apparaît clairement dans cette interview parue sur le site Congoindependant.com d’où proviennent aussi les deux citations précédentes. Linda y raconte qu’elle se considère comme une « congolo-flamande ». Et se lance rapidement dans un prosélytisme de bon aloi aux arguments très Deweveriens toutefois : « Il est notoire que pour l’instant, le Congo est dirigé par des partis francophones belges (sic) ». Ah, ben tiens, v’là aut’ chose ! Elle précise « C’est le cas notamment du parti libéral francophone, le ‘MR’. (sic) » Ben oui. Kabila prend ses ordres chez Louis Michel, c’est bien connu ! Et elle continue : « Je ne crois pas que les relations entre les deux pays seront plus détestables que dans l’état actuel se caractérisant par l’immixtion de certains partis francophones. Il faut dire que les Néerlandophones gèrent leur Région avec rigueur et sens de responsabilité […] Je voudrais que les Congolais s’inspirent de l’expérience flamande. Je constate que les habitants du Nord de la Belgique font preuve de plus de discipline que ceux du Sud. » Bref, du communautarisme N-VA pur jus, pour ne pas dire de la franco- ou wallophobie !

      Pfiou...

      Merci @madame pour l’info et le lien !

    • Je dois dire qu’interloquée, j’ai été discuter avec certains manifestants. La logique de bas étage derrière les drapeaux jaunes au lion noir brandis haut et fort, frôlait le caniveau. Je me vois désolée de dire que la rhétorique politique de mes interlocuteurs était plate, sans argument, une sorte de mouvement de suivi mécanique très décevante. Il leur fut aussi impossible d’expliquer la logique du soutien à la NVA que pourquoi ils soutenaient Tshisekedi. Sic, comme on dit.

      Dans une telle ambiance, proche de la ferveur évangéliste, dans un contexte où le clientélisme communautaire est la règle (du PS au Cdh, et donc du MR à la NVA), on ne peut que souhaiter l’improbable, à savoir qu’au milieu du pillage généralisé des richesses du pays, loin des appartenances régionales caressées par Mobutu et les Kabila, se relève la conscience politique congolaise, et pourquoi pas un nouveau Lumumba.