person:annie ernaux

  • Garant du décorum !

    « Une moitié, ou plutôt une petite fraction de gens instruits dont le métier consiste à commenter, mesurer, dépeindre, analyser, organiser la vie des autres. Rien n’illustre mieux cette division que le mouvement des « gilets jaunes » et le « grand débat national ».

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/RIMBERT/59711
    https://scd.france24.com/fr/files_fr/imagecache/home_1024/2019-02-13_0813_linvite_du_jour.jpeg

    Sur les Champs-Élysées, le peuple du décor investit la scène et refoule les gloseurs dans les coulisses. Le grand débat rétablit l’ordre. Cet audit géant aimerait transformer l’action directe en matière première à commentaires : une marée de textes pour qu’enfin le fleuve regagne son lit, et dont l’interprétation incombe en dernier ressort aux experts. Parmi eux, Pascal Perrineau, nommé par le Sénat garant du grand débat.

    Depuis un quart de siècle, ce politologue poursuit à Sciences Po une quête fiévreuse et passionnée : tirer un trait d’équivalence entre contestation sociale et extrême droite...

    « Transfuge d’une famille populaire en milieu intellectuel, la romancière Annie Ernaux écrivait dans La Place (Gallimard, 1983) : « J’ai glissé dans cette moitié du monde pour laquelle l’autre n’est qu’un décor. »

  • Chroniques de la couleur

    Une grosse recension de textes (et autres médias) sur les Gilets Jaunes.

    Les liens cliquables sont par là :
    http://inter-zones.org/chroniques-de-la-couleur

    –—

    Sophie Wahnich : Les gilets jaunes et 1789 : Résurgences révolutionnaires, 18 Décembre 2018

    Achille Mbembe : Pourquoi il n’y aura pas de gilets jaunes en Afrique, 18 décembre 2018

    Michalis Lianos : Une politique expérientielle – Les gilets jaunes en tant que peuple, 17 décembre 2018

    Fanny Gallot : Les femmes dans le mouvement des gilets jaunes : révolte de classe, transgression de genre, 17 décembre 2018

    Stéphane Zagdanski : Réflexions sur la question jaune, 17 décembre 2018

    Yves Pagès : Bloqueurs de tous les ronds-points, rions jaune… et ne cédons rien, 17 décembre 2018

    Alessandro Stella : Gilets jaunes et Ciompi à l’assaut des beaux quartiers, 16 décembre 2018

    Juan Chingo : Gilets jaunes : Le retour du spectre de la révolution, 16 décembre 2018

    Pierre-Yves Bulteau : À Saint-Nazaire : Je ne suis pas en lutte, je suis une lutte, 15 décembre 2018

    Florence Aubenas : Gilets jaunes : La révolte des ronds-points, 15 décembre 2018

    Sarah Kilani et Thomas Moreau : Gilets jaunes : Pour la gauche, l’antifascisme ne doit pas être une option, 15 décembre 2018

    Anonyme : Danse imbécile ! Danse ! Notes sur le mouvement en cours, 14 décembre 2018

    Jean-Baptiste Vidalou : L’écologie du mensonge à terre, 14 décembre 2018

    Toni Negri : Chroniques françaises, 14 Décembre 2018

    David Graeber : Les gilets jaunes font partie d’un mouvement révolutionnaire plus large, 14 décembre 2018

    Jérôme Ferrari : On fera de vous une classe bien sage, 13 décembre 2018

    Etienne Balibar : Gilets jaunes : Le sens du face à face, 13 décembre 2018

    Jérôme Baschet : Pour une nouvelle nuit du 4 août (ou plus), 13 décembre 2018

    Andreas Malm : Ce que le mouvement des gilets jaunes nous dit du combat pour la justice climatique, 13 décembre 2018

    Collectif : Communiqué de la coordination de Saint-Lazare, 12 décembre 2018

    Michèle Riot-Sarcey : Les gilets jaunes ou l’enjeu démocratique, 12 décembre 2018

    Mathieu Rigouste : Violences policières : Il y a derrière chaque blessure une industrie qui tire des profits, 12 décembre 2018

    Leslie Kaplan : Un monde soudain devenu injustifiable aux yeux de tous, 12 décembre 2018

    Pierre Dardot et Christian Laval : Avec les gilets jaunes : Contre la représentation, pour la démocratie, 12 décembre 2018

    Jacques Rancière : Quelle égalité de la parole en démocratie ? 12 décembre 2018

    Collectif : Gilets jaunes : Une enquête pionnière sur la révolte des revenus modestes, 11 décembre 2018

    Cédric Durand et Razmig Keucheyan : Avec les gilets jaunes, pour une nouvelle hégémonie, 11 décembre 2018

    Cédric Durand : Le fond de l’air est jaune, 11 décembre 2018

    Joshua Clover : Les émeutes des ronds-points, 11 décembre 2018

    Joao Gabriell : À propos du discours de Macron du 10 décembre, 11 décembre 2018

    Femmes en lutte 93 : Acte V Gilets jaunes : La place des femmes et LGBT est dans la lutte, 10 décembre 2018

    Michelle Zancarini-Fournel : Le mouvement des gilets jaunes favorise la cohésion intergénérationnelle des milieux populaires, 10 décembre 2018

    Syllepse : Gilets jaunes : Des clefs pour comprendre, 10 décembre 2018

    Annie Ernaux : Il n’y a pas de nouveau monde, ça n’existe pas, 9 décembre 2018

    Alain Bertho : Il ne s’agit pas d’un simple mouvement social, 8 décembre 2018

    Jérôme Baschet : Lettre à celles et ceux qui ne sont rien, depuis le Chiapas rebelle, 8 décembre 2018

    Raoul Vaneigem : Les raisons de la colère, 8 décembre 2018

    Laurent Mucchielli : Deux ou trois choses dont je suis presque certain à propos des gilets jaunes, 8 décembre 2018

    Les Gilets Jaunes de St Nazaire et leur Maison du Peuple, 7 décembre 2018

    Appel des gilets jaunes de Commercy à la formation d’assemblées populaires, 7 décembre 2018

    Lundimatin : Ici La Réunion ! 7 décembre 2018

    Pierre Bance : L’heure de la commune des communes a sonné ! En soutien à l’appel de Commercy, 7 décembre 2018

    Alèssi Dell’Umbria : Marseille, Debout, Soulève-toi ! 7 décembre 2018

    Eric Hazan : Paris n’est pas un acteur, mais un champ de bataille, 7 décembre 2018

    Rafik Chekkat : À Mantes-la-Jolie, domination policière et humiliation de la jeunesse, 7 décembre 2018

    Etienne Penissat et Thomas Amossé : Gilets jaunes : des automobilistes aux travailleurs subalternes, 6 décembre 2018

    Plateforme d’Enquêtes Militantes : Une situation excellente ? 6 Décembre 2018

    Alain Bertho : Gilets jaunes : Crépuscule du parlementarisme, 6 décembre 2018

    Frédéric Gros : On voudrait une colère, mais polie, bien élevée, 6 décembre 2018

    Danielle Tartakowsky : Les gilets jaunes n’ont rien de commun avec Mai 68, 6 décembre 2018

    Ballast : Gilets jaunes : Carnet d’un soulèvement, 5 décembre 2018

    Frédéric Lordon : Fin de monde ?5 décembre 2018

    Eric Toussaint : Gilets jaunes : Apprendre de l’histoire et agir dans le présent - Des propositions à ceux et celles qui luttent, 5 décembre 2018

    Grozeille, Que leur nom soit Légion : À propos des gilets jaunes, 5 décembre 2018

    Samuel Hayat : Les Gilets Jaunes, l’économie morale et le pouvoir, 5 décembre 2018

    Sophie Wahnich : La structure des mobilisations actuelles correspond à celle des sans-culottes, 4 décembre 2018

    Stefano Palombarini : Les gilets jaunes constituent une coalition sociale assez inédite, 4 Décembre 2018

    Édouard Louis : Chaque personne qui insultait un gilet jaune insultait mon père, 4 décembre 2018

    Chantal Mouffe : Gilets jaunes : Une réaction à l’explosion des inégalités entre les super riches et les classes moyennes, 3 décembre 2018

    Yves Pagès : La façade du triomphalisme macronien ravalée à l’aérosol par quelques bons-à-rien, 3 décembre 2018

    Yannis Youlountas : Cours, gilet jaune, le vieux monde est derrière toi ! 3 décembre 2018

    Les Lettres jaunes, Bulletin de lecture quotidien des Gilets Jaunes, pour aller plus loin ! 3 décembre 2018

    Alain Bihr : Les gilets jaunes : pourquoi et comment en être ? 2 décembre 2018

    Gérard Noiriel : Pour Macron, les classes populaires n’existent pas, 2 décembre 2018

    Temps critiques : Sur le mouvement des Gilets jaunes, 1 décembre 2018

    Zadibao : Climat jaune et changement de gilet, 30 novembre 2018

    Plateforme d’Enquêtes Militantes : Sur une ligne de crête : Notes sur le mouvement des gilets jaunes, 30 novembre 2018

    Lundimatin : Le mouvement des Gilets Jaunes à la Réunion, 29 novembre 2018

    Sophie Wahnich : Postérité et civisme révolutionnaire, 28 novembre 2018

    Le comité Adama rejoint les gilets jaunes : Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique, 27 novembre 2018

    Comité Adama : Si nous voulons changer notre destin, nous devons lutter dans la rue, 26 novembre 26

    Bruno Amable : Vers un bloc antibourgeois ? 26 novembre 2018

    Benoît Coquard : Qui sont et que veulent les gilets jaunes ? 23 novembre 2018

    Félix Boggio Éwanjé-Épée : Le gilet jaune comme signifiant flottant, 22 novembre 2018

    Anshel K. et Amos L. : Les amours jaunes, 21 novembre 2018

    Les Chroniques de La Meute, 18 novembre 2018

    Aurélien Barrau : À propos de la manif du 17 novembre, 15 novembre 2018

    • Mais on peut aussi penser qu’il est possible de s’affirmer comme sujet politique et de s’engager auprès de la classe ouvrière sans parler à sa place. Cette prise de parole peut contribuer à esthétiser et par là invisibiliser la pénibilité toujours subie par 6,3 millions d’ouvrières et d’ouvriers. Rappelons qu’en France, alors qu’un homme ayant un emploi sur trois est un ouvrier, seules 3% des personnes interviewées à la télévision sont des ouvriers.

  • « Eduquons au consentement »
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/11/04/eduquons-nos-adolescents-au-consentement_5378595_4497916.html

    Le premier rapport, un moment de grâce ? Pas pour tout le monde : selon les données du Baromètre Santé 2016 qui viennent d’être publiées, 1,7 % des jeunes filles ont perdu leur virginité sous la contrainte, et 10,7 % parce qu’elles ont cédé aux attentes de leur partenaire. Traduction : une adolescente sur huit entre dans sa sexualité sans l’avoir désiré. Une sur douze aura subi au moins une tentative de viol entre ses 15 et 17 ans. C’est beaucoup.

    Selon un sondage Madame Figaro/BVA paru cette semaine, 20 % des enfants sont par ailleurs victimes de comportements sexistes ou de harcèlement sexuel (18 % des filles en primaire, 29 % au collège, jusqu’à 40 % au lycée). Malgré une année passée à décortiquer le consentement, une solide fraction de la population patauge... ou refuse de comprendre, ou se complaît dans l’outrage. En témoigne le sondage Fun Radio publié sur Twitter il y a dix jours, qui a fait polémique : à la question de savoir s’il était acceptable d’abuser de sa copine pendant son sommeil, 51 % des répondants ont dit oui.
    Pour faire bouger les lignes, l’agence Santé publique France (Spf) propose aux adolescents, sur le site Onsexprime.fr, une page consacrée au consentement. Ce serait parfait si l’audience concernée n’avait pas une fâcheuse tendance à rejeter la parole officielle.
    Il n’y a pas de violées sans violeurs

    Aux parents, professeurs et pouvoirs publics, répondent en effet des discours transgressifs plus séduisants, car plus susceptibles de susciter le respect des pairs : à notre gauche, la sexualité volontiers abusive de la pornographie classique, à notre droite, des artistes, publicitaires et idoles n’aimant rien tant qu’attirer l’attention en humiliant les femmes. Pire encore, le corps social répond à ces contre-modèles d’une manière incohérente : le X est interdit aux moins de 18 ans mais personne n’essaie de faire respecter la loi, la justice absout la haine au nom de la licence artistique.

    Au trouble des adolescents répond la confusion des adultes : comment faire alors pour envoyer un message clair ? Eh bien, en reprenant toute notre éducation de zéro (et pas seulement celle des enfants) – une tâche relax pour ce dimanche, non ?

    Avant tout, nous devons mettre fin à un discours qui ne s’adresse qu’aux filles. Elles n’ont pas demandé à se voir chargées du rôle de gardiennes du temple. La première fois se passe à deux, il n’y a pas de violées sans violeurs.

    Avec les garçons, on se concentrera sur trois messages simples : 1) le sexe n’est pas un besoin mais une envie (personne ne meurt de rester chaste, encore moins d’apprendre les mérites de la patience), 2) quand c’est non, c’est non (interdiction d’insister), 3) quand ce n’est pas oui, c’est non aussi (qui ne dit rien ne consent pas – je vous invite à relire, et faire lire à vos ados, la chronique sur le consentement enthousiaste continu).
    Adolescentes « parfaites » particulièrement vulnérables

    Du côté des filles, nous devons renoncer au pire contre-sens de l’éducation sexuelle : s’imaginer que l’innocence les protégera. Au contraire, l’innocence les met en danger. La sexualité se situe dans le continuum de la vie publique : si votre adolescente se montre timide, réservée et serviable (des comportements perçus comme normaux et désirables pour une jeune fille), cette personnalité introvertie se manifestera aussi dans la chambre à coucher. Face à des garçons à qui on a appris à valoriser le risque, la conquête et la confiance, ces adolescentes « parfaites » se retrouvent particulièrement vulnérables.

    Si vous ajoutez à cela l’absence de supervision, la pression des copains, la curiosité et les hormones, autant leur mettre directement des bâtons de dynamite entre les mains.

    Comment donner aux adolescentes trop sages la confiance dont elles auront besoin pour leur premier rapport ? Eh bien, en mettant fin à leur constante culpabilisation. Pouvoir dire non nécessite de pouvoir dire oui – en ayant libre accès aux mots du sexe, aux mécaniques du désir et au respect de son propre corps (impossible quand la moitié de la population s’évanouit à la simple mention du mot « menstruation » – allô ? Etes-vous encore là ?).

    Tout cela, sans se voir ramenée à l’ordre par des parents-la-morale plus soucieux des apparences que de la sécurité émotionnelle de leur enfant (encore moins par des pouvoirs publics soucieux de constamment rhabiller les demoiselles).
    Les « besoins » des hommes

    Si les garçons sont éduqués à la persévérance, il doit en être de même pour les filles. Ces dernières devraient être encouragées à occuper le premier rôle, surtout si elles sont timides (ce n’est pas une question de personnalité : la preuve, la confiance s’apprend aux garçons).

    Cette persévérance est d’autant plus importante que les filles non intéressées par les galipettes devront exprimer leur refus non pas une fois, mais cinquante fois d’affilée. C’est difficile, y compris pour les adultes : en Suisse, selon la Tribune de Genève, une jeune femme sur deux a déjà fait l’amour sans en avoir envie. Face à un problème épidémique, le professeur Joseph Fischel a le mérite de poser la bonne question : « Quelles sont les forces sociales, culturelles et économiques qui rendent plus difficile de dire non que de consentir à un rapport exécrable ? »

    Ces forces-là, nous en sommes collectivement responsables (comme parents et comme citoyens). Elles constituent ce qu’on appelle la culture du viol. Elles s’expriment dans des occasions joyeuses, comme le quart d’heure américain (lequel entérine l’idée que le désir féminin est une parenthèse, une distraction de la norme). Elles se tapissent dans la justification de la prostitution ou du viol par les « besoins » des hommes (que pensons-nous que les jeunes garçons feront de cette information quand elle servira leur désir ?).

    Elles font parfois figure de fatalité : « Ce n’est pas à lui qu’elle se soumet, c’est à une loi indiscutable, universelle, celle d’une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c’est ainsi. » (Annie Ernaux, Mémoire de fille, 2016).
    Fascination pour le risque et les zones grises

    Sauvagerie des hommes contre sentimentalisme féminin ? Parlons donc à nos filles, et à nos garçons, de sentiments. Mais pas comme dans les contes de fées, qui valorisent l’épreuve et le sacrifice ! Enseignons au contraire que l’amour ne triomphe pas de tout – et certainement pas de nos intégrités physiques. On peut vouloir être aimé sans être désiré, ou l’inverse, dans une infinité de nuances et de gradations.

    Parler de jeux de l’amour plutôt que des tourments de la passion, et des mille moyens de perdre ses virginités (au pluriel) pourrait aider à dédramatiser un sujet qui reste angoissant. En rendant drôle et désirable, au passage, le consentement explicite.

    Enfin, et ça n’est pas le moins ardu, demandons à nous-mêmes ce que nous demandons aux adolescents. Leurs insécurités ne tombent pas du ciel. Elles traduisent nos propres contradictions : notre fascination pour le risque et les zones grises, nos atermoiements quand il s’agit d’assumer nos limites et nos envies, nos petites lâchetés qui font de gros dégâts. En tant qu’adultes, avant de demander aux enfants de ranger leur chambre, nous aurions bien besoin de balayer devant notre porte.

  • Pour les caisses de grève ! Série #1.
    http://www.co-bay.com/greve/index.php?lang=fr&article=greve_009

    La grève c’est pénible, surtout pour ceux qui la font. Chez dasein on est pour les grèves en général et surtout pour la disparition totale du capitalisme, sous quelque forme qu’il s’exprime. Nous vous proposons de participer à l’effort collectif en mettant en vente 7 images, créées par des artistes aux pratiques variées et imprimées par nous, artisanalement, en sérigraphie. Le produit de ces ventes sera reversé à diverses caisses de grève.

    Les coûts et travaux d’impression sont pris en charge par les éditions dasein. Les artistes offrent leurs images pour cet usage, l’ensemble des sommes ira à diverses caisses de grève parmi les nombreuses existantes, par tranche de 300 € récoltés.

    – La première sera celle constituée pour les cheminots grévistes (parce que l’appel a été signé par Annie Ernaux) : Solidarité avec les cheminots grévistes ↗.

    – La seconde pour la reconstruction de la ZAD (parce que) : Solidarité pour la ZAD NDDL ↗.

    – La troisième pour les employés d’une marque de restauration rapide (parce qu’ils éclament 13€ de l’heure) : Caisse de grève des salarié.e.s en grève de McDonald’s ↗.

    Voilà pour le début.

    Si tout se passe comme prévu les prochains dons iront au Comité Révolutionnaire Unifié et plus précisément à la section chargée de la rééducation des managers par activités combinées arts plastiques - agriculture (CRU-SRéMaPACAPA).

    #solidarité #graphisme_de_lutte

  • Lettres ouvertes d’artistes soutenant le boycott culturel de l’Etat israélien :

    40 artistes en #Grande_Bretagne dont Aki Kaurismäki, Helena Kennedy, Mike Leigh, Ken Loach, Maxine Peake, Juliet Stevenson, Roger Waters :

    Israël utilise la culture pour dissimuler sa brutalité, affirment des cinéastes, journalistes et artistes
    The Guardian, le 8 mai 2018
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2018/05/09/israel-utilise-la-culture-pour-dissimuler-sa-brutalite-affirmen

    80 artistes en #France, dont Simone Bitton, Alain Damasio, Annie Ernaux, Jean-Luc Godard, Eric Hazan, HK, Imhotep, Daniel Mermet, Ernest Pignon-Ernest, Nathalie Quintane, Eyal Sivan, Tardi, Serge Teyssot-Gay, Martin Winckler... :

    Contre la saison France-Israël
    Médiapart, le 4 mai 2018
    https://seenthis.net/messages/691799

    Et 500 artistes en #Amérique_Latine, dont Jesús Abad Colorado, Patricia Ariza, Daniel Devita, Doctor Krápula, Carlos Labbé, Carlos Latuff, Lina Meruane, Álvaro Rodríguez... :

    500 artistes latino-américains soutiennent le boycott culturel d’Israël
    Zoe PC, The Dawn News, le 13 avril 2018
    https://seenthis.net/messages/688262

    #Palestine #BDS #Boycott_culturel

  • Lettre ouverte qui demande aux institutions britanniques (cinéma, média, culture...) de ne pas collaborer avec des célébrations de l’Etat israélien, de ne pas utiliser la culture pour cacher la brutalité de l’Etat d’apartheid.

    Signée par une quarantaine d’artistes et journalistes, dont Aki Kaurismäki, Helena Kennedy, Mike Leigh, Ken Loach, Maxine Peake, Juliet Stevenson, Roger Waters...

    Israel using culture to mask brutality, say film-makers, journalists and artists
    The Guardian, le 8 mai 2018
    https://www.theguardian.com/world/2018/may/08/israel-using-culture-to-mask-brutality-say-film-makers-journalists-and-

    #Palestine #BDS #Boycott_culturel #Grande_Bretagne

  • Contre la saison France-Israël
    4 mai 2018 Par Les invités de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040518/contre-la-saison-france-israel

    Dénonçant une opération où la Culture sert de « vitrine » à l’État d’Israël et à sa politique chaque jour plus dure envers les Palestiniens, 80 personnalités issues du monde des arts affirment leur refus de participer à la « Saison France-Israël » et expliquent les raisons de leur choix. Parmi eux : Alain Damasio, Annie Ernaux, Tardi, Nathalie Quintane ou Jean-Luc Godard.

    • Les signataires :
      Pierre Alferi, écrivain
      Guy Alloucherie, metteur en scène
      Valérie Belin, photographe
      Stéphane Bérard, plasticien
      Christian Benedetti, metteur en scène
      Arno Bertina, écrivain
      Julien Blaine, écrivain
      Simone Bitton, cinéaste
      Irène Bonnaud, metteure en scène et traductrice
      Catherine Boskowitz, metteure en scène
      Nicolas Bouchaud, comédien
      Alain Bublex, plasticien
      Robert Cantarella, metteur en scène
      Laurent Cauwet, écrivain
      Laurence Chable, comédienne
      Fanny de Chaillé, chorégraphe
      Patrick Condé, comédien
      Enzo Cormann, écrivain
      Stéphane Couturier, photographe
      Sylvain Creuzevault, auteur/metteur en scène
      Alain Damasio, écrivain
      Luc Delahaye, photographe
      Philippe Delaigue, metteur en scène
      Eva Doumbia, metteure en scène, auteure
      Valérie Dréville, comédienne
      Dominique Eddé, écrivaine
      Annie Ernaux, écrivaine
      Fantazio, musicien
      Sylvain George, cinéaste
      Liliane Giraudon, auteure
      Sylvie Glissant, Institut du tout monde
      Jean-Luc Godard, cinéaste
      Dominique Grange, chanteuse
      Harry Gruyaert, photographe
      Alain Guiraudie, cinéaste
      Eric Hazan, écrivain-éditeur
      Laurent Huon, comédien
      Imhotep, compositeur, groupe IAM
      Valérie Jouve, photographe
      Nicolas Klotz, cinéaste
      Leslie Kaplan, auteure
      Kadour (HK), chanteur
      La Parisienne Libérée, chanteuse
      Pierre-Yves Macé, compositeur
      Pierre Maillet, comédien et metteur en scène
      Jean-Paul Manganaro, écrivain et traducteur
      André Markowicz, écrivain, traducteur
      Myriam Marzouki, metteure en scène
      Maguy Marin, chorégraphe
      Jean-Charles Massera, artiste, écrivain
      Valérie Massadian, cinéaste
      Daniel Mermet, réalisateur
      Natacha Miche, auteure
      Alexandre Mouawad, éditeur-graphiste
      Nicolas Milhé, plasticien
      Jean-Pierre Moulin, comédien
      Gérard Mordillat, écrivain
      Bernard Noël, écrivain
      Vincent Ozanon, comédien
      Elisabeth Perceval, cinéaste
      Mathieu Pernot, photographe
      Ernest Pignon-Ernest, plasticien
      Christian Prigent, écrivain
      Amandine Pudlo, comédienne
      Nathalie Quintane, auteure
      Adelibe Rosenstein, metteuse en scène
      Mala Sandoz, metteuse en scène
      Eyal Sivan, cinéaste
      Samuel Steiner, écrivain
      Philippe Tancelin, poète
      François Tanguy, metteur en scène
      Tardi, dessinateur
      Serge Teyssot-Gay, musicien
      Mathilde Villeneuve, lab. Aubervilliers
      Martine Vandeville, comédienne
      Jean-Jacques Viton, écrivain
      Martin Winckler, écrivain (et médecin)
      Dominique Ziegler, auteur-metteur en scène

      #Palestine #BDS #Boycott_culturel

  • Une cinquantaine d’artistes et d’intellectuels feront barrage à Emmanuel Macron le 5 mai
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/14824-une-cinquantaine-d-artistes-et-d-intellectuels-feront-barrage-a-emm

    Vue la dictature que fait régner en marche, (y compris sur leur propre parlementaires), c’est bien qu’il reste des artistes courageux qui assument leur conviction contre vents et tempête.

    L’appel est co-dirigé par la député LFI Clémentine Autain. afp.com/Patrick KOVARIK

    Annie Ernaux, Yvan Le Bolloc’h ou encore Jacques Weber appellent à manifester contre la politique "libérale et autoritaire" du chef de l’Etat.

    L’appel a été publié ce vendredi sur le site du magazine Regards, co-dirigé par la député LFI Clémentine Autain, et dans Libération.

    "Voilà bientôt un an qu’un nouveau président a été élu à la tête de l’Etat. Depuis, une fois de plus, les inégalités sociales et territoriales s’aiguisent, les services publics et les biens communs sont attaqués. Les libertés (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Eclats d’Annie Ernaux | Nova Book Box
    http://www.nova.fr/podcast/nova-book-box/eclats-dannie-ernaux

    Dissoudre une vie dans l’écriture. C’est à peu près ainsi que je peux définir mon idéal, expliquait en décembre dernier #Annie_Ernaux, 77 ans, lauréate du prix Marguerite Yourcenar pour l’ensemble de son œuvre.
    Prétexte pour traverser, une heure durant, le fleuve Ernaux. Ecrire, je le vois comme sortir des pierres du fond d’une rivière, dit celle qui sut examiner les mécanismes de #domination_socioculturelle à l’œuvre dans le langage, preuve douloureuse d’une séparation entre son milieu d’origine – le café-épicerie de ses parents, dans une petite ville rurale de Normandie – et celui qu’elle a su conquérir grâce au savoir – via l’enseignement des lettres, accédant en parallèle à la #petite-bourgeoisie.
    Parmi divers extraits qui seront ce soir lus à voix haute, vous entendrez le musicien Michel Cloup (Diabologum, Expérience), qui depuis Toulouse nous a envoyé une « lettre à Annie Ernaux, en lui volant ses mots », ainsi qu’une harmonie de passage entonnée par le collectif Catastrophe, à partir d’un fragment des Années.

    #littérature #lecture #Radio_Nova

  • « C’est à notre tour de nous bouger le cul » : les étudiants parisiens installent des migrants dans la fac de Paris 8 - Les Inrocks
    https://www.lesinrocks.com/2018/01/31/actualite/occupation-de-luniversite-paris-8-pour-loger-des-migrants-111040472

    Après Nantes et Lyon, un regroupement autogéré de collectifs parisiens occupe un bâtiment entier de l’université Paris 8, à Saint-Denis depuis mardi 30 janvier. Ils y ont logé de force une trentaine de migrants qui y ont passé la nuit sans être évacués. Récit de cette première journée d’occupation.

    Les quantités de nourriture collectée, de matelas, de couvertures ou de vêtements le prouvent : l’opération est minutieusement préparée depuis plus d’un mois. « On investit un bâtiment de Paris 8 pour loger des exilés qui dorment dans la rue, résume un étudiant de l’université en réajustant son écharpe. Aujourd’hui, c’est à notre tour de nous bouger le cul. »

    En écho aux initiatives d’occupations étudiantes et citoyennes lyonnaises ou nantaises, mardi 30 janvier, un regroupement de collectifs parisiens, essentiellement composés d’étudiants, a investi le bâtiment A de l’université Paris 8 pour y installer des migrants « dublinés ». Objectifs : leur permettre de dormir sous un toit, protester contre la politique migratoire et, à terme, négocier une régularisation générale.

    « Le mouvement commence enfin »

    Ceux qui se font appeler « le comité de soutien aux occupant.e.s du bâtiment A » ont d’abord pensé à d’autres lieux de la capitale, plus centraux, peut-être plus symboliques. Trop compliqué, pas assez sûr. Ça sera finalement Paris 8, à Saint-Denis, choisie pour sa taille et ses nombreuses sorties mais aussi pour la sensibilité de gauche de ses étudiants et de ses professeurs.

    Mardi, aux alentours de midi, environ soixante étudiants de plusieurs universités escortent discrètement une dizaine de migrants dans des salles d’un bâtiment reculé de la faculté de Saint-Denis. A midi et demi, trois salles sont occupées au deuxième étage. Les entrées sont sécurisées, les lieux nettoyés et le ravitaillement mis en place. "Le mouvement commence enfin", se réjouit un jeune d’une vingtaine d’année, les bras chargés de cageots de mangues.

    Evacuation aux aurores

    Jusqu’au dernier moment, l’incertitude régnait. Plus tôt le matin, tout a failli être annulé. Les rares personnes au courant sont alertées par sms : « On avorte, grosse évac. » L’opération, fixée pour 10h30, chancelle. Les migrants prévenus, ceux qui dorment chaque nuit dans des tentes aux portes de la Chapelle et de la Villette ont été évacués aux aurores. La quarantaine de personnes qui devaient être conduites à l’université a disparu, emmenées dans les bus des CRS.
    Une petite psychose s’installe. « Ils n’ont évacué que la partie du canal où logeait ceux qui devaient nous accompagner », peste un militant qui s’interroge sur une fuite éventuelle.

    « On ne peut plus reculer »

    Mais alors que tout le monde baisse les bras, une dizaine de personnes arrivent au point de rendez-vous. En majorité soudanais, érythréens, éthiopiens et guinéens. Eux sont dans la boucle depuis le début. « Ça fait un mois qu’on leur promet un toit, on ne peut plus reculer. » L’opération est réactivée, une nouvelle salve de sms est envoyée depuis des téléphones spécialement achetés pour l’occasion.

    Pendant ce temps à Saint-Denis, des étudiants de la fac se postent par petits groupes pour baliser le passage. Ils indiquent la route à suivre pour accéder au bâtiment A dans les dédales de Paris 8. Un signe de tête, un sourire montre le chemin à ceux qui savent, venus de toutes les universités parisiennes.

    Cuisine, communication et dortoir

    En moins de deux heures, des banderoles sont fixées aux fenêtres « Bâtiment à occuper », « Les exilé.e.s occupent le bâtiment A, rejoignez nous ». Les trois salles de classe à l’étage sont réparties en plusieurs pôles. (...)

    Les exilés occupent Paris 8 :
    Contact presse : paname-solidarite [at] riseup.net
    https://www.facebook.com/Les-exilées-occupent-Paris-8-148711182591952
    https://twitter.com/ExileesOccupP8

    #occupation #RefugeesWelcome #migrants #exilés #réfugiés #luttes #hébergement #fac #université #accueil #solidarité #hospitalité #émigration #migration #résistances #récit #toctoc

    • Occupation en cours à Paris 8

      Communiqué des exilé.e.s - Un texte historique écrit par le comité des migrant.e.s de P8 : collaboration en trois langues traduites simultanément. Une voix politique rare et très très forte. A partager, envoyer, retweeter, imprimer, afficher, tracter... #OccupP8 #RefugeesWelcome

      https://twitter.com/ExileesOccupP8/status/959429330802806784

    • @cdb_77
      https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2018/02/05/un-batiment-occupe-a-paris-8

      Depuis mardi, un bâtiment de l’université Paris-Vincennes-Saint-Denis (bâtiment A) est occupé jour et nuit. Y vivent ensemble des étudiants et des migrants. L’occupation de ce bâtiment a été réalisé par un regroupement de collectifs parisiens mardi 30 janvier après des initiatives similaires a Nantes et Lyon..

      Communiqué des migrant.e.s du bâtiment A de l’Université Paris 8

      « Nous sommes des exilé.e.s du monde entier, des dubliné.e.s, des réfugié.e.s statutaires à la rue. Nous sommes débouté.e.s de l’asile, nous venons de traverser la mer, nous sommes des mineurs sans papiers. Nous occupons l’ IUniversité Paris 8 depuis le 30 janvier 2018.
      Nous sommes des exilé.e.s du monde entier, des dubliné.e.s, des réfugié.e.s statutaires à la rue. Nous sommes débouté.e.s de l’asile, nous venons de traverser la mer, nous sommes des mineurs sans papiers. Nous occupons l’Université Paris 8 depuis le 30 janvier 2018. Pourquoi avons-nous du faire cette action ? Ces derniers mois, la France a déporté de nombreuses personnes. Nombre d’entre nous se sont suicidés. Il y a trois mois, un ami sous le coup du règlement de Dublin, déprimé, s’est allongé sur les rails d’un train qui l’a percuté. Il y a dix jours à Calais, la police a frappé et gazé des éxilé.e.s dormant dans la rue. Un jeune a eu la moitié du visage arrachée par un tir policier. Un ami qui avait rendez-vous à la préfecture y a été arrêté et mis en centre de rétention administrative (CRA), avant d’être déporté en Italie. La police française a ses gyrophares, ses sirènes et ses gaz, mais ni foi ni loi. Ce que le système d’immigration français attend de nous, ce sont nos empreintes, pas nous. L’arbitraire et l’aléatoire sont notre quotidien, à l’OFPRA, à la CNDA, à la préfecture. A l’issue des démarches, certain.e.s sont refusé.e.s, d’autres dubliné.e.s indéfiniment, assigné.e.s à résidence, déporté.e.s, et ce sans aucune logique.

      Nous revendiquons les choses suivantes :

      Des papiers pour tou.te.s
      Des logements décents et pérennes
      Pouvoir apprendre le français et continuer nos études
      La fin des refus au Dispositif d’Evaluation des Mineurs Isolés Etrangers (DEMIE)
      L’arrêt immédiat des déportations vers tous les pays, en Europe comme ailleurs.
      Nous attendons de tou.te.s les exilé.e.s qu’ils et elles luttent partout en France contre l’oppression et l’injustice et contre les pratiques de la police dans la rue. A la population française : vous qui avez fait cette révolution que l’on étudie dans les livres d’histoires, reprenez-la ! Nous remercions la population de son soutien, qui, contrairement à son gouvernement, nous montre sa solidarité. L’administration de la fac utilise la carotte et le bâton dans les négociations. Les un.e.s disent qu’ils vont nous donner un autre endroit dans la fac, les autres nous menacent à mots couverts de faire entrer la police. Nous demandons aux étudiant.e.s et aux professeur.e.s de l’Université Paris 8 de nous soutenir dans nos revendications. Nous les remercions et leur demandons de rester totalement avec nous, jusqu’au bout. Nous nous joignons à la lutte des étudiants sans-papiers de l’Université.

      A nos ami.e.s mort.e.s en traversant la mer,
      A nos ami.e.s suicidé.e.s,
      A nos ami.e.s mort.e.s à cause des frontières,
      A nos ami.e.s mort.e.s dans le désert,
      A nos amies violées en Libye,
      Nous ne vous oublions pas. »

      Les migrant.e.s de Paris 8

      #Réfugiés

    • Compte rendu de la réunion du 05 Février 2018 entre la Présidence de l’Université Paris 8 et les exilé.e.s occupant.e.s du bâtiment A, mel reçu

      Une vingtaine d’exilé.e.s représentant les différentes nationalités présentes, accompagnés de quatre soutiens, se sont réunis avec la présidence de l’université le mardi 5 février à 14h.
      La présidence a d’abord donné la parole aux exilé.e.s. Illes ont précisé s’être réunis en délégation le 5 février au matin avec l’UFR d’Art qui a voté une motion de soutien aux occupant.e.s et à leurs revendications.
      En milieu de journée, illes se sont également rendu à l’AG de Paris 8 contre la loi Vidal qui a également voté à l’unanimité son soutien suite à leurs interventions. Les exilé.e.s occupant.e.s ont par ailleurs rappelé à la présidence multiplier les efforts pour ne pas perturber le
      fonctionnement ni la salubrité des espaces d’enseignements, notamment en entretenant régulièrement les lieux et en les rendant accessibles à la
      tenue des cours. Aujourd’hui encore, la majorité des enseignements s’est tenue. Illes ont accédé à la demande de la Présidence de déplacer la cuisine dans la salle qu’elle a proposé à cet effet. Notons que ce
      déplacement permettra a priori de résoudre les problèmes de sécurité évoqués plus tard dans la réunion par la direction générale des services. De plus, les exilé.e.s ont notifié être prêts à accepter le
      déplacement de l’occupation dans l’amphi X à la condition que d’autres salles pour dormir leur soient accordées.

      À la sollicitation des exilé.e.s la discussion s’est détournée de ces questions logistiques pour se concentrer sur la question de leurs revendications : des papiers pour toutes et pour tous ; un logement
      pérenne et non pas un hébergement sommaire ou temporaire ; des conditions de vie dignes. Illes ont également exprimé leur souhait d’étendre ces revendications aux étudiants sans papiers de l’Université
      Paris 8. Les exilé.e.s ont formellement demandé à la présidence d’obtenir un rendez-vous avec le président de l’OFPRA (Mr Pascal Brice) et avec le préfet de Seine Saint Denis. Leur principale préoccupation est en effet de faire part de leurs problèmes aux autorités compétentes.

      En retour, il leur a été répondu qu’il n’était pas du ressort d’une présidence d’université, qui plus est peu dotée et excentrée, de satisfaire l’ensemble de ces revendications ; cela malgré sa compréhension des souffrances extrêmes des éxilé.e.s occupant.e.s. En fin de réunion, la présidence a promis de contacter le Président de
      l’OFPRA et la Préfecture, tout en affirmant son doute sur l’efficacité de la démarche. Le rétablissement de l’accès aux douches du service des sports a lui aussi été accordé oralement mais force est de constater que la promesse n’a pas encore été suivi d’effets.

      Nous notons par ailleurs avec regret l’utilisation de liste mail de l’ensemble de la communauté universitaire de Paris 8 pour diffuser deux motions contre l’occupation émanant de l’UFR de droit et de l’UFR LLCE-LEA alors que d’autres motions de soutien ont été adoptées (art,
      science politique et philosophie) mais n’ont pas été ainsi relayées.

      Nous réitérons notre appel à soutiens publics, actifs et médiatiques.

      Les migrant.e.s de Paris 8 et leur comité de soutien

      Migrants : la France et l’Europe complices, par Un collectif de personnalités artistiques et civiles
      http://www.liberation.fr/debats/2018/02/05/migrants-la-france-et-l-europe-complices_1627540

      Chercheurs et artistes, dont Patrick Chamoiseau, Virginie Despentes ou encore Annie Ernaux, soutiennent les exilés qui occupent l’université Paris-8 depuis le 30 janvier et dénoncent le projet de loi Asile et immigration du gouvernement.

  • Délices de la vie conjugale
    http://www.laviedesidees.fr/Delices-de-la-vie-conjugale.html

    L’amour ne se réduit ni à la conjugalité ni à la passion : en l’abordant comme un ensemble de gestes et de #pratiques, Michel Bozon montre qu’il s’agit de se donner et parfois de s’abandonner soi-même. C’est alors l’épuisement plus que la haine qui menace dans cette vision apaisée des relations amoureuses.

    #Revue

    / #amour, pratiques, #confiance, #violence

    • Émile Durkheim avait montré, dans ce classique des classiques qu’est son étude sur le suicide, que la monogamie borne l’horizon des femmes, « ferme toutes les issues, interdit toutes les espérances même légitimes », alors que les mœurs accordent aux hommes « certains privilèges qui [leur] permettent d’atténuer, dans une certaine mesure, la rigueur du régime » [2]. Les hommes, selon Durkheim, à la différence des femmes, cherchaient dans le mariage autre chose que la satisfaction sexuelle. Pour Georg Simmel aussi l’amour dépasse sa simple manifestation sexuelle ; il implique la totalité de la vie [3]. Comme Simmel, Michel Bozon dissocie partiellement l’amour de la sexualité. Quand le couple se stabilise, l’affectivité semble déterminante. Cela ne signifie pas que la sexualité soit absente. Elle est domestiquée, prévisible, procure sans doute moins d’excitation mais, semble-t-il, davantage de plaisir, car chacun connaît la sensibilité de l’autre. La sexualité est donc un élément de ce domaine commun qui se construit dans la vie conjugale et où les tâches à accomplir sont réparties de façon de plus en plus inégales, alimentant les frustrations et l’amertume.

    • L’amour c’est le moyen par lequel les hommes font nettoyer leurs sanitaire gratuitement. C’est par amour que 80% des taches domestiques sont faites par les femmes en 2017 en France. C’est par amour que les femmes silencient les violences que les hommes qui les aiment leur infligent. C’est par amour que les femmes perdent leur nom, leur identité. C’est par amour aussi que les femmes mettent entre parenthèse leur profession, tandis que par amour les hommes ne le font pas.

      C’est pour l’amour hétéro-conjugale que les filles et les femmes s’affament, se torturent le poile, se recouvrent le visage de produits toxiques. C’est par amour que les femmes se détruisent la santé à coup de contraceptif hormonaux pour que monsieur qui les aiment n’ai pas à se prendre le chou avec les effets secondaire de sa sexualité pénétrative.

      L’amour conjugale, l’amour hétérosexuel du couples monogame, c’est l’outil moderne que le patriarcat a trouvé pour renforcer la domination masculine. Le bouquin fait comme si l’égalité était déjà là (c’est ce qu’indique la ccl du résumé), il est hétérocentré et invisibilise les violences faites aux femmes dans la conjugalité et ceci est à mes yeux du déni de patriarcat et un renforcement de la domination masculine. Prétendre que les hommes se donnent aussi totalement que les femmes dans l’amour conjugale, c’est un mensonge (toutes les statistiques le montrent, tâches domestiques, violences viols conjugaux, demandes de divorces, inceste...). Voila ca que je voulais dire par mes tags.

      Si la force éruptive de l’Éros est largement absente du livre de Michel Bozon, la violence physique mais aussi symbolique qui règne trop souvent dans les couples n’est mentionnée que de façon marginale.

      Sur l’amour conjugale hétéro je conseil plutot Paola Tabet et les échanges économico-sexuels :
      https://seenthis.net/messages/554501

      Le mariage est, et surtout a été, l’endroit de la reproduction. L’échange économico-sexuel n’est pas un choix : c’est ce qui est donné par une structure sociale dans laquelle le mari gagne plus, a plus de biens, de pouvoir, de prestige… La preuve, ce sont les situations plus ou moins catastrophiques lors d’une séparation. Aux États-Unis (et ailleurs) une grande majorité des hommes divorcés ne paient plus un an après, la pension alimentaire fixée par le juge, même s’il y a des enfants. Comment ne pas voir le mariage comme le terrain de l’échange ? Plus d’échange, plus d’argent. Et, de fait, celles qui sont pénalisées (souvent lourdement pénalisées) dans les séparations ce sont les femmes qui se retrouvent avec moins d’argent et les enfants sur le dos.

    • Oui @monolecte, @aude_v,@mad_meg, en ce moment sur france culture, « le corps des femmes en marche » avec Adèle Van Reeth et Geneviève Fraisse (philosophe, Historienne de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS ) pour qui également la question de la symétrie est primordiale pour l’égalité.

    • PAYE TON COUPLE
      https://payetoncouple.tumblr.com

      Témoignages de sexisme et de violence verbale dans toute relation amoureuse ou sexuelle, y compris au sein du couple. Ce tumblr est ouvert à tous les témoignages et ne se veut pas cis/hétéro-centré.
      Attention, la majorité des témoignages décrivent des propos ou des situations très violentes. Certains d’entre eux font mention de violence sexuelle. Nous mettons donc ici un TW général pour toute la page.
      TW : viol, violence sexuelle, transphobie, violence verbale et psychologique, violence physique

      Gros gros TW, effectivement... Terrible.

      #hétérosexualité surtout, quand même

      (déjà signalé par @vanderling, dans un fil concernant les tumblr « paye ta/ton... » : https://seenthis.net/messages/535585#message559369)

    • Je ne comprends pas. Il y a quelqu’un qui a lu le livre dans cette discussion ?

      Mais si le point de départ c’est la symétrie des femmes et des hommes dans l’amour, ça ne va pas aller loin

      Pas du tout. Sur plusieurs aspects Bozon met en lumière les inégalités hommes femmes.
      Mais c’est vrai que si vous y cherchez un argumentaire contre les violences conjugales ce n’est pas là que vous allez le trouver vu que ce n’est pas le propos du livre et de toute façon sur ce sujet lisez les auteures femmes.
      Ici c’est super intéressant d’analyser les positionnements des protagonistes du couple au cœur même des sentiments, le don/contre don, les tactiques (différentes pour les femmes comme pour les hommes forcément).
      C’est un livre très court, qui se lit rapidement alors il ne développe pas précisément ce qu’il énumère mais je trouve que c’est une bonne entrée. Et il n’enjoint absolument pas les femmes à s’oublier. D’ailleurs il n’enjoint personne à quoi que ce soit c’est peut-être ça qui vous gêne. Je n’attends pas d’un homme qu’il écrive un livre sur l’aliénation des femmes, ce n’est pas son rôle. On est assez grandes pour ça. Par contre il ne la nie pas.
      À rapprocher du livre de Chaumier, La déliaison amoureuse qui lui, est beaucoup, beaucoup, plus dense et dont le propos est plus de déconstruire l’idéal romantique du couple.

    • On discute à partir de ce que le résumé dit du bouquin @ninachani . Il semble qu’il n’y ai que toi qui ai lu ce livre ici. Ce résumé indique que le bouquin pose des problèmes important du point de vue des femmes et ta defense du livre ne dit pas le contraire non plus. Personnellement un bouquin sur l’amour conjugale qui fait comme si les échanges étaient réciproques ca m’interesse pas et je trouve qu’il renforce la domination des hommes sur les femmes.

    • Quelle position d’autorité ? Je vous trouve très susceptibles.
      Je n’avais pas compris que personne n’avait lu le livre. Je ne comprends pas les attaques contre cet ouvrage qui, s’il n’est pas le livre féministe de l’année (et comme je le disais je n’attends pas qu’un livre écrit par un homme le soit) ne mérite pas ce que vous en dites :

      Personnellement un bouquin sur l’amour conjugale qui fait comme si les échanges étaient réciproques ça m’interesse pas.

      C’est totalement faux. Bozon ne fait pas comme si les échanges étaient réciproques. Il signale plusieurs fois que ce n’est pas le cas, même si comme je le disais, il ne s’y attarde pas parce que ce n’est pas son propos. Mais il est clair là-dessus.

      Je ne suis pas d’accord avec la critique du livre qui est mise en lien. Dès le départ, il est indiqué :

      Michel Bozon montre qu’il s’agit de se donner et parfois de s’abandonner soi-même.

      Dans cette phrase on a l’impression que Bozon dit aux lecteurs-trices que c’est ce qu’il faut faire dans une relation mais ce n’est pas le cas. Il analyse les différentes phases d’une relation amoureuse à travers (entre autres) ce que les protagonistes donnent (ou pas) à l’autre par exemple.
      C’est un livre concis mais intéressant pour voir ce qu’il se passe au cœur même de ce qu’on appelle le sentiment amoureux. Moi j’y ai trouvé matière à réfléchir aux confrontations à l’intérieur du couple, et c’est déjà beaucoup.
      Je vous fais une citation (p73) :

      Le fait pour un partenaire masculin de limiter autant que possible ce qu’il remet de lui et de rester sur son quant-à-soi manifeste moins un trait psychologique spécifique des hommes qu’il n’exprime une composante de la domination masculine, la volonté de rester hors d’atteinte, le rejet de l’interdépendance, voire de la dépendance à l’égard d’un partenaire

      On a quand même fait plus sexiste, non ?

  • Écrire la violence sociale. Entretien avec Annie Ernaux
    http://anticapitalisme.tumblr.com/post/148921679018/écrire-la-violence-sociale-entretien-avec-annie

    <i>Dans quelle mesure l’inscription dans le monde social – une origine populaire, le statut de femme, etc. – conditionne-t-elle l’activité littéraire ? Quel rapport l’écriture entretient-elle avec l’engagement politique ? Comment décrire les groupes dominés et écrire la violence sociale – ordinaire et omniprésente, notamment sous la forme de ce que Bourdieu nommait la « violence symbolique » ? Quelles différences entre l’écriture sociologique et l’écriture littéraire ? L’écriture de soi peut-elle</i> …

  • Écrire la violence sociale. Entretien avec Annie Ernaux
    http://www.contretemps.eu/interviews/%C3%A9crire-violence-sociale-entretien-annie-ernaux

    Dans quelle mesure l’inscription dans le monde social – une origine populaire, le statut de femme, etc. – conditionne-t-elle l’activité littéraire ? Quel rapport l’écriture littéraire entretient-elle avec l’engagement politique ? Comment décrire les groupes dominés et écrire la violence sociale – ordinaire et omniprésente, notamment sous la forme de ce que Bourdieu nommait la « violence symbolique » ? Quelles différences entre l’écriture sociologique et l’écriture littéraire ? L’écriture de soi peut-elle permettre, et sous quelles conditions, de révéler les mécanismes inégalitaires et la violence qui traversent et structurent le monde social ? Comment peut-elle être un moyen de lutter contre la domination ou, du moins, de rendre justice aux dominé·e·s ? Ce sont toutes ces questions, et d’autres, que (...)

  • Etrange de croiser Houria Bouteldja dans cette revue néo-marxiste, mais j’aime bien ce passage qui nous invite à « aller chercher le petit Hitler qui se trouve au fond de nous-mêmes ». J’aime bien aussi celui qui explique que le racisme n’est qu’une astuce utile au capitalisme :

    Pouvoir politique et races sociales
    Houria Bouteldja, Période, le 25 mai 2016
    http://revueperiode.net/pouvoir-politique-et-races-sociales

    Au passage elle cite cette tribune que j’avais raté :

    Nuit debout peut être porteur d’une transformation sociale de grande ampleur
    Tariq Ali, écrivain ; Ludivine Bantigny, historienne ; Patrick Chamoiseau, écrivain ; François Cusset, écrivain et historien ; Christine Delphy, sociologue ; Cédric Durand, économiste ; Elsa Dorlin, philosophe ; Annie Ernaux, écrivain ; Eric Fassin, sociologue ; Bernard Friot, sociologue ; David Graeber, anthropologue ; Nacira Guénif, anthropologue ; Razmig Keucheyan, sociologue ; Stathis Kouvelakis, philosophe ; Frédéric Lordon, philosophe ; Gérard Mordillat, écrivain ; Toni Negri, philosophe ; Leo Panitch, sociologue ; Paul B. Preciado, philosophe ; Wolfgang Streeck, sociologue ; Enzo Traverso, historien, Le Monde, le 3 mai 2016
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/03/nuit-debout-peut-etre-porteur-d-une-transformation-sociale-de-grande-ampleur

    #Houria_Bouteldja #racisme #capitalisme #NuitDebout #impérialisme #Période #Tribune

  • France. L’écrivaine Annie Ernaux défend les femmes voilées
    http://www.lecourrierdelatlas.com/1119713042016L-ecrivaine-Annie-Ernaux-defend-les-femmes-voilees.

    « C’est le nom de beaucoup de choses mais surtout d’une peur et je pense qu’on devrait tout de même penser que derrière le voile il y a des femmes et que ces femmes on ne leur demande rien », a répondu Annie Ernaux, s’indignant également des récents propos du Premier ministre. Manuel Valls a de nouveau déclaré vouloir interdire le voile à l’université. « C’est énorme parce que ça serait exclure les femmes à cause… Cessez le chiffon rouge avec le voile », a-t-elle protesté. « Alors vraiment peut-on parler d’autre chose et les laisser tranquille ces femmes ? », a demandé Annie Ernaux.

    Visiblement gêné par cette réponse, l’animateur est resté d’abord silencieux. Sans doute s’attendait-il à ce qu’Annie Ernaux rejoigne la bande des hystériques, les extrémistes de la laïcité : les Badinter, Fourest, en passant par Rossignol, oubliant juste qu’en 2012, l’écrivaine avait pris parti en faveur des mamans voilées à qui on interdisait d’accompagner les enfants aux sorties scolaires.

    #Annie_Ernaux

  • Annie Ernaux, Regarde les lumières mon amour, Raconter la vie, 2014.

    J’ai arrêté mon journal.
    Comme chaque fois que je cesse de consigner le présent, j’ai l’impression de me retirer du mouvement du monde, de renoncer non seulement à dire mon époque mais à le voir. Parce que voir pour écrire, c’est voir autrement. c’est distinguer des objets, des individus, des mécanismes et leur conférer valeur d’existence.

    http://raconterlavie.fr/collection/regarde-les-lumieres-mon-amour
    http://raconterlavie.fr/IMG/rubon113.jpg?1386777227

  • Le cinquième numéro de Pré Carré vient de sortir, et ce printemps, la BD se porte bleue :

    Ci-dessous, le texte de présentation de la rédac’ présentant ce nouveau numéro :

    Hé bien le voilà, nous sommes les premiers étonnés de livrer, déjà, ce cinquième volume du magazine « Pré Carré » et plutôt fiers de l’allure qu’il prend numéro après numéro ; chacun d’entre eux vient graduellement rendre plus complexe, plus fécond et plus inattendu aussi le singulier assemblage d’écritures qui s’unissent autour de notre objet, la bande dessinée.
    Ce numéro est particulièrement excitant et bigarré :
    – Julien MEUNIER, à propos du travail de Gilbert Hernandez, tente une approche inédite de la critique, par la déception.
    – Un premier texte consacré au dessin (qu’est-ce que « dessiner » ?), de L.L. de MARS, tente de dénouer les différents modèles théoriques qui, à travers l’histoire, en ont imposé une approche platonicienne.
    – « Bande dessinée et communication : une idéologie de la pensée occidentale », permet à Jean-François SAVANG de poursuivre son travail critique féroce sur la sémiotique, à partir de Peirce puis McCloud.
    – Guillaume MASSART se perd dans « Intermezzo » de Tori Miki.
    – Jérôme LEGLATIN se penche, pour une série de textes consacrés aux « Naufragés du temps » de Forest et Gillon, sur la nature inévidente des figures qui croissent sous l’apparente clarté du dessin de Gillon.
    – Aurélien LEIF continue à prendre prétexte de l’inépuisable corne d’abondance de Massimo Mattioli pour établir, l’air de rien, une théorie de la bande dessinée en corps troué...
    Nous sommes très heureux de recevoir pour notre rubrique « palimpseste » les travaux de François HENNINGER et de Helge REUMANN ; ce dernier est également notre invité pour une superbe série de strips dans la rubrique « Planche sur planche ».
    Notre hôte, cette fois-ci, n’est pas un auteur mais Alexandre BALCAEN de Hoochie Coochie, qui vient nous parler de son métier, celui d’éditeur et du panorama dévasté dans lequel il le pratique.
    Vous retrouverez la grammaire déréglée des « Tricoter » de Guillaume CHAILLEUX, et l’objet de notre « Atome d’herméneugène », dans ce numéro, est l’incroyable « Je détruirai toutes les planètes civilisées » de Fletcher HANKS
    La revue est toujours vendue 7 euros pour ses 48 pages bien tassées, et vous pouvez en découvrir la belle couverture gravée de Benoit Préteseille [et la maquette de l.l. de Mars] ainsi que les moyens de la commander en ligne à cette adresse :
    http://www.le-terrier.net/concerts/precarre5/index.htm

    ou à celle de notre site : http://precarre.rezo.net où vous pouvez également trouver les numéros 2 à 4

    https://fbcdn-sphotos-d-a.akamaihd.net/hphotos-ak-xap1/v/t1.0-9/s526x395/10676158_425262897639656_8215386862744189053_n.jpg?oh=bc

    #revue #théorie_critique #Pré_carré #BD

    • Pardonnez-moi, mais plutôt que glisser des tags à la dérobée et pilonner à la massue catégorielle ce travail théorique (que vous avez sûrement lu pour le coup), vous pourriez peut-être au moins lancer une accusation un peu plus franche du collier tant qu’à faire (et au passage en profiter pour jeter un œil sur les précédents sommaires) ?

    • J’ai tendance à partager ce constat de mad meg, de ce problème de mixité dans Pré Carré, enfin je me suis déjà posé plusieurs fois la question. On peut nuancer en disant que C. de Trogoff a fait la couverture du premier numéro et qu’on la voit souvent sur les photographies des tirages et façonnages des exemplaires, que Gwladys Le Cuff a fait un bel article dans le numéro 4, que des femmes sont citées dans la revue (Arn Saba par exemple), qu’il y a des travaux d’écriture collective dont l’anonymat des rédacteurs rend leur identité sexuelle heureusement indéchiffrable, enfin que d’autres femmes ont été invité à écrire dans la revue et que cela n’a pas encore abouti, il n’empêche que le constat demeure (pour ce sommaire et pour le moment).

    • "Oui, tous les devenirs sont moléculaires ; l’animal, la fleur ou la pierre qu’on devient sont des collectivités moléculaires, des heccéités, non pas des formes, des objets ou sujets molaires qu’on connaît hors de nous, et qu’on reconnaît à force d’expérience ou de science, ou d’habitude. Or, si c’est vrai, il faut le dire des choses humaines aussi : il y a un devenir-femme, un devenir-enfant, qui ne ressemblent pas à la femme ou à l’enfant comme entités molaires bien distinctes (quoique la femme ou l’enfant puissent avoir des positions privilégiées possibles, mais seulement possibles, en fonction de tels devenirs). Ce que nous appelons entité molaire ici, par exemple, c’est la femme en tant qu’elle est prise dans une machine duelle qui l’oppose à l’homme, en tant qu’elle est déterminée par sa forme, et pourvue d’organes et de fonctions, et assignée comme sujet. Or devenir-femme n’est pas imiter cette entité, ni même se transformer en elle. On ne négligera pourtant pas l’importance de l’imitation, ou des moments d’imitations, chez certains homosexuels mâles ; encore moins, la prodigieuse tentative de transformation réelle chez certains travestis. Nous voulons seulement dire que ces aspects inséparables du devenir-femme doivent d’abord se comprendre en fonction d’autre chose : ni imiter ni prendre la forme féminine, mais émettre des particules qui entrent dans le rapport de mouvement et de repos, ou dans la zone de voisinage d’une micro-féminité, c’est-à-dire produire en nous-mêmes une femme moléculaire. Nous ne voulons pas dire qu’une telle création soit l’apanage de l’homme, mais au contraire que la femme comme entité molaire a à devenir femme, pour que l’homme aussi le devienne ou puisse le devenir. Certainement il est indispensable que les femmes mènent une politique molaire, en fonction d’une conquête qu’elles opèrent de leur propre organisme, de leur propre histoire, de leur propre subjectivité : « nous en tant que femmes... » apparaît alors comme sujet d’énonciation. Mais il est dangereux de se rabattre sur un tel sujet, qui ne fonctionne pas sans tarir ou arrêter un flux. Le chant de la vie est souvent entonné par les femmes les plus sèches, animées de ressentiment, de volonté de puissance et de froid maternage. Comme un enfant tari fait d’autant mieux l’enfant qu’aucun flux d’enfance n’émane plus de lui. Il ne suffit pas davantage de dire que chaque sexe contient l’autre, et doit développer en lui-même le pôle opposé. Bisexualité n’est pas un meilleur concept que celui de la séparation des sexes. Miniaturiser, intérioriser la machine binaire, est aussi fâcheux que l’exaspérer, on n’en sort pas ainsi. Il faut donc concevoir une politique féminine moléculaire, qui se glisse dans les affrontement molaires et passe en dessous, ou à travers.
      Quand on interroge Virginia Woolf sur une écriture proprement féminine, elle s’effare à l’idée d’écrire « en tant que femme ». Il faut plutôt que l’écriture produise un devenir-femme, comme des atomes de féminité capables de parcourir et d’imprégner tout un champ social, de contaminer les hommes, de les prendre dans ce devenir. Particules très douces, mais aussi dures et obstinées, irréductibles, indomptables. La montée des femmes dans l’écriture romanesque anglaise n’épargnera aucun homme : ceux qui passent pour les plus virils, les plus phallocrates, Lawrence, Miller, ne cesseront de capter et d’émettre à leur tour ces particules qui entrent dans le voisinage ou dans la zone d’indiscernabilité des femmes. Ils deviennent-femme en écrivant. C’est que la question n’est pas, ou pas seulement, celle de l’organisme, de l’histoire et du sujet d’énonciation qui opposent le masculin et le féminin dans les grandes machines duelles. La question est d’abord celle du corps - le corps qu’on nous vole pour fabriquer des organismes opposables."
      Deleuze et Guattari, Mille Plateaux, p.337-8

    • Je le fait tout le temps @nicolasm, je doit avoir un programme interne de ce genre de naissance. Depuis toute petite j’ai toujours été sensible a l’invisibilité des femmes dans les arts et ca m’a toujours révolté. En plus même quant elles sont visible on fait semblant de ne pas les voire. Et elles se cachent aussi derrière des pseudo (y compris moi) puisqu’elles ne sont pas les bienvenus et que de toute façon elles portent déjà un patronyme alors autant se faire un nom à soi. Par exemple le vieux sujet des femmes écrivaines. Il y a toujours eu des femmes écrivaines, depuis Christine de Pisan pour la France et les femmes ont été nombreuses à écrire des romans, du théatre etc... pourtant à chaque femme écrivaine on fait mine de découvrir qu’il y a des femmes qui écrivent et de ce questionner sur le fâmeux style féminin comme le font Deleuze et Guattari et d’autres avant et après eux comme un vieux marronnier lassant. Il y a toujours eu des femmes écrivaines et pas que dans le roman naturaliste anglais et dire que H.P Lawrence « deviens-femme » quant il écrit c’est de la grosse insulte misogynie aussi affreuse que les mecs qui me parlent fièrement d’accepter leur part de féminité quant ils chialent devant un téléfilm ou veulent se mettre du rouge à lèvre.

      Sur le sujet des écrivaines lire ceci http://www.fabula.org/lht/7/touret.html

      Une double raison explique la minorisation du rôle des femmes : une conception de la littérature comme corpus d’œuvres ignore leur position sociale déterminante , mais marginale par rapport aux œuvres produites et leur nombre restreint dans l’ordre littéraire les fait paraître comme négligeables. Alors que si l’on s’intéresse à la façon dont se construisent les carrières des écrivains, il est indispensable de porter la plus grande attention aux formes de la sociabilité littéraire.

    • Ça me fait penser à « JK » Rowling :

      Joanne Rowling, better known by her initials J K, does not have a middle name, according to her birth certificate. The use of the author’s initials instead of her full name was a marketing ploy designed to make her work acceptable to boys, who actively choose not to read books by women.

      http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/1349288/Harry-Potter-and-the-mystery-of-J-Ks-lost-initial.html

    • Oui je savais pour JK Rowling mais tu as raison de rappeler qu’en 2000 on en est toujours là.
      Le texte que j’ai mis en lien dans mon message précedent commence par dire que les femmes utilisent beaucoup de pseudonyme souvent masculin et cela est vrai mais juste après il est précisé que l’inverse n’existe pas ou ne sont pas connu.
      Pourtant j’en connais un, « Rrose Sélavy » qui est un pseudo utilisé par Duchamp pour faire des calambours et des contrepèteries et qui prétendait que les femmes étaient privilégiés dans les arts et que n’importe quelle production signé par une femme serait l’objet de l’attention médiatique (rire nerveux). Sous ce pseudonyme il collectionnait les objet en rose, parceque les femmes c’est Eros et le Rose comme à la manif pour tous. On retrouve aussi le travestissement d’un homme en femme comme ressort comique, un classique de la misogynie ordinaire.


      #pseudonyme #travestissement

    • Le premier numéro de la revue Pré Carré donne un autre exemple d’auteur homme sous pseudonyme féminin : Cathy Millet.
      Mais je crois comprendre que la revue ne sera pas lue par mad meg ou Nicolas (qui se contentera de faire tourner un programme de décodage des signes univoques). Admettre la critique politique du manque de mixité visible dans Pré Carré ne me fera pas pour autant adhérer à la confusion entre Deleuze & Guattari et des journalistes (cf. le marronnier etc.), car ce sont vraiment des pratiques de l’écriture antinomiques, j’en donnerai pour seul exemple que le concept de déterritorialisation a précisément été inventé dans Capitalisme & Schizophrénie, concept si généreux qu’il est repris par Françoise Collin citée dans le numéro d’Axelle que mad meg promeut par ailleurs. Bref car là j’ai eu ma dose de pensée binaire pour la journée.

    • Je dois préciser que quand il s’est agit de contacter Reumann pour son travail, je ne savais pas si Helge était un prénom masculin ou féminin. En fait, je m’en foutais absolument.
      Je dois préciser que quand Gwladys a été invitée à bosser dans la revue, ça n’a pas été une seule seconde en tant que femme. Je m’en foutais éperdument.
      Je doute franchement qu’elle écrive à un seul moment sur Lotto ou Bergognone « en tant que femme », pas plus que je n’écris sur Aristote « en tant que vieux pédé » ni Jean-François sur Peirce « en tant que laotien », tout ça est aussi ridicule que franchement douteux.
      Je dois ajouter que si le prochain numéro présente 77% de paragraphes d’une féminité pure et irréprochable, il n’y aura qu’une seule conclusion à en tirer : l’appareil de mesure de Mad Meg s’est encore affiné, nom d’un chien.
      Les lignes ci-dessus, Aurélien, Doc, qui m’ont conduit à écrire cette intervention sans aucun doute inutile (parce qu’elles ne changeront rien à la sanctification des catégories que je lis ici) sont une parodie de conversation. Laissez Mad Meg faire ses comptes et lire les seules publications présentant un taux acceptable de dieu-sait-quelle-typologie-étouffante-appelée-femme dans laquelle, au passage, il serait assez sains qu’elle ne congèle pas nos collaboratrice qui sont bien autre chose que des femmes, de la même manière que je suis bien autre chose qu’un homme.

    • C’est justement en ne faisant pas attention qu’on se retrouve entre soi. Faire semblant d’être dans une monde égalitaire dans lequel les différences causée par les discriminations n’existent pas. C’est cela qui fait que les personnes privilégiés gardent leurs privilèges. Les groupes d’hommes ne remarquent pas qu’ils sont entre hommes, les groupes de blancs ne sont pas attentifs à leur blancheur, par contre les femmes et les noirs remarquent ces choses. Ca les frappes car illes n’ont pas le luxe de s’en foutre vu que sans faire attention on les effaces. Et quant illes le font remarquer cet effacement, cette absence, même sobrement, c’est impossible de se faire entendre.
      Je remet encore une fois le texte de Christiane Rochefort
      http://lmsi.net/Rupture-anarchiste-et-trahison

      « Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. C’est juste un fait. Purement technique. Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez vous à sa place. Ce n’est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme langage mais comme un bruit. C’est la définition de l’oppression [....] L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance.

      Ou : divertissement-corvée. Ou loisir-travail. Etc.

      Aller donc communiquer sur ces bases.[...]

      C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a »écouté" son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça c’est épatant.

      Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.
      Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.[...]"

      Dans votre monde merveilleux d’égalité entre les sexe déjà acquise au pré-carré, il se trouve que c’est tellement acquis que sans faire attention vous avez fait un numéro tout bleu 100% masculin jusqu’à la moindre référence, comme à la manif pour tous. Et en plus vous avez le culot de me sortir le sexisme inversé et de prétendre que c’est moi la vilaine qui fait du sexisme anti-hommes. C’est aussi obscène et idiot que de parler de racisme anti blanc. Bravo vraiment et surtout ne vous demandez pas comment ca se fait qu’il y ai si peu de femmes dans votre super magazine.

    • Pour ma part, et en tant que membre du comité éditorial de cette foutue revue, je ne balaie pas la critique de mad meg d’un revers de manche, d’autant que je suis et apprécie son travail depuis des années (elle avait d’ailleurs participé à un numéro du fanzine Gorgonzola avec L.L. de Mars en couverture). Oui deux contributrices sur cinq numéros c’est trop peu, non le sexe ou autre typologie identitaire des participant-e-s n’est jamais le critère pour les inviter, pas plus que pour juger de leurs écritures, de là à dire que tout va bien, que je m’en fous, qu’on est dans le pur dialogue de sourd, non. Je ne crois pas l’imaginaire politique de Pré Carré sexiste, hein, mais la sous-participation des femmes y est frappante. Si j’ai cité Arn Saba précedemment ce n’est pas pour rien, je profite de cette intervention inepte pour envoyer un lien vers ce texte malheureusement en anglais : https://ladydrawers.wordpress.com/2010/05/14/a-letter-from-katherine-collins

    • Je vais essayer de répondre avec le plus de douceur possible avant de me taire pour de bon, par fatigue. J’espère juste que tout ça ne va pas virer au frontal, à une économie de violence et de contre-violence, à l’OK Coral de la zigounette et du pilou-pilou, mais je ne me fais pas trop d’illusion devant cette grosse machine à trier qui a pour modèle analytique une signalétique de WC publics. Il est bien dommage que cette simple annonce pour une revue apparemment si peu exigeante et généreuse qu’en faire la lecture est une économie indispensable à sa compréhension soit devenue un lit de Procuste catégoriel, un théâtre de marionnettes où se débattent de tristes épouvantails sociologiques, des caricatures de spectres, des fragments d’ombres, l’Homme, la Femme, un signifiant adversatif d’un signifiant, un universel antipodique d’un autre, deux Idées platoniciennes toutes mortes et toutes pelées quelque part dans l’empyrée dialectique. Si je puis me permettre, livrer une revue aussi minoritaire dans son fonctionnement même aux Gémonies de la positive action étatique, c’est pas de la critique, c’est de la molarisation ministérielle. Alors je crains malheureusement d’être inaudible puisque le dialogue lui-même semble être devenu une machine d’assignation binaire que l’Etat ne désavouerait pas et qui décalque exactement toute son axiologie, puisque les positions discursives sont devenues des positions même pas sexuelles, mais biologiques (en toute rigueur il faudrait dire : c’est une revue de mâles, le seul problème étant aussitôt que ce sont socialement des mâles dominés, et c’est tout le politique qui revient avec). Il était question de théorie, de BD, de critique, et de philosophie, mais voilà que la parole est subitement devenue un attribut chromosomique, voilà que la pensée a des organes, et fort peu ragoutants. Je ne pensais pas un jour être témoin d’une kénose aussi littérale, mais voilà bien que des gonades parlent, écrivent et théorisent, voilà que le signifiant est pour de bon devenu un phallus au-delà de tous les rêves lacaniens imaginables. Traité de gonadologie générale, premier paragraphe : la classification organique comme paradigme théorique.
      Il est toujours possible de rabattre à l’infini l’énonciation, toujours réenfermer dans les schèmes les plus binaires qui soient, rabattre les situations énonciatives, critiques, sur des conditions individuelles, sur notre bon gros corps organicisé, oui, c’est toujours possible, ça s’appelle le libéralisme statistique (Deleuze et Guattari, encore eux, diraient segmentarité dure) et ça englobe bien plus que la question du féminisme, et une critique cohérente aurait au moins étendu ça à toutes les catégories qui font le partage du pouvoir et de la domination ( mais exit l’individuation, exit le sujet collectif, exit le communisme, bonjour la personnologie, bonjour l’indexation, bonjour, surtout, la reconduction éternelle d’un seul et même partage du monde où la machine à compter les couilles et les ovaires va nous faire un beau panoptique. Voilà ce que ça donne la schématisation molaire du moléculaire : un boulier conceptuel à deux termes).
      Deleuze et Guattari ne disent tout simplement pas ce que vous leur faites dire (et qui est un cliché). Docteur C. a raison, les théoriciennes et théoriciens plus récent-e-s du féminisme et du genre ne s’y trompent pas en piochant abondamment dans leur généreuse machine conceptuelle, ainsi que chez Derrida, Sartre, Foucault et même chez Heidegger, alors les accuser de misogynie est au mieux de l’humour, au pire de la malveillance. Je préfère vous prêter de l’humour. Et si je puis me permettre d’ailleurs, il serait bon de lire ce texte (tout le plateau sur les devenirs) avec « Pour en finir avec le jugement », dans Critique et clinique, parce que c’est exactement ce qui se rejoue ici : cette machine d’assignation, signifiante et organique à la fois, ça ne produira jamais que du jugement, du verdict, de la dette infinie, de l’identité, et du gros moi molaire, ça ne créera jamais que de l’énonciation de prétoire de la vieille culpabilité chrétienne, du ressentiment et de la réaction impuissante -j’y suis, et pas seulement ma petite personne, en ce moment même réduit, et c’est justement cette position dont je ne voudrais même pas pour mes ennemis, ils méritent mieux que ça, et je ne l’endosse pas. J’ajouterai aussi Dialogues, parce que c’est une merveilleuse machine à décoder ces assignations non seulement sexuelles mais plus largement identitaires qui transforment toute politique en petit parti et en dispositif de classement : Deleuze et Parnet produisent, là, bien sur la page, du sujet collectif d’énonciation. On peut toujours essayer d’y retrouver la femme, l’homme, le vieux professeur, la jeune élève, mais on s’y cassera fort heureusement les dents et l’encéphale avec. Ce qui a lieu dans Dialogues a lieu dans n’importe quel texte ou oeuvre digne de ce nom, sauf à penser que ce sont des ego qui écrivent, avec tous leurs attributs, sexuels, genrés, sociaux, attributs dont on ne peut guère comprendre un seul sans convoquer en même temps les autres (ce qu’il faut faire ici en toute logique, mais ça éclate alors aussitôt ce cadre restrictif d’analyse). Misère de lire depuis son moi, avec tout ce que ça implique ensuite, et seulement ensuite.
      Nous pourrions parler de phallogocentrisme et de Geschlecht et nous serions alors vraiment au nerf de la question quant à cette revue même (un numéro intégralement rédigé par des femmes laisserait-il d’ailleurs la pensée à l’abri du phallogocentrisme et du virilisme ? Ou bien cette question là est-elle plus large et transversale qu’une simple question d’organes ou de genre ? Est-ce que ça n’implique pas une sexualisation non sexuée, pour le dire à la derrida ? ) mais Derrida était un homme, nous pourrions parler de dispositifs énonciatifs d’assignation, mais Foucault était un homme, de sexuation non sexuelle, mais Sartre et Heidegger étaient des hommes, quant à Judith Butler, à Irigaray, à Beauvoir, à bien d’autres, la pire violence à leur faire serait de ne les lire que parce qu’elles sont des femmes, et pas d’abord des sujets politiques d’énonciation. Personne ne nie la massivité de la domination masculine, sa violence, pour tout le monde, personne non plus ne niera le virilisme, et qu’il transperce allègrement les frontières hommes/femmes pour empoisonner tout ce qui lit, tout ce qui peinture et musique dans ce bas monde, quelque soit la configuration topologique de son entrejambe.
      Quant à présumer des auteures, des plasticiennes, des musiciennes que je lis, écoute, regarde, qui m’enchantent avec lesquelles je pense et avec lesquelles j’aime -he oui- rien ne vous en donne le droit, et il serait sans doute avisé de ne pas interpoler trop vite ce que peut signifier « lecture » pour vos interlocuteurs-trices. Alors parlons d’Harry Potter ou des sinistres petites autofictions bien franchouillardes et académiques, plutôt que de Monique Wittig, de Louise Labé, d’Emilie Dickinson, d’Hannah Arendt, de Virginia Woolf, de Sapho, de Mary Shelley, des soeurs Brontë, de Marianne Moore ou de Quintane (s’il faut traquer des identités auctoriales derrière les oeuvres, nous voilà réduits à la radioscopie sociologique, biologique, ethnologique, et à un bien triste et plat Sainte-Beuvisme), voilà qui nous offre une sérieuse et solide modalisation politique et théorique du féminisme. Des baguettes magiques et des calculettes sexuelles. C’est le moment sans doute où politique commence à vouloir dire quota.
      Une dernière chose, car il serait juste trop facile d’abandonner le terrain à un partage aussi brutal, molaire et identitaire et de voir ainsi pilonné, amalgamé au virilisme le plus crasse cette revue, Deleuze et Guattari, et toute la philosophie avec eux (forcément, ce sont des hommes, certains eurent même des barbes et se baladaient les joujoux à l’air, dans les zéphyrs, sans slip dessous la toge) : je suis féministe, et l’appendice encombrant disgracieux et malodorant qui me ballotte entre les cuisses ne m’empêchera pas plus de l’être que la fortune d’Engels ne l’a empêché d’être, lui aussi, un prolétaire. Je suis féministe, et pas un des contributeurs de Pré Carré, je pense, ne refuserait l’heur d’y souscrire à son tour, même si on peut toujours surobjectiver par-dessus la tête et d’un beau paradoxe qui traîne depuis deux siècles dans tout texte de marxisme un peu frotté de Diamat en faire la marque même de la domination retournée, dans un monde réellement renversé le vrai etc, eh bien là comme partout, peu importent les éventuelles et sinistres prétentions à autoriser ou non des attributions statutaires (ce qu’on transforme en statut, et qui est d’abord du politique). J’imagine avec joie le niagara de fou rire que Gwladys Lecuff, qui a écrit un foutu bordel de bon texte dans le numéro 4, pousserait en voyant qu’elle n’est plus historienne d’art, plus théoricienne, plus Gwladys, mais femme de la façon la plus platonicienne qui soit, une femme qui ne serait que femme, une pure Idée, qui arrive encore bizarrement à rire et même à boire des bières avec ses camarades). Ce féminisme là, il ne passe pas par ce partage binaire qui fait, d’ailleurs, allègrement l’économie du genre, du sujet, du désir, de l’énoncé, pour tout replâtrer dans la statistique du poil. Je ne suis pas un homme, je ne suis même pas ce que le XIXème siècle a baptisé un humain, je ne travaille pas, et personne ne le fait, à partir de ma petite égologie qui n’est rien d’autre qu’une répression, et la réflexivité sur elle et ses attributs une répression plus imagée : je me contretamponne l’esgourde des assignations subjectives de quelque type qu’elles soient, et savoir si un auteur-e est une femme, un homme, un-e trans, un-e homo, un-e hétéro, un-e noir-e, un-e blanc-he, un-e jaune, un-e bleu-e, vert-e, mauve à pois cyan, s’il ou elle ou ille ou el est papou, allemand, australopithèque, schizo, croyant, obèse, cinglé, mystique, maso, a autant d’importance pour un-e lecteur-e authentique que les slips sales de Tino Rossi. Le prochain pré carré pourrait être intégralement fait par des femmes, des eskimos, des Nambikwaras, des intersexes, ça ne me ferait ni chaud ni froid, car je ne lis pas des femmes, des eskimos, des Nambikwaras, des intersexes, je lis des textes. Dans Pré Carré rien d’autre n’est sélectionné que ça, des textes, de vrais bons textes, longtemps fourbis, chiants et rechiants pour une bonne partie de lecteurs probablement, et savoir qui les écrit est un problème de flic. Je ne sais pas quel taxinomiste absurde pourrait s’intéresser de savoir si leur auteur est une femme, un homme, un androgyne, une boule aristophanesques, s’ile ou el a un tourlourou sous l’aisselle et un zobi pour gros orteil, je sais par contre que la seule chose à savoir c’est si ce texte est viriliste ou non (un autre type de regard sur le sommaire permet de le voir en deux-deux : charge contre la sémiotisation, critique du contour, théorie du mélange et du corps troué, c’est là que se décorpore ou non le virilisme). Mais apprendre à lire prend du temps, et ne se satisfait d’aucune petite bricole herméneutique, d’aucune planche -anatomique- à découper.

      Je le redis : j’espère que ça sera lu sans violence, et je signe aurélie. La seule chose à retenir est : le Pré Carré numéro 5 est de sortie, et il est bon. Il est bleu effectivement. Le 4 était rose. Je n’oserais pas dire que la dialectique est ici sur la tête, pas même la rhétorique, alors sans doute encore est-ce de l’humour quand je lis que ce bleu là est celui des garçons, des coucougnettes et des soldats, pourquoi pas le bleu des vosges, du drapeau, des képis, car à part Pampers, Joué-Club et la manif pour tous justement, qui voit encore du masculin quand il voit du bleu, qui donc convoque négativement cette crétinerie bistrotière pour projeter gaiement mâle sur bleu pour mieux rétro-accuser ensuite de retrouver le mâle dans le bleu et de s’en étonner que tiens, dites-donc, et comment faire, surtout, de quel passe-passe pas trop grossier user pour imputer à d’autres le postulat de cette prédication sans faire un beau triple-salto dans l’absurdité attributive, comment cacher que quelqu’un a d’abord dû voir, dans le bleu, de l’homme, et ce que c’est que ce vieux machin là, déconstruit depuis un bon moment déjà ?
      Socrate est une carotte.
      Or les carottes sont cuites.
      Donc Socrate est cuites.
      Personne ne vous a parlé de sexisme inversé, de sexisme anti-hommes, le mot n’y est pas, personne ici ne se vit comme un homme ni ne désire en être un (on en a plutôt honte au quotidien d’être un Mensch, au-delà du fait de se sentir ou non un Mann) c’est vraiment pas le genre de catégorie dont on s’encombre en général (le isme inversé, laissons ça aux débats présidentiels et aux éditorialiste en mal de sensation). C’eût été un cliché, bas, dégueulasse, minable, et c’eût été surtout reconduire cette mouture molaire du sujet que critiquent Deleuze et Guattari -c’eût donc été une pure faute de logique en plus d’une injure. Personne ne vous accuse de quoi que ce soit, relisez bien : l’accusation, c’est étymologiquement une catégorisation, catégoriser est aussi inintéressant qu’accuser, le tribunal et les assignations, dans tous les sens du terme, c’est bon pour les procureurs, judiciaires ou pas.

      Tout ça est juste infiniment dommage, c’est juste un beau gâchis, voilà ce numéro couvert de tags infamants, et autant de rencontres, de lectures éventuelles probablement foutues en l’air. On devrait transposer toute cette non-discussion en changeant homme/femme par n’importe quelle autre forme binaire de domination occidentale, et surtout les mélanger, toutes ces déterminations, faire une bonne crase enfin homologue au politique réel, aux sujets pour de bon, ça nous mettrait enfin dans le coeur du problème, celui des dominations et des pouvoirs incorporés dans des sujets. Ne compte que la décorporation qui s’ensuit, et ça, ce n’est pas passible d’un schème, (celui qui organise tous les partages identitaires, du biologique jusqu’au social) puisque c’est la congédiation des schèmes.

      Maintenant je me tais, et vous souhaite le bonsoir, et je vous claque la bise, et ça m’empêchera même pas d’aller me balader encore parmi vos dessins. Les épouvantails sont à disposition, les personnes peu importe, mais la revue -ce sujet, ce sujet collectif, ce sujet collectif d’énonciation- n’est pas un paillasson.

      « C’est que la question n’est pas, ou pas seulement, celle de l’organisme, de l’histoire et du sujet d’énonciation qui opposent le masculin et le féminin dans les grandes machines duelles. La question est d’abord celle du corps - le corps qu’on nous vole pour fabriquer des organismes opposables. »

      #féminisme

    • Je ne comprend pas tout le mépris que vous me balancez à la figure pour le simple fait que je vous fait remarquer que votre revue manque de femmes. J’attire seulement votre attention et LL de Mars dit lui même qu’il ne fait pas attention à ce genre de « détails ». C’est un fait vous manquez de femmes, pourquoi c’est un sujet qui ne pourrais pas être débattu. Je travail sur la visibilité des femmes alors oui ca m’interesse de le faire savoire à des personnes que je croyait respectables mais qui me traitent avec condecendance. Je n’ai jamais traité votre revue comme un paillason, je ne parle que du problème de manque de femmes et pour le reste de ton long texte hautain et illisible je ne vais pas perdre plus de temps avec ce fiel. Je vous joint tout de même une belle vidéo de messieurs economistes qui ont exactement le même problème que vous et réagissent tout pareil comme vous.

      https://www.youtube.com/watch?v=CmLz2khAFGA

    • Ben oui, Aurélien, c’est dommage. Si vous aviez simplement noté comme l’a fait votre camarade Docteur C que c’était un problème et qu’il fallait y penser tout de même, on aurait pu parler aussi d’autre chose, comme par exemple du contenu de ce numéro. Mais là du coup, on a plus tellement envie.

    • @Aurélien Bordel, Aurélien, c’était dit d’emblée en t’abonnant MICRO blogging, foutu bavard impénitent !
      @baroug s’il y avait eu quelque chose comme un désir de lecture, on pourrait feindre d’en déplorer la chute, et ce n’est pas le cas.
      @docteur C libre à toi d’y barboter avec la honte au front (en faisant à ton tour les comptes, empétré), mais je ne me reconnais dans aucun des stéréotypes de genre véhiculé par le décompte des femmes dans un casting de revue de recherche. Je ne me reconnais dans aucune des typologies masculines dans lesquelles depuis l’enfance on cherche à m’enfermer avec plus ou moins de brutalité. Je suis féministe, la personne avec la quelle je partage ma vie est féministe, mes camarades de la MG, indifféremment à ce que leur carte d’identité prétend dire de ce qu’ils sont, sont féministes, de toutes sortes de féminismes, et je ne me reconnais en aucun cas dans la forme comptable de féminisme qui s’agite ici.
      Il m’intéresserait de savoir ce qui se maintient encore de violence dans l’éducation des petites filles pour que si peu d’entre elles s’autorisent à écrire de la critique, qu’elle soit de bande dessinée ou pas. Il m’intéresse de savoir ce qui persiste de cloisons invisibles pour qu’elles ne s’y adonnent pas plus adultes, et d’abattre ces cloisons (on notera que le texte de Gwladys ne prend pas non plus la position critique , au sens polaire qu’on donne à ce terme ; dans son champ comme dans tant d’autres champ de la recherche, je note que cette prise-là, la prise critique, est quasi désertée par les chercheuses).
      D’autres questions, relatives aux formes que prend la critique selon la polarité sexuelle dans laquelle, momentanément (car je crois, comme Butler ou Preciado, qu’elle se déplace dans une vie) on se reconnait, y travaille également (critique du corps normé par la danse, par exemple, majoritairement formulée par des femmes, la où les grands danseurs masculins me semblent encore danser « en esthète » , mais tout ça mériterait d’écrire, d’écrire, et on a bien compris que quand c’est trop long, on lit pas)
      Quand je dis « je m’en fous », ça dit juste : là, dans ce contexte, avec un interlocuteur aussi certain de « savoir déjà » avant toute question , oui, bon sang, qu’est-ce que je m’en fous.
      Mon travail artistique à plusieurs mains s’est partagé avec Karine Bottega, Docteur C., Jérôme leGlatin, Albane Moll, Marie Florentine Geoffroy, JuHyun Choi, Jampur Fraize, Benoit Preteseille, Catherine de Trogoff, Emmanuel LeGlatin, si je n’oublie personne. Est-ce assez comptable de ma vie partagée loin de ces séparations, est-ce que ça porte un témoignage assez satisfaisant de mixité ? On doit en conclure quoi, dans cette épicerie des corps ?
      Pré Carré est une excellente revue de critique et de théorie de bande dessinée, comme il n’en a jamais existé de ce type, ouverte à une forme d’invention rare. On peut choisir de la faire s’arrêter là où elle commence, à son sommaire.

    • @l_l_de_mars

      Mon travail artistique à plusieurs mains s’est partagé avec Karine Bottega, Docteur C., Jérôme leGlatin, Albane Moll, Marie Florentine Geoffroy, JuHyun Choi, Jampur Fraize, Benoit Preteseille, Catherine de Trogoff, Emmanuel LeGlatin, si je n’oublie personne.

      Ben je ne voudrais pas faire pencher la balance du mauvais côté hein ?, du poids de mes plus de 120 kilos, mais si, L., vous m’oubliâtes.

    • Récemment, on m’a fait remarquer, qu’en tant que selecta (radio ou autre), je ne passais quasiment jamais de musique de femmes. (je l’ai évoqué ici : http://seenthis.net/messages/445440).

      J’ai du reconnaître que c’était vrai, alors même que si je m’exprime aujourd’hui aussi aisément c’est parce que des femmes (je pense aux Lunachicks en musique par exemple, ou plus seenthissement parlant à @magnan ou aux pénélopes) m’ont donné confiance et donné des coups de pied au cul ou des claques artistiques (Les Chantal (Montellier dès mon adolescence et Akerman, plus tard, par exemple.).

      Ce qui me frappe, c’est la sècheresse des groupes ou personnes à qui l’ont fait remarquer ce problème de sous-représentation du groupe majoritaire (il y a plus de femmes que d’hommes sur terre) : défense indigente et en général dénigrement des personnes qui pointent le manquement. (Et je ne parle pas des groupes minoritaires où là quand tu fais remarquer qu’ils sont absents, tu te fais traiter encore plus de tous les noms).

      Je ne comprends pas pourquoi ne simplement pas reconnaître le problème et réfléchir à comment contribuer à changer les choses. On peut tous le faire individuellement, mais il est encore plus important de le faire collectivement.

    • Je ne comprends pas pourquoi ne simplement pas reconnaître le problème et réfléchir à comment contribuer à changer les choses.

      Tu part du principe qu’ils veulent changé les choses. Mais les choses leur vont très bien à eux. Leur problème c’est pas l’absence de femmes artistes dans la culture, leur problème c’est seulement moi qui leur gâche leur petite fête entre potes.

      #mananarchisme #macho_gaucho

    • Leur problème c’est pas l’absence de femmes artistes dans la culture, leur problème c’est seulement moi qui leur gâche leur petite fête entre potes.

      J’ai de plus en plus de mal à comprendre cet archarnement à faire de Pré Carré l’antichambre de je ne sais quelle forme de domination, ça devient franchement ridicule. Faut regarder un minimum de quoi on cause avant d’appliquer des catégories prémâchées à une production culturelle. Pré Carré a certes une petite réputation dans le milieu de la bande dessinée, elle reste une revue confidentielle (tirée à 150 ex) façonnée dans sa cave par un vieux pédé et fait avec ses trois potes eux-mêmes plus ou moins pédés (je m’inclue dans le lot même si je me suis barré de la revue et qu’on est plus si potes). Et avec les conditions de productions de la revue (économiques, techniques, etc.), parler de fête, petite ou grande, est franchement comique. Une belle brochette de gais lurons machistes que tu as levé là... Si Pré Carré est une fête je suis Kim Jong-Un...
      #couteaux_dans_le_vide

    • Ah ben bravo, je pense qu’effectivement tu dois être au moins Kim Jong pour vouloir pareillement réécrire l’histoire.

      C’est curieux mais par le plus grand des hasards (vraiment !), j’étais de passage lors du travail sur le huitième numéro à la remarquable couverture en bois gravé par Emmanuel Le Glatin, et le soir, on poussait les copeaux de bois pour qu’ils ne viennent pas polluer l’empire céleste d’une partie de Mah Jong, tout en écoutant de la très belle musique, François Bayle, discutant entre les tours de vents à propos de toutes sortes de sujets notamment politiques, et pendant les périodes de pause, nous sommes allés nous promener dans la campagne environnante, qui n’est pas aussi belle que les Cévennes chères à mon coeur, plus faite de légendes et de contraste, rentrés bien crottés de chemins de boue, un petit café et une bonne session de musique dans le salon de musique et puis de nouveau au boulot, tu peux appeler cela comme tu veux, moi j’appelle cela une fête, et c’est d’ailleurs sans doute l’idée que tu t’en faisais avant de te disputer avec Laurent. D’autant plus curieux que finalement la seule fois où j’ai vu une image de toi c’était filmé par Laurent au milieu de toutes sortes de personnes, ça dessinait de partout, peignait, jouait de la musique, j’aurais juré une fête, dans laquelle tu n’avais pas l’air malheureux.

      Si l’insulte renseigne peu sur la personne à laquelle elle est adressée, en revanche elle est éloquente sur la personne qui la profère : l’homophobie donc, tu tombes bien bas.

      N’empêche, cette gay partie, cher @l_l_de_mars , m’a beaucoup plu, j’aimerais bien recommencer avec mes nouveaux amis homosexuels

    • Je m’inclue dans les pédés disais-je, auto-désignation plus haut dans le fil, pour l’étiquette d’homophobe (qui tombe bien bas).

      Quant aux sessions de travail elles sont trop pleines de tensions pour les qualifier de « fêtes », loin de moi l’homo festivus que pointe Muray (entre autres, vieux réac me dira-t-on, bref), mais je n’en dénie pas la joie.

    • Pour qui le mot pédé est-il une insulte ?
      Peut-être cher Philippe as-tu chaussé les mauvaises lunettes pour lire mon texte agacé défendant la revue Pré Carré face à l’énième accusation de manarchisme de Mad Meg. Or tel était son intention. Mais peut-être vas-tu nous livrer la véritable histoire de la revue, comme célébration de la domination masculine par des cis en goguettes.
      Enfin je n’ai pas mentionné le tirage comme critère de la valeur de la revue (valeurs ?), mais comme élément objectif de son impossible domination économique et culturelle.

    • Pour citer les Marx Brothers de mémoire, « je ne ferai jamais partie d’un club qui m’accepterait comme membre » ! Mon départ de la revue n’a en tout cas rien à voir avec ces accusations de sexisme, qui me fatiguent, parce qu’elles sont fausses, que cela te plaise ou non.

    • je découvre ce fil repris et je pense qu’il y a un malentendu qui plane : je ne pige pas ce qui vous choque dans la déclaration de Cédric, Phil ; j’aurais été le premier, comme je le fais régulièrement, à parler de moi comme d’un vieux pédé et je vois très bien pourquoi Cédric y a recours, coupant court à toutes ces conneries caricaturales sur notre incarnation potentielle d’une masculinité que, très littéralement, je me fous au cul. Et que lui aussi, sans doute moins littéralement, mais quand même.
      Incarner (le mâle, son contraire imaginaire, le maréchal ou la gauche) est un petit problème de zozos hantés par les positions de pouvoir, de représentation, de légitimité etc. J’ai l’orgueil de me déplacer aussi bien dans ces catégories (je ne suis pas gelé dans une position qui serait assignée par la grande clarté de la biologie, pas plus que que je ne suis gelé dans une catégorie sociosexuelle à la con dans laquelle notre ridicule petite guerrière comptable voudrait tant nous voir naître vivre et mourir) que dans mon travail quotidien.
      Et je ne vois pas plus dans le rappel de Céd de notre tirage (250 - pas 150 - petit à petit, par retirages) autre chose qu’une autodérision nécessaire pour nous rappeler - et c’est important de le faire - tout le dérisoire de notre travail. Ce dérisoire n’est pas contradictoire avec l’importance qu’il a à nos yeux.

    • Oui, bon, cette intervention n’était pas parfaite et je peux comprendre que Phil l’ait lu comme acrimonieuse. Il faut dire que le texte de mad meg a déboulé inopinément dans ma boîte aux lettres par le jeu d’une alerte seenthis (la désactivation des alertes ne concerne que les messages postérieurs à celle-ci, curiosité technique). Je peux entendre que certaines luttes féministes doivent se passer de l’avis des « hommes », néanmoins caractériser Pré Carré comme lieu de pouvoir, archétypal de surcroît, me paraît se tromper d’ennemi à un point qui balance entre tristesse et ridicule, tant cette revue ne contient pas de récits majoritaires, d’histoire majoritaire, par quelque bout qu’on la prenne, tant son pouvoir politique est faible, et sa symbolique éclatée. Il y a mille et mille autres assemblées d’hommes à critiquer avant celle-ci. Mais ce dérisoire de la revue n’exclut en effet pas les formes de puissance qui s’y investissent.

  • « #Internet opérait l’éblouissante transformation du monde en discours », dit Annie Ernaux
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-%C2%AB-internet-operait-l%E2%

    Dates/Horaires de Diffusion : 28 Mars, 2014 - 08:45 - 08:50

    Chère Annie Ernaux (je me permets de vous chérir publiquement car vous avez dû vous en apercevoir depuis le temps, le lecteur entretient avec l’auteur qu’il aime un rapport mêlé de grand respect et de familiarité parfois un peu déplacée). Chère Annie Ernaux. Votre œuvre est considérable, à tout point de vue, mais voilà, il y a un de vos livres que j’aime particulièrement, Les Années, que ...

    date de remontée fiction : Vendredi 28 Mars (...)

    #Information #Innovation #Littérature_Française #Roman #Technique #Direct

  • Dernier chapitre
    http://audioblog.arteradio.com/post/3059227/dernier_chapitre

    A la librairie Chapitre de Lyon avant sa fermeture et pendant son occupation par les 23 libraires licenciés Un livre, un gens Eloge de la lecture de Michel Petit La place de Annie Ernaux Acheter des livres dans les petites librairies Pendant l’émission, Michel Gallo-Bourrain candidat à la mairie de Lyon est dans nos studios pour sa dernière radio avant le 1er tour. Avec aussi un nouvel épisode de notre feuilleton « la salle des personnels du collège deschannel ». Durée : 1h. Source : Radio Canut

  • Annie Ernaux : « J’ai toujours été persuadée que rien n’était jamais gagné pour les femmes »
    http://www.humanite.fr/societe/les-femmes-seront-elles-obligees-de-retourner-chez-558271

    J’ai envie d’entrer de nouveau dans ce combat. Il reste que je suis effarée que l’Espagne en arrive à cette régression. Le choix d’avorter ou non se heurte à des choses plus profondes, qui ne sont pas seulement liées à la liberté des femmes. La nouvelle contestation prend une nouvelle allure qui rejoint la question du respect de la vie, qui se propage d’une façon extrême. D’autant que beaucoup de femmes ne savent plus ce qu’est une absence de contraception, d’avortement libre. On ne sait plus ce que subir un avortement clandestin veut dire. C’est cela qui me perturbe, me fait peur. (...) Source : L’Humanité

  • Patrick Besson - Le billet – Le Point
    http://www.lepoint.fr/editos-du-point/patrick-besson

    La liste Ernaux

    La lettre-pétition d’Annie Ernaux contre Richard Millet dans Le Monde du mardi 11 septembre 2012 a paru accompagnée de 109 noms de personnes que le... 11

    Où l’on constate la calme ignominie d’un auteur locataire de rubrique face à la sottise d’autres écrivains assemblés pour condamner un confrère inexistant ayant « déshonoré la littérature ». Ce qui fait plus d’une centaine d’artistes littérateurs ...

    • C’est que le goulot est étroit, comme leur comprenette. Imaginer « déshonorer la littérature » ! et en plus ce sont tous des écrivains...

  • « 1er-Mai, alerte à l’imposture ! » | Annie Ernaux (Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/28/1er-mai-alerte-a-l-imposture_1692705_3232.html

    Gouverner, c’est diviser, tel est le système Sarkozy. Mais diviser en stigmatisant, en dressant une partie de la population contre l’autre. Depuis 2007, il n’a eu de cesse de créer, d’inventer, par son discours, deux catégories de citoyens, dont l’une est désignée comme responsable des problèmes de l’autre, qu’elle menace sourdement. Ces catégories sont mouvantes, mais toujours tranchées, Français/immigrés, travailleurs/assistés, gens honnêtes/délinquants, victimes... Le discours sarkozien les a si bien installées dans nos habitudes de pensée, ces catégories, qu’il n’est plus besoin qu’elles soient expressément désignées, l’allusion suffit, instantanément décodée par tout le monde, avec les connotations négatives qui leur sont associées (...) Image : Claire Debru Source : Le Monde

  • « 1er-Mai, alerte à l’imposture ! »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/28/1er-mai-alerte-a-l-imposture_1692705_3232.html

    Gouverner, c’est diviser, tel est le système Sarkozy. Mais diviser en stigmatisant, en dressant une partie de la population contre l’autre. Depuis 2007, il n’a eu de cesse de créer, d’inventer, par son discours, deux catégories de citoyens, dont l’une est désignée comme responsable des problèmes de l’autre, qu’elle menace sourdement. Ces catégories sont mouvantes, mais toujours tranchées, Français/immigrés, travailleurs/assistés, gens honnêtes/délinquants, victimes...

    Le discours sarkozien les a si bien installées dans nos habitudes de pensée, ces catégories, qu’il n’est plus besoin qu’elles soient expressément désignées, l’allusion suffit, instantanément décodée par tout le monde, avec les connotations négatives qui leur sont associées. Ce qui est bien sûr le cas ici avec l’expression « vrai travail », qui sous-entend non l’existence absurde d’un faux travail ni même de faux travailleurs (sauf peut-être sans-papiers, clandestins) mais celle de « faux chômeurs », qui ne cherchent aucun travail, des « assistés », terme en vogue depuis cinq ans, donc une catégorie de profiteurs paresseux, naguère soupçonnés de faire la grasse matinée, quand d’autres « se lèvent tôt ».

    Dans ce système binaire qui violente la réalité complexe du pays, sa diversité sociale et culturelle, qui attise les haines, il y a, d’un côté, une France méritante, courageuse, respectueuse des lois, la « vraie » France, légitime sur son sol ancestral, et de l’autre, une population indigne qui n’a pas vocation à incarner cette vraie France, constituée qu’elle est de « communautés » - terme d’exclusion dans le répertoire du chef de l’Etat, repris par les médias sans discussion - d’origine étrangère, d’individus parasites. Un ensemble flou, menaçant, auquel, selon les moments et les circonstances, sont adjoints les grévistes, les profs, voire les juges, censés relâcher tous les délinquants, et « les élites ». La vraie France a droit à des flots de compassion, parce qu’elle « souffre », leitmotiv de la campagne de Sarkozy, l’autre, souvent la plus pauvre et la plus fragile, est vilipendée, livrée en pâture à la première comme source de ses malheurs.

    #Annie_Ernaux