person:carine fouteau

  • La fronde de la CNCDH contre l’arrivée à sa tête d’Alain Jakubowicz -

    https://www.mediapart.fr/journal/france/171118/la-fronde-de-la-cncdh-contre-l-arrivee-sa-tete-d-alain-jakubowicz

    Édouard Philippe envisagerait de nommer à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l’homme l’ancien président de la Licra, accusé d’avoir tenu des propos sexistes et de remettre en cause le concept d’islamophobie.

    La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) est actuellement le théâtre d’une fronde contre la nomination pressentie à la tête de l’institution d’Alain Jakubowicz, avocat et ancien président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), de 2010 à 2017.

    Alors que le mandat de la soixantaine de membres de la Commission arrive à échéance en fin d’année, le premier ministre aurait en effet déjà choisi le nom du remplaçant de son actuelle présidente, Christine Lazerges (atteinte par la limite d’âge au terme de son deuxième mandat). Au début du mois de novembre, l’information a même commencé à circuler au sein de la CNCDH, provoquant un réel émoi au sein de la vénérable institution, fondée en 1947 par René Cassin.

    Si le nom d’Alain Jakubowicz suscite un tel rejet, c’est en raison des nombreux propos controversés qu’il a pu tenir ces dernières années et qui lui ont valu d’être mis en cause par des associations de défense des droits de l’homme. L’avocat a notamment été accusé à plusieurs reprises de sexisme.

    Alain Jakubowicz. © Reuters
    En mai 2016 par exemple, interrogé sur la parité au sein du gouvernement, Alain Jakubowicz avait déclaré sur le plateau de CNews : « Avec 15 ministres, ça va être difficile, à moins peut-être qu’on ait un transgenre, ou je ne sais quoi. On est vraiment dans le délire. » Saisi par l’association Act Up, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) n’avait finalement pas prononcé de sanction, tout en soulignant « la grande maladresse des propos ».

    En janvier 2018, au cours d’une discussion sur Twitter avec l’association féministe et LGBT Les effronté-es, Alain Jakubowicz avait moqué la notion de « féminicide », avant d’ajouter : « Les violences faites aux femmes sont un sujet trop grave pour être confié aux féministes. »

    Autre point qui passe très mal auprès des membres de la CNCDH, l’ancien président de la Licra a, à plusieurs reprises, contesté l’existence même du « concept » d’islamophobie – pourtant validé par la CNCDH dans l’édition 2013 de son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – au motif qu’il serait instrumentalisé par « l’extrême gauche ».

    « Nous devons reprendre le combat contre cette imposture qu’est le concept d’islamophobie », twittait-il en novembre 2016. « Pour l’islam politique, “l’arabe” victime de racisme est devenu le “musulman” victime d’islamophobie », poursuivait-il, avant de conclure : « Une partie de l’extrême gauche, elle, oppose le Blanc forcément dominateur et le Noir, Arabe, musulman nécessairement opprimé. »

    Ces propos, tenus par un président d’une association de lutte contre le racisme, avaient à l’époque suscité quelques réactions en France. Le problème est que la CNCDH n’est pas une institution comme les autres, car elle est soumise au droit français, mais également au droit international, en tant que relais entre les autorités françaises et les différents organes des Nations unies. Une fois à la tête de la Commission, Alain Jakubowicz devra nécessairement participer à des procédures dans le cadre de l’ONU, impliquant des associations féministes, LGBT ou de lutte contre l’islamophobie, et y porter la voix de la France.

    LIRE AUSSI
    Christine Lazerges : le projet de loi antiterroriste est « une grave régression de l’Etat de droit »
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Contrôles d’identité : la CNCDH prône une « réforme d’ampleur »
    PAR LOUISE FESSARD
    Antisémitisme, islamophobie : la CNCDH pointe un climat « délétère » en France
    PAR CARINE FOUTEAU
    La CNCDH appelle à « ne pas créer une société du soupçon permanent »
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Au sein de la CNCDH, on craint fortement que la nomination d’une personnalité aussi clivante, et à la parole aussi vive, n’affaiblisse la position de la France au sein des Nations unies. De source interne, on avance même qu’elle hypothéquerait ses chances de prendre la présidence du Conseil des droits de l’homme qu’elle convoite.

    Geste rare, le bureau de la CNCDH a pris la plume le 6 novembre dernier pour écrire au premier ministre une lettre dans laquelle chaque mot est pesé, et que Mediapart a pu consulter. Si le nom d’Alain Jakubowicz n’apparaît pas, chaque argument est calibré sur les critiques qui lui sont faites. Alors que la nomination de son nouveau président n’a fait l’objet d’aucune consultation, la CNCDH rappelle que « la désignation de son (sa) futur(e) présidente(e) sera observée tant au niveau national qu’international. Elle doit respecter la procédure issue des Principes de Paris qui supposent une audition et un choix fondé sur des critères objectifs et transparents ».

    Elle rappelle également au premier ministre les enjeux internationaux de cette nomination. « Dans la perspective de l’examen de sa ré-accréditation auprès des Nations unies (mars 2019), la procédure de renouvellement des membres de la CNCDH doit se montrer exemplaire », écrit la Commission.

    « La légitimité de la candidature de la France au conseil des droits de l’homme des Nations unies, nécessaire et attendue, est directement liée au caractère incontestable de l’indépendance de son Institution nationale des droits de l’homme », insiste-t-elle. Concernant le profil du nouveau président, sa nomination « doit porter l’universalité des droits dans le cadre de l’intégrité des mandats dévolus à la CNCDH, est-il écrit. Elle doit garantir la sérénité des débats au sein d’une institution collégiale qui fait du pluralisme des idées la pierre angulaire de ses avis ».

    Si la lettre du bureau de la CNCDH multiplie les prudences et les formules diplomatiques, l’association Inter-LGBT, représentée au sein de la Commission, a de son côté mis les pieds dans le plat dans un autre courrier envoyé à Matignon mardi 14 novembre, que Mediapart a également pu consulter, puis dans un communiqué publié le lendemain.

    « Nous sommes particulièrement inquiets de la rumeur persistante annonçant la nomination à la présidence d’un candidat dont certaines prises de position radicales risqueraient d’empêcher l’institution de mener à bien ses missions », écrit l’association à Édouard Philippe. Le nom d’Alain Jakubowicz n’est toujours pas directement cité, mais cette fois, ses propos sont rapportés précisément.

    « Depuis avril 2018, vous avez confié à la CNCDH le mandat de rapporteur spécial indépendant sur la lutte contre les LGBTphobies (…). Comment pouvoir mener à bien cet engagement avec un président qui se permet des “blagues” transphobes, obligeant nos associations à saisir la Cnil ? Quelle sera notre crédibilité pour dialoguer avec l’ensemble des acteurs de la lutte contre la haine anti-LGBT dans ces circonstances ? », interroge l’Inter-LGBT.

    Concernant les propos d’Alain Jakubowicz sur les féminicides et les féministes, l’association estime que ces « déclarations sont non seulement sexistes, mais en opposition directe avec un de nos avis. La crédibilité de l’institution serait gravement atteinte par une telle nomination, d’autant que la CNCDH est aussi rapporteur indépendant sur la lutte contre la traite des êtres humains dont sont victimes majoritairement les femmes ».

    « Il y a eu des avis spécifiques sur les féminicides signés à l’unanimité des membres de la commission », précise à Mediapart Laurène Chesnel, représentante de l’Inter-LGBT au sein de la CNCDH. « Ses propos vont forcément poser un problème de cohérence de l’institution. D’autant que le président doit porter la voix de la CNCDH. » « Pour chaque avis, nous consultons, nous organisons des auditions avec toutes les associations concernées. Par exemple pour un rapport sur le racisme, on va nécessairement écouter des associations qui travaillent sur l’islamophobie. Comment voulez-vous interroger ces personnes si, dès le départ, vous niez leur ressenti ? »

    L’Inter-LGBT n’a reçu aucune réponse à son courrier, hormis un accusé de réception. Contactés par Mediapart, les services du premier ministre affirment de leur côté qu’« aucune décision n’a été prise » et qu’Édouard Philippe avait bien « pris connaissance » des courriers du bureau de la CNDCH et de l’Inter-LGBT mais que ceux-ci « n’appellent pas de réaction particulière ». Alain Jakubowicz n’a pas répondu pour l’heure à nos sollicitations.

    MOTS-CLÉS

    ALAIN JAKUBOWICZ CNCDH ISLAMOPHOBIE LICRA ONU SEXISME
    DERNIERS ARTICLES

    A Toulouse, Reims et Paris... le ras-le-bol des « gilets jaunes »
    PAR MANUEL JARDINAUD, EMMANUEL RIONDÉ ET ELLEN SALVI
    « Gilets jaunes » : 2 000 rassemblements dans toute la France, décès d’une manifestante en Savoie
    PAR LA RÉDACTION DE MEDIAPART
    Guyane : même remanié, le projet de la Montagne d’or ne passe pas
    PAR MARION BRISWALTER
    Défense européenne : un fantôme qui parle le « volapük intégré »
    PAR FRANÇOIS BONNET
    La gauche face aux « gilets jaunes », du malaise au soutien
    PAR PAULINE GRAULLE
    DU MÊME AUTEUR

    Des députés demandent la rationalisation des fichiers de police
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Gouvernement numérique : l’Estonie, le bon exemple à ne pas suivre
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Caisse d’allocations familiales : le projet du gouvernement pour ficher les allocataires
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Facebook se fait pirater 50 millions de comptes et s’enfonce dans la crise
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Vers une répression accrue des propos racistes sur internet
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    MULTIMÉDIAS

    PODCAST
    Gaza : au moins quinze Palestiniens tués par l’armée israélienne
    PAR CHLOÉ DEMOULIN
    PODCAST
    Racisme en entreprise : EDF refuse de faire la lumière
    PAR MICHAËL HAJDENBERG
    PODCAST
    Climat : ce qu’il reste à faire après l’accord de Paris
    PAR JADE LINDGAARD
    DANS LE CLUB

    La LICRA, Zemmour et l’islamophobie : ou de la "querelle de l’antiracisme français".
    6 MAI 2018 PAR GOD DJAMA ELMI
    L’islamophobie en France en 2017 : Censure et répression
    14 AVR. 2018 PAR YASSER LOUATI
    L’humour très douteux de la LICRA
    23 FÉVR. 2018 PAR FRANÇOIS MUNIER
    AUJOURD’HUI

    LA UNE
    Quarante ans après, les derniers dirigeants khmers rouges condamnés pour génocide
    PAR PIERRE MOTIN
    La réglementation des réseaux sociaux fait son chemin
    PAR GÉRALDINE DELACROIX
    La fronde de la CNCDH contre l’arrivée à sa tête d’Alain Jakubowicz
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    En Essonne, les Insoumis face à l’alliance entre un proche de Valls et des maires de droite
    PAR CHLOÉ DEMOULIN
    Avec Oz et Grossman, sortir de la torpeur
    PAR NORBERT CZARNY (EN ATTENDANT NADEAU)
    Theresa May, plus combative que jamais
    PAR AMANDINE ALEXANDRE
    Défense européenne : un fantôme qui parle le « volapük intégré »
    PAR FRANÇOIS BONNET
    Pourquoi les Allemands rejettent l’armée européenne de Macron
    PAR THOMAS SCHNEE
    Guyane : même remanié, le projet de la Montagne d’or ne passe pas
    PAR MARION BRISWALTER
    La PMA, six ans de reports et de couardise
    PAR MATHIEU MAGNAUDEIX

  • Paul Néaoutyine : « Nous ne renoncerons jamais à la souveraineté »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/260318/paul-neaoutyine-nous-ne-renoncerons-jamais-la-souverainete

    Paul Néaoutyine nous reçoit dans son bureau de Nouméa, le 30 janvier 2018. © Carine Fouteau Cofondateur du Palika, l’un des principaux partis indépendantistes, Paul Néaoutyine est une personnalité politique de premier plan en #Nouvelle-Calédonie, écoutée au-delà de son camp. Président depuis trente ans de la province Nord, à majorité kanak, il apporte la preuve, selon ses défenseurs, que les indépendantistes sont capables de gérer le pays.

    #France #indépendance #Kanaky #référendum

  • #Nouvelle-Calédonie: les inégalités, ultime témoignage de la période coloniale
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100318/nouvelle-caledonie-les-inegalites-ultime-temoignage-de-la-periode-colonial

    Samuel Gorohouna, à l’université de Nouvelle-Calédonie, le 18 janvier 2018. © Carine Fouteau En Nouvelle-Calédonie, 36 % des Kanak âgés de 15 à 64 ans n’ont pas de diplôme, contre 17 % des non-Kanak. Malgré la mise en œuvre du processus décolonial, les discriminations persistent à l’école, dans l’emploi et le logement. Rencontre avec Samuel Gorohouna, économiste à l’université de Nouméa.

    #France #indépendance #Kanaky #référendum

  • Elie Poigoune : « Le scrutin approchant, la tension va monter »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/240218/elie-poigoune-le-scrutin-approchant-la-tension-va-monter

    Élie Poigoune devant le centre culturel Tjibaou, le 17 janvier 2018 © Carine Fouteau Élie Poigoune fut l’un des premiers bacheliers kanak. Aujourd’hui président de la Ligue des droits de l’homme en #Nouvelle-Calédonie, il a été l’un des militants les plus actifs de son pays, d’abord en faveur de la rétrocession des terres, puis de l’indépendance. Reconnu pour sa capacité à tisser des liens entre les communautés, il fait partie du « comité des sages » désigné par Édouard Philippe pour préparer le #référendum d’autodétermination. Rencontre au centre culturel Jean-Marie-Tjibaou, à Nouméa.

    #France #indépendance #Kanaky

  • Elie Poigoune : En #Nouvelle-Calédonie, « le scrutin approchant, la tension va monter »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/240218/elie-poigoune-en-nouvelle-caledonie-le-scrutin-approchant-la-tension-va-mo

    Élie Poigoune devant le centre culturel Tjibaou, le 17 janvier 2018 © Carine Fouteau Élie Poigoune fut l’un des premiers bacheliers kanak. Aujourd’hui président de la Ligue des droits de l’homme en Nouvelle-Calédonie, il a été l’un des militants les plus actifs de son pays, d’abord en faveur de la rétrocession des terres, puis de l’indépendance. Reconnu pour sa capacité à tisser des liens entre les communautés, il fait partie du « comité des sages » désigné par Édouard Philippe pour préparer le #référendum d’autodétermination. Rencontre au centre culturel Jean-Marie-Tjibaou, à Nouméa.

    #France #indépendance #Kanaky

  • Le traitement médiatique de la migration | Stalingrad Connection
    http://audioblog.arteradio.com/post/3082215/_44_stalingrad_connection___media

    A l’occasion de notre premier anniversaire, nous nous questionnons en public à la Générale sur le traitement médiatique de la migration avec le poète Mohammed Nour Wana, Carine Fouteaux de Mediapart, Thomas Statius de Street Press, Hassan de Stalingrad Connection et Raphaël Krafft de France Culture et Cloé Chastel de MicroCamp Radio. Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://sons-audioblogs.arte.tv/audioblogs/sons/3047529/3084489_TRSC.mp3

  • Retour sur nos enquêtes : Ramadan, « Charlie », Valls, nos explications
    https://www.mediapart.fr/journal/france/221117/retour-sur-nos-enquetes-ramadan-charlie-valls-nos-explications

    Vidéo dans l’article Retour sur trois semaines d’une polémique médiatique et politique d’une rare violence. Avec Fabrice Arfi, Carine Fouteau, Jade Lindgaard, Edwy Plenel. Débat animé par François Bonnet
.

    #France #Charlie_Hebdo #Manuel_Valls #Mediapart #tariq_ramadan

    • Je suppose qu’il s’agit de :

      Ce soir, dès 18h, « En direct de Mediapart » : Amandine Gay, Cédric Herrou, Olivier Besancenot, Octobre-17, solidaires des migrants
      #Médiapart, le 28 septembre 2017
      https://blogs.mediapart.fr/la-redaction-de-mediapart/blog/280917/ce-soir-des-18h-en-direct-de-mediapart-amandine-gay-cedric-herrou-ol

      Rendez-vous mercredi 4 octobre pour notre nouvelle émission vidéo, retransmise en direct et en accès libre, de 18 heures à 22 h 30. Au menu : retour sur nos enquêtes, un débat sur que faire de la révolution d’Octobre 17, et une soirée spéciale, avec Cédric Herrou, consacrée aux très nombreuses initiatives locales d’aide et de solidarité avec les migrants et réfugiés. Le détail du programme :

      et :

      20h30-22h30. #Réfugiés, #migrants : la #France des solidarités

      Soirée animée par Louise Fessard, Carine Fouteau et Edwy Plenel
      Des solidarités citoyennes contre l’égoïsme des politiques. Invités :
      –Judith Aquien, de l’école diplômante Thot.
      –Issouf, ancien étudiant de Thot.
      –Stéphane Broc’h, marin sauveteur à bord de l’Aquarius affrété par SOS Méditerranée.
      –Anne Gautier, membre du collectif de soutien aux migrants El Manba (la source) et de RESF à Marseille.
      –Agathe Nadimi, investie aux côtés des mineurs isolés à Paris.
      –Nan Suel, bénévole à Terre d’errance, active dans les Hauts-de-France.

      21h20-21h45 : Le grand témoin
      #Cédric_Herrou, agriculteur et militant de l’association Roya citoyenne.

      21h45-22h30 : l’Union européenne face à l’enfer libyen
      –Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique de Médecins sans frontières, de retour de Libye.
      –Charles Heller, réalisateur et chercheur à l’université Goldsmiths de Londres, associé au projet de recherche Forensic Oceanography qui enquête sur les conséquences mortelles des régimes frontaliers militarisés en Méditerranée.
      –Sara Prestianni, photographe et membre de Migreurop et de l’association italienne ARCI.

  • Une vie non fasciste, nouvelle introduction
    https://coutoentrelesdents.noblogs.org/une-vie-non-fasciste-nouvelle-introduction

    par Vincent Casanova, Joseph Confavreux, Laurence Duchêne, Dominique Dupart, Carine Fouteau, Stany Grelet, Paul Guillibert, Thibault Henneton, Xavier de La Porte, Aude Lalande, Philippe Mangeot, Petra Neuenhaus, Carole Peclers, Lise Wajeman & Pierre Zaoui Illustrations d’Antoine Perrot On vit tous, depuis plus d’un siècle, sur une ligne de crête : un pas de plus, un pas trop … Continue reading →

    #ACAB #ANTICAPITALISME #ANTIRACISME #ANTISEXISME #JOURNAUX #fascisme #vacarmes

  • Immigration : pourquoi les arguments rationnels ne passent pas

    2 septembre 2016 | Par Carine Fouteau

    L’émotion suscitée par la découverte du corps d’un enfant syrien sur une plage turque n’a pas duré. Un an plus tard, de Nicolas Sarkozy à Jean-Luc Mélenchon, les déclarations des premiers candidats à l’élection présidentielle révèlent à quel point la rhétorique politique constitue les migrants en problème. Cette vision univoque est pourtant contestée par les travaux scientifiques. Mediapart a essayé de comprendre pourquoi les arguments les plus étayés restent inaudibles.

    Les photos d’Aylan Kurdi, cet enfant retrouvé mort le 2 septembre 2015 sur une plage turque alors que sa famille tentait de se rendre en Europe, ont ému le monde entier. Il ne reste plus grand-chose de cette empathie un an plus tard.

    En France, à droite comme à gauche, les premières déclarations des candidats déjà engagés dans la course à l’Élysée témoignent, de Nicolas Sarkozy à François Fillon en passant par Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg, de ce que les migrants sont encore et toujours, élection après élection, considérés comme un problème, alors même que cette vision univoque est unanimement contestée par les travaux scientifiques. Sur ces questions qui promettent d’être au centre de la campagne pour l’élection présidentielle de 2017, l’extrémisme devient la norme. Dans l’espace public tel qu’il est façonné par les représentants politiques en France, le curseur plonge toujours plus à droite sans paraître rencontrer de butée.

    Le livre programmatique que le président des Républicains vient de publier en est le dernier exemple en date : lui qui a verrouillé les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France – en tant que ministre de l’intérieur de 2002 à 2007, puis en tant que président de la République jusqu’en 2012 – n’a pas l’intention de reconnaître qu’il a échoué, y compris au regard des objectifs qu’il s’était fixés. Au contraire, il pousse la surenchère toujours plus loin, calquant ses propositions sur celles du Front national.

    Lui qui a durci les critères d’accès au regroupement familial entend désormais le « suspendre » (ce qui est potentiellement contraire au principe du « droit à mener une vie familiale normale » inscrit à l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des droits fondamentaux, et au dixième alinéa du préambule de la Constitution de 1946 selon lequel « la nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement ») ; lui qui a vanté l’immigration « choisie » (de travail) veut aujourd’hui la « stopper » (ce qui est contestable au regard des perspectives économiques et démographiques du pays) ; alors qu’en 2007 et 2012, il fustigeait le concept d’« immigration zéro » cher à Marine Le Pen, il le promeut cinq ans plus tard, sans en prononcer le nom.

    L’incohérence ne le gêne pas : s’il entend bloquer l’immigration familiale et économique, il persiste à défendre l’instauration de quotas (pourtant anticonstitutionnelle) ; refusant jusqu’alors de remettre en cause l’aide médicale d’État (reconnue d’utilité publique pour éviter les épidémies et les surcoûts liés à une prise en charge tardive), il est maintenant favorable à sa suppression.

    Le corps échoué d’un enfant de trois ans retrouvé près de Bodrum en Turquie, le 2 septembre 2015. © AP Le corps échoué d’un enfant de trois ans retrouvé près de Bodrum en Turquie, le 2 septembre 2015. © AP
    La vision qu’il dessine est celle d’un pays où les immigrés seraient en trop grand nombre, consommateurs d’allocations, prenant leur travail aux Français ou dégradant les conditions d’emploi. Or une telle vision, il ne peut l’ignorer, repose sur un assemblage de contrevérités. En 2012, Mediapart s’était évertué à les démonter l’une après l’autre (retrouver ici l’argumentaire complet), en s’appuyant non pas sur les analyses d’experts autoproclamés, mais sur les recherches scientifiques réalisées à partir de données fiables, pour la plupart issues d’organismes publics tels que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et l’Institut national d’études démographiques (Ined). Non, les immigrés ne sont pas si nombreux en France en comparaison de la plupart des pays européens, même si la part de certains d’entre eux, notamment les personnes originaires des anciennes colonies du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, s’est accrue ; non, les nouveaux venus ne volent pas le travail des Français, mais il serait faux d’affirmer que les effets de leur présence sur le marché de l’emploi sont nuls ; non, ils ne profitent pas des aides sociales, beaucoup ignorant leurs droits en la matière, mais leur précarité fait qu’ils sont plus susceptibles de recevoir des prestations sociales que d’autres catégories de personnes ; non, ils ne sont pas tous chômeurs, au contraire, ils sont surreprésentés parmi les créateurs d’entreprise, même si beaucoup font faillite, comme n’importe quel auto-entrepreneur ; etc.

    Lire aussi

    Immigrés : une boîte à outils pour répondre à Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy Par Carine Fouteau
    Comment expliquer que les arguments rationnels, globalement valorisants à l’égard des migrants, ne parviennent pas à se faire entendre ? La question taraude non seulement le monde universitaire mais aussi le secteur associatif, qui contribue à compiler et diffuser la plupart des résultats des études scientifiques. « Entre collègues, nous nous désolons de cette déconnexion », indique François Gemenne, chercheur en science politique à l’université de Liège (CEDEM) et à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (CEARC) et chercheur associé au CERI.

    Spécialiste à la fois des questions migratoires et environnementales, il observe une différence de taille dans la réception des enjeux propres à chacun de ces champs. « La rationalité scientifique a une certaine prise sur la décision politique en matière d’environnement, affirme-t-il, ce n’est pas le cas sur l’immigration. » Il y voit plusieurs raisons. Tout d’abord, rappelle-t-il, le savoir produit sur les migrations est un savoir principalement issu des sciences sociales. Or celles-ci, dans l’esprit des responsables politiques et, plus généralement, de l’opinion publique, continuent d’être perçues comme moins fiables et plus orientées idéologiquement que les sciences dites dures.

    Deuxième facteur : ce savoir pâtit de son manque d’organisation. « Il n’existe pas de structure internationale du type du Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat », analyse-t-il. Pas de lieu, donc, pour poser des bases communes de compréhension du réel. « Le savoir est disparate, peu synthétisé et contesté par de faux experts auxquels les médias donnent la parole, faute de contradicteurs, ajoute-t-il. Alors que sur les questions d’environnement, les climato-sceptiques ont été marginalisés. »

    L’absence d’objectif social faisant consensus constitue une autre raison de l’imperméabilité entre les arguments politiques et scientifiques : « Tout le monde s’accorde, en matière d’environnement ou de santé, par exemple, pour dire qu’il faut trouver les moyens de mieux vivre en accord avec la nature ou mieux prévenir et traiter les maladies. Sur les questions migratoires, il n’y a aucun consensus sur l’objectif : faut-il plus ou moins de migrants ? Faut-il ouvrir ou fermer les frontières ? La question même de savoir s’il faut réduire le nombre de morts en Méditerranée n’est pas considérée comme une priorité partagée par tous. »

    « Les débats sont dominés par les croyances, les idéologies et les opinions », résume François Gemenne, qui rappelle que les immigrés sont en priorité perçus comme des intrus menaçant la façon dont chacun se représente sa place dans la société.

    « On nous accuse de minimiser les flux migratoires... ou alors de les amplifier »

    Le décalage est particulièrement manifeste avec les hommes politiques. La question identitaire s’est tellement imposée dans les discours, y compris à gauche, que les personnalités politiques prêtes à défendre une vision positive de l’immigration se font rares. Au PS, seul l’accueil des réfugiés est encore considéré comme acceptable. Du côté de Jean-Luc Mélenchon, le repli l’emporte. Quand Le Monde, le 24 août, lui demande si « l’immigration peut être une chance pour la France », il répond que la question est « piégée ». Affirmant qu’il n’a jamais été « pour la liberté d’installation », il estime que les migrants feraient mieux de rester dans leur pays d’origine. « L’urgent est qu’ils n’aient plus besoin de partir de chez eux (…), déclare-t-il. Émigrer est une souffrance. »

    Cet écart n’est pas surprenant. Complexes, les enjeux liés aux déplacements de population se laissent difficilement saisir en quelques déclarations, remarque Claire Rodier, juriste au Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), auteure de Migrants & réfugiés, Réponse aux indécis, aux inquiets et aux réticents (La Découverte, 2016). Déconstruire les préjugés, par exemple l’idée selon laquelle les femmes étrangères viendraient en France pour accoucher et ainsi obtenir des papiers, voire la nationalité française, suppose de mobiliser des références, ce qui prend du temps et demande de l’attention. « C’est ardu, et moins percutant qu’un discours démagogique soutenant que les étrangers représentent un danger pour la République », souligne-t-elle. Autre obstacle : les enjeux migratoires prennent tout leur sens sur un temps long, peu compatible avec les contraintes d’immédiateté inhérentes au système d’offre et de demande en politique.

    « Il n’est pas facile de lutter contre cette grande entreprise de simplification », reconnaît lui aussi François Héran, sociologue, anthropologue et démographe, ex-directeur de l’Ined, auteur de Parlons immigration en 30 questions (Documentation française, 2016). « Les hommes politiques, a fortiori lorsqu’ils sont populistes, pensent qu’ils communiquent directement avec le peuple parce qu’ils commandent des sondages à partir d’échantillons réduits, alors qu’ils ignorent les résultats de travaux réalisés à partir de plusieurs dizaines de milliers d’entretiens », regrette-t-il.

    Se concentrant sur le cas de Nicolas Sarkozy, il souligne l’« incapacité » de l’ex-chef d’État à analyser l’« échec » de sa politique. « Sa recherche de la formule-choc n’a d’égale que son refus de se confronter au réel », insiste-t-il. Même si l’actuel président de LR ne l’admet pas, il n’a pas réussi à réduire les flux migratoires comme il s’y était engagé : le nombre des entrées d’étrangers en France reste stable et constant, autour de 180 000 chaque année depuis plus d’une décennie. « Il n’a pas compris que les flux, en France, ne sont pas alimentés par le marché du travail, mais par le droit. Pour stopper les arrivées, comme il se propose de le faire, il faudrait résilier les conventions internationales ratifiées par la France. Or je ne suis pas certain qu’il soit prêt à aller jusqu’à cette extrémité. Mais, plutôt que de revoir son discours, et d’organiser les choses différemment, il se contente de le durcir, ce qui est inopérant », affirme-t-il. « Les marges d’action du politique sont faibles », insiste François Héran, principalement parce que la France n’est pas seule au monde. « Faire croire l’inverse, poursuit-il, c’est faire preuve d’irréalisme. » Mais comme le métier d’homme politique consiste à faire penser que le réel se « gère » et se « maîtrise », un tel argument passe mal.

    Ceux qui, éventuellement à gauche, seraient tentés, à l’inverse, de nier l’impact des migrations sur la société se tromperaient tout autant, prévient François Héran. « Le changement de visage de la société française au cours des dernières décennies n’est pas une vue de l’esprit », indique-t-il, rappelant les données : au recensement de 1975, 20 % seulement des immigrés vivant en France étaient originaires des anciennes colonies du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, contre 43 % en 2011, tous âges confondus. « Il est évident que l’opinion publique perçoit cette évolution, refuser de la reconnaître serait contre-productif », affirme-t-il, précisant que l’explication tient principalement au tarissement des migrations ibériques (espagnole et portugaise) à partir des années 1980. Et si l’on regarde les « flux » et non plus le « stock », un autre aspect de la réalité apparaît : la part du Maghreb et du reste de l’Afrique dans les entrées a reculé au cours des dernières années pour se situer autour de 30 %.

    L’absence de terrain d’entente entre la sphère politique et le monde de la recherche se traduit de temps à autre par des bras de fer médiatiques. « Quand les démographes font remarquer que les entrées représentent 180 000 personnes par an, soit 0,3 % de la population, on nous accuse de minimiser les flux ; quand on rappelle qu’un quart de la population est soit immigrée, soit enfant d’immigrés, on nous accuse de les amplifier pour les rendre irréversibles », résume François Héran.

    De ce face-à-face, les arguments les plus solidement étayés sortent perdants aux yeux de l’opinion publique. Comme le rappelle chaque année le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), la majorité des Français considèrent qu’il y a trop d’étrangers en France et que la plupart des immigrés viennent en France pour profiter de la protection sociale. Dans la construction de ces représentations négatives, Claire Rodier souligne le rôle dévastateur de certains médias, notamment d’information en continu. « Les migrants sont presque tout le temps représentés de manière effrayante. Les ressorts des reportages sont invariablement la compassion ou l’effroi. Cela ne laisse pas de place à la réflexion », observe-t-elle. Or ce registre de l’émotion est volatil, comme l’a cyniquement montré la diffusion de la photo du petit Aylan. Un consensus semblait s’être construit autour de la nécessité d’aider et de protéger les réfugiés plutôt que de les exclure. Mais, dès que l’empathie s’est effacée des écrans et a disparu des déclarations politiques, la parenthèse s’est refermée. « Ce renversement de l’opinion publique n’était pas rationnel, c’est pour cela qu’il a été de si courte durée », souligne-t-elle.

    Dans la palette des arguments susceptibles de combattre les contrevérités, certains passent toutefois mieux que d’autres : les raisonnements utilitaristes, tournant autour de l’idée que les immigrés rapportent plus qu’ils ne coûtent, sont parmi les plus audibles, selon François Gemenne, alors même qu’ils font partie des moins recevables éthiquement ; Claire Rodier souligne, de son côté, la force du droit pour rappeler les responsables politiques à leurs obligations. « Les succès judiciaires, par exemple à Calais dans la “jungle”, ont un effet mobilisateur qui se traduit par une plus grande visibilité dans l’espace public », note-t-elle, espérant qu’ils finissent par influencer l’opinion publique. Mais le contexte n’est pas propice, jusqu’à l’élection présidentielle tout du moins. La controverse sur le burkini, qui a montré à quel point une tenue manifestant une foi musulmane pouvait heurter viscéralement certaines personnes, augure mal de la suite de la campagne au cours de laquelle il est à prévoir que le rejet de l’autre charpente davantage de discours que la tolérance à l’égard de la différence.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/020916/immigration-pourquoi-les-arguments-rationnels-ne-passent-pas?onglet=full
    #préjugés #asile #migrations #réfugiés #rationalité #irrationalité

  • Malgré les attentats, la CNCDH observe un sursaut de la tolérance en France - | Mediapart

    Par Carine Fouteau

    En 2015, les actes et menaces racistes enregistrés par le ministère de l’intérieur sont en forte hausse, notamment ceux visant les musulmans. En revanche, la Commission nationale consultative des droits de l’homme observe dans son rapport annuel une progression de son indice de tolérance de la société française. Une surprise après une année marquée par une série d’attentats meurtriers.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/020516/malgre-les-attentats-la-cncdh-observe-un-sursaut-de-la-tolerance-en-france

    Les attaques terroristes qui ont endeuillé la France en janvier et en novembre 2015 n’ont pas rendu les habitants de ce pays plus intolérants. Contrairement à ce que beaucoup d’observateurs redoutaient, c’est même l’inverse qui s’est produit, selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), qui présente publiquement ce lundi 2 mai son rapport annuel – particulièrement volumineux (744 pages) compte tenu du caractère exceptionnel des événements qui ont jalonné l’année – sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

    Les actes racistes ont augmenté, notamment ceux visant les musulmans ; les discours de peur et de haine, entonnés par certains représentants politiques, n’ont pas cessé ; mais l’opinion publique – telle qu’elle est sondée par cette institution indépendante composée de représentants de la société civile – semble avoir résisté aux pires tentations de repli sur soi.

    LIRE AUSSI
    Antisémitisme, islamophobie : la CNCDH pointe un climat « délétère » en France
    PAR CARINE FOUTEAU
    La CNCDH dénonce un racisme « brutal et biologisant »
    PAR CARINE FOUTEAU
    La CNCDH appelle à « ne pas créer une société du soupçon permanent »
    PAR JÉRÔME HOURDEAUX
    Des musulmans aux Roms : les nouvelles figures de la xénophobie
    PAR CARINE FOUTEAU
    Comment la « question rom » a fabriqué un racisme d’Etat
    PAR FRANÇOIS BONNET
    C’est le constat qui ressort de l’outil d’analyse mis en place par la CNCDH depuis les années 1990. « Le caractère sinistre des attentats a eu un effet inattendu sur la société française qui a manifesté son attachement aux valeurs démocratiques. Malgré les discours de certaines personnalités publiques, l’ouverture à l’autre est valorisée, de même que le refus des amalgames. Dans l’adversité, le besoin de cohésion sociale s’affirme. Comme si ce pays avait le sentiment d’avoir touché le fond, et qu’il devait collectivement faire face aux difficultés », indique Christine Lazerges, la présidente de la CNCDH, reconduite pour un deuxième mandat de trois ans en novembre. L’arrivée massive de réfugiés sur les côtes européennes n’a pas non plus fermé les esprits – mais la France en a accueilli si peu qu’elle ne risquait pas d’être accusée d’en faire trop à leur égard.

    L’outil de mesure de la CNCDH est un indice longitudinal de tolérance, créé par Vincent Tiberj, docteur en science politique et professeur des universités associé au centre Émile Durkheim de Sciences-Po Bordeaux, permettant d’évaluer le positionnement des Français à l’égard de la diversité. Sur la longue durée, cet indice qui reflète les réponses des personnes interrogées (1 015 individus représentatifs de la population résidant en France métropolitaine) à une batterie de 69 questions, est en hausse. Comme le rappellent année après année les chercheurs décryptant ses résultats (outre Vincent Tiberj, il s’agit de Nonna Mayer, Guy Michelat et Tommaso Vitale), les Français sont aujourd’hui globalement plus « ouverts aux autres » qu’ils ne l’étaient dans l’après-guerre.

    Mais, récemment, ce mouvement de fond s’est interrompu. Dans le sillage de la crise économique et sociale de 2008, et en écho à la montée des populismes, l’indice de tolérance a reculé dramatiquement. Pendant six années consécutives, la dégradation est apparue irrépressible. En 2014, toutefois, la courbe a cessé de baisser. En 2015 et 2016, elle est repartie à la hausse – vers plus de tolérance – sachant que les personnes ont été interrogées après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l’HyperCacher entre le 3 et le 13 mars 2015 et après les attentats de novembre entre le 4 et le 11 janvier 2016. La progression est nette (elle atteint 5 points), ce qui a « rarement » été constaté au cours d’une seule année. « Cela indique bien la spécificité de la période que la France vient de traverser », indiquent les chercheurs. Malgré les tentatives de l’extrême droite, l’amalgame le plus redouté, entre musulmans et djihadistes, semble avoir été évité, au moins pour l’instant.

  • La #Suisse ne fait pas envie aux réfugiés syriens

    paru sur Mediapart, 27 septembre 2015 | Par Agathe Duparc

    La Suisse reste pour l’instant à l’écart des flux migratoires qui traversent certains pays européens, et elle fait le minimum vis-à-vis de Bruxelles. Les réfugiés syriens ne s’y précipitent pas. Son système d’asile, longtemps considéré comme l’un des plus accueillants d’Europe, est aujourd’hui grippé. Explications et reportage.

    Genève (Suisse), de notre correspondante. - Une porte grillagée qui s’ouvre chaque jour vers 18 heures et se referme à 9 h 45 le matin, sous la surveillance de vigiles. Quatre dortoirs de lits superposés éclairés au néon, équipés d’une armoire en fer bleu pour deux, avec extinction des feux à 22 heures. Une salle à manger avec huit grandes tables et au mur une télévision. Des douches et des toilettes. Le tout surmonté de gros tuyaux d’aération qui distillent un petit air frais qui pourrait rappeler celui d’une chambre mortuaire.

    Ismaïl (à gauche) et son compagnon Rambo, devant l’entrée du "bunker" de Clarens © DR
    Bienvenue sous terre, dans l’abri de la protection civile (PC) de Clarens, sur le territoire de la commune de Montreux (canton de Vaud) où sont installés depuis le 1er septembre une cinquantaine de jeunes Africains, Érythréens pour la plupart, mais aussi quelques Afghans et Somaliens. Construit sous une école communale, ce « bunker » appartient au patrimoine helvétique. Il est l’un de ces innombrables abris antiatomiques qui, du temps de la guerre froide, ont poussé comme des champignons et ne servent aujourd’hui plus à grand-chose. Sauf, dans certains cantons, à loger des réfugiés.

    Ismaïl, 19 ans, originaire de Hargeisa (la deuxième plus grande ville au nord de la Somalie), a traversé les déserts. Il s’est fait rançonner par des passeurs en Libye, a failli mourir sur un bateau en Méditerranée, puis s’est faufilé à travers les frontières européennes. Il voulait rejoindre son frère en Allemagne, mais s’est finalement retrouvé en Suisse cet été, enregistré dans le centre de Chiasso (Tessin) où il a déposé une demande d’asile. Le voilà qui fait visiter son nouveau refuge. « J’ai été très surpris quand j’ai appris qu’on allait nous mettre sous terre. Je n’ai pas fait tout ça pour vivre sous terre », dit-il à plusieurs reprises, alors que la distribution des barquettes de nourriture vient de commencer dans le couloir.

    En surface, la nouvelle installation a provoqué quelques inquiétudes chez les habitants du quartier et les parents des enfants de l’école qui se trouve au dessus. Une réunion d’information a eu lieu. La majorité d’entre eux, dont beaucoup sont d’origine étrangère, n’ont rien trouvé à redire. Pourvu que les migrants « soient polis et ne traînent pas dans la cour de l’école », comme l’explique un père rencontré aux alentours.

    Le bunker de Clarens, qui contient 76 places, est le dernier des douze abris PC gérés par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) dans tout le canton. L’EVAM, une structure de droit public, est mandaté par les autorités cantonales « pour héberger, encadrer et assister dans leurs démarches les requérants d’asile, mais également ceux qui ont reçu une admission provisoire, et ceux qui ont été déboutés de leur demande », explique Evi Kassimidis, sa porte-parole.

    Distribution de nourriture sous terre, dans l’abri de la protection civile de Clarens
    Pourquoi installer des gens sous terre ? « Il y a six ans, notre premier abri de la protection civile à Nyon était réservé aux seuls cas Dublin [ceux qui devaient être renvoyés dans le 1er pays européen où ils avaient été contrôlés - ndrl], maintenant nous avons des requérants d’asile et des gens qui ont reçu une admission provisoire. Certains y restent pendant des mois et des mois », regrette Abdellah Essaidi, responsable de l’animation dans plusieurs structures de jour de l’EVAM – les lieux qui prennent le relais durant la journée pour accueillir ces réfugiés du sous-sol. Il arrive ainsi que certains d’entre eux tombent malades, ou fassent une dépression, perdant la notion du temps.

    Sur son site internet, l’EVAM précise que « les arrivées en Suisse de personnes qui déposent une demande d’asile continuent à un rythme soutenu » et que devant cet afflux, toutes les structures d’accueil sont « au maximum de leurs capacités ». « Dans les foyers EVAM, les salles communes ont été transformées en dortoirs. Face à ce manque de places chronique et devant l’urgence de la situation, le recours aux abris PC se révèle à nouveau inévitable », lit-on dans un communiqué.

    Pourtant, si l’on s’en tient aux faits, la Suisse continue à être un paisible îlot de tranquillité et de prospérité, pour l’instant largement épargné par la crise des réfugiés qui secoue l’Europe. À la mi-septembre, le contraste était saisissant : d’un côté, les images de dizaines de milliers de réfugiés cheminant sur les routes de l’Europe, principalement des victimes du conflit en Syrie ; de l’autre, les chiffres de l’asile publiés par le secrétariat d’État aux migrations (SEM) à Berne.

    Pour le mois d’août, la Suisse a reçu 3 899 demandes d’asiles (deux de plus que le mois précédent), dont 1 610 déposées par des Érythréens, 461 par des Afghans et seulement 401 par des Syriens. Pour les huit premiers mois de l’année 2015, ce chiffre est de 19 668 personnes (dont 1 425 Syriens ), alors que les États membres de l’UE et de l’AELE enregistraient environ 550 000 demandes de janvier à juillet 2015 (contre 304 000 durant la même période de 2014).

    En 2014, 23 764 requêtes ont été déposées en Suisse, dont 6 923 par des Érythréens et 3 819 par des Syriens. Le secrétariat d’État aux migrations constate ainsi que, pour l’instant, la Suisse n’est « pas la destination privilégiée des migrants » et n’a « été que faiblement touchée par les flux migratoires qui traversent les pays du sud-est de l’Europe ».

    © EVAM

    Collectif No Bunkers

    Comment expliquer ce peu d’empressement ? Stefan Frey, porte-parole de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), rappelle que « dans le parcours des migrants, la diaspora joue un rôle très important », or en Suisse la communauté syrienne est de faible importance.

    Mais ce n’est pas tout. Si pendant longtemps le système d’asile suisse a joué un rôle d’aimant – 83 000 personnes (dont 53 000 Kosovars) avaient trouvé refuge dans le pays durant les guerres en ex-Yougoslavie –, il s’est durci ces dernières années sous les coups de boutoir de l’UDC le parti nationaliste-populiste.

    Sur le total des demandes traitées en 2014, 26 % ont abouti à une décision positive (permis B de réfugié statutaire), il y a eu 27 % de décisions de non-entrée en matière, et 46 % des requêtes ont été rejetées. En cas de refus : soit les autorités estiment que la personne doit être renvoyée dans son pays et elle est alors définitivement déboutée de sa demande ; soit on lui accorde l’admission provisoire (permis F), estimant que le renvoi dans le pays d’origine est impossible en raison d’une guerre ou de situations de violence.

    C’est justement là que le bât blesse pour les Syriens : plus de 58 % d’entre eux se voient attribuer une admission provisoire, et seuls 35 % obtiennent un statut de réfugiés, contre une moyenne de 70 % dans les autres pays européens. À cela s’ajoutent des délais d’attente qui s’étirent souvent sur plusieurs mois. Dans une récente interview à la NZZ am Sonntag, Anja Klug, responsable du HCR, estime que la Suisse « applique une politique trop restrictive à l’égard des requérants d’asile syriens ». « Les personnes n’étant admises que provisoirement doivent composer avec le risque de se faire renvoyer de Suisse à tout moment », rappelle-t-elle.

    Certes le système helvétique a l’avantage d’être parfaitement rodé, presque militaire. Une fois passés par l’un des cinq centres fédéraux d’enregistrement et de procédure (Vallorbe, Bâle, Altstätten, Kreuzlingen et Chiasso), les requérants sont pris en main, dispatchés dans les 26 cantons selon un pourcentage calculé à partir du nombre d’habitants. Zurich accueille 17 % des réfugiés, Berne 13,5 %, Vaud 8 %, Argovie 7,7 %, Saint-Gall 6 %, Genève 5,6 %... (voir la brochure 2015 de l’EVAM).

    Les cantons doivent ensuite leur offrir un logement, une aide financière, une assurance maladie, des cours de langue et une assistance pour trouver du travail. Ce qui représente, en moyenne, un coût de 1 200 francs suisses (1 100 euros) par personne et par mois tout compris, selon des chiffres récemment publiés dans Le Temps. Ceux qui ont été déboutés peuvent bénéficier d’une aide d’urgence minimale pendant quelque temps.

    Mais dans les faits, le système souffre de nombreuses failles. Trouver du travail est une gageure. Le taux d’activité des réfugiés statutaires qui ont entre 18 et 65 ans est de 20 % durant les cinq premières années et de 48 % au bout dix ans de présence en Suisse. Seul un quart de ceux qui sont admis provisoirement travaillent après ce même laps de temps.

    Le collectif No Bunkers © renverse.ch
    Pour l’hébergement, les disparités sont grandes. Si le canton de Vaud n’hésite pas à loger les gens sous terre, Genève a connu cet été une petite révolution. Le collectif « No Bunkers », qui protestait contre le transfert de 80 déboutés de l’asile dans des abris PC, a occupé pendant presque deux mois la Maison des arts et du Grutli, puis une salle de spectacle genevoise.

    Soutenus par la municipalité, ils ont finalement fait plier le canton à la mi-août, obtenant la promesse d’être relogés dans un bâtiment vide d’ONU-Sida en janvier prochain. Les abris PC dans lesquels dorment encore quelque 250 personnes devraient fermer leur porte en 2016. Certains d’entre eux sont d’une saleté repoussante, sans ventilation et avec des punaises de lits à profusion.

    En Argovie, des tentes militaires ont été dressées pour abriter durant 110 jours maximum des requérants, exclusivement des hommes. La mesure a suscité l’indignation au sein de la gauche. Stefan Frey, le porte-parole de l’OSAR, estime que s’il s’agit d’une solution provisoire, elle est plus acceptable « que de parquer des êtres humains dans des abris PC sans ventilation, comme des taupes sous terre ».

    Pour Abdellah Essaidi, de l’EVAM, pas étonnant que les réfugiés syriens préfèrent pour l’instant se diriger vers d’autres pays. « Les gens qui fuient leur pays parlent beaucoup au téléphone et sur Facebook. Ils sont très bien informés sur les conditions d’accueil ici. Quand un Syrien appelle de Turquie son cousin qui vit en Suisse et qui lui raconte qu’il attend depuis trois ans une réponse, et qu’un autre cousin en Allemagne lui dit qu’il vient d’obtenir l’asile, le choix est vite fait », explique-t-il, précisant qu’une refonte du système d’asile est en cours en Suisse pour boucler 60 % des procédures en 140 jours.

    A contrario, explique-t-il « le pays apparaît depuis 2013 comme un eldorado pour nombre de jeunes Érythréens » qui fuient la dictature de Issaia Afeworki ou craignent d’être happés par un service national civil ou militaire qui peut durer des années avec une solde de misère. En 2014, environ 85 % des requérants érythréens ont reçu une protection (permis B et F), venant rejoindre une diaspora de plus en plus importante. La tendance se poursuit pour 2015, comme l’explique le secrétariat d’État aux migrations dans une note précisant que « la majorité de ces requérants viennent dans notre pays par détresse et parce qu’ils ont besoin de notre protection ».

    La famille Khatib en attente d’un permis de réfugié

    Pour rencontrer des Syriens, il faut se rendre au foyer de Crissier, l’une des structures de l’EVAM, à l’ouest de Lausanne : trois bâtiments plantés au milieu de la forêt à proximité de l’autoroute de contournement. Les lieux sont paisibles et beaucoup d’enfants jouent dans la cour. Quelque 350 réfugiés y sont logés en famille, dont un vingtaine de Syriens.

    Le Foyer de l’EVAM à Crissier © EVAM
    Originaire de la ville côtière de Tartous, les Khatib sont arrivés en juillet 2014, via Beyrouth : les deux parents, leurs fils de 16 et 17 ans et leurs filles de 19 et 22 ans. Le fils aîné risquait d’être enrôlé dans l’armée. Le plus jeune avait été arrêté par la police après avoir graffité un mur. Il a fallu tout laisser derrière soi : des proches, une maison et une entreprise de taxi. La famille a rejoint deux oncles maternels qui avaient obtenu l’asile en 2012 et vivent aujourd’hui à Genève et Montreux.

    Mais il a vite fallu déchanter. En attente d’un logement près d’Yverdon, les Khatib vivent toujours dans un minuscule studio avec deux lits superposés et trois matelas par terre. Il y a quelques semaines, une mauvaise nouvelle est tombée : ils ont obtenu une admission provisoire de rester en Suisse, alors « que la guerre ne va pas s’arrêter », estime la fille aînée, Fatima. Très pâle, elle dit ne rien comprendre à cette décision, se demandant « pourquoi le reste de la famille, nos oncles, leurs femmes, leurs enfants, mes grands-parents ont obtenu un permis B [réfugié statutaire] et nous, un permis F... ». Un recours a été déposé. La jeune femme aimerait pouvoir rejoindre son mari qui vit en Allemagne, à Kemnitz, mais elle a dû donner tous ses papiers à Berne.

    La Suisse affirme pourtant avoir déjà beaucoup fait pour l’accueil des victimes du conflit syrien. Vendredi 18 septembre, alors que l’Union européenne se déchirait encore autour de la relocalisation de 120 000 réfugiés, le conseil fédéral a convoqué la presse pour annoncer sa « participation » au premier programme de répartition adopté en juillet par l’Union européenne, celui qui porte sur 40 000 réfugiés.

    Berne s’engage à prendre en charge jusqu’à 1 500 personnes sur deux ans, uniquement celles qui ont déjà été enregistrées en Italie ou en Grèce. Mais ce geste ressemble à un tour de passe-passe puisque « le nombre des personnes admises à ce titre sera déduit du contingent de 3 000 personnes à protéger dont l’accueil a été décidé par le Conseil fédéral en mars 2015 » comme le précise le communiqué de presse. Stefan Frey, le porte-parole de l’OSAR, a dénoncé « une mascarade ».

    En mars dernier, les autorités helvétiques avaient accepté d’offrir 2 000 places au titre d’un programme de réinstallation, sur deux ans, en collaboration avec le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR). Il s’agit d’identifier dans les pays avoisinants du conflit les réfugiés syriens les plus vulnérables (victimes de torture, femmes seules, malades, etc.) et de leur octroyer un statut de réfugiés avant même qu’ils n’arrivent en Suisse. En plus de cela, Berne s’est engagée à accorder, dès cette année, 1 000 visas humanitaires pour faciliter le regroupement familial. Moins de 500 personnes sont arrivées. Ce programme, présenté comme une « action humanitaire », est désormais amputé des 1 500 places destinées aux Syriens déjà arrivés en Europe. Et tant pis pour les réfugiés « les plus vulnérables ».

    Lire aussi

    Ouvrez l’Europe #OpenEurope

    Par La rédaction de Mediapart

    L’Europe débloque un milliard pour « retenir » les réfugiés près de chez eux

    Par Carine Fouteau

    Aux avant-postes de la tragédie des réfugiés, le HCR est démuni

    Par Agathe Duparc

    Le chargé de presse du secrétariat d’État aux migrations, Martin Reichlin, se défend en faisant valoir que, depuis 2011, le pays a accordé sa protection à 9 000 Syriens, mélangeant ainsi ceux qui obtiennent un permis de réfugié et ceux qui sont admis à titre provisoire. De son côté la conseillère fédérale (ministre) Simonetta Sommaruga s’est dite prête à participer au second plan de répartition (120 000 réfugiés), finalement adopté à Bruxelles après un vote mardi 22 septembre. Selon la clé de répartition, 4 500 réfugiés supplémentaires devraient être dirigés vers la Suisse. Mais aucune annonce n’a encore été faite.

    À un mois des élections législatives fédérales du 18 octobre, la question des réfugiés divise la classe politique. La gauche, relayée par plusieurs ONG, fustige la réponse « bien trop timide » de Berne face à la crise migratoire mondiale. « Un contingent total de 3 000 réfugié(e)s [est] devenu totalement obsolète au vu des événements dramatiques de ces dernières semaines », dit le Parti socialiste. Pour la droite bourgeoise, pas question d’en faire plus. Pour le Parti libéral radical (PLR), « les demandeurs d’asile de Syrie qui sont accueillis en Suisse doivent bénéficier de la protection provisoire afin qu’ils retrouvent rapidement leur pays une fois la situation stabilisée ». Le parti réclame « des évaluations individuelles » sur les réfugiés admis pour « éviter que des terroristes ne s’infiltrent dans les quotas ». En tête des sondages avec 29 % d’intentions de vote, les nationalistes-populistes de l’Union démocratique du centre (#UDC) s’indignent, eux, de devoir participer aux programmes de répartition de réfugiés de l’UE, et demandent la réintroduction immédiate des contrôles aux frontières.

    #asile #migrations #réfugiés

  • Karen Akoka (Paris X-Nanterre, Gisti) : 3 papiers sur l’imbécile distinction réfugiés/migrants

    La distinction entre réfugiés et migrants économiques ne va pas de soi (AlterEcoPlus 11 sept 2015)
    http://www.alterecoplus.fr/refugies/la-distinction-entre-refugies-et-migrants-economiques-ne-va-pas-de-soi-

    « Réfugiés clandestins » - L’archétype rêvé du réfugié (Plein droit n°90, octobre 2011)
    http://www.gisti.org/spip.php?article2441

    « Le réfugié est une notion fabriquée au gré des priorités politiques »
    itw par Carine Fouteau, 12 juin 2013
    http://www.mediapart.fr/journal/france/120613/le-refugie-est-une-notion-fabriquee-au-gre-des-priorites-politiques

    • Qu’on ne s’indigne pas face à la photo d’un enfant mort, c’est ça le problème grave.
      Il y a eu avant d’autres photos d’enfants migrants morts, mais les médias ne les ont pas montrées.
      Pourquoi celle-là ? Je pense que la photo d’Aylan est moins violente que d’autres. L’enfant semble dormir, on sait qu’il est mort, mais l’image en elle-même ne nous agresse pas comme évidence de cadavre. D’autres photos montraient des cadavres d’enfants sur une plage qui m’évoquent (pardonnez moi, mais c’est le propos) les images de poissons morts dans l’eau des rivières. On ne peut pas s’imaginer qu’ils dorment. Les médias ne les ont pas diffusées :

      Extrait d’un article "Réfugiés : ces images d’enfants qui font vaciller les opinions publiques" de Carine Fouteau sur Médiapart le 03 septembre 2015

      "Pourquoi ces photos ont-elles retenu l’attention plutôt que d’autres ? Fonctionnant comme un condensé de la tragédie actuelle, elles ne sont en effet pas les premières à montrer des enfants ayant péri en mer. Fin août, à la suite d’un énième naufrage au large de la Libye, des corps ont été retrouvés sur la plage de Zouara. Des images ont circulé, mais, prises de près, elles ne contenaient pas la distance ni la mise en scène qui les rendaient « acceptables » aux yeux des médias. Leur diffusion sur les réseaux sociaux a suscité des débats tant elles témoignent de la morbidité de la situation : jusqu’où montrer l’horreur pour faire comprendre l’horreur ? Comment défendre le droit à l’image sans euphémiser la réalité ? Afin de montrer l’écart et la similitude entre ces photos, ainsi que leurs effets et leur instrumentalisation possible, Mediapart a choisi de publier également celles-ci, tout en évitant que soit identifiable le visage de la petite fille dont les parents n’ont pas donné signe de vie et dont on ne sait rien."

      APPEL AUX PHOTOGRAPHES DE PRESSE : LA PROCHAINE FOIS PRENDRE PLUS RAPIDEMENT LA "BONNE" PHOTO, PARLANTE MAIS ACCEPTABLE.

    • #Now #Occupation du local de Ni Putes Ni Soumises au 70 rue des Rigoles par les #migrants de la Chapelle.

      Besoin de soutien, risque de flics.

      Leur revendication : disposer d’un #lieu_collectif à Paris même pour l’accueil, l’hébergement et l’information des migrants. #occupation

      Le mouvement a été rejoint par des Afghans qui campaient porte de la Chapelle sur le bord du périph’.

      Parmi eux, des migrants de Pajol laissés sur le carreau par les évacuateurs hier matin ou qui ont refusé leur évacuation.

      https://twitter.com/OlivierCyran

      –--------------------------------------

      Les réfugiés de Pajol « évacués » sans violence mais toujours sans préavis, Carine Fouteau
      http://www.mediapart.fr/journal/france/290715/les-refugies-de-pajol-evacues-sans-violence-mais-toujours-sans-preavis?ong

      Après avoir été réveillés par surprise ce mercredi, 250 exilés ayant trouvé refuge devant la Halle Pajol à Paris ont été relogés dans des centres d’hébergement. Mounir vient du Mali. Il raconte ses trois premières semaines passées en France dans ce campement sans point d’eau ni toilettes.

      Les Parisiens sont endormis. Les réfugiés installés sur des matelas devant la Halle Pajol aussi. Une petite centaine d’hommes et de femmes, fonctionnaires pour la plupart, se sont donné rendez-vous à l’aube dans un bistrot, à quelques centaines de mètres de là, plus au nord, place Hébert, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Ils échangent les dernières instructions, qui va faire quoi, à quel moment. Ils sont prêts. Groupés, costumes et chaussures de ville, ils descendent la rue Pajol jusqu’à la Halle.

      Dans un silence plombant, ils prennent possession des lieux. Il est 7h30, l’opération d’« évacuation » a commencé, la septième au moins à Paris depuis le 2 juin, quand les tentes de La Chapelle ont été détruites. Celle-ci s’accompagne de propositions de relogement, comme d’autres précédemment. La présence de ces agents – de la ville de Paris, de la région, de la préfecture de police, de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (#Ofpra) et des deux associations partenaires, #Emmaüs Solidarité et #France_terre_d’asile – sort brutalement les migrants de leur sommeil.

      Les couvertures se soulèvent, des visages stupéfaits apparaissent. Sans cri, sans bruit, les migrants se redressent, s’assoient sur les matelas, se vêtent, avec lenteur, sous les yeux de ces gens qui les réveillent par surprise. Un photographe de la préfecture s’approche. Sans en demander l’autorisation, il déclenche son appareil. Un réfugié, en train de lacer ses chaussures, réagit, indigné. Quelques journalistes ont été prévenus la veille au soir que « quelque chose se préparait le lendemain matin très tôt », avec interdiction d’ébruiter l’information. Aucune indication sur le lieu. Dans la nuit, un SMS tombe : rendez-vous est donné à 7 heures, dans le XVIIIe, mais le secret est gardé jusqu’à la dernière minute. Austerlitz, porte de Saint-Ouen, Pajol ? Ce matin, ce sera Pajol : la mairie de Paris prend prétexte d’un courrier adressé par « des commerçants et des riverains » – et de la dégradation des conditions de vie sur le campement – pour intervenir.

      Pourquoi cette absence de préavis ? Pourquoi réveiller les personnes en plein sommeil ? « Notre présence matinale s’explique par le fait que nous souhaitons toucher le maximum d’occupants. Si nous étions venus plus tard, certains auraient raté les bus et seraient revenus le jour même ou les jours qui suivent, indique un responsable du cabinet d’Anne Hidalgo présent dans le cortège. Quant à l’effet de surprise, nous l’assumons : si on prévenait à l’avance, des groupuscules radicaux viendraient perturber l’opération. » Dans les discours de la maire socialiste de la capitale, les Parisiens venus apporter leur aide aux réfugiés sont félicités parce qu’ils font preuve de « solidarité ». Mais, sur place, ils sont considérés par les représentants de la ville et de l’État comme des gêneurs. La faute aux activistes, donc, « qui instrumentalisent les migrants ».

      La suite se déroule dans le calme. Le directeur général de l’Ofpra, Pascal Brice, prend l’initiative. Les 250 exilés, des Soudanais pour la plupart, sont invités « amicalement » à se placer en cercle autour de lui. Tout le monde est là. Il se lève, théâtral, salue ses interlocuteurs et les remercie d’être présents. Son discours est rodé. Il répète à peu de choses près ce qu’il a eu l’occasion de dire lors des deux évacuations précédentes : « Nous croyons que votre dignité est telle que vous ne pouvez pas vivre dans ces conditions. Nous savons tous que vous avez vécu des moments très difficiles avant d’arriver en France. […]. Nous sommes là pour vous faire une proposition, ici, aujourd’hui, maintenant. » Cette proposition, à prendre ou à laisser, consiste en une place dans l’un des centres d’hébergement d’urgence de Paris ou de la région parisienne, avec la promesse d’un accompagnement individualisé.

      Les demandeurs d’asile pourront rester jusqu’au terme de leurs démarches, affirme-t-il. Pour les autres, c’est moins clair. À quelques-uns, il parle d’« un mois minimum ». Nouveauté par rapport aux opérations passées, un document d’information (en français, anglais ou arabe) est distribué en guise de garantie. Les réfugiés apprécient le geste. La température a baissé ces derniers jours : beaucoup grelottent. À 9 heures, la plupart d’entre eux montent dans la dizaine de bus mis à disposition. Les quelques mineurs isolés et les familles sont envoyés dans des structures adaptées, certaines femmes devant faire l’objet d’un suivi particulier en raison des violences dont elles auraient été victimes depuis leur arrivée en France, selon les travailleurs sociaux venus les rencontrer.

      « C’était trop sale, il y avait des moustiques, ou alors c’était la gale »

      Mounir n’est pas Soudanais, mais Malien. Il ne sait ni lire ni écrire, mais il a pris le papier distribué par l’Ofpra « au cas où ». Né il y a quarante-trois ans dans une zone désertique, au nord de Kidal, il parle bien le français. Touareg, sans religion, il a fui son pays. Tout à la fin de l’entretien, ses yeux se ferment : il a laissé derrière lui sa famille. Sa femme et l’un de ses fils ont été tués « par une tribu rivale ». « Chez nous, tu es mort ou tu cherches une solution. Le danger est partout », lance-t-il.

      Il confirme que personne n’avait été prévenu de la visite de « tous ces officiels ». Il ne s’en offusque pas, rien ne l’étonne plus. Il ne se plaint même pas des fortes pluies qui ont lessivé Paris ces derniers jours. Il montre juste la bâche qui lui a fait office d’abri. « Je n’ai pas été trop mouillé, ça va, merci », dit-il. Prêt à s’en aller, il a enfilé un maigre sac à dos sur ses épaules et cherche un sac plastique pour y glisser un drap. Il a quitté son village natal, où il possédait des vaches et des chameaux, il y a plus d’un an. Après avoir travaillé en Libye, il en est parti parce qu’il s’y sentait menacé. « Nous, les Touareg, ils nous pourchassent pour nous obliger à faire la guerre », affirme-t-il. La Méditerranée, il la traverse avec 300 personnes sur un bateau prévu pour en transporter 80.

      À Paris, Mounir a d’abord trouvé refuge dans un parc à proximité de la station de métro La Chapelle. Il en est vite parti. « C’était trop sale, il y avait des moustiques, ou alors c’était la gale. Les gens se grattaient tout le temps », raconte-t-il. À Pajol, il y a passé trois semaines. Sans toilettes ni point d’eau. La mairie de Paris a attendu la veille de l’évacuation pour faire installer des sanitaires. Elle a aussi fermé à plusieurs reprises le jardin proche de la Halle, seul endroit équipé d’un point d’eau, de peur que le campement ne s’y étende. Ce matin, les réfugiés se brossaient encore les dents, accroupis, avec l’eau du caniveau, sans qu’aucun tuyau ou système de dérivation n’ait été prévu, alors même que les collectivités territoriales sont tenues par le code qui les régente de mettre en place les équipements sanitaires de base, y compris lors d’occupations sans autorisation.

      « Notre priorité a été de trouver des places dans des centres d’hébergement, avec des lits et des douches, plutôt que d’ajouter du confort, si on peut dire, dans ce type de campement. Nous devons trouver l’équilibre entre un minimum de salubrité et ne pas encourager une installation durable », indique-t-on dans l’entourage de la maire. L’un des membres du comité de soutien des migrants de La Chapelle, Nicolas Jaoul, regrette ce type de raisonnement. « Laisser les réfugiés uriner dans des bouteilles d’eau constitue une violation de la dignité humaine, dit-il. Les responsables de cette situation ont peur de l’appel d’air. Ils pensent qu’en mettant le campement aux normes, ils créent les conditions de nouvelles arrivées. Mais les nouvelles arrivées n’ont rien à voir avec un lavabo ou des toilettes sèches. Les gens partent de chez eux parce qu’ils fuient la guerre ou la misère. »

      Au fur et à mesure des expulsions-évacuations, l’administration a changé sa gestion. Finis les cars de CRS pour emmener les migrants. Seuls quelques motards ont patienté à l’écart, debout à côté de leurs véhicules. La rue n’a été bloquée que brièvement. Aucune violence n’a été constatée, à la différence de ce qui s’était passé le 8 juin, lorsque des élus avaient été malmenés et des réfugiés interpellés. En s’adressant aux exilés, Pascal Brice s’est engagé à ce qu’ils ne soient pas éparpillés dans des hôtels à l’autre bout de la région pour quelques nuits sans repas, contrairement à ce qui s’était produit lors des premières évacuations. Du côté des autorités, les uns et les autres sont prêts à admettre des « erreurs », tout du moins des « incompréhensions ». La prochaine étape pourrait être de prévenir à l’avance les personnes qu’elles vont recevoir de la visite, suggère une habitante du quartier.

      Sur 1 000 personnes arrivées à Paris ces dernières semaines, 800 sont hébergées, les autres étant sorties du dispositif. En fin de matinée, le service propreté de la ville déblayait les lieux vidés. Quelques réfugiés, partis tôt pour apporter à l’Ofpra leur dossier de demandeurs d’asile, revenaient, dépités de voir que leurs compagnons d’infortune avaient disparu. Une poignée d’autres, plus jeunes, erraient dans les rues. Quelques heures plus tôt, ils avaient refusé de monter dans les bus avec une explication, limpide : « We’re going to Calais. »

  • Migrants : et si ouvrir les frontières générait de la richesse ? Idées

    Imaginez que tous les pays ouvrent en même temps leurs frontières et autorisent la libre circulation des individus sur leur territoire. Que se passerait-il dans l’immédiat ? Au bout de vingt-cinq ans ? Hier considérée comme une utopie, cette question est devenue un véritable objet d’étude. Et les scientifiques commencent à y apporter des réponses, qui n’ont pas grand-chose à voir avec les timides mesures prises face à la crise migratoire au sujet de laquelle l’Europe se déchire. Le sujet, pourtant, reste dans le secret des laboratoires. Il en sera ainsi tant que les gouvernants construiront leur ­politique dans ce domaine en se laissant guider par l’opinion publique plutôt que par les résultats scientifiques.

    #migration #asile #réfugiés #richesse #libre_circulation #ouverture_des_frontières
    http://www.lemonde.fr/festival/article/2015/06/25/et-si-on-ouvrait-les-frontieres_4661969_4415198.html

  • Les capitaines de cargos, démunis face aux sauvetages en Méditerranée | Mediapart

    http://www.mediapart.fr/journal/international/070615/les-capitaines-de-cargos-demunis-face-aux-sauvetages-en-mediterranee?ongle

    L’Europe au défi des migrants Enquête

    Les capitaines de cargos, démunis face aux sauvetages en Méditerranée

    07 juin 2015 | Par Carine Fouteau

    La marine marchande est en émoi. Alors que les traversées s’accélèrent en Méditerranée (plus de 2 000 migrants ont été secourus samedi 6 juin, dix navires ont appelé au secours dimanche), les cargos sont de plus en plus mis souvent à contribution pour les opérations de sauvetage. Les risques encourus par les rescapés comme par les marins sont importants. Des capitaines pourraient être tentés de « regarder ailleurs », prévient le commandant Hubert Ardillon.

    Migrations #asile #Mourir_en_mer #méditerranée

    • Premier mai 2011, alors que des harragas Tunisiens occupaient des locaux à Paris afin de ne pas rester à la rue et de s’organiser collectivement, la FTDA avait joué son rôle :

      « La France doit apporter une réponse digne et responsable à la question tunisienne. », dit « France terre d’asile » qui lance un appel à « cesser les interventions policières », signé par ... Bertand Delanoé [ordonateur de plusieurs expulsions par la #police, ndc] et la CFDT, dont des permanents ont assisté de leur balcon, aux premières loges, à l’#évacuation manu militari des Tunisiens de l’immeuble avenue Simon Bolivar, puis à leur menottage et à leur embarquement sans broncher, dehors à 100 mètres de là...

      De qui la Ville de Paris est-elle l’amie ?
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5620

      #migrants #sans-papiers #caritatifs #humanisme_expulseur #socialistes

    • Évacuation humanitaire ? Non, à La Chapelle, les pouvoirs publics ont dispersé la misère

      02 juin 2015 | Par Carine Fouteau

      Le campement de La Chapelle a été expulsé mardi. Comment la mairie de Paris peut-elle se féliciter d’avoir mis à l’abri ses occupants, alors que beaucoup se retrouveront à la rue dans quelques jours ? Pourquoi demander l’assistance des forces de l’ordre pour « venir en aide » aux migrants ?

      Le campement sous le métro aérien à la station La Chapelle, à Paris, sur lequel s’étaient installés environ 350 migrants venus principalement de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique de l’Ouest, a été expulsé mardi 2 juin. Les cars de CRS ont commencé à se positionner dans les alentours aux aurores. La zone a été bouclée. En quelques heures, les lieux ont été vidés de leurs occupants. Sous le pont, les policiers ont bâché les affaires restantes. Certains exilés sont montés dans des bus. D’autres avaient passé la nuit ailleurs et n’ont pu accéder à leur tente. D’autres encore sont partis à pied avec leur sac plastique à la main.

      En amont, ils avaient été recensés et séparés en deux groupes : d’un côté les personnes relevant de l’asile, c’est-à-dire susceptibles d’obtenir le statut de réfugié et donc de rester en France ; de l’autre les migrants dits « économiques », considérés comme en situation irrégulière sur le territoire et à ce titre sans perspective aux yeux de l’État.

      Les premiers ont été envoyés dans un centre en région parisienne d’où ils devaient être répartis dans différents centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) en France. Selon le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, sur les 160 personnes identifiées comme demandeurs d’asile potentiels, une centaine se sont présentées dans la matinée. Les autres, en transit, cherchent à rejoindre l’Angleterre ou l’Allemagne. Faute de lieu d’accueil temporaire correspondant à leur parcours, ces exilés dormiront dehors, ce soir et les soirs d’après.

      Les seconds se sont vu proposer un hébergement d’urgence consistant en quelques nuits de mise à l’abri (en foyers ou en hôtels sociaux en Ile-de-France). Pour beaucoup, cette solution est pire que le statu quo : après une semaine maximum, ces migrants indésirables savent qu’ils seront remis à la rue, avec comme horizon un 115 saturé qui ne répond plus aux appels. Entre-temps, ils auront perdu leurs affaires (tente, couverture, matelas, réchaud, etc.) et leur recoin. Pour éviter de repartir de zéro, quelques-uns ont déserté le campement ces derniers jours, sachant que l’expulsion allait avoir lieu.

      Au total, seules les personnes voulant demander l’asile et ayant une chance de l’obtenir profitent de ce processus. Pour les autres, c’est l’inverse. Plutôt que d’être rassemblés à un endroit où ils s’étaient fabriqué un semblant de sécurité, les migrants de La Chapelle sont désormais dispersés dans Paris, isolés et livrés à eux-mêmes. Plus invisibles encore qu’ils ne l’étaient avant que leur présence ne soit jugée intolérable.

      Les pouvoirs publics présentent les choses différemment. À lire les communiqués publiés par la préfecture de Paris (PP) et la mairie, un problème a été résolu de la manière la plus humanitaire qu’il soit et pour le bien de tous. Signe que la gauche est au pouvoir : l’exercice de la force se doit d’être justifié. L’argument, comme souvent dans ce genre de cas, est sanitaire. Des risques d’épidémie sont avancés pour rendre l’opération inévitable. Et incontestable. « Lors de son dernier passage sur le site le 22 mai, indique la PP, le médecin mandaté par l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a précisé que les occupants de ce campement étaient soumis à un risque majeur “avec notamment la possibilité de transmission de parasitoses et la survenue d’épidémies de dysenterie”, une épidémie de gale n’étant pas à exclure. » Pas de cas avérés, donc, mais une expulsion préventive, en quelque sorte. Le directeur général de France terre d’asile (FTDA), Pierre Henry, cautionne : « On est là pour rassurer et faire monter dans les bus. C’est une opération sanitaire et d’accès aux droits. »

      Il ne s’agit pas de dire que les conditions de vie étaient acceptables dans ce campement. Elles ne l’étaient pas. Les déchets commençaient à déborder de partout. Mais la question est de savoir si une prise en charge médicale et un soutien en nettoyage n’étaient pas plus adaptés qu’une « évacuation » pour empêcher une épidémie.

      Ce terme d’« évacuation », ensuite, est problématique, même s’il a une existence administrative, tant il euphémise la réalité. Répété en boucle par les responsables politiques et repris par les journalistes, il a pour effet de minimiser la violence subie par des hommes et des femmes sommés de quitter l’abri qu’ils s’étaient constitué. Expulsion, en ce sens, est plus approprié. Sinon, pourquoi boucler la zone au petit matin ? Pourquoi recourir aux forces de l’ordre ? Pourquoi empêcher les personnes de récupérer leurs affaires ? S’agissait-il d’une opération de relogement ou de maintien de l’ordre ? Sur Twitter, la maire de Paris lie les deux. Anne Hidalgo se félicite que la Ville « accompagne l’évacuation et la mise à l’abri des migrants ». « Ceux-ci bénéficieront d’un accompagnement personnalisé », ajoute-t-elle.

      Relogement ? Accompagnement personnalisé ? La situation est plus sommaire. Plus dramatique aussi. La responsabilité, en l’occurrence, n’est pas celle de la Ville, mais de l’État, contraint par la loi française de loger les demandeurs d’asile et de mettre à l’abri les personnes sans toit. En proposant des places, les services compétents ne font pas une faveur aux personnes concernées. Ils ne font que respecter leurs obligations. Encore faut-il se rendre à l’évidence. Les solutions proposées aux « migrants économiques » sont de si courtes durées que la plupart hésitent à les accepter. Quant à l’accompagnement personnalisé, aucun des exilés rencontrés sur place ne sait à quoi cela fait référence.

      Agissant en fonction d’intérêts distincts, la mairie et l’État ont fini par se préoccuper de ce campement car le nombre de migrants ne cessait d’augmenter. Avec les milliers d’arrivées ces derniers jours sur les côtes italiennes, il était peu probable que la tendance s’infléchisse. Il fallait envoyer des messages à l’opinion publique et aux occupants : pas question de laisser ce type de situation s’« enkyster », selon une expression utilisée sans gêne par de nombreux élus et agents administratifs. En procédant à une expulsion, les pouvoirs publics ont apparemment fait place nette. En fin de matinée, les pelleteuses et véhicules de nettoyage faisaient disparaître les traces de ce lieu de vie. Quelle meilleure démonstration de leur action ? Pourtant, rien n’est réglé, ou si peu. Cette gestion de l’immédiat n’est pas de nature à changer la donne. Elle peut cacher la misère… le temps que celle-ci réapparaisse sous un autre pont.

      Laisser des bidonvilles investir la ville n’est pas non plus une solution. Mais la catastrophe humanitaire en cours, y compris en Europe de Lampedusa à Calais, ne peut se satisfaire des vieilles recettes de gouvernance de l’espace public. Les logiques migratoires se modifient. De nouvelles sortes d’accueil correspondant aux besoins doivent être trouvées. Une politique renouvelée pourrait commencer par renoncer à faire appel aux forces de l’ordre quand le projet est de « venir en aide » aux migrants, comme l’affirme le communiqué de la Ville de Paris, aucune technique de contrôle des corps n’ayant jamais produit de l’hospitalité.

    • « On les trie sur le trottoir » : les migrants de La Chapelle évacués

      L’arrêté d’expulsion avait été affiché samedi 30 mai en préfecture. Depuis, les migrants qui campaient boulevard de La Chapelle à Paris, entre les stations de métro Barbès et La Chapelle, dans le 18e arrondissement, s’attendaient à être expulsés d’un jour à l’autre. Mardi 2 juin, la police a bouclé le périmètre aux alentours de 6 heures et a procédé à l’évacuation du camp, mettant en avant, comme souvent dans ce genre de cas, l’insalubrité et les risques sanitaires.

      http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/02/le-campement-de-migrants-de-la-chapelle-evacue-par-la-police_4645361_1654200

    • Au milieu de l’indifférence générale
      https://paris-luttes.info/au-milieu-de-l-indifference

      (...) Pendant que les« migrants » se faisaient embarquer sous la commande du trio travailleurs de la #mairie-crs-représentants #associatifs, quelques dizaines d’individus solidaires étaient rassemblés à proximité, gueulant des slogans et manifestant leur solidarité derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : « L’épidémie c’est le capitalisme et ses guerres, ses flics et ses frontières. Solidarité aux migrants. »

      Ce « camp de migrant », ce « bidonville », ces « abris d’infortunes », nous n’avons pas l’indécence de défendre leur occupation, car personne ne désirerait vivre dans de telles conditions. Pas d’indignation, la larme au coin, dans nos propos. De la rage. Rage de voir la sale patte de l’autorité de l’État derrière des fonctionnaires envoyés pour trier ces individus selon une origine qu’ils n’ont pas choisi, comme on trie les bêtes dans un cheptel. Rage face à un monde ravagé par les guerres et l’exploitation des êtres et des choses au noms du profit. Rage face aux sbires en uniformes s’attelant à une expulsion qui signifie aussi, aujourd’hui ou plus tard , arrestations,enfermement en #centre_de_rétention et #expulsion, mais aussi contrôle diffus, humiliation, résignation, exclusion. Rage donc face à l’État qui s’attribue le droit de décerner des permis d’existences, et donc réprime, enferme, exclut, humilie, et à l’économie qui dicte nos vies selon ses impératifs. Tous chair à patron, gibiers à flics, bétail à frontières.

      Il y a tout juste un mois, à 100 mètres de là ouvrait la nouvelle brasserie Barbès, cossue et branchée où une faune friquée peut s’envoyer une côte de bœuf à 30 euros sous l’oeil bienveillant de ses protecteurs les policiers. Mis en perspective ces deux événements nous rappellent, mieux que le plus brillant des discours, une évidence claire comme l’eau du matin : le rôle de la police est d’assurer la soumission de tous aux lois du frics, à des lois faites pour perpétuer une économie basée sur l’exploitation et pour assurer à l’État sa mainmise sur le bétail humain réduit à la condition de marchandise.

      Le train train quotidien, la banalité et la surexposition à la misère la plus visible ont-il si bien atrophié notre sensibilité que l’on en est tristement parvenus à composer avec ? Quelles valeurs a la vie si en guise d’entrailles il ne nous reste que des viscères ?
      Les politiciens, ces infâmes réussiront-ils éternellement à voiler la #pauvreté et la #violence qui minent les rapports entre les êtres, propageant le cannibalisme social et l’indifférence générale au sort de chacun, quand en lieu et place de celà l’entraide et la solidarité entre les exploités et les révoltés pourraient envoyer valser tous ces salauds, exploiteurs et gouvernants, plein de sous et avides de pouvoir, et renverser l’ordre qu’ils maintiennent et qui leur confère du pouvoir sur nos vies ? Nos cœurs sont-ils si profondément avilis que nous pouvons nous contenter de reproduire cet existant délétère, sacrifiant l’essentiel de nos journées à se vendre pour quelques sous qui finiront dans les coffres des propriétaires et des marchands de tous types, abandonnant la possibilité de la révolte, seule capable de créer des horizons où y semer notre imagination, de donner vie à nos désirs de liberté et à nos élans les plus généreux ?

      Il existe une épidémie plus nuisible à nos existences que l’épidémie imaginaire qui sert de prétexte à cette opération de police ; cette épidémie c’est la peur, cette épidémie c’est la résignation, cette épidémie c’est la guerre entre pauvre, cette épidémie c’est d’attendre indéfiniment que l’on nous accorde ce que l’on aura que par nous mêmes. (...)

    • Opération humanitaire ou rafle “de gauche” ?

      Depuis plus d’une décennie, plusieurs campements précaires de migrants fleurissent aux alentours de la gare du Nord, à Paris. Entre répercussion des exodes d’Afghanistan, du Mali ou de Somalie, et espoirs d’un asile sûr outre-Manche ou dans l’Hexagone.
      Mardi 2 juin, l’un de ces bivouacs de fortune, apparu depuis de nombreux mois, était évacué au petit matin, à grands renforts de moyens policiers… et de discours « sociaux ». Une expulsion parmi tant d’autres, dont l’objectif semble avant tout d’invisibiliser les indésirables.

      http://www.quartiersxxi.org/local/adapt-img/960/10x/IMG/jpg/cgcafeywsaahbt2.jpg?1433343454
      http://www.quartiersxxi.org/operation-humanitaire-ou-rafle-de-gauche

    • Des migrants expulsés de La Chapelle : « Nous sommes des personnes pacifiques »

      À la suite de l’expulsion, mardi 2 juin aux aurores, du campement de La Chapelle, qualifiée d’« évacuation humanitaire » par les pouvoirs publics et l’association France terre d’asile, plusieurs dizaines de migrants se sont retrouvés à la rue. Dès le lendemain, une centaine d’entre eux ont trouvé refuge dans la salle Saint-Bruno, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, à proximité de l’église Saint-Bernard. La nuit d’après, de jeudi 4 à vendredi 5 juin, ils l’ont passée dans le square d’à côté. Dans la soirée, des policiers accompagnés de chiens les ont empêchés d’entrer dans le lieu de culte, celui-là même que des sans-papiers avaient occupé en 1996, jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre, entrées à coups de hache. Le ministre de l’intérieur d’alors, Jean-Louis Debré, avait estimé avoir agi « avec humanité et cœur ».

      http://blogs.mediapart.fr/blog/carine-fouteau/050615/des-migrants-expulses-de-la-chapelle-nous-sommes-des-personnes-pacif

    • Après La Chapelle, la mairie de Paris veut ouvrir un lieu d’accueil pour les migrants

      Anne Hidalgo vient d’annoncer qu’elle était favorable à l’ouverture d’un centre d’accueil des migrants à Paris. La question du logement est urgente, alors que des personnes expulsées de La Chapelle, Saint-Bernard et Pajol continuent de dormir dans la rue.

      http://www.mediapart.fr/journal/france/100615/apres-la-chapelle-la-mairie-de-paris-veut-ouvrir-un-lieu-d-accueil-pour-le

  • Antisémitisme, islamophobie, racisme anti- Roms : la CNCDH pointe un climat « délétère » en France - Carine Fouteau - Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/090415/antisemitisme-islamophobie-la-cncdh-pointe-un-climat-deletere-en-france?pa

    Ce sont les racines du mal qu’observe la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans son rapport annuel rendu public jeudi 9 avril consacré à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (à lire en intégralité en page 2 de cet article). Quel terreau a rendu possibles les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et le supermarché casher à la suite desquels vingt personnes, dont les trois terroristes, ont perdu la vie ? « Le peuple de France a été saisi de sidération devant le cauchemar de la rédaction d’un journal, Charlie Hebdo, sauvagement décimée et d’assassinats antisémites barbares dans un supermarché casher », souligne Christine Lazerges, la présidente de l’institution, dans son introduction. « Les tendances sont inquiétantes et la CNCDH se doit d’alerter les pouvoirs publics et l’opinion », insiste-t-elle. Depuis 2009, selon ses analyses, la société française est gagnée par une intolérance croissante à l’égard des immigrés et des étrangers, boucs émissaires dans un contexte de crise économique et de montée continue du chômage.

    L’année 2014 s’ouvre avec l’affaire Dieudonné. Dans le sillage de l’interdiction des spectacles de l’humoriste, la manifestation « Jour de colère », le 26 janvier, voit se nouer une alliance rance entre catholiques fondamentalistes, militants d’extrême droite nationalistes et partisans d’Alain Soral autour de slogans antisémites, anti-islam et homophobes. Les succès éditoriaux d’ouvrages « qui répandent l’amalgame et attisent les peurs » sont un autre symptôme d’un climat « délétère ». Dans l’espace public, les paroles xénophobes sur fond de progression du FN aux élections européennes et municipales ne font pas l’objet de « recadrage », remarque la CNCDH qui regrette « l’absence de contre-discours positifs tant de la part des politiques que des médias » . Trois formes de rejet lui semblent particulièrement tenaces : la cristallisation du racisme autour de la population musulmane, l’augmentation significative des actes antisémites et la critique sans retenue des Roms.

    Selon les chiffres recensés par le ministère de l’intérieur, 1 662 actes et menaces à caractères racistes ont été signalés en 2014 auprès des services de police et de gendarmerie, contre 1 271 un an plus tôt, soit une hausse de 30 %. Ainsi mesurée, cette délinquance à caractère raciste prend en compte les attentats, tentatives d’attentats, incendies, dégradations, violences et voies de fait, de même que les propos, gestes menaçants, démonstrations injurieuses, inscriptions, tracts et courriers. La hausse est spectaculaire pour les faits antisémites qui connaissent des pics de violence en janvier, après le « Jour de colère », puis entre juillet et octobre, en écho à l’intensification du conflit israélo-palestinien et aux manifestations en faveur de Gaza en France. Les actes antimusulmans connaissent, eux, une baisse en 2014, en partie compensée par une flambée après les attentats de janvier 2015. Ces données, note le rapport, sont à prendre avec des pincettes. Pour de nombreuses raisons, la nomenclature est jugée lacunaire, notamment parce qu’elle n’intègre pas les discriminations liées aux origines. La comparaison avec les statistiques recueillies au Royaume-Uni montre à quel point les données françaises sous-estiment la réalité. Outre-Manche, à la suite d’une réforme du recensement des infractions racistes, le nombre d’actes commis à raison de l’appartenance prétendue à une « race » est passé de 6 500 en 1990 à 37 000 en 2013-2014.

    « La prise de recul s’impose s’agissant des données relatives à la répression judiciaire des actes racistes, répète Christine Lazerges. Ces chiffres sont certes un indicateur des manifestations du racisme, mais ils ne révèlent que l’écume des choses, puisqu’en matière de racisme et d’antisémitisme, le chemin des victimes est pavé d’obstacles, à commencer trop souvent par la difficulté à déposer plainte. Le traitement judiciaire achoppe rapidement sur une limite : si les actes racistes, antisémites et xénophobes sont susceptibles de recevoir une réponse pénale, de tomber sous le coup d’une incrimination, ce n’est pas le cas de l’idéologie qui les nourrit. »

    Autre outil de mesure, l’indice longitudinal de tolérance mis au point par Vincent Tiberj, chargé de recherches au Centre d’études européennes (CEE) de Sciences Po, est considéré comme plus fiable sur la durée. Mis en service en 1990, ce baromètre agrège les réponses à une batterie de questions – pour l’année 2014 il a été réalisé par l’institut BVA du 3 au 17 novembre auprès d’un échantillon représentatif de 1 020 personnes âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine constitué d’après la méthode des quotas. Il permet de saisir un instantané de l’état du racisme en France. Depuis 2009, cet indice chute. En 2014, il se stabilise.

    « Pour la cinquième année consécutive, l’indice de tolérance est peu satisfaisant, se trouvant, après un recul au cours des quatre dernières années, à des niveaux tels que cette régression reste sans précédent depuis que les chercheurs qui travaillent en collaboration avec notre autorité administrative indépendante ont créé l’indice longitudinal de tolérance », souligne Christine Lazerges. Les opinions à l’encontre des musulmans évoluent négativement. Le fait de ne pas boire d’alcool ou de ne pas manger de porc est, par exemple, moins accepté en 2014 qu’en 2013, ainsi que le fait de pratiquer la prière. Les Roms, pour lesquels de nouvelles questions ont été intégrées dans le questionnaire, constituent la population qui suscite le plus de rejet.

    Malgré l’augmentation des actes et menaces antisémites tels que les mesure le ministère de l’intérieur, l es opinions à l’égard des juifs dans le baromètre de la CNCDH sont, elles, stables. Pour tenter d’y voir plus clair, le rapport consacre un chapitre à la « revitalisation des vieux clichés antisémites » signé par plusieurs chercheurs de Sciences Po sous la houlette de Nonna Mayer, directrice de recherche du CNRS au CEE de Sciences Po et présidente de l’Association française de science politique depuis 2005.

    (...)

    Cette minorité est la mieux acceptée. (...)

    En revanche, les chercheurs observent une persistance des stéréotypes liés au pouvoir et à l’argent dont sont victimes les juifs. « Tout se passe comme si les mesures prises pour protéger cette minorité, mesures de sécurité après la tuerie de Toulouse, ou sur un registre moins dramatique l’interdiction du spectacle de Dieudonné, en janvier, et celle de deux manifestations pro-palestiniennes à Paris cet été, venaient renforcer la croyance en leur influence », constatent-ils. « Dans le même ordre d’idées, les juifs sont accusés d’instrumentaliser la Shoah à leur profit », poursuivent-ils. Le soupçon de « double allégeance » mesuré par la question « Pour les juifs français, Israël compte plus que la France » est également renforcé.

    (...)

    « Ce nouvel antisémitisme, rapportent les chercheurs, ne se fonderait plus sur la notion de “peuple déicide” caractéristique de l’antijudaïsme chrétien, ou sur la prétendue supériorité de la race aryenne, comme au temps du nazisme, mais sur l’antisionisme, l’amalgame polémique entre “juifs”, “Israéliens” et “sionistes”. (...)
    L’étude du baromètre ne fait pas apparaître une telle évolution. À l’inverse, elle montre un « rôle structurant » du « vieil antisémitisme » liant les juifs à l’argent et au pouvoir. Les opinions à l’égard d’Israël et plus encore à l’égard du conflit israélo-palestinien semblent plus « périphériques » tout comme celles relatives à la Shoah. L’idée que l’antisémitisme serait un racisme d’une autre nature n’est pas non plus validée, puisque les personnes rejetant les juifs rejettent aussi les autres minorités.

    (...)

    En matière de préférence politique, l’antisémitisme est moins fréquent à gauche qu’à droite (...). Et s’il remonte à l’extrême gauche, la proportion des scores élevés sur l’échelle d’antisémitisme y reste inférieure à la moyenne de l’échantillon, et sans commune mesure avec celle qu’on observe à l’extrême droite (27 % chez les proches du Front de gauche, de Lutte ouvrière et du NPA, contre 22 % au PS et chez les Verts), soulignent les chercheurs (...). Quant aux Français issus de l’immigration, ils se comportent comme les autres Français : ils se situent dans la moyenne.

    (...)

    • Extrait : "Les facteurs favorisant l’antisémitisme sont globalement les mêmes que ceux qui expliquent les autres préjugés. Le rejet des juifs est ainsi plus marqué chez les personnes âgées, chez les moins diplômées et chez les individus ayant peu de ressources ou ayant le sentiment que leur situation économique se dégrade. Les catholiques les plus pratiquants, les plus intégrés à leur communauté, sont très concernés. « On observe depuis quelques années déjà chez ces derniers une poussée identitaire et une montée générale des préjugés envers les minorités », notent les chercheurs."

      On sait donc que les catholiques très pratiquants ont plus tendance à être antisémites. Donc on demande aux sondés leur religion ?

      Donc on devrait facilement pouvoir si les musulmans ont plus tendance à être antisémites ou si les juifs ont plus tendance à être islamophobes ?

      Est-ce que ces questions ont été posées ?

    • Je réponds à la première question par un extrait du rapport qui ne traite pas des musulmans mais des descendants de parents non européens, essentiellement venus du Maghreb :
      « On remarque enfin que l’antisémitisme, contrairement au racisme anti-immigré, traverse l’échantillon quelles que soient les origines de la personne interrogée : la proportion de scores élevés sur notre échelle est aussi élevée chez celles qui n’ont pas d’ascendance étrangère que chez celles qui ont des parents ou des grands parents d’origine non européenne (essentiellement venus du Maghreb), résultat qu’on retrouve dans les enquêtes précédentes. »

      En revanche, je pense qu’on ne peut pas répondre à la deuxième question parce qu’elle n’a pas été posée et qu’elle est trop taboue...

  • Les #trafiquants de migrants en Méditerranée, un « #business » à l’échelle industrielle

    #Christine_Bossard, de l’association Robin des Bois, qui piste les vieux cargos utilisés pour les trafics, dialogue avec #Carine_Fouteau, journaliste qui suit les questions migratoires à Mediapart.

    http://www.dailymotion.com/video/x2irrk2_les-trafiquants-de-migrants-en-mediterranee-un-business-a-l-ech


    #Libye #migration #asile #réfugiés #passeurs #violence #Forteresse_Europe