person:élodie chatelais

    • #précarité #liberté #capitalisme

      texte à mon avis assez important — l’argument est le suivant :

      Lorsque la misère en tant que stratégie de contrôle a cessé de fonctionner, le capitalisme a instauré l’ennui.

      La réponse à la première stratégie a été le socialisme (marxiste), la réponse à la seconde, les situs (entre autres). Mais :

      Le capitalisme a en grande partie assimilé la lutte contre l’ennui.

      Aujourd’hui,

      nous sommes tous anxieux. C’est notre secret public. (...) Chaque forme d’intensité, d’expression personnelle, de lien émotionnel, d’immédiateté et de jouissance est désormais empreinte d’anxiété, laquelle est devenue la cheville ouvrière de la subordination.

      Le réseau de #surveillance, multiforme et omniprésent, est l’une des composantes principales de l’anxiété en tant que fondement social. La NSA, CCTV [la vidéo-surveillance], les évaluations de la gestion du rendement, le Pôle Emploi, le système des privilèges en prison, le #contrôle permanent et la classification des enfants dès leur plus jeune âge. Et ce réseau visible n’est que le sommet de l’iceberg.

      (...)

      … nécessaire de développer une réflexion sur le rôle joué par l’exposition, délibérée et visiblement intentionnelle, de notre consommation visible et de points de vue choisis dans le champ des opinions possibles sur les médias sociaux, à l’heure où des alter ego virtuels s’observent continuellement

      (...)

      le discours public prédominant sous-entend que nous avons de plus en plus besoin d’être stressés afin d’assurer notre « #sécurité » (grâce à la titrisation) et de nous rendre « compétitifs » (grâce à la gestion de la performance). Les crises de « panique morale », les phases de #répression ou les séries de lois répressives viennent s’ajouter à l’anxiété et au stress engendrés par la surrégulation généralisée. La vraie insécurité est canalisée pour mieux alimenter la titrisation.

      (...)

      Le manque de contrôle sur nos vies nous amène à lutter de manière obsessionnelle en vue de reprendre le contrôle en micro-gérant tout et n’importe quoi. Par exemple, les techniques de gestion parentale sont vendues comme autant de manières de réduire l’anxiété des parents en leur donnant la possibilité de suivre un scénario défini à l’avance. (...) Cette anxiété latente est de plus en plus souvent projetée sur les minorités. L’anxiété est ramenée à un plan personnel sous de nombreuses formes. [ #santé_mentale ]

      (...)

      La #communication est plus envahissante que jamais, mais elle est plus en plus souvent exclusivement transportée par des canaux qui dépendent du système. C’est de multiples façons que l’on empêche ainsi les gens de réellement communiquer, alors même que le système exige que l’on soit connectés et viraux. Lorsque nous occupons les espaces qui dépendent du système, nous nous conformons à ce que l’on attend de nous -communiquer plutôt que s’exprimer- tout en nous auto-censurant. [ #cccp, #censure ]

      (...)

      Une stratégie préventive [pour le pouvoir] consistera à tuer tout mouvement de contestation dans l’œuf, ou avant que celui-ci ne parvienne à quoi que ce soit. Encerclement, arrestations de masse, interpellations et fouilles, confinement en cellule, perquisitions et arrestations préventives, sont autant d’autres exemples de stratégies préventives. La sommation à comparaître punitive implique de maintenir les personnes incriminées dans une situation effrayante, douloureuse, qui rend vulnérable, en usant et abusant de procédures conçues à d’autres fins -la détention provisoire et les conditions de liberté sous caution qui bouleversent les activités quotidiennes, les listes d’interdiction de vol et les mesures frontalières utilisées pour harceler des dissidents connus

      parmi les propositions je note :

      Construire des espaces désaliénés. L’existence-même d’espaces de ce genre atténue la séparation sociale. Il permet de garder un œil critique sur sa propre vie, et offre une sorte de filet de sécurité émotionnelle pour mieux tenter de changer les choses et de dissoudre nos peurs. Cela ne doit pas être une simple mesure d’entraide utilisée en vue de soutenir certaines activités, mais plutôt un espace pour la reconstruction d’une perspective radicale.