person:abou bakr al-baghdadi

  • L’État islamique à la tête d’une fortune considérable et inquiétante
    http://www.europe1.fr/international/letat-islamique-a-la-tete-dune-fortune-considerable-et-inquietante-3635000

    Jamais une organisation terroriste n’a été à la tête d’un aussi gros magot. Le groupe Etat islamique posséderait 3 milliards d’euros, selon les dernières estimations des services de renseignement. Abou Bakr al-Baghdadi, le calife de l’EI, serait par exemple capable aujourd’hui de racheter Air France, car c’est à peu de choses près la valeur boursière de cette entreprise.

    La Turquie, dont on sait qu’elle a été un client régulier et volontaire de l’EI, n’apparaît dans l’article que pour ses bureaux de changes... par exemple.

    Encore une grande enquête de la part de la presse « qui compte » afin de nous informer avec équilibre et précision.

  • La Russie élimine l’état-major d’Al-Qaïda en Syrie
    http://www.voltairenet.org/article198191.html

    Le ministère russe de la Défense a confirmé avoir bombardé une réunion de l’état-major d’Al-Qaïda en Syrie, tuant 60 membres de l’organisation —dont 12 de ses principaux cadres— et blessant grièvement son commandant-en-chef, Abou Mohammed al-Joulani.

    Al-Joulani est un combattant d’al-Qaïda qui fut prisonnier des États-Unis au camp Bucca (Irak). À sa sortie, il rejoignit l’État islamique en Irak de John Negroponte. Puis il suivit l’organisation en Syrie, dont il est originaire. Cependant, il ne suivit pas le calife lorsque celui-ci rompit avec al-Qaïda. Les États-Unis offraient 10 millions de dollars pour sa capture.

    Il existe actuellement trois grandes coalitions jihadistes en Syrie :
     les pro-turcs (Armée syrienne libre)
     les pro-qataris (Hayat Tahrir al-Cham / Al-Qaïda)
     les pro-État profond US (Daesh).

    Hayat Tahrir al-Cham a démenti qu’Abou Mohammed al-Joulani ait été blessé et amputé, comme Daesh avait démenti la mort de son calife, Abou Bakr al-Baghdadi. Ce dernier est mort le 28 mai, lors d’un bombardement russe, avant que sa voix ne ressuscite dans les médias pro-US.❞

  • En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?
    Maxime Chaix | 3 août 2017
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/en-syrie-le-plus-grand-fiasco-de-la-cia-139175839

    Alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes au Moyen-Orient, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN ne peut et ne doit plus être éludée

    Récemment, le Washington Post a annoncé la fin du soutien de la CIA en faveur des rebelles « modérés », confirmant qu’en 2015, ceux-ci menaçaient de renverser Bachar el-Assad mais que cette issue chaotique fut empêchée par l’intervention militaire directe de la Russie cette même année. Chaotique, car le chroniqueur du Post, David Ignatus, vient de souligner dans ce même journal que Washington et ses alliés ne pouvaient proposer d’alternative politique viable, démocrate et modérée face au gouvernement syrien.

    D’après le spécialiste de la Syrie Charles Lister, qui regrette ouvertement la fin de cette guerre secrète coordonnée par la CIA, l’Agence aurait constitué une force de 45 000 combattants à travers cette opération, dont nous savons depuis janvier 2016 qu’elle a pour nom de code « Timber Sycamore ».

    Or, comme le rappelle l’universitaire américain Joshua Landis, ces rebelles « modérés » appuyés par la CIA et ses partenaires ont combattu jusqu’en janvier 2014 aux côtés de la milice terroriste qui allait devenir l’« État islamique » (EI) six mois plus tard, lors de la proclamation du « califat » par Abou Bakr al-Baghdadi. Cet argument est confirmé par l’expert de la Syrie Fabrice Balanche, qui a souligné à l’auteur de ces lignes que « les rebelles n’ont combattu Daech qu’à partir de l’hiver 2013-2014. Avant cette période, ils étaient main dans la main avec cette organisation. »

    #Syrie

    • Une autre question d’ABA dans son édito ce soir http://www.raialyoum.com/?p=707649, sous le titre "est-ce que la mort d’al-Baghdadi a la même importance après la chute de Moussoul et bientôt de Raqqa : et qu’en est-il des documents que les Irakiens n’ont pu manquer de trouver à Mossoul ? On entend parler de rien, de même qu’on ne sait pas où sont passés les dirigeants de l’EI !...

  • L’Etat islamique prend pied aux Philippines
    https://www.mediapart.fr/journal/international/290617/l-etat-islamique-prend-pied-aux-philippines

    L’émir Isnilon Hapilon. © (capture d’écran vidéo) Assiégé à Mossoul et à Raqqa, le califat d’Abou Bakr al-Baghdadi se tourne vers l’Asie du Sud-Est pour conquérir de nouvelles provinces. C’est en tout cas l’objectif proclamé par des groupes djihadistes issus d’anciennes rébellions et qui se battent désormais sous le drapeau de Daech au sud des Philippines.

    #International #Asie_du_Sud-Est #djihadisme #Etat_islamique

  • A l’ouest du tigre, El-Baghdadi repéré à Mossoul
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article3016

    Les autorités militaires irakiennes viennent de déclarer, en fin d’près-midi du 6 février, qu’ils ont repéré et isolé le leader d’#ISIS (Daesh), de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim Ali Al-Badri, comme le montre le Twitt ci-après. Citant le premier ministre irakien Haïder al-Abadi, la chaîne de télévision France24 a diffusé cette info. Pendant le mois de décembre 2016, le général Fadil Barwari, a déclaré qu’Abou Bakr Al-Baghdadi se cachait dans un bunker souterrain à Mossoul. La prime du département d’État (...)

    conflits, situation, points chauds, monde, international, efforts, position, opinion, interventionnisme,

    / #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale, Terrorisme , islamisme , Al-Qaeda , politique , , #crise,_capitalisme,_économie,_justice,_Bourse, Irak, prison, pétitions, chiite, (...)

    #conflits,situation,_points_chauds,_monde,_international,_efforts,_position,_opinion,_interventionnisme, #Terrorisme_,islamisme,Al-Qaeda,politique,_ #Irak,_prison,_pétitions,_chiite,_sunnite,_journaliste #fait_divers,_société,_fléau,_délinquance,_religion,_perdition

  • Voyage dans l’Amérique en guerre (4/4) : une guerre sans limites

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/06/voyage-dans-l-amerique-en-guerre-4-4-une-guerre-sans-limites_5058934_3222.ht

    Au nom de la lutte contre le djihadisme, le 11-Septembre a précipité les Etats-Unis dans quinze années de combats . Dernier volet de notre reportage dans un pays tourmenté.

    Tentant d’esquisser un bilan de ces quinze années, l’ex-colonel Andrew Bacevich, devenu historien et professeur à l’université de Boston, dénonce « la normalisation de la guerre. Pendant la guerre froide, le Vietnam et d’autres conflits, l’objectif politique final d’un président était la paix. Même les plus cyniques évoquaient la paix. Cette année, je n’ai entendu aucun des deux candidats à la présidentielle en parler. Ils promettent la guerre, pas la fin de la guerre ».

    Ce jour-là, à Boston, Andrew Bacevich a réuni chercheurs, militaires et espions pour une conférence intitulée « Quinze ans après le 11-Septembre ». Deux anciens pontes du renseignement s’interrogent. Ardent défenseur des programmes mis en œuvre depuis 2001, John Deutch, un ex-directeur de la CIA, constate que « le 11-Septembre a détruit tout le système sur lequel était bâtie la sécurité nationale américaine, où l’on faisait la différence entre l’extérieur et l’intérieur, et entre la guerre et la paix », et qu’il a bien fallu s’adapter à un monde nouveau.

    Andrew Bacevich, professeur à l’université de Boston (Massachusetts), le 14 septembre 2016.
    Nettement plus critique, Paul Pillar, un ancien du contre-terrorisme de la CIA et de l’état-major du renseignement, professeur à l’université Georgetown de Washington, dénonce « l’usage politique qui a été fait de la peur et des angoisses des Américains pour justifier à la fois la restriction des libertés et l’invasion de l’Irak. Alors que, franchement, il est impossible d’affirmer que nous sommes plus en sécurité aujourd’hui qu’il y a quinze ans ». S’adressant aux étudiants, et contrairement à beaucoup d’agents de la sécurité nationale qui se sont résignés à accompagner décisions politiques et avancées technologiques sans débat éthique, Pillar les conjure de « ne pas se résigner : ne prenez jamais la normalité pour inévitable ! »

    Au cours de ce voyage dans l’Amérique en guerre, une visite s’imposait. Un détour par Rockville, dans cet Etat du Maryland qui, avec la Virginie, accueille autour de Washington toute l’élite sécuritaire du pays. C’est là que vit un ancien espion, Marc Sageman, devenu au fil des années et de ses recherches peut-être le meilleur analyste du conflit entre l’Amérique et le djihad.

    Au cimetière d’Arlington (Virginie), le 21 septembre 2016.
    Sageman a vécu cette guerre à tous les postes : après avoir formé pour la CIA, dans les années 1980, les moudjahidin afghans et arabes qui combattaient les Russes en Afghanistan, après s’être ensuite frotté dans le monde civil à la criminalité en tant que médecin légiste et psychiatre, il est revenu aux affaires sensibles après le 11-Septembre, mû par « un sentiment de culpabilité d’avoir peut-être entraîné certains de ces types » et par « une envie de comprendre qui ils sont et ce qu’ils cherchent ».

    Il a repris du service pour le Pentagone à Washington et en Afghanistan, pour le FBI, pour la police de New York, pour le Secret Service chargé de la protection des présidents, et pour des instituts de recherche et des universités. C’est souvent lui, quelle que soit sa casquette, qu’on appelle pour interroger un djihadiste arrêté ici ou là, pour tenter d’évaluer la menace et de comprendre des motivations que la majorité des Américains considèrent comme incompréhensibles.

    POUR JOHN DEUTCH, UN EX-DIRECTEUR DE LA CIA, « LE 11-SEPTEMBRE A DÉTRUIT TOUT LE SYSTÈME SUR LEQUEL ÉTAIT BÂTIE LA SÉCURITÉ NATIONALE AMÉRICAINE, OÙ L’ON FAISAIT LA DIFFÉRENCE ENTRE L’EXTÉRIEUR ET L’INTÉRIEUR »

    Marc Sageman, qui a toujours jugé sévèrement les politiques étrangères de Bush puis d’Obama, est aujourd’hui encore plus désabusé que lors de conversations passées. « Même avec Obama, que j’ai pourtant soutenu, la situation a empiré. Il s’est entouré de faucons et est devenu faucon. Cette war on terror est incontrôlable. Elle a généré un complexe militaro-industriel de l’antiterrorisme dont les budgets se comptent en milliers de milliards de dollars. »

    L’ancien agent de la CIA à Islamabad n’est pas tendre non plus avec la préoccupation du moment, le front intérieur. Lui qui a pu interroger nombre de suspects arrêtés aux Etats-Unis estime que, malgré la menace réelle et quelques attaques réussies, « l’immense majorité de ces jeunes paumés ont été manipulés sur Internet par le FBI, qui parfois leur a même vendu les armes servant de preuves lors de leur arrestation ». « Au moins 400 arrestations ont été montées par le FBI pour des raisons de budget et de publicité. C’est la même technique que celle employée par John Edgar Hoover contre les communistes, puis contre les Noirs, puis contre les opposants à la guerre du Vietnam. Ces techniques avaient été suspendues après le Vietnam, sauf pour les dealers de drogue. Le FBI les a réactivées en 2001, soi-disant pour nous protéger de gens dangereux, mais en fait pour surveiller tout le monde et piéger qui il veut. »

    La torture, ligne de fracture

    Pour Marc Sageman, comme pour beaucoup d’Américains qui réfléchissent à l’onde de choc de ces conflits pour le pays et ses valeurs, la ligne de fracture de l’Amérique post-11-Septembre est la torture, ordonnée par Bush, puis supprimée par Obama sans être pénalement condamnée. « Raconter, comme dans le film Zero Dark Thirty, que la torture a permis de tuer Ben Laden, c’est vraiment de la connerie. Je connais le dossier. Cette histoire a été inventée par des types de la CIA qui ont enfumé les scénaristes du film. »

    L’ancien espion Marc Sageman, à Montgomery County (Maryland), le 19 septembre 2016.
    Son plus grand regret, à l’heure où Barack Obama va quitter la présidence, est « qu’il n’ait pas ordonné de poursuivre en justice nos criminels de guerre. Tant qu’il n’y aura pas de condamnation, ça recommencera ». Entraînant, comme avec Guantanamo ou Abou Ghraib, comme à chaque fois que l’Amérique n’est pas exemplaire sur l’état de droit, une augmentation significative du nombre de combattants ennemis.

    Kenneth Roth, le directeur de Human Rights Watch, la plus importante organisation de défense des droits de l’homme américaine, regrette lui aussi ce choix d’Obama, qui a supprimé l’utilisation de la torture le premier jour de sa présidence tout en excluant immédiatement de punir l’administration Bush pour ses excès. « Ne pas poursuivre en justice, c’est ramener la torture à une décision politique, au lieu de la rendre illégale. Obama l’a supprimée, ainsi que les détentions secrètes, mais ne pas condamner les responsables de la torture est un feu vert pour qu’un autre la rétablisse. »

    Lors d’une tournée d’entretiens avec des stratèges américains il y a huit ans, pendant l’hiver de transition entre Bush et Obama, beaucoup critiquaient déjà, pour des raisons diverses, la war on terror. Même si Ben Laden n’avait à l’époque pas encore été tué, chacun soulignait que le mot « guerre » semblait inadapté, puisque les responsables opérationnels des attaques du 11-Septembre, dont leur coordinateur Khalid Cheikh Mohammed, avaient été arrêtés au Pakistan par des moyens tout à fait classiques de renseignement et de police.

    POUR BEAUCOUP D’AMÉRICAINS QUI RÉFLÉCHISSENT À L’ONDE DE CHOC DE CES CONFLITS POUR LE PAYS ET SES VALEURS, LA LIGNE DE FRACTURE DE L’AMÉRIQUE POST-11-SEPTEMBRE EST LA TORTURE

    Si les années Obama ont permis un retour des troupes au bercail, elles n’ont en revanche pas inversé cette tendance à ne penser qu’en termes militaires. La militarisation de la lutte antidjihadiste est même telle, depuis que l’Etat islamique a bâti une armée de dizaines de milliers de combattants, que tout le monde a oublié que la réaction au 11-Septembre aurait peut-être pu être principalement policière, et plus personne ne critique la militarisation de la pensée. La réalité est là : aujourd’hui, en Irak et en Syrie mais également au Sahel, en Libye, au Yémen et ailleurs, seuls des moyens militaires peuvent venir à bout de certains groupes djihadistes, eux-mêmes désormais fortement militarisés.

    Quant à Khalid Cheikh Mohammed, il croupit toujours à Guantanamo, et même les Américains oublient de demander à leurs élus s’il sera un jour jugé pour ses crimes. « Avec le fait de ne pas juger nos criminels de guerre, c’est l’autre erreur d’Obama. Contrairement à Bush, lui aurait dû amener les responsables du 11-Septembre devant la justice, juge Kenneth Roth. C’est là aussi une décision liée à la torture : tout le système veut éviter des révélations sur ce sujet », certains aveux de Khalid Cheikh Mohammed ayant été extorqués lors de séances de waterboarding, la torture par suffocation dans l’eau.

    Le hasard – l’ironie pourrait-on dire, si le sujet de ces quinze ans de guerre n’était pas si tragique – est que ce voyage consacré à l’Amérique en guerre, commencé à New York un dimanche 11 septembre ensoleillé, s’achève, trois mois plus tard, en un pluvieux mois de décembre, sur le front de Mossoul.

    Dans cette ville marquée à la fois par ­Petraeus, par Al-Qaida et par l’Etat islamique, cette « capitale » des régions sunnites, des unités des forces spéciales irakiennes mènent la bataille contre l’EI. Ces soldats ont été formés par les Etats-Unis, qui ont depuis longtemps, en Irak comme ailleurs, adopté le concept de proxy war (« guerre par procuration ») afin d’éviter des engagements militaires directs. Les combats sont rudes. Les djihadistes finiront par perdre la « capitale » du « califat » proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi, l’héritier turbulent de Ben Laden et rival d’Al-Qaida, mais le fait même que cette bataille doive avoir lieu est l’aveu d’un échec colossal.

    Lors du premier débat présidentiel entre la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, à Oakland (Californie), le 26 septembre 2016.
    Quinze ans après le 11-Septembre, Ben Laden et ses 300 hommes ont muté en dizaines de milliers de combattants djihadistes, dont certains administrent depuis deux ans et demi villes et territoires en Irak et en Syrie, ont bâti une armée, peuvent envoyer une unité perpétrer des attentats jusqu’à Paris et Bruxelles et ont des partisans en armes dans beaucoup d’autres pays.

    Entre paix et peur

    « Le plus surprenant est tout de même d’avoir cette conversation quinze ans après, dit en souriant Peter Bergen. En 2001, jamais je n’aurais imaginé vivre cet état de guerre aujourd’hui. Puis il y a eu 2011, et moi aussi, comme beaucoup de monde, j’ai cru à la fin du problème djihadiste au moment de la mort de Ben Laden et des “printemps arabes”. »

    VINGT VÉTÉRANS SE SUICIDENT CHAQUE JOUR À TRAVERS LE PAYS, MAIS LES AMÉRICAINS NE PARLENT QUE DE « HÉROS » ET DE TEMPS GLORIEUX. NUL NE DOUTE DE LA PUISSANCE DU PAYS NI DE SES VALEURS FONDAMENTALES, MÊME LORSQU’ELLES SONT UN TEMPS TRAHIES.

    « C’est une question de temps. Al-Qaida et l’EI seront vaincus, prédit David Petraeus. Pour moi, la leçon de ces quinze années est que, malgré les erreurs commises le long du chemin, et alors qu’on prétend que les démocraties ne peuvent prétendument pas mener de “guerre longue”, cela se révèle être faux. Je ne pense pas que ce combat soit sans fin. C’est la guerre d’une génération. »

    Une guerre qui évolue : à la fin des années Bush, 180 000 soldats américains étaient déployés sur le champ de bataille ; à la fin des années Obama, presque tous sont rentrés chez eux, et le combat est principalement mené par les forces spéciales et les drones, en appui d’armées étrangères. Et, puisque la certitude est de faire face à une « guerre longue », celle-ci évoluera encore dans les années à venir, selon la façon dont le président élu Donald Trump abordera les questions stratégiques et militaires.

    La force des Etats-Unis réside peut-être là, dans ce paradoxe : le pays vit en même temps l’apogée du scepticisme et l’apogée du patriotisme. Alors que l’Amérique n’a enchaîné quasiment que des erreurs et des défaites depuis quinze ans – mis à part la mise hors d’état de nuire de Ben Laden et des organisateurs du ­11-Septembre –, nul ne doute de la victoire. Vingt vétérans se suicident chaque jour à travers le pays, mais les Américains ne parlent que de « héros » et de temps glorieux. Nul ne doute de la puissance du pays ni de ses valeurs fondamentales, même lorsqu’elles sont un temps trahies.

    Personne, mis à part l’écrivain Kevin Powers ou le chercheur Marc Sageman, ne mentionne les victimes autres qu’américaines, les morts, les blessés, les torturés, les vies ravagées. « Je ne veux pas savoir combien de gens nous avons tués depuis quinze ans… » : ces mots de Dick Couch pourraient être ceux d’une majorité d’Américains. Eux veillent (un peu) à panser les plaies de leurs blessés, ils célèbrent leurs morts, ils vouent un culte à leurs guerriers, et la minute d’après ils pensent à autre chose.

    Ils vivent en paix. Malgré leur peur irrationnelle d’un ennemi invisible, les Américains vivent en paix. D’où l’étonnement de les entendre parfois évoquer une « guerre sans fin ». D’où l’étonnement, alors que la menace ne fut jamais existentielle, lorsqu’ils laissent percevoir une peur qui confine parfois à la panique.

    Les Etats-Unis ne se perçoivent pas vraiment comme étant en guerre : ils vivent entre paix et peur. Et pourtant la crainte d’une « guerre sans fin » est très présente. Les Américains sont en fait dans l’illusion que guerre et paix appartiennent à des sphères différentes, cloisonnées, et que la guerre est l’affaire exclusive des militaires. Cette « guerre sans fin » de l’Amérique est une guerre non déclarée, indéfinie, sans véritable visage, ni territoire ni front. Plus qu’une guerre sans fin, c’est une guerre sans limites. C’est peut-être, après tout, la pire des guerres. Celle qui envahit les esprits. Celle qui empoisonne une société. Une guerre qui change un pays pour toujours, sans même qu’au fond, il sache très bien pourquoi…

    Au Lincoln Memorial, à Washington, le 19 septembre 2016.

  • Le nouveau message de Daesh à (encore) été annoncé par l’israélo-américaine Rita Katz - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/11/le-nouveau-message-de-daesh-a-encore-ete-annonce-par-l-israelo-ame

    Rebelote.

    Jeudi 3 novembre, la presse internationale a fait état de la diffusion sur les réseaux sociaux d’un nouvel enregistrement sonore imputé à Abou Bakr Al-Baghdadi, chef de l’obscure organisation terroriste « État islamique » et amateur... de montres de luxe {http://panamza.com/bcu}. 

    Le patron présumé de Daech y menace la Turquie et appelle ses troupes à tenir la ville irakienne de Mossoul {http://panamza.com/ccq}. 

    Selon l’agence américaine Associated Press, cette information provient de « SITE Intelligence Group » {http://panamza.com/ccp}. 

    Le groupe SITE a d’ailleurs été le premier sur Twitter - le jeudi 3 novembre, à 0h07- à faire état de ce message audio {http://panamza.com/ccr}.

    Immédiatement après (à 0h09 et 0h10), le tandem des pseudo-experts indépendants composé de Romain Caillet et « Gilles N » (complémentaires avec le duo David Thomson/Wassim Nasr) a communiqué en français l’information sur Twitter {http://panamza.com/ccs;http://panamza.com/cct;http://panamza.com/ccu}.

    « Gilles N » -qui refuse de dévoiler son identité- avait justifié son intérêt pour le djihadisme en se contentant de déclarer au site Slate être « intrigué par ces gens qui obéissent à un texte aussi ancien » -en l’occurrence, le Coran {http://panamza.com/13483}.

    Généralement présentée par la presse occidentale comme un simple « centre de surveillance des sites islamistes », SITE est plus exactement une officine de propagande dirigée par une ultra-sioniste israélo-américaine dénommée Rita Katz. 
    Cette dernière s’est notamment fait connaître sur la scène internationale par son obtention « exclusive » de documents audiovisuels imputés aux dirigeants d’Al Qaïda.

    Dès le lendemain des attentats de Paris, SITE avait également été la première organisation à relayer la prétendue revendication officielle de l’État islamique
    {http://www.panamza.com/01122015-daesh-rita-katz}.

    SITE fut l’organisme qui affirma avoir en outre « authentifié » le précédent « message audio » d’Abou Bakr Al-Baghdadi {http://www.panamza.com/omega-style}.

    SITE avait aussi annoncé la pseudo-réapparition du fils d’Oussama ben Laden en 2016 {http://panamza.com/hamza-ben-laden}.

    SITE fut enfin la première agence à avoir annoncé la mise en ligne de la vidéo du djihadiste Larossi Aballa, auteur présumé du double assassinat de Magnanville {http://panamza.com/abballa-katz}.

    Depuis 2001, « SITE » constitue une sorte de service après-vente de la grande mystification israélo-américaine du 11-Septembre : le groupe diffuse des images ou messages destinés à entretenir et valider auprès de médias-relais dociles la prétendue « guerre contre le terrorisme » conceptualisée à l’origine par Benyamin Netanyahou (dès 1979, via son « Institut Jonathan »), lancée par George Bush en 2001 et perpétuée aujourd’hui par le tandem François Hollande/Manuel Valls.

    http://www.panamza.com

  • Selon un haut gradé kurde, le chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi, se cacherait à Mossoul
    https://www.crashdebug.fr/international/12602-selon-un-haut-grade-kurde-le-chef-de-daesh-abou-bakr-al-baghdadi-se

    Des panaches de fumée s’élèvent des puits incendiés par les terroristes de Daesh fuyant la région à

    l’approche de l’armée irakienne (c) Alaa Al-Marjani Source : Reuters

    Le chef des troupes kurdes, Fouad Hussein, a appelé à la lutte contre les terroristes de Daesh et leur chef à Mossoul dans une interview exclusive au journal britannique The Independent. D’après lui, la mort de leur leader diviserait les terroristes.

    « Abou Bakr al-Baghdadi est ici [à Mossoul], et s’il est tué, cela signifiera la chute de tout le système de Daesh », a déclaré Fouad Hussein à The Independent, précisant qu’aucun successeur d’al-Baghdadi n’aurait pas assez d’autorité et de prestige pour le remplacer entièrement car c’est lui qui a conquis Mossoul et y a proclamé le califat en juin 2014.

    « La présence d’Abou Bakr al-Baghdadi à Mossoul (...)

    #En_vedette #Ça_s'est_dit_par_là... #International

  • Enquête. État islamique : comment tout a commencé

    Grâce au témoignage inédit d’un djihadiste de la première heure, Foreign Policy a pu retracer très précisément la manière dont Abou Bakr Al-Baghdadi a fondé le groupe qui allait devenir l’organisation terroriste la plus redoutée du monde.

    http://www.courrierinternational.com/article/enquete-etat-islamique-comment-tout-commence
    #ISIS #EI #Etat_islamique

  • À noter que les Russes s’approprient eux aussi sa liquidation qui est probablement à mettre au crédit du renseignement opéré par la coalition autour des É. U. Reste plus que Baghdadi pour une prochaine fois.

    Le stratège des attentats liquidé en Syrie, un coup dur pour l’EI
    https://fr.news.yahoo.com/strat%C3%A8ge-attentats-liquid%C3%A9-syrie-coup-dur-lei-114032285.htm

    Le propagandiste des attentats en Occident a été tué à 39 ans dans une frappe, probablement américaine, dans le nord de la Syrie.

    Sa liquidation, annoncée mardi soir par l’EI, est la troisième d’un important jihadiste en cinq mois et elle isole encore davantage l’introuvable chef du groupe, le « calife » autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi.

  • Une réinvention radicale du djihadisme
    par Peter Harling

    http://orientxxi.info/magazine/une-reinvention-radicale-du-djihadisme,1420

    L’organisation de l’État islamique (OEI) a renouvelé le mouvement djihadiste. Alors que celui-ci avait fini par s’autodétruire, l’OEI a su utiliser le vide créé par la guerre en Syrie pour se réinventer et renaître. C’est désormais une force dépourvue d’idéologie qui s’installe dans une région où les États sont en totale déliquescence. Et cette force est capable d’exploiter les erreurs, les excès, les faiblesses et les insuffisances de ceux qui le combattent.

    Le djihadisme au Proche-Orient a de beaux jours devant lui. Un seuil semble bien avoir été franchi au-delà duquel la réponse à la menace grandissante du djihadisme perpétue et exacerbe les causes mêmes du phénomène dans une spirale qui enfle à chaque rotation.

    Le recours de plus en plus fréquent aux bombardements aériens a détruit, jour après jour, le paysage urbain de la région et ravagé son tissu social. Des villes entières sont rayées de la carte et des millions de personnes contraintes de fuir, plongées dans des situations de désespoir extrême. La si nécessaire aide humanitaire se fait rare, contrairement à l’intolérance et à la discrimination. Le développement des milices aux dépens des armées régulières est alimenté par une course effrénée aux armements qui ne pourra qu’affaiblir les États existants, et nourrit ce qui est devenu un « système de radicalisation » dans la région. Des opérations militaires sont continuellement conduites sans que l’on pense un instant à une normalisation politique ultérieure ou à une reconstruction de l’économie. Paradoxalement, les menaces djihadistes servent de prétexte pour n’aborder aucune des questions politiques et socio-économiques les plus urgentes. Plus la situation empire, plus le statu quo se dégrade, plus il semble avoir le soutien des acteurs-clés et des principaux protagonistes.

  • « Il veut s’accoupler » : à propos d’une vidéo attribuée à l’Etat islamique. – Culture et politique arabes
    https://cpa.hypotheses.org/6025

    Il y a quelques jours, Sarah Mandour (سحر مندور) publiait dans le quotidien libanais Al-Safir un article commentant une vidéo attribuée par certains à Abou Bakr al-Baghdadi, le dirigeant de l’autoproclamé État islamique. J’en propose cette semaine la traduction, accompagnée, pour une fois, de quelques notes qui m’ont paru nécessaires pour éclairer le contexte. A la fin du billet, un extrait d’une émission de télé à propos de cette même vidéo, qui permet d’entendre quelques moments de la fameuse chanson diffusée en vidéo (mais je ne l’ai pas trouvée dans son intégralité)

    #cpa

  • Antiterrorisme : la destruction du renseignement

    "La DGSI, et même le renseignement extérieur, semblent sourds et aveugles à ce qui se trame au Moyen-Orient en général – et en Syrie en particulier. Et même impuissants à exploiter les informations transmises par d’autres centrales. Les services français avaient pourtant bénéficié, avant les attentats du vendredi 13 décembre 2015, d’« informations que plusieurs services de renseignement arabes ont transmises à leurs homologues occidentaux », et selon lesquelles « six capitales ont été ciblées en priorité par l’État islamique : Paris, Londres, Moscou, Le Caire, Riyad et Beyrouth ». Selon ces renseignements, plusieurs « émirs » étaient chargés de superviser des opérations dans chaque zone visée et disposaient d’une large autonomie opérationnelle. Ils ne répondaient qu’à Abou Ali al-Anbari, le chef du Conseil de sécurité et de renseignement de l’État islamique.

    Selon les mêmes informateurs, Abdelhamid Abaaoud était chargé d’organiser des attentats terroristes en France, en Espagne et en Italie. Un autre « émir » terroriste, d’origine pakistanaise, serait chargé de la Grande-Bretagne. Cette stratégie de la terreur aurait été décidée lors d’une réunion tenue autour d’Abou Bakr al-Baghdadi, fin juin 2015, à Mossoul. Dès lors, les opérations terroristes en Europe devaient être menées par des djihadistes aguerris en Irak ou en Syrie, placés directement sous les ordres de cadres du Conseil de sécurité et de renseignement de l’État islamique et non plus par des groupes spontanés ou autres « loups solitaires », comme jusqu’en janvier 2015.

    De même, le lundi 16 novembre 2015, un responsable gouvernemental turc affirmait, on l’a dit, que la police de son pays avait alerté la police française par deux fois, en décembre 2014 et en juin 2015, à propos d’Ismaël Mostefaï, l’un des terroristes kamikazes du Bataclan, mais qu’elle n’avait reçu aucun retour. Pourtant, son cas était particulièrement inquiétant : « Les services secrets savaient dès 2009 qu’Ismaël Mostefaï, l’un des kamikazes du Bataclan, s’était radicalisé à Chartres, dans un groupe dirigé par un vétéran du djihad, cerveau d’un attentat au Maroc en 1994. Au printemps 2014, la DGSI a perdu la trace de Mostefaï après l’avoir repéré à Chartres, quelques mois après son probable retour de Syrie. Il avait franchi la frontière turque le même jour qu’un autre kamikaze du Bataclan, Samy Amimour. »

    Les services français auraient également reçu des signalements du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le service algérien, à propos d’Ismaël Mostefaï. Le DRS aurait repéré le futur tueur du Bataclan et l’aurait surveillé fin 2014. Le service algérien avait en effet découvert qu’il était membre d’une cellule de recrutement de djihadistes pour la Syrie, au nom de laquelle il aurait été chargé de transporter des messages, de l’argent et des faux documents. Par ailleurs, le site d’information Mondafrique évoquait, en novembre 2015, un signalement du DRS à la DGSE, en octobre. Mais, une fois encore, ces informations n’auraient pas été sérieusement exploitées.

    Enfin, la communication entre les différents services français de renseignement et de police semble avoir été catastrophique jusqu’au bout. À l’automne 2015, plusieurs responsables de la lutte antiterroriste se plaignaient ainsi de la rétention d’informations pratiquée par la DGSI, laquelle avait visiblement le plus grand mal à partager ses fiches « S » (atteinte à la sûreté de l’État). La DRPP, la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, mais aussi la DNRED et Tracfin s’en plaignaient clairement, surtout depuis les attentats de janvier 2015. Même la DGSE semblait souffrir de cette rétention d’informations, alors qu’une cellule de liaison entre ce service de renseignement extérieur et le renseignement intérieur était logée au siège de la DGSI, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

    Et pourtant…

    « J’ai acquis la conviction que les hommes de Daech ont l’ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement en organisant des actions d’ampleur, incomparables à celles menées jusqu’ici. Je le dis en tant que technicien : les jours les plus sombres sont devant nous », prévenait le juge d’instruction Marc Trévidic, le 30 septembre 2015, dans Paris Match, alors qu’il quittait le pôle judiciaire antiterroriste, après dix ans d’enquêtes. Le vendredi 13 novembre 2015, son avertissement devint prédiction.

    Et pourtant, surtout depuis les tueries de Mohamed Merah, en mars 2012, les gouvernements ont multiplié les réformes du dispositif judiciaire antiterroriste. Pas moins de quatre lois ont été votées en quatre ans, et les décrets d’application de la plus récente, la loi sur le renseignement promulguée le 24 juillet 2015, ont été publiés à peine plus d’un mois avant les attentats de novembre 2015. En réponse à la tentative de fusillade du 21 août 2015 dans le Thalys Amsterdam-Paris, l’Assemblée nationale devait même commencer, mardi 17 novembre 2015, l’examen d’un nouveau projet de loi élargissant les pouvoirs de fouille des agents SNCF, RATP et des policiers dans les transports. Vendredi 13 novembre, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, présentait un plan de lutte contre les filières d’armement du banditisme et du terrorisme, à la préfecture des Hauts-de-Seine.

    Et pourtant, encore, la loi relative au renseignement promulguée le 24 juillet 2015 avait considérablement étendu les pouvoirs des services de renseignement, en légalisant des techniques de surveillance très intrusives, comme la sonorisation de locaux et de domiciles, les IMSI-catchers, ces valises qui imitent le fonctionnement d’une antenne-relais sur laquelle se connectent donc les téléphones mobiles proches et qui permettent l’interception de conversations…

    Les moyens financiers et en effectifs des services du renseignement avaient également été renforcés. Transformée en DGSI, en juin 2014, et placée directement sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, la DCRI s’était vu promettre 432 postes supplémentaires ainsi qu’un budget supplémentaire de fonctionnement de 12 millions d’euros par an. Le plan antiterroriste annoncé par le Premier ministre Manuel Valls, en janvier 2015, y ajoutait un renfort de 1 400 policiers et gendarmes supplémentaires sur trois ans, dont 1 100 pour le renseignement intérieur…

    Et pourtant, enfin, en juillet, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait créé et placé sous son contrôle direct un état-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) censé coordonner les différents services et éviter que de nouveaux djihadistes ne passent entre les mailles du filet du renseignement. L’EMOPT « est chargé de piloter la totalité du dispositif de détection et de suivi des individus radicalisés susceptibles de commettre un acte terroriste », soulignait Bernard Cazeneuve, le 29 octobre 2015, à l’Assemblée nationale.

    « Sponsors » de l’État islamique

    Dans son entretien avec Frédéric Helbert, le juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic insistait : « La menace est à un niveau maximal, jamais atteint jusqu’alors. D’abord, nous sommes devenus pour l’État islamique l’ennemi numéro un. La France est la cible principale d’une armée de terroristes aux moyens illimités. » Or, la question des « moyens illimités » du terrorisme islamiste est le tabou par excellence de la communication politique. Un tabou que les vrais experts du renseignement n’ont parfois plus le cœur de respecter.

    Alain Chouet a été le chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, de 2000 à 2002, après avoir été en poste à Beyrouth, Damas, Rabat, etc. Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, il affirmait ne pas avoir été surpris par ceux-ci : « Cela fait au moins un an que les spécialistes du renseignement agitent le drapeau pour prévenir du risque imminent d’attentat. Il faut bien comprendre que l’État islamique ayant une vraie stratégie pour se développer sur le terrain en tant qu’État, et commençant à perdre pied quand ses ressources se tarissent, opère une transition vers le terrorisme international, comme Al-Qaïda à son époque. Il s’agit pour l’État islamique de garder sa crédibilité, ses sponsors et ses soutiens. »

    À propos de ces « sponsors » et « soutiens » du terrorisme projeté par l’État islamique, Alain Chouet ne mâchait pas ses mots : « Oui, il y a les sponsors idéologiques et financiers du terrorisme. Les pétromonarchies du Golfe, qui essayent par tous les moyens – et en particulier par la diffusion de l’idéologie salafiste – d’empêcher la constitution d’un axe chiite du Liban jusqu’à l’Iran, qui ont un problème de légitimité musulmane, et qui veulent empêcher toute dérive démocratique. L’Arabie saoudite, par exemple, s’emploie depuis trente ans à distiller le message salafiste et wahhabite en Europe, à travers des écoles et des fondations, et le résultat est là aujourd’hui. » Le propos est on ne peut plus clair et net. J’y reviendrai précisément un peu plus loin.

    Comme pratiquement toutes mes autres sources au sein du renseignement, l’ex-chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE dénonçait aussi vigoureusement la bureaucratisation du métier : « À la DGSE, aujourd’hui, il doit y avoir 4 500 à 5 000 personnes, dont 1 000 qui font de l’administratif. Le problème n’est pas tant les effectifs que la qualité et l’utilisation des effectifs, comme à la DGSI. J’ajoute qu’à la gendarmerie, il y a 80 000 personnes qui, à une époque, quadrillaient le territoire et parlaient à tout le monde. On les a reconvertis en percepteurs d’impôts et pères fouettards sur le bord des routes, au lieu de créer un corps spécifique, une police des routes. Du coup, le maillage territorial du renseignement et la défense opérationnelle du territoire ont été affaiblis. »

    Destruction du renseignement financier

    Mais ce qui a sans doute été le plus affaibli, pour ne pas dire tout simplement brisé, c’est le renseignement financier. Le jeudi 26 novembre 2015, Aleph me le dit, une nouvelle fois, crûment : « Lorsque les RG travaillaient sur le financement du terrorisme, ses enquêteurs tombaient aussi souvent sur d’autres malversations : évasion fiscale, financement politique illégal, corruption… Je suis convaincu que le démembrement et l’absorption des RG par la DST, lors de la création de la DCRI, en 2008, ont été voulus par Nicolas Sarkozy et ses généreux amis qui avaient beaucoup à craindre du renseignement financier. » Résultat : les arcanes du financement d’un terrorisme toujours très coûteux sont plus obscurs et impénétrables que jamais pour le renseignement français.

    Aleph confirme ainsi les analyses contenues dans un document confidentiel d’une rare sévérité, rédigé par un collectif d’officiers de la DCRI, ce « FBI à la française ». Rédigé sur 14 pages, en style parfois télégraphique, ce véritable audit du service de renseignement, mais aussi de nombreuses autres directions de la police nationale compétentes en matière de délinquance financière, a été remis le 16 février 2013 aux parlementaires du groupe de travail sur les exilés fiscaux, constitué un mois et demi plus tôt. « Avant la réforme de 2008, les renseignements généraux disposaient d’un réseau territorial de remontées d’informations économiques et financières. Ses services centraux disposaient d’un accès aux déclarations Tracfin et apportaient des éléments de travail à Tracfin. Les RG avaient mis en place un maillage au sein des employés des établissements bancaires pour faire remonter de l’information financière en amont de Tracfin et recueillir des informations non filtrées. Lors de la réforme des services de renseignement survenue en 2008, la recherche du renseignement financier a été centralisée au sein de la sous-direction en charge de la protection du patrimoine économique et financier de la DCRI… » Et dès lors, les informations recueillies sont tombées dans les oubliettes du « secret défense ».

    Aussi, la note très précise des officiers de police encourageait les élus à interroger, si possible dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire, les anciens et actuels patrons ou responsables de la DCRI (dont Bernard Squarcini, Gilles Gray, Éric Bellemin-Comte…), notamment celles et ceux qui étaient et sont encore chargés du renseignement économique et financier. Les auteurs du document suggéraient même aux parlementaires des questions lourdes de sens, révélant, d’une part, la surveillance étroite opérée par la DCRI sur l’organisation de la fraude fiscale internationale et dénonçant, d’autre part, la non-transmission à la justice des informations considérables recueillies lors de cette surveillance.

    Bernard Squarcini, Gilles Gray, Éric Bellemin-Comte… Dans le cadre d’une esquisse d’enquête sur la destruction du renseignement français, quelques questions sur leurs itinéraires professionnels se posent tout naturellement."

    https://blogs.mediapart.fr/antoine-peillon/blog/230316/antiterrorisme-la-destruction-du-renseignement

  • L’armée syrienne, appuyée par le Hezbollah et les Russes, entre dans Palmyre - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/977364/lei-ordonne-aux-derniers-civils-de-fuir-palmyre.html

    Le groupe Etat islamique (EI) était la cible jeudi d’une double offensive contre ses fiefs syrien de Palmyre et irakien de Mossoul, 48 heures après les attentats meurtriers que l’organisation jihadiste a revendiqués à Bruxelles. Mossoul, comme Palmyre, et surtout la ville syrienne de Raqqa (nord), font partie du « califat » autoproclamé par le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi en juin 2014.

    Appuyée au sol par ses alliés -le Hezbollah et les forces spéciales russes- l’armée syrienne, également soutenue par l’aviation russe, est entrée dans la cité de Palmyre dans l’est de la Syrie pour en expulser l’EI, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et une source militaire syrienne.
    Le ministère russe de la Défense a fait état de 146 frappes du 20 au 23 mars contre des « cibles terroristes » dans cette région contrôlée par le groupe jihadiste depuis mai 2015.

    Les forces prorégime, qui ont lancé l’offensive le 7 mars, sont entrées dans Palmyre du côté sud-ouest après des combats avec l’EI mais avancent « lentement en raison des mines » plantées par les jihadistes, a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.
    Elles sont également entrées du côté nord-ouest de la ville après avoir pris le contrôle d’une partie de la Vallée des tombeaux, a dit la source militaire.

  • Syrie : « Pourquoi les Américains n’ont-ils rien fait ? »

    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/syrie-pourquoi-les-americains-n-ont-ils-rien-fait_4882787_3210.html

    C’est l’histoire d’un hold-up tragique, aux répercussions mondiales, et de quelques hommes de bonne volonté qui ont tenté de l’empêcher. Cinq ans après le premier défilé anti-Assad, dans les souks de Damas, le 15 mars 2011, la révolution syrienne est prise en tenailles par les forces prorégime, d’une part, et les djihadistes du Front Al-Nosra et de l’organisation Etat islamique (EI), de l’autre.

    Ces deux formations issues d’Al-Qaida, initialement absentes de la révolution, ont réussi une percée foudroyante, au détriment des combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), les pionniers de l’insurrection. La bannière noire des djihadistes flotte désormais sur la plus grande partie du nord du pays, une région libérée à l’hiver 2012-2013, et dont les opposants rêvaient de faire le laboratoire d’une nouvelle Syrie.

    Les principales causes de ce détournement, qui a ébranlé tout le monde arabe et dont l’onde de choc est ressentie jusque dans les capitales européennes, sont bien connues : la brutalité sans limite du régime syrien, qui a semé le chaos propice à l’implantation des extrémistes ; le jeu trouble des bailleurs de fonds du Golfe, qui ont contribué à la confessionalisation du soulèvement ; et le morcellement de l’opposition, qui a multiplié les erreurs.

    A ces trois facteurs, il faut en rajouter un quatrième : le dédain des Etats-Unis pour les opposants syriens, dont les signaux d’alerte ont été régulièrement ignorés. Le Monde a mené l’enquête, recueillant la confession exclusive d’un homme, le maître-espion de l’Armée syrienne libre (ASL), « M. » rencontré à trois reprises.

    Pendant près de deux ans, il a transmis à la CIA des
    rapports très fouillés, nourris par son réseau d’informateurs. Une mine de données, truffées de cartes, de photographies, de coordonnées GPS et de numéros de téléphone.

    « Du moment où Daech [l’acronyme arabe de l’EI] comptait 20 membres à celui où il en a compté 20 000, nous avons tout montré aux Américains, explique cette source. Quand on leur demandait ce qu’ils faisaient de ces informations, ils répondaient de façon évasive, en disant ce que c’était entre les mains des décideurs. »

    Le Monde a pu prendre connaissance de plusieurs de ces pièces et en récupérer quelques-unes, notamment la localisation des bureaux et des check points des djihadistes à Rakka, leur quartier général en Syrie. Par la même filière, Le Monde a eu accès à un plan secret, élaboré à l’été 2014, en concertation avec Washington, qui devait permettre d’expulser l’EI de la province d’Alep. Repoussée à plusieurs reprises par les Américains, l’attaque a finalement été torpillée fin 2014, par un assaut surprise du front Al-Nosra, sur la brigade de l’ASL qui devait la mener.

    Des entretiens avec deux autres hommes de l’ombre ont permis d’authentifier ces documents, ainsi que de recouper et d’enrichir le récit initial. Mis bout à bout, ces éléments dessinent les contours d’une formidable occasion manquée. Si elle avait été saisie, il est probable que la communauté internationale se serait retrouvée dans une situation beaucoup plus confortable qu’elle ne l’est, aujourd’hui, face à l’EI.

    « Nous sous-estimons la richesse que les Syriens peuvent apporter en termes de renseignements sur l’EI », affirme Charles Lister, un spécialiste des mouvements djihadistes syriens, qui a été confronté à de multiples reprises aux récriminations d’opposants, dont les informations avaient été ignorées par les Etats-Unis.

    « A la fin de l’année 2013, nous avons raté deux coches, renchérit un diplomate occidental. Le premier, c’est l’attaque chimique contre la banlieue de Damas [le 21 août 2013], qui est restée sans réponse, ce qui a remis en selle le régime. Le second, c’est le renforcement de l’acteur qui aurait lutté contre Daech, et l’ASL était la mieux placée pour assumer ce rôle. »

    Appelons notre source « M. ». Pour des raisons de sécurité, son identité ne peut être révélée, de même que celle de tous les autres Syriens cités dans cet article. Dans la Syrie d’aujourd’hui, il ne fait pas bon espionner l’EI. Ces derniers mois, plusieurs militants révolutionnaires exilés en Turquie ont payé de leur vie leur engagement antidjihadiste.
    La carrière de « M. » dans le renseignement débute en avril 2013, lorsqu’il intègre le Conseil militaire suprême (SMC). Formé quatre mois plus tôt, cet organe ambitionne de coordonner les opérations des brigades labellisées ASL, et de centraliser l’aide financière qui afflue alors dans le plus grand désordre.

    « M. » contribue d’abord à la mission d’enquête des Nations unies sur
    l’usage d’armes chimiques en Syrie. Puis, il participe à des médiations destinées à obtenir la libération d’étrangers, capturés par des groupes djihadistes. Mais très vite son attention se porte sur l’EI, qu’il a observé à Saraqeb, une ville de la province d’idliv.

    « Son responsable sur place s’appelait Abou Baraa Al-Jazairi, c’était un Belgo-Algérien, raconte M. Il jouait à l’idiot, il fumait du haschisch en permanence. Il parlait de créer un califat, qui s’étendrait comme un cancer, et tout le monde pensait qu’il rigolait. Mais son parcours m’intriguait. Il avait combattu en Irak et en Afghanistan, il parlait le russe, le français et l’anglais, avec un background d’ingénieur. Tout sauf un amateur. Quand ses hommes ont ouvert un tribunal et ont commencé à y juger des gens, on a réalisé que les bêtises d’Abou Baraa étaient sérieuses. »

    En accord avec ses chefs, « M. » décide de monter des dossiers sur ces intrus. L’EI s’appelle alors l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ses combattants, non Syriens en majorité, se distinguent par leur empressement à imposer leur loi sur le territoire où ils se déploient, contrairement à leurs rivaux d’Al-Nosra, mieux intégrés à l’insurrection, qui se concentrent sur le renversement du régime. Ils arrivent par centaines chaque mois à la frontière syro-turque, dont la traversée est alors un enfantillage.

    « Ces étrangers venaient voler notre pays, nos droits et notre terre », s’indigne « M. » qui les identifie comme un danger mortel pour la révolution. « Si vous n’arrêtez pas ce flot de terroristes, dans trois mois, même les Syriennes porteront la barbe », s’alarme son chef, à peine ironique, lors d’une rencontre en Turquie avec Robert Ford, l’ambassadeur américain auprès de l’opposition syrienne.

    Infiltré au sein de l’EI

    « M. » est envoyé se former à l’étranger. A son retour, il recrute une trentaine d’hommes de confiance, disséminés dans les villes qui sont en train de tomber sous la coupe de l’EIIL. Jarablus, Al-Bab, Tell Abyad, Manbij, Rakka. Pour financer son réseau, l’espion en chef demande
    30 000 dollars (27 000 euros) par mois aux Etats-Unis. Il en reçoit 10 000. Les rencontres avec ses officiers traitants se tiennent dans les palaces de la Turquie centrale, à Adana, Gaziantep, Ankara.

    L’un des agents les plus précieux du SMC est une taupe infiltrée dans le bureau des affaires financières de l’EIIL, situé à Manbij, non loin de la frontière turque. Un rapport rédigé sur la base de ses « infos », que Le Monde s’est procuré, fait état de transfert d’argent de Radwan Habib, un parlementaire syrien, membre du Ba’as, le parti au pouvoir, vers son frère Ali, émir de l’EI à Maskaneh, une petite ville sur l’Euphrate. Dix versements sont recensés entre novembre 2013 et avril 2014, dont l’un d’une valeur de 14 millions de livres syriennes (environ 67 000 euros).
    « Initialement, il s’agissait pour Radwan Habib de soutenir son frère, un simple chef rebelle, face à une tribu rivale, détaille « M ». Mais quand Ali est passé chez Daech, l’argent a continué à affluer. »

    Les mouchards de l’ASL ne font pas qu’écouter aux portes. Ils font aussi de la reconnaissance de terrain, parfois très risquée. Au Monde, « M. » a montré la photographie, prise au téléobjectif, d’un camp d’entraînement, dans le nord de la province de Lattaquié, fréquenté par des djihadistes étrangers. « Je l’ai évidemment transmise à mes contacts occidentaux, avec les coordonnées GPS, mais je n’ai eu aucun retour, maugrée « M. ». Des agents à moi ont aussi réussi à se procurer des numéros de téléphone de responsables de Daech, des numéros de série d’appareils satellites et même des adresses IP. Mais là encore, zéro retour. »

    A l’époque, au tournant de l’année 2013-2014, les Etats-Unis sont encore loin d’être entrés en guerre contre l’EI. Ils observent en retrait les groupes armés qui poussent alors comme des champignons, tentant de déceler ceux qui menacent leurs intérêts et ceux avec lesquels ils pourraient travailler.
    « Obama et son équipe ont toujours été très réticents à utiliser la force militaire en Syrie et à équiper les rebelles, rappelle Robert Ford, qui a pris sa retraite de diplomate en février 2014, et officie aujourd’hui comme chercheur au Middle East Institute. Leur inquiétude était double : d’une part que les armes fournies soient utilisées contre le régime Assad, ce qui aurait été une grave violation du droit international [les Etats-Unis considérant toujours que, même si leur ambassade à Damas a fermé, le régime Assad

    reste dépositaire de la légalité syrienne]. D’autre part, que ces armes puissent atterrir dans les mains de groupes comme Nosra. »
    A cet égard, la capture des bureaux et des entrepôts de l’ASL, en décembre 2013, dans le village d’Atmeh, sur la frontière turque, marque un tournant. En quelques heures, des groupes islamistes armés s’emparent des lieux et de l’arsenal qui s’y trouve. C’est le coup de grâce pour le SMC, déjà court-circuité par de nombreux bailleurs de la rébellion. Le Qatar et la Turquie par exemple disposent de leur propre filière et de leurs propres clients, hors ASL. Des armes arrivent même de Libye par bateaux, affrétés par un imam de Stockholm, Haytham Rahmé, membre des Frères musulmans.

    Halte à la foire, disent les Etats-Unis. Désormais tout devra passer par le « MOM » [un acronyme du turc qui signifie centre d’opérations militaires], une structure de coordination, hébergée dans les bases militaires du sud de la Turquie, où siègent les principaux parrains des rebelles (Arabie saoudite, Qatar, Turquie, France et Royaume-Uni), sous la baguette de la CIA. Pour faire avaler la pilule aux rebelles, les Etats-Unis leur promettent des armes antichars : les missiles TOW. Ils seront fournis par l’Arabie saoudite et la formation des artilleurs sera faite au Qatar, par des experts américains. Un coup à trois bandes.
    La première brigade de l’ASL à recevoir ces engins, au mois de mars 2014, s’appelle Harakat Hazm. Elle a été fondée au début de l’année par des anciens du bataillon Farouk, les défenseurs de la vieille ville de Homs. Avec les TOW – dont les premières vidéos font sensation sur Internet –, 4 000 hommes répartis entre les provinces d’Idlib, d’Alep et de Hama et un budget mensuel de quelques centaines de milliers de dollars, réglé par l’Oncle Sam, Hazm voit loin : elle aspire à devenir le principal pôle rebelle du nord.

    « Ce n’était pas la priorité de Washington »

    C’est là que se recycle « M. » après le fiasco du SMC. Pendant tout l’été 2014, alors que les hordes de l’Etat islamique proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi déferlent sur Mossoul, en Irak, il travaille à un plan secret, susceptible de bouleverser l’équilibre des forces dans le nord de la Syrie. Il s’agit d’attaquer les positions de l’EIIL du nord au sud de l’axe Azaz-Alep, ce qui compléterait l’offensive du mois de janvier 2014, qui avait déjà permis d’expulser les djihadistes d’Alep. Le Monde a vu les documents soumis aux Américains en préparation de cette offensive, à laquelle d’autres brigades de l’ASL devaient se joindre, comme Jaysh Al-Moudjahidin, basée à Alep.

    Tout était prévu, heure par heure, rue par rue : de l’itinéraire suivi par les assaillants, aux filières de ravitaillement en armes et en essence. Un travail de fourmi nourri par l’armée d’indics de « M ».
    « Dans chacun des villages tenus par Daech, on connaissait le nombre d’hommes armés, l’emplacement de leurs bureaux et de leur planque, on avait localisé les snipers et les mines, on savait où dormait l’émir local, la couleur de sa voiture, et même sa marque. D’un point de vue tactique comme stratégique, on était prêts. »

    Les Américains hésitent, demandent des précisions. Mais le temps presse. Dans la région d’Idlib, le Front Al-Nosra se fait menaçant. Au mois d’août, il s’empare de Harem, dans la région d’Idlib, en y délogeant les hommes du Front des révolutionnaires syriens (FRS), un groupe estampillé ASL et armé par le MOM, commandé par Jamal Maarouf, un ancien ouvrier du bâtiment reconverti en seigneur et profiteur de guerre.

    L’offensive d’Al-Nosra pose un dilemme à Hazm qui connaît la popularité du groupe sur le terrain, non seulement parmi les civils mais aussi dans les rangs des rebelles modérés. « Nous avons sondé nos contacts au Conseil de sécurité national, à Washington, se remémore un consultant syrien, embauché par Hazm. Nous leur avons parlé de combattre le Front Al-Nosra, avant qu’il ne devienne trop fort. Ils ont refusé, en expliquant que ce n’était pas leur priorité. »

    L’urgence, pour la Maison Blanche, est à Kobané. A la mi-septembre 2014, l’EI rentre dans cette bourgade kurde, adossée à la frontière turque. L’aviation américaine, déjà à l’œuvre en Irak, bombarde aussitôt ses colonnes de pick-up. Pendant tout l’automne, l’US Air Force offre aux combattants du YPG, le bras armé du mouvement autonomiste kurde, un soutien aérien massif, qui débouchera sur le retrait des djihadistes, fin janvier 2015. Les membres d’Hazm, qui comme la plupart des révolutionnaires syriens se méfient du YPG, coupables à leurs yeux de collusion avec le régime syrien, observent la bataille avec des sentiments mêlés.

    Car parallèlement, la planification de leur propre offensive contre l’EI s’est enlisée. Beaucoup de réunions dans les palaces turcs et toujours pas de feu vert. « Les Américains rechignaient à nous fournir des images satellites, déplore « M ». Ils disaient aussi que leurs avions ne pourraient pas nous aider une fois les combats avec l’EI commencés. Tout ce qu’ils nous proposaient, c’était de nous débarrasser d’un ou deux obstacles, avant le début de l’offensive. »

    Le Front Al-Nosra ne leur en donnera pas l’occasion. En novembre, il s’empare des QG du FRS et de Hazm dans la province d’Idlib. En quelques semaines, ses combattants balaient leurs rivaux, en qui ils voient une copie conforme des « Sahwa », ces milices sunnites que Washington avait mobilisées en Irak, de 2007 à 2010, pour défaire Al-Qaida. En réaction, Washington suspend son aide militaire et financière aux deux groupes rebelles syriens. Une réunion des chefs de l’ASL est organisée en urgence à Reyhanli, du côté turc de la frontière.
    Dans une atmosphère électrique et enfumée, le chef de Hazm, Hamza Al-Shamali, plaide pour une riposte musclée à Nosra et surtout un engagement à s’entraider, en cas de nouvelle attaque. « Tous les chefs de l’ASL ont dit d’accord en bombant le torse, se rappelle un conseiller de l’opposition syrienne, présent ce jour-là. Mais au bout de quelques minutes, j’en ai vu qui se mettaient déjà à douter. Quand, au mois de janvier, Nosra a attaqué le dernier QG de Hazm à l’ouest d’Alep, personne n’a bougé. La vérité, c’est que Nosra faisait peur à tout le monde. Et que les Américains n’ont pas encouragé leurs autres clients à réagir. »

    Lâchage ? Manipulation ? L’ex-ambassadeur américain Robert Ford, qui n’était plus alors en poste, répond sur un ton clinique. « Les membres de Nosra qui ont défait Hazm ne préparaient pas d’attaque contre des cibles américaines. Ils n’étaient pas une priorité. Et par ailleurs, les Etats-Unis ont toujours été nerveux sur la fiabilité des groupes armés du nord de la Syrie », dit-il en visant implicitement la formation de Jamal Maarouf, accusé de multiples exactions.

    Le fiasco du programme « Train and Equip »

    En Turquie, « M. » fulmine. A la suite d’une ultime rencontre, il coupe les ponts avec ses officiers traitants. « Si nous avions pu aller au bout de notre plan, nous serions considérés aujourd’hui comme les partenaires obligés dans la lutte contre le terrorisme, dit-il. Mais visiblement, quelqu’un ne voulait pas que nous accédions à cette position. »

    « Je ne crois pas aux théories du complot, corrige le consultant d’Hazm, associé de près à la filière CIA. Obama n’est pas interventionniste, c’est comme ça. Il estime que c’est aux Etats du Moyen- Orient de gérer leur chaos. Son seul souci, c’est de parler avec tout le monde. Quant à l’opposition, elle ne peut pas se plaindre. Elle a reçu plein d’armes. Mais elle a fait trop d’erreurs. »

    Sur le terrain, l’épisode de l’automne 2014 a des conséquences dramatiques. De peur de subir le même sort que Hazm et le FRS, les autres leaders de l’ASL se placent plus ou moins sous la tutelle du Front Al-Nosra. Plus possible pour les modérés de prendre des initiatives sans son aval. « Nosra s’est mis à prélever une partie de l’aide humanitaire et militaire qui arrive à l’ASL, accuse Jamal Maarouf, rencontré dans une banlieue du sud de la Turquie, où il vit aux crochets du gouvernement Erdogan. Mais il leur laisse les missiles TOW dont il a besoin pour détruire les tanks du régime. Il sait que s’il s’en empare, les Américains cesseront de les livrer. »

    A l’été 2015, le fiasco du programme « Train and Equip » (« Entraînement et équipement ») qui devait permettre de former des rebelles anti-EI, pousse les conséquences des errements américains dans ce conflit à leur paroxysme. A peine entrés en Syrie, les quelques dizaines d’hommes armés sélectionnés à la va-vite par le Pentagone, sont dépouillés de leurs armes par les combattants du Front Al-Nosra. Parce qu’il interdisait à ses recrues de combattre le régime, le Pentagone n’avait pas jugé bon d’offrir à ses « protégés » une couverture aérienne.

    Depuis la Turquie, « M. » ressasse son amertume. Il voit les Kurdes du YPG, avec lesquels les Etats-Unis collaborent de plus en plus, s’arroger le rôle dont il rêvait. Son ultime travail pour les Américains a consisté à monter un gros rapport sur Rakka, le sanctuaire de l’EI en Syrie. Un document qui comporte l’organigramme local de l’organisation djihadiste, de l’émir jusqu’aux responsables des check points, ainsi que des pages entières de coordonnées GPS. « C’était il y a un an et demi et Rakka est toujours la capitale de Daech », vitupère « M. ».

    Palmyre abandonnée

    Un autre Syrien partage sa colère. Un ancien officier des services de renseignements du régime Assad en rupture de ban, reconverti dans le business au Royaume-Uni, qui sert d’intermédiaire discret à l’ASL. Le Monde l’a rencontré en novembre, dans un hôtel de Gaziantep, pour parler à sa demande de Palmyre. Quelques mois plus tôt, en juin 2015, la célèbre cité antique avait été saisie par les troupes de l’EI, en un raid éclair qui avait stupéfait le monde entier. Une attaque dont les Américains avaient pourtant été prévenus, affirme-t-il.

    « J’étais à Iskanderun [un port turc, non loin de la Syrie]. Des gars à moi à Soukhné [une ville à une centaine de kilomètres à l’est de Palmyre] m’ont appelé pour me dire que des jeeps de l’EI fonçaient vers Palmyre. J’ai alerté la CIA et le Pentagone. La seule réponse que j’ai eue, c’est qu’ils avaient vu eux aussi le départ des convois, mais que leur pilote avait repéré des enfants dans une camionnette. Et les autres véhicules alors ? »

    Cette source n’a pas produit de documents étayant ses propos. Mais ils sonnent juste. « Dans l’opposition, tout le monde savait au moins dix jours à l’avance, que l’EI allait attaquer Palmyre, assure l’ex-consultant d’Hazm. C’est du terrain, plat, désertique, facile à bombarder. Pourquoi les Américains n’ont-ils rien fait ? Cela reste un mystère ». L’analyste Charles Lister n’a pas de réponse non plus. « L’opposition doute depuis longtemps des objectifs des Etats-Unis en Syrie, dit-il. Et il semble que la méfiance existe de l’autre côté aussi. Pourtant l’EI ne pourra jamais être vaincu sans l’aide des Syriens du terrain, autrement dit, l’opposition, majoritairement sunnite et arabe. »

    Dimanche 13 mars, une autre brigade de l’ASL, la Division 13, a été défaite par le Front Al-Nosra dans la ville de Maarat Al-Numan et les villages environnants. Après le FRS et Hazm, c’est un nouveau groupe modéré qui s’incline face aux djihadistes. La série noire continue. Il est minuit moins le quart en Syrie.

  • « Est-ce que tu serais prêt à tirer dans la foule ? »

    http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2016/01/06/est-ce-que-tu-serais-pre-t-a-tirer-dans-la-foule_4842273_4809495.html

    « Il m’a juste dit de choisir une cible facile, un concert par exemple, là où il y a du monde. Il m’a précisé que le mieux, après, c’était d’attendre les forces d’intervention sur place et de mourir en combattant avec des otages. » Dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce jeudi 13 août 2015, un apprenti djihadiste passe aux aveux.

    Interpellé deux jours plus tôt à Paris, à son retour de Syrie, Reda H., un Parisien de 30 ans, raconte tout aux enquêteurs : les raisons de son départ, le passage de la frontière syrienne, ses entraînements militaires, les éclats de métal retrouvés dans son genou... Il explique surtout avoir été missionné à Rakka par un certain Abou Omar, la « kounia » (le surnom musulman) d’Abdelhamid Abaaoud, un des coordinateurs des attentats du 13 novembre 2015, pour commettre un massacre lors d’un « concert de rock ».

    Ses aveux prémonitoires, trois mois avant la prise d’otages sanglante du Bataclan, hantent encore les services de renseignement. « Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt, insiste le jeune homme en garde à vue. Là-bas, c’était une véritable usine, et ils cherchent vraiment à frapper en France ou en Europe. »

    La cible de ce projet d’attaque a-t-elle été suffisament prise au sérieux ? Aurait-il fallu renforcer la sécurité devant les salles de concert parisiennes ? « Le mode opératoire décrit par Reda H. dans ses auditions » est en tout cas « exactement celui qui a été utilisé par les auteurs des attentats du 13 novembre 2015 », constate un officier de la DGSI dans un procès-verbal versé au dossier ;

    Reda H. affirme qu’il n’a jamais eu l’intention de passer à l’acte. Devant les enquêteurs, il se présente comme un djihadiste repenti et malhabile, qui se serait blessé à l’entraînement en sautant sur sa propre grenade. La nature exacte de ses intentions est difficile à cerner. Le récit qu’il fait de son séjour en Syrie, extrêmement circonstancié, permet en revanche de mieux comprendre la façon dont l’organisation Etat Islamique (EI) recrute et forme certains sympathisants pour frapper l’Europe.

    Trentenaire parisien de confession musulmane, Reda H. ne correspond pas à l’idée qu’on se fait généralement d’un candidat au martyre. Il ne vient pas d’un de ces quartiers ghettoïsés où le sentiment de relégation fait le lit de cette identité refuge qu’est devenu l’islam radical. Il n’est pas davantage originaire de ces ensembles pavillonnaires où l’absence de perspective fait parfois basculer ceux qu’on appelle un peu vite les « convertis » dans la dernière idéologie alternative du XXIe siècle.

    Les motivations : « J’étais mitigé »

    Né dans le 17e arrondissement de Paris, Reda H. vivait jusqu’à son départ pour la Syrie dans un quartier plutôt cossu du 15e arrondissement et travaillait dans la maintenance informatique chez Astrium, une filiale spatiale du groupe Airbus. En avril 2014, il perd son travail. Révolté par le conflit syrien qui fait rage depuis 2011, il sombre dans l’oisiveté et se met en tête de rejoindre ses frères combattants :

    « J’estime légitime le combat contre le régime de Bachar Al-Assad qui massacre son propre peuple », se justifie-t-il en garde à vue. « J’ai été dans un premier temps séduit par l’efficacité de l’Etat islamique en Irak, puis en Syrie. Ce qu’ils arrivent à faire avec seulement 30 000 hommes, c’est incroyable. L’Armée syrienne libre [ASL, la seule force d’opposition non djihadiste], c’est un groupe de mercenaires voleurs et avides qui comptaient prendre le pouvoir pour des raisons financières », croit-il comprendre.

    Entre une ASL discréditée par la propagande de l’EI et un « califat » se réclamant de Dieu, le jeune homme n’hésite pas. Son indignation humanitaire est mêlée de considérations religieuses. Interrogé sur sa perception de la charia, la loi islamique, il admet qu’elle était « une des raisons » de son départ : « La loi de Dieu n’est appliquée nulle part sur terre. Seul l’Etat islamique prétend l’appliquer. » Le policier tente alors de cerner son degré de radicalisation :

    « Estimez-vous légitime de couper la main d’un voleur, sachant que vous avez été arrêté en 2007 pour une série de vols à la roulotte ?

    – Je suis d’accord avec le principe de couper la main d’un voleur, mais je pense que cela ne doit s’appliquer qu’à des récidivistes.

    – N’avez-vous pas été choqué par le nombre de décapitations imputables à l’EI sur les vidéos que vous avez vues [avant son départ] ?

    – J’ai vu des trucs qui m’ont retourné, comme des enfants qui tenaient des têtes coupées de soldats syriens. J’ai commencé à douter. Mais quelque chose en moi me disait que ce n’était que les médias qui le disaient. (...) Ce qui me faisait douter, c’était que ces vidéos sont diffusées par l’Etat islamique lui-même. J’étais mitigé. »

    Reda H. ne fait pas confiance aux médias qui « racontent des mensonges » : il élabore son projet de départ en s’informant exclusivement sur Internet. Entre deux vidéos de décapitation, il entre en relation, au printemps 2014, avec deux djihadistes sur les réseaux sociaux : le Français Quentin Lebrun, alias Abou Oussama Al-Faransi, et le Belge Tarik Jadaoun, alias Abou Hamza Al-Belgiki.

    Le premier avait appelé, dans une vidéo diffusée en novembre 2014, ses « frères » musulmans à rejoindre la Syrie ou, le cas échéant, à « tuer des mécréants » en France. Le second avait menacé la Belgique dans une autre vidéo, en janvier 2015, quelques jours après le démantèlement à Verviers d’une cellule terroriste belge pilotée par Abdelhamid Abaaoud, le futur recruteur de Reda H.

    Le voyage : « J’ai dit à ma mère que j’allais en Grèce en vacances »

    Début mai 2015, l’aventure interdite du Parisien se concrétise. Suivant les conseils de ses nouveaux amis, le futur djihadiste s’achète une paire de Timberland et des chaussures de trek en prévision du passage « difficile » de la frontière turco-syrienne. Il s’offre également des pantalons larges – « pour des raisons religieuses, on ne porte pas de pantalon serré en Syrie » – et une tablette pour « profiter du Wi-Fi ». Avec 1 300 euros en poche, il annonce à sa mère qu’il part en vacances en Grèce le 15 mai.

    A Alanya, sur la côte sud de la Turquie, il passe quelque temps à l’hôtel – « Je suis sorti, je suis allé à la plage, tout ça » – et contacte, par
    messagerie cryptée, un interlocuteur qui se trouve à Rakka. Le 3 juin, ce dernier lui demande de se rendre à Gaziantep, une ville proche de la frontière syrienne. Reda H. saute dans un bus et chemine le long de la côte durant 600 kilomètres. Une fois sur place, son interlocuteur lui ordonne de prendre un taxi jusqu’à un quartier pavillonnaire, où l’attend une camionnette. Le chauffeur est turc : « Il m’a juste dit “kounia ?” Il ne parlait ni français ni arabe. J’ai dit “Abou Omar AI-Faransi.” Il a passé un coup de téléphone et il m’a dit que c’était OK. »
    Après une demi-heure de route, la camionnette fait escale dans un quartier résidentiel entre Ourfa et Gaziantep, devant une « maison beige ». Le chauffeur monte ses valises. Reda H. se retrouve dans une pièce avec un Australien « pure souche » et sa femme, un Kurde, un Egyptien avec son épouse et son fils, deux Algériens, un Luxembourgeois accompagné de sa femme et de ses deux enfants âgés de 4 ans et 6 mois, un enfant de 10 ans, un Indien et sa femme, et un Qatari. Les femmes font chambre à part. « Tout le monde était joyeux, se souvient-il. Quelqu’un amenait des courses, et on se faisait à manger. »

    La frontière : « Les femmes en niqab, c’était pas très discret »

    Le grand moment approche. La petite colonie venue des quatre coins de la planète s’apprête à fouler la terre du « calife » Abou Bakr Al-Baghdadi, successeur autoproclamé du Prophète. Vers 3 heures du matin, le 4 juin, le départ est donné. Deux véhicules attendent les candidats à l’exil : une camionnette pour les hommes, une autre pour les femmes. Après avoir « roulé comme des balles », tous phares éteints, pendant plus d’une heure sur des chemins de terre, le convoi s’immobilise sur un terrain vague. La frontière est là, toute proche. Le soleil se lève à peine.

    « On était un bon groupe. Les femmes en niqab, c’était pas très discret, se souvient le jeune homme. On nous a dit de courir. Les femmes, elles étaient en galère. Un moment, il y avait un fossé violent à traverser. Heureusement, j’avais mes Timberland. La femme de l’Indien s’est cassée la jambe en le traversant. On a dû courir entre 500 mètres et un kilomètre à travers des champs et des trucs qui piquent. Il y avait comme un sentier. Au bout, on a vu un petit village avec des drapeaux de l’Etat islamique. On était contents et soulagés. »

    Arrivées en terre du Cham (le nom antique de la Syrie), les nouvelles recrues sont accueillies par deux Jeep : une pour les hommes, une pour les femmes, un leitmotiv de leur séjour syrien. A leur bord, des hommes en armes. Le convoi roule à travers champs, traverse plusieurs checkpoints et un village. « Je n’ai pas vu de femmes dans ce village. Si, une seule, devant sa maison, en niqab complet, on ne voyait que ses yeux. »

    Le groupe fait halte dans une première maison. Chacun se repose comme il peut sur des matelas. Les recrues sont ensuite invitées à se présenter avec leurs papiers d’identité et leur matériel informatique, à détailler le trajet qu’elles ont emprunté et à décliner la kounia de leur « garant ». Contraint de gérer l’incroyable succès de sa campagne de recrutement, l’EI est obsédé par les infiltrations d’espions.

    L’accueil : « Ils étaient contents que je vienne de Paris »

    Reda H. patiente dans une petite pièce avec une poignée d’hommes armés de kalachnikovs et de « fusils mitrailleurs sur trépied ». De nouveau, il est interrogé sur son parcours professionnel et ses motivations. « Ils étaient contents que je vienne de Paris, ils avaient l’air impressionnés. » Le jeune homme semble alors ignorer que ce détail fera bientôt de lui une recrue de choix pour commettre une attaque dans sa ville natale.

    Dans l’après-midi, une camionnette vient chercher les recrues. Le paysage défile, ponctué de drapeaux de l’EI, de paysans au travail et de moudjahidin en armes « postés un peu partout ». Nouvelle escale dans un grand bâtiment « qui ressemblait à une école », avec des tableaux noirs. Des responsables font de nouveau l’appel, « comme à l’école ». Le groupe monte dans un bus « climatisé » et fait route vers Rakka, le fief de l’Etat islamique. Reda H., enfant perdu de l’école laïque, s’installe devant, « de manière à ne pas voir les femmes ».

    Le long de la route, des drapeaux noirs, partout. Une terre de pirates. « On sentait qu’ils avaient réellement le contrôle du territoire, ce n’était pas une blague. » Après la traversée du pont de l’Euphrate, qui marque l’entrée de la ville, deux jeunes hommes en armes demandent aux passagers de baisser les stores : « Ils nous ont expliqué qu’il y avait des traîtres à Rakka qui placent des puces électroniques dans les immeubles pour diriger les missiles, et qu’il ne fallait pas regarder à l’extérieur. »

    Le règlement : « Pour chaque infraction, tu te manges une croix »

    Le bus s’arrête devant un bâtiment de six étages. Terminus. Les recrues rejoignent « une centaine de personnes » parquées dans une grande pièce, dont « beaucoup de Philippins », des Russes, des Bosniens, des Tchétchènes, des Chinois, un Américain, des Indiens ou encore des Marocains. Pour passer le temps, Reda H. converse avec un Algérien, qui lui explique que certains patientent ici depuis plusieurs semaines avec interdiction de sortir. « Là, j’ai commencé à regretter », se souvient le jeune homme. On lui conseille de fréquenter les Marocains ou les Algériens et d’éviter les Français, qui auraient « mauvaise réputation » : « Ils se comportent souvent comme à la cité », lui glisse-t-on.

    Reda H. a de la chance. Son attente sera brève. Le soir-même, « une armoire à glace avec une grosse barbe » vient faire l’appel. Le jeune homme change de nouveau de moyen de transport – un camion militaire cette fois – vers un dernier point de chute. Les candidats sont regroupés par nationalités et envoyés dans des chambres. « Il n’y avait aucun Français, j’étais donc avec les Marocains et les Algériens. »
    Le lendemain, pendant la prière de l’aube, un cadre de l’EI présente le programme aux nouvelles recrues. Ballotté de Jeep en camionnette, d’immeuble en immeuble, Reda H. ne comprend pas tout. Son nouveau copain algérien lui explique ce qui les attend : un mois de formation religieuse, plus un mois de formation militaire.

    « Moralement, j’étais pas bien à ce moment-là », admet le jeune homme. Le cadre de l’EI expose le règlement intérieur, digne d’un pensionnat religieux. Reda H., qui vient de fêter ses 30 ans, apprend qu’il n’aura plus le droit de quitter sa chambre passé 22 heures. « Ils ont un système de croix. Pour chaque infraction au règlement, tu te manges une croix, et au bout de trois croix, tu te manges une semaine de plus. »

    Le recrutement : « Il m’a regardé avec amour »

    Un « organisateur » de l’EI se présente bientôt dans le baraquement et demande qui est Abou Omar Al-Faransi. « Quand je lui ai dit que c’était moi, il m’a regardé avec amour. Il m’a dit qu’il reviendrait. » Peu après 22 heures, ce soir-là, un homme, « sûrement un Syrien », vient le chercher dans sa chambre, lui demande de préparer ses affaires et de le suivre : « Tout le monde me regardait avec des grands yeux. » Reda H. est l’élu. Mais de quelle élection ? « Dehors, un gars au visage dissimulé m’a dit de baisser les yeux et de ne rien regarder. J’ai prié comme si j’allais mourir. »

    Après un bout de route à l’arrière d’une camionnette militaire, Reda H. est transféré dans un SUV à vitres teintées. Le conducteur est francophone. « Monte devant », lui ordonne-t-il. Visage dissimulé sous un « foulard marron », son arme de poing rangée dans un holster d’épaule, l’homme lui dit simplement qu’il a la même kounia que lui : Abou Omar. Reda H. ignore alors qu’il s’agit d’Abdelhamid Abaaoud. Ce n’est qu’une fois dans les locaux de la DGSI qu’il reconnaîtra le coordonnateur des principaux projets d’attentat ayant visé la France depuis le début 2015.

    Apparemment séduit par le profil du Parisien, Abaaoud sonde sa recrue : « Il m’a demandé si ça m’intéressait de partir à l’étranger. Il m’a dit, par exemple : “Imagine un concert de rock dans un pays européen, si on te passe de quoi t’armer, est-ce que tu serais prêt à tirer dans la foule ?” Pour trouver des armes, il m’a dit qu’il n’y avait aucun souci. Je n’avais qu’à demander ce dont j’avais besoin, en France ou en Europe. Je lui ai dit que je voulais combattre les soldats de Bachar Al-Assad. »

    En bon commercial, Abaaoud déroule sa dialectique : « Il m’a dit que celui qui fonce seul face à l’ennemi sans se retourner, il a la récompense de deux martyrs. Il m’a dit que si sa tête ressemblait à la mienne, il aurait pris mon passeport et y serait allé lui-même. Il m’a dit qu’il allait me montrer des blessés de guerre pour me faire comprendre la chance que j’avais de retourner en France. Il m’a dit que, si je refusais, j’allais le regretter. Il a ajouté que, si beaucoup de civils étaient touchés, la politique étrangère de la France changerait. »
    Au terme de la laborieuse odyssée qui l’a mené jusqu’à la terre du « calife », Reda H. ne semble guère emballé à l’idée de rebrousser chemin pour mourir. C’est en tout cas ce qu’il affirme aux enquêteurs. « Là, j’ai compris que c’était la seule manière pour moi de garder mon passeport. Je lui ai demandé un délai pour réfléchir. Je savais que, vu la date d’expiration de mon passeport, j’allais rentrer bientôt en France. Donc j’ai dit OK, dans la seule optique de pouvoir sortir de ce bourbier. »

    Abaaoud le dépose dans un endroit où dormir. Reda H. passe la soirée en compagnie d’un Iranien blessé à la jambe, d’un Kazakh armé d’un M16 et d’un « couteau impressionnant » et de deux Afghans bardés de cicatrices. « Ils étaient sympathiques, mais on n’avait pas de langue commune. Et puis on sentait qu’ils ne rigolaient pas... »

    L’entraînement : « Il me stressait en criant »

    Le lendemain matin, le 6 juin, Abdelhamid Abaaoud passe le prendre en 4 × 4 pour lui expliquer sa future mission. Dans les environs de Rakka, il initie Reda H. au montage et au démontage d’une kalachnikov : « J’ai un peu galéré, je me suis fait mal au pouce, mais j’ai fini par y arriver. »

    Les deux hommes se rendent dans un parc brûlé par le soleil. Abaaoud confie au Parisien une kalachnikov et un gilet tactique muni de cinq chargeurs. « J’avais très chaud. Il y avait une maisonnette en murs blancs avec des cibles et des impacts de balles. Il m’a fait tirer au coup par coup et en rafale. Je me suis fait engueuler parce que, en rafale, je tirais en l’air. Il m’a fait faire plein d’exercices. Les herbes sèches ont même pris feu. » Après cette première journée d’entraînement, Reda H. regagne son dortoir. Là, un « Black » anglophone, informaticien, remet à chaque pensionnaire une clé USB contenant un logiciel de cryptage, TrueCrypt. Le kit de base des terroristes en mission.

    Le lendemain, Abaaoud revient chercher Reda H. en voiture. Il faut terminer la formation du nouveau soldat. Les deux hommes retournent au parc : « Il m’a donné un pistolet et une grenade assourdissante. Il m’a expliqué qu’elle était réglée sur trois secondes. Il a dessiné des silhouettes dans la maisonnette. Il m’a demandé de prendre l’arme, de jeter la grenade à l’intérieur, d’attendre l’explosion, puis d’entrer et de tirer sur les cibles. Il faisait très chaud, j’étais fatigué, j’en pouvais plus. J’y suis allé, il me stressait en criant. J’ai jeté la grenade dans la maisonnette, j’ai entendu une petite explosion, je suis rentré dans la maison, j’ai tiré dans trois cibles, puis la grenade a explosé. Je saignais du bras, de la jambe. »

    Retour en France : « Les mécréants sont des innocents »

    Après un bref passage dans un hôpital de Rakka, Reda H., qui n’est que légèrement blessé, rejoint l’appartement qu’on lui a assigné. Il y passe trois jours à « rien faire », c’est-à-dire à regarder des
    « vidéos sur les méthodes des troupes d’élite ». Abdelhamid Abaaoud revient le voir. « Il m’a dit qu’il fallait y aller, parce que mon passeport était bientôt périmé. » Il lui donne 2 000 euros en liquide, lui conseille de passer par Prague et griffonne un numéro de téléphone turc sur un papier « avec écrit papa dessus ». Abaaoud prend sa nouvelle recrue dans ses bras et lui dit « adieu ».

    A la tombée de la nuit, une camionnette passe le prendre. Le 12 juin, Reda H. est convoyé jusqu’à la frontière turque, en compagnie d’un Belge d’origine marocaine muni d’un faux passeport, lui aussi missionné pour commettre un attentat en Europe et qui sera interpellé à Varsovie trois jours plus tard. Au poste-frontière, les deux hommes mettent pied à terre : « On a couru jusqu’à un grillage barbelé avec une porte en fer. Un jeune Turc a tiré la porte et on était en Turquie. » Le jeune homme n’aura passé qu’une semaine en Syrie.

    Après quelques jours à Istanbul en compagnie de son compagnon belge, Reda H. prend un avion, le 15 juin, pour Prague. Deux jours plus tard, il s’envole pour Amsterdam, puis prend un train pour Bruxelles où il aurait, selon ses dires, jeté le numéro de téléphone d’Abaaoud ainsi que l’identifiant et le mot de passe fournis par l’informaticien « black ». Le lendemain, il prend un train Thalys qui arrive en gare du Nord.

    Interpellé le 11 août, après quelques semaines de surveillance, Reda H. se retranche derrière une version fantaisiste de son périple. Il affirme avoir fait un simple voyage d’agrément en Turquie et avoir été blessé à la jambe lors d’une manifestation réprimée à Istanbul. Les enquêteurs ne trouvant aucune trace de ce rassemblement, l’apprenti djihadiste passe aux aveux.

    Son récit, très détaillé, révèle aux enquêteurs un projet d’attentat qu’ils ne soupçonnaient pas. Le jeune homme affirme n’avoir jamais eu l’intention d’obéir aux ordres. Il achètera pourtant, sur le trajet du retour, une puce téléphonique en Turquie, deux autres à Prague, et effectuera une copie du logiciel de cryptage qui lui a été fourni, suivant ainsi scrupuleusement les consignes reçues en Syrie.
    Reda H. s’apprêtait-il à commettre un attentat en France ? « Je préfère mourir en allant au paradis que de tuer des innocents et aller en enfer, assure-t-il aux enquêteurs. Puis il ajoute : Je précise que les mécréants sont des innocents, ne serait-ce que parce qu’ils peuvent devenir croyants. » Une vision toute relative de l’innocence.

  • Comment l’Etat islamique a organisé son « califat »
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/12/11/comment-l-etat-islamique-a-organise-son-califat_4830138_3218.html

    Dans l’esprit d’Abou Bakr Al-Baghdadi et de ses condisciples au sein de l’organisation Etat islamique (EI), le califat était bien plus qu’un fantasme. Lorsqu’ils l’ont proclamé, le 28 juin 2014, sur les territoires conquis en Syrie et en Irak, les djihadistes avaient déjà conçu un véritable projet étatique et imaginé une rigoureuse administration pour imposer dans la durée leur idéologie totalitaire à un territoire et sa population. Le succès de cette entreprise a fait mentir les pays occidentaux et arabes qui ont voulu voir dans l’EI un simple avorton d’Al-Qaida, voué à l’échec. (...)

    Le groupe djihadiste contrôle toujours un tiers de la Syrie et de l’Irak et une population de près de 10 millions d’habitants. Il a mis la main sur une manne financière et des ressources naturelles qui en font la plus riche organisation terroriste au monde. Il a attiré près de 30 000 djihadistes étrangers sur son territoire, obtenu l’allégeance de groupes djihadistes dans une dizaine de pays, et revendiqué la paternité de nombreux attentats à l’étranger, dont les attaques de Paris, qui ont fait 130 morts, le 13 novembre.

    Dès les premiers mois du califat autoproclamé, l’EI a mis en œuvre un projet étatique, pensé dans les moindres détails, comme le révèle un document interne de 24 pages, en 10 chapitres, destiné à la formation des cadres administratifs, que s’est procuré le chercheur Aymenn Jawad Al-Tamimi, et qui a été publié par le Guardian le 7 décembre. Certainement écrit entre juillet et octobre 2014 par un certain Abou Abdallah Al-Masri, « Principes administratifs gouvernant l’Etat islamique »
    http://www.aymennjawad.org/2015/12/the-islamic-state-masterplan-of-administration
    est le dernier document obtenu par le chercheur britannique auprès d’un homme d’affaires commerçant avec l’EI. En un an et demi, ce spécialiste de la Syrie et de l’Irak a collecté sur les réseaux sociaux et auprès de sources indirectes plus de 300 documents produits par l’organisation, les a traduits en anglais et publié sur son blog.

    Directives administratives et religieuses, annonces publiques, extraits de livres de comptes… Le penchant bureaucratique de l’EI offre un précieux matériau d’étude.

    Une solide administration (...)

    Un plan qui n’a pas été suivi à la lettre

    Mais, souligne Aymenn Al-Tamimi, se pose constamment la question de l’écart entre la théorie et la pratique, l’adaptation de ces principes à une réalité et à un contexte en constante évolution. En dépit de son rejet des affiliations tribales, l’organisation a ainsi été obligée d’accepter la persistance des solidarités tribales en ouvrant un département spécialisé. La distinction entre espaces syrien et irakien reste, dans une grande mesure, une réalité en dépit de l’abolition par l’EI des frontières dessinées par l’accord Sykes-Picot en 1916. Les relations avec les pays étrangers qui respectent les musulmans, ainsi que la souveraineté et les frontières du califat, promues dans cette déclaration, restent pour le moins théoriques.

    Sur le plan militaire, le document décrit par le menu quelle doit être l’organisation de la formation des combattants locaux et étrangers – militaire, mais aussi religieuse et linguistique –, et ce dès le plus jeune âge avec des camps pour enfants, pour promouvoir la mixité et l’ascension méritocratique. « En pratique, cette organisation a été instaurée. Il y a même eu des efforts pour démanteler les bataillons de combattants étrangers composés d’une seule ethnie ou nationalité, comme celui du bataillon des Libyens Al-Battar Al-Libi, mais des preuves anecdotiques semblent indiquer que la distinction entre immigrés et locaux persiste, et que les immigrés sont perçus comme une classe privilégiée », indique Aymenn Al-Tamimi.

    Les ressources naturelles, clé de la survie du califat (...)

    Une police brutale

    Ce que ce document ne dit pas, c’est que l’imposition du califat et de son administration sur les populations s’est faite davantage par la #coercition que par l’adhésion. Une #police (« hisba ») traque ceux qui enfreignent les règles morales de l’Etat islamique et impose amendes et châtiments (« houdoud ») cruels. Ceux qui ont refusé de rester vivre au sein du califat ou de continuer à y exercer ont vu leurs biens confisqués. « Il y a beaucoup à dire sur la continuité entre la brutalité de l’Etat islamique et celle de l’EII pendant la guerre d’Irak de 2006. La structure étatique imaginée par l’EI est seulement plus sophistiquée et parvient à mieux réprimer toute dissension interne », estime Aymenn Al-Tamimi.

    « Les documents internes révèlent un renforcement du contrôle, notamment sur l’accès à Internet. Il y a une inquiétude croissante au sein de l’EI à maintenir une structure sécuritaire rigide pour prévenir une révolte interne. Certains documents, à l’instar de l’amnistie générale décrétée pour les déserteurs en octobre, suggèrent des problèmes de cohésion militaire », ajoute le chercheur. Les habitants souhaitant se déplacer hors du territoire de l’EI doivent demander une autorisation à l’administration et donner des gages de retour.

    Une économie de prédation

    Les documents ainsi que les témoignages de personnes vivant ou ayant vécu sous le califat autoproclamé confirment que l’Etat islamique est bien loin de l’image d’Etat-providence pour l’oumma qu’il souhaitait incarner, et plus proche d’une économie de guerre en quête de la moindre ressource pour survivre. (...)

  • Un document montre comment l’Etat islamique planifie la construction de son organisation
    http://www.lemonde.fr/international/article/2015/12/07/un-document-montre-comment-l-etat-islamique-planifie-la-construction-de-son-

    Intitulé « Les principes d’administration de l’Etat islamique », il a été écrit entre les mois de juillet et octobre 2014 par l’Egyptien Abu Abdullah, c’est-à-dire après la proclamation du « califat islamique » par le leader de l’EI, Abou Bakr Al-Baghdadi, en juin de la même année.

    Destiné aux membres de l’EI, il traite des divers aspects de l’administration des territoires contrôlés par l’organisation : établissement de relations internationales, ressources pétrolières, grades en vigueur dans l’armée islamique, propagande, mais aussi tous les aspects quotidiens comme la santé, l’éducation, le commerce, la communication ou l’emploi.

  • La résistible ascension de Daech, par Jean-Pierre Filiu (L’Histoire, 23/11/2015). Une synthèse.
    http://www.histoire.presse.fr/actualite/infos/resistible-ascension-daech-23-11-2015-138984

    Daech, le bien mal nommé « Etat islamique », est apparu et s’est développé à la faveur de la désastreuse invasion de l’Irak par les Etats-Unis, au printemps 2003. Il n’y avait alors dans ce pays aucune présence jihadiste organisée, à l’exception du groupe « Unicité et jihad », dirigé par le Jordanien Abou Moussab Zarqaoui, implanté dans les montagnes kurdes, hors du contrôle du régime de Saddam Hussein. Or l’occupation américaine abolit les frontières intérieures de l’Irak, permettant à Zarqaoui d’étendre son influence jusqu’à Bagdad. Surtout, le proconsul nommé par Washington dissout l’armée irakienne et bannit tous les membres du parti Baas hors de la fonction publique, précipitant dans l’insurrection des milliers de militaires aguerris.

    Zarqaoui, servi par le ralliement d’anciens cadres de la dictature, conquiert progressivement une base territoriale dans la province occidentale d’Anbar. A l’automne 2004, Oussama Ben Laden l’adoube chef de la branche irakienne d’Al-Qaida. En novembre 2005, Zarqaoui parvient à projeter sa terreur depuis son sanctuaire irakien jusque dans son pays natal, avec un triple attentat-suicide à Amman (dont le dixième anniversaire a été marqué dans le sang par une fusillade meurtrière à l’intérieur même d’un centre de formation militaire en Jordanie).

    Lorsque Zarqaoui périt dans un bombardement américain, en juin 2006, une direction bicéphale se met en place : un « calife » originaire de Bagdad (en fait un ancien officier de Saddam) prend la tête d’un « Etat islamique en Irak », tandis qu’un envoyé de Ben Laden, de nationalité égyptienne, commande la structure proprement dite d’Al-Qaida. Les Etats-Unis, après avoir longtemps amalgamé Al-Qaida aux autres formations insurgées, décident enfin de se concentrer sur le seul « Etat islamique ». Ils enrôlent dans les milices dites du « Réveil » (Sahwa) tous les combattants arabes et sunnites déterminés à lutter contre « l’occupation » d’Al-Qaida, y compris d’anciens rebelles, amnistiés de fait.

    Cette politique permet d’endiguer, puis de refouler « l’Etat islamique ». Mais les partis kurdes, qui ont des visées sur Mossoul, refusent le déploiement de la Sahwa dans cette ville, ce qui permet aux jihadistes d’y préserver une infrastructure clandestine. En avril 2010, les deux dirigeants locaux d’Al-Qaida sont tués ensemble dans un raid irako-américain. Abou Bakr al-Baghdadi, un imam ultra-radical de Samarra, reprend en main l’organisation en multipliant les purges sanglantes. Il s’appuie plus que jamais sur des vétérans de la police politique de Saddam pour forger une phalange totalitaire à l’ambition implacable. Il peut aussi bénéficier de la protection accordée de longue date par Bachar al-Assad et les services de renseignement syriens à la guérilla anti-américaine dans l’Irak voisin.

    A la mort de Ben Laden, en mai 2011, Baghdadi refuse de prêter allégeance à son successeur, affirmant ainsi l’indépendance de son « Etat islamique ». C’est le début d’une spectaculaire montée en puissance, des deux côtés de la frontière syro-irakienne :
    – à l’Ouest de celle-ci, le régime Assad, confronté à une vague pacifique de contestation populaire, joue la politique du pire et libère des centaines de détenus jihadistes qui vont grossir les rangs de « l’Etat islamique ».
    – à l’Est, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un fondamentaliste chiite, est d’un sectarisme si agressif qu’il démobilise la Sahwa et s’acharne contre les personnalités sunnites, ainsi rejetées dans une opposition de plus en plus radicale, ce qui fait aussi le jeu de « l’Etat islamique ».

    Assad et Maliki misent sur l’épouvantail jihadiste, le premier pour présenter sa dictature comme un « moindre mal », notamment auprès des Occidentaux, le second pour faire taire toute critique dans son propre camp chiite. Baghdadi en profite pour consolider ses réseaux, en Syrie dans la vallée de l’Euphrate, en Irak dans la province d’Anbar et à Mossoul. En mars 2013, Raqqa est la première capitale régionale de Syrie à tomber entre les mains de l’insurrection. Mais, dès le mois suivant, Baghdadi élimine les formations révolutionnaires de Raqqa pour y proclamer « l’Etat islamique en Irak et en Syrie », désigné sous son acronyme arabe de Daech.

    Assad et Maliki continuent à jouer les pompiers pyromanes. La dictature syrienne épargne ostensiblement Daech, qui grignote les positions tenues par l’opposition armée. Celle-ci lance en janvier 2014 sa « deuxième révolution », cette fois contre Daech, et parvient à l’expulser hors des provinces d’Alep et d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Le monde entier reste pourtant passif lorsqu’Assad déclenche une campagne de bombardements massifs contre la guérilla syrienne, ainsi contrainte de se battre sur deux fronts. Protégé par Assad, encouragé de fait par Maliki, Baghdadi compense ses pertes en Syrie en s’emparant en juin 2014 de Mossoul, la deuxième ville d’Irak. Il ne tarde pas à s’y déclarer « calife », à la tête d’un territoire dont la superficie équivaut à celle de la Jordanie.

    #OEI #ISIS

  • L’unification du monde par le sang |
    Un beau texte d’Elias Khoury

    Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/11/22/lunification-du-monde-par-le-sang

    Abou Bakr al-Baghdadi a réussi à unifier le monde. Par le sang. De Beyrouth à Paris, les « kamikazes » de l’« État islamique » ont accompli un effroyable chaos insurpassable de tueries et de haine et les héritiers d’Al-Qaïda ont montré que le sanglant processus initié par les attentats du 11 septembre 2001 était en réalité un projet gigantesque capable de s’adapter aux circonstances tout en conservant sa constante fondamentale, à savoir la mission, pour reprendre l’expression du prédicateur Abou Bakr Al-Nâjî (l’un des grands théoriciens de « Dâ‘esh »), consistant à « administrer la sauvagerie ».

    L’« administration de la sauvagerie » : ça n’est pas un chef d’accusation. Non : c’est le titre qu’ont peaufiné les théoriciens de Dâ‘esh pour présenter la vision qu’ils ont du monde. L’idée de « sauvagerie » fait partie de la « loi du sang » qui est la loi en vigueur dans cette armée islamiste qui rassemble des hommes et des femmes provenant de toutes sortes de nations et dont le but est de remettre à l’ordre du jour le califat islamique dans le style d’un Ibn Taymiyya ou d’un Muhammad Ibn Abdal-Wahhâb (fondateur du wahhabisme, ndt) et d’instituer un État du sang, de la sauvagerie et de la tyrannie.

  • Il y a plus d’État que d’Islamisme dans l’État Islamique

    http://www.spiegel.de/international/world/islamic-state-files-show-structure-of-islamist-terror-group-a-1029274.html

    Cet article a fait l’objet d’une traduction partielle publiée dans « Le Monde » du 25 avril 2015 et reprise ici :

    https://larmurerie.wordpress.com/2015/04/26/a-lire-haji-bakr-le-cerveau-de-letat-islamique

    On a bien affaire à un phénomène « de notre époque » et non pas à la résurgence d’une barbarie d’un autre temps. Ce phénomène s’inscrit parfaitement dans la décomposition de toutes les catégories qui structure notre forme de vie globalisée (et dont la nostalgie forme le terreau des pires saloperies) : travail, valeur, marchandise, État...

    Si nous devons nous sentir concernés par la menace Daesh, ce n’est pas parce qu’ils nous agressent, ni même parce qu’ils seraient le produit de notre ingérence, mais parce qu’ils préfigurent une trajectoire de décomposition de la société capitaliste dans laquelle rien n’exclut que nous ne bifurquions.

    • Si les documents d’Haji Bakr ne contiennent aucun message sur la tradition des prophètes ou les promesses d’un « Etat islamique » prétendûment voulu par Dieu, la raison en est simple : son auteur était convaincu que l’on ne peut remporter aucune victoire avec des convictions religieuses, aussi fanatiques soient-elles. En revanche, on pouvait très bien mettre à profit la croyance des autres. C’est ainsi qu’Haji Bakr et un petit groupe d’anciens officiers des services secrets irakiens élurent en 2010 comme chef officiel de l’EI Abou Bakr Al-Baghdadi, émir et futur « calife ». Baghdadi, religieux et érudit, devait, selon leurs calculs, donner à ce groupe une apparence de religion.

      et

      En 2003, le pouvoir de Damas était paniqué à l’idée que le président américain de l’époque, George W. Bush, après sa victoire sur Saddam Hussein, puisse envahir la Syrie pour y changer de régime. Dans les années qui suivirent, les services syriens organisèrent le transfert de milliers d’extrémistes de Libye, d’Arabie saoudite et de Tunisie vers Al-Qaida en Irak : 90 % des aspirants kamikazes étrangers arrivèrent dans le pays en passant par la Syrie. Il s’ensuivit une étrange partie à trois entre les généraux syriens, les djihadistes venus du monde entier et les anciens officiers de Saddam Hussein : une joint-venture d’ennemis jurés pour rendre la vie des Américains en Irak infernale.
      Dix ans plus tard, Bachar Al-Assad avait une bonne raison de revitaliser cette alliance : il voulait montrer au monde qu’il était le moindre mal. Les relations du régime syrien avec l’EI étaient empreintes d’un pragmatisme tactique, chaque camp cherchant à utiliser l’autre. Dans les combats opposant l’EI et les rebelles, les avions d’Assad n’ont pendant longtemps bombardé que les positions rebelles, pendant que les émirs de l’EI donnaient l’ordre à leurs combattants de ne pas tirer sur l’armée gouvernementale.

    • Les documents retrouvés chez Haji Bakr permettent pour la première fois de mieux comprendre comment est organisée la direction de l’EI et quel rôle y jouent les anciens cadres du dictateur Saddam Hussein. (...)

      On a l’impression que George Orwell a porté sur les fonts baptismaux ce monstrueux rejeton de surveillance paranoïaque. Mais c’était en fait beaucoup plus simple. Haji Bakr se contentait d’adapter ce qu’il avait toujours connu : le service de renseignements tentaculaire de Saddam Hussein où personne, même un général des services de renseignement, ne pouvait être sûr de ne pas être surveillé à son tour. L’auteur irakien en exil Kanan Makiya a bien décrit cette « république de la peur » : un Etat où n’importe qui pouvait disparaître à tout moment et qui vit son avènement lorsque Saddam prit le pouvoir en 1979, en dévoilant un complot fictif.

      En pensant au mode opératoire de l’attaque du 13, me disait que la voiture piégée, ou l’explosion dans un lieu peuplé avait cédé la place à l’exécution en grand nombre par armes à feu, le tir dans les foules (bien qu’il semble que le projet mal ficelé était aussi de se faire sauter dans les tribunes du stade), ce qui est tout de même assez particulier et qui fut le mode opératoire dominant des première ripostes du régime syrien au soulèvement qui visait à le destituer.

      je crois utile de rappeler ici les entretiens avec Pierre Torres
      http://seenthis.net/messages/311579
      https://lundi.am/Pierre-Torres
      http://seenthis.net/messages/329636
      http://seenthis.net/messages/332937

    • @petit_ecran_de_fumee sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes...
      C’est sans doute trop analogique pour être sérieux pour les bons connaisseurs de la région mais je persiste à penser que c’est l’invasion du Liban par Israel qui a enfanté le Hamas, c’est-à-dire l’émergence du « meilleur ennemi possible » pour Israel. Et que ce processus historique là est médité par tous les régimes qui peuvent faire usage de ses lignes de force.

    • Non, mais que Assad a joué de leur liberté pour écraser une révolte que son armée (aux nombreux déserteurs) à elle seule ne pouvait assurer, et que Daech fonctionne et agit pour partie en miroir avec le régime syrien (et pas tant selon un mode Stasi, comme le soutiens l’article allemand, pour se faire comprendre de ses lecteurs). Mais vous en savez plus que moi, n’hésitez pas à me dire en quoi ces approximations seraient fausses.

    • http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427

      Maher Esber estime que « le régime syrien savait très bien ce qu’il faisait. Dès les premières manifestations il a qualifié les protestataires d’extrémistes, de terroristes affiliés à Al Qaeda. En libérant ces djihadistes il n’a fait qu’accréditer ces accusations et cette stratégie a réussi ». Maher Esber reconnait qu’après avoir libéré des centaines de djihadistes le régime de Bachar Al Assad a su tirer profit de leur montée en puissance.

    • Les jeux de billards à 5 ou 6 bandes, rien de tel pour rendre la compréhension des évènements impossible.

      « Alors vous comprenez, si Al Qaeda et Daesh sont nés, c’est parce que Assad les détenaient dans ses prisons et qu’il les a libéré. Et s’ils possèdent des chars d’assaut américain de dernière génération, c’est parce que Assad les a entrainé à les utiliser pendant qu’ils étaient en prison et que Assad leur a ensuite donné les clefs. Et si Al Qaeda et Daesh vendent du pétrole à la Turquie et à qui en veut, c’est parce que Assad, par machiavélisme anti-américain, les a laissé passer la frontière. Et même que c’est Assad qui prête des camions pour le transporter ».

      Plus j’t’embrouille, mieux c’est. Et s’il te plait, oublie vite le rôle des Saoudiens et des Qataris. Ce ne sont que des second rôles dans l’histoire. Et encore. Comme ils donnent de l’argent à tout l’monde, c’est comme s’ils n’en donnaient à personne.

    • @colporteur : l’article comporte à mon sens effectivement plusieurs « approximations fausses ».

      Quelques remarques sur l’article lui-même:

      1° - Même si les circonstances de sa découverte sont évoquées, la source qui a donné la 1ère série de documents au Spiegel n’est pas mentionnée. Pas même le groupe qui l’aurait fait. Je ne prétends pas contester l’authenticité de ces documents qui, malgré ce bémol, et pour les parties strictement tirées des documents présente peut-être un intérêt, mais celui-ci est nettement contrebalancé par des omissions et des supputations du seul journaliste présentées fallacieusement comme tirées des documents.
      2° - Ainsi le passage que vous citez sur le fait que Assad aurait noué certaines alliances en 2003 qu’il aurait « revitalisé 10 ans plus tard » n’est manifestement pas tiré de la deuxième série de documents, ce qui n’est pas clairement indiqué dans l’article. Le procédé me paraît du coup un peu manipulatoire. Car d’une part le journaliste fait simplement écho aux déclarations de l’époque de l’administration Bush, sans les contextualiser, lorsqu’il évoque l’époque de 2003 – les choses ont probablement été bien plus complexes que cela. D’autre part il n’évoque aucun fait précis qui permettrait de justifier cette idée qu’Assad aurait ensuite directement contribué à créer Daesh "10 ans plus tard" si ce n’est que le journaliste pense être que ça aurait été l’"intérêt" d’Assad. J’insiste donc sur le fait que la thèse implicite de ce passage qui est qu’Assad a directement et délibérément créé ou contribué à créer Daesh ne repose sur rien d’autre que le sentiment du journaliste tout en étant dans l’article à la suite des révélations tirées de la 2e série de documents, sans que la séparation entre ce qui provient des documents et les seules supputations du journaliste ne soit marquée.
      3° - La deuxième série de documents a été donnée au Spiegel, de leur aveu, par le groupe Liwaa al-Tawhid. Or celui-ci est un groupe islamiste (de l’avis de beaucoup émanation des Frères musulmans) qui a initialement rejoint la fameuse armée syrienne libre avant d’adhérer au Front islamique (en 2013). Le but de ce « Front » était d’établir un Etat islamique reposant sur la charia, et rejettait l’établissement d’un Etat démocratique. Les deux principales organisations de ce Front islamique sont Ahrar al-Cham et Jaysh al-islam. Toutes les deux sont d’idéologie salafiste, la première soutenue par le Qatar et la Turquie, la seconde par l’Arabie saoudite. Ajoutons qu’Ahrar al-cham a depuis rejoint au Nord une coalition qu’il domine conjointement avec al-Qaïda en Syrie (Jabhat al-Nusra) au sein de la coalition nommée Jaysh al-Fateh. Quant à Liwaa al-Tawhid elle a largement depuis disparu des radars. Je dois donc en conclure que le journaliste du Spiegel considère qu’un groupe islamiste qui mène une lutte armée contre la dictature syrienne pour le remplacer par un Etat non-démocratique reposant la charia, allié à des groupes salafistes dont les chefs se proposent publiquement de massacrer tous les alaouites (voir les déclarations de Zahran Alloush) et qui sont financés par les pétromonarchies du Golfe constitue ceux que le journaliste du Spiegel appelle indistinctement « les rebelles « et vous - à moins que je n’ai mal compris ? - « la révolte ».
      4° - Ce point est fondamental. L’article occulte le fait que jusqu’à la scission al-Nusra/Etat islamique en Irak, le groupe d’al-Baghdadi a été considéré par les plus hauts représentants de l’Armée Syrienne Libre comme une composante de la rébellion syrienne et ce jusqu’en 2013. Contrairement à ce que dit l’article ce groupe n’était pas présent que sous la forme de cellules dormantes se cachant derrière des bureaux de Da3wah (prédication). Il a combattu auprès de l’ASL durant la période 2012-2013 qui lui en rendait grâce. Alors quoi l’ASL était aussi manipulée par Assad ?

      Quelques remarques plus générales:

      1° - Je vous demande le nom d’un des islamistes libérés dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’Assad qui aurait ensuite tenu une position importante au sein de Daesh ce qui permettrait d’étayer votre thèse sous-entendue ici : « sans compter que face au soulèvement, Assad a fait de libérer grand nombre de prisonniers islamistes des geôles syriennes... » . En réalité ceux qui soutiennent cette thèse n’ont que 3 noms à donner : Hassan Aboud et Abou Khaled al-Souri d’une part, qui ont en fait tous deux fondé le groupe Ahrar al-Cham considéré par l’Armée syrienne Libre comme des gens très bien et que nos médias continuent à intituler la « rébellion », et Abou Moussab al-Souri d’autre part dont la libération est une rumeur infondée puisqu’il était censé avoir rejoint al-Qaïda et qu’al Dhawaïri en personne a démenti cette rumeur assurant qu’il était toujours emprisonné en Syrie.
      2° - Je vous fais remarquer par ailleurs qu’avec le même genre d’argument et en adoptant la même logique, mais cette fois-ci étayée sur des faits, on pourrait en venir à dire que Daesh est en fait une création des Etats-unis puisque le « calife » de l’Etat islamique a été détenu puis libéré du camp américain d’al-Bucca avant de devenir le chef de l’Etat islamique en Irak puis de l’EIIL (Daesh) et d’EI. J’ajoute que le commandant militaire de l’Etat islamique, Abu Omar al-Shishani, un géorgien d’origine tchétchène qui combattu les forces russes dans les forces spéciales de la Géorgie de Saakachvili, a reçu la formation militaire d’instructeurs américains.
      En passant, que Daesh soit une création des Etats-Unis, est, d’après un sondage, une opinion majoritaire en Syrie.
      3° - L’hypothèse selon laquelle Assad aurait « revitalisé son alliance » avec l’Etat islamique en Irak en 2013 ("10 ans plus tard") par intérêt perd de vue le fait qu’à la même époque Nouri al-Maliki en Irak se rapproche d’Assad, a poussé les soldats américains vers la sortie (en 2011) et se rapproche de la Russie à qui il se met à commander des armes. Il est par ailleurs très proche de l’Iran. Croit-on Assad assez sot pour aider l’Etat islamique en Irak au risque qu’il élimine le seul allié qu’il ait à ses frontières, et ce au moment même ou après des relations tendues il est justement en train de devenir son allié ? Croyez-vous par ailleurs que les services iraniens en savent moins que vous ou bien qu’ils auraient continué à soutenir à Assad alors que ce jeu comportait ce risque – qui a effectivement eu lieu puisqu’al-Maliki est tombé à la suite des conquêtes de Da3ich en Irak, permettant ainsi aux Américains d’imposer un al-Abadi plus souple envers eux et de se réimpliquer en Irak - alors que c’était, selon le Spiegel, la hantise d’Assad en 2003 ?
      4° - Puisque le texte du Spiegel fait remonter toute cette histoire à 2003 il aurait été bon qu’il mentionne l’organisation qui, par changement de noms et agrégation de forces, est devenue l’Etat islamique : le groupe al-Zarqawi. Celui-ci a été porté à la connaissance du monde et élevé au rang de menace mondiale par les Etats-Unis dans leur justification de l’invasion de l’Irak en prétextant que ce groupe, jusque là cantonné aux confins du Kurdistan irakien, était en fait al-Qaïda et lié à Saddam Hussein – vous ne voyez pas comme une analogie ? J’ajoute que ce groupe, du fait de sa stratégie ultrasectariste et ses massacres de chiites, me paraît être un candidat très improbable pour avoir reçu le soutien, même machiavélique et très intéressé, d’Assad.
      5 - Je vous invite vivement à consulter ce document de la DIA de 2012 (services secrets de l’armée américaine), authentifié dans deux émissions de télé (al-Jazeera english et RT) par le chef de la DIA de l’époque, Michael Flynn : http://seenthis.net/messages/372860

      Je me tiens prêt à faire le travail fastidieux de vous donner des sources consultables pour vérifier les faits que j’évoque ici si vous me le demandez.

    • @colporteur : Je ne suis pas là pour dire qu’Assad n’est responsable de rien dans cette guerre : c’est une ordure, rien à redire à cela... mais il a une armée et une population derrière lui qui représentent tous ensemble la Syrie légale : en face, des terroristes dans l’acception la plus stricte, telle que définie par la plupart des états dans le monde. Et ces terroristes, leur financement est connu et documenté, leurs soutiens sont connus et documentés ("ils font du bon boulot", comme on dit en langage diplomatique français).

      En somme mon seul propos était que les false flags de la part de journalistes manipulés, c’est lourd. Surtout quand c’est aussi stupide que « ça ».

      Comme dirait d’autres seenthisiens, quand y-a #un_complot_qu_on_a_le_droit_de, faut se demander pourquoi celui-là et pas les autres.

    • Merci pour ta contribution @souriyam, elle est effectivement beaucoup plus informée que je ne le suis. Sans plus d’ironie que précédemment. Tes remarques étayées sur les fragilités de l’article me paraissent recevables. Sur la libération d’islamistes par le régime d’Assad, je me fondais sur le souvenir de lectures
      http://seenthis.net/messages/357346
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/10/debut-de-la-liberation-de-prisonniers-en-syrie_4435430_3218.html
      http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/maher-esber-ancien-chef-islamiste-627427
      que parmi ces libérés il y en ait peu qui aient atteint ensuite une renommé comme membres importants de Daech ne me semble pas démontrer grand chose quant à leur implication effective, je peux me tromper.
      Ici même, je le retrouve maintenant, des posts ont contesté qu’il s’agisse dune manipulation d’Assad
      http://seenthis.net/messages/283373

      L’intérêt principal de cet article tient à ses sources (dont je ne sais si elles sont critiquables, ciritiquées) qui permettent de donner à voir comment se manage la construction d’une organisation fasciste, à quel type d’organisation étatique est-il fait recours pour battre une révolution (question déjà présente dans les entretiens avec Pierre Torres).
      Vous ne citez pas Haji Bakr, comment situeriez-vous son rôle ? Le journaliste allemand cite la Stasi, et pas les Moukhabarat... mais pour le coup, en ce qui concerne des méthodes d’organisation clanico-maffieuses, empreintes de toute la violence de sujétion interne et externe possible, on vérifierait, ici, que la rivalité conduit au mimétisme (pas besoin d’adhérer pour cela à une théorie générale de la rivalité mimétique).

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible. Cela je le tiens de quelques exemples qui ne sont pas syriens, celui du PS jouant du FN depuis les années 80 (ce qui n’ôte rien à la dynamique propre de ce parti) ou de la politique israélienne de destruction de la résistance palestinienne qui a conduit l’essentiel de celle-ci à renaître depuis le repli sur le noyau de la foi.

      Pour ce qui est de la Syrie, j’ai l’impression que pendant que la population continue d’être décimée et alors que tout espoir d’émancipation (pour dire vite) semble désormais intenable on peut s’attendre à tout ... Depuis pas grand chose si ce n’est mon expérience d’ado ayant par le passé joué au Risk :) : puisque les américains ne se lanceront pas dans une intervention terrestre, la suite reste imprévisible. Un renversement d’alliances ne parait pas à exclure, la Russie et la France imposant conjointement à Assad et à l’ASL de coopérer pour endiguer ou « exterminer » (comme dit Valls) Daech...

    • @colporteur : pardon pour le ton inutilement véhément. Je m’emporte peut-être un peu vite quand il est question de la Syrie.
      Pour ce qui est de la libération par Assad dans le cadre de l’amnistie de 2011 d’un certain nombre d’islamistes, elle ne fait pas de doutes. Il n’est pas interdit de faire l’hypothèse d’une certaine manipulation du régime à cette occasion mais il faut bien voir tout de même que tous les noms qu’on nous cite n’accréditent pas la thèse d’une création de Da3ich par Assad. De plus beaucoup de ceux qui utilisent cet argument - je ne parle pas de vous - soutiennent par ailleurs que nous aurions dû armer ces groupes, dont Ahrar al-Cham voire al-Nusra. On ne peut pas d’un côté prétendre qu’Assad a libéré des monstres et d’un autre côté se proposer de soutenir les groupes que ces monstres ont fondé ! Ainsi Robert Ford, ambassadeur américain en Syrie de 2010 à 2014 a soutenu cette thèse et chantonne maintenant que l’Occident devrait soutenir Ahrar al-Sham : http://www.mei.edu/content/at/yes-talk-syria%E2%80%99s-ahrar-al-sham
      Quant à David Petraeus, directeur de la CIA de 2011 à 2012, il propose maintenant publiquement de soutenir certains éléments d’al-Nusra (soit al-Qaïda en Syrie) :
      http://edition.cnn.com/2015/09/01/politics/david-petraeus-al-qaeda-isis-nusra

      It was an arresting headline in The Daily Beast on Monday: “Petraeus: Use Al Qaeda Fighters to Beat ISIS.” The report didn’t quote retired Gen. David Petraeus directly, but suggested he had told associates that he supports using “so-called moderate members of al Qaeda’s Nusra Front to fight ISIS in Syria.”
      In an exclusive statement to CNN, Petraeus clearly feels that his view requires much more explanation, back story and nuance.
      “We should under no circumstances try to use or coopt Nusra, an Al Qaeda affiliate in Syria, as an organization against ISIL,” the retired general and former CIA director told CNN, using another name for ISIS. “But some individual fighters, and perhaps some elements, within Nusra today have undoubtedly joined for opportunistic rather than ideological reasons: they saw Nusra as a strong horse, and they haven’t seen a credible alternative, as the moderate opposition has yet to be adequately resourced.”

      Or ces gens là, Petraeus et Ford, pour ne prendre que ces deux là, ont piloté la politique américaine en Syrie. Cela devrait nous donner à penser sur les ambiguïtés - pour le dire gentiment - de la guerre clandestine que l’"Occident" (y compris l’Etat français) a mené contre le régime syrien.
      Vous dîtes :

      L’approximation grossière dont je me réclame est plus grossière encore que celle de l’article qui prétend lui s’appuyer sur de faits. Elle admet a priori que toutes le forces en présence ont des raisons et des possibilités de recourir à des manipulations, sans admettre pour autant que ces manipulations puissent à elles seules expliquer une situation ; d’admettre qu’un pouvoir a tout intérêt à se choisir le meilleur ennemi possible

      Je suis tout à fait d’accord avec vous à la condition d’admettre que cette remarque vaut à la fois pour le régime syrien, la soi-disant rébellion modérée et l’Etat islamique. Mais cela vaut aussi pour l’ensemble des forces régionales et internationales qui soutiennent l’un ou l’autre camp. Et cela fait vraiment beaucoup de monde...

      Pour ce qui est de l’intérêt factuel dans l’article du Spiegel de documents qu’il commente (ayant trait à l’organigramme d’EI, le contrôle des populations et le rôle d’anciens cadres de la dictature de Saddam Hussein), je serai plutôt d’accord. Dommage que le Spiegel n’ait pas rendu public l’ensemble des documents. Des ouvrages évoquent par ailleurs ces mêmes questions, notamment celui d’Haytham al-Manna « Daech, l’Etat de barbarie » : http://www.madaniya.info/2014/09/12/califat-daech-prologue
      et celui, à mon avis plus médiocre et discutable de Loretta Napoleoni : « l’Etat islamique, multinationale de la violence ».

      Cordialement.

      @odilon : malheureusement je suis bien incapable de réaliser un tel travail.

    • Je suis pas choqué @souriyam par vos remarques ni même le ton que vous avez employé, je précisais juste ne pas être ironique (pour l’être il faut se croire sachant). Sinon pour avoir un fréquenté des réfugiés syriens ici, je ne parlerais pas de « modération » à propos de la soif de liberté et des risques encourus qui ont caractérisés le soulèvement là-bas. Modération, c’est une catégorie médiatico journalistique qui ne me va pas. La vie n’est pas modérée. Pour voir connu aussi des Libanais contraints de fuir le Liban pour éviter un embrigadement forcé par les phalangistes en passant par la Syrie, il me semble que la barbarie de ce régime n’ pas à être démontrée. Peu importe, je vais lire le texte que vous conseillez dont le titre s’inspire de celui de Seurat.
      Ce qui reste surprenant, quand même, et qui m’intéresse, c’est comment on mate une révolution

    • @odilon et @rastapopoulos : pas de fausse modestie de ma part quand je dis que j’en suis incapable. Il me manque non seulement les compétences cartographiques mais aussi linguistiques. Baragouiner péniblement quelques mots d’arabe est un niveau très insuffisant pour lire et traiter des sources primaires ou simplement utiliser la presse arabe... Il me semble par ailleurs - mais je ne veux balancer personne ;) - qu’il y a quelques seenthissiens qui seraient beaucoup plus aptes que moi pour un tel travail.

      @colporteur : pour ce qui est de Hajji Bakr, dont je ne sais rien de plus que ce que dit wikipedia, pour une fois les commentaires de Romain Caillet, qui relativise lui aussi l’intérêt de cet article, sont peut-être éclairants :
      https://twitter.com/RomainCaillet/status/590469560303779840

  • Opération anti-terroriste visant l’EI : l’Arabie Saoudite annonce l’arrestation de 431 suspects, 37 morts, 120 blessés - Libé

    http://www.liberation.fr/monde/2015/07/21/l-arabie-saoudite-face-a-la-menace-interieure-de-l-etat-islamique_1350847

    Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a ainsi annoncé le démantèlement d’une organisation liée au groupe radical sunnite et l’arrestation de 431 de ses membres présumés, en majorité des Saoudiens. Il a aussi affirmé que de nouvelles attaques visant des mosquées et une mission diplomatique –qui n’a pas été nommée– avaient été mises en échec. Pas moins de 37 personnes ont été tuées durant ces arrestations, dont des membres des services de sécurité et des civils, et 120 autres blessées. Cette opération d’envergure survient après un attentat perpétré à Riyad, revendiqué par l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi.

    En mai, deux attentats suicides avaient été perpétrés deux vendredis successifs contre des mosquées de la minorité chiite, à Qatif et Dammam dans la Province-Orientale faisant 25 morts. L’EI s’est également attribué un attentat sans précédent en juin contre une mosquée chiite au Koweït voisin qui a causé la mort de 26 personnes. Si l’on en croit les autorités, le réseau démantelé était constitué de « petites cellules » qui opéraient « sur un scénario préparé depuis des zones agitées à l’étranger, dans le but d’attiser une sédition confessionnelle et d’étendre le chaos ». Figurent parmi les personnes appréhendées 190 suspects qui, toujours selon le ministère de l’Intérieur saoudien, planifiaient de nouvelles attaques, à la fois contre d’autres mosquées chiites et les forces de sécurité. Ce n’est pas la première fois que Riyad doit faire face à un défi sécuritaire important : de 2003 et 2006, Al-Qaeda avait lancé une campagne d’attentats et d’attaques sanglantes dans le royaume avant d’être terrassée par une répression des plus violentes. Pourchassés sans relâche, les survivants avaient dû se réfugier au Yémen où ils ont créé, avec la branche yéménite de l’organisation, une nouvelle structure : Al-Qaeda dans la péninsule arabique (AQPA).

    Cette fois, la stratégie de l’EI est double. D’une part, il cherche à frapper les forces de sécurité saoudiennes et les missions diplomatiques, comme le faisait Al-Qaeda dans les années 2000. D’autre part, il s’attaque aux mosquées chiites. Par fanatisme, comme il le fait en Irak et en Syrie, mais aussi pour pousser cette minorité (environ 20% de la population), qui s’estime déjà discriminée par le pouvoir saoudien, à se radicaliser et à se rebeller contre lui au prétexte qu’elle n’est pas assez protégée. Le défi de l’EI s’annonce donc encore plus radical que celui d’Al-Qaeda, d’autant plus que l’organisation d’Al-Bagdadi occupe à présent un tiers de l’Irak, pays avec lequel Riyad a une frontière de plusieurs milliers de kilomètres qu’il lui est impossible de contrôler. C’était déjà le prince Mohammed ben Nayef qui avait personnellement dirigé, durant ses longues années passées au ministère de l’Intérieur, la lutte contre Al-Qaeda. Cible de quatre attentats, il avait survécu par miracle à celui d’août 2009 perpétré par un kamikaze lié à AQPA. Devenu prince héritier et ministre de l’Intérieur, c’est encore lui qui est en première ligne contre l’EI. Il y joue aussi son avenir politique. On peut prévoir que la répression qu’il dirige sera terrible.

    Cette offensive de l’EI tombe à un mauvais moment pour le royaume saoudien, dont l’attention est déjà accaparée par la situation au Yémen et aux suites de l’accord nucléaire iranien conclu la semaine dernière. La situation à Aden, certes, apparaît tourner à l’avantage des forces gouvernementales que soutient Riyad mais, en même temps, les provinces limitrophes saoudiennes du Najran et de l’Assir –qui furent longtemps yéménites avant d’être conquises par la force par le roi Ibn Séoud– commencent à s’agiter.

  • Syrie : les premiers combattants formés par les Etats-Unis pour combattre l’EI entrent en action - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/2015/07/17/syrie-les-premiers-combattants-formes-par-les-etats-unis-pour-combattre-l

    Un convoi d’une trentaine de véhicules a franchi la semaine dernière la frontière turque.

    Leur destination, c’est la Syrie. Et pour s’y rendre, ils conduisent les mêmes véhicules que les jihadistes de l’Etat islamique (EI), des pick-up Toyota Hilux, qui se suivent en file indienne. Eux aussi sont puissamment armés. La comparaison s’arrête là. Ces 54 combattants syriens qui ont franchi dernièrement la frontière turque étaient les premiers volontaires de « la Nouvelle Force syrienne », une unité entièrement créée, armée et entraînée par les forces américaines. Leur mission est d’affronter l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi.

    Magnifique Jean-Pierre Perrin, lyrique devant les 54 mercenaires US payés à prix d’or qui vont faire chuter l’Etat islamique. Je vois dans sa notice Wikipédia qu’il a soutenu Mélanchon, ce qui est un détail amusant pour quelqu’un qui s’extasie devant les nouveaux « contras » US, bénéficiant de la complicité de cet autre régime démocratique qu’est le régime turc. J’espère pour lui qu’il est payé cher pour pondre ce genre de prose.

    #bêtise_abyssale #syrie

    • Oh oui, très joli. Ça me rappelle le genre poétique de la libération d’Alep par Florence Aubenas et ses gentils rebelles en tongues :
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/23/a-alep-en-syrie-mais-c-est-la-revolution_1737028_3218.html

      Autour, les enfants font une haie d’honneur, éblouis, tellement transis d’admiration qu’ils n’osent plus approcher ces hommes, qui, il y a quelques instants encore, étaient leur père, leur frère ou leur cousin.

      Alep est à moins de 20 km mais on roule pendant plus d’une heure dans la nuit pour y entrer, convoi fragile de combattants, tout juste munis de quelques pauvres armes antichars et rien contre les hélicoptères.

      […] Elle [la révolution] avance à petits pas, en claquettes et tee-shirt, façon camouflage troué, de succès modestes en débandades cuisantes, portée par la certitude inébranlable en sa victoire.

  • Les rebelles islamistes du Caucase russe font allégeance à l’État islamique
    http://www.lorientlejour.com/article/931305/les-rebelles-islamistes-du-caucase-russe-font-allegeance-a-letat-isla

    La rébellion armée islamiste dans le Caucase russe a prêté allégeance à l’organisation État islamique (EI), selon une vidéo publiée en ligne, alors qu’environ 2.000 Russes combattraient dans ses rangs en Syrie et en Irak selon les services de renseignement russes.

    « Nous annonçons notre allégeance et notre obéissance au calife Ibrahim ben Awwad Ibn Ibrahim al-Qoureishi al-Husseini », connu sous le nom d’Abou Bakr al-Baghdadi, annonce cette vidéo mise en ligne dimanche par le principal groupe de rebelles islamistes en Russie, « l’Émirat du Caucase ».

    « Nous témoignons de ce que tous les combattants du Caucase, de la wilaya (division administrative) de Tchétchénie, de Daguestan, d’Ingouchie et de Kabardino-Balkarie sont unis dans cette décision et que nous n’avons pas de désaccords », continue-t-il en russe, avec des sous-titres en arabe.

    Mardi, le porte-parole de l’organisation Etat islamique, Abou Mohamed al-Adnani, avait « félicité les soldats de l’État islamique dans le Caucase ». Abou Bakr al-Baghdadi « a accepté votre allégeance et nommé cheikh Abou Mohamad al-Qadari comme wali (gouverneur) du Caucase », avait-il indiqué dans un enregistrement.