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  • Toni Negri : « Les gilets jaunes sont à la mesure de l’écroulement de la politique » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290119/toni-negri-les-gilets-jaunes-sont-la-mesure-de-l-ecroulement-de-la-politiq

    es gilets jaunes doivent rester un contre-pouvoir et ne surtout pas se transformer en parti politique, estime Antonio Negri. Le philosophe italien, qui vit à Paris depuis 1983, observe depuis longtemps les mouvements sociaux de par le monde. Dans Assembly, son dernier ouvrage coécrit en 2018 avec Michael Hardt (non traduit en français), il donnait un cadre philosophique aux occupations de places publiques qui ont vu le jour ces dix dernières années. Dans Empire, publié avec le même auteur en 2000, il inventait le concept de « multitude », qui prend aujourd’hui une acuité particulière avec l’actualité des gilets jaunes. Le mouvement qui a démarré en France en novembre révèle, d’après lui, une nouvelle forme de lutte qui s’appuie sur la fraternité. Entretien.

    Mediapart : Depuis une dizaine d’années, de nombreux mouvements de protestation ont émergé, en Europe et dans le monde, en dehors de tout parti ou organisation syndicale. Qu’est-ce que les gilets jaunes apportent de fondamentalement nouveau par rapport à cela ?

    Antonio Negri : Les gilets jaunes s’inscrivent dans cette mouvance que l’on observe depuis 2011 : des mouvements qui sortent des catégories droite/gauche comme Occupy Wall Street, les Indignés, ou encore le soulèvement tunisien.

    assembly
    En Italie aussi les gens se sont mobilisés, tout d’abord dans les universités avec le mouvement Onda [La Vague – ndlr], puis autour des communs avec l’opposition au TAV [la ligne ferroviaire Lyon-Turin – ndlr] ou la gestion des déchets à Naples. À chaque fois, il s’agit de luttes importantes qui ne se positionnent ni à droite ni à gauche, mais qui reposent sur une communauté locale.

    C’est quelque chose que l’on retrouve chez les gilets jaunes : il y a dans ce mouvement un sens de la communauté, la volonté de défendre ce qu’on est. Cela me fait penser à l’« économie morale de la foule » que l’historien britannique Edward Thompson avait théorisée sur la période précédant la révolution industrielle.

    Ce qu’il y a de nouveau, toutefois, avec les gilets jaunes, c’est une certaine ouverture au concept du bonheur : on est heureux d’être ensemble, on n’a pas peur parce qu’on est en germe d’une fraternité et d’une majorité.

    L’autre point important, me semble-t-il, c’est le dépassement du niveau syndical de la lutte. Le problème du coût de la vie reste central, mais le point de vue catégoriel est dépassé. Les gilets jaunes sont en recherche d’égalité autour du coût de la vie et du mode de vie. Ils ont fait émerger un discours sur la distribution de ce profit social que constituent les impôts à partir d’une revendication de départ qui était à la fois très concrète et très générale : la baisse de la taxe sur le carburant.

    S’il y avait une gauche véritable en France, elle se serait jetée sur les gilets jaunes et aurait constitué un élément insurrectionnel. Mais le passage de ce type de lutte à la transformation de la société est un processus terriblement long et parfois cruel.

    Est-on en train d’assister à l’émergence d’un nouveau corpus, alors que depuis l’écroulement du bloc communiste, les idées peinent à s’imposer pour faire face au rouleau compresseur du libéralisme ?

    De mon côté, cela fait vingt ans que je parle de « multitude » précisément pour analyser la dissolution des anciennes classes sociales. La classe ouvrière était une classe productive, liée à une temporalité et une localisation : on travaillait à l’usine et la ville marchait au rythme de l’usine. À Turin par exemple, les tramways étaient réglés sur les horaires de la journée de travail.

    Tout cela est terminé. Je ne suis pas nostalgique de cette époque, car l’usine tuait les gens. Certes, on a perdu le lien de la production, le lien de la journée de travail, le collectif. Mais aujourd’hui, on a de la coopération ; cela va plus loin que le collectif.

    La multitude, ce n’est pas une foule d’individus isolés, renfermés sur eux-mêmes et égoïstes. C’est un ensemble de singularités qui travaillent, qui peuvent être précaires, chômeurs ou retraités, mais qui sont dans la coopération.

    Il y a une dimension spatiale dans cette multitude : ce sont des singularités qui, pour exister, demandent à être en contact les unes avec les autres. Il ne s’agit pas seulement de quantité. C’est aussi la qualité des relations qui est en jeu.

    Est-ce un constat que vous faites également à propos du Mouvement Cinq Étoiles, né il y a une dizaine d’années en Italie et aujourd’hui membre du gouvernement aux côtés de la Ligue, parti d’extrême droite ?

    En effet, à l’origine des Cinq Étoiles se trouvaient des gens issus des mouvements autonomes, des luttes pour les communs, mais aussi, plus tard, de la critique des réformes constitutionnelles voulues par Matteo Renzi. C’était marqué à gauche. À la différence de la France où cela a explosé d’un coup, en Italie, tout cela s’est étalé dans le temps, les gens se sont formés petit à petit.

    Puis, avec leur habileté, le comique Beppe Grillo et Gianroberto Casaleggio [mort en 2016 – ndlr] ont commencé à faire un travail électoral sur ces mobilisations. Le pouvoir est progressivement passé du côté de ceux qui maîtrisaient les techniques politiques.

    À partir du moment où il a cherché à gouverner, sous la direction de Luigi Di Maio, le M5S s’est complètement fourvoyé. Prendre le pouvoir n’est pas révolutionnaire. Ce qui est révolutionnaire, c’est d’être en capacité de détruire le pouvoir ou, à la limite, de le réformer.

    Depuis, ce que fait le M5S au gouvernement est révoltant. Le revenu de citoyenneté universel qu’il avait promis l’an dernier pendant la campagne électorale est devenu une loi de pauvreté : le revenu n’est distribué qu’à une partie des chômeurs et il est assorti d’obligations disciplinaires. Ainsi, à la troisième offre d’emploi, le bénéficiaire est obligé de l’accepter, quelle que soit la distance à laquelle elle se trouve de son domicile.

    Les Cinq Étoiles ont été rattrapés par l’avidité, la gourmandise du pouvoir. Ils ont fait alliance avec des fascistes bien réels qui sont en même temps de profonds néolibéraux. Le fascisme est le visage politique du néolibéralisme en crise. Mais il y a une justice électorale : le M5S va perdre de nombreuses voix aux élections européennes de mai prochain.

    #Politique #Gilets_janues #Toni_Negri

    • "L’autre point important, me semble-t-il, c’est le dépassement du niveau syndical de la lutte. Le problème du coût de la vie reste central, mais le point de vue catégoriel est dépassé. Les gilets jaunes sont en recherche d’égalité autour du coût de la vie et du mode de vie. Ils ont fait émerger un discours sur la distribution de ce profit social que constituent les impôts à partir d’une revendication de départ qui était à la fois très concrète et très générale : la baisse de la taxe sur le carburant."

      [...]

      De mon côté, cela fait vingt ans que je parle de « multitude » précisément pour analyser la dissolution des anciennes classes sociales. La classe ouvrière était une classe productive, liée à une temporalité et une localisation : on travaillait à l’usine et la ville marchait au rythme de l’usine. À Turin par exemple, les tramways étaient réglés sur les horaires de la journée de travail.

      Tout cela est terminé. Je ne suis pas nostalgique de cette époque, car l’usine tuait les gens. Certes, on a perdu le lien de la production, le lien de la journée de travail, le collectif. Mais aujourd’hui, on a de la coopération ; cela va plus loin que le collectif.

      La multitude, ce n’est pas une foule d’individus isolés, renfermés sur eux-mêmes et égoïstes. C’est un ensemble de singularités qui travaillent, qui peuvent être précaires, chômeurs ou retraités, mais qui sont dans la coopération.

      Il y a une dimension spatiale dans cette multitude : ce sont des singularités qui, pour exister, demandent à être en contact les unes avec les autres. Il ne s’agit pas seulement de quantité. C’est aussi la qualité des relations qui est en jeu.

      Au fond, Macron est dans la lignée de tous les gouvernements néolibéraux en crise : ils tendent vers le fascisme. En France, les institutions sont encore suffisamment fortes pour empêcher cela, mais les méthodes et les armes de la police française sont inquiétantes. À la différence des forces de l’ordre allemandes, qui sont davantage dans la dissuasion, les policiers français sont encore sur le terrain de l’affrontement. Je l’interprète comme un élément de cette fragilisation du pouvoir.

      –- > (cf. projet de loi ’casseurs’, retour des voltigeurs, et récente perquiz chez mediapart, ndp ’note du partageur’)

      J’observe ce qu’il se passe à Commercy : c’est très intéressant d’assister à la transformation du rond-point en groupes de travail. La mutation du mouvement ne viendra pas de l’extérieur, elle viendra des acteurs eux-mêmes. Quant à savoir s’il débouchera sur un parti politique… De mon point de vue, ce serait une erreur, même si cette voie recueillait l’assentiment de la majorité.

      Ce mouvement me remplit d’espoir, car il met en place une forme de démocratie directe. Je suis convaincu depuis cinquante ans que la démocratie parlementaire est vouée à l’échec. J’écrivais déjà en 1963 un article où je critiquais l’état des partis politiques. Cela n’a fait que s’aggraver… Et cela se retrouve aujourd’hui à tous les niveaux : mairies, régions, États. Et bien sûr, Europe. L’Union européenne est devenue une caricature de l’administration démocratique.

      Prendre le pouvoir n’est pas révolutionnaire. Ce qui est révolutionnaire, c’est d’être en capacité de détruire le pouvoir ou, à la limite, de le réformer.

  • Le revenu universel en Italie, plus si universel que ça
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/19/l-italie-adopte-une-version-amendee-du-revenu-universitael_5411565_3234.html

    Après des mois de fausses pistes et de ballons d’essai, de crises de nerfs et de menaces de rupture, le gouvernement italien est donc parvenu à s’entendre. Dans les prochaines semaines devrait ainsi entrer en vigueur le « #revenu_de_citoyenneté », engagement de toujours des 5 Etoiles. « C’est un rêve qui se réalise », a aussitôt triomphé le chef politique du mouvement, Luigi Di Maio, sans trop s’attarder sur les multiples amendements apportés à un projet qui n’a plus grand-chose à voir avec l’idée originale.

    Initialement voulu par le fondateur du mouvement, Beppe Grillo, comme la première étape vers le #revenu_universel, le revenu de citoyenneté se présentera comme une indemnité temporaire (pas plus de 18 mois, renouvelables une fois), obligatoirement associée à la recherche d’un emploi.

    Plus de dix ans en Italie
    Pour la percevoir, il faudra avoir résidé plus de dix ans en Italie (dont les deux dernières années), et déclarer moins de 9 360 euros annuels de revenus – 780 euros par mois, le seuil statistique de pauvreté en Italie. Son montant sera calculé par cellule familiale, et pourra aller jusqu’à 780 euros par mois (500 + 280 d’aide au logement) pour une personne seule, 1 330 euros pour une famille. Et il sera assorti de nombreuses décotes : selon ses concepteurs, 5 millions de personnes sont concernées, pour un effort total de 7 milliards d’euros par la communauté, ce qui revient à dire que le montant moyen de l’aide se montera à un peu plus de 100 euros par personne et par mois.

    De plus, la personne recevant cette aide devra accepter toute offre sérieuse de travail qui lui sera faite à moins de 100 kilomètres de chez elle. Au fil du temps, le rayon géographique s’étendra, jusqu’à atteindre 250 kilomètres au bout d’un an et demi, voire l’ensemble du territoire national dans les derniers mois.

    Enfin, pour répondre aux accusations de favoriser l’assistanat et le travail au noir, le gouvernement a assorti cette aide de nombreuses interdictions : ainsi, pour être éligible, il ne faudra pas avoir acheté une voiture neuve dans les six derniers mois, ni posséder une grosse cylindrée ou un bateau de trop grande taille. Par ailleurs, les éventuels fraudeurs seront punis avec la plus grande sévérité : ils pourraient encourir « jusqu’à » six années de prison.

    La réforme des #retraites devrait concerner 1 million de travailleurs

    Comparée a cette mesure incroyablement complexe, supposant l’existence dans tout le pays de centres d’aide à l’emploi dignes de ce nom, la réforme des retraites annoncée au même moment en conseil des ministres est d’une simplicité biblique. Selon le dispositif « quota 100 », toute personne âgée de plus de 62 ans et ayant cotisé trente-huit années pourra partir à la retraite dans les prochains mois. Pour le gouvernement, la mesure devrait concerner 1 million de travailleurs, et libérerait instantanément 1 million de postes de travail, aussitôt pourvus, et elle ne coûtera pas plus de 4 milliards d’euros cette année – un chiffre considéré comme très inférieur à la réalité par de nombreux experts.

    Attaché à démontrer aux marchés que ces mesures n’entraîneront pas une explosion des déficits, Giuseppe Conte a assuré que la mise en place de ces dispositifs ne nécessiterait pas de loi de finances rectificative. Pourtant rien n’est moins sûr, alors que le budget italien est sous la surveillance de Bruxelles et que la conjoncture italienne s’est, ces derniers mois, dégradée de façon spectaculaire.

    Alors que le pays semble techniquement entré en #récession (le troisième trimestre de 2018 a été négatif et les estimations pour la fin de l’année sont très pessimistes), le 1 % de progression du PIB prévu en 2019 semble hors de portée. Vendredi, la banque d’Italie a révisé à la baisse ses prévisions de croissance, estimées désormais à 0,6 %. Cette annonce a fait bondir Luigi Di Maio, qui a aussitôt dénoncé les « estimations apocalyptiques » d’une institution « qui se trompe depuis des années ».

    Le ministre du travail et du développement économique a d’autant moins intérêt à tenir compte des avertissements de l’institution que pour eux, l’essentiel est ailleurs : le revenu de citoyenneté doit entrer en vigueur, coûte que coûte, en avril. Pour qu’il puisse commencer à être perçu avant les élections européennes.

  • Marketing cinq étoiles
    À propos du soutien apporté aux #giletsjaunes par le Mouvement cinq étoiles italien :

    En publiant sur le blog du Mouvement Cinq Étoiles ce billet, dont nous donnons une traduction inédite, Luigi di Maio a frappé à la porte d’un nouveau client potentiel pour exporter son algorithme politique : le gilet jaune français.

    S’il n’avait pas été publié aujourd’hui, le texte que nous publions ce soir pourrait être traité comme un cas d’école. Il s’agit du premier exemple d’une campagne marketing qui se transforme en une dépêche diplomatique aux effets potentiellement destructeurs.

    De même que l’autre Vice-président du conseil des Ministres Matteo Salvini, Luigi di Maio a affiché publiquement son soutien aux gilets jaunes dans la matinée du lundi 7 décembre. Son texte est paru Il blog delle stelle, le site du MoVimento 5 Stelle, qui a pris la place du fameux Blog de Beppe Grillo pour les communications officielles du parti. Il y soutient la lutte des Gilets jaunes en les invitant à “ne rien lâcher” et à persévérer dans leur combat afin de faire naître “une nouvelle Europe. Celle des Gilets jaunes, des mouvements et de la démocratie directe”.

    Le grand continent : https://legrandcontinent.eu/2019/01/08/marketing-cinq-etoiles

  • Les « gilets jaunes », une spécificité française ?
    15 DÉCEMBRE 2018
    PAR LUDOVIC LAMANT ET AMÉLIE POINSSOT

    Des mouvements protestataires ont éclos en Europe depuis dix ans, en dehors des appareils politiques traditionnels. La révolte des « gilets jaunes » a-t-elle des points communs avec celle des Italiens, des Grecs ou des partisans du Brexit au Royaume-Uni ?

    La colère des « gilets jaunes » a débordé au-delà des frontières françaises. Plusieurs manifestations ont déjà eu lieu à Bruxelles, accompagnées de blocages de dépôts de carburants, tandis que des indépendantistes catalans issus des Comités de défense de la République (CDR, à gauche), vêtus de jaune, appellent au blocage de leur région le 21 décembre. Des gilets jaunes ont aussi fait leur apparition dans des manifestations en Pologne, en Serbie et au Monténégro. En Allemagne, c’est l’extrême droite qui a appelé à défiler en gilet jaune.

    Ici et là sur le continent, de nombreuses colères ont éclaté ces dernières années. Des Indignés espagnols aux Grecs frappés par l’austérité, des partisans du Brexit en 2016 aux membres du Mouvement Cinq Étoiles (M5S) en Italie, ces colères ont-elles des points communs avec la révolte populaire qui secoue la France depuis novembre ?

    Sans figer la réalité d’un mouvement français aux contours encore en évolution, et donc difficiles à cerner, deux phénomènes semblent jouer à plein : le rejet du monde politique traditionnel et des élites en place et, en même temps, une forte volonté d’être associé aux décisions politiques de son pays. Tentative de comparaison.

    2009, Italie : le M5S, un mouvement emmené par un nouveau leader
    Comme les gilets jaunes, les Cinq Étoiles se forment sur un rejet du système de représentation traditionnel. C’est même un prérequis pour rejoindre le mouvement italien quand il se crée formellement, à partir de 2009 : il faut n’avoir milité dans aucune organisation auparavant. « Les gilets jaunes et les Cinq Étoiles des débuts sont tous les deux contre la médiation politique ordinaire, explique le chercheur en sciences politiques spécialiste de l’Italie Christophe Bouillaud. Ils traduisent la faillite complète de la représentation politique et de la représentation syndicale telles qu’elles existaient. »

    À l’origine du M5S, on trouve également, comme chez les gilets jaunes, des groupes locaux ancrés dans un territoire. En Italie, ces résistances sont d’abord tournées contre des projets imposés par le pouvoir, potentiellement destructeurs pour l’environnement (ligne ferroviaire Lyon-Turin en val de Suse ; terminal gazier dans les Pouilles par exemple) ; elles trouvent leur débouché dans les Cinq Étoiles.

    Autre similitude : « Dans les deux pays, ces mouvements sont la conséquence de 30 ans de politique économique qui ne fonctionne pas, relève Christophe Bouillaud. Les classes moyennes s’en sortent de moins en moins bien. Et cette politique économique a été défendue par les médias dominants. » De fait, des deux côtés, on observe une méfiance vis-à-vis des médias traditionnels.

    « Il y a deux moteurs communs, renchérit Jérémy Dousson, auteur de l’ouvrage Un populisme à l’italienne ? Comprendre le Mouvement 5 Étoiles (éditions Les Petits Matins). L’idée qu’on n’est pas représenté et qu’il faut reprendre la main : les politiques ne font pas ce qu’ils ont promis parce qu’ils sont soit incompétents soit corrompus. Et l’idée que le travail ne paie pas. C’est pourquoi ce ne sont pas, à mon sens, des mouvements apolitiques mais des mouvements hyperpolitiques. » Les deux s’auto-organisent à travers une utilisation importante d’Internet et des réseaux sociaux. Dans le cas des gilets jaunes, cela se fait entre pairs, tandis que chez les Cinq Étoiles, cela se fait suivant la direction donnée par un leadership que tous reconnaissent.

    Les deux mouvements font ainsi apparaître des personnes qui n’ont jamais occupé l’espace public auparavant : des gens qui n’ont pas de vécu militant, mais aussi des femmes, dans une proportion beaucoup plus importante que dans les formes habituelles de protestation. Si le M5S aujourd’hui au pouvoir est un parti dirigé par des hommes, il a fait de cette question de la représentation des femmes un objectif politique et il s’est efforcé de présenter aux élections des listes presque paritaires, dans un pays où l’accès aux fonctions politiques est resté profondément inégalitaire. À la Chambre des députés aujourd’hui, 94 des 220 parlementaires du M5S sont des femmes. C’est le taux de représentation féminine le plus élevé de tous les groupes parlementaires italiens.

    La temporalité introduit toutefois une différence de taille entre le mouvement français et son parallèle transalpin : difficile de mettre sur un même plan d’analyse un mouvement né il y a plus de dix ans, qui s’est structuré depuis en parti politique et codirige aujourd’hui l’exécutif italien, et un mouvement qui n’a pas plus de quatre semaines d’existence. Surtout, le M5S a été, dès le départ, emmené par le comique Beppe Grillo. C’est ce qui lui a permis de se structurer, d’élaborer la transition, de résoudre les conflits. Les gilets jaunes en sont loin. « Pour l’heure, le mouvement français est complètement éclaté entre différents groupes locaux, observe Christophe Bouillaud. Sans leader, il est très peu probable qu’il parvienne à se structurer. »

    Enfin, d’un côté et de l’autre des Alpes, les mots d’ordre ne sont pas les mêmes. Au départ des Cinq Étoiles, les principales revendications portent sur la corruption du personnel politique et la préservation de l’environnement. Ce n’est que dans un deuxième temps, à partir de 2013, que le mouvement s’intéresse au pouvoir d’achat des Italiens – un positionnement qui lui ouvre la voie du succès électoral en Italie du Sud. Parallèlement, il se détourne des questions environnementales et aujourd’hui, à la tête d’un gouvernement de coalition avec l’extrême droite, le M5S a complètement abandonné ce volet.

    2011, Grèce : le mouvement des places, de la mobilisation à la solidarité
    Grèce, printemps 2011. Au pic de la crise, alors qu’un deuxième mémorandum d’austérité se prépare, la place Syntagma (place du Parlement) d’Athènes, ainsi que de nombreuses places dans différents quartiers de la métropole, est occupée. Nuit et jour, pendant plusieurs semaines, la population manifeste et se réunit en assemblées générales, à l’image des Indignés espagnols, sur un mode autogestionnaire et se revendiquant de la démocratie directe.

    Pour le professeur de philosophie politique Stathis Kouvélakis qui, à l’époque, a observé de près la mobilisation en Grèce et a pu suivre les récentes manifestations des gilets jaunes à Paris, il y a des similarités évidentes. Tout d’abord, ce sont deux mouvements sociaux qui éclatent en réaction à des politiques néolibérales destructrices : d’un côté, les mémorandums d’austérité et de l’autre, le « Blitzkrieg des réformes Macron ».

    Ils ont aussi un caractère fortement « national », avec l’omniprésence, dans les deux cas, de drapeaux nationaux. Et de la même manière, ils sont dans le rejet du système politique existant et font apparaître de nouvelles personnes dans l’espace public – des femmes, des non-syndiqués, des gens a priori peu politisés, une population d’origine sociale modeste –, jusqu’alors sous-représentées.

    Ceci dit, sociologiquement, les mouvements restent différents. « La catégorie des précaires diplômés du supérieur n’est pas trop représentée chez les gilets jaunes, relève Stathis Kouvélakis. Or elle était très présente à Syntagma. De manière générale, la participation au mouvement était beaucoup plus massive en Grèce, où la politique économique avait touché tout le monde, alors que la base sociale des gilets jaunes est plus restreinte, plus populaire, même si elle bénéficie d’un large soutien de l’opinion publique. » En Grèce, en 2011, la population faisait bloc contre les mémorandums d’austérité et l’ingérence de la Troïka, mais aussi contre une classe politique corrompue et un système clientéliste à bout de souffle.

    Autre différence : « En Grèce, l’épicentre du mouvement était dans la capitale. Il était inexistant hors des grands centres urbains, alors qu’en France, on a affaire essentiellement à un mouvement de la périphérie, Paris étant “pris” par des manifestants qui viennent d’ailleurs », note Kouvélakis.

    Le mouvement des places a-t-il eu un débouché politique en Grèce ? Sur Syntagma, le mouvement a rapidement reflué. Mais dans les quartiers, ces assemblées populaires se sont transformées en cercles locaux d’entraide, tandis que le désastre économique se poursuivait. Soupes populaires, soutien scolaire, dispensaires de soins gratuits… : de nombreux collectifs se sont montés, dont beaucoup sont toujours en activité aujourd’hui. Alors parti d’opposition de gauche radicale, Syriza a contribué au financement du réseau Solidarité pour tous, qui rassemblait nombre de ces initiatives. Mais ces assemblées de quartier ont fonctionné de manière autonome, a fortiori après l’arrivée au pouvoir de Syriza, en 2015. Cette mobilisation dans les quartiers a par ailleurs insufflé une solidarité non négligeable dans une société longtemps marquée par l’individualisme et le consumérisme.

    « Il est trop tôt pour dire ce que peuvent donner politiquement les gilets jaunes, estime Stathis Kouvélakis. Mais il est certain qu’un mouvement profond comme cela va provoquer des déplacements électoraux. De la même manière que les Grecs mobilisés en 2011, les membres des gilets jaunes se positionnent électoralement sur un axe qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite. À Syntagma, c’était même visible dans l’espace : le haut de la place était occupé par des gens au discours nationaliste, voire d’extrême droite, tandis que le bas de la place était dominé par un discours de gauche. »

    Différentes organisations de la gauche grecque assurent alors une présence discrète, réalisant un important travail de terrain pour empêcher l’infiltration du mouvement par la droite radicale et les néonazis d’Aube dorée. « Mais à l’époque, en Grèce, tout le monde avait conscience du fait qu’un séisme s’était produit dans le système politique bipartisan et que plus rien ne serait pareil. La gauche radicale était confiante, elle sentait déjà que le vent tournait de son côté. Rien de tel ici : le paysage politique est beaucoup plus éclaté et le poids de l’extrême droite en France bien plus important. La situation est encore très fluide. »

    2016, Royaume-Uni : le Brexit révèle la colère des « left behinds »
    À première vue, les situations sont très distinctes : le mouvement des gilets français a surgi du terrain, quand la mobilisation des opposants au Brexit répond d’abord à la stratégie de partis traditionnels. Si les gilets jaunes dévoilent la crise structurelle des partis français, les Brexiters ont d’abord consacré la victoire du UKIP, la formation lancée par Nigel Farage, et des plateformes pour le Leave emmenées par des politiques professionnels.

    « Le Brexit ne s’est pas joué dans la rue, une colère s’est exprimée, qui n’a pas débouché sur un mouvement social », relève Geoffrey Pleyers, sociologue des mouvements sociaux à l’université de Louvain, en Belgique. Mais il relève, des Brexiters et du M5S italien jusqu’aux gilets jaunes, « une même remise en cause de la division droite-gauche, par des acteurs qui décident de former des coalitions stratégiques différentes ». « Ces gens font de la politique ensemble, mais ne parlent pas entre eux de politique traditionnelle, de tel ou tel parti », poursuit-il.

    La structure d’âge est assez comparable : si l’on s’appuie sur les premiers résultats d’une enquête de chercheurs relayée par Le Monde, les gilets jaunes ont en moyenne 45 ans, au-dessus de l’âge moyen de la population française, tandis que les plus jeunes, au Royaume-Uni, avaient voté massivement, à 75 %, pour le maintien dans l’Union europénne. Les gilets jaunes paraissent former un mouvement plutôt mixte, avec des femmes issues de milieux populaires aux avant-postes. En 2016, 53 % des Brexiters de 25 à 49 ans étaient des femmes (la proportion s’inversait pour les plus de 50 ans, avec plus de 60 % d’hommes).

    « Le vote pour le Brexit a été le plus fort dans les anciennes terres industrielles du nord et de l’est de l’Angleterre. De la même façon, le Mouvement Cinq Étoiles en Italie est davantage ancré dans le Sud, qui est plus pauvre. Il y a bien une tendance de fond, liée à la politique économique menée en Europe, à un âge de croissance faible et de poussée des inégalités », avance Chris Bickerton, un politologue de Cambridge, qui fut l’un des porte-voix en 2016 d’un Brexit de gauche (un Lexit, contraction de left et de Brexit).

    Les deux soulèvements semblent dessiner une géographie comparable, avec un fossé net entre des centres-ville aisés et des espaces davantage délaissés (banlieues, périurbains, ruraux). L’Angleterre a voté pour le Leave, à l’exception de Londres ou de grandes villes comme Leeds. Le Pays de Galles s’est aussi prononcé pour le divorce, à rebrousse-poil de sa capitale, Cardiff, favorable au maintien. Quant aux gilets jaunes, c’est une mobilisation des oubliés, loin des centres urbains, avec des pôles multiples sur le territoire français.

    « Ce point commun aurait à voir avec un sentiment de ras-le-bol, de désenchantement, de la part de ceux qu’on a appelés, au Royaume-Uni, des left behinds [« laissés-pour-compte » – ndlr]. Il y a donc clairement une dimension économique partagée », poursuit-il, avant de nuancer : « Mais il me semble que la crise des gilets jaunes nous dit aussi beaucoup sur la présidence Macron et, en ce sens, reste très spécifique à la France. »

    2011, Espagne : la corruption politique, source de l’indignation Le mouvement des Indignés a surgi sur des centaines de places d’Espagne le 15 mai 2011, d’où son nom de code, le « 15-M ». Dans ses rangs, des étudiants du collectif Jeunesse sans avenir côtoyaient des militants du Droit au logement ou des activistes opposés à un équivalent espagnol de la loi Hadopi. Ce mouvement, qui refusait d’être étiqueté de droite ou de gauche, plaidait pour la fin des politiques d’austérité en Espagne, dénonçait la corruption de la vie politique et critiquait le mécanisme de représentation en politique, lui préférant la démocratie directe.

    Le 15-M a connu d’innombrables mues. Après l’occupation des places, jusqu’à septembre 2011, il s’est transformé en une série de mouvements sectoriels contre les coupes budgétaires (santé, éducation, etc.) ou les expulsions immobilières. À partir de 2014, certains ont basculé, optant pour la politique institutionnelle : c’est le lancement de Podemos, mais aussi des confluences citoyennes, qui ont remporté des mairies, dont Barcelone et Madrid. Aujourd’hui, l’esprit du 15-M se retrouve encore dans les mobilisations massives pour les droits des femmes et contre les violences sexistes (le mouvement du « 8-M »).

    L’indignation du 15-M a-t-elle à voir avec la colère des gilets jaunes ? Les deux mouvements s’inscrivent dans une logique d’occupation de l’espace public : la place en Espagne, le rond-point en France. Tous deux ont révélé au grand jour la crise des organisations politiques traditionnelles, des partis aux syndicats, qui se trouvent dépassés. Ils ont pointé du doigt les limites de la démocratie représentative (« Vous ne nous représentez pas », était l’un des slogans du 15-M à l’adresse des députés). Autre point commun : jusqu’à la création de Podemos, en janvier 2014, aucun leader charismatique n’a surgi du mouvement espagnol, qui revendiquait une organisation horizontale et une multitude de porte-parole, quitte à dérouter les médias du pays.

    Le mouvement espagnol s’est également vite trouvé critiqué par des responsables politiques traditionnels, en raison du flou de ses revendications, souvent hétéroclites, d’une place à l’autre du pays. Là encore, c’est un point commun avec les gilets français, dont la nature semble évoluer selon son implantation géographique (avec une présence plus forte, semble-t-il, de militants du Rassemblement national dans le Nord et le Sud-Est, par exemple). Enfin, des deux côtés des Pyrénées, ils ont fait l’objet d’une répression policière musclée.
    La comparaison s’arrête là. Le 15-M s’est construit autour d’un discours très marqué contre la corruption en politique, que l’on ne retrouve pas dans le cas français. Inclusif, il n’a cessé de s’élargir à d’autres pans de la société frappés par la crise, au cours des premières semaines, jusqu’à l’été, quand les gilets jaunes, à ce stade, semblent davantage porter les revendications de milieux populaires malmenés par la politique économique du gouvernement français.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/151218/les-gilets-jaunes-une-specificite-francaise?onglet=full

    #giletsjaunes #gilets_jaunes #places #mouvement_des_places #brexit #italie #espagne
    #m5s#représentation#classes_moyennes#indignés#démocratie_directe#kouvélakis#macron#précaires#ukip#mouvements#giletsjaunes#gilets_jaunes#places#mouvement_des_places#brexit#italie#espagne

  • [RussEurope-en-Exil] Le nouveau gouvernement italien et l’agonie de l’Union européenne, par Jacques Sapir
    https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-le-nouveau-gouvernement-italien-et-lagonie-de-lunion-e

    (Billet invité) La constitution d’un gouvernement de coalition entre le M5S et la Lega est désormais chose quasiment faite. Ceci constitue un véritable cauchemar que ce soit pour les dirigeants de l’Union européenne, les Juncker et les Tusk, ou que ce soit pour les dirigeants des autres pays de l’UE qui s’affichent comme des européistes, […]

    #Économie #Russeurope_en_Exil

    • La constitution d’un gouvernement de coalition entre le M5S et la Lega est désormais chose quasiment faite. Ceci constitue un véritable cauchemar que ce soit pour les dirigeants de l’Union européenne, les Juncker et les Tusk, ou que ce soit pour les dirigeants des autres pays de l’UE qui s’affichent comme des européistes, et en premier lieu le Président Emmanuel Macron. Ce gouvernement, même s’il a accepté de mettre un peu de San Pellegrino dans son Chianti, sera un gouvernement ouvertement eurosceptique. Sa volonté de s’affranchir des règles budgétaires et financières imposées par l’UE, ce carcan qui s’appelle l’euro-austérité, en témoigne. Le poids de deux économistes connus pour leur farouche opposition tant à l’Euro qu’aux politiques d’austérité qui en découlent, mes collègues Bagnai et Borghi qui ont été élus sénateurs, dans la politique de gouvernement ne sera pas mince. Il est cependant clair que cela entraînera un conflit avec le Président de la République italienne, M. Mattarella, dont le pouvoir de nuisance est plus important que ce que l’on imagine ici en France.
       
      Un nouveau front dans la crise de l’UE
      De fait, cela signifie l’ouverture d’un nouveau front dans la crise que connaît l’UE depuis des années, en fait depuis 2005. A vouloir systématiquement outrepasser le vote des électeurs quand ce dernier remettait en cause les constructions institutionnelles concoctées à Bruxelles ou à Francfort, nous sommes arrivés probablement à un point de non-retour. Après la fronde, et même la révolte, de pays comme la Hongrie, la Pologne, mais aussi la République Tchèque, nous avons eu le Brexit, et la décision de la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne. On l’oublie trop souvent, mais cette décision est largement majoritaire en Grande-Bretagne, et elle l’est en raison des empiètements constants de Bruxelles sur les libertés démocratiques britanniques.

      Après le référendum de 2016 qui conduisit au Brexit, après les élections en Autriche, après les élections en Hongrie, c’est donc un nouveau pays et non des moindre, un des pays du groupe fondateur qui signa en 1957 le #Traité_de_Rome, qui est donc en passe de se doter d’un gouvernement « #eurosceptique ». C’est un point important, et un point qui fragilise un peu plus la stratégie de notre Président Emmanuel Macron et ses tirades enamourées sur l’Union européenne ainsi que ses tentatives pour renforcer la dimension « fédérale » de l’UE. Une première leçon doit donc en être tirée. A trop vouloir se focaliser sur les aspects légaux, à trop s’appuyer sur la « #légalité », l’Union européenne a oublié l’importance de la #légitimité, qui fonde en réalité la dite légalité. A trop vouloir privilégier « l’état de droit », qui n’est pas sans mérite, on a oublié qu’il n’était pas l’achèvement de la #démocratie. De fait, et on le sait bien depuis les études de cas qui proposées dans l’ouvrage de David Dyzenhaus The Constitution of Law[1] l’obsession pour la rule by law (i.e. la légalité formelle) et la fidélité au texte tourne bien souvent à l’avantage des politiques gouvernementales quelles qu’elles soient. À quelques reprises, l’auteur évoque ses propres analyses des perversions du système légal de l’#Apartheid[2] en rappelant que cette jurisprudence avilissante tenait moins aux convictions racistes des juges sud-africains qu’à leur « positivisme »[3]. Il y a là une leçon importante pour tous les politiciens, et en particulier pour le Président de la République italienne, M. Mattarella.

      Cela montre que la montée désormais irréversible des opposants à « cette » Europe, c’est-à-dire à l’Union européenne, est un fait dont les politiques se doivent de tenir compte. L’Union européenne agonise, du moins dans sa forme actuelle, et toutes les tentatives pour en renforcer les pouvoirs au détriment des Etats qui la composent sont donc vouées à l’échec[4].

      Mais, il y a aussi une dimension spécifiquement italienne dans la prise de conscience des électeurs de l’étouffement de leur pays par l’Union européenne.
       
      Spécificité de la crise Italienne
      La situation de l’Italie est importante dans l’Union européenne. Ce pays représente désormais, hors la Grande-Bretagne qui est en passe de sortir de l’UE, la troisième économie de l’Union. Tout le monde comprend bien qu’une crise entre Bruxelles et Rome pourrait bien provoquer la fin de l’Union européenne et l’éclatement de toute le « projet européen ». Pourtant, l’Italie passait, et ce jusqu’à ces dernières élections, pour un pays solidement amarré dans l’UE. L’Italie, il convient de la rappeler, était l’un des membres fondateurs de la Communauté Economique Européenne lors du Traité de Rome en 1957, le « marché commun » qui est l’ancêtre de l’UE. Mais, et cela a été oublié, par ignorance ou à dessein, tant par les politiciens que par les journalistes à gages, l’Italie souffre de l’Euro, et souffre de l’Union européenne, depuis le début des années 2000.

      Graphique 1

      L’impact de l’Euro sur l’économie italienne[5], qui était dans les années 1960 à 1990 une économie dynamique au point que l’on a pu parler d’un « miracle italien », a été terrible. L’impossibilité pour l’Italie de déprécier sa monnaie par rapport à l’Allemagne et aux pays de l’Europe du Nord, les fluctuations erratiques de l’Euro par rapport au Dollar des Etats-Unis, qui ont conduit à une surévaluation évidente de l’Euro, tout cela a eu un effet très délétère sur la croissance de l’Italie[6]. Les investissements[7] sont tombés en dessous de leur volume de 1994-1996 et sont, aujourd’hui, à un niveau proche de l’Espagne.

      Graphique 2

      Le PIB est retombé au niveau du début des années 2000, et le PIB par tête (PIB per capita) n’a cessé de baisser. Enfin, l’épargne elle-même est en train de s’effondrer depuis plusieurs années, car les mesures fiscales prises par les divers gouvernements sont devenues insupportables. Enfin, et cela est sans doute le plus inquiétant, la productivité du travail ne cesse de baisser en Italie.

      Graphique 3

      Ce pays souffre donc de l’Euro, mais il souffre aussi de l’Union Européenne. Cela s’est d’ailleurs traduit par l’imposition par le gouvernement Renzi du trop fameux « #Job_Act », modelé à #Bruxelles et imité par les gouvernements français de Hollande à Macron, qui a abouti à une véritable catastrophe au point que de nombreuses voies désormais s’élèvent pour le faire supprimer.

      L’UE, pour l’Italie, depuis des années, cela signifie des restrictions à son commerce extérieur (en particulier avec la Russie, point sur lequel le futur gouvernement entend faire changer les choses) mais aussi le fait que ce pays a été laissé seul face à la vague migratoire venue de l’autre rive de la Méditerranée. L’Italie a été laissée sans aide face à une véritable catastrophe migratoire. Devant le désastre, le pays a bien réagi, et l’humanité des italiens n’est plus à démontrer. Mais, l’Italie ne peut faire face, dans le cadre des règles européennes. Cela, aussi, explique le désamour des italiens pour l’Union européenne.
       
      Deux populismes ?
      Il n’est pas étonnant qu’aux dernières élections deux partis, le M5S et la Lega aient rassemblés le plus de suffrages. Cette élection a d’ailleurs montré l’effondrement du « centre-gauche », représenté par le PD du très européiste Renzi, mais aussi l’effacement relatif du centre-droit de Berlusconi. Très clairement les électeurs italiens ont émis un vote de rejet des partis traditionnels qui – eux – s’affichaient clairement pour la continuité avec les pratiques pas toujours glorieuses de la classe politique italienne et pour l’Europe.

      Le #M5S et la #Lega sont, l’un et l’autre, des partis que l’on peut considérer comme populistes. Ils expriment ce rejet des élites corrompues de l’Italie, de ce système de connivence et de complaisance qui lie les uns et les autres et qui fait que rien ne bouge. Le M5S, créé par un homme, Beppe Grillon qui n’était pas du sérail, incarne plus directement cette ligne populiste. Il a été repris en mains par d’autres, dont les ambitions sont évidentes, et qui ont beaucoup fait pour gommer les aspects les plus « anti-système » de ce mouvement, pour le rendre plus présentable et plus compatible avec le cadre politique traditionnel, mais aussi avec le cadre européen. Le M5S a ainsi mis de côté sa proposition d’organiser un référendum sur l’Euro.

      La Lega est, elle, issue d’un mouvement autonomiste du Nord de l’Italie, et peut être classée plus a droite que le M5S du moins en apparence. Mais, ces dernières années, ses dirigeants ont beaucoup fait pour transformer ce mouvement en un véritable parti national. Il a aussi radicalisé ses positions, que ce soit sur l’UE ou sur l’Euro, et cela explique en bonne partie ses récents succès. D’ailleurs, les sondages effectués après les élections, en avril et en mai, montrent une hausse constante de ce parti, au détriment du M5S. Il n’en reste pas moins que la répartition géographique des voix lors des dernières élections générales a montré une domination du M5S au sud de Rome et une domination de la Lega au nord.

      Ce point est important. L’Italie est une construction politique récente. Elle résulte de l’imposition des structures institutionnelles du Royaume du Piémont, et en particulier de sa monnaie. En un sens l’Italie a déjà connu l’expérience malheureuse d’une monnaie unique. De cette histoire découle la coupure entre deux Italie, coupure qui a pris la forme du problème du mezzogiorno dans les années 1950. Même l’émergence de la « troisième Italie », cette Italie des petites et moyennes entreprises de Toscane et de Vénétie, n’a pu combler le fossé. D’ailleurs, une partie de cette « troisième Italie » s’est ralliée à la Lega. On doit y ajouter l’inachèvement de l’Etat italien, qui dès la période de la royauté s’est constitué en « surplomb » par rapport à la société italienne. C’est ce qui explique en particulier l’épisode fasciste des années 1920 à 1943 où cette position en « surplomb » a été portée à sa quintessence.

      L’alliance de ces deux partis était dans la logique des choses. De fait, les dirigeants du M5S se sont rendus compte que tel était le souhait d’une majorité de leurs électeurs. Mais cette alliance n’est pas sans soulever de nombreux problèmes.
       
      Difficultés en vue
      Le premier des problèmes qui se manifeste dès aujourd’hui tient aux pouvoirs accordés, dans la Constitution italienne, au Président de la République. Il n’est pas le strict homologue de nos Présidents de la IVème République qui, suivant l’expression consacrée, devaient se borner à « inaugurer les chrysanthèmes ». Le Président est le garant des traités et, à ce titre, des traités européens. On voit immédiatement tout ce qu’un europhile convaincu, et donc peu soucieux d’entendre la voix des électeurs, peut en tirer. D’où la difficulté pour l’alliance M5S-Lega de ne pas décourager les électeurs en rabotant par trop dans son programme les points anti-Euro et anti-UE, tout en passant sous les fourches caudines du Président, du moins tant qu’un référendum n’aura pas eu lieu. Cela explique les acrobaties, il n’y a pas d’autres mots, auxquelles se livrent Salvini pour la Lega et le dirigeant du M5S.

      Le fait que le dirigeant de la Sinistra Italiana la « gauche italienne », Stefano Fassina, envisage de soutenir de manière critique cet hypothétique gouvernement de coalition[8] entre le M5S et la Lega indique bien un possible rassemblement des forces autour de la matrice souverainiste. Fassina tire la leçon du naufrage de la « gauche » italienne qui s’est perdue dans l’#européisme. Il déclare ainsi, dans la revue Le vent se lève : « Pour nous, Sinistra Italiana était un nouveau départ. Nous voulu inscrire les intérêts nationaux au cœur du programme. L’adjectif « italiana » n’est pas dû au hasard. pour rappeler que nous souhaitons redonner des moyens d’intervention à l’Etat national, complètement sacrifié non seulement en Italie mais dans toute l’Europe, par l’orientation néolibérale des traités européens et de l’euro »[9]. Il ajoute sa volonté d’examiner une à une les propositions de loi de la coalition, et se réserve la possibilité de voter pour celles qui iraient dans un sens véritablement progressiste. Cette attitude pragmatique est à retenir. Elle tranche avec les partis pris que l’on peut entendre en France. Elle montre la voie pragmatique par laquelle pourra se construire un bloc souverainiste susceptible de s’opposer au bloc bourgeois-européiste qui s’est constitué dans de nombreux pays, ce bloc que des collègues italiens appellent les euronoïmanes…

      [1] Dyzenhaus D., The Constitution of Law. Legality In a Time of Emergency, Cambridge University Press, Londres-New York, 2006
      [2] Dyzenhaus D, Hard Cases in Wicked Legal Systems. South African Law in the Perspective of Legal Philosophy, Oxford, Clarendon Press, 1991.
      [3] Dyzenhaus D., The Constitution of Law. Legality In a Time of Emergency, op.cit., p. 22.
      [4] J. Zielonka, Is the EU Doomed ? Polity Press, Cambridge (2014)
      [5] Voir Bagnai, A., Mongeau Ospina, C.A., 2014. « The a/simmetrie annual macroeconometric model of the Italian economy : structure and properties ». Working Papers Series 1405, Italian Association for the Study of Economic Asymmetries, Rome, Italy.
      [6] Voir , Alberto Bagnai , Brigitte Granville , Christian A. Mongeau Ospina, « Withdrawal of Italy from the Euro area, Stochastic simulations of a structural macroeconometric model », in Economic Modelling, Volume 64, August 2017, Pages 524-538 , http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264999316308689
      [7] Voir NATIXIS, L’Europe est-elle le problème de l’Italie ? , Flash Economie, n°271, 12 mars 2018.
      [8] Voir son interview dans Le vent se lève, http://lvsl.fr/14367-2
      [9] Idem.

      #Italie #ue #union_européenne #crise #migrants

  • « Honte à la victime et déshonneur sur la pute »
    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/17/honte-a-la-victime-et-deshonneur-sur-la-pute_1644035

    Pute, menteuse, traîtresse, opportuniste.

    Voilà ce qu’on aura dit de moi et plus encore lorsque, en octobre dernier, j’ai commencé à m’exprimer sur le fait d’avoir été violée en 1997 par Harvey Weinstein. Pour avoir osé dire ma vérité : honte à la victime et déshonneur sur la pute. Depuis lors, chaque jour apporte son lot de menaces et d’intimidations. Et je suis loin d’être la seule.

    Partout, portées par l’ampleur du mouvement #MeToo, les femmes ont eu le courage de partager en public leurs traumatismes les plus intimes et les plus douloureux. En retour, elles ont dû affronter des agressions redoublées concernant leur caractère, leur crédibilité, leur dignité. Six mois après la sortie de l’affaire Weinstein dans les pages du New York Times et du New Yorker, nombreuses sont les personnalités publiques […] à se sentir elles aussi désinhibées et ce, non pour avouer leur lâcheté de spectateurs indécents mais pour ni plus ni moins dénoncer le mouvement #MeToo. Haro sur les survivantes ! Plus nous sommes nombreuses et ferventes, plus violentes sont la fréquence et la férocité des attaques !

    Berlusconi a montré le chemin

    La palme de la brutalité face au déferlement de cette parole féminine revenant à mon pays d’origine : l’Italie.

    Mais le poison se répand partout.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    C’est pour cela que j’interviens, au Sommet mondial des femmes qui se tient au Lincoln Center de New York (1). Je prends la parole aux côtés de deux Italiennes formidables : la députée Laura Boldrini et la mannequin Ambra Battilana Gutierrez.

    Pour avoir défendu le droit des femmes en Italie, la Boldrini a subi des intimidations d’une violence extrême. On a brûlé son effigie dans la rue. Le maire de droite d’une petite ville a suggéré sans vergogne qu’elle méritait d’être violée par des migrants. Au cours d’une étape d’un rallye automobile, Matteo Salvini, le leader d’extrême droite de la Ligue du Nord, a osé comparer la députée Boldrini à une poupée gonflable. Et ce diffamateur sans foi ni loi a des chances de devenir un jour Premier ministre. Un autre membre de la Ligue du Nord a purement et simplement appelé à l’élimination physique de la Boldrini. Quant à Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement Cinq Etoiles, n’a-t-il pas simplement demandé à ses deux millions de followers Facebook : que feriez-vous avec la Boldrini dans une voiture ?

    Ambra Battilana Gutierrez est une jeune mannequin courageuse qui a osé tenir tête à deux monstres : Berlusconi et Weinstein. Elle a pu témoigner de ce qu’elle a vu et subi lors des fameuses parties « bunga-bunga » organisées par Berlusconi. Deux ans plus tard, le NYPD lui a demandé de porter un micro lors d’une rencontre avec Harvey Weinstein. Elle a ainsi pu enregistrer les preuves de ce qu’elle a subi en fait de harcèlement, de manipulation et d’intimidation. Le groupe Murdoch a lancé une campagne de calomnie faisant d’elle une pute et une extorqueuse.

    Nous adressons donc une mise en garde aux Américains : ce qui a commencé en Italie se poursuit à présent aux Etats Unis. Une parole publique souillée par le délire malsain des tabloïds. Sexe, mensonge, violence et corruption. Berlusconi suivi de près par Trump et Weinstein. La figure à présent familière de l’homme de pouvoir se servant des femmes pour assouvir ses pulsions sexuelles et regonfler son ego fragile avant de couvrir son crime par l’usage de la corruption, de la menace et de l’intimidation. L’exploitation des femmes étant l’élément central de son cheminement vers le pouvoir. Weinstein a utilisé sa société pour asservir ses proies, Trump a gagné en pouvoir dans le monde des affaires et des médias grâce au concours Miss USA.

    Berlusconi leur a montré le chemin à tous les deux. Il a corrompu son pays, étape par étape, au travers d’un vaste empire médiatique régnant sur trois chaînes de télévision nationales, Mondadori - le plus grand éditeur de livres et de magazines ainsi que d’un quotidien,Il Giornale - et Striscia La Notizia, une émission satirique hebdomadaire sur Canal 5, la plus regardée en Italie depuis les années 80, qui tourne le journal télévisé en dérision et met en scène des filles à moitié nues.

    Avec le temps, cette représentation par la télévision italienne de la femme comme objet sexuel, stupide, muette et soumise s’est généralisée jusqu’à s’insinuer dans l’inconscient national, contaminant la culture et déformant les ambitions des jeunes Italiennes. On leur disait « fais la con, tais-toi, sois sexy, c’est la meilleure manière d’être admirée et de réussir dans la vie ». Un objet de désir sans voix. Si Berlusconi a été capable d’accomplir cela, c’est parce que les femmes étaient déjà considérées comme moins que rien, cantonnées à deux rôles tout au plus : la maman et la putain. L’Italie a longtemps été sexiste jusqu’à l’os : la misogynie y est une loi courante et le féminicide une réalité quotidienne.

    En Italie, toutes les soixante heures, une femme est tuée par un homme. Une femme sur trois a subi des violences sexuelles sous une forme ou une autre au cours de sa vie. Une femme sur trois !

    Jusqu’en 1981, la justice italienne pouvait supprimer des accusations de viol si la victime acceptait d’épouser son violeur.

    On désignait cette pratique épouvantable sous le nom de « mariage réparateur ». Jusqu’à la même année, un mari pouvait tuer sa femme qu’il soupçonnait d’adultère et n’être que faiblement condamné. Jusqu’en 1996, le viol n’était pas considéré comme un crime contre une personne mais une atteinte à la morale publique. […]

    Réfléchissez-y !

    Tout se passe comme si la loi entravait la déclaration et les poursuites. Jusqu’à prétendre qu’il ne s’est rien passé. Une loi écrite par les hommes pour les hommes. Une loi conçue pour protéger les violeurs. Quand je me suis décidée à parler de Weinstein, c’est tout d’abord en Italie que mon récit n’a été ni cru ni accepté. Au lieu de cela, on a souillé ma réputation, déformé mon histoire et dénigré ma crédibilité.

    Quasiment tous les jours, la télévision montrait un panel de gens qui ne me connaissaient pas, que je n’avais jamais rencontrés et qui se sentaient légitimes pour affirmer si oui ou non j’avais été violée. Ils disséquaient mon histoire et ma vie comme autant de détectives d’une scène de crime qui n’existait que dans leur imagination malsaine. Et ces grands détectives de conclure que non seulement j’avais demandé à être violée mais que j’en avais tiré bénéfice. Ce qui m’était arrivé n’était pas un viol mais de la prostitution. A leurs yeux, je ne valais même pas la peine d’être considérée comme victime de ce crime monstrueux. A leurs yeux, je n’étais pas assez bonne pour être violée. Cette déshumanisation impitoyable opérée au travers des médias italiens a répandu l’idée dans toute l’Italie que l’on peut avilir et calomnier en toute impunité.

    Les commentaires parmi les plus cruels et les plus blessants sont venus de certaines de mes connaissances. Catherine Breillat, sans doute la réalisatrice la plus sadique et la plus inhumaine avec laquelle il m’ait été donné de travailler, se déclare féministe mais fait toujours passer son intérêt personnel avant celui des femmes. Dans un entretien récent, elle a déploré la perte d’Harvey Weinstein pour le cinéma européen mais n’a pas eu un mot de soutien pour toutes les femmes qu’il a violées, agressées, harcelées. Au lieu de cela, me prenant en exemple, elle a tenté de salir la crédibilité de tous ceux qui accusent Weinstein.

    Il y a aussi Vincent Gallo, acteur et mannequin. Afin d’assurer la promotion de la collection qu’il promeut, il a exploité les pages du magazine de mode britannique Another Man pour mener une attaque injuste et malveillante contre Rose McGowan et moi-même. (Je ne connais pas Gallo, nous nous sommes vaguement croisés il y a une vingtaine d’années). Il a déshonoré Yves Saint Laurent et le directeur artistique Anthony Vaccarello qui a autorisé son mannequin à vendre des vêtements sur le dos de deux rescapées d’agressions sexuelles. Yves Saint Laurent et Jefferson Hack, l’éditeur de la revue Another Man, se sont couverts de honte en autorisant Gallo à faire cela en leur nom, sans aucune censure, tout en profitant silencieusement de la publicité générée par cette affaire.

    Et ce sont nous les putes !?

    Je ne permettrai pas à ces pyromanes de me dénigrer impunément. Ni moi, ni #MeToo, ni personne. Aucune d’entre nous ne devrait tolérer cela.

    Toutes des Nanine McCool

    Les exemples ne manquent pas et nous devrions toutes rendre hommage à Nanine McCool. Cette femme courageuse s’est levée dans un stade de plus de 10 000 personnes pour tenir la dragée haute à Tony Robbins, gourou autoproclamé et demi-dieu de pacotille [cet auteur de livres de développement personnel a condamné le mouvement #MeToo lors d’un grand show, ndlr.] Cet homme, stéréotype du mâle dominant façon poupée Ken, s’est dressé devant elle de toute sa hauteur tentant d’utiliser sa force physique pour l’intimider, empiéter sur son espace, la déstabiliser. Nanine ne s’est pas démontée et n’a pas reculé. Elle l’a emporté et démasqué ce nabot voulant se faire passer pour un géant. Il n’a exprimé ses regrets qu’après la diffusion d’une vidéo virale (2).

    Nous sommes toutes des Nanine McCool. Je la soutiens, ainsi que tous les survivants. Leur douleur est ma douleur. Leur trauma, mon trauma. Leur voix, ma voix. Mon expérience personnelle et mon chagrin ont fait de moi une militante. Ils m’ont donné une vocation, une mission et un message autrement plus précieux pour le respect de moi-même que n’importe qu’elle carrière dans le cinéma.

    Il y a six mois, le monde a changé. Définitivement. Irrévocablement. L’équilibre des forces a enfin basculé du côté des survivants auxquels on a donné une voix et une estrade pour dire leur vérité au monde. Si nous restons forts, déterminés, vigilants - si nous nous soutenons les uns les autres - les intimidateurs tomberont.

    Ce qui est fait ne peut être défait. Ce qui a été révélé ne peut plus être caché. Ce qui a été dit ne peut plus être tu.

    Pour avoir dit ma vérité aux puissants j’ai été traitée de pute, de menteuse et d’opportuniste. Mais s’il est une chose que je ne ferai plus, qu’aucune d’entre nous ne fera plus : garder le silence.

  • La guerre de position qui vient | Gaël Brustier
    https://www.lemediatv.fr/node/465

    Le système partisan de la Vème République a sombré corps et bien, vers quel nouveau paysage politique avançons-nous ? C’est la question que pose ici le politologue Gaël Brustier, auteur d’« A demain Gramsci ».

    La crise de 2008 a ébranlé les démocraties européennes. Les régimes politiques des pays de l’Union européenne sont touchés. Le régime politique de l’UE lui-même est atteint. C’est la légitimité ce ces régimes qui a été ébranlé. Un régime, ce n’est pas qu’un système institutionnel. Les rouages de la Vème République comme ceux de la Seconde République italienne, comme ceux également du régime de 78 en Espagne fonctionnent encore. En revanche, davantage de citoyens se tiennent éloignés des scrutins électoraux, nombre d’entre eux manifestent une défiance croissante envers le système partisan en place. Ainsi en Italie, dans le sillage de Beppe Grillo, toute une Italie répudie système partisan et système médiatique, tantôt lié aux partis tantôt à la seule puissance privée de Silvio Berlusconi. L’Europe entière a chancelé ou continue d’éprouver les conséquences de secousses tour à tour financière, économique, idéologique, politique et institutionnelles...

    ...Gramsci parlait de « guerre de position » pour décrire les batailles que devraient engager les révolutionnaires dans les sociétés occidentales. Ce combat lent, pour chaque casemate, chaque tranchée, n’est pas moins utile qu’auparavant. Au contraire. Il prend davantage de sens mais implique qu’on parte avec de fermes analyses et convictions en bandoulière...

    #leMédia #débats #projet_collectif #espace_d'expression #nouvel_horizon

  • A #Rome, l’effet 5 Etoiles est déjà retombé
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090118/rome-l-effet-5-etoiles-est-deja-retombe

    Virginia Raggi lors d’une émission de télévision, avec Beppe Grillo en fond d’écran derrière elle © Capture d’écran L’unita.tv Il y a un an et demi, l’élection de #Virginia_Raggi, première maire du Mouvement 5 Étoiles à gouverner la plus grande ville d’Italie, avait suscité la curiosité. Après un début de mandat très mouvementé, entre démissions en série, problèmes dans la gestion des déchets et affaires judiciaires, le bilan de son action est pour le moins mitigé.

    #International #M5S #Mouvement_cinq_étoiles

  • Sur l’immigration, la classe politique italienne vire à droite toute
    https://www.mediapart.fr/journal/international/310717/sur-l-immigration-la-classe-politique-italienne-vire-droite-toute

    Matteo Renzi a durci son discours sur l’accueil des migrants, surprenant même son propre camp. Le Toscan se rapproche des discours du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, mais aussi de la Ligue du Nord, alors que 2017 devrait marquer un nouveau record du nombre d’arrivées de migrants dans la péninsule.

    #International #immigration #Italie #M5S #PD

  • Aux États-Unis, les amis américains de Marine Le Pen préparent le terrain - France 24
    http://www.france24.com/fr/20170425-etats-unis-marine-le-pen-amis-americains-preparent-terrain-trump-

    Au fil des années, Marine Le Pen s’est tissé un embryon de réseau de l’autre côté de l’Atlantique, et notamment à New York. "Bienvenue à la Trump Tower !", lance ainsi Guido George Lombardi, dit Guido, en ouvrant la porte de son appartement au 63e étage avec un large sourire. Cet Italo-Américain de 66 ans a fait fortune dans l’immobilier. Il habite trois étages en dessous du penthouse du président américain, où vivent encore sa femme Melania Trump et leur fils Baron, et partage avec eux la même vue époustouflante sur Central Park.

    "On veut la rencontrer, l’aider"

    C’est grâce à sa seconde femme, Gianna Lahainer, que Guido entre dans le cercle du milliardaire devenu président. Proche de la Ligue du Nord en Italie, il devient au fil des années l’intermédiaire de Donald Trump avec les partis populistes européens. Aujourd’hui, il compte parmi ses fréquentations Geert Wilders aux Pays-Bas (PVV), Beppe Grillo en Italie (M5S), Frauke Petry en Allemagne (AfD) et Marine Le Pen en France (FN). Il a rencontré la candidate du Front national il y a un peu plus de 20 ans, à Bruxelles. "J’ai tout de suite remarqué qu’elle n’était pas une figure politique traditionnelle. J’ai été impressionné", se rappelle-t-il.

    C’est lui que l’on a vu attablé à côté de la présidente du Front national dans le café de la Trump Tower, en janvier dernier. Malgré les rumeurs sur un éventuel entretien avec Donald Trump, Guido assure que la candidate était là pour rencontrer de potentiels donateurs. "Des gens qui connaissent mon amitié pour elle m’ont dit : ’On veut la rencontrer, l’aider’, rapporte-t-il aujourd’hui. Ce sont des personnes avec beaucoup de moyens, des gens de Wall Street ou des hommes d’affaires."

    Parmi les invités au cocktail en l’honneur de Marine Le Pen dans l’appartement très kitsch de Guido, des Américains, des Israéliens, des Indiens et des Russes, soit 35 personnes au portefeuille bien garni. D’habitude si bavard, l’hôte de cette petite sauterie ne s’étend pas sur le résultat de ces rencontres. Mais il laisse entendre que la candidate est repartie satisfaite : “J’ai fait les présentations, je n’ai pas assisté à des signatures de chèques. Mais il y a eu d’autres réunions par la suite, en privé, auxquelles je n’étais pas présent. Donc beaucoup de choses ont pu se passer” laisse-t-il entendre.

     ;inf

  • Russian propaganda is state-of-the-art again | The Economist
    http://www.economist.com/news/europe/21711538-1930s-moscow-beacon-international-movement-russian-propaganda

    FOR much of post-Soviet history Russia was seen as an outlier whose politics would inevitably move towards those of the West. After the Brexit vote and the election of Donald Trump in America, it appears the opposite is taking place: the style of politics practised by Vladimir Putin’s regime is working its way westward.

    From the Mediterranean to the Pacific, Mr Putin is hailed as an example by nationalists, populists and dictators. “My favourite hero is Putin,” said Rodrigo Duterte, the brutal president of the Philippines. Mr Trump called Mr Putin “a leader far more than our president.” In Italy Beppe Grillo’s Five Star Movement took Mr Putin’s side against the West, and the anti-immigrant Northern League, led by Matteo Salvini, has enthused about his Russia. “No clandestine immigrants, no squeegee merchants and no Roma encampments [in Moscow],” tweeted Mr Salvini during a visit in 2014.

    #russie #ex-urss #union_soviétique #soviétisme

  • Un an après avoir prédit le Brexit et Trump, Bloomberg annonce Le Pen présidente et un Frexit pour 2017 | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/130589/monde-2017-predictions

    Pour l’année 2017, donc, Bloomberg prédit la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle française et, dans les mois qui suivent, la tenue d’un référendum sur une sortie de la France de l’Union européenne. À l’image du Brexit, voici le « Frexit ». En Europe, le scénario n’a rien de réjouissant : le magazine prédit la fin de l’espace Schengen. L’espace de libre circulation sans contrôles aux frontières au sein de l’Europe n’est plus.
    En Allemagne, Angela Merkel perd les élections. En Italie, le leader du Mouvement 5 Étoiles, Beppe Grillo, se hisse au pouvoir et lance l’idée d’un référendum pour la réintroduction de la lire italienne. Au Royaume-Uni, Theresa May, elle, se voit depassée et surpassée par un candidat de la ligne dure du Brexit, après que les discussions sur la mise en place du Brexit n’aboutissent à quelque chose de concret. En Grèce, la crise économique persiste mais, cette fois, aucun renflouement n’est prévu, ajoute Bloomberg.

    • Pas la peine de flipper, la Marine est déjà à la manœuvre :
      Voici des faits relatés dans le torchon à grand tirage de la région.

      Mayenne. Quatre personnes agressées par des supporteurs des Verts

      Quatre Parisiens rentraient d’un enterrement à Brest dimanche 4 décembre. Vers 20 h 30, ils ont été victimes de « propos racistes et de menaces de mort » de la part d’un groupe de supporteurs de l’AS Saint-Etienne sur l’aire de repos à hauteur de Thorigné-en-Charnie. Ils ont porté plainte.

      Quatre personnes, qui rentraient à Paris après avoir assisté à un enterrement à Brest, dénoncent des agressions commises dimanche soir par « des supporteurs de l’AS Saint-Etienne ». Le club de foot jouait contre Rennes dans l’après-midi dans le cadre du championnat de Ligue 1.
      « Nous étions trois, eux une cinquantaine. »

      Vers 20 h 30, le couple et ses deux amis, âgés de 26 à 33 ans, s’arrêtent sur l’aire d’autoroute de la Vallée de l’Erve, à Thorigné-en-Charnie (Mayenne). Selon ce groupe composé entre autres d’un Franco-malgache et d’un Franco-guinéen, les choses se gâtent dès l’entrée dans la station Shell. « Un gars nous dit : « Tu vas où toi ? Tu dois payer pour rentrer. » » Le ton dérape : « L’un commence à nous traiter de bougnouls. » Une claque derrière la tête tombe et les insultes pleuvent. « Nous étions trois, eux une cinquantaine. » Ils disent n’avoir pas rétorqué et quitté les lieux.

      Les trois amis sortent et tentent de bloquer les Stéphanois devant les portes de la station. « Ils ont essayé de les défoncer en donnant des coups de pied et criaient : « On va vous tuer, vous massacrer, vous buter ! » »
      Plainte déposée au commissariat de Versailles

      Contactés, les responsables de la station-service ont refusé de s’exprimer sur les faits et d’éventuelles dégradations commises dans l’établissement.

      Les clubs de supporteurs que nous avons joints via Facebook n’ont pas donné suite. Le service communication de l’AS Saint-Etienne, lui, reconnaît que les groupes qui suivent le club « ne sont pas parfaits. Mais ils n’ont rien à voir avec des supporteurs racistes ».

      700 supporteurs stéphanois étaient présents au Roazhon Park dimanche et divisés en plusieurs groupes. Le commissariat de Versailles (Yvelines) a confirmé la plainte déposée dans la nuit par les quatre victimes. Une enquête est en cours.

      #racisme #foot_ball #supporters #le_sport_c'est_la_guerre #gros_connards_bas_du_front

  • Après deux gouvernements non-élus, les Italiens votent pour la démocratie Solidaire - Marc Botenga - 5 Décembre 2016
    http://solidaire.org/articles/apres-deux-gouvernements-non-elus-les-italiens-votent-pour-la-democratie

      No ! » Les Italiens ont été clairs. Lors du référendum qui a eu lieu ce dimanche 4 décembre, ils ont majoritairement rejeté la réforme de la Constitution. Un message clair au social-démocrate Renzi, à toute la classe politique italienne, mais aussi à l’Union européenne : les gens veulent plus de participation populaire. Après deux gouvernements non-élus, les Italiens disent « Basta ! ».

    Le résultat du référendum est sans appel, avec un taux de participation de 65 % et 60 % des votants qui ont dit « non » au projet du premier ministre Matteo Renzi. Il s’agit d’un message clair des Italiens au social-démocrate Renzi, à toute la classe politique italienne, mais aussi à l’Union européenne. Un message de démocratie à cette classe politique qui a voulu exclure le peuple. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agissait : une constitution moins démocratique, avec moins de participation populaire. Après deux gouvernements non-élus, les Italiens ont maintenant dit : Basta !


    Des gouvernements sans et contre le peuple
    La campagne pour le « Non » a en premier lieu été une campagne démocratique. Son succès est celui des militants de base et du travail de terrain d’une grande variété d’acteurs.

    Après la chute de Berlusconi, en 2011, l’Union européenne avait imposé – sans élections - Mario Monti comme premier ministre et ministre de l’économie. Ancien conseiller de la banque d’affaires Goldman Sachs et de Coca-Cola, Monti avait passé dix ans à la Commission européenne. Il en profitait pour faire passer des mesures d’austérité et des coupes dans les pensions. Monti avait aussi initié la réforme du marché du travail que Renzi terminera.

    En 2014, Renzi devient le deuxième Premier ministre (Président du Conseil, selon la terminologie italienne) non-élu en trois ans, remplaçant son collègue de parti Enrico Letta. Renzi se fait un ardent défenseur des « réformes structurelles » de l’Union européenne. Sa loi Peeters à lui, qu’il appelle « Jobs Act », facilitera les licenciements collectifs, et supprime l’article 18 de la loi du travail. Cet article 18, dont la portée avait déjà été fortement affaiblie, garantissait une protection en cas de licenciement illégal. Berlusconi avait essayé d’abolir cet article, mais les travailleurs italiens s’étaient mobilisés en masse. Sans aucun mandat populaire, Renzi a ensuite forcé la main, là où les gouvernements de droite avaient échoué.

    Marre
    C’est ce même Renzi, non-élu et anti-social, qui voulait maintenant réformer la Constitution à son image. Le Sénat ne serait plus élu directement, et proposer une loi au Parlement deviendrait plus difficile pour les citoyens. Pas question, rétorquent donc les Italiens en masse.

    Des années faites de cadeaux aux banques et aux multinationales, des années d’austérité et de concurrence européenne ont quasiment mis à genoux l’économie italienne. C’est aussi cette politique qu’a refusé la population. Pour Eleonora Forenza, parlementaire européenne italienne du groupe de la Gauche unie européenne (GUE/NGL), Renzi appliquait à la lettre ce que demandent le capital financier, l’Europe des banques et notamment la banque d’affaires américaine JP Morgan. En 2013, cette société financière américaine affirmait que les systèmes politiques des pays du Sud paraissaient inadaptées à favoriser une plus grande intégration de la zone européenne.

    Face à l’ampleur du désaveu de ce dimanche 4 décembre, Renzi a démissionné. Durant la campagne pour le référendum, il avait en effet annoncé qu’il démissionnerait en cas de victoire du « non ». Cela avait encore davantage transformé le référendum en plébiscite pour sa politique. Avec un résultat éloquent.

    Il n’est cependant pas sûr que la classe politique, ni l’Union européenne, comprenne réellement le message. Au sein de l’establishment, des voix s’élèvent pour que le président italien Sergio Matarella nomme un « gouvernement technocratique ». Le nom de Pier Carlo Padoan circule notamment. Padoan a été directeur du Fonds Monétaire international (FMI) et vice-secrétaire général de l’OCDE. Imposer un autre gouvernement technocrate pour appliquer la politique des banques et de l’Union européenne. Voilà la première réaction de ceux d’en haut.

    Un message solidaire à porter
    C’est se voiler la face que de penser pouvoir ignorer le message du référendum. La droite traditionnelle et le richissime Silvio Berlusconi l’ont bien compris. Ainsi, dans une première réaction, même d’anciens ministres de Berlusconi se présentent désormais comme anti-élite. L’extrême droite, elle, veut donner une interprétation étroitement nationaliste ou même raciste à ce référendum.

    Ce serait une grossière manipulation. La campagne pour le « Non » a été portée très largement. Elle a en premier lieu été une campagne démocratique. Son succès est celui des militants de base et du travail de terrain d’une grande variété d’acteurs. Le Mouvement des 5 Étoiles (Movimento 5 Stelle) de Beppe Grillo y a joué un rôle important, mais il y avait aussi le grand syndicat CGIL, tous les comités locaux et les syndicats de base. Des militants des syndicats de base USB étaient d’ailleurs les premiers à descendre dans la rue devant le siège du Premier ministre pour exiger sa démission.

    Un sentiment de colère justifiée se répand contre cette élite qui essaie d’exclure la population de la politique, ainsi qu’un dégoût justifié des politiques qui ne favorisent que les grandes fortunes. Les Italiens ont voté en masse contre un gouvernement asocial au service des banques, contre l’Europe de la concurrence, pour davantage de démocratie. Le défi pour la gauche, pour tous ces militants qui se sont battus corps et âme, sera de donner une expression politique à la hauteur des aspirations de la population. Ce vote prouve une nouvelle fois que l’Europe doit changer de cap. Soit nous construisons une Europe de la solidarité et de la coopération, soit des tendances nationalistes qui devraient rester au 20e siècle domineront les années à venir.

    #Italie #Renzi #référendum #Constitution #anti-social #banques #silvio_berlusconi #fmi #ocde #Basta

  • Italie, 4 décembre… Serait-ce le prochain domino ?
    https://www.crashdebug.fr/international/12724-italie-4-decembre-serait-ce-le-prochain-domino

    Chaud cacao....

    Contributeur anonyme

    Audrey Duperron

    Le 4 décembre, les Italiens se rendent aux urnes pour approuver ou rejeter une réforme proposée par le Premier ministre Matteo Renzi. Mais comme David Cameron avant lui, qui avait proposé d’organiser le referendum du brexit, Renzi joue gros avec cette décision : son destin politique, mais aussi l’avenir de l’Italie, et celui de l’ensemble de l’UE.

    L’opposition de Renzi se compose de trois partis, dont le populiste Mouvement Cinq étoiles de Beppe Grillo. Ce dernier a réussi à remporter les villes de Rome et Turin au cours des dernières élections municipales, mais aussi une série de petites. Le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord, qui, comme le Mouvement Cinq étoiles, veut remettre en question l’adhésion de l’Italie à la zone euro, et qui veut (...)

    #En_vedette #Ça_s'est_dit_par_là... #International

  • Moscovici: pas d’amende pour l’Espagne, pour «éviter un sentiment d’humiliation»
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/moscovici-pas-d-amende-pour-l-espagne-pour-eviter-un-sentiment-d-humiliati

    La Commission européenne a renoncé à infliger une amende pour déficit excessif à l’Espagne et au Portugal pour éviter « un sentiment d’humiliation », affirme dimanche dans le quotidien espagnol El Pais le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. « Imposer des amendes aurait généré un sentiment anti-européen et une perception d’humiliation dans un pays comme l’Espagne, qui a fait énormément de sacrifices ces derniers temps », affirme le Français Pierre Moscovici, après que la Commission a renoncé à sanctionner l’Espagne et le Portugal pour dérapage budgétaire.

    Did Germany Just Blink? | naked capitalism
    By Don Quijones, Spain & Mexico, editor at Wolf Street. Originally published at Wolf Street
    http://www.nakedcapitalism.com/2016/07/did-germany-just-blink.html

    Of Europe’s 27 commissioners, only four voted in favor of applying the fines; the other 23 voted against. According to El País, the deciding factor in the decision was an impromptu phone call from German finance minister Wolfgang Schäuble to some of the more conservative commissioners, giving them the green light to forego the fine.

    [...]

    For a taste of just how disastrous the political fallout would be for Italy’s embattled premier, Matteo Renzi, here’s an excerpt from a furious tirade given by Italian financial journalist Paolo Barnard on prime-time TV, addressing Renzi directly:

    You went to meet Mrs. Merkel to ask for a minor public funded bail-out of Italian banks and you got a sharp NO. But did anyone tell you that Germany from 2009 onwards bailed out its failing banks with public money?

    “Banks, that is, with holes in their balance sheets visible from the Moon. Germany bailed them out to the tune of 704 billion euros. It was all paid for by European taxpayers’ money, public funds that is.

    “It was done through the EU Commission of Mr Barroso and by Mr Mario Draghi at the ECB. Didn’t you know that Mr Renzi? Couldn’t you have barked this right into Ms Merkel’s face?”

    Barnard rounded off his rant with a rallying call for Italians to follow the UK’s example and demand an exit from the EU — a prospect that should be taken very seriously given that one of the manifesto pledges of Italy’s rising opposition party, the 5-Star Movement, is to call a referendum on Italy’s membership of the euro.

    Such a vote would be impossible since the Italian constitution expressly forbids referendums on international treaties such as those that hold the EU together. But as Reuters reports, 5 Star’s party leader Matteo Salvini and the party’s founder, Beppe Grillo, have vowed to pursue a legislative change to allow an ad-hoc exception to the Italian constitution.

    Whether or not a referendum on the euro takes place, one thing that’s clear is that a post-Renzi Italy will be a much more difficult, unpredictable force to deal with than the current Renzi-governed Italy. And if Italy ever did decide to leave the Union, whether in an orderly or disorderly fashion, it would be the end of the road for the European project.

    For that reason alone, the Commission and Germany will almost certainly end up granting further concessions to Italy and its Southern European neighbors, including a taxpayer-funded rescue of MPS. It may even include a bail-out top-up for Portugal’s crumbling financial system, which was left out of last week’s stress tests.

    The challenge for Merkel and other leaders of core euro zone nations will be trying to persuade their already disgruntled voters of the need for increased solidarity with their struggling neighbors to the South. That may well be a bridge too far. By Don Quijones, Raging Bull-Shit.

  • A #Rome et #Turin, deux femmes incarnent l’avènement du Mouvement 5 étoiles
    https://www.mediapart.fr/journal/international/200616/rome-et-turin-deux-femmes-incarnent-lavenement-du-mouvement-5-etoiles

    Elles sont le symbole de la victoire municipale du mouvement fondé par Beppe Grillo. Virginia Raggi (à Rome) et #Chiara_Appendino (à Turin), toutes deux trentenaires, ont infligé une cuisante défaite au parti démocrate du premier ministre #Matteo_Renzi.

    #International #élections_municipales_italiennes #Viriginia_Raggi

  • #Italie : même sans Grillo, le #M5S se place en seule alternative à Renzi
    https://www.mediapart.fr/journal/international/230316/italie-meme-sans-grillo-le-m5s-se-place-en-seule-alternative-renzi

    Beppe Grillo © REUTERS/Yara Nardi Trois ans après être entré au Parlement, le #Mouvement_5_étoiles, fondé en 2007 par le comique italien #Beppe_Grillo, reste un objet #politique toujours difficile à cerner. Si son leader s’est retiréet a décidé de passer la main à un « directoire » composé de cinq élus nationaux, la dynamique de ce mouvement reste entière et ses espoirs sérieux pour les prochaines municipales.

    #International #Matteo_Renzi #municipales_italiennes

  • Beppe Grillo : le populisme 2.0, par G. Santoro et Wu Ming 2. | Dormira jamais
    http://dormirajamais.org/grillo

    Grillo n’est pas la réponse juste parce qu’il répond à une question erronée du départ. #Grillo ne répond pas à la question “Comment faisons-nous pour construire d’autres relations de pouvoir et de production ?”. Il ne se demande pas non plus : “Comment fait-on pour obtenir une distribution plus équitable des richesses ?”. La question à laquelle répond Grillo est “Comment fait-on pour aller dans les palais du pouvoir à la place de ceux-là ?”.

    #Italie #populisme

  • Grillo s’allie envers et contre tous aux europhobes anglais
    http://fr.myeurop.info/2014/06/04/beppe-grillo-impose-alliance-europhobes-anglais-13956

    http://cdn3.myeurop.info/sites/default/files/dynimagecache/0-159-888-471-166-88/media/images/Beppe_Grillo_1.JPG

    Ariel Dumont

    Le chef du mouvement populiste 5 étoiles (M5s), #Beppe_Grillo, veut s’allier au très à droite britannique Nigel Ferage, le patron europhobe de l’Ukip. Un choix qui n’est ni du goût des électeurs ni des membres du parti. Mais au M5s, on ne négocie pas avec le patron...

    En annonçant sur son blog que le Mouvement 5 éto lire la suite

    #INFO #Politique #Italie #alliance #Beppe_Grillo #colère #Indignés #Mouvement_5_étoiles #nazi #Nigel_Farage #parlement_européen #Podemos #politique #racisme #UKIP #vote #xenophobe

  • INFOGRAPHIE : Vague populiste aux Européennes
    http://fr.myeurop.info/2014/05/26/infographie-vague-populiste-aux-europeennes-1391

    myeurop

    Impossible de ne pas mesurer l’ampleur de la victoire des partis eurosceptiques ou eurocritiques aux élections européennes. Quatorze pays de l’Union sont particulièrement touchés comme nous le montre cette infographie réalisée par Myeurop (cliquez sur chaque pays).

    #EUROFOCUS #Politique #Union_européenne #AFD #Beppe_Grillo #DF #élection_européennes_2014 #FPÖ #Front_national #Marine_Le_Pen #Nigel_Farage #populisme #Syriza #UKIP

  • Les européennes à la télé, c’est la France d’abord
    http://fr.myeurop.info/2014/05/26/les-europeennes-la-france-abord-1391e

    Daniel Vigneron

    Dimanche soir à la télé française, les élections européennes ne concernaient que l’Hexagone. Ce n’est pas le moyen de faire sentir aux Français qu’ils sont membres d’une vaste communauté…

    On le sait depuis bien longtemps, les grands médias français ne s’intéressent guère à l’Europe. lire la suite

    #Parti_pris #OPINION #Europe #abstention #Beppe_Grillo #élection_européennes_2014 #FN #France_2 #France_Télévisions #Marine_Le_Pen #parlement_européen #populisme #scrutin #télévision

  • Beppe Grillo, un homme confus
    http://www.taurillon.org/beppe-grillo-un-homme-confus

    Quand il passait en revue les arguments finaux de son discours de clôture de l’année 2013 et parlait du futur de la politique européenne, Beppe Grillo paraissait confus. Impression personnelle sur un homme qui, bien que confus, faisait déjà campagne, et qui, après avoir passé habilement les exposés du « système politique qui a exaspéré l’électorat » et du « pays qui doit fonctionner de nouveau », prenait cinq minutes pour disserter sur l’Europe, adoptant une stratégie de hauts et de bas, d’arguments (...)

    #Opinions

  • Populists in Europe (6/8) : #Beppe_Grillo, the anger of the people
    http://fr.myeurop.info/node/13864

    Is #Beppe_Grillo an extremist, a #populist or a visionary? In spite of his slip-ups, his 5 Star movement is expected to get 25% of the votes in the #European_elections.

    In order to destroy the political class and change the face of the country, Beppe Grillo and his party founded in 2009 and entitled the #5_stelle_movement or #M5s, favour insults and provocations. lire la suite

    #Debates #Politics #Italy #comic #élection #election #european_parliament #M5s #Parma #populism

  • L’Europe des populismes (6/8) : #Beppe_Grillo, la colère du peuple
    http://fr.myeurop.info/2014/05/14/europe-des-populismes-beppe-grillo-la-colere-du-peuple-13822

    Ariel Dumont

    Extrémiste, #populiste ou visionnaire ? Malgré ses dérapages, Beppe Grillo et son #mouvement_5_stelle sont crédités de 25% de voix en #Italie aux élections européennes.

    Pour détruire la classe politique et changer la face du pays, lire la suite

    #Débat #Société #INFO #Union_européenne #comique #élection #élection_européenne #Italie #M5s #Mouvement_5_étoiles #parlement_européen #Parme #populisme

  • « Beppe Grillo, c’est un #Mussolini casse-couilles »
    http://fr.myeurop.info/2014/05/12/beppe-grillo-c-est-un-mussolini-casse-couilles-13801

    Ariel Dumont

    Lors d’un meeting à Palerme, les diatribes anti-européennes et les harangues populistes de #Beppe_Grillo n’ont pas séduit ses ex-électeurs. Il est pourtant encore crédité de 25% aux élections européennes. Reportage en #Sicile.

    A deux semaines des élections europ&e lire la suite

    #Société #INFO #Italie #Union_européenne #élection #européenne #mouvement_5_stelle #parlement_européen #populisme