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  • Beyrouth 1978, la révolution au bout du pinceau

    En mars 1978, Israël lance une vaste offensive au Liban sud. Au même moment, l’Organisation de libération de la Palestine organise, à Beyrouth, une exposition d’artistes contemporains qui soutiennent la cause… Le Musée Sursock redonne vie à ce moment historique.

    LE MONDE | 07.09.2018 à 14h14 |
    Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

    https://abonnes.lemonde.fr/m-actu/article/2018/09/07/beyrouth-1978-la-revolution-au-bout-du-pinceau_5351742_4497186.html

    Il faut imaginer Yasser Arafat déambuler entre une toile de l’ex-maoïste parisien Gérard Fromanger, un triptyque du surréaliste chilien Roberto Matta et deux lithographies du maître catalan Joan Miro. Dans le public qui entoure le raïs palestinien, on croise des fedayins (combattants) en treillis, des étudiantes en jupe, des intellectuels tiers-mondistes et des bureaucrates en veste bon marché. Derrière le brouhaha du vernissage, on devine des coups de klaxon et des rafales d’arme automatique, la rumeur ordinaire d’une ville en guerre.

    183 œuvres, issues de 30 pays

    C’était le 21 mars 1978, à Beyrouth, capitale du Liban, de l’OLP et des passions révolutionnaires arabes. Une exposition d’art internationale en solidarité avec la Palestine était inaugurée dans le hall d’une université : 183 œuvres, issues de 30 pays différents, mêlant les genres – peintures, sculptures, gravures, dessins – et les styles – de l’expressionnisme arabe au modernisme japonais, en passant par le social-réalisme soviétique et l’art figuratif militant d’Europe de l’Ouest –, étaient présentées… Jamais un éventail de créations aussi large et diversifié n’avait été présenté jusque-là au Proche-Orient. C’est le croisement improbable du pinceau et de la kalachnikov, le mariage d’une internationale d’artistes et d’une organisation de réfugiés, l’alliance des sans-frontières et des sans-terre. Les deux semaines d’exposition forment une parenthèse enchantée dans le chaos des combats qui dévastent le Liban depuis trois ans. Avec ce coup de génie, la direction palestinienne s’invente une diplomatie culturelle et offre à son peuple, privé d’horizon, un imaginaire visuel haut en couleur.

    Et puis, comme un mirage, tout s’évanouit. La collection de Beyrouth endure le lot commun des musées hors sol. Des œuvres se perdent, d’autres sont détruites, notamment dans des bombardements israéliens, et d’autres encore sont détournées. Trop engagée, trop datée, snobée par l’histoire de l’art officielle, l’exposition de 1978 sombre dans l’oubli. Son souvenir s’étiole à mesure que ses participants s’éteignent.

    Et pourtant, quarante ans plus tard, ce moment unique dans les annales de l’OLP recommence à frémir. Deux curatrices passionnées d’art et de mémoire, la Libano-Palestinienne Rasha Salti et la Libano-Américaine Kristine Khouri, ont entrepris de reconstituer le puzzle. A la manière de détectives, elles ont interrogé tous les témoins encore en vie, fouillé la presse de l’époque, exhumé les archives, couru entre Tokyo, Paris, Le Cap, Casablanca, Potsdam et Los Angeles, en quête d’une bande-vidéo ou d’une coupure de presse.

    « ARAFAT AVAIT COMPRIS QUE LA REPRÉSENTATION N’EST PAS QU’UNE AFFAIRE DE POLITIQUE, QUE C’EST AUSSI UNE AFFAIRE ESTHÉTIQUE. » RASHA SALTI, CURATRICE
    Le résultat de leur enquête est présenté depuis fin juillet au Musée Sursock de Beyrouth, un hôtel particulier à la façade blanc satiné reconverti en musée d’art contemporain. Intitulée « Past Disquiet » (« inquiétude passée »), cette exposition sur l’exposition redonne vie aux fantômes de 1978, ressuscite cette aventure politico-artistique inscrite dans le bouillonnement d’une époque où le combat pour la Palestine, la lutte contre l’apartheid et la dénonciation du régime Pinochet formaient une seule et même cause.

    « L’OLP avait l’obsession de prouver que la Palestine existe, contre la vulgate sioniste qui parlait d’une terre sans peuple destinée à un peuple sans terre, explique Rasha Salti, 49 ans, une touche-à-tout, figure de la scène muséale arabo-occidentale, qui officie aussi comme programmatrice pour Arte. Arafat avait compris que la représentation n’est pas qu’une affaire de politique, que c’est aussi une affaire esthétique. Dans son entourage, il y avait plein de fils de réfugiés qui avaient vécu l’humiliation de la Nakba – l’exode forcé de 700 000 Palestiniens lors de la création d’Israël, en 1948 – et qui voulaient sincèrement refaire le monde pour changer leur destin. Pour eux, il était évident que les artistes devaient être embarqués dans cette entreprise et Arafat leur a donné son feu vert. »

    « EZZEDINE, C’ÉTAIT LA NOBLESSE DE L’OLP, UN VRAI PUR-SANG ARABE. IL VOULAIT FAIRE CONNAÎTRE LA CAUSE PALESTINIENNE PAR LA CULTURE, IL ÉTAIT TRÈS AVANT-GARDISTE. » LEÏLA SHAHID, EX-DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE EN FRANCE
    Le plus inspiré de ces rêveurs, qui sera l’âme de l’exposition, s’appelle Ezzedine Kalak. Agé de 42 ans en 1978, il dirige la représentation palestinienne à Paris, ce que l’on appelle à l’époque le bureau d’information et de liaison de l’OLP, installé 138, boulevard Haussmann. Ce natif de Haïfa, au physique d’acteur de cinéma, parle un français châtié, appris à l’université de Poitiers, où il a soutenu une thèse en physique-chimie. C’est un diplomate à part, avec une inclination affichée pour les milieux de gauche, proche des étudiants et des travailleurs arabes dans l’Hexagone. Aux réunions du Quai d’Orsay, il préfère les débats avec les jeunes cinéastes de la fac de Vincennes, le temple de l’expérimentation soixante-huitarde, et les rencontres avec ses amis de Politique Hebdo, la revue de la gauche non communiste. « Ezzedine, c’était la noblesse de l’OLP, un vrai pur-sang arabe, se souvient Leïla Shahid, qui travaillait à l’époque avec lui et qui ne se doutait pas que, vingt ans plus tard, elle occuperait le même poste. Il voulait faire connaître la cause palestinienne par la culture, il était très avant-gardiste. »

  • Syrie : Israël mène des raids aériens sur une infrastructure militaire - Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 07/09/2017
    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/syrie-israel-mene-des-raids-aeriens-sur-une-infrastructure-militaire_194121

    Cette opération a été menée ce jeudi matin, dans une région où le régime est accusé de développer des armes chimiques. Deux personnes ont été tuées.

    L’armée israélienne a mené ce jeudi des raids aériens dans l’ouest de la Syrie, région où le régime est accusé de développer du gaz sarin.

    « Des avions de guerre israéliens ont tiré à 02h42 des missiles depuis l’espace aérien libanais, ciblant une de nos positions militaires à proximité de Mesyaf, et ont provoqué des dégâts matériels et la mort de deux membres du site », a affirmé l’armée syrienne dans un communiqué.

    Mesyaf est une localité située à environ 60 km à l’est de la ville côtière de Tartous, où l’allié russe du régime de Bachar al-Assad compte une base navale. L’armée syrienne dispose pour sa part d’un site militaire au nord de Mesyaf qui comprend un camp d’entraînement et une branche du Centre de recherches et d’études scientifiques de Syrie (SSRC).

    • L’aviation israélienne frappe un site stratégique syrien

      Des installations du Centre d’études et de recherches scientifiques sont identifiées de longue date comme lieu de production d’armes chimiques.

      LE MONDE | 07.09.2017 à 11h25 • Mis à jour le 07.09.2017 à 11h52 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/09/07/l-aviation-israelienne-frappe-un-site-strategique-syrien_5182258_3218.html

      L’aviation israélienne a frappé, dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 septembre, un site militaire syrien stratégique, près de la ville de Masyaf, dans la province de Hama (ouest). Cette information, relayée jeudi matin par les journaux israéliens, a été confirmée par Damas. Le site est l’une des installations du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), identifié de longue date comme responsable de la production d’armes chimiques, mais aussi de missiles sophistiqués et de roquettes. On ignore la nature des installations visées. Selon l’armée syrienne, deux soldats auraient été tués.

      « Si ces frappes étaient confirmées, elles représenteraient un changement, explique au Monde Yaakov Amidror, ancien chef du Conseil de sécurité national. Cette fois, la cible ne serait plus des convois du Hezbollah libanais, mais un site appartenant au régime syrien, attaqué sûrement car il fabrique des armements pour le Hezbollah. Israël n’agit pas en Syrie en fonction de qui contrôle le pays. Mais on ne permettra pas au Hezbollah d’améliorer ses capacités d’action contre nous. » De son côté, l’ancien chef du renseignement militaire Amos Yadlin s’est réjoui sur Twitter : « Si c’est une attaque israélienne, elle marque enfin une prise de position morale au sujet du massacre en Syrie. »

      Dans un entretien publié le 25 août dans le quotidien Haaretz, le chef sortant des forces aériennes, le major général Amir Eshel, confirmait ouvertement l’implication militaire israélienne croissante en Syrie, visant le Hezbollah et ses convois : « Depuis 2012, je parle de nombreuses, de dizaines d’opérations. Disons qu’on approche un nombre à trois chiffres, dans le nord et dans d’autres secteurs. »

  • Saad Hariri, premier ministre du Liban, vient réclamer aux Européens « un programme d’investissement sur cinq ans, chiffré à 10 milliards de dollars », largement « centré sur les infrastructures ».
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/03/31/le-liban-au-point-de-rupture-appelle-la-communaute-internationale-a-l-aide_5

    À la lecture des quelques articles qui reproduisent ces déclarations, je me rends compte qu’il est rigoureusement impossible au lecteur français de deviner que le même Saad Hariri est également le Président du Conseil d’administration de Saudi Oger, l’entreprise de construction sur laquelle le clan Hariri a entièrement basé sa fortune, et que cette entreprise était, aux dernières nouvelles, incapable de payer ses employés…

    (C’est toujours ce qui m’épate avec la couverture médiatique du Liban dans nos journaux : n’importe quel Libanais qui entend Hariri parler de « reconstruction » au Liban pense illico au lourd passif du clan en la matière… mais dans les journaux français, ce qui relève de l’évidence absolue pour les Libanais disparaît. Je veux dire que le lecteur français croit être tenu au courant d’une actualité libanaise, mais en pratique on ne lui a même pas évoqué – même pour la relativiser – le truc le plus central et évident auquel n’importe quel Libanais pensera illico.)

    Les déboires financiers de Saad étaient encore évoqués la semaine dernière : Saad Hariri absent du classement « Forbes » des milliardaires mondiaux
    https://www.lorientlejour.com/article/1041908/saad-hariri-absent-du-classement-forbes-des-milliardaires-mondiaux.ht

    Un revers de fortune dont visiblement pâtit son président Saad Hariri, à la 1 275e place l’an dernier ; tandis que ses frères, Ayman et Fahd, figuraient tous deux à 1 476e place en 2016. Paradoxalement, s’ils ont tous trois disparu du classement 2017, les dernières estimations de leur patrimoine publiées sur le site internet de Forbes indique toujours qu’ils sont milliardaires : la fortune de Fahd étant estimée à 1,3 milliard de dollars (contre 1,2 milliard dans le classement 2016), celle d’Ayman à 1,2 milliard (comme en 2016) et celle de Saad à 1,1 milliard (contre 1,4 milliard l’an dernier).

    Au contraire, le lecteur du Monde par exemple est supposé comprendre les allusions de Benjamin Barthe telles que :

    « Il ne s’agit pas de construire une tour de bureaux à Solidere », a fait remarquer M. Hariri, en référence à la société chargée de la reconstruction du centre de Beyrouth, qui a suscité de nombreuses polémiques, pour ses réalisations, au style souvent tapageur, et son fonctionnement, volontiers opaque.

    et :

    Le rôle central confié dans ce plan au Conseil du développement et de la reconstruction, l’organisme chargé de l’attribution des marchés publics, dont la transparence est sujette à caution, promet de soulever des questions.

    Je me demande quelle proportion des lecteurs du Monde est capable de comprendre à quoi se réfèrent les énigmatiques tournures « Solidere volontiers opaque » et « le CDR à la transparence sujette à caution ». Et pourquoi des gens suffisamment au courant pour les comprendre iraient suivre l’actualité du Liban dans le Monde.

    • Il y a encore pas mal de libanais qui ne feraient pas du tout le lien entre la reconstruction du Liban et les fortunes amassées par Hariri. Mais il y a tellement d’employés dans diverses sociétés de Hariri qu’on en viendrait a lui souhaiter de nouveaux contrats, juste pour sauver tous ces emplois. Situation lamentable...

  • Emmanuel Macron : « Faire de la destitution d’Assad un préalable à tout a été une erreur »
    LE MONDE | 24.01.2017 à 03h52 • Mis à jour le 24.01.2017 à 07h52 | Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
    http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/01/24/emmanuel-macron-faire-de-la-destitution-d-assad-un-prealable-a-tout-a-ete-un

    Arrivé en début de soirée à Beyrouth, le candidat à la présidentielle a donné une conférence à l’Ecole supérieure des affaires (ESA), un établissement de management français implanté en surplomb de la corniche. Face à un public d’environ 400 personnes, composé d’expatriés, d’étudiants libanais et de binationaux, le fondateur du mouvement En marche ! a vanté les mérites de la « révolution économique et sociale », qu’il espère conduire en cas de victoire au scrutin du printemps.

    Mais Proche-Orient oblige, l’ancien locataire de Bercy s’est aussi aventuré sur des terrains qui lui sont moins familiers, la crise syrienne et le conflit israélo-palestinien, revendiquant en matière de diplomatie « une filiation gaullo-mitterrandienne ».

    (...) Rejet du boycott d’Israël

    Sur la question israélo-palestinienne, M. Macron s’est placé en revanche dans la droite ligne de l’actuel hôte de l’Elysée. Soutien à la solution à deux Etats, mais refus de toute pression effective sur Israël. Il a ainsi réitéré son rejet du BDS (boycottage, désinvestissement, sanctions), un mouvement international, qui appelle à sanctionner l’Etat juif aussi longtemps que se poursuit l’occupation des territoires palestiniens. « Le boycott d’Israël a été condamné par la France et il n’est pas question de revenir là-dessus », a dit le candidat, en référence à un arrêt de la Cour de cassation, en 2015, qui a rendu ce mot d’ordre illégal. Des juristes avaient estimé à l’époque que cette décision contrevenait à la liberté d’expression.

    M. Macron a aussi refusé de s’exprimer sur l’idée d’une reconnaissance de l’Etat de Palestine, avant même la conclusion d’un accord de paix. Cette mesure, conçue comme un moyen de préserver la solution à deux Etats, menacée par la colonisation juive en Cisjordanie, avait été adoptée en 2014 par l’Assemblée nationale. Bien que le Parti socialiste fût à l’initiative de ce vote, d’une portée purement symbolique, M. Hollande a pour l’instant refusé de le traduire en acte.

  • Le criminel de guerre Shimon Peres échappe à la justice humaine -
    par Ben White –
    28 septembre 2016 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
    http://chroniquepalestine.com/criminel-de-guerre-shimon-peres-echappe-a-justice-humaine

    Shimon Peres, décédé mercredi à l’age de 93 ans après avoir subi un accident vasculaire cérébral le 13 septembre, incarne la disparité entre l’image d’Israël en Occident et la réalité de ses sanglantes politiques coloniales en Palestine et dans la région.

    • Pour ceux qui veulent lire :

      L’échec du putsch en Turquie ravit le Qatar... et désole le régime syrien

      LE MONDE | 19.07.2016 à 18h32 • Mis à jour le 19.07.2016 à 18h36 | Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
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      Des partisans de Recep Tayyip Erdogan à Istanbul, le 18 juillet 2016.

      Il y a ceux qui ont manifesté leur soulagement très bruyamment, ceux qui se sont félicités avec quelque retard et plus de modération, et ceux qui se sont tus mais n’en pensaient pas moins. Les réactions des dirigeants du Moyen-Orient à l’échec du coup d’Etat en Turquie, dans la nuit du 15 au 16 juillet, sont révélatrices des lignes de fracture qui parcourent la région et de la polarisation suscitée par la politique et la personnalité du président Recep Tayyip Erdogan.

      L’Etat qui a le plus applaudi à l’écrasement des putschistes est le Qatar. Son émir, Tamim Ben Hamad Al-Thani, a appelé le chef d’Etat turc dès samedi matin, pour lui témoigner son soutien. La presse officielle qatarie a couvert l’événement de façon enthousiaste, en mettant l’accent sur la mobilisation des habitants d’Istanbul, qui ont contribué à barrer la route des militaires factieux.

      « La démocratie survit », clamait le Qatar Tribune, un quotidien anglophone, dans son édition de dimanche. Dans leur ensemble, les éditoriaux saluaient la maturité politique de la population turque, sans un mot ou presque pour la dérive autoritaire du « sultan » Erdogan.

      Lire aussi : Bruxelles joue les équilibristes face à la Turquie après le putsch

      Ce traitement témoigne des nombreuses affinités entre les deux pays, comme le soutien à l’islam politique et à la rébellion syrienne. Dans le régime islamo-conservateur d’Ankara, le Qatar a trouvé une sorte de grand frère diplomatique. Lorsqu’il a dû congédier, sous la pression de ses voisins du Golfe, les Frères musulmans égyptiens qu’il hébergeait sur son territoire, ceux-ci ont naturellement trouvé refuge en Turquie.

      Le renversement de M. Erdogan aurait été une catastrophe pour Doha, qui est relativement isolé sur la scène régionale depuis que le président égyptien Mohamed Morsi, issu de la confrérie, a été évincé du pouvoir par le général Abdel Fattah Al-Sissi, en 2013. Ankara a d’ailleurs prévu d’ouvrir une base militaire dans l’émirat, qui s’ajoutera à celle dont disposent déjà les Etats-Unis.

      Les autres monarchies de la péninsule arabique se sont également réjouies de la défaite des factieux turcs, mais avec moins d’effusion et d’empressement. L’Arabie saoudite a approuvé le « retour à la normale en Turquie sous la conduite du président et de son gouvernement élu », tandis que les Emirats arabes unis (EAU) ont exprimé leur attachement « à une Turquie stable et sûre ». A la demande d’Ankara, l’attaché militaire de l’ambassade de Turquie au Koweït, visiblement soupçonné d’avoir trempé dans le putsch, a été arrêté à Dammam, en Arabie Saoudite, alors qu’il s’apprêtait à s’envoler vers l’Allemagne.
      « Malheureux » échec

      La couverture des médias audiovisuels saoudiens et émiratis a cependant été un peu hésitante dans les premières heures du coup d’Etat. La chaîne Al-Arabiya, propriété de Riyad, et son homologue Sky News Arabia, financée par Abou Dhabi, ont participé à la propagation de la fausse rumeur alléguant que M. Erdogan aurait demandé l’asile en Allemagne. Selon le commentateur libanais As’ad Abou Khalil, auteur du blog Angry Arab, un présentateur d’Al-Arabiya a même déclaré à l’antenne que le coup d’Etat avait « malheureusement » échoué.

      Lire la tribune du journaliste Ali Bayramoglu : La confrérie Gülen est responsable des troubles qui secouent la Turquie

      S’ils apprécient l’engagement anti-Assad d’Ankara, ainsi que le rôle de contrepoids à l’Iran que la Turquie joue à l’échelle régionale, les Saoudiens voient d’un mauvais œil son tropisme islamiste. Cette méfiance est encore plus prononcée à Abou Dhabi qui considère les Frères musulmans comme un mouvement terroriste et n’a jamais vraiment pardonné au Qatar de s’en être fait le sponsor durant les printemps arabes.

      A l’opposé de ces témoignages de soutien, plus ou moins affirmés, à M. Erdogan, deux Etats se sont distingués par leur assourdissant silence : la Syrie bien sûr, mais aussi l’Egypte. Ni l’une ni l’autre n’ont réagi à la mutinerie, qu’elles auraient évidemment voulu voir réussir. La première reproche à M. Erdogan, son ennemi public numéro un sur la scène internationale, de soutenir les groupes armés rebelles, qu’elle qualifie de « terroristes » ; la seconde ne tolère pas le soutien du président turc aux Frères musulmans et son insistance à qualifier le renversement de M. Morsi de « coup d’Etat ».

      Au Conseil de sécurité des Nations unies, l’Egypte s’est d’ailleurs opposée samedi à une déclaration appelant toutes les parties à « respecter le gouvernement démocratiquement élu de Turquie ». Selon des diplomates s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, l’Egypte, qui occupe l’un des sièges tournants du Conseil, a estimé que cet organe n’était pas à même de déterminer si le gouvernement turc avait été élu démocratiquement.
      « Dans le pire des scénarios,
      si Erdogan restait au pouvoir... »

      A Damas, dans la nuit de vendredi à samedi, peu après que les putschistes eurent annoncé prématurément leur victoire, des centaines de partisans du président Assad sont descendus dans les rues, drapeaux syriens en main, pour célébrer ce qu’ils croyaient être la chute de leur bête noire. Au Caire, c’est la presse semi-gouvernementale qui a trahi l’état d’esprit du pouvoir. Trois quotidiens, dont le vénérable Al-Ahram, visiblement plus pressés d’en finir avec Erdogan que de respecter les fondamentaux du journalisme, ont proclamé dans leur édition de samedi le succès du coup d’Etat.

      Même précipitation éloquente à la télévision. « Ce qui se déroule en Turquie n’est pas un coup d’Etat, pas du tout, clamait Ahmed Moussa, présentateur de l’un des talk-shows les plus regardés d’Egypte. C’est une révolution de l’intérieur de l’armée. Et à chaque fois que l’armée turque lance une révolution, elle gagne. » Pendant ce temps, sur la chaîne syrienne Sama, une présentatrice demandait à un analyste politique : « Dans le pire des scénarios, si Erdogan restait au pouvoir, que se passerait-il ? » Le dimanche, confronté au fiasco des putschistes, le quotidien syrien Al-Thawra trouvait la parade, en affirmant que le coup d’Etat est une machination destinée à salir la réputation de l’armée…

      En Israël, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a offert un soutien mesuré au mot près à M. Erdogan. Dans un communiqué laconique, publié quinze heures après le début des événements, alors que l’échec du coup d’Etat était patent, le ministère des affaires étrangères a déclaré qu’Israël « respecte le processus démocratique en Turquie et est impatient de poursuivre le processus de réconciliation » avec Ankara. Longtemps à couteaux tirés, du fait du drame du Mavi Marmara – un navire turc, en route vers Gaza, dont l’arraisonnement par des commandos israéliens a fait neuf morts en 2010 –, les deux pays ont signé fin juin un accord visant à normaliser leurs relations. Selon M. Nétanyahou, le coup d’Etat manqué ne devrait pas affecter ce rapprochement.

    • On a tout et son contraire sur le sujet. Les réactions américaines montrent que les occidentaux auraient été ravis de se débarrasser de ce gvt, du fait en particulier que les turques se rapprochent de la sphère russe. Le blocage de la base aérienne de l’OTAN en est un des éléments matériels.

  • Alep, capitale de la rébellion syrienne, encerclée
    http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/07/12/alep-capitale-de-la-rebellion-syrienne-encerclee_4968265_1618247.html

    J’aime bien les titres de Benjamin Barthe. « Alep, capitale de la rébellion syrienne, encerclée »... Quoi qu’on pense du camp d’en face, il oublie juste de dire que la plus grosse partie de la ville, et de ce qu’il reste de sa population, n’a jamais été perdue par le régime. Et il passe sous silence le fait que la « rébellion » n’a jamais présenté un front uni et qu’elle resssemble de plus en plus, en dépit de la présence d’authentiques militants, à une vaste coallition hétéroclite de mercenaires souvent fanatisés en provenance de tous les horizons. Il se dispense sans doute de rappeler (l’article est en pay wall) que la ville a rejoint très très tardivement la « rébellion », faute d’adhérer à ses idées pour une très grande partie de sa population... Un bon titre en somme... #syrie

    • sans paywall


      Il lui aura fallu un an et demi de combats acharnés, de progression lente, centaines de mètres par centaines de mètres, mais le régime Assad a finalement atteint son but. Alep, la capitale de la rébellion syrienne dans le nord de la Syrie, est désormais encerclée par ses troupes. Jeudi 7 juillet, avec le soutien de l’aviation russe, celles-ci sont parvenues à couper la fameuse route de Castello, la dernière voie de ravitaillement des quartiers orientaux de la ville, aux mains de l’insurrection depuis l’été 2012.

      C’est une victoire importante pour les autorités de Damas et un tournant potentiel dans la guerre civile qui fait rage depuis plus de cinq ans et a fait des centaines de milliers de morts. Si les rebelles échouent à repousser leurs adversaires, Alep-est, dont la population est estimée à près de 200 000 habitants, pourrait subir un siège en règle, en plus des bombardements quasi quotidiens des avions russes et syriens. « La situation est très difficile, confesse Brita Haj Hassan, le président du Conseil local, qui gère les quartiers orientaux, joint par WhatsApp, une application de téléphonie par Internet. Il n’y a déjà presque plus de légumes sur les marchés. Le prix du riz et du sucre a été multiplié par trois en une semaine. Nous sommes au bord d’une catastrophe humanitaire. »

      C’est un tournant potentiel dans la guerre civile qui fait rage depuis plus de cinq ans en Syrie

      La route de Castello, qui démarre dans les faubourgs nord d’Alep puis oblique vers l’ouest en direction de la frontière turque, était dans le collimateur de l’armée syrienne et de ses supplétifs chiites étrangers (irakiens, iraniens et libanais) depuis le mois de novembre 2014. A l’époque, les forces loyalistes se trouvaient à une dizaine de kilomètres de cet axe stratégique, par où transite toute l’aide envoyée vers la ville, alimentaire comme médicale. C’est ce chemin qu’empruntent par exemple les médecins syriens qui alternent les périodes de travail, très éprouvantes, dans les hôpitaux de l’est, et les phases de récupération, auprès de leur famille, en Turquie.

      « Victoire indiscutable »

      L’avancée des troupes loyalistes s’est faite en deux temps principalement : en février, à la faveur d’une vaste offensive, soutenue par l’aviation russe, elles ont progressé au nord d’Alep, coupant la ville du terminal de Bab Al-Salamah, l’une de ses deux voies d’accès à la Turquie. Puis, la semaine dernière, alors même que Damas avait décrété un « régime de calme », qui supposait une suspension des combats, elles se sont emparées des fermes de Mallah, une colline à 500 mètres de la route de Castello. Cette position haute leur permet d’interdire tout trafic entre Alep et sa banlieue et de rompre le lien avec Bab Al-Hawa, l’autre poste frontalier avec la Turquie, à l’ouest.

      Le Conseil local des quartiers-est déconseille désormais aux civils de sortir de la ville. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), un homme et ses deux fils qui circulaient vendredi 8 juillet sur la route de Castello ont été tués par des tirs provenant des forces pro-Assad. « Le régime a remporté une victoire indiscutable, mais la position de ses forces est encore fragile, souligne Sinan Hatahet, analyste au think tank Omran, proche de l’opposition syrienne. Il a besoin d’avancer sur d’autres axes pour prendre un contrôle définitif de la route de Castello. »

      Les deux contre-offensives lancées ces derniers jours par les brigades rebelles ont cependant échoué. Dimanche, une trentaine de combattants, membres du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et de Faylaq Al-Sham, un groupe armé affilié aux Frères musulmans, ont péri alors qu’ils s’approchaient des fermes de Mallah. Quasi hégémonique dans la province voisine d’Idlib, les djihadistes du Front Al-Nosra jouent un rôle secondaire à l’intérieur d’Alep, où la défense des quartiers orientaux est conduite par des groupes locaux, soutenus pour certains par les Etats-Unis.

      Percée diplomatique

      Lundi, une deuxième opération, dirigée contre la citadelle d’Alep, située dans la zone sous contrôle gouvernemental, et destinée à soulager le front de Castello, a fait long feu elle aussi. Les insurgés, arrivés par des tunnels, ont dû battre en retraite sous les tirs ennemis. Simultanément, des centaines d’obus de mortiers ont été tirées sur les secteurs ouest, tenus par les loyalistes, faisant cinq morts et des dizaines de blessés, selon l’OSDH.

      La percée des pro-Assad à Alep s’ajoute à la progression des forces régulières dans deux autres zones clés : dans la Ghouta, la banlieue orientale de Damas, un vaste fief rebelle, qui rétrécit de plus en plus, sous les coups de boutoir de l’armée et les bombardements russes ; et à Daraya, au sud de la capitale syrienne, ville pionnière de la révolte pacifique de 2011, encerclée et affamée depuis quatre ans, assommée de barils explosifs, où l’armée a déclenché un assaut qu’elle espère final.

      Le moment est d’autant plus porteur pour le régime Assad qu’il marque des points sur le terrain diplomatique aussi. La réconciliation entre la Turquie et la Russie, scellée fin juin, qui a clos l’escalade déclenchée par la destruction d’un avion de chasse russe dans le ciel turc en novembre, constitue une bonne nouvelle pour Damas, dont Moscou est le principal protecteur avec Téhéran. Les autorités syriennes espèrent que cette normalisation sera le prélude à un recentrage d’Ankara, jusque-là fer de lance du front anti-Assad sur la scène internationale et principal sponsor des groupes rebelles.

      «  Encercler Alep, c’est une chose, mais la reprendre, c’est une tout autre affaire », observe l’analyste Sinan Hatahet
      Le régime Assad peut aussi se féliciter de l’accroissement de la coopération entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien. Mercredi 6 juillet, le président américain, Barack Obama, et son homologue russe, Vladimir Poutine, sont convenus d’« intensifier » leur coordination militaire. Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants ont confirmé leur détermination à combattre non seulement l’organisation Etat islamique, cible de frappes régulières des Etats-Unis, mais aussi le Front Al-Nosra, beaucoup moins visé par Washington. Samedi, au sommet de l’OTAN à Varsovie, le président français, François Hollande, a appelé lui aussi à étendre la guerre contre l’EI à la branche syrienne d’Al-Qaïda.

      Malgré ces évolutions, favorables à Damas, le siège d’Alep, s’il se confirme, pourrait durer très longtemps. Les quartiers orientaux de la ville sont beaucoup plus étendus que le vieux centre de Homs, où les insurgés avaient résisté près de trois ans à l’encerclement de l’armée syrienne. « Encercler Alep, c’est une chose, mais, la reprendre, c’est une tout autre affaire, dit Sinan Hatahet. Le régime et ses alliés n’ont pas les ressources humaines suffisantes pour entreprendre une bataille pareille. S’ils ouvrent ce front, ils devront en dégarnir d’autres, et c’est le Front Al-Nosra qui en profitera. »

  • Sur l’article du Monde : Avec la reprise de Palmyre, le régime Assad s’offre une victoire militaire et médiatique
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/03/28/avec-la-reprise-de-palmyre-le-regime-assad-s-offre-une-victoire-militaire-et

    (1) Benjamin Barthe n’attend pas : après avoir annoncé que les forces pro-régime avaient tout de même perdu 180 combattants dans l’attaque contre Palmyre, dès le paragraphe suivant il embraie sur le thème imposé d’une « opération hautement symbolique ».

    Toujours cette tendance insupportable de nos médias à analyser tout, y compris des opérations militaires impliquants des centaines de morts, sous l’angle des relations de presse. J’avais évoqué cet axe de comm. pour Palmyre avant-hier :
    http://seenthis.net/messages/473274

    Cette confusion entre les réalités militaires (allant de la répression froide aux grandes opérations à l’échelle de villes) et les prestations médiatiques (plus ou moins mauvaises) de nos ennemis me semble fondamentale. (C’est un point à travailler.)

    (2) Tout en consacrant plusieurs paragraphes à la « tactique d’évitement du régime », qui « évitait » de se confronter à Daech, l’article livre deux phrases qui devraient lourdement interroger cette narrative :

    La trêve en vigueur depuis la fin février avec les rebelles a aussi permis à Damas et ses alliés d’affecter à cette opération hautement symbolique un nombre très élevé de forces, puisées dans différents corps…

    et, de manière encore plus explicite à la fin :

    Si la trêve se poursuit avec les rebelles, les troupes loyalistes pourraient aussi faire mouvement vers Rakka, plus au nord, dont les Forces démocratiques syriennes, une alliance kurdo-arabe, se rapprochent depuis quelques semaines.

    Il faut ici rappeler le vilain petit secret balancé par François Burgat fin janvier :
    http://seenthis.net/messages/458752

    en bombardant ISIS, nous avons « renforcé le régime, indirectement, en le libérant de la pression militaire de Daech », et du coup, il n’a plus « d’intérêt existentiel à négocier »…

    À mon avis, toute l’importance de l’agitation et de la focalisation médiatique du point 1 consiste à éviter que le public n’arrive à la conclusion évidente du point 2 : si Daesh constituait une « pression militaire » contre le régime dans l’intérêt de la rébellion, à l’inverse « les rebelles » constituent tout autant une « pression militaire » sur le régime qui interdisait au régime de combattre ISIS.

    Bien que la conclusion soit évidente, il ne faut surtout pas formuler cette autre évidence : dans le cas où la trêve cesserait et que les combats reprendraient entre le régime et les « rebelles mainstream », il ne fait aucun doute que le régime s’empresserait d’interrompre ses combats contre Daesh et faire largement savoir qu’il ne peut pas avancer contre ISIS alors qu’il se fait « poignarder dans le dos » par les rebelles. Ça me semble aussi évident que 1+1=2… Les points (1) et (2) ci-dessus me semblent mener tout droit à ce cauchemar pour le fan-club de la rébellitude syrienne.

  • L’armée saoudienne prise au piège du bourbier yéménite, par Nathalie Guibert et Benjamin Barthe
    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/24/l-armee-saoudienne-prise-au-piege-du-bourbier-yemenite_4888970_3210.html

    Pour la nouvelle direction saoudienne, et notamment l’impétueux Mohamed Ben Salman, fils du roi et ministre de la défense, qui avait fait de cette intervention le symbole d’une politique extérieure beaucoup plus offensive, l’échec est rude. Il met en lumière le manque d’efficacité des forces aériennes du royaume, principales contributrices de la coalition, qui, non seulement multiplient les erreurs de tir dévastatrices, mais ont du mal à faire reculer leurs adversaires.

    La rébellion houthiste, qui s’est emparée de pans entiers du Yémen au début de l’année 2015 et derrière laquelle Riyad voit la main de son ennemi iranien, reste solidement ancrée dans la capitale, Sanaa. Le mouvement de reconquête par le sud, lancé par les forces fidèles au président légitime, Abd Rabo Mansour Hadi, à la suite de la reprise d’Aden en juillet, bute toujours sur les verrous de Taëz et de Moka.

    #arabie_saoudite #yémen #guerre

    (l’article est très bien hors la métaphore du bourbier)

    • On reste tout de même dans la narrative de bon goût.

      Quand les Russes bombardent des hôpitaux en Syrie, on nous explique clairement qu’il s’agit d’une tactique délibérée, pour les plus gentils une technique de contre-insurrection, pour les plus critiques terroriser les populations. Pour les mêmes faits au Yémen, l’article hésite entre incompétence (trop haut) et incompétence... (pas assez entraînés).

      Ce qui renvoie à un manque très général des articles de bon goût concernant les guerres de cette région : les dégâts collatéraux, les destructions massives des infrastructures, la montée des haines sectaires, les milices islamistes incontrôlables, l’éclatement des pays... malgré leur aspect systématique et parfaitement prévisible, sont toujours présentés comme des effets surprenants et indésirables des conflits. Or quand on interroge les locaux (sondages, discussions), on entend très souvent que les gens pensent que tout cela est délibéré et fait partie en réalité des buts de guerre. (Ce à quoi nos journaux répondent soit en occultant l’opinion générale des populations, soit en la taxant de complotisme.)

  • Jamal Maarouf : « l’Armée syrienne libre est sous la coupe d’Al-Nosra »
    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/jamal-ma-arouf-l-armee-syrienne-libre-est-sous-la-coupe-d-al-nosra_4883276_3

    Au sein de l’opposition syrienne, le nom de Jamal Maarouf suscite des commentaires diamétralement opposés. Certains sont reconnaissants à cet ex-ouvrier du bâtiment, qui commanda le Front des révolutionnaires syriens (FRS), une brigade rebelle modérée, d’avoir été le principal artisan de « la deuxième révolution syrienne », à savoir l’expulsion des djihadistes de l’Etat islamique (EI) des provinces d’Idlib, de Hama et de la ville d’Alep, en janvier 2014.
    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/jamal-ma-arouf-l-armee-syrienne-libre-est-sous-la-coupe-d-al-nosra_4883276_3

    • Bon, ceci dit quiconque a suivi la chronologie des choses sait que Jamal Maarouf est un vil escroc,

      http://seenthis.net/messages/237151#message243841

      https://news.vice.com/article/in-photos-running-with-the-wolves-of-syria

      Led by the controversial commander Jamal Maarouf, the SRF’s brigades had long won a poor reputation among Syrian civilians for looting, extortion and banditry, so much so that ISIS were initially welcomed by many Syrians for the effective, if brutal order they established.

    • barthes dit bien qu’il est suspecté d’exactions, dans son intro. L’interview est utile, en ce sens que son Front de révolutionnaire de syrie, même si écroulé dans pas mal de régions, est très actif dans le sud et dans la région du Golan.

    • @assalam12 : oui, sauf que Barthe rapporte les propos de Maarouf qui se plaint de ce que les USA n’ont pas vraiment combattu al-Nousra mais il oublie tout de même de rappeler que le même Maarouf déclarait à The Independent en 2014 qu’al-Nousra « n’était pas son problème ». Il admettait même combattre aux côtés d’al-Nousra : http://seenthis.net/messages/244053
      L’article en question a disparu du site de The Independent mais l’on en trouve la reproduction un peu partout sur le Net :
      http://www.handsoffsyriasydney.com/articles/i-am-not-fighting-against-al-qaida-its-not-our-problem-says-wests-last-hope-in-syria/?print=pdf

      Speaking from a safe house on the outskirts of the Turkish
      town of Antakya, Jamal Maarouf, the leader of the Syrian
      Revolutionary Front (SRF) told The Independent that the fight against al-Qa’ida was “not our problem” and admitted his fighters conduct joint operations with Jabhat al-Nusra – the official al-Qa’ida branch in Syria.
      [...]
      But while Maarouf and his men were happy to fight Isis, a
      group of predominantly foreigners, he said he would not go
      after Jabhat al-Nusra. “It’s clear that I’m not fighting
      against al-Qa’ida. This is a problem outside of Syria’s
      border, so it’s not our problem. I don’t have a problem with
      anyone who fights against the regime inside Syria,” he said.
      Maarouf admits to fighting alongside Jabhat al-Nusra
      – one example being the offensive against Isis, whose brutal tactics were deemed too violent even for al-Qa’ida leader Ayman al-Zawahiri.

      Et dans le même article Maarouf admettait, cerise sur le gâteau, partager les armes qu’il recevait avec al-Nousra dans les cas d’opérations conjointes, à la demande de ses « soutiens » :

      While Maarouf maintains that their military supplies are too few to share, he cites the battle of Yabroud, against the regime, as an example of how his group shared weapons with Jabhat al-Nusra.
      “If the people who support us tell us to send weapons to another group, we send them. They asked us a month ago to send weapons to Yabroud so we sent a lot of weapons there. When they asked us to do this, we do it.”

      Ces remarques n’enlèvent rien au fait que c’est déjà un petit évènement que de voir enfin admis dans Le Monde ce que tout le monde sait depuis bien longtemps - et la DIA américaine au moins depuis 2012...

    • Du vide intersidéral, mais il faut toujours contourner la frustration des #PayWall

      Face à l’Iran, l’Arabie saoudite et ses alliés exhibent leur puissance militaire

      Le Monde | 12.03.2016 à 07h36 • Mis à jour le 12.03.2016 à 11h02 | Par Benjamin Barthe (Hafar Al-Batin (Arabie saoudite), envoyé spécial)
      Exercices militaires "tonnerre du Nord" à Hafar Al-Batin, en Arabie saoudite, le 10 mars 2016.

      Avec « Tonnerre du Nord », l’Arabie saoudite a voulu frapper fort. Cet exercice militaire de grande ampleur, organisé depuis un mois dans le nord-est du royaume, s’est achevé vendredi 11 mars dans le fracas des F-15 saoudiens. Les aéronefs ont fait hurler leurs réacteurs au-dessus du stade de Hafar Al-Batin, une ville de garnison, où des troupes et des colonnes de blindés appartenant à vingt nations différentes ont défilé sous le regard du roi Salman. Une démonstration de force adressée à l’Iran, le grand voisin honni, avec lequel l’Arabie saoudite est à couteaux tirés.

      Lire aussi : Les Iraniens unis face à la guerre en Syrie

      Présentées comme le plus grand rassemblement de forces armées dans le Golfe depuis l’opération « Tempête du désert », lancée en 1991, à la suite de l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein, ces manœuvres ont réuni des dizaines de milliers de soldats. Des militaires venus principalement du Proche-Orient (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Oman, Bahreïn, Jordanie, Egypte), mais aussi du Maghreb (Maroc, Tunisie), d’Afrique subsaharienne (Sénégal, Tchad, Djibouti, Soudan, Mauritanie, Comores, île Maurice) et d’Asie (Malaisie, Maldives, Pakistan).

      De la presse locale, jamais à court de superlatifs, aux journalistes étrangers, conviés en nombre, en passant par la cérémonie de clôture, réglée au millimètre, et la débauche de munitions utilisées dans les simulations de combat, tout a été fait pour donner à ces manœuvres un retentissement exceptionnel. Quitte à gonfler les chiffres : les médias saoudiens ont d’abord parlé de 150 000 soldats, avant de passer, de manière inexpliquée, à 350 000. Des annonces jugées fantaisistes par le site britannique Jane’s, spécialisé dans les questions de défense, selon lequel l’exercice « Brightstar », qui a rassemblé en Egypte, en 1999, 73 000 soldats de 11 pays, était plus important que « Tonnerre du Nord ».
      Des Saoudiens prennent des photos des exercices militaires à Hafar Al-Batin, le 10 mars 2016.
      Coalition d’Etats sunnites

      A défaut de battre des records, le pays hôte a soigné le spectacle. Les dignitaires étrangers, conviés jeudi sous un chapiteau blanc dressé dans le désert, comme le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, ont assisté à une reconstitution de bataille particulièrement saisissante. Avec libération d’otages par des forces héliportées, attaques en piqué de chasseurs-bombardiers Typhoon, passage en rase-mottes d’hélicoptères Apache, arrosant les dunes d’un déluge de roquettes, barrage d’artillerie…

      A la fin de cette superproduction de trois heures, l’horizon était barré d’un immense rideau de fumée grise. « J’ai déjà assisté à des manœuvres de l’OTAN, mais je n’ai jamais vu autant de projectiles tirés en aussi peu de temps, faisait remarquer un attaché militaire occidental. Ils nous en ont mis plein les yeux. » « C’était impressionnant, mais l’important, c’est ce qui se passe avant le show de clôture, pendant les exercices à proprement parler, et là-dessus nous n’avons aucune information », nuançait un autre expert.

      L’objectif officiel consistait à tester l’interopérabilité des vingt armées participantes, qui figurent pour la plupart dans l’alliance islamique contre le terrorisme, annoncée en décembre par Mohammed Ben Salman, le fils du roi et ministre de la défense. Cette coalition d’Etats sunnites, qui ressemblait alors à une coquille vide, a trouvé, à la faveur de ces exercices, un début de concrétisation. Ses 34 membres ont prévu de se réunir pour la première fois, dans le royaume, d’ici à la fin du mois. L’organisation Etat islamique (EI) a perpétré plusieurs attentats sanglants sur le territoire saoudien, le dernier en date contre une mosquée chiite, remontant à la fin janvier.

      Lire aussi : La légion d’honneur en cachette pour le prince héritier saoudien

      Mais le message envoyé par « Tonnerre du Nord » était surtout destiné à l’Iran. La maison des Saoud est en situation de guerre indirecte avec la République islamique d’Iran dans deux pays de la région : en Syrie, où Riyad combat par alliés interposés le régime de Bachar Al-Assad, soutenu par des milices chiites pro-Téhéran, dont le Hezbollah libanais ; et au Yémen, où l’aviation saoudienne bombarde depuis un an les houthistes, une rébellion de confession zaïdite (une branche du chiisme), épaulée politiquement par l’Iran.
      « Posture plus offensive »

      Depuis le début de l’année, marquée par le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran, en représailles à l’exécution d’un célèbre dissident chiite saoudien, la tension entre les deux rivaux est montée en flèche. Vendredi, à l’instigation de Riyad, la Ligue arabe a désigné le Hezbollah comme une organisation terroriste.

      Au même moment, le haut gradé saoudien faisant office de Monsieur Loyal durant la parade de Hafar Al-Batin s’époumonait contre « les Iraniens de Téhéran et les membres du Hezbollah qui s’attaquent à [nos] terres ». Des propos révélateurs de l’état d’esprit des dirigeants saoudiens malgré les dénégations du porte-parole de l’armée, qui, trois jours plus tôt, assurait, sans convaincre, que « Tonnerre du Nord ne visait pas l’Iran ».
      « C’est un message pour Téhéran, mais c’est aussi une manière [pour Riyad] de faire pression sur ses alliés américains et européens »

      « L’exercice de cette année s’inscrit dans la posture plus offensive adoptée par Salman et son fils, analyse Jean-Marc Rickli, professeur au King’s College de Londres et spécialiste des questions de sécurité dans le Golfe. C’est un message pour Téhéran, mais c’est aussi une manière [pour Riyad] de faire pression sur ses alliés américains et européens, au moment où ils lâchent du lest sur Bachar Al-Assad et alors que ce dernier, avec l’aide des Russes, regagne de plus en plus de terrain. »

      Lire aussi : Le fils du roi Salman, un héritier pressé et ambitieux en Arabie saoudite

      Début février, Riyad s’était dit prêt à envoyer des forces spéciales en Syrie. Dans le cadre, officiellement, de la coalition anti-EI sous égide américaine, mais dans l’espoir, implicite, qu’un tel déploiement profite aux rebelles. Bien que saluée par Washington, l’initiative n’a guère de chances d’aboutir, la Maison-Blanche donnant la priorité aux négociations intersyriennes, qui doivent reprendre lundi 14 mars. C’est pour les préparer que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est rendu vendredi soir dans le royaume.

  • Qatar et Arabie Saoudite : un rôle mineur dans le financement de l’EI
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/11/29/arabie-saoudite-et-qatar-le-soupcon-permanent-d-un-financement-du-golfe_4820

    Qatar et Arabie Saoudite : un rôle mineur dans le financement de l’EI

    Il a raison Benjamin Barthe (qui a bien changé, ou plus exactement qui a changé en mal), ça suffit ce #wahhabite_bashing ! Pay Wall mais, de toute manière, le premier argument - l’Arabie saoudite et le Qatar sont dans la cible - ne m’incite pas vraiment à aller plus loin !

  • L’affaire Salah Hamouri : un tabou français ? - The Dissident - The Dissident
    http://the-dissident.eu/8005/laffaire-salah-hamouri-un-tabou-francais


    http://www.dailymotion.com/video/x25o15s_teaser-affaire-salah-hamouri_webcam

    « Benjamin Barthe, qui était correspondant du Monde à Ramallah, s’est étonné qu’après quatre ans d’emprisonnement de Salah, et, malgré le remue-ménage qu’a fait sa mère, il n’y ait même pas eu de dépêche AFP [Agence France Presse, ndlr]. Le seul journal à en avoir parlé, c’est l’Humanité », poursuit le documentariste. Un manque d’intérêt qu’il trouve d’autant plus étrange que les médias français « sont habituellement friands de ce genre d’histoires ». Et d’expliquer : « Salah Hamouri, qui est français par sa mère, n’a qu’un passeport français. Comme tous les citoyens arabes de Jérusalem, il n’a pas de passeport israélien, juste une carte de résidence permanente ».
    Nadir Dendoune au Grand Journal, le 24/09/12.

    Nadir Dendoune au Grand Journal, le 24/09/12.

    Pourquoi, dès lors, une telle absence d’information quant à la situation d’un ressortissant français ? « Je l’ai vu dans ma carrière de journaliste : le conflit israélo-palestinien est une question sensible, qui génère de l’autocensure. Il faut toujours faire gaffe à ce qu’on dit. On chuchote dans les rédactions. On sent une gêne, un malaise ». Une attitude qui, selon lui, est loin d’apaiser les esprits. « Il n’y a rien de pire qu’une parole qui n’est pas libre – dans les limites de la loi. C’est là que des gens deviennent frustrés, constate-t-il. On parle de liberté d’expression tous les jours. Mais cette liberté d’expression est à géométrie variable. Certaines personnes ont moins droit de cité que d’autres. En Angleterre, en Belgique, en Suisse, la parole est plus libre. »

  • Grâce à Benjamin Barthe à Beyrouth, Le Monde te publie « un flot de rumeurs invérifiables », des « versions colportées », regroupées en un florilège de « rumeurs, tout aussi impossibles à authentifier » les unes que les autres…

    Mort suspecte du chef de la sécurité politique d’Assad
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/04/25/mort-suspecte-du-chef-de-la-securite-politique-d-assad_4622631_3218.html

    Comme il est de coutume dans le régime syrien, royaume de l’opacité, la disparition de M. Ghazaleh, un sunnite originaire de Deraa, dans le sud du pays, n’a fait l’objet d’aucun commentaire officiel mais a suscité un flot de rumeurs invérifiables, à la mesure de l’aversion suscitée par le personnage dans les milieux anti-Assad. L’une des versions les plus colportées affirme que l’ex-baron des services de sécurité syrien, roué de coups par les gros bras de son rival, a fait les frais de son opposition à l’implication grandissante des pasdarans iraniens, l’unité d’élite de la République islamique, dans la conduite des combats contre les rebelles syriens.

    Une autre thèse attribue le différend entre les deux hommes au refus de M. Chéhadé de laisser son homologue prendre part à l’offensive lancée cet hiver dans sa province natale de Deraa. Dans une vidéo diffusée en décembre sur les réseaux sociaux, des hommes étaient filmés en train de mettre à feu une villa présentée comme celle de M. Ghazaleh, dans le village de Qarfa, dans le but d’éviter que celle-ci ne tombe entre les mains des insurgés.

    D’autres rumeurs, tout aussi impossibles à authentifier, relient l’algarade fatale à des histoires de trafic de mazout, ou encore à l’intention prêtée à M. Ghazaleh de publier ses mémoires, ce qui aurait pu inquiéter M. Assad, compte tenu du rôle de premier plan joué par son affidé dans la mise en coupe réglée du Liban.

    […]

    Les milieux antisyriens au Liban font remarquer que d’autres cadres du régime, possiblement impliqués dans l’attentat contre M. Hariri, ont disparu ces dernières années, dans des circonstances floues.

    Si c’est pas du journalisme de qualité… #je_sais_rien_mais_je_dirai_tout

  • Israël-Gaza : pourquoi l’histoire se répète
    LE MONDE | 15§16.07.2014 | Benjamin Barthe
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/07/15/le-compte-a-rebours-avant-la-prochaine-confrontation-israelo-palestinienne-a

    Pour échapper à ce fatalisme, il faut raconter une autre histoire. L’occupation de la bande de Gaza, contrairement à ce qu’affirme Israël, n’a pas pris fin avec le départ du dernier de ses soldats, le 11 septembre 2005. Comme le rappelle opportunément l’ONG israélienne Gisha sur son site Internet, l’Etat hébreu continue de contrôler des pans entiers de la vie des Gazaouis : le registre d’état civil, les eaux territoriales, l’espace aérien et l’unique terminal commercial.

    L’armée israélienne interdit à la quasi-totalité des habitants de se rendre en Cisjordanie, en violation des accords d’Oslo, qui faisaient des deux territoires palestiniens une seule et même entité juridique. Les habitants de l’enclave sablonneuse n’ont pas non plus le droit de pénétrer dans la « zone tampon », bande de 500 m à 1 km de large le long de la frontière avec Israël, où ils possèdent souvent des terres agricoles. Ceux qui s’y risquent se font systématiquement tirer dessus.

    (...)
    Toutes les trêves négociées par le passé ont comporté des clauses de levée ou d’allègement du blocus, comme la réouverture du terminal de Rafah, avec l’Egypte, ou l’élargissement de la zone de pêche. Et toutes ont été ignorées, partiellement ou entièrement, par Israël et son allié égyptien. Celle qui est en cours d’élaboration ne fera pas exception.

    (...)
    Or vendredi 11 juillet, en marge d’une conférence de presse consacrée à Gaza, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déclaré qu’il était catégoriquement opposé à la création d’un Etat palestinien souverain. Un accès de franchise rare, signalé par le site d’information Times of Israel, mais passé sous silence dans les médias occidentaux. En l’absence d’un tel horizon, l’armée israélienne peut déjà réfléchir au nom de code de la prochaine opération contre Gaza.

  • François Hollande en Israël et Palestine, « équilibre » entre l’occupant et l’occupé, par @alaingresh - Les blogs du Diplo
    http://blog.mondediplo.net/2013-11-15-Francois-Hollande-en-Israel-et-Palestine

    « A Jérusalem, François Hollande se prépare à un nouvel exercice d’équilibrisme ».
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/11/14/a-jerusalem-francois-hollande-se-prepare-a-un-nouvel-exercice-d-equilibris_3

    Tel est le titre d’un article du Monde de Benjamin Barthe et David Revault d’Allonnes, écrit à la veille du voyage du président de la République en #Israël et en #Palestine (du 17 au 19 novembre). Aucune phrase ne pourrait mieux résumer la politique française sur le conflit israélo-palestinien. Mais il faudrait préciser, et l’article ne le fait pas, que la #France maintient un « équilibre » entre une puissance occupante et un peuple sous occupation. Car le #conflit_israélo-palestinien se résume ainsi, malgré toutes les tentatives de nous faire croire que l’on assiste à des négociations égales entre deux partenaires égaux (lire « Un processus de paix “vital” pour… Israël »).
    http://blog.mondediplo.net/2013-07-30-Un-processus-de-paix-vital-pour-Israel

    @ag #Union_européenne #Relations_internationales #Diplomatie

  • Le paradis c’est exactement ici

    Tu vas dans un sens qui plaît à la #sécurité_israélienne : direction les #territoires_occupés. Tu passes moins d’heures au #checkpoint. La route traverse la ville de #Qalandyia, le chauffeur t’indique le #camp_de_réfugiés. Des personnes vivent ici depuis 1948 –une vie de déterré- d’autres viennent d’arriver. C’est de là que descendent les gamins qui lancent parfois des pierres. Il y a 2 mois, en réaction à la mort d’un gamin assassiné, il y a eu des jets de gravats contre les miradors. Comme punition collective, les israéliens ont posé des blocs de béton. Résultat : le checkpoint est plus lent à passer ; le chaos interminable aux heures de pointe. La frustration des gens augmente et le ras-le-bol devant les discriminations, les tracasseries des soldats, éreinte. La ville est prise dans un étau, le mur l’a entouré. C’est invivable. Pourtant, ils tiennent.

    #Ramallah Dream

    Tu montes vers Ramallah. Paysage d’une ville nouvelle. Ramallah récolte des capitaux étrangers grâce à la politique économique de l’ancien premier ministre #Salam_Fayyad. Une grande partie de l’aide des pays donateurs y arrive. La ville est en plein(e) boom (bulle) économique. Les grues des immeubles en construction sont nombreuses, les immeubles de plus de 10 étages légion. Jolis cafés, boutiques coquettes, restaurants sélects ; tiens, même un hôtel Mövenpick – Ouvert en 2010, les israéliens ont immédiatement interdit l’importation des célèbres glaces de l’enseigne – enfin de vraies raisons sécuritaires !- Pas un diplomate suisse pour protester contre l’outrage, on achètera quand même votre technologie militaire, soyez sans crainte- Ramallah en jette par son dynamisme, mais on peut penser, comme certains analystes, que les israéliens contrôlent stratégiquement ce développement. Laisser grandir Ramallah lui laisser des attributs, ne serait-ce pas en faire de facto la petite capitale des territoires occupés ? Multiplier simultanément, pour les palestiniens de #Jérusalem_Est les entraves, les vexations, tout faire pour les décourager puis les chasser facilement, délégitimiser l’idée de deux états avec Jérusalem pour capitale ? Au droit au retour que demandent les Palestiniens les israéliens répondent par les expulsions devant le mur qui déblaie les paysans devant soi et avale la terre. #Israël tient la #Palestine à la gorge, laisse passer un peu d’air, serre plus fort au besoin. Lis Benjamin Barthe : "Ramallah Dream" (éd.Découverte 2011). Tu ouvres grand les yeux. La résistance de ce peuple est hallucinante.

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    Un modèle de #colonisation

    De fait, israël est partout. Ton shawarma vient d’israël, ton halva, ton agneau ton poulet, ton boeuf, tes aubergines, tes carottes, viennent d’israël, ton jus d’orange, ton café, ton chocolat, tes glaçons viennent d’israël. Ton Mars ton lait ton Kit et Kat viennent d’israël. Tout ce qui entre est d’israël, sujet au bon vouloir du prince. En sens inverse, tout ce qui vient des territoires occupés est étiqueté israël, en violation encore du droit international. Si israël ne reverse pas aux Palestiniens mensuellement le produit des taxes qu’elle perçoit à son compte, c’est la banqueroute immédiate pour l’Autorité Palestinienne. La dépendance économique est totale. La sujétion militaire aussi : en deux minutes, les forces d’israël seront au palais présidentiel, feront tomber Abbas, si elles le veulent. Les policiers Palestiniens ne sont pas armés. La Palestine, c’est la cour d’une prison. Certains sont dans la cour, d’autres dans des cellules d’autres dans le placard de leur cellule. Certains dans un sac dans le placard. La #résistance de ce peuple est hallucinante.

    Pour un clic ou pour un rien

    #Facebook est la fenêtre de la prison derrière laquelle des gamins agitent des mouchoirs. Le 8 novembre, 30 palestiniens ont été arrêté, dont un grand nombre des jeunes filles, parce qu’elles tapotaient des slogans entre deux mots d’amour sur le net. La plus forte armée du monde fracasse les portes des maisons pour sortir du lit des kids de 12 ans qui pourraient être tes fils et tes filles si tu avais oublié de leur mettre le contrôle parental, et qui ont écrit Fuck Israël sur leur mur virtuel – les gros terroristes !-. Un mur virtuel face au gros mur et aux "raisons sécuritaires" qui cassent leur vie pour vrai. L’armée israélienne pourchasse les gamins, les prend en photo et les arrête pour un clic ou pour un rien. Elle les tue aussi. Arbitrairement, par ennui, stratégie ou accident.

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    Le paradis c’est exactement ici

    Fadwah t’emmène de nuit à Jéricho avec ses filles. Elle te montre sur les collines les colonies illégales : ici Ariel, ici Ma’ale Adumim, ici encore une colonie et une autre, comme de petits Los Angeles sur la terre colonisée, toujours en hauteur, toujours au-dessus. Comme à Hébron où les soldats sont sur les toits avec les colons, et balancent sur les palestiniens en-dessous d’eux tous ce qui leur tombe sous la main ou leur urinent dessus. Plus loin un camp militaire ; là où il y a de grosses lumières ; c’est une source d’eau accaparée. Là une prison, ici une route barrée, et derrière ces murs un centre militaire délivrant des autorisations de passage au compte-gouttes. Ce territoire est mité, bouffé par les installations d’occupations militaires et les colonies illégales en regard du droit international. Mais Israël pisse à la raie du droit international. Trop de radicalisme rend con, pas assez de radicalisme complice. L’écoeurement monte. Tu te demandes comment ils font pour respirer dans cet espace confiné, résister. Dans la voiture monte une clameur sur une chanson de Faïrouz, voix fortes. أنا لحبيبي وحبيبي إلي Je suis à mon amour et mon amour est à moi. Les filles tapent dans les mains, il faut bien se lâcher, sinon on devient dingues ici. Tu lis cette inscription sur le T-shirt de l’une d’elle –humour palestinien-

    « Paradise is just where you are ». Le paradis c’est exactement là où tu te tiens.

    Retiens bien la leçon.

    C’est quand que le Dalaï Lama ou Frère François viennent faire une visite à Ramallah ?

    Texte de Sylvain Thévoz.

    http://commecacestdit.blog.tdg.ch/archive/2013/11/10/temp-ef443a12c178d312f37f79c259d0ce66-249638.html

    • ... suite... toujours sur le blog de Sylvain Thévoz...

      Rouages de la #domination

      Avant le passage du checkpoint de #Qalandyia. Une femme te dit : tu vas aller sur ma terre. Moi je n’ai plus le droit d’y aller. Tu viens de l’autre bout de l’Europe et tu peux voyager avec facilité. Je n’y ai plus accès. Elle habite à 10 kilomètres de chez elle, de l’autre côté du mur. Un jour, elle a pu obtenir une autorisation pour le franchir. Elle s’est rendue avec une amie sur son terrain pour voir sa maison. Des personnes lui ont demandé ce qu’elle faisait là. Elle a dit qu’elle admirait la nature. Elle ne pouvait pas dire pourquoi elle était là. On l’aurait chassée. Des gamins habitent à 20 km de la mer Méditerranée. Ils n’y sont jamais allé. Des vieux ne l’ont plus revue depuis 60 ans.

      Pendant le passage de Qalandyia. Tu comprends petit à petit le tourbillon administratif et ses complexités. 1) Les résidents des #Territoires_occupés ont une #carte_orange, ils ne peuvent entrer dans le bus et passent à pieds le checkpoint, leurs automobiles ont des #plaques_vertes, et ne sortent pas des territoires. 2) Les résidents « permanents » de #Jérusalem ont des #cartes_d’identité_bleues, leurs automobiles ont des #plaques_jaunes, elles peuvent entrer dans les territoires occupés. Obtenir toute pièce administrative est un chemin de croix.

      Un seul peuple, régi arbitrairement par le découpage d’un #mur et l’occupation. La #séparation du mur impose des statuts complètement différent. L’ordre administratif impose à des familles d’être séparées, de ne plus pouvoir se voir ; à des villageois de perdre l’usage de leurs champs. Ce dernier est juste de l’autre côté du mur, mais il faut un détour de 45 kilomètres, franchir un checkpoint, pour y rentrer, à des heures spécifiques, étriquées, et toujours au risque des brimades, refus, pertes de temps imposée. Tu lis René Backmann, un mur en Palestine (Folio, 2009). Lire, comprendre, avoir bien visible devant les yeux ces rouages de domination. Ici, ça malaxe et broie de vies. Le soleil brille, l’air est si doux. Des chats jouent dans la rue.

      Passage de Qalandyia. Les #militaires_israéliens montent à trois dans le #bus, gilet pare-balle et arme en bandoulière. Ils contrôlent les documents de chacun-e-. Avec rudesse. Une jeune soldate demande du menton à un homme de retirer la casquette de sa tête, ce qu’il fait. Il la remet. Elle lui demande de la retirer une deuxième fois, ce qu’il fait encore. Il te glisse doucement : « they are crazy ». Ils demandent à une femme au fond du bus de sortir. Elle ne veut pas. La soldate insiste pour qu’elle sorte. Elle gagne du temps. Les passagers du bus la soutiennent. Les #soldats vont parler au chauffeur du bus et s’en vont. Le chauffeur du bus se lève. Il demande à la femme de sortir. Elle y est obligée, prend son enfant sous le bras. Les soldats l’entourent à 4. Le bus repart. Un homme engueule le chauffeur du bus durant le reste du voyage.

      Après le passage de Qalandyia. Dans le bus, une mère de famille qui revient de #Gaza, y travaille comme pédiatre. Gaza-Ramallah : 83 kilomètres. Des familles entière séparées. Pour aller à Gaza elle doit passer par la Jordanie, puis de là en Egypte, avant d’entrer dans la bande par le #poste_frontière. C’est comme si, pour aller à Berne, tu devais passer par Paris en avion et entrer par l’Allemagne (en beaucoup plus compliqué risqué et coûteux). Les comparaisons sont faiblardes et bancales, car tu es libre, toi.

      Sa voisine enseigne à l’université Al-Quds (Jérusalem). Excédée de tout, fatiguée, mais avec une rage qui ne laisse pas place au doute. Elle vient d’aller voir sa sœur malade à Bethléem. Pour cela, il lui faut sortir de #Ramallah, passer le check-point de Qalandyia, entrer à Jérusalem, passer le checkpoint de #Bethléem, et rebelote dans l’autre sens pour rentrer chez elle. 6h minimum de déplacement pour aller de Genève à Morges. Elle parle de l’interminable attente pour avoir cette autorisation pour entrer seulement 24h en Israël. Pendant ce temps, sa sœur meurt. Elle lui parle par téléphone. Elle dit : je suis résolue, je n’arrêterai pas de lutter jusqu’à la fin de l’occupation, mais je me sens aussi comme un hamster qui se démène dans sa cage. Jusqu’à quand ?

      Des gens vont à l’hôpital en Israël. Ils obtiennent des autorisations de 24h. Pour faire les examens, rester en observation, recevoir les résultats, il leur faudrait le double et plus. #Humiliations en passant aux checkpoints où il n’y a pas de contacts humains. Une voix derrière une paroi dit : tu poses tes affaires là, tu avances de quatre pas, tu lèves les mains. Tu avances de huit pas. Bien. Une voix lui crie dessus si elle ne fait pas exactement ce que la voix veut qu’elle fasse. Tu recules de huit pas ! (c’est donc cela ce qu’ils appellent processus de paix) Une voix qui la rend pareil à une chose. Une voix qui se protège d’elle-même peut-être, de sa propre humanité, derrière la cloison. Les gants en plastique sur sa peau. Elle dit : être traité comme moins qu’une chose. On prend plus soin du matériel que des gens ici.

      A la sortie de Qalandyia, l’embouteillage est monstrueux. Chaos de voitures et de bus qui se poussent. On reste deux heures coincé à parler. Sa fille l’appelle, elle veut savoir quand elle sera rentrée à la maison. Elle dit : bientôt...

      J’arrive.

      http://commecacestdit.blog.tdg.ch/archive/2013/11/11/temp-f9afa4438e6215f437d22345b4dd3f28-249691.html

    • ... suite...

      Prier en athée

      Comment cuisiner une bonne #colonie ? D’abord avoir une bonne casserole bien étanche, ne rien laisser sortir ni entrer que l’on ait décidé. Avoir de bonnes valves bien serrées pour pouvoir réguler la pression et un contrôle sur le feu, laisser mijoter à feu doux. Quand la pression est trop forte, ouvrez un peu les vannes ou baissez le feu doucement. Voilà, comme ça, vous pouvez aussi rajouter un peu d’huile, arroser le tout de sauce grasse, ça rend le dessus du panier plus docile et le bouillon plus digeste. Servir chaud mais pas trop. Ne jamais laisser refroidir surtout. Vous devez maintenir la #pression. Un conseil : si vous en avez les moyens, fractionnez, divisez le contenu et cuisinez-le dans quatre casseroles séparées. Il n’en sera que plus tendre à traiter. Montrez toujours bien qui est le chef et qui tient la spatule.

      La colonie, une économie

      Passer le checkpoint à pieds, dans les longs couloirs à bestiaux : 80mètres de tubes grillagés qui avalent tous les matins leur quota de travailleurs sous-payés et les recrache au soir après les avoir bien digérés fragmentés et malaxés dans ses entrailles durant la journée. L’économie du #mur est bonne pour Israël. Les coûts de construction, ce sont les USA qui les paient. Les gains, c’est l’économie locale qui les prend. Le #contrôle_social est maximal. Les palestiniens qui veulent obtenir un permis de travail en Israël doivent avoir au moins 35 ans, être marié, avec des enfants, n’avoir pas eu, sur trois générations, un proche qui ait tiré une pierre ou eu maille à partir avec la puissance d’occupation ; cas échéant, le permis est refusé. A la moindre incartade, il est retiré. Très bon incitatif pour se tenir à carreaux en toute occasion. Les #droits_du_travail sont régulièrement violés, il y a très peu de risques de plaintes. Si plaintes il y a, peu de chance qu’il y soit donné suite. La compétition entre travailleurs sous-payés est forte. La #main_d'oeuvre palestinienne est petit à petit remplacée par des chinois, philippins, etc., Un bon business que ce mur finalement. Pareil pour l’#eau. Les puits sont confisqués. Entourés d’une haute barrière. L’eau est ensuite revendue à ses propriétaires expropriés. Même business pour les #oliviers arrachés sur le tracé du mur. Rien à dire : une colonisation bien en place, ça rapporte. Et moins ça conteste, moins ça résiste, plus c’est rentable.

      Les #bédouins sous la tente. Feu de bois pour faire cuire à manger : riz et poulet dans de larges casseroles. Tu te demandes ce que les moutons peuvent manger : pierre et terre ocre à perte de vue sans une mèche d’herbe. Grillages à perte de vue : tu te demandes comment les bédouins peuvent encore bouger. A la nuit ça chante et ça danse. Tu te demandes comment ça peut encore danser et chanter. On t’offre le thé.

      #Hébron

      Les gamins lancent des #pierres tous les jours, mettent les bouchées double le vendredi. Le déroulement est le suivant : un colon colle un gnon à un gamin ou pire.... Le gamin rentre chez lui. La nouvelle se répand. Les petits descendent dans la rue et caillassent le checkpoint pour venger leur copain. Les soldats sortent en nombre : #grenades assourdissantes et #gaz_lacrymogènes : le grand manège. Les gamins se déplacent et caillassent les soldats depuis un autre endroit. Et ça dure ainsi une partie de l’après-midi et de la nuit, à jouer au chat et à la souris dans la vieille-ville. Les marchands continuent de vendre, les passants de passer. Scènes surréalistes au milieu des étals. Une femme court avec sa poussette entre pierres et gaz pour faire son chemin. Un oiseleur, tranquille, ne bouge pas. Il reste sur sa chaise devant sa devanture, comme si de rien n’était. C’est le quotidien. Avec les pierres, les gamins lancent des insultes. Les mots fusent comme des noms d’oiseaux. Les marchands engueulent les petits quand les pierres les frôlent. C’est mauvais pour le tourisme, (pas plus de 40 personnes par jour), mauvais pour les affaires, mais c’est l’#intifada, la #résistance. Les marchands sont solidaires des petits qui zigzaguent dans le marché pour se planquer. Jets continus. Jours après jours, ça ne faiblit pas. Malgré les caméras partout, dans les coins, sur les toits, sur les tours, dans la mosquée, sur les casques des soldats. Il y a ces kids qui ramassent les pierres et à 40 mètres visent quelque part entre casque et gilet pare-balle sans parvenir à toucher. Les explosion de rages jubilatoires se paieront cash, c’est sûr. En attendant, ils font le V de la victoire. Une petite fille sur le chemin de l’école met un mouchoir devant son nez.

      Prier en athée

      Un soldat traverse la rue en courant. Il marche sur une pierre que les gamins ont lancé, se tord la cheville et grimace. Les commerçant rient mais se détournent pour que les soldats ne les voient pas. La rue entière trouve le soldat ridicule et lui aussi doit sentir qu’il l’est, maladroits et pataud, bêtement méchant à suer derrière des gamins sous les pierres. Mais il doit agir comme un soldat, protéger les colons qui viennent se mettre au milieu des palestiniens et les harceler pour qu’ils partent, parce que dans une écriture mythique d’un récit historiquement non attesté il se trouverait là le tombeau de quatre patriarches et matriarches. Adam, Eve, Abraham, Sarah, Isaac, Rebecca, Jacob et Léa. Sur ce point fictif, tout le monde est d’accord, c’est un lieu saint pour les trois religions. Sur ce tombeau des patri-matri-arches se trouve une mosquée, une synagogue ; et ce fût un temps une église. Aujourd’hui musulmans et juifs y prient côte à côte dans le même lieu, mais désormais séparés par des portiques de sécurité et l’armée. Tu y entres pour y prier en athée. Si cela a été possible hier pourquoi cela ne le serait-il pas demain ? Le samedi, les juifs prient dans la mosquée, mais ne prennent plus soin, dit l’imam, d’enlever leurs chaussures en entrant...

      La #poésie vaincra

      Le poète #Mahmoud_Darwich a sa tombe dans un musée en forme de livre à Ramallah. Dans une salle : ses affaires personnelles, lunettes, stylo, cafetière. Il en était addict au café, et pouvait dire, selon le café qu’on lui servait, à sa saveur, à qui il avait à faire. Un film passe en continu où subitement, en lisant, il se met à pleurer. Le public de l’assistance se lève, l’applaudit. Il pleure encore plus, essuie ses larmes et tout en les essuyant, doucement d’abord, puis de plus en plus fort, recommence à lire. Sur sa tombe, il n’y a pas de combat d’appropriation, non, ici c’est très calme. Il flotte un air doux, passage des oiseaux et du vent. Deux vers entêtants reviennent en boucle : « Ce siège durera jusqu’à ce que nous enseignions à nos ennemis Quelques morceaux choisis de notre poésie anté-islamique. » et : « Lui ou Moi. Ainsi débute la guerre. Mais elle s’achève par une rencontre embarrassante, Lui et Moi. »

      http://commecacestdit.blog.tdg.ch/archive/2013/11/13/comment-tu-aimes-249762.html

  • Informer sur le Proche-Orient (2) : Entretien avec Benjamin Barthe, journaliste au Monde (Acrimed)
    http://www.acrimed.org/article3872.html

    Avant de devenir journaliste au Monde (desk Proche-Orient), Benjamin Barthe, ancien correspondant pigiste à Ramallah (2002-2011) a été récompensé par le Prix Albert Londres en 2008 pour ses reportages à Gaza. Auteur de Ramallah Dream, voyage au cœur du mirage palestinien (éditions la Découverte), Benjamin Barthe a été pigiste à Ramallah durant neuf ans, de 2002 à 2011. Il a reçu le prix Albert Londres en 2008 pour ses reportages sur Gaza. Il est l’auteur de Ramallah Dream, voyage au cœur du mirage palestinien [1]. En octobre 2010, il participait à un « Jeudi d’Acrimed » dont la vidéo est visible ici-même. Pour le n°3 de Médiacritique(s) (avril 2012), il nous a accordé l’entretien reproduit ci-dessous (Acrimed) Source : Acrimed

    • Je cite "J’ai pour ma part toujours fait attention, dans mes écrits, à le qualifier [Gilad Shalit] de « prisonnier ». En effet pour moi il ne fait aucun doute qu’il s’agissait bien d’un prisonnier de guerre, au même titre qu’un grand nombre de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Et Gilad Shalit n’avait pas été « kidnappé », mais bien capturé par les Palestiniens."
      Le journaliste, armé de son prix Albert Londres, devrait revoir son vocabulaire. Un prisonnier de guerre a certains droits, à commencer par être officiellement déclaré comme tel (avec quelques points annexes comme savoir s’il est en vie, où il est, comment il est traité, visite de la Croix Rouge, etc.).
      Comme l’a exprimé Bertrand Delanoé, cinq ans soustrait au monde et au droit, http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilad_Shalit, ce qui n’est pas la définition d’un prisonnier.
      Pourquoi justifier de l’existence de prisonniers palestiniens (avec quelques droits, tout de même..., mais quand bien même n’en auraient-ils pas) pour accepter l’inacceptable de cette détention sans droit, qui n’est rien d’autre qu’une prise d’otage, même si l’otage est militaire ?
      Quand la raison s’égare, quant la réflexion n’existe plus, quand l’aveuglement légitime tous les bourreaux.

  • iReMMO - Institut de Recherche et d’Etude sur la Méditerranée et le #Moyen_Orient
    http://iremmo.webou.net/spip/spip.php?article152

    Israël-Palestine : deux sociétés en mouvement
    Mardi 3 Avril 2012 (18h-20h)

    Avec :

    – Benjamin Barthe, journaliste au Monde, auteur de Ramallah dream (La Découverte 2011)

    – Dominique Vidal et Michel Warschawski, journalistes, co-auteurs de : Un autre Israël est possible (Editions de l’Atelier, 2012)

    Débat animé par Edwy Plenel, directeur de Mediapart