person:alain resnais

  • J – 105 : Ciné-club au Kosmos , cycle Cinéma-parano , ce soir Ces garçons qui venaient du Brésil ( The Boys from Brazil ) de Franklin J. Schaffner, avec comme intervenant, non pas une personne pour nous parler du film en cinéphile, mais un spécialiste du génome humain, généticien, Jean-François Deleuze, qui vient nous parler au contraire de l’angle scientifique de ce très étrange récit de science-fiction nazie.

    Il n’y a pas grand-chose à retenir de cet épouvantable nanar d’un autre âge, dont l’admirable distribution pouvait laisser espérer bien mieux, Gregory Peck, en vieil homme refusant les insultes de l’âge, dans le rôle de Josef Mengele, Laurence Oliver, un peu décati, qui joue le rôle d’un Simon Wiesenthal fictif, James Mason en ancien officier de la SS et Bruno Ganz, tout jeune, en généticien bienveillant qui intervient trop tard dans le film pour le racheter complètement, et dont l’intervention ressemble un peu à celle décalée de Henri Laborit dans Mon Oncle d’Amérique d’Alain Resnais. Le film enfile les perles de fantasmes à propos du Nazisme, allant jusqu’à donner crédit et corps à la démarche pourtant antiscientifique de Mengele à Auschwitz, imaginant qu’il y aurait posé les jalons de découvertes fracassantes de génétique au point de pouvoir, accrochez-vous bien, dans les années septante, au Paraguay, cloner, en une centaine d’exemplaire, Hitler lui-même, on n’ose imaginer à partir de quel fragment de l’oncle Adolf. Un vrai nanar de cinéphile. Et j’ai eu un petit accès de rire quand au générique est apparue la mention que toute ressemblance avec des personnes ou des faits avérés était fortuite. Sans déconner.

    Et franchement lorsque la lumière est revenue dans la salle j’en étais à me demander quelle mouche avait encore piqué Nicolas d’inviter un généticien de renom pour nous parler d’un tel navet. Et je le trouvais bien brave d’oser poser la question de savoir quel était, dans cet épouvantable navet à la si brillante distribution, sans parler de scènes de tournage dans quatre ou cinq pays différents, donc pas le film à petit budget, non un vrai grand ratage dans les grandes largeurs, quelle était donc, dans ce naufrage, la part de véracité scientifique ?

    J’ai bien cru que je n’étais pas complètement sobre quand notre généticien de renommée mondiale a répondu sérieusement que la partie scientifique du film était quasi irréprochable, parfaitement documentée, et complètement en phase avec les connaissances de l’époque et que certainement le film avait bénéficié d’un conseil scientifique très compétent et que les extraits de films qui étaient projetés par le personnage de chercheur en génétique interprété par Bruno Ganz dans ses explications à Herr Liberman (Laurence Oliver) étaient probablement d’authentiques films de laboratoire qui étaient par ailleurs parfaitement commentés. Notre généticien avançait cependant qu’il s’expliquait mal comment le personnage de Mengele dont il disait tout ignorer (apparemment en terminale il devait avoir de meilleures notes en sciences qu’en histoire) pouvait passer de méthodes qui consistaient par exemple en l’injection de solution de bleu de méthylène dans les yeux d’enfants juifs aux yeux marrons (fait historiquement avéré et qui laisse bien voir quel genre de scientifique sérieux était Mengele) aux expériences de clonage trente ans plus tard avec notamment cette préoccupation de recréer un contexte, un environnement, comparable à celui de la véritable biographie d’Adolf Hitler, choyé par une mère jeune et aimante, sans doute de trop, et ayant eu à souffrir le décès du père plus âge, quand il avait treize ans.

    S’en suivent des explications extrêmement désordonnées mais passionnantes (ça doit être à la fois génial et fatigant d’être l’étudiant de ce généticien à la pensée tellement profuse et qui part dans toutes sortes de directions simultanées, toutes productives mais pas toutes reliées entre elles) à propos de séquençage, de miniaturisation (j’aime beaucoup l’idée de fabrication d’organes humains à l’échelle de rats de laboratoire pour pouvoir tester différents traitements, en revanche je vis en cauchemar l’idée d’un cerveau humain miniature qui serait prisonnier d’un corps de rongeur, apparemment il y a encore quelques comités d’éthique qui trouvent à redire à ce genre de possibilités, mais pour combien de temps encore ?) de médecine prédictive, et même, même de stockage de données dans des échantillons d’ADN dans lesquels les ressources en matière de stockage paraissent presque infinies, apparemment ce seraient des milliers de films que l’on pourrait stocker (je n’ai pas bien compris comment, mais j’aime bien l’idée et je ne suis pas le seul dans la salle puisque Nicolas demande s’il serait techniquement possible de projeter le film qui serait obtenu par le séquençage de son ADN).

    On se quitte dans un froid mordant et pénétrant, je fais remarquer à Nicolas que parfois les rencontres de ciné-club avec un intervenant non cinéphile sont fort riches. Amical clin d’œil à ma déception s’agissant de Close Encounters With Vilmos Zsigmond . Ou encore que la qualité du film ne laisse rien présager de la qualité des débats d’après projection. Par exemple qu’on peut donc atteindre au sublime en terme de débat avec Ces garçons qui venaient du Brésil , vrai navet et avoir un débat désespérant après Otto e Mezzo (absolu chef d’œuvre), mais confiez les débats au désespérant Pacôme Thiellement et vous serez rentré tôt.

    #qui_ca

  • J – 150 : Pour le moment Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, n’a toujours pas fini de scanner immense_disque .

    Cela fait des années que je cite souvent l’exemple du Hasard de Kristof Kieslowski pour soutenir la validité des récits arborescents à la façon aussi de Smoking non smoking d’Alain Resnais, d’ailleurs nettement plus arborescent que le Hasard, au point même qu’il y ait deux films, celui de la cigarette fumée et celui de la cigarette refusée poliment, ou encore pour soutenir mes propres tentatives de la fiction de suivre, même modestement, de suivre deux voies parallèles dans un récit, ainsi dans une Fuite en Egypte :

     ; il rendait visite à un parent interné dans un hôpital psychiatrique ; à Villejuif je crois ; je lui avais proposé de l’emmener ; oui ; c’était à Villejuif ; dans le Val de Marne ; dans la banlieue Sud ; je devais aller moi-même dans cette direction ; je lui avais donc proposé de l’accompagner ; aussi parce que je me doutais que cela n’avait rien de drôle d’aller visiter un parent dans un hôpital psychiatrique ; nous nous sommes égarés ; nous avons fait de nombreuses circonvolutions pour retrouver notre chemin ; et ; sans nous départir du calme qui était le nôtre ; sans que ces égarements n’influent ; d’aucune façon que ce soit ; sur la bonne humeur qui était entre nous ; nous nous étions perdus ; et nous nous laissions emporter distraitement par le flot des autres véhicules ; plus soucieux en fait du plaisir de notre conversation que de nous orienter de façon fiable ; nous parlions de son retour hypothétique en Allemagne ; dehors il faisait gris ; et puis à un carrefour les deux voitures qui étaient derrière nous n’ont pas su s’arrêter et l’une a percuté l’autre qui nous a de fait tamponnés ; un tout petit choc ; un accident de rien du tout ; même pas de taule froissée ; le hayon de mon coffre ne fermait plus ; c’était tout ; nous avons réglé cela à l’amiable ; je veux dire entre la personne qui avait percuté l’arrière de ma voiture et nous ; entre les deux autres voitures en revanche les propos n’étaient pas courtois ; les deux conducteurs s’accusaient mutuellement d’être responsables de l’accident ; et tandis qu’ils argumentaient avec véhémence ; Gerd et moi avons continué de discuter aimablement ; Gerd m’a fait remarquer ; dans son accent allemand guttural ; tu te rends compte du nombre de détours que nous avons faits ; tout cela pour avoir cet accident ; nous avons ri de ce concours de hasard bénin ; nous aimions l’un et l’autre ce genre de considérations ; le hasard au travail ; nous avions vu ensemble au cinéma Le Hasard de Kristof Kieslowski ; et j’avais répondu que nous ne le saurions jamais ; en revanche il n’était pas exclu que cet accident et ses détours nous aient en fait déviés d’un accident dans lequel j’aurais perdu la vue et Gerd l’usage de ses membres inférieurs ; comment pouvais-je ; alors ; rire de pareilles éventualités ; à l’époque je ne l’avais pas encore rencontrée ; je n’avais pas encore fait sa connaissance ; je ne l’avais pas encore embrassée ; je n’avais pas encore fait l’amour avec elle ; nous ne vivions pas encore ensemble ; nous n’avions pas encore d’enfants ; elle n’était pas encore morte dans un accident de voiture ; je ne la connaissais pas encore ; je ne pouvais pas savoir ; je ne pouvais pas savoir qu’elle périrait dans un accident de la circulation ; en fait c’est très peu de temps après cet accident ; cet accident sans gravité ; en compagnie de Gerd ; que je l’avais rencontrée ; tenez ; c’est curieux ; c’est la première fois que je m’en rends compte ; que je m’aperçois que cet accident apparemment dénué de conséquences avait en fait été à l’origine de notre rencontre ; parce que cet accrochage anodin ; et le temps que nous avions perdu en nous égarant ; nous avaient mis en retard ; j’avais raté mon rendez-vous avec un assistant qui devait m’aider pour une prise de vue en studio ; le type était furieux ; j’avais donc dû m’adresser ailleurs ; à Paris ; et elle m’avait été recommandée par un collègue ; et c’est de cette façon que je l’ai rencontrée ;

    Mais cela faisait extrêmement longtemps que je n’avais pas revu ce film, il me semble, effectivement au cinéma, et sans doute en compagnie de Daphna, donc en première ou seconde années des Arts Déco. Du coup commençant à préparer un manière de mini site pour la publication d’une Fuite en Egypte qui donne donc accès à toutes sortes de ressources et, a minima, à des œuvres des différents artistes cités dans le cours du récit, Twombly, Weegee, Witkin, Wahrol, il y a donc Le Hasard de Kieslowski (à croire que j’ai fait exprès de citer des artistes qui ont tous un w dans leur patronyme, à l’époque de l’écriture, il y une treizaine d’années maintenant, je l’ai sûrement fait exprès, aujourd’hui c’est tout juste si je me rappelle m’être donné de telles contraintes), dont je me suis employé récemment à en tirer un extrait. J’ai donc téléchargé le film - en fait ces derniers temps j’ai eu recours à un excellent assistant pour retrouver certaines des ressources les plus obscures.

    Et je viens de le revoir, presque trente ans plus tard tout de même.

    Je peux donc mesurer à quel point mon souvenir était vague à bien des égards, et, au contraire, extrêmement précis de certains plans, par exemple je me souvenais parfaitement du clochard de la gare qui ramasse une pièce qui roule et s’achète une bière avec - et apparemment un Tchèque pourrait survivre en Pologne, parce que pour demander une bière en polonais c’est presque Pivo prosim - en revanche, et ce n’est pas banal tout de même, si j’avais du raconter l’intrigue, finalement pas simple pour ses implications politiques, de ce film, comme par exemple, cela peut arriver, en couple, de se raconter des films, à l’image de la deuxième partie de ce film, la femme du mécanicien aéronautique qui raconte Manhattan à son amant, racontant donc Le Hasard , j’aurais oublié, du tout au tout, la troisième partie de ce film, qui, dans mon esprit, sans doute influencé par la trame de Smoking non smoking d’Alain Resnais, n’en comptait que deux, alors que, et c’est tout de même assez troublant, que c’est directement au principe même de la troisième partie que fait référence la remarque que je prête au personnage de Gerd, dans une Fuite en Egypte , à propos d’un accident qui permet d’échapper à un autre, plus grave.

    Par ailleurs, c’est quand même étonnant d’avoir oublié la troisième partie plutôt que les deux autres, alors que c’est la troisième partie qui est de loin la plus simple, tout roule pour le personnage principal, sa carrière connait une ascension fulgurante, il se marie avec une jeune femme dont il est fou amoureux, elle lui apprend devant le maire qu’elle est enceinte, et ils pouffent de rire en échangeant leurs vœux, l’enfant nait il est fort mignon et il peut partir à Paris avec un passeport en bonne et due forme.

    Et quand je pense à tous les films que j’ai vus, tous les romans que j’ai lus, et pour lesquels mes souvenirs sont pareillement imprécis, ou mélangés, je me dis que je foisonne de récits, il suffit juste que je fasse confiance à ma mémoire dans tout ce qu’elle a d’imprécis.

    Sans compter que par ailleurs j’ai tendance à oublier tout ce que j’écris, ou plus exactement que j’écris, non pas pour ne pas oublier, mais au contraire pour oublier. J’avais, par exemple, tout à fait oublié cette référence au Hasard dans mon récit, que je viens de relire une nouvelle fois avant d’en envoyer la version définitive à mon éditeur, j’aime bien dire mon éditeur .

    Exercice #45 de Henry Carroll : Photographiez un lieu insipide de jour ... mais fascinant de nuit.

    La forêt autour de la maison de Barbara Crane dans le Michigan est nettement plus mystérieuse la nuit que le jour, ce qui est en grande partie dû aux puissant éclairages que cette dernière a braqués sur les bois depuis les autres coins de sa terasse qui entoure sa petite maison, un peu comme Claude Monet a arrangé son jardin pour mieux le peindre. Le parti qu’elle en tire est infiniment supérieur.

    #qui_ca
    #une_fuite_en_egypte

  • J – 168 : Fuocoammare de Giafranco Rosi est un film virtuose, c’est admirablement filmé, c’est monté d’une façon extrêmement précise et avec un rythme lent magnifique, c’est un film intelligent, les images sont souvent très bien composées, poétiques pour certaines, et pleines d’une suggestion remarquable, ainsi le petit garçon de douze ans, originaire de l’île, souffre d’un mal qui porte le nom d’œil paresseux - quelle métaphore ! - et c’est un film documentaire qui se situe résolument à l’extrême frontière du genre, un pas de plus dans cette direction et le film devient une fiction. Sauf que je me demande si ce point fusionnel entre les deux genres n’entre pas de plain-pied dans le domaine de l’art, non sans avoir survolé les territoires de l’esthétique.

    Or, voilà qui est problématique.

    Dans un film de fiction on peut très bien demander à quelques figurants de faire les morts ou encore à des acteurs de feindre le trépas. En y réfléchissant bien ce doit même être l’essentiel de la production fictionnelle de cinéma : il y a des morts, mais c’est un contrat tacite et implicite entre le réalisateur et le spectateur, personne, en dehors des accidents de tournage, ne meure vraiment.
    Dans un film documentaire, on peut aussi, avec un minimum de discernement, filmer des morts, mais cela reste quelque chose de périlleux, par exemple, dans Nuit et Brouillard , Alain Resnais produit un plan très ambigu où l’on voit un engin mécanique pousser une brassée de cadavres faméliques, et nus, vers une fosse commune au moment de la libération des camps : qui étaient ces personnes dont tout ce qu’il restera à la postérité, finalement, c’est cette image destinée à marquer les esprits, appuyée, qui plus est, par le commentaire lyrique de Jean Cayrol — une horreur —, c’est comme si toute l’existence de ces personnes était cantonnée à un effet cinématographique. Shoah de Claude Lanzmann et S21 de Rithy Pahn sont des documentaires qui traitent de génocides et donc de morts nombreux, mais les morts n’y sont pas filmés, dans S21 , c’est même l’absence de ces derniers qui est filmée, les anciens tortionnaires du camp miment les mauvais traitements qu’ils infligeaient aux détenus, le corps de la victime n’est plus là, il est absent.

    Or, se servir de l’image de la dépouille d’Autrui pour l’incorporer dans une œuvre d’art revient à annexer l’Autre, en faire un objet, ce qu’il n’est pas, ce qu’il ne sera jamais, ce qu’il ne devra jamais être, qui plus est pour servir un but personnel, ici esthétique, rendre plus percutantes des images qui ne manquaient par ailleurs pas de force et certainement pas d’esthétisme, souci d’un traitement esthétique de la lumière, fortes sous-expositions pour dramatiser les scènes nocturnes et saturer les couleurs, cadrages adroits, admirablement composés, tels des tableaux bien souvent.

    Certes ce n’est pas l’obscénité d’un Aï Wei Wei ( https://seenthis.net/messages/461146 ) qui se met en scène dans la pose du cadavre du petit Eylan sur les côtes Turques, ou encore qui pare les colonnes doriques de je ne sais quelle institution culturelle allemande de gilets de sauvetage, mais c’est un pas résolu dans cette direction, dans celle de l’usage que l’on fait de la dépouille de son prochain pour servir une cause personnelle que l’on estime, finalement, supérieure.

    Dans le cas de cette projection au Kosmos de Fontenay-sous-Bois, le film était suivi d’un débat animé par quelques personnes d’Amnesty International et de Maryline Baumard. Je me pose la question de la pertinence de cette saisie d’un tel film tel un étendard pour une organisation non gouvernementale, il me semble que c’est au mieux, improductif, quant à Maryline Baumard du Monde , non contente d’avoir tenu un blog récemment en accompagnant un navire de sauvetage des réfugiés ( https://seenthis.net/messages/506345 ), dans lequel un ton trépidant donne à lire le reportage d’une nouvelle aventure , celle nécessairement bien fondée du sauvetage, assure donc le service après-vente d’une entreprise, Fuocoammare de Giafranco Rosi, aussi fautive que la sienne qu’elle concluait lyrique et triomphante au printemps 2016 : on ne pourra pas dire que l’on ne savait pas … sauf que cela fait, hélas, très longtemps que l’on sait. J’ai donc efficacement résisté à ne pas participer au débat après le film pour ne pas créer de scandale dans le cinéma de mon ami Nicolas, mais il y a des limites.

    Au premier rang, pendant tout le film, les commentaires pas vraiment mezzo voce de cette dame ont résonné, ah oui, ça c’était comme tel ou tel jour ... de son reportage infâme. Cette insistance à vouloir en être, à le faire savoir, comment dire en évitant la grossièreté ?, est d’une telle obscénité anti éthique. La même, en voiture, à la sortie de je ne sais quelle porte du boulevard périphérique, remonte son carreau devant des mendiants brandissant des pancartes Syrian families au motif que l’on voit bien que ce sont des Rroms sans doute.

    J’ai le souvenir prégnant, en 1994, si mes souvenirs sont bons, de voir Bernard-Henri Lévy écarter du bras un Bosniaque d’une tribune où il était venu témoigner du siège de Sarajevo, pour pouvoir prendre la parole.

    Exercice #33, #34 et # 35 de Henry Carroll : #33 Prenez une photographie de vous en train de faire semblant d’être quelqu’un d’autre, # 34 Prenez une photographie de vous en train de faire semblant d’être vous-même et # 35 Prenez une photographie de vous en train d’être vous même.

    #qui_ca

    • #Fuocoammare... longue discussion avec une amie et @albertocampiphoto sur ce film...
      En clé post-coloniale ce film est très problématique... C’est la reproduction des mêmes images, toujours les mêmes... Rosi montre des arrivées d’une #masse_anonyme de #corps #noirs (#mythe/#préjugé de l’#invasion), des #blancs avec #masques et #gants qui les « accueillent »...
      Les gens du village, dont le petit gamin à l’oeil paresseux, qui paraissent avec nom et prénom dans les #génériques, comme si c’était des acteurs, mais pas un seul migrant a l’honneur d’avoir son nom qui défile dans les génériques...
      Aucune contextualisation politique. Alors que ce film se veut un documentaire. Aucune dénonciation, même pas subtile, des politiques migratoires européennes. La seule information qui est donnée, celle des morts en Méditerranée en ouverture du film, n’est pas correcte, un chiffre décidément sous-estimé (je me demande bien où il a sorti ce chiffre, le réalisateur)...
      Réalisateur qui, présent à une projection à Genève, confond allégrement Mare Nostrum, avec Frontex et avec l’opération Triton. Ils les utilisent comme si c’était des synonymes... Cela montre bien qu’il y a un problème dans la préparation du film, car, je le répète, Rosi se présente comme une documentariste !

      Le mérite, à mes yeux, de ce #film, c’est d’avoir montré de façon très claire que migrants et habitants de #Lampedusa, ne se rencontrent jamais... sauf un personnage, le plus intéressant de l’histoire, le médecin... qui soigne l’oeil paresseux du petit gamin, et les brûlures des migrants...

      Bref, des images très très belles, mais beaucoup de réticences quand même vis-à-vis de ce film...

      Voilà.

      #post-colonialisme

    • @cdb_77 C’est étonnant pur moi de constater qu’une personne comme toi qui connais bien le sujet tiques sur tant de choses, ce qui tend à valider mes soupçons qui sont plutôt du côté des images, du vocabulaire visuel, et qui ne sont que des intuitions.

      Merci mille fois de me donner de telles confirmations.

      D’après ce que j’ai vu par la suite, lorsque Rosi a reçu je ne sais quel prix, il était accompagné des « acteurs » de son film, dont le petit garçon, mais effectivement d’aucun réfugié, aucun, qui ne soit, de fait, mentionné au générique. C’est donc une entreprise aussi coupable et égotique que cette de Maryline Baumard ! Ben c’est pas beau.

    • En fait, ce qui m’énerve, c’est que ce film a été montré devant le parlement européen, que Rosi était très fier de le dire.
      Un film qui ne fait qu’alimenter les mêmes préjugés n’a pas de place au parlement européen...

      Autre chose, toujours pendant la prise de parole à la projection, a souvent parlé de #complexité. La migration, les morts en Méditerranée, c’est une sujet complexe, difficile à comprendre...
      En fait, c’est aussi un mensonge, c’est plutôt facile, ça peut s’expliquer en moins de 30 secondes :
      « Chère Europe, tu as fermé les frontières, voilà pourquoi des dizaines de milliers de personnes meurent en Méditerranée ».
      That’s it. Easy.
      Mais dire que c’est complexe, c’est ne pas pointer du doigt les responsables...

      Quelques mots, ou une carte, celle de @reka :


      http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe
      That’s it. Easy.

    • J’adhère à 100 à ce qui développe Cristina @cdb_77 et jue veux juste ajouter en plus que j’ai en effet travaillé avec une étudiante à Genève lors d’un atelier de carto à la HEAD qui a très bien montré les stratégies spatiales sur Lampedusa pour « laccueil » des réfugiés et p^ouvé que les habitants de Lampedusa — à moins de fa-ire un gigantesque effort -pour aller à leur rencontre — ne voient pratiquement jamais ne serait-ce que l’ombre d’un·e réfugié·e. Je recherche l’étude.

    • @reka En fait, le fait que les habitants de l’île soient imperméables à ce qu’il se passe autour d’eux est plutôt bien dit dans le film, avec même une certaine élégance, la deuxième séquence du film montre des antennes de radio et des radars qui tournent et diffusent un dialogue invisible, celui d’un naufrage en train de se produire, et , par la suite, il y a ce syndrome de « l’oeil paresseux » du petit garçon qui est une métaphore assez parfaite (et pas trop appuyée).

      Pour le coup, je ne pense pas que ce soit par ce biais là que le film soit attaquable, mais bien davantage dans ce que Christina énumère et qui dit le caractère générique des naufragés.

      Dans le deuxième commentaire de Chrsitina, avec ta carte, oui, la question se pose, at-t-on besoin d’un film élégant et trompeur pour que l’on « prenne conscience » (comme c’est le but de Maryline Baumard dans son blog à la con), quand en fait il n’y a pas de complexité, que celle que l’on voudrait pouvoir agiter à la façon d’un écran de fumée pour rester caché à l’accusation, qui, elle, est irréfutable.

      De la même manière, il y a queques temps il y avait eu un très beau signalement sur seenthis à propos du regain de croissance économique en Suède suite à l’accueil que les suédois avaient fait à de nombreux réfugiés (personnellement je ne suis pas spécialement attaché à la croissance économique, mais bon), et c’est un concept, le concept économique, en faveur d el’accueil des réfugiés, qui est régulièrement démontré et expliqué, mais jamais entendu. C’est même pire que cela, il est entièrement détourné, on dira que l’on na pas les moyens économiques d’accueillir les réfugiés quand en fait cela serait une aubaine (et presque chaque fois on citera la fameuse phrase de Rocard en la tronquant, « la France ne peut accueullir toute la misère du Monde, mais », partie qui saute dans la citation, « elle doit en accueillir sa juste part »). Le raisonnement économique est uniquement là, personne n’y comprend jamais rien à l’économie (alors que ce n’est que de l’extrapolation de comptabilité, autant dire une matière sans mystère), pour cacher une peur culturelle, la peur de l’Autre.

    • Oui oui, je ne me suis peut-être pas bien exprimée, mais le film montre TRES bien (et c’est son mérite, à mes yeux) ces non-rencontres possibles/souhaitées entre migrants et habitants.
      C’est le point fort du film.
      Avec une seule figure de la rencontre : le médecin.
      On aurait peut-être plus en trouver quelques-uns de plus : les travailleurs du hotspot. Ils sont aussi très probablement des habitants de l’île.

    • #Bartòlo e l’incubo che ritorna: «In quei sacchi c’erano i bambini»

      I racconti del «#medico_di_Lampedusa», oggi europarlamentare, premiato a Lerici per la Solidarietà. Trenta anni passati a salvare vite di naufraghi e a dirigere il piccolo poliambulatorio dell’isola

      «Non è perché sono medico che non ho paura. Io ho paura quando devo aprire quei sacchi. Ne ho lì venti, cinquanta, cento, e solo nel momento in cui li apro scopro chi troverò dentro... La mia paura peggiore è che ci sia un bambino. Non sono numeri, sono persone, le vedo in faccia. Il bambino con i pantaloncini rossi mio malgrado l’ho guardato negli occhi, non lo avessi mai fatto, l’ho scosso, volevo si svegliasse, ed oggi è il mio incubo». È denso di umile umanità il racconto del dottor Pietro Bartòlo, noto al mondo come ’il medico di Lampedusa’. Il tendone bianco sulla riva del mare di Lerici (La Spezia) straripa di gente che è lì per sapere, anche per vedere (se lo sguardo regge le immagini proiettate): le parole non bastano, l’assuefazione ci ha anestetizzati, non piangiamo più come ai tempi della «strage di Lampedusa», quando il 3 ottobre del 2013 il mare inghiottì a due passi dalla terraferma 368 viaggiatori, e allora servono le foto, i corpi, i segni delle sevizie, gli sguardi che implorano.

      «Lerici legge il mare», rassegna di letteratura e cultura marinaresca promossa dalla Società Marittima di Mutuo Soccorso assieme al Comune, e curata da Bernardo Ratti, quest’anno ha consegnato a lui il premio per la «Solidarietà in mare», e Bartòlo – che oggi è europarlamentare perché «mi sono detto qua non cambia niente, ho provato come medico, ho scritto libri, ho fatto l’attore in «Fuocoammare», ho girato le scuole e l’Europa, posso ancora provare con la politica, una politica di servizio, una politica come arte nobile » – Bartòlo, dicevamo, condivide il premio con i ragazzi della Capitaneria di porto, i carabinieri, la polizia, i vigili del fuoco «che nei trent’anni in cui ho diretto il poliambulatorio di Lampedusa hanno rischiato la vita tutti i giorni per salvare i naufraghi».
      Scuoiati vivi per renderli bianchi

      Lampedusa è croce e delizia, bellissima e atroce. Per natura è a forma di zattera, si direbbe destinata. «Come arrivano i migranti dalla Libia lo sappiamo solo noi», continua Bartòlo, «lì i neri non hanno lo status di esseri umani, le donne ancora meno. Se sono donne e nere potete immaginarlo», dice scorrendo le diapositive. È passato il tempo in cui si chiedeva se fosse il caso di mostrarle, ora lo ritiene un dovere. Così vediamo le lacrime di Nadir, 13 anni, nero, solo una gamba è bianca: il gioco osceno dei carcerieri libici che scuoiano i vivi per renderli chiari (il fratellino è tutto bianco. Ma lui è tra i morti).

      Vediamo le lacrime di Bartòlo stesso, sceso nella stiva quel 3 ottobre del 2013 al buio, «camminavo su cuscini, non capivo. Poi ho acceso la pila e sono scappato fuori, stavo calpestando i 368 morti»: i più giovani e forti erano stati stivati là sotto senza oblò, nella ghiacciaia per il pesce, e quando avevano cercato di uscire per respirare la botola era stata bloccata da fuori. «Non avevano più polpastrelli né unghie, li avevano consumati prima di soffocare. Capii solo allora il pianto di quelli di sopra: erano i loro fratelli, le madri impotenti».

      Vediamo gli occhi profondi di una giovane madre sdraiata senza abiti sulla lettiga, magrissima, il seno vuoto, gli arti abbandonati come non le appartenessero, «ha perso l’uso delle gambe perché dove era tenuta prigioniera non le ha potute muovere per sei mesi». Un lungo tempo in cui ad accudirla è stata la sua bambina, diventata sua madre a quattro anni. «Abbiamo dato dei biscotti a quella bimba, invece di mangiarli li ha sminuzzati e li ha messi nella bocca della mamma». Il peluche invece lo ha lasciato lì senza guardarlo, «non era più una bambina, cosa se ne faceva? Era stata anche lei violentata, come la madre» (che oggi sta meglio e comincia a camminare). Quante volte ha pensato di mollare e si è rivolto «a chi è sopra di me...», trovando sempre la forza di andare avanti «nelle tante cose belle che comunque accadono».
      Nata due volte

      Perché Bartòlo resta anche una fonte dirompente di speranza, uno che non si arrende e sa che il bene contagia più del male. Così tra le foto passa anche quella di Pietro, che non è Bartòlo ma un bimbo appena nato dopo il salvataggio, ancora a bordo, cui il medico ha legato l’ombelico con il laccio delle sue scarpe. «A quest’altro neonato lo ha legato sua madre strappandosi una lunga ciocca di capelli... Mi ero accorto che a quella ragazza si vedeva la pelle del cranio e pensavo fosse stata torturata, come al solito, invece non avendo le forbici non aveva esitato a strapparseli per il suo bambino. Sono persone straordinarie, non so quanti di noi...».

      E poi vediamo Kebrat, bella come un’attrice: «Nel gruppo di cadaveri ho sentito un battito nel cuore di una donna, impercettibile, pensavo di sbagliarmi. Ho fatto subito il massaggio cardiaco e l’ho inviata in elicottero all’ospedale di Palermo, ma aveva i polmoni pieni d’acqua, era un caso disperato, per quaranta giorni è rimasta in coma. Due anni fa me la sono trovata in aeroporto, veniva per ringraziare: era sposata, madre di due figli, una bella casa in Svezia, un lavoro. Non l’ho riconosciuta, io l’avevo vista morta...».

      Lasciati affogare. Per legge

      Con lui a Lerici c’è l’ammiraglio Vittorio Alessandro, 40 anni di carriera nelle Capitanerie di porto, comandante in varti porti, a lungo responsabile della comunicazione per la Guardia Costiera, un anno intero a Lampedusa. «Nella attuale tempesta di slogan urlati e punti esclamativi, ho potuto non solo raccontare ma vivere esperienze che ti cambiano la vita. A Lampedusa ho compreso come l’energia delle persone a volte si rivela più grande di loro: il rapporto tra i lampedusani e il loro mare è stupefacente. Così come è stato nel naufragio della Costa Concordia, in una notte d’inverno l’Isola del Giglio si è fatta madre di una cosa enorme... Il privilegio – ricorda allora Alessandro – non è di essere buoni, ma di compiere un dovere istituzionale». Perché in mare la solidarietà è legge, e le regole sono «un patrimonio che si è sedimentato, guai a perderlo». Il primo oltraggio «è stato confondere il soccorso, che è senza se e senza ma, e l’accoglienza». Il soccorso non ha vie di mezzo, è un interruttore, o è sì oppure è no, o rispondi o decidi di lasciar morire, «ma se oggi una legge ci dice che salvare l’uomo in mare è reato, che se lo fai ti sequestrano la barca e ti sanzionano, magari tiri dritto. È già successo, hanno chiamato aiuto, nessuno ha risposto. Per legge».
      Le antiche leggi del soccorso in mare

      La spiegazione dell’ammiragiio è tecnica: una operazione di soccorso ha un inizio e una fine, «secondo la norma, è finita solo quando le persone raccolte in mare arrivano a terra. L’emergenza non prevede attese, ve la vedete un’ambulanza costretta a fermarsi per giorni con il malato a bordo, perché in ospedale si fanno riunioni per decidere il da farsi? Se rinunciamo ai codici del mare antichi di secoli, se una legge ci dice che chi è in mare può aspettare, perdiamo la nostra cultura, perdiamo noi stessi». Impressiona un paragone: sulla Costa Concordia c’erano 4.200 persone, «quanti giorni sarebbero stati necessari per portarli in salvo e chiudere l’operazione di soccorso, con i ritmi imposti oggi quando ad arrivare sono 30 o 40 migranti? Lo Stato è riuscito ad autosequestrarsi le navi, a fermare le proprie motovedette... Il ritorno alle regole è fondamentale, non per tornare necessariamente a come eravamo prima, non bisogna essere ideologici, credo si debbano trovare nuove soluzioni, che non possono essere solo italiane, devono essere europee e dell’Onu. Ma nel frattempo dobbiamo esserci!».

      E’ il motivo per cui il dottor Bartòlo oggi siede in Europa, convinto che il trattato di Dublino sia «il nostro capestro. Sono stato uno dei più votati in Italia, mi hanno dato un mandato e non lo deluderò - promette -. Quando la riforma di Dublino sarà varata, tornerò a fare solo il medico». Si capisce che non vede l’ora. Il medico di Lampedusa.

      https://www.avvenire.it/attualita/pagine/bartolo-e-lincubo-che-ritorna-in-quei-sacchi-cerano-i-bambini
      #témoignage du #médecin de Lampedusa... qu’on voit dans Fuocoammare...

  • Claude Lanzmann règle ses comptes avec Elie Wiesel !
    VIDÉO. Moins de 24 heures après la mort du Prix Nobel, le cinéaste lui a rendu un hommage "très personnel" que France Inter a fait disparaître de son site.
    Publié le 05/07/2016 à 11:58 | Le Point.fr
    http://www.lepoint.fr/societe/claude-lanzmann-regle-ses-comptes-avec-elie-wiesel-05-07-2016-2052059_23.php

    Invité de France Inter dimanche 3 juillet peu avant 8 heures, Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, a contenu ses larmes et son émotion pour parler d’Elie Wiesel décédé la veille. Tirant la conversation à lui – comme souvent –, Lanzmann reproche d’abord au Prix Nobel de ne pas lui avoir réservé un bon accueil lorsqu’il lui a annoncé à New York qu’il allait préparer le film. « L’idée que je réalise Shoah le rendait fou. Je crois que l’explication est simple. La Shoah était, pensait-il, son domaine à lui et moi, je n’étais pas survivant d’un camp », explique péniblement Lanzmann.

    Plus tard, il dresse Imre Kertész, Prix Nobel de littérature – à qui il tresse des lauriers –, contre Wiesel en lisant un extrait d’Ê tre sans destin. « Elie Wiesel a passé à Auschwitz en tout et pour tout 3 ou 4 nuits. Le reste du temps, il était à Buchenwald. Il n’était pas à Auschwitz », semble-t-il extraire de l’ouvrage de l’auteur hongrois ? Oui, vous avez bien lu ! (...)

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    De fait :
    https://www.franceinter.fr/programmes/2016-07-03

    #Elie_Wiesel #Claude_Lanzmann

    • Je crois que l’explication est simple. La Shoah était, pensait-il, son domaine à lui et moi, je n’étais pas survivant d’un camp

      Si le sujet n’était pas si grave, ce serait désopilant d’entendre Lanzmann reprocher à un tiers de se réserver pour lui seul le sujet de la Destruction des Juifs d’Europe

      « Elie Wiesel a passé à Auschwitz en tout et pour tout 3 ou 4 nuits. Le reste du temps, il était à Buchenwald. Il n’était pas à Auschwitz »

      Oh un concours ! C’est consternant. On note que la plupart des personnes envoyées à Auschwitz n’y ont pas passé plus de quelques heures. Est-ce que cela les disqualifie ? Quant à parler de 3 ou 4 nuits, des nuits d’hôtel je présume ?

      Le fait que le merveilleux Shoah ait été produit et réalisé par un odieux connard qui s’en prévaut pour tout ce qui touche de près ou de loin le sujet est une épreuve de plus qui ne peut nous être infligée que par Dieu lui-même.

    • Le fait que le merveilleux Shoah ait été produit et réalisé par un odieux connard…

      J’ai vu, à l’époque, la première partie de Shoah mais n’ai pas été voir la seconde parce que, à de nombreuses reprises, le comportement de Cl. Lanzmann et son auto-mise en scène me semblaient parfaitement odieux.

      Ça fait longtemps, mais il y a deux scènes, en particulier, dont je me souviens :
      – la discussion avec l’ancien chef de gare (?) de Sobibor. Ils discutent en marchant le long des voies (ou en les traversant). Et le chef de gare polonais évoque sa stupéfaction lorsque, le lendemain de l’arrivée du premier train pour l’extermination, il réalise qu’il n’y a aucun bruit dans le camp. Trente ans après, le choc de la réalisation de la signification de ce silence est toujours perceptible. Et le bulldozer Lanzmann écrabouille tout ça avec son questionnement prémâché.
      – quand il discute « amicalement » avec des Polonais sur le pas de porte de leurs maisons dont la décoration (les bois des volets ?) indique clairement qu’il s’agit de maisons ayant été occupées par des Juifs. Il demande « innocemment » si tout va bien, s’ils sont contents de leurs maison, etc.

      Le fait que le film ait toujours été universellement encensé sans jamais la moindre critique me met toujours mal à l’aise. En particulier, le non respect pour ses interlocuteurs-témoins et tout particulièrement dans le cas du récit de Sobibor est flagrant et pose vraiment question.

      La seule chose qui avait été (un peu) débattue à l’époque était l’utilisation de la caméra cachée pour interroger l’ancien bourreau (je ne sais plus de quel camp) et la déloyauté du procédé avait été largement justifiée par l’identité de l’interviewé. Dans la foulée, la déloyauté vis-à-vis des paysans Polonais n’avait dérangé personne…


  • On connait la chanson, Alain Resnais, 1997

    Quel bonheur de revoir ce film vu en salle à 14 ans, pour la dernière fois. Et puis toujours ce grand mystère : Resnais a commencé sa vie de cinéaste avec Nuit et Brouillard, il a continué avec Hiroshima mon Amour et Murielle, et voilà il a fini par des comédies parisiennes et quelque peu parisiannistes et bourgeoises. Pourquoi ?
    Avec le regard de mes 32 années passées sur terre, beaucoup de choses se sont affinées. Et c’est vrai qu’il est drôlement bien branlé ce film. Vous savez le principe, une histoire plutôt du genre Molière ou Tchekhov et parfois, en plein milieu les personnages font du playback sur des chansons françaises que l’on entend alors. Je m’étais arrêté au ludique de ce dispositif.
    Mais ce qui est vraiment formidable c’est la vacuité des dialogues entre les personnages, des dialogues que, somme toute, on a à peu près tous les jours vous et moi. Du phatique, du niaiseux, du « ça sert à quoi d’avoir une bouche ».
    Ces dialogues entre les personnages s’enfoncent dans une certaine tristesse, un nihilisme existentiel et une solitude terrible (bon attention on est quand même dans la comédie). Des relations se tissent mais les sentiments, la vérité des sentiments, ne se disent jamais.
    Du coup les seuls moments de clairvoyance et de profondeur sont dans les morceaux qui pourtant, au départ, étaient tout-à-fait légers.
    Et puis enfin Alain joue avec son dispositif. Il l’utilise de toutes les manières possibles. C’est marrant.

    la bande annonce est absolument merveilleuse, un court métrage à elle toute seule.
    http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18805302&cfilm=9118.html

    #critique_a_2_balle #on_connait_la_chanson #Alain_resnais #1997 #Cinéma #chanson_française #Molière #Tchekhov #une_ribambelle_d'acteur_connu_que_j'ai_la_flemme_de_citer #comédie

  • Michel Bauwens : « Vers une économie post-capitaliste » -
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/250415/michel-bauwens-vers-une-economie-post-capitaliste

    Mediapart a décidé de consacrer un rendez-vous vidéo et long format aux alternatives concrètes, aux projets qui figurent ce que pourrait être le monde d’après, aux grands modèles ou aux petits exemples qui permettent d’envisager un futur différent.

    Au milieu des années 1970, dans une période de crise économique, de remise en cause du modèle énergétique et de bouleversement social, les cinéastes Jacques Doillon, Jean Rouch et Alain Resnais ont adapté au cinéma la bande dessinée du dessinateur Gébé, L’An 01, pour réaliser un film du même nom narrant un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme.

    Sans les outils de la fiction, mais avec ceux de la confrontation et de la discussion, nous chercherons donc à dessiner les contours de l’an 01 de nos années 2010, pour tenter de cerner ce que pourrait être un monde post-croissance et post-inégalités.

    Pour le premier épisode du Champ des possibles, Mediapart a invité Michel Bauwens, penseur activiste du peer-to-peer, cette économie de « pair à pair » du savoir partagé et des échanges non marchands, née dans le monde du numérique.
    Lire aussi

    Michel Bauwens : « L’hégémonie du libéralisme a été cassée par le numérique »

    Par Jade Lindgaard

    Fondateur de la P2P Foundation, qui aborde aussi bien les questions de monnaie alternative, de coopérative ouverte et intégrale, que de système d’entraide et de constitution des communs, il publie aux éditions Les Liens qui Libèrent un livre sobrement intitulé Sauver le monde, et sous-titré Vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer.

  • Alain Resnais : initiation à l’art abstrait (1946-1948)
    http://culturevisuelle.org/attractions/archives/55

    La mort récente d’Alain Resnais (1922-2014) m’a amené dernièrement à revenir sur ses premiers courts-métrages de 1947, qui curieusement concernent tous la peinture. Ceux-ci non distribués sont restés relativement privés et méconnus du grand public. Il s’agit de visites d’atelier, inspirés du film de Sacha Guitry Ceux de chez nous réalisé en 19152. A 25 ans, il tourne ainsi une quinzaine de reportages sur des peintres comme Henri Goetz, Hans Hartung ou encore Max Ernst dans « l’intimité de la création ». Cette série de petits films anticipera les réalisations plus connues de portraits d’artistes (...) Source : (...)

  • From the Archives: #Alain_Resnais’s #FILM on “African Art” (Statues Also Die, 1953)
    http://africasacountry.com/from-the-archives-alain-resnaiss-film-on-african-art-statues-also-d

    French film director Alain Resnais est mort. His career spanned six decades (born in 1922, his last film was premiered in Berlin earlier this year), and has been well documented. His body of work is enormous, but there’s one of his films that I want to highlight here–embedding it below. At a young age, in […]

    #HISTORY #Chris_Marker #Les_statues_meurent_aussi #Statues_Also_Die

  • Alain Resnais, inventeur (fantasmé) du lipdub
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-alain-resnais-inventeur-fanta

    Dates/Horaires de Diffusion : 3 Mars, 2014 - 08:45 - 08:50

    A la fin des années 2 000 est apparue sur les réseaux une forme audiovisuelle qui est vite devenue très populaire. Il s’agit de clips dont les acteurs chantent en play-back, sur une bande sonore pré-existante – en général un tube -, avec toute sorte de chorégraphies plus ou moins élaborées. A cet objet étrange, il est donné par un de ses premiers pratiquants, qui est aussi le fondateur ...

    date de remontée fiction : Lundi 3 Mars (...)

    #Information #Cinéma #Internet #Musique #Direct

  • « Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture. »
    Les statues meurent aussi un court métrage d’Alain Resnais et Chris Marker.
    Une démonstration fascinante de la dénaturation d’une culture par une autre culture.
    http://www.youtube.com/watch?v=hzFeuiZKHcg

    http://www.grecirea.net/textes/06TexteFF08.html

    Les statues meurent aussi est un court métrage de 30 minutes consacré à l’art africain, réalisé par Alain Resnais et Chris Marker en 1953. Mais c’est aussi un film sur les ravages du #colonialisme en Afrique et la lutte des classes. Un film qui explique et nous fait ressentir comment la beauté et le mystère de ce que l’on appelait à l’époque art nègre a été avili. On y voit vivre et mourir des objets sacrés. La leçon est #universelle, elle vaut pour tous les arts, toutes les #cultures. Le film prouve, comme le disait Marcel Griaule, que la #pensée africaine est « à la hauteur des #civilisations grecque, romaine, chinoise ou de l’Inde ».
    #Les_statues_meurent_aussi est #fondateur d’un genre documentaire qu’on appele aujourd’hui l’#essai_filmique. Préfiguration de ce qui va devenir le cinéma de Marker, il est à la fois démodé sans être dépassé. C’est un diamant noir qui n’a rien perdu de son tranchant. Un morceau de #cinéma définitif, comme les masques qu’il nous dévoile. Il est remarquable que l’art africain et le colonialisme aient été l’objet de ce film singulier. Les censeurs ne s’y sont pas trompés, qui l’ont mutilé pendant de longues années. L’histoire du film Les statues meurent aussi, que je vais esquisser ici, montre comment ce film documentaire s’inscrit l’Histoire. A moins, comme #Godard le propose, que l’#Histoire elle-même ne soit qu’un éclat de Cinéma.
    Depuis les années 50, le cinéma a beaucoup évolué, et les commissions de censure ont changé de visage. Parallèlement à la censure politique, qui continue d’exister dans certains pays, notamment africains, il existe une censure #économique et #médiatique qui voudrait empêcher l’existence de films indépendants, en Afrique et ailleurs. Il existe une #standardisation des #représentations du #réel qui voudrait #déposséder les cultures et les #individus de leur capacité à créér leurs propres représentations. Le cinéma documentaire est un prisme de lecture particulièrement pertinent pour le comprendre et, c’est ma conviction, construire une alternative à ce phénomène.

    #Art #Anthropologie #Afrique #Colonialisme #Anti-colonialisme #Racisme #Documentaire #Censure #Chris_Marker #Alain_Resnais #Vidéo

  • Les statues meurent aussi | Alain Resnais, Chris Marker (La Revue des Ressources)
    http://www.larevuedesressources.org/les-statues-meurent-aussi,2239.html

    De 1952 à 1953, Alain Resnais et Chris Marker tournent un film documentaire sur l’Art nègre dans un contexte où la décolonisation semble inéluctable. Il s’agit d’une commande. Les deux auteurs répondent à la demande du collectif « Présence africaine » patronné par Alioune Diop et animé notamment par des intellectuels comme Aimé Césaire, Price Mars, Léopold Sédar Senghor, Richard Wright ou Jean-Paul Sartre qui veut offrir à la palabre africaine un espace de discussions où se rencontrent les figures les plus marquantes du monde noir de l’après-guerre. Alain Resnais et Chris Marker partent d’une interrogation : « Pourquoi l’art nègre se trouve t-il au musée de l’Homme alors que l’art grec ou égyptien se trouve au Louvre ? » (...) Source : La Revue des Ressources

  • Les Herbes folles - Alain Resnais (2008)
    http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/les-herbes-folles

    La vie, dans Les Herbes folles, est comme le cabinet d’un dentiste. C’est en s’employant à faire le bien des gens qu’immanquablement on les blesse. La malveillance n’est nulle part. Pas de méchanceté dans la petite communauté humaine, pourtant bien souffrante, d’Alain Resnais. Même les flics sont des braves gars délicats et bien compréhensifs. Et malgré tout, tout le monde fait de la peine, contrarie, humilie tout le monde. “Vous me faites mal !” pourrait être le mot de passe secret du #film.