person:albert londres

  • Regardez le bouleversant documentaire “Daraya, la bibliothèque sous les bombes” - Télévision - Télérama.fr
    https://www.telerama.fr/television/regardez-le-bouleversant-documentaire-daraya,-la-bibliotheque-sous-les-bomb


    (j’entends en ce moment Delphine Minoui sur FC)

    Un autre film sur la #Syrie est possible. La preuve par #Daraya, la #bibliothèque sous les bombes, épopée sensible de trois jeunes hommes qui vont exhumer des milliers de livres des décombres des immeubles de leur ville bombardée par l’armée syrienne, pour les rassembler dans une #bibliothèque_clandestine. A travers eux on assiste à l’éveil d’une génération de jeunes #activistes pacifiques qui prend conscience de la puissance des mots et du pouvoir des #livres.

    Inspiré de l’ouvrage Les Passeurs de livres de Daraya (Seuil), de #Delphine_Minoui, grand reporter et Prix Albert Londres, et coréalisé par le talentueux Bruno Joucla, ce film fait un bien fou. Le duo a l’intelligence de s’effacer derrière les personnages du #film et de le concevoir comme s’il était le leur. On entre de plain-pied dans leur vie, on a peur pour eux, on est heureux avec eux, on partage leurs craintes et leurs espoirs, on les suit dans leur exil. Pas de fioritures dans la réalisation, pas de cadrage pour faire beau ou faire sens, la vie simplement racontée comme le journal intime de jeunes gens ordinaires écrivant une histoire extraordinaire. Et si l’utopie révolutionnaire collective échoue pour laisser place à une reconstruction plus individuelle, restent une amitié indéfectible et une morale en forme d’espoir : si les livres ne peuvent pas stopper les bombes, ils peuvent aider à rester humain. C’est déjà beaucoup.

  • Retour sur « Le système Pierre Rabhi » | Jean-Baptiste Malet
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/11/MALET/59190

    L’enquête de Jean-Baptiste Malet « Le système Pierre Rabhi », publiée en août 2018, a suscité un grand nombre de réactions. L’auteur — qui vient d’être distingué par le prix Albert Londres pour une précédente enquête sur l’industrie de la tomate — revient sur les critiques formulées par M. Rabhi et ses soutiens. Source : Le Monde diplomatique

  • Journalistes français en Palestine dans les années 1920
    Joseph Kessel et Albert Londres au pays de la Bible
    Orient XXI > Alain Gresh > 10 janvier 2018
    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/journalistes-francais-en-palestine-dans-les-annees-1920,2204
    http://orientxxi.info/local/cache-vignettes/L800xH399/f5800217bbfa4c586a32982a38d96e-cb3b3.jpg?1515507779

    (...) Londres, lui, dresse un parallèle entre la civilisation et… la jungle :

    « S’il faut reconnaître que les Arabes l’habitaient depuis des siècles et encore des siècles, il convient de publier qu’ils n’avaient pas achevé le travail, ils étaient là, comme sont dans la jungle les belles bêtes de la liberté. »

    Ainsi, la civilisation doit avancer inexorablement, brutalement, c’est le prix du progrès. (...)

  • Jeunes reporters dans les Balkans by emdegraphisme

    Cahier de voyage de l’itinérance en #Bosnie-Herzégovine 2017
    avec les étudiantes et étudiants en journalisme

    Thématiques :
    La jeunesse en Bosnie-Herzégovine
    L’indépendance de la presse en Bosnie-Herzégovine

    Une collaboration de @wereport avec l’association Sur les pas d’Albert Londres, le super carnettiste #Emdé, Aline Cateux et bien sûr des talentueux étudiantes et étudiants !!!

    https://issuu.com/emdegraphisme/docs/jeunes_reporters_v_00

    #mostar #sarajevo #tuzla #occpr #journalisme #jeunesse #libertéDeLaPresse

  • Reconnaître enfin les crimes de la colonisation française | Middle East Eye
    Olivier Le Cour Grandmaison | 5 décembre 2017
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/reconna-tre-enfin-les-crimes-de-la-colonisation-fran-aise-1268904935

    Emmanuel Macron, attendu à Alger ce mercredi, doit mettre un terme au mépris de la France pour ceux qu’elle a opprimés et déclarer que des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ont été commis pendant son histoire coloniale
    (...)
    Au cours de ces différents déplacements en Afrique de l’Ouest, le chef de l’État a déclaré : « Les crimes de la colonisation européennes sont incontestables. Je me reconnais dans les voix d’Albert Londres et d’André Gide qui ont dénoncé les milliers de morts du chemin de fer Congo-Océan. »

    Ces propos nouveaux, assurément, appellent cependant quelques précisions. Plutôt que de débiter des généralités sur les pratiques coloniales du Vieux Continent, sans doute destinées à atténuer les responsabilités de la France et à tempérer la colère des représentants de la droite et de l’extrême droite, le président gagnerait à être plus précis et à qualifier correctement ce qui a été perpétré à l’époque.


    Ouvriers vietnamiens sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan (Facebook/Histoire et Culture du Congo-Brazzaville)

    En effet, la construction de la voie ferrée précitée a coûté la vie à 17 000 « indigènes » pour la seule réalisation des 140 premiers kilomètres. En 1928, le taux de mortalité sur ce chantier était de de 57 % ce qui est comparable voire supérieur au pourcentage de certains camps de concentration nazis.

    Qui a rendu ce chiffre public ? Un anticolonialiste farouche ? Non, le ministre des Colonies, André Maginot, dans une déclaration prononcée devant une commission ad hoc de la Chambre des députés. L’entreprise chargée des travaux ? La Société de construction des Batignolles dont la prospérité est en partie liée aux nombreux contrats remportés dans les possessions françaises. Son successeur n’est autre que le groupe aujourd’hui bien connu sous le nom de SPIE-Batignolles. En 2013, Jean Monville, ancien PDG de ce groupe, osait rappeler « la fierté de ce qu’on avait fait dans le passé, de notre professionnalisme et de notre engagement dans nos “aventures” d’outre-mer » (Le Monde, 21 mai 2013).(...)

  • La #jeunesse bosnienne veut faire tomber les murs

    Vingt-deux ans après les guerres d’ex-Yougoslavie, la Bosnie-Herzégovine reste partagée en trois ethnies : les Serbes en Republika Srpska, les Bosniaques et les Croates en Fédération de Bosnie-Herzégovine. À #Mostar, #Sarajevo et #Tuzla, les jeunes ont grandi avec ces clivages mais la plupart d’entre eux n’aspirent maintenant qu’à une chose : les dépasser.


    https://www.lacite.info/reportages/jeunesse-bosnienne
    #jeunes #Bosnie-Herzégovine #graffitis #art_de_rue #street-art #ex-Yougoslavie

    D’où naît ce reportage ?

    Le projet « #A_longs_thermes » est né d’une collaboration entre le Pôle universitaire de Vichy et le collectif international de journalistes indépendants @wereport , autour de la liberté de la presse en France et dans les Balkans.
    En août 2017, huit étudiants de Vichy, issus des licences professionnelles de journalisme et TAIS (Techniques et activités de l’image et du son), sont partis en Bosnie-Herzégovine, encadrés par trois journalistes du collectif We Report, l’anthropologue Aline Cateux et l’association Sur les pas d’Albert Londres.
    Pendant quinze jours, ils ont réalisé des articles multimédia sur la liberté de la presse et la jeunesse dans les Balkans. Leurs reportages ont été croqués par le carnettiste Emdé, dont les dessins sont exposés au Rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand à l’automne 2017.

  • À Lyon, le colonialisme est de retour au bar La Première Plantation qui célèbre « un esprit à la cool » - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/A-Lyon-le-bar-La-Premiere-Plantation-18173

    La Première Plantation est un bar à cocktails qui a ouvert cet été dans le sixième arrondissement. Une dizaine d’articles de la presse généraliste ou spécialisée a célébré cette ouverture, sans interroger les gérants sur le choix du nom du lieu. Le 12 septembre, une journaliste du Petit Bulletin qui écrit sur les nouveaux lieux « branchés » a questionné les gérants qui ont alors tenu des propos racistes surréalistes en expliquant qu’il souhaitait rappeler l’esprit colonial, « un esprit à la cool », « une époque où l’on savait recevoir »...

    https://rebellyon.info/home/chroot_ml/ml-lyon/ml-lyon/public_html/local/cache-vignettes/L450xH283/993_001-f7473-f4c3a.jpg?1505389230

    #colonialisme #racisme

    • Peut-être avais-je mal entendu, finalement. (...) Non. Il a persévéré. « C’était cool, la colonisation ? » me suis-je indignée. « Dans l’esprit, oui, carrément, ça représente une période sympathique, il y avait du travail à cette époque accueillante. » Je me suis offusquée : « et la partie esclaves, là-dedans ? ». « Ah, on a mis quelques photos dans les toilettes. » m’a-t-il rétorqué.

      Oula ca va loin ! Ca me rappel l’histoire du « bal nègre » qui devait ouvrir à Paris mais qui a finalement changé de nom. http://www.lemonde.fr/musiques/article/2017/02/06/le-bal-negre-ouvrira-sous-un-autre-nom_5075127_1654986.html
      Mais c’était loin d’être aussi directement et ouvertement raciste. C’est carrément de l’apologie de crime contre l’humanité.

    • Guide urbain Lyon : Polémique - La Première Plantation, retour sur un bad buzz - article publié par Sébastien Broquet
      http://www.petit-bulletin.fr/lyon/guide-urbain-article-58887-La+Premiere+Plantation++retour+sur+un+bad+

      Nous sommes retournés (Sébastien Broquet, rédacteur en chef du journal) voir les deux gérants de La Première Plantation, Gabriel Desvallées et Matthieu Henry, ce jeudi matin. Pour discuter, de nouveau, de leurs propos et de leur positionnement. Nous avons rencontré deux personnes abattues, conscientes de la maladresse totale des propos cités, mais réfutant - et nous les croyons totalement après cette rencontre - tout racisme ou toute ambiguïté de leur part sur l’esclavage. Aucun d’eux n’est raciste ou soupçonné de complaisance envers l’esclavage. Les propos tenus lors de l’interview publiée mardi et le positionnement de leur lieu sont visiblement la conséquence d’une méconnaissance de cette période de l’Histoire, de légèreté sans doute quand à leurs recherches sur cette époque, dont ils ont voulu mettre en valeur l’esthétique par leur décoration et surtout, leur passion : le rhum. Nous avons aussi vu les photographies affichées dans les toilettes : contrairement à ce qui est déclaré dans l’interview par eux-mêmes (et retranscrit par nous), nous n’avons pas vu ce matin de photos d’esclaves mais deux clichés encadrés : une maison de maître victorienne et un champ d’ananas.

      #malentendu (qui serait LA raison de 80% des discordes) #ignorance
      et malheureusement, je les crois quand ils annoncent qu’ils ne savaient pas, et je pense que ces deux jeunes entrepreneurs se sont nourris à la même source télévisuelle que le reste de leur génération, la fabrique des #abrutis et que les vrais responsables sont ceux qui ont abandonné leurs enfants à l’école de la soumission et du vide de l’enseignement sur les horreurs des guerres et d’une éducation critique sur la mise en place des systèmes de domination.
      Je m’étonne toujours de la force de la lobotomie de l’éducation moderne alors que nous disposons de l’accès internet, de bibliothèque et parait-il d’un cerveau …
      #industrie_de_l'armement

    • C’est pas un bar de nazis officiel mais juste un bar de machos fana d’exotisme esclavagiste et d’humour raciste putride. Ca reste un lieu infréquentable qui donne plus mal au cœur que l’envie de se détendre. Pour les clichés de la maison de maître victorienne et le champ d’ananas qui sont aux toilettes. Ces deux images renvoient justement très fortement à l’esclavage puisque les champs d’ananas ca pousse pas tout seul, ni les maisons de maîtres. Si le taulier ose en plus plaisanté comme ca avec ses client·e·s c’est vraiment qu’il a très bien compris que ces images évoquent fortement l’esclavage puisqu’il en fait des blagues.

      Leurs excuses c’est dire que la journaliste (Julie Hainaut ) est menteuse puisque c’est un malentendu de sa part et qu’il y a pas de photo sur l’esclavagisme dans les toilettes (alors qu’il y en a selon les propres paroles de Sébastien Broquet venu sauvé la réputation des deux mâles blancs et désavouée publiquement sa collègue Julie Hainaut).

      Pour le thème si ils disent qu’ils font un hommage à la culture caribéenne, mais ca reste de l’appropriation culturelle de deux mecs blancs dans un quartier de bourges blancs qui flatte les blancs dans le sens du gros colon. Ca m’étonnerais que beaucoup de Caribéen·ne·s se précipitent dans ce bar pour se remémoré le bon temps des maisons de maîtres victorienne.

      J’ai fait suivre leur correctif aux lyonnais·e·s que j’avais prévenu hier au sujet de ce bar en leur déconseillant toujours d’y aller. C’est pas les bars qui manquent à Lyon et leurs excuses sont quant même assez hypocrites. Ils pleurent parce que leur susceptibilité blanche à été malmenée, mais ils pleurent pas d’avoir blessé des personnes descendantes d’esclaves avec leur déco de chiotte.

      #appropriation_culturelle #susceptibilité_blanche #fraternité_blanche

    • Cyberharcèlement : les mots ont un sens
      Par Julie Hainaut
      http://www.liberation.fr/france/2017/09/20/cyberharcelement-les-mots-ont-un-sens_1597643

      Le 12 septembre paraissait mon article intitulé « La Première plantation, ou l’art de se planter », dans lequel je m’indignais des propos des patrons d’un bar à cocktails. Dans ce lieu, dont le nom fait « référence aux plantations de canne à sucre dans les colonies françaises », les patrons affirment « chercher à retranscrire l’esprit colonial, un esprit à la cool, une époque où l’on savait recevoir, une période sympathique où il y avait du travail ». Les mots ont un sens. Pas besoin d’être journaliste pour le savoir.

      Ces mots prononcés avec légèreté – et enregistrés sur bande-son avec le consentement des intéressés – sur ce qu’il convient d’appeler un crime contre l’humanité m’ont heurtée. Beaucoup. J’ai d’abord cru à un humour un peu gras ou un manque de connaissance, mais après plusieurs perches lancées, ils me confirment le sérieux de leurs propos lorsque j’évoque la partie « esclave » de la colonisation. « Ah, on a mis quelques photos de gens dans les toilettes », me disent-ils. Certes.

      J’ai réécouté l’interview dix fois. Puis je l’ai retranscrite et j’ai exprimé ma désapprobation dans mon papier, de la même manière que je l’ai fait pendant l’interview. Mon article provoquera ensuite un véritable tollé. Les propriétaires ont souhaité avoir un droit de réponse, qu’ils ont bien évidemment obtenu. « Contrairement à ce qui a été retranscrit dans l’article, notre établissement n’a jamais eu la volonté de faire une quelconque apologie de la période colonialiste, période que nous condamnons. »

      « L’affaire » aurait pu s’arrêter là. Mais non. Sur les réseaux sociaux, la façon dont l’interview s’est déroulée sera réécrite. Je serais venue en plein service, sournoisement, poser des questions auxquelles ils n’ont pu répondre avec attention parce qu’ils étaient occupés à faire leur boulot. J’ai beau préciser – et donc me justifier d’avoir retranscrit des faits, l’essence même de mon métier – être venue avant l’affluence et que l’interview a bien été enregistrée, l’engrenage continue. De nombreuses associations, dont le CRAN (Conseil représentatif des associations noires), condamnent fermement ces propos. Mais beaucoup d’internautes semblent penser qu’il est plus acceptable de les tenir que de les dénoncer.

      Je ne suis pas l’Elise Lucet de la tapenade, l’Albert Londres du gin tonic, la Florence Aubenas de l’espuma. Avec la casquette du Petit Bulletin, je ne traque pas le scoop, je ne dénonce pas des injustices. Je viens – en toute indépendance – mettre en lumière des endroits de ma ville où l’on consomme (du boire, du manger, du vêtement, de la culture). Et pourtant, cette semaine, je me suis retrouvée au cœur d’une tempête numérique et médiatique d’une violence inouïe.

      Très vite, une quinzaine de médias ont relayé l’information, avec parfois des titres bien plus accrocheurs qu’informatifs, et parfois des propos déformés qui n’avaient au final plus beaucoup de rapport avec l’article initial. Au risque de me répéter, les mots ont un sens. Sur les réseaux sociaux, les simples commentaires sont devenus des appels à la haine. Contre les barmen d’abord, ce que je désapprouve fermement, bien évidemment. Contre moi ensuite.

      Le 16 septembre, le site néonazi démocratieparticipative.biz publie un article intitulé « Lyon : une pute à nègres féministe veut détruire un bar à rhum "colonialiste", mobilisation ! ». Vient alors le temps des mots dénués de sens. Parce qu’à un moment, leur en donner, c’est leur faire trop d’honneur. Les fines plumes du site évoquent la « vaginocratie négrophile », me qualifient – entre autres – de « grosse pute », « vermine », « putain à nègre hystérique », « femelle négrophile », « hyène puante » et appellent à inonder mon fil Twitter et ma boîte mail, en dévoilant des photos volées, le tout illustré – entre autres – par une vidéo de Goebbels et un GIF d’Hitler. Je dépose immédiatement une plainte pour injure publique et diffamation. Je suis inondée d’insultes et de menaces. Ils « cherchent mon adresse ». Je complète ma plainte pour harcèlement. Je respire difficilement, je dors peu, j’ai peur. « Il ne faut pas le dire, Julie, sinon ils ont gagné ». Tant pis, je le dis. J’ai peur.

      Un élan de soutien émerge sur Twitter. Ça fait du bien. Le site est signalé sur Pharos (la Plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements du ministère de l’Intérieur) et ferme. Puis renaît. Deux autres articles sont publiés. Il est désormais question de ma « négrophilie pathologique ». Et c’est reparti. « Hyène terroriste », « pue-la-pisse », « prostituée ». Vous en voulez encore ? J’en ai en stock. « Obsédée par les nègres », « serpillière à foutre africain ». J’ai la nausée. Je complète néanmoins une nouvelle fois ma plainte, j’y dépose de nouvelles pièces, de nouveaux mots. Le site est signalé une nouvelle fois sur Pharos mais réapparaît par intermittence.

      Savoir de quoi l’esthétisation de la période coloniale est le symptôme ne fait pas partie de mon domaine de compétence. Mais je sais que les mots ont un sens. Entre autres parce qu’ils provoquent des émotions. Et on sous-estime bien trop souvent leur haut pouvoir en nitroglycérine. Depuis une semaine, certains m’ont réconfortée, d’autres m’ont outrageusement blessée. J’ai vu des personnes applaudir, ravies de ce ramassis sexiste, raciste, diffamatoire et injurieux menaçant la liberté d’expression et mon intégrité physique tout en appelant à la violence sous fond d’apologie du nazisme. Tous ces mots pour mes mots à moi. Enfin, surtout leurs mots à eux. C’était assourdissant, tous ces mots. Pour tenir bon, j’ai dû très vite apprendre à vider de leur sens ceux qui m’écorchent et à voir toute la force que me confèrent ceux, mille fois plus nombreux, que m’adressent des inconnus en soutien.

      Les mots ont un sens. Et c’est avec justesse qu’ils se doivent d’être choisis. Parce que des petits mots tout bêtes peuvent devenir de grosses blessures. Ces mots sur la partie la moins glorieuse de notre histoire, celle durant laquelle l’on enchaînait des humains, on les mutilait et pillait leur pays. Ou ces mots pour me décrire. Des mots d’une violence misogyne inouïe. Des mots tout sales et humiliants, pour se venger de celle qui les rapporte. Un peu de respect pour les mots. Ils sont puissants. Et dans ce flot d’insultes et de menaces de mort, le pouvoir des mots gentils m’est apparu comme une bouée de sauvetage. Merci pour vos mots, en réaction aux miens. J’ai appris que le meilleur est mille fois plus puissant que le pire. Mes batteries sont rechargées. Au boulot.

      #harcelement #misogynie #cyberharcèlement

    • Cyberharcèlement d’une journaliste par des néonazis : le fiasco judiciaire
      17 décembre 2020 Par Lucie Delaporte

      Condamné en première instance pour avoir partagé un article qualifiant la journaliste Julie Hainaut, entre autres insultes racistes et sexistes, de « pute à nègres », un néonazi a été relaxé ce jeudi 17 décembre pour une erreur de procédure.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/171220/cyberharcelement-d-une-journaliste-par-des-neonazis-le-fiasco-judiciaire

      Condamné en première instance à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros de dommages et intérêts pour avoir partagé un article raciste et sexiste visant la journaliste Julie Hainaut, qualifiée entre autres de « pute à nègres féministe », « hyène terroriste », « traînée », Sylvain C. a été relaxé ce 17 décembre en appel pour une erreur de procédure commise lors de l’instruction. Le « partage » de l’article incriminé relevant d’un réquisitoire supplétif – comme l’instruction n’avait pas réussi à trouver l’auteur de l’article, elle s’est rabattue sur le fait que Sylvain C. avait partagé l’article sans prendre garde aux délais de prescription largement dépassés, note le jugement consulté par Mediapart.

      « Nous avions déjà dénoncé la manière dont avait été menée l’instruction, aujourd’hui nous sommes indignés de cette faute procédurale qui n’est imputable qu’à l’institution judiciaire et qui laisse dans le désarroi une victime de cyberharcèlement », tempête Éric Morain, l’avocat de Julie Hainaut.

      « Je suis en colère, affirme de son côté la jeune journaliste, épuisée par trois ans de procédure. Le message donné par la justice est inquiétant, dangereux. Ce que je retiens de ces trois ans de combat, c’est l’impuissance de l’État et de la justice à se saisir de cette question essentielle. » Pour elle, « le cyberharcèlement invisibilise et réduit au silence. La décision de la cour d’appel valide cela. Et en relaxant un homme dangereux, elle me met en danger. Elle met en danger la société. C’est absurde, sidérant, violent. »

      Le prévenu et son avocat n’étaient pas présents au tribunal pour entendre le jugement. Au regard de l’audience qui s’était tenue le 24 novembre dernier, cette relaxe apparaît effectivement comme un incroyable fiasco judiciaire, alors que le gouvernement affirme vouloir faire de la lutte contre le cyberharcèlement une priorité.

  • Tuer pour civiliser : au cœur du colonialisme

    http://www.revue-ballast.fr/tuer-pour-civiliser-au-coeur-du-colonialisme


    « Halte à la repentance ! » piaffent-ils en chœur de leurs perchoirs. « Les Français » n’auraient qu’une passion : « la haine de soi » pour mieux expier un passé dont ils ne sont plus fiers. Le siècle dernier fut celui des luttes d’indépendance ; l’affaire, puisqu’entendue, serait donc à classer — à l’heure où Eric Zemmour, jurant à qui veut l’entendre de l’évidence du « rôle positif » de la colonisation, caracole sur les étals des librairies ; à l’heure où Alain Finkielkraut, assurant que les autorités hexagonales ne firent « que du bien aux Africains », est sacré à l’Académie ; à l’heure où l’auteur de Vive l’Algérie française !, nous nommons Robert Ménard, a transformé la ville de Béziers en sujet d’actualité, les « vieilles lunes » n’ont-elles pas encore certaines choses à dire ? L’historien Alain Ruscio remonte le temps pour nous faire entendre ces voix qui, de gauche à droite, appelèrent à la guerre par souci de « pacification »

    Commençons en 1580. Un penseur français, des plus fameux, écrit ces lignes, devenues célèbres, que les plus intransigeants anticolonialistes du XXe siècle n’auraient sans nul doute pas désavouées : « Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, et la plus riche et belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ! […] Jamais l’ambition, jamais les inimitiés publiques ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilités et calamités si misérables. » On aura reconnu Michel de Montaigne, l’auteur des Essais.

    Combien, depuis cette époque et ces lignes, à l’ombre des drapeaux des puissances colonisatrices, d’autres « villes rasées », de « nations exterminées », de « peuples passés au fil de l’épée » ? On pourrait se contenter de cette question, sans crainte d’être contredit, et entrer dans les détails et les descriptions, pour le moins horrible, des fusillades, des razzias, des décapitations, des corvées de bois, des tortures, des viols, de l’utilisation de l’aviation, des armes chimiques, du napalm… On pourrait citer mille auteurs qui protestèrent, de Victor Hugo (« L’armée faite féroce par l’Algérie ») à Anatole France, en passant par Albert Londres, André Gide, Malraux, Aragon, Sartre ou encore François Mauriac… On pourrait, certes. Mais nous resterions dans le comment ; nous devons plutôt tenter de comprendre le pourquoi.

  • Paysannerie, rebonds et sursis
    https://www.franceculture.fr/emissions/culturesmonde/paysannerie-rebonds-et-sursis-14-crise-des-cereales-brexit-leurope-au-

    Crise des céréales, Brexit : l’Europe au chevet de son agriculture
    Sophie Thoyer : Professeur à l’Université de Montpellier SupAgro en charge du site CAP-eye, un site internet sur la Politique Agricole Commune.
    Marc Tarabella : député européen belge, membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural.
    Edith Lhomel : Responsable de la collection de Réflexe Europe a enseigné à l’Institut d’Etudes Européennes de Paris-8.

    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-24.10.2016-ITEMA_21113508-0.mp3

    Crise du lait : vers une re-féodalisation du monde
    Intervenants
    Elsa Casalegno : ingénieure agronome de formation, journaliste et chef du service « Elevage » chez la France agricole.
    Christian Corniaux : agronome au CIRAD (Pôle Pastoralisme et Zones sèches) basé à Dakar, il est spécialiste des filières laitières en Afrique de l’Ouest.
    Jean-Marc Chaumet : agroéconomiste, Institut de l’élevage, spécialiste de la Chine
    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-25.10.2016-ITEMA_21114633-0.mp3

    Bayer-Monsanto : la fusion de tous les dangers
    Pierre-Benoit Joly : directeur de recherche à l’INRA (Institut national de la recherche agronomique)
    Marie-Monique Robin : journaliste, réalisatrice, écrivaine, auteur du documentaire Le monde selon Monsanto (Arte, 2008) prix Albert Londres 1995
    Olivier Roellinger : cuisinier à Cancale, à l’initiative d’une « Lettre ouverte contre l’invasion de l’agrochimie dans nos assiettes »
    Lucien Omer Silga : coordonnateur de la FIAN Burkina (FoodFirst Information and Action Network)
    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-26.10.2016-ITEMA_21115779-0.mp3

    #agriculture #paysannerie #semences #brevet

  • Stephen Pichon
    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/RAMONET/9604

    Même si l’installation du @mdiplo à cette adresse est largement due aux aléas de la recherche immobilière à Paris, il faut admettre que le hasard fait parfois bien les choses, car ce Stephen Pichon - né le 10 août 1857 à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or) et décédé le 18 septembre 1933 à Vers-en-Montagne (Jura) - fut successivement... journaliste et diplomate. D’abord rédacteur à La Commune affranchie en 1878, puis à La Justice en 1880, il sera élu député dans le XIVe arrondissement de Paris en 1889, et siégera à l’Assemblée nationale dans les rangs de l’extrême gauche.

    Devenu ambassadeur, il représentera la France à Haïti, au Brésil et en Chine. Dès 1906, il est nommé par Georges Clemenceau à la tête du Quai d’Orsay et conservera son portefeuille dans les cabinets d’Aristide Briand et de Louis Barthou. De nouveau sous la présidence du « Tigre » Clemenceau, Stephen Pichon fut le grand ministre français des affaires étrangères de la fin de la première guerre mondiale (1914-1918). Il se retira de la vie politique en 1924.

    Précisions importantes d’un lecteur :

    Si Stephen Pichon pouvait, de manière purement géographique, être classé « dans les rangs de l’extrême gauche » - comme vous l’écrivez -, ce n’était que ceux du groupe radical-socialiste, dirigé par son protecteur, le panamiste Clemenceau. Feu votre confrère Pichon fit en effet toute sa carrière dans l’ombre du « Tigre », la démarrant, comme vous le signalez, à La Justice, et l’achevant, ainsi que je vous le précise, comme directeur du Petit Journal. A ce titre, selon Francis Lacassin, il « fit entrer Albert Londres dans ce journal en 1916, puis le chassa en 1919 sur ordre de son ami Clemenceau », pour cause d’indépendance d’esprit. (…)

    Au Quai d’Orsay, il couvre de son autorité ce que La Guerre sociale appelait « le brigandage colonial ». Dans un article du 26 août 1908, Gustave Hervé, alors socialiste « insurrectionnel », stigmatisait « les hauts faits du général d’Amade et de ses bandes, le massacre de 1 500 Marocains sans distinction d’âge ni de sexe, et la région de la Chaouïa pacifiée à coups de razzias, d’incendies et de massacres ». Dans les débats au Palais-Bourbon, Pichon assuma gaiement tout cela, face aux protestations, assez molles d’ailleurs, de Jaurès.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/A/10186

    #À_propos_du_Diplo

  • Qui est Schmock ?

    Il est l’incarnation, dans ce qu’elle a de plus détestable, de la figure du journaliste-scribouillard, brillant, surperficiel, que Balzac qualifiait de « Rienologue ». Le personnage apparaît pour la première fois dans la pièce de Gustav Freytag, « Les journalistes » (1853). En allemand, ce nom propre devenu emblématique donnera des dérivés comme « Schmockerei », « verschmockt », etc. Tous termes que Karl Kraus (1874-1936) emploiera plus d’une fois dans sa revue satirique « Die Fackel » (Le Flambeau), qu’il publiera de 1899 à 1936. Dans Schmock, ou le triomphe du journalisme (Le Seuil, 2001), Jacques Bouveresse montre en quoi Kraus, magistral précurseur, a fourni la première critique des médias et des systèmes de communication modernes, toujours aussi pertinente.

    Le philosophe Jacques #Bouveresse, à la suite de l’écrivain Karl #Kraus, dénonce les travers des médias modernes

    Qu’est-ce qui a poussé Jacques Bouveresse, l’un des meilleurs philosophes français, professeur au Collège de France, à s’intéresser à la presse, sujet apparemment bien éloigné des préoccupations philosophiques ? C’est que l’influence des médias, aujourd’hui, paraît de plus en plus déterminante, dans ses effets, sur l’avenir de nos sociétés et le devenir de l’être humain.

    Dans Schmock, ou le triomphe du journalisme , Bouveresse prend le relais de l’écrivain autrichien Karl Kraus qui, entre 1899 et 1936 et en satiriste de génie, dans sa revue Le Flambeau, dénonçait déjà le phénomène. Bouveresse montre que cette première critique des médias et des systèmes de communication modernes n’a rien perdu de sa pertinence et de sa modernité.

    Jacques Bouveresse, qu’est-ce qui justifie votre intérêt de philosophe pour la presse ?

    C’est un domaine devenu aujourd’hui tellement important qu’il est difficile, surtout pour un philosophe, de ne pas s’y intéresser. Mon intérêt vient de ce que, face au triomphe sans partage du néolibéralisme et de la mondialisation, les critiques que formulait déjà Karl Kraus se confirment de plus en plus, il pressent les effets moralement et socialement destructeurs des systèmes de communication modernes sur l’être humain.

    Quels sont ses reproches ?

    Avant tout, que la presse est un instrument au service du marché universel. Un instrument qui apporte sa quote-part à l’application du principe « tout peut se vendre tout peut s’acheter ». A l’origine, aux alentours des années 1850, on pensait que la presse allait être au service de la liberté de pensée et de l’éducation du citoyen. On a très vite vu qu’elle faillissait à sa mission. Kraus rend la presse largement responsable de la boucherie de la guerre de 14-18, dont quasi l’ensemble de la presse a masqué les horreurs sous des envolées lyriques.

    Aujourd’hui, la presse servirait la logique économique plutôt que la recherche de la vérité ?

    Exactement. Bien entendu, les journalistes d’investigation s’en défendront et pousseront des hauts cris. Mais ils servent bien d’alibi à une presse qui, pour l’essentiel, est surtout devenue un rouage et un auxiliaire essentiels dans le système du marché universel. En fait, comme toutes les entreprises axées sur la recherche du profit, elle tend à faire croire au public qu’elle remplit un rôle beaucoup plus noble qu’elle ne le fait en réalité. Quand on lit un journal, on est constamment obligé de se demander si la vérité est la chose qui importe le plus aux journalistes...

    Allons donc ! Albert Londres disait que la tâche du journaliste était de porter la plume dans la plaie...

    Et Kraus n’aurait pu que souscrire à un tel appel. C’est ce à quoi il s’employait dans sa revue Le Flambeau. Kraus aurait certainement beaucoup d’admiration pour le journalisme d’investigation, à juste titre présenté comme la partie la plus respectable du métier, pour des raisons évidentes : la dénonciation de scandales politico-économiques, etc. Le problème, c’est qu’on se sert de cette portion congrue du journalisme comme d’un alibi pour cautionner d’autres comportements bien plus représentatifs des médias dans leur ensemble...
    Contrairement à ce qu’on a cru au départ, le journal n’a pas été inventé pour informer un lecteur curieux et désireux d’être éclairé sur la marche des événements, mais beaucoup plus pour créer un nouveau type de consommateur : le consommateur de nouvelles. La plus grande partie du travail des médias vise bien plus à séduire le lectorat, à vendre, à générer des profits qu’à dévoiler des vérités à la fois importantes et gênantes.

    Pour Kraus, le journalisme est vicié par nature ?

    Oui. La petite partie de la presse qui a conservé un sens élevé de ses devoirs et responsabilités constitue pour lui l’exception héroïque, pas la règle. Comme satiriste, il pense que la presse n’est pas amendable, on ne peut espérer la réformer. Il a des formules terribles, comme : la presse ne commet pas des excès, elle en est un !

    En quoi l’influence de la presse est-elle excessive ?

    Elle réduit le monde à n’être plus qu’un journal, estime Kraus.

    Il satirise : Dieu aurait créé le monde pour que les journalistes le transforment en journal !

    Oui, le journal comme but de la Création ! Il est clair qu’aujourd’hui, le monde semble avoir besoin du journal, des médias, tout simplement pour ÊTRE. Je suis d’ailleurs frappé de voir combien les gens, sans même s’en rendre compte, parlent de plus en plus comme dans les journaux qu’ils lisent...

    C’est que, selon Kraus, nous vivons désormais dans un univers plus journalistique que réel : c’est le journal qui nous fabrique notre monde chaque matin. Il nous met le monde en phrases, en tournures toutes faites, évacue l’imagination, anesthésie la sensibilité et les capacités de réaction, de sentiments humains. De cette façon, il nous rend paradoxalement plus supportables les guerres et les atrocités diverses - c’est ce que pensait Kraus, en tout cas.

    C’est tout de même un outil démocratique. Dans les pays totalitaires, la presse est bâillonnée...

    Oui, on ne peut pas imaginer une démocratie moderne sans liberté de la presse. En même temps, il faut se demander ce qu’on entend exactement par ce terme.

    Que voulez-vous dire ?

    Le « droit d’informer et d’être informé » n’a de sens que si l’on se pose dans le même mouvement la question de quoi ? et pour quoi ? A défaut, l’information a si peu de sens que l’on parlera d’atteinte à la liberté de la presse à propos de tout et n’importe quoi, on n’informera plus de ce que les gens ont réellement à savoir, mais de ce qu’ils ont envie de savoir, ce qui ne répond pas à la même exigence. Les sujets d’intérêts les plus méprisables, les plus dérisoires, les plus infantiles sont ainsi mis sur le même plan que les faits qu’il est indispensable de connaître.

     »Bref, une liberté d’informer et d’être informé, qui s’applique à tout et n’importe quoi, est-elle encore une liberté, ou une forme d’asservissement des esprits ?

    Ainsi, la presse nous aliénerait ?

    Kraus rêve parfois d’une journée sans presse, comme nous aspirons à une journée sans voitures... Sommes-nous intoxiqués ?

     »Finalement, dans ce que les médias proposent aujourd’hui au public, c’est toujours la demande perçue, anticipée ou créée de toutes pièces, et non le besoin réel, qui décide. De plus en plus, les médias parviennent ainsi à créer des sujets à partir de quasi rien : dès lors qu’ils réussissent à créer un rassemblement d’opinion autour de l’impression qu’il est en train de se passer quelque chose, la partie est gagnée. Des dossiers journalistiques entiers sont bâtis sur ce principe...

    C’est ici qu’interviennent les questions de déontologie

    Oui. Mais le fait que la presse parle tant de déontologie et d’éthique n’est-il pas justement le signe qu’il y a là un problème ? Jamais vous n’entendez un boucher ou un agriculteur avoir ce mot aussi souvent à la bouche.

     »Et puis, n’y a-t-il pas autant d’éthiques journalistiques qu’il y a de rédactions ? Ce qui paraît tout à fait normal à l’une ne passe pas dans l’autre... Souvent, comme le dit Kraus en pastichant les journalistes, elles semblent obéir à ce seul principe : « Nous racontons la chose ou nous ne la racontons pas, pourvu que ça rapporte. » Ou encore : « Qu’ils méprisent, pourvu qu’ils lisent ! » Chaque rédaction, même celles de la presse de caniveau, a sa déontologie. Mais, après tout, c’est aussi le cas des bandes de brigands...

    Les journalistes se pensent capables de faire régner une certaine éthique dans leur propre milieu

    Mais, en l’absence de sanctions réelles, qu’est-ce que cela signifie réellement ? La presse a développé une capacité exceptionnelle dans l’art de diluer la responsabilité, de la rendre insaisissable et anonyme. Elle est même devenue si puissante qu’elle peut désormais se permettre de n’accepter, en fait de critiques, que celles qu’elle consent à formuler elle-même à son propre propos...

    On le sait : le public a peu confiance dans la presse. Son sens critique fait contrepoids...

    Oui, mais comme le disait Kraus, un journal qui augmente le nombre de ses contempteurs ne verra pas pour autant diminuer le nombre de ses abonnés...

    Kraus va jusqu’à condamner les journalistes qui ont du style ! Pour lui, le propre du bon journalisme, c’est le style le plus plat

    En effet, parce qu’à se frotter lui-même à des journaux dont les collaborateurs savaient écrire, il voyait de quoi il retournait : bien souvent, le style consiste à dissimuler l’essentiel sous des effets brillants et à faire passer à la place ce qu’on souhaite soi-même faire passer... Aujourd’hui, dans les médias, le style, les capacités de mise en scène, les angles choisis ne servent souvent qu’à faire exister des sujets inexistants, qui ne tiennent que grâce au talent du journaliste. Voire, plus gravement, à travestir la réalité.

    Kraus préférait donc les comptes rendus secs, la « steppe de nouvelles », comme il disait. Des articles ne reposant pas sur les artifices de la séduction.

    Aujourd’hui, tous ces maux décrits par Kraus s’accentueraient ?

    Je le crois. Songez que dans un magazine comme L’Express, les cahiers publicitaires occupent désormais une telle place qu’il faut chercher les pages rédactionnelles. Le Monde a son supplément « Argent ». Le libéralisme a remporté une victoire par forfait : il n’a plus d’adversaire, et on ne sait plus trop que reprocher à un système voulu aujourd’hui par tout le monde, ni à une presse qui en est l’expression.

    Donc, de plus en plus, on se résout à ce que la presse ne soit qu’un agent économique comme les autres, soumis aux mêmes impératifs primordiaux. Travaille-t-elle avant tout, comme elle cherche à nous en persuader, pour le bien public ? Il est permis d’en douter. Kraus ne serait pas surpris de constater cette victoire de la marchandise, dont le règne universel signifie bien l’avènement d’une société post-humaine...

    Propos recueillis par Jean-François Duval

  • « À Marseille, il n’y a pas de mafia »
    paru dans CQFD n°142 (avril 2016),
    par Bruno Le Dantec
    http://cqfd-journal.org/A-Marseille-il-n-y-a-pas-de-mafia

    Entretien avec P. Pujol.

    Philippe Pujol a reçu le prix Albert Londres 2014 pour sa série d’articles « Quartiers shit ». Il y chroniquait la misère et le trafic dans les cités. Il publie La Fabrique du monstre aux Arènes (2016), où il met aussi à nu clientélisme politique et pègre immobilière.

    Photo : Gilles Favier, qui publie Marseillais du Nord aux éditions du Bec en l’air, sortie en mai 2016.

  • « La Belgique n’a aucun passé colonial » : décoloniser l’Histoire, par @Abdelkarter

    https://abdelkarter.wordpress.com/2016/03/25/la-belgique-na-aucun-passe-colonial-decoloniser-lhistoire

    (...) sur le plateau d’une émission diffusée sur une chaîne du service public, un historien, proposant une lecture historique des attentats de Bruxelles, affirma : « l’originalité de la Belgique est qu’elle n’a aucun passé colonial ». Aucune des personnes présentes sur le plateau n’a daigné reprendre ces propos, demander précisions.

    L’historien aurait entendu par « passé colonial », « passé colonial en pays musulman ». Soit – bien qu’il y eut présence musulmane au Congo… Mais la chose a été dite ainsi, « l’originalité de la Belgique est qu’elle n’a aucun passé colonial », et ce, par un historien, de La Sorbonne, spécialiste de l’Afrique, sur le service public, et la chose, n’a pas été démentie.

  • Discours de #Dominique_Méda à l’occasion de la remise de Légion d’Honneur à #Marie-Monique_Robin

    En 2003, tu mets ton glaive – tu as fait tienne la devise d’Albert Londres : « porter la plume dans la plaie » – au service de la cause des disparus d’Argentine, en montrant comment des Français ont enseigné à la dictature argentine les techniques de la guerre moderne, non conventionnelle, expérimentées en Algérie. Le film, Escadrons de la mort, l’école française, démontre, grâce à l’obtention des témoignages bruts des principaux acteurs de ce drame, comment les militaires argentins ont été formés aux méthodes françaises de la torture et du renseignement et comment les « disparitions » ont été méthodiquement organisées. Tu prends des risques : tu te fais passer pour une jeune femme d’extrême droite, tu te jettes dans la gueule du loup…Le film provoque en Argentine une commotion nationale et permet l’ouverture de procès que l’on n’espérait plus. Les très nombreux articles consacrés à ce film le mettent bien en évidence : il a joué le rôle d’une véritable catharsis nationale, et a été l’instrument, comme l’étaient les pièces de théâtre dans la Grèce Antique, d’un retour sur soi, d’une mise à vif de l’abcès et d’une réconciliation nationale. Voici donc un autre trait majeur de ton œuvre : loin de se contenter d’offrir à nos sociétés un reflet plus ou moins fidèle, et plus ou moins complaisant, d’elles-mêmes, elle se place au service de l’expression de la vérité, elle vise à mettre au jour ce que l’on ne voulait pas voir, à le mettre sur la table et à permettre ainsi, pour tous ceux qui le souhaitent, d’alimenter la délibération publique, de conforter l’espace public tel qu’il a commencé à être envisagé au 18ème siècle : un espace de « publicité » où les citoyens bien informés peuvent participer à l’élaboration de la loi, et contribuer réellement, quotidiennement, patiemment au tissage, au maintien, au renforcement du lien qui les unit.

    http://communiques-acipa.blogspot.fr/2013/06/discours-de-dominique-meda-loccasion-de.html

    http://www.yannickjadot.fr/2013/06/10/marie-monique-robin-au-nom-du-president-de-la-republique-je-vous-fait-c

  • Le journalisme est-il menacé par la surveillance de masse ?
    (France Culture, « La Grande Table, 2ème partie », 05/10/2015)

    "Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de rose. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie."
    ( Albert Londres )

    Invités :
    Fabrice Arfi, journaliste d’investigation à Mediapart
    Géraldine Muhlmann, professeur de sciences politiques, Université Paris XI.

    aujourd’hui le journaliste chez Médiapart Fabrice Arfi qui nous parle de la situation de l’information en France. Alors que la loi renseignement est entrée en vigueur samedi, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a immédiatement été saisie d’un recours par des journalistes de l’association de la presse judiciaire qui dénoncent une surveillance de masse et craignent de ne plus pouvoir faire leur travail. Le journalisme serait-il menacé dans notre démocratie ?

    http://www.franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/10/s41/NET_FC_560db2eb-e0cf-4a57-be8d-28644816629f.mp3

    Fabrice Arfi est journaliste à Médiapart et il dirige deux ouvrages collectifs : Informer (n’)est (pas) un délit (Calmann-Lévy) qui décrypte les censures et obstacles subis par les journalistes d’investigation et La République sur écoute (Don Quichotte) à propos de la surveillance de masse.


    http://www.amazon.fr/Informer-nest-pas-d%C3%A9lit-nouvelles/dp/270215865X


    http://www.amazon.fr/R%C3%A9publique-sur-%C3%A9coute-Chroniques-surveillance/dp/2359495313

    #journalism #journalisme #journalist #journaliste
    #secret_des_sources
    #surveillance #surveillance_de_masse #mass_surveillance
    #mediapart

  • Daech, « un état en devenir, voire pratiquement constitué » (Olivier Weber) | France info

    Merci Paul Bremer

    Il y a, au sein de cette armée de Daech, des anciens officiers de Saddam Hussein qui ont été ’mis au chômage’ par le proconsul américain de l’époque, Paul Bremer.

    http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/daech-un-etat-en-devenir-voire-pratiquement-constitue-olivier-weber-74734

    L’armée de Daech est aujourd’hui estimée à 50.000 hommes. Olivier Weber, prix Albert Londres en 1992 et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, explique qu’elle est composée « d’une armée conventionnelle, classique, avec des centaines de tanks, des milliers de véhicules de type Jeep. C’est l’armée que s’est constituée côté Daech en juin 2014, depuis Mossoul, la deuxième ville d’Irak. Et il y a ces unités terroristes, combatives, se projetant de l’autre côté des frontières, en Europe et en France. Il y a, au sein de cette armée de Daech, des anciens officiers de Saddam Hussein qui ont été ’mis au chômage’ par le proconsul américain de l’époque, Paul Bremer. Il y a un troisième élément : la force de frappe financière, un trésor de guerre de deux milliards de dollars. »

    #Ei #isis #is #daech #syrie #irak

  • Prix Albert Londres > Cécile Allegra et Delphine Deloget pour leur reportage « Voyage en barbarie » dans le Sinaï

    http://www.prixalbertlondres.com/Les-laureats/Les-laureats-du-prix-Albert-Londres-de-1999-a-2012/ArticleId/2591/Les-laureats-2015.aspx

    Prix audiovisuel : Cécile Allegra et Delphine Deloget

    31es lauréats du prix audiovisuel, pour Voyage en barbarie (production Memento, diffusé sur Public Sénat le 18 octobre 2014) – (parmi 35 candidatures et 7 présélectionnées)

    Albert Londres avait dénoncé le fléau de l’esclavage en son temps mais le scandale du trafic d’êtres humains existe encore au XXIe siècle. Delphine Deloget et Cécile Allegra révèlent le traitement inhumain dont sont victimes les érythréens au Sinaï. Un reportage coup de poing empreint cependant de pudeur et de dignité.

    Cécile Allegra, née en 1976, réalise des reportages et documentaires en presse écrite et pour la télévision depuis treize ans avec deux centres d’intérêt : la condition des hommes dans la guerre et l’évolution des mafias en Europe.

    Delphine Deloget, née en 1974, documentariste, réalise des films depuis 2003 : Qui se souvient de Minik ?, No London today, Le Père-Noël et le cow boy…

    #migrations #asile #érythrée #sinaï #égypte

  • Philippe Pujol, prix Albert Londres 2014 : “Sans les localiers, il n’y a plus d’info”
    http://www.telerama.fr/medias/philippe-pujol-prix-albert-londres-2014-sans-les-localiers-il-n-y-a-plus-d-

    Un bel encouragement aussi pour les médias alternatifs locaux :) #lml

    La nouvelle était plutôt inattendue tant la prestigieuse récompense reste, d’ordinaire, l’apanage des grands médias nationaux. Le 12 mai 2014, le prix Albert Londres pour la presse écrite a été remis à un « localier », journaliste au quotidien La Marseillaise. Philippe Pujol, 38 ans, a été distingué parmi 50 candidats pour la série de reportages Quartiers Shit, publiée durant l’été 2013 dans les pages de son journal. « Un électrochoc dans la couverture de l’actualité marseillaise et de ses quartiers nord », a déclaré le jury dans un communiqué, saluant le style « plein d’audace et de fulgurances » du lauréat.

    Un prix aussi prestigieux paraît inaccessible aux journalistes de presse régionale. Votre récompense, c’est « la revanche du localier » ?

    Si on y réfléchit bien, dans la presse d’aujourd’hui, ce sont les localiers qui sont le plus souvent sur le terrain, ce sont ceux qui font le plus de reportage, ceux qui rapportent l’info. Cette même info qui va servir ensuite aux médias nationaux, internationaux, puis à Google Actu, le requin au sommet de la chaîne ! Nous sommes le plancton. Mais sans les localiers, il n’y a plus d’info. Nous sommes une espèce de « grands reporters », sans le statut. On a une connaissance approfondie de notre territoire, et un regard. C’est en cohérence avec Albert Londres qui descendait dans la rue et racontait la vie.


    Note : Philippe Pujol passe sous silence les accointances fréquentes des localiers avec la police et les notables locaux. Il a une perception plutôt personnelle du métier, même si elle est très intéressante. Plus globalement, c’est un encouragement aux rubriquards, cette espèce malheureusement en voie de disparition.

    #journalisme #presse_locale

  • l’histgeobox : 271. Aristide Bruant : « A Biribi ».
    http://lhistgeobox.blogspot.fr/2013/06/271-aristide-bruant-biribi.html

    "La dernière grande offensive contre les bagnes coloniaux est l’œuvre du plus célèbre des journalistes de l’entre-deux-guerres : Albert Londres. Dans un reportage dont il a le secret, Londres plonge une fois encore « la plume dans la plaie ». La série, intitulée « A Biribi chez les pégriots », paraît dans Le Petit Parisien du 19 avril au 10 mai 1924, avant de sortir un peu plus tard en volume sous un titre percutant, « Dante n’avait rien vu : Biribi ». Son réquisitoire est sans appel, l’écho du reportage considérable."

  • Dominique Méda a remis aujourd’hui à Notre Dame des Landes la légion d’honneur à Marie Monique Robin

    http://instagram.com/p/aTD1D9pgoM

    http://m.poitou-charentes.france3.fr/2013/06/08/marie-monique-robin-recoit-sa-legion-d-honneur-notre-dame

    Deux femmes d’une grande intelligence pour qui le bien commun est primordial.

    Les Moissons Du Futur - YouTube
    http://www.youtube.com/watch?v=eqD5z3ti74g

    Comment on nourrit le monde ? Les Moissons du futur
    UN DOCUMENTAIRE DE MARIE-MONIQUE ROBIN

    Après « Le Monde selon Monsanto » et « Notre poison quotidien », Marie-Monique Robin enquête sur les méthodes de l’agroécologie dans différents points du globe. Un film plein d’espoir sur les solutions possibles à la crise alimentaire.

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    Où en est la valeur-travail ? par Dominique Méda

    http://www.canal-u.tv/video/meshs/ou_en_est_la_valeur_travail_par_dominique_meda.11138

    Dominique Méda est professeure de sociologie à l’université Paris - Dauphine et chercheuse associée au CE. Elle est l’auteur de Le Travail, une valeur en voie de disparition ? (Aubier, 1995) et de Qu’est-ce que la richesse ? (Aubier, 1999).

  • Prix Albert Londres pour « Les fantômes du fleuve » - Le Nouvel Observateur
    http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20120509.OBS5226/les-naufrages-du-reve-europeen.html

    Reportage de mai 2012 sur la frontière turco-grecque, les migrants qui essaient d’entrer dans l’espace Schengen, le fleuve Evros et ses noyés.

    Prix Albert Londres 2013 pour la journaliste Doan Bui.

    Ca pèse quoi, une vie ? Pour « 300561a, anonyme, sexe féminin, 20 à 30 ans », pas grand-chose. Clandestine, elle n’a jamais existé sur les registres de la police. Ses papiers, si elle en a eu, flottent quelque part dans les eaux de l’Evros. « 300561a » est un fantôme. Sauf peut-être pour Pavlos Pavlivis, le responsable de la morgue d’Alexandroupoli, petite ville grecque, dans le sud de la région. Cet homme au calme imperturbable malgré ses ongles rongés jusqu’au sang a donné à la jeune femme une existence administrative et un numéro de protocole ("300561a"). Il lui a attribué un « dossier » rangé dans une chemise en carton. Quatre feuilles volantes et une enveloppe d’où surgit ce trésor encore piqueté de la boue de l’Evros : de gracieuses boucles d’oreilles vertes, un petit bracelet tressé, un collier avec un minuscule pendentif en cuir cousu. « Il y a une prière à l’intérieur, dit Pavlos Pavlivis. Une sourate du Coran. Cette inconnue était donc musulmane. Peut-être de Somalie ou du Nigeria... »

    #Schengen #Grèce #Turquie #migrants #Evros #mur #frontex

  • Quelques leçons de l’affaire Cahuzac
    http://blogs.mediapart.fr/blog/edwy-plenel/260313/quelques-lecons-de-laffaire-cahuzac

    « La France, grande personne, a droit à la vérité », disait le journaliste Albert Londres, le même qui ajoutait : « Notre métier n’est pas de faire plaisir non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».

    • Les principes semblaient soudain à géométrie variable pour nos politiques, selon qu’ils sont dans l’opposition ou dans la majorité. Pourtant, en révélant la première affaire de la présidence de François Hollande, Mediapart a procédé de la même façon, avec les mêmes règles, les mêmes exigences, les mêmes précautions, que lors de ses révélations successives sous la présidence de Nicolas Sarkozy. À l’époque, la gauche n’avait pas de mots assez durs pour critiquer la droite qui dénigrait nos enquêtes, balayait nos preuves et salissait notre réputation. Soudain, nous découvrions que cette solidarité n’était que d’opportunité.

      (...)

      L’épisode le plus caricatural fut celui de la mystérieuse réponse suisse à l’administration fiscale française supposée « blanchir » Jérôme Cahuzac. Alors qu’aucun journaliste n’a pu voir ce document et alors même que des sources judiciaires l’ayant en leur possession le minimisaient, il fut complaisamment relayé sans qu’à aucun moment le conflit d’intérêts flagrant qu’il révélait ne soit dénoncé. Car cela signifiait qu’avec la complicité du ministre de l’économie, le ministre du budget utilisait l’administration fiscale dont il a la charge pour sa propre défense et pour contrecarrer l’enquête policière en cours.

  • Albert Londres, le mauvais maître - Revue Médias
    http://www.revue-medias.com/albert-londres-le-mauvais-maitre,71.html

    Il y a plus grave que la forme dans le mauvais exemple qu’Albert Londres représente pour les écoles de journalisme. Son style ébouriffé est vraiment passé de mode. Mais le militantisme fumeux qu’il adopta vite comme mobile de son travail de reporter est malheureusement de nature à encourager les trop nombreux aspirants journalistes qui, comme lui, sont volontiers persuadés que l’avenir du genre humain repose sur leur ardeur à promouvoir le bien et pourchasser le mal. C’est un malentendu fondamental du métier. Et, contrairement à ce que l’on affecte de croire aujourd’hui, George W. Bush et ses « néo-cons » sont loin d’être les seuls à savoir d’instinct qui sont les bons et qui sont les méchants.

    Albert Londres a pris la grosse tête après seulement huit ans de métier. A Cayenne, il a été séduit par le bagnard Eugène Dieudonné, ouvrier ébéniste anarchiste condamné pour complicité avec la bande à Bonnot. L’homme est sympathique, éloquent et un peu poète. Londres en conclut qu’il est innocent et qu’il faut le faire sortir de cet enfer. Le journaliste devient redresseur de torts, défenseur des opprimés, pourfendeur des injustices. Il ne raconte plus, il plaide, il requiert, il condamne. Il ne pose plus de questions, il donne les réponses.

    Je trouve ce réquisitoire un peu injuste, mais il a au moins le mérite de porter un regard différent sur une « icône » que plus personne n’ose critiquer.
    #journalisme