person:adrien saumier

  • La disparition de la marche à pied, ce n’est pas une fatalité - Yet Another Blog Politique
    http://adriensaumier.fr/index.php?post/2014/01/07/mache-a-pieds-disparition-pas-fatalite&pub=0#pr

    Adrien Saumier revient sur une étude britannique qui illustre la réduction de la zone de marche à pieds sur 4 générations de 1910 à aujourd’hui, montrant combien la zone de marche et de liberté d’un petit anglais s’est considérablement réduite en un siècle. Mais plus que faire un lien entre sédentarisation et obésité, comme le fait Adrien, pour ma part, il me semble que la réduction de notre périmètre d’existence montre surtout qu’elle n’est pas le fait de la #technologie (la voiture, le vélo, les transports publics auraient du nous conduire toujours plus loin), mais avant tout de nos mentalités, de nos apriori, de nos comportements. Le problème n’est pas tant la marche contre les technos, n’est pas tant de privilégier la santé sur la maladie, que de lutter contre ce qui a réduit notre périmètre (...)

    #citelabo #villelegere

    • La suprématie de la voiture a réduit les moyens et les espaces publics alloués aux autres modes de déplacement.

      J’habite à 1,5km de mon micro-bled et 4,5km du bled, des distances fort raisonnables que tout le monde faisait à pied quotidiennement il y a 100 ans. Seulement, aujourd’hui, il n’existe plus aucun chemin ou sentier pour faire ces distances à pied. Les routes se sont multipliées et beaucoup n’ont même pas un semblant de bas-côté praticable. Marcher le long de la route, même dans le bon sens (face aux bagnoles) est assez risqué et désagréable. Le faire en vélo, autre moyen de déplacement populaire et extrêmement peu coûteux pour ces petites distances est carrément dangereux sur les petites routes du Gers étroites et sans visibilité où tout le monde roule à tombeau ouvert (et ce n’est pas qu’une image).

      Les sentiers se sont effacés, les chemins ont été découpés par la privatisation des campagnes par les agriculteurs qui ont tout clôturé. Il y a des batailles féroces autour des derniers chemins communaux que les communes trouvent coûteux à l’entretien et que les agriculteurs voient comme des entraves et des enclaves à annexer et labourer fissa : un petit coup de soc mal placé, et c’est torché.

      Quant aux chemins privés, faut pas y penser.

      Les seuls chemins préservés, le sont pour faire des parcours de randonnée à l’usage des touristes. Ils n’ont donc pas d’utilité pratique dans leur tracé (boucle à travers la campagne et non jonction entre lieux de vie). Ils existent par négociation avec les agriculteurs qui les possèdent et les ouvrent à la saison touristique. Ils sont souvent inaccessibles en dehors de l’été.

      Pour marcher, quand on n’est pas touriste, il vaut mieux adhérer à un club de randonnée. Les parcours sont balisés, les sorties encadrées à dates et heures fixes, ce qui évite, théoriquement, de se prendre un coup de fusil perdu. Cela dit, c’est du loisir, pas de l’utilitaire.

      Ce qui est remarquable dans cet espace rural, c’est qu’il est totalement inaccessible, dépourvu de tout espace de liberté, d’espaces communs, d’espace public.
      Flâner n’est pas plus à l’ordre du jour que de vaquer à ses occupations.

    • Oui @monolecte, tout à fait d’accord avec ton commentaire... Qui rejoint mon sentiment sur la privatisation de la ville, qui laisse assez peu d’espace public sans interdiction ou d’espace public non commerçant à la disposition des gens. Ce qui réduit notre accès, c’est à la fois la crispation de nos imaginaires (la trouille, la peur de l’autonomie, qui fait qu’on ne laisse même plus ses gosses aller chercher le pain chez le boulanger à côté) et à la fois une propriétarisation à outrance, qui limite l’espace d’accès.

    • Oui, la ville marchandise l’espace : il doit devenir rentable. Dans la campagne, c’est un peu pareil, sauf que ton droit de circulation, tu ne peux l’exercer qu’en voiture et ça, ça m’énerve.
      J’envisage de prendre un vélo d’appartement ou un truc elliptique pour me maintenir en forme. L’extérieur est devenu hostile. Bien sûr, je pourrais reprendre mon vélo et repartir dans les collines, mais j’ai perdu ma légèreté d’esprit. Je sais que je risque le coup de fusil de chasse, classé en accident systématiquement, sans autre forme de procès, genre : c’est le risque acceptable d’une balade en cambrousse, et surtout, on ne fait rien pour partager l’espace rural entre les différents usagers... d’ailleurs, il n’y a plus d’usagers, il n’y a plus que des propriétaires. Et si ce n’est pas un fusil, ce sera un chien, dont je sais que même si le chien n’a pas à divaguer sur la voie publique, même si son propriétaire est responsable de la bête, au final, tout le monde considère ça comme une autre forme de fatalité dont je dois m’accommoder.
      Et sinon, ce sera une bagnole ou un camion.

      Donc, bof...

    • @monolecte même constat ici, pour ma sécurité mon père m’emmenait en voiture (dans les années 1980) à l’école où lui allait à vélo dans les années 1950.
      Finalement ça nous contraint à entretenir un cercle vicieux : il y a trop de bagnoles donc c’est trop dangereux donc pour me protéger j’y vais dans une bagnole que j’ajoute à la circulation...
      Aujourd’hui avec la périurbanisation croissante il y a à peu-près suffisamment de trottoirs pour faire le trajet à pied sans trop de risque, en revanche pour les mêmes raisons je ne laisserais pas mes gamins y aller à vélo, pour lequel il n’y a aucun aménagement.

      La voiture occupe en France en moyenne 30% de la surface urbaine, et dans certaines zones périurbaines entre les lotissements et les centres commerciaux à parkings je ne serais pas étonné que cela dépasse les 50%

    • « il me semble que la réduction de notre périmètre d’existence montre surtout qu’elle n’est pas le fait de la #technologie (la voiture, le vélo, les transports publics auraient du nous conduire toujours plus loin), mais avant tout de nos mentalités, de nos apriori, de nos comportements. Le problème n’est pas tant la marche contre les technos, n’est pas tant de privilégier la santé sur la maladie, que de lutter contre ce qui a réduit notre périmètre »

      A mon sens, c’est bien l’orientation politique (et économique) du tout voiture, associé à la privatisation de tout (donc du transport) qui a réduit notre périmètre. Ici en Belgique on voit se développer les villages (parlons plutôt de nouvelle construction avec jardin de golf) sur des km de routes. On appelle cela des villages routes. Heureusement le belge conduit légèrement moins vite en moyenne que dans le Gers (d’après ce que j’ai constaté, effectivement le Gers c’est ni pour les piétons ni pour les chevreuils). Mais si l’on voit beaucoup de vélocipèdes du dimanche habillés comme des coureurs cyclistes, tous se rendent en voiture à la boulangerie. Le vélo n’est pas vu comme un moyen de transport mais comme un sport (de luxe quasi).

      Quant à s’engager à pied sur ces routes, effectivement elles ne sont pas du tout prévues pour. Reste les chemins à travers champs encore accessibles et praticables. Les lignes de bus et de train disparaissant petit à petit, hors de la voiture point de salut. La Belgique avait l’un des plus dense réseau ferroviaire, elle est aujourd’hui le 3ème pays avec la plus grande densité de voiture au km². Résultat des km de bouchons chaque jour qui font perdre des millions d’euro à l’économie.

    • Moi je vis dans la deuxième ville cyclable de France, alors je vais pas trop me plaindre, mais je sais que 1) si je vais vivre plus loin, ça va être horrible, et 2) malgré toutes ces voies cyclables et trottoirs, il y a quand même un paquet de gens qui continuent de tout faire en voiture pour des petits trajets.

      Et bienvenue à @raffa au passage !

    • @Raffa Tentons de préciser. La technologie (la voiture, le vélo, les transports publics) et leur démocratisation auraient du élargir notre périmètre d’existence. Or quand on regarde la carte, on se rend compte qu’elle l’a réduit. Ce n’est pas la techno qui l’a réduit, mais ses contre-effets : les phénomènes d’appropriation (la route dédiée à la voiture a tout conquis) et les réalités et imaginaires (la peur) qu’elle génère. Dit autrement, c’est bien l’orientation éco-politique, plus que la techno qui est en cause.

    • @monolecte ben oui, BX (un jour on arrivera à se croiser) :)

      Et donc, les contre-effets sont bien dûs à ces technologies, donc ce sont bien ces technologies et leur utilisation massive qui sont à l’origine des réductions des autres moyens.

      Je ne saisis pas trop l’argumentation qui consiste à dire que ce ne sont pas elles la cause… mais quand même elles puisque la cause ce sont « leurs effets »…

      Parfait exemple de #contre-productivité + #monopole-radical.
      #Ivan-Illich #Illich
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Monopole_radical

      Le transport et la vitesse font perdre du temps

    • http://seenthis.net/messages/189054

      Passé un certain seuil de consommation d’énergie, l’industrie du transport dicte la configuration de l’espace social. La chaussée s’élargit, elle s’enfonce comme un coin dans le coeur de la ville et sépare les anciens voisins. La route fait reculer les champs hors de portée du paysan mexicain qui voudrait s’y rendre à pied. Au Brésil, l’ambulance fait reculer le cabinet du médecin au-delà de la courte distance sur laquelle on peut porter un enfant malade. A New York, le médecin ne fait plus de visite à domicile, car la voiture a fait de l’hôpital le seul lieu où il convienne d’être malade. Dès que les poids lourds atteignent un village élevé des Andes, une partie du marché local disparaît. Puis, lorsque l’école secondaire s’installe sur la place, en même temps que s’ouvre la route goudronnée, de plus en plus de jeunes gens partent à la ville, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une seule famille qui n’espère rejoindre l’un des siens, établi là-bas, sur la côte, à des centaines de kilomètres.
      [...]

    • Tout à fait d’accord avec @monolecte.
      Vous connaissez « Les mangeux d’terre » une chanson de 1905 de Gaston Couté, musique de Maurice Duhamel, je l’adore, prenez l’accent, rien que le refrain m’émeut.

      Y avait dans l´temps un bieau grand ch´min
      Cheminot, cheminot, chemine !
      A c´t´heure n´est pas pus grand qu´ma main
      Par où donc que j´cheminerai d´main ?

      J’ai trouvé la moins mauvaise interprétation
      http://www.youtube.com/watch?v=eLUy7dwtccM

    • Sans compter qu’en ville, les récentes zones piétonnes sont des rues exclusivement marchandes. En dehors de ces zones aménagées pour le lèche-vitrine, marcher en ville est un sport de combat. Je marche beaucoup, j’ai toujours adoré ça, j’ai éprouvé des centaines de kilomètres de trottoirs. De toutes les tailles. Certains sont si étroits qu’ils sont impraticables. Les autres sont inclinés pour l’écoulement de la pluie et régulièrement émaillés de bateaux pour les sorties... de bagnoles. Il en résulte une démarche un peu bancale pas très confortable et sans doute pas terrible pour le dos. Il faut aussi éviter les merdes de chiens ou encore les crachats.

    • Du coup, je cherche la source. Apparemment, c’est l’article du Daily Mail qui est mis en lien http://www.dailymail.co.uk/news/article-462091/How-children-lost-right-roam-generations.html
      Il n’est pas daté, mais doit être d’à peu près juin 2007. Je trouve divers lien en 2007 et 2008 ; le plus ancien semble être celui-ci (15/06/2007) : https://groups.google.com/forum/#!topic/planputnam/adzylnxlbV0
      avec un lien vers l’article qui n’est plus valide, la reprise de la carte et… une photo de la petite famille que je ne trouve nulle part ailleurs.


      Trois générations : Jack, Vicky et Ed

    • J’ai eu un autocollant avec un marcheur dessiné et inscrit « espèce en voie de disparition », y’a bien 10 ans, c’était une campagne contre la chasse.