person:caroline

  • #DHIHA8 Nous sommes à la croisée des chemins ! | Devenir historien-ne
    https://devhist.hypotheses.org/3692

    Cela fait maintenant plus d’une décennie que l’on parle de “révolution numérique” ou, de façon plus appropriée de “tournant numérique”, des sciences humaines et sociales. Le label “Humanités numériques”, s’il est d’une redoutable efficacité académique, avec ses quelques créations de postes universitaires, ses injonctions à “faire du numérique” dans les financements par projets, etc., ne semble pas vraiment avoir permis à l’ensemble de la profession de négocier le tournant.

    La légitimité des enseignements dits “numériques” doit encore trop souvent être défendue.

    Il est vrai que les formations “au numérique” se sont pourtant multipliées dans les cursus en histoire. On pense bien sûr à celles que deux des intervenants à #DHIHA8 avaient mises sur pied, en Licence à Reims pour Caroline Muller et en Master à Toulouse pour Sébastien Poublanc, mais aussi aux initiatives pionnières, qu’il s’agisse du Pireh ou des ateliers de Claire Lemercier et Claire Zalc.

    Si je pense malgré tout pouvoir parler de demi-échec, c’est que toutes ces formations, autant que celles que j’ai pu être amené à dispenser, d’abord à l’EHESS avec Franziska, puis à l’Université de Lille, apparaissent très largement attachées à des individualités. Elle sont souvent considérées par nos pairs comme des formations à confier aux “geeks-de-service”, idéalement de façon optionnelle et, si c’est obligatoire, sans que cela n’occupe trop d’heures dans la maquette. C’est que, voyez-vous, les étudiantes et étudiants doivent plutôt faire “des-choses-vraiment-importantes” ; certains n’hésitant pas à affirmer leur inanité la plus totale, s’interrogeant régulièrement sur l’intérêt même du maintien de telles options et s’élevant systématiquement contre toute proposition de rendre ces enseignements en partie obligatoires.

    Le propos de ce billet est de faire quelques hypothèses sur les raisons de cet échec et de tenter d’imaginer des solutions qui nous permettront de “négocier le tournant” numérique de nos disciplines.

    #humanité_numérique #pédagogie #pompe_a_fric

  • Ces femmes qui ont compté dans l’ombre
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/05/ces-femmes-qui-ont-compte-dans-l-ombre_5471924_1650684.html


    photo apparaissant « par magie », donc non créditée

    On trouve beaucoup d’exemples de travaux scientifiques basés sur le travail de « calculatrices féminines », dont les noms apparaissent au mieux dans les remerciements.

    L’un de mes articles scientifiques préférés a été écrit par Edward Lorenz, en 1963, et s’intitule « Deterministic Nonperiodic Flow » (flot déterministe et non périodique). Il s’agit de l’un des textes fondateurs de la théorie du chaos. Son contenu passera dans le grand public un peu plus tard à travers la belle image de l’effet papillon : un battement d’ailes d’un papillon au Brésil pourrait engendrer un ouragan au Texas. Cette publication est un mélange extraordinaire de physique, de météorologie, de mathématiques et de simulations numériques. Je l’ai lue et relue un très grand nombre de fois et je croyais la connaître jusque la semaine dernière.

    Un article de Joshua Sokol dans Quanta Magazine m’a appris que j’aurais dû lire le dernier paragraphe dans lequel l’auteur remercie « Miss Ellen Fetter qui a pris en charge les nombreux calculs et les graphiques ». Comment ? Ce n’est pas Edward Lorenz qui a fait les calculs, mais une assistante ? Il faut comprendre que simuler le mouvement de l’atmosphère sur un ordinateur était une composante essentielle de l’article. En 1963, les ordinateurs étaient primitifs et « prendre en charge les calculs » aurait probablement mérité un peu plus qu’un discret remerciement.

    Ce n’est pas la première fois que des scientifiques utilisent des « calculatrices féminines », dont les noms apparaissent au mieux dans les remerciements. Dix ans auparavant, Enrico Fermi, John Pasta et Stanislaw Ulam publiaient la première simulation numérique d’un système physique complexe. On peut considérer cet article comme la naissance d’une nouvelle discipline de physique mathématique. Il s’agissait d’étudier, sur un ordinateur, les vibrations d’une chaîne constituée d’une soixantaine de ressorts « non linéaires ».

    Là encore, deux lignes discrètes dans la publication remercient Miss Mary Tsingou pour « la programmation efficace du problème et pour avoir effectué les calculs sur l’ordinateur Maniac de Los Alamos », ce qui représente pourtant une partie très importante du travail. Ce n’est qu’en 2008 que le physicien Thierry Dauxois lira ces deux lignes et proposera d’appeler Fermi-Pasta-Ulam-Tsingou cette simulation numérique. J’aurais même proposé de respecter l’ordre alphabétique…

    #paywall

    • Nicole-Reine Lepaute — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicole-Reine_Lepaute


      Détail d’un portrait de Nicole-Reine Lepaute
      par Guillaume Voiriot, là aussi, il faut aller chercher l’auteur qui n’est pas mentionné dans les infos WP de l’image, mais en note de l’article…

      Nicole Reine Lepaute, née Étable, le 5 janvier 1723 à Paris, morte dans la même ville le 6 décembre 1788, est une calculatrice et astronome française. Elle est, avec Caroline Herschel et la marquise du Châtelet une des principales femme scientifique du siècle des Lumières.

      Son travail est souvent inclus dans celui d’autres auteurs, dont Jérôme de Lalande et son mari. Mais, s’il faut en croire Lalande, qui l’aimait beaucoup, elle était « un maître plutôt qu’un émule ». Elle a notamment aidé au calcul de la date précise du retour de la comète de Halley de 1759 et contributrice majeure au calcul de l’éphéméride astronomique La connaissance des temps.

    • On trouve beaucoup d’exemples de travaux scientifiques basés sur le travail de « calculatrices féminines », dont les noms apparaissent au mieux dans les remerciements.

      L’un de mes articles scientifiques préférés a été écrit par Edward Lorenz, en 1963, et s’intitule « Deterministic Nonperiodic Flow » (flot déterministe et non périodique). Il s’agit de l’un des textes fondateurs de la théorie du chaos. Son contenu passera dans le grand public un peu plus tard à travers la belle image de l’effet papillon : un battement d’ailes d’un papillon au Brésil pourrait engendrer un ouragan au Texas. Cette publication est un mélange extraordinaire de physique, de météorologie, de mathématiques et de simulations numériques. Je l’ai lue et relue un très grand nombre de fois et je croyais la connaître jusque la semaine dernière.

      Un article de Joshua Sokol dans Quanta Magazine m’a appris que j’aurais dû lire le dernier paragraphe dans lequel l’auteur remercie « Miss Ellen Fetter qui a pris en charge les nombreux calculs et les graphiques ». Comment ? Ce n’est pas Edward Lorenz qui a fait les calculs, mais une assistante ? Il faut comprendre que simuler le mouvement de l’atmosphère sur un ordinateur était une composante essentielle de l’article. En 1963, les ordinateurs étaient primitifs et « prendre en charge les calculs » aurait probablement mérité un peu plus qu’un discret remerciement.

      Calculs faits à la main

      Ce n’est pas la première fois que des scientifiques utilisent des « calculatrices féminines », dont les noms apparaissent au mieux dans les remerciements. Dix ans auparavant, Enrico Fermi, John Pasta et Stanislaw Ulam publiaient la première simulation numérique d’un système physique complexe. On peut considérer cet article comme la naissance d’une nouvelle discipline de physique mathématique. Il s’agissait d’étudier, sur un ordinateur, les vibrations d’une chaîne constituée d’une soixantaine de ressorts « non linéaires ».

      Là encore, deux lignes discrètes dans la publication remercient Miss Mary Tsingou pour « la programmation efficace du problème et pour avoir effectué les calculs sur l’ordinateur Maniac de Los Alamos », ce qui représente pourtant une partie très importante du travail. Ce n’est qu’en 2008 que le physicien Thierry Dauxois lira ces deux lignes et proposera d’appeler Fermi-Pasta-Ulam-Tsingou cette simulation numérique. J’aurais même proposé de respecter l’ordre alphabétique…

      En remontant encore dans le temps, on arrive à une période où les calculs étaient faits à la main, et où la main en question était bien souvent féminine. Dans les années 1940, un membre d’un institut de mathématiques appliquées ose parler du kilogirl (kilofille) : la quantité de calculs qu’une femme peut produire en mille heures ! Vers 1880, l’astronome Edward Charles Pickering recrute, à Harvard (Massachusetts), une équipe de plus de 80 calculatrices féminines surnommées « harem de Pickering » et payées moins qu’un ouvrier.

      On sait que la comète de Halley est visible dans le ciel à peu près tous les soixante-seize ans. Sa trajectoire est perturbée par l’attraction de Jupiter et de Saturne. Au milieu du XVIIIe siècle, certains savants doutaient encore de la théorie de la gravitation de Newton. Le calcul de la date du retour de la comète fut un grand moment de l’histoire des sciences. En novembre 1758, l’académicien Alexis Clairaut annonce un retour « vers le mois d’avril de l’année prochaine ».

      Ce fut un triomphe quand sa prédiction se réalisa. La théorie est en effet due à Clairaut, mais les calculs monstrueux ont été effectués par Joseph Lalande et Nicole-Reine Lepaute qui « calculaient depuis le matin jusqu’au soir, parfois même à table ». Clairaut « oubliera » de remercier sa collaboratrice. La Ville de Paris rendra partiellement justice à Nicole-Reine, en 2007, en donnant son nom à une rue.

      Nicole-Reine Lepaute (1723-1788), calculatrice et astronome.

      En 2017, l’ingénieur de Google James Damore a été renvoyé après avoir affirmé que le manque d’informaticiennes était d’origine biologique.

  • Vive éclosion des langues de révolte | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/06/08/vive-eclosion-des-langues-de-revolte

    Arabat réunit un ensemble de textes, photographies et dessins et un film en deux parties sur DVD, le tout né de la résidence, en 2018, d’Élodie Claeys et de Caroline Cranskens à Plounéour‐Ménez, en plein cœur des monts d’Arrée.

    Le titre, signifiant en breton « ne pas » (aussi bien : « interdit », « défense de »  – « ça suffit »), est inspiré d’un poème d’Anjela Duval (1905−1981), paysanne et poétesse bretonne dont les artistes auteures se sont nourries tout au long de leur séjour entre deux hivers.

    #langues_de_révolte

    • Arabat
      Va hiraezh. Va c’hwervoni
      — N’anavezan ket an enoe —
      Arabat o lakaat em gwerzennoù.
      E teñvalañ kombod va c’halon
      E fell din o derc’hel kuzh.
      Arabat ‘ouezfe den va c’halvar
      Nemet an Hini en deus merket deomp an Hent.
      Arabat sammañ seurt sammoù
      War divskoaz ar re yaouank.
      ‘Pad ma c’hell ar c’hozhiad
      O dougen e-unan.
      Ret mousc’hoarzhin d’o mousc’hoarzh,
      Zoken pa vroud ar boan grisañ.
      Ret eo magañ dezho o spi
      En un Dazont a vo o hini
      Hag a baeo kantvedoù mezh…

      2 a viz Kerzu 1972

      https://www.anjela.org/oberenn/arabat/?lang=bz

      E galleg

      Interdit
      Mon mal d’’être. Mon amertume
      — Je ne connais pas l’’ennui —
      Je n’’ai pas le droit de les mettre dans mes vers.
      Dans le coin le plus sombre de mon cœœur
      Il faut que je les garde au secret.
      Personne ne doit savoir mon calvaire
      Si ce n’’est Celui qui nous a montré le Chemin.
      Défense de déposer ces fardeaux
      Sur les épaules des jeunes.
      Tant que la vieille peut
      Les porter par elle-même.
      Il faut grimacer un sourire
      Même quand perce la douleur la plus vive.
      Il faut leur donner l’’espoir
      En un Avenir qui sera à eux
      Et qui effacera des siècles de honte…

      2 décembre 1972

      (Traduction Paol Keineg)

      https://www.anjela.org/oberenn/interdit-2


    • Arabat - Éditions isabelle sauvage
      https://editionsisabellesauvage.fr/catalogue/arabat

      Présentation
      Arabat réunit un ensemble de textes, photo­gra­phies et dessins et un film en deux parties sur DVD, le tout né de la rési­dence, en 2018, d’Élodie Claeys et de Caro­line Crans­kens à Plounéour‐​Ménez, en plein cœur des monts d’Arrée.

      Le titre, signi­fiant en breton « ne pas » (aussi bien : « inter­dit », « défense de » — « ça suffit »), est inspiré d’un poème d’Anjela Duval (1905−1981), paysanne et poétesse bretonne dont les artistes auteures se sont nour­ries tout au long de leur séjour entre deux hivers.

      Versant livre sont réunis les regards de Caro­line Crans­kens et d’Élodie Claeys, à travers textes et photo­gra­phies, et celui d’Agnès Dubart, qui lors d’un séjour de quelques semaines auprès d’elles a dessiné à l’encre noire les yeux de diffé­rentes personnes rencon­trées en concluant chaque séance de pose par cette même ques­tion : « qu’est-ce que vos yeux aiment voir ? », avant de traduire ces regards inté­rieurs par la couleur et l’aquarelle.

      Versant film, deux parties donc, indé­pen­dantes et complé­men­taires, « à valeur d’ici et d’ailleurs », l’une, Prises de terre, se passant dans les monts d’Arrée, l’autre, Au‐​Delà de Nous, à travers la France, là où il est ques­tion de collec­tifs, de résis­tance et de révolte (de Notre‐​Dame‐​des‐​Landes aux ronds‐​points des gilets jaunes). Caro­line Crans­kens et Élodie Claeys ont suivi le fil des rencontres pour explo­rer quelques cellules vivantes parmi une profu­sion infi­nie. Au rythme du vent, des clairs‐​obscurs, du chant du cour­lis cendré ou des slogans de mani­fes­ta­tions, cadrées sur les pieds, les visages ou les mains, les histoires de vies entrent en réso­nance et en contra­dic­tion avec les aspi­ra­tions et les colères du présent. Comment faire le pont entre les actes et les paroles, les indi­vi­dus et les foules, la nature et la nature humaine ? Arabat est avant tout une vision du collec­tif en mouve­ment, de l’entraide possible entre lieux, enra­ci­ne­ments, luttes, géné­ra­tions, corps et langages. Parce qu’il est l’heure de se bran­cher à la terre et à la fois de se relier aux autres, plus que jamais.

    • Merci pour toute cette documentation @simplicissimus.

      Et sinon, question plus personnelle : parles-tu breton ou as-tu approché cette langue de quelqu’autre façon ?
      Parce que en lisant les pages que tu références, je me suis laissé dériver de liens en liens et je suis (fatalement) arrivé ici :

      https://www.coop-breizh.fr/1030-livres-en-breton

      Aurais-tu quelques conseils à me donner pour entrer en apprentissage de cette langue ?

    • Ah ! le breton,…

      Non, je ne le parle pas, mais l’ai cotoyé de très très près. Un peu moins maintenant, mais encore.

      Je fais partie de la génération Stivell puis Tri Yann et Servat. À l’époque, et compte tenu de mon goût pour les langues, j’avais évidemment essayé de plonger dedans, de la grammaire de Roparz Hémon à la méthode Assimil. Mon principal problème étant que je manquais d’occasion de le pratiquer. Dans mon patelin du littoral, les derniers locuteurs disparaissaient dans l’indifférence générale. À l’époque, il en subsistait un accent à couper au couteau en français, mais cet accent à aujourd’hui totalement disparu. Reste encore les très abondants #bretonnismes, qui viennent d’ailleurs de faire un retour remarqué par le biais de l’opuscule d’Hervé Lossec qui a connu, et connait toujours, un succès de librairie ahurissant.

      À Paris, bien qu’habitant non loin, voire dans le quartier, je ne fréquentais pas les milieux actifs. Bref, pas de breton.

      Quelques années (!) passent et il se trouve, à peu près par hasard, que ma fille à l’occasion de démarrer sa scolarité en breton. Elle y a accompli tout le trajet de la maternelle à la fin du primaire. Pour les mêmes raisons que moi à peu près, elle en est sortie en comprenant mais, étant en milieu bilingue, sans volonté affirmée de le parler. Sur les trois grandes copines, une seule - qui n’est pas ma fille – est restée dans le réseau bilingue (en fait, deux successifs), va passer son bac en breton et défile pour que les épreuves de maths soient en breton.

      Étant donné le mode de fonctionnement de ses écoles auquel les parents d’élèves sont fortement associés, j’ai pas mal entendu parler et j’ai fini par comprendre à peu près de quoi on parlait, mais je ne parle toujours pas. On me dit grand bien des stages d’immersion, mais je n’ai pas essayé. J’ai accompagné l’apprentissage de ma fille, lu les livres d’enfants et passé les CDs de comptine et autres. Il en reste quand même quelques choses, mais l’occasion manque toujours.

      Pour l’apprentissage, je ne saurais pas trop quoi te recommander. Surtout vu mon propre résultat… L’imprégnation et la pratique.

      D’ailleurs, coïncidence, aujourd’hui est passé, je crois bien pour la première fois, l’excellente émission de France 3 Bretagne #Bali_Breizh que je regarde assez souvent (quand c’est des copains ou des connaissances qui passent). Pointée par @vanderling, en réponse à billet de @philippe_de_jonckheere à propos du clarinettiste Dominique Jouve (le documentaire est vraiment remarquable). L’émission est en breton, mais sous-titrée.
      https://seenthis.net/messages/785888

      Sinon, tu as (avais…) la série de sketches djeunz’ Ken tuch’
      https://vimeo.com/45565882


      avec divers personnages récurrents, dont un Roumain apprenant le breton à Rennes (l’acteur était un des profs de ma fille et le personnage très fortement inspiré d’un assistant maternel…)
      (sous-titres également)

      Y a aussi une autre mini série, genre Un gars, une fille qui tourne en ce moment et passe de temps en temps sur FB, mais je n’arrive pas à mettre la main dessus.

    • D’après ce que tu dis au premier billet de tes réponses, nous devons être de la même génération (Stivell, Dan Ar Braz, Servat, Ar Sonerien Du, Planxty, etc...) J’ai eu l’occasion de côtoyer quelques Bretons à Lyon pendant mes études. Un d’entre eux m’a même appris à jouer du « tin whistle » irlandais et on se faisait des guinches terribles avec quelques autres « folkeux » de toute origine dans nos piaules. Étant originaire de l’Est (Franche-Comté), j’ai donc eu la chance par ce biais d’être initié à la culture musicale « celtique » et ça ne m’a jamais lâché. Au cours d’un long périple en Bretagne en 1980 (ou 81 ?) j’ai repris un bon bain de culture musicale chouchenn-compatible et j’ai même trouvé un bouquin d’apprentissage du ... breton vannetais. Mais vu que le contenu de cet ouvrage était imprégné de catholicisme pur et dur, j’ai pas vraiment eu l’envie de décoller. Je sais bien que la Bretagne est une terre où la tradition religieuse est restée très prégnante, toussa, mais bon, faut quand même pas déconner ... Donc je papillonne au gré de mes navigations internautesques. Le mieux serait d’aller s’installer dans cette région mais après, il faudrait retrouver des anciens qui parle le « vrai » breton et là ... Car apparemment, le breton enseigné institutionnellement est empreint d’un certain académisme. On va y réfléchir et peut-être songer à organiser un déménagement avant toute chose. En attendant, merci pour toutes ces références.

  • Spatial militaire, la France passerait-elle à l’offensive ?
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/spatial-militaire-la-france-passerait-elle-a-l-offensive-819012.html


    Quelles armes du futur pour la France dans l’espace
    © NASA NASA / Reuters

    Face à aux menaces dans l’espace, la France pourrait changer de doctrine. Dans un contexte de légitime défense, elle pourrait passer en mode offensif. Ce sera l’un des thèmes abordés lors du Paris Air Forum, organisé par La Tribune et qui se déroulera le 14 juin à la Maison de la Mutualité. Le général Michel Friedling Commandant du Commandement interarmées de l’espace, Caroline Laurent, la directrice de la Stratégie de la DGA, Stéphane Trompille, député de l’Ain et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées et, enfin, Riadh Cammoun, VP Public and Regulatory Affairs de Thales Alenia Space débattront sur le thème « Spatial militaire, quelle doctrine pour la France ».

    Tic-tac, tic-tac, tic-tac... D’ici au 14 juillet, Emmanuel Macron va livrer dans un discours, qui doit faire date, la nouvelle stratégie spatiale de la France. Car le président s’intéresse de très près à ce dossier stratégique. "La France y a toujours été précurseur, y compris dans le domaine de la défense", avait-il rappelé le 13 juillet dernier dans les jardins de l’Hôtel de Brienne. "L’espace est un véritable enjeu de sécurité nationale, avait-il d’ailleurs expliqué_. C’est pourquoi je veux que nous définissions, au cours de la prochaine année, une stratégie spatiale de défense_". Tout le monde s’est donc mis au travail dans le dernier semestre 2018, a rendu la copie en fin d’année et ­attend désormais la parole présidentielle.

    Un discours était prévu en début d’année puis reporté en raison du mouvement des « Gilets Jaunes » et du Grand débat national. D’une façon générale, cette nouvelle stratégie est censée "dessiner une ambition pour nos forces armées à l’horizon 2040 avec des jalons très clairs et très cadrés de cette montée en puissance qui est proposée au président de la République", avait expliqué en décembre Hervé Grandjean, le conseiller pour les affaires industrielles au cabinet de Florence Parly. Aujourd’hui, on y est presque.

    Emmanuel Macron doit répondre à la question brûlante : la France va-t-elle changer de doctrine dans l’espace ? C’est fort possible. "La militarisation [de l’espace, ndlr] n’est pas forcément contradictoire avec les principes édictés par le Traité sur l’espace. (...) Le principe de légitime défense continue à s’appliquer", avait laissé entendre Hervé Grandjean. Faut-il rappeler également que la France a su faire évoluer ces dernières années sa doctrine dans le domaine cyber, un espace où elle ne s’interdit plus d’être offensive... Des indices qui laissent à penser que la France pourrait riposter face à des menaces venues de l’espace ou de la Terre pour détruire ou parasiter ses capacités spatiales. Car, comme l’avait affirmé à l’Assemblée nationale le chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA), le général Philippe Lavigne, "si nous perdons la guerre dans l’espace, nous perdrons la guerre tout court".

  • Making Playgrounds a Little More Dangerous - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/05/10/well/family/adventure-playgrounds-junk-playgrounds.html

    “Sometimes parents hover by the fence and watch their kids like animals in a zoo,” said Rebecca Faulkner, the executive director of play:groundNYC, the nonprofit that runs The Yard, which opened in 2016. “I tell them, ‘You don’t need to worry, you don’t need to tell them what to do. Just sit back and relax.’”

    Children are better at figuring out how to have fun than many adults who build playgrounds for them, Ms. Faulkner said. And they can also figure out how to play safely — even in a place that looks more like a junkyard than a playground.

    “We’ve had our share of bruises and scrapes,” she said. “But we’ve never had a serious injury.”

    Joey’s father, Christopher Gunderson, a sociology professor at Howard University, watched the action with other parents from a lawn chair outside the playground. “Kids grow up in these really controlled environments,” he said. “This is a place where they can run wild.”

    “Play nowadays is totally structured,” Joey’s grandfather, Fred Klonsky, a retired elementary school teacher, chimed in. “They play organized sports supervised by adults, even their disputes are settled by adults. Kids used to work all that stuff out themselves.”

    The Danish landscape architect Carl Theodor Sorensen was bothered by the same trends over 70 years ago. He noticed that children in Copenhagen during World War II preferred to play in abandoned lots and construction sites than on the well-appointed asphalt playgrounds that had been built for them.

    This daredevil behavior born of frustration is a main cause of playground accidents, said Mariana Brussoni, a scientist with the Child & Family Research Institute in Vancouver, British Columbia.

    “I came to the counterintuitive conclusion that engaging in risk is actually very important in preventing injuries,” said Dr. Brussoni, who conducted a systematic review of the scientific literature on playground safety in 2015. “Children are learning how their bodies work, how the world works,” she said. “They are learning fundamental skills that ultimately protect them.”

    And there appear to be social gains as well.

    A 2017 randomized controlled trial conducted in New Zealand found that children (ages 6 through 9) who participated in what the researchers called “free range play” were happier at school, more engaged with other children and less likely to report being bullied during recess than those whose play time was more structured.

    Still, many parents remain wary.

    “People perceive that the world is getting more dangerous. Parental fears are on the rise,” Dr. Brussoni said. She speculated that it was fueled by media attention to child kidnappings and other crimes. Yet “the data shows that it has never been a safer time to be a child,” she said — a contention backed up by a 2016 report by the Department of Justice.

    #Education #Terrains_de_jeu

    • Je ne m’attendais pas à un tel débat en postant cet article.
      Il faut quand même se dire que cela vient des États-Unis, un pays dans lequel des enfants qui vont tous seuls à pied à l’école peuvent se faire arrêter et les parents convoqués pour abandon d’enfant. Il y a à Chicago des associations pour défendre le droit des enfants d’aller seuls à l’école !
      Donc penser qu’il y a des terrains d’aventure ouverts qui ne sont pas des espaces d’ennui clinique à New York me semble plutôt une bonne chose.
      Et aussi que l’imagination qui transforme l’univers à disposition en baguettes magiques, épés-lasers et autre maisons dans la prairie me semble plus profitable que de déplacer des artefacts si jolis et semblables à leurs objectifs dans des jeux vidéos.
      Il me semble également que la paranoia parentale actuelle va finir par briser le plaisir et l’envie pour les générations à venir. J’espère au fond que les gamins d’aujourd’hui faut autant de bêtises interdites que j’en faisais, et que tout simplement on ne les voit pas ;-)

  • Ce colonel de gendarmerie reconnaît des violences policières : « Quand je vois ça, je suis obligé d’aller dans le sens des manifestants »
    Jean-Baptiste Bourgeon et Caroline Petit, BFM TV, le 8 avril 2019
    https://rmc.bfmtv.com/emission/quand-je-vois-ca-je-suis-oblige-d-aller-dans-le-sens-des-manifestants-un-

    Les yeux plongés dans la vidéo particulièrement violente, le colonel de gendarmerie Michael Di Meo, qui commandait ce jour là les gendarmes mobiles dans la capitale, le reconnaît : « Ce sont des violences policières ».

    #Gilets_Jaunes #France, mais à rajouter aussi à la liste de #témoignages et d’#aveux de la #police et de leurs semblables :
    https://seenthis.net/messages/723573

  • Émission « Libre à vous ! » du 26 mars 2019 — Podcasts et références
    https://linuxfr.org/news/emission-libre-a-vous-du-26-mars-2019-podcasts-et-references

    La dix‐huitième émission « Libre à vous  ! » de l’April a été diffusée sur la radio Cause commune, mardi 26 mars 2019.

    Nous avons commencé par un point sur la proposition de directive droit d’auteur. Nous avons enchainé avec notre sujet principal qui portait sur les civic tech et le logiciel libre avec Caroline Corbal de Code for France et Emmanuel Raviart, développeur logiciel libre. Nous avons poursuivi par la chronique de Vincent Calame (« Jouons collectif »). Nous avons terminé par diverses annonces.

    Le podcast est disponible, ainsi qu’une page qui liste toutes les références citées pendant l’émission (vous trouverez également sur cette page les podcasts par sujet traité). L’émission dispose d’un flux RSS compatible avec la baladodiffusion auquel vous pouvez vous abonner, ainsi qu’un salon dédié à l’émission sur (...)

  • (1) La première sortie 100% féminine dans l’espace annulée, faute de combinaison à la bonne taille - Libération
    https://www.liberation.fr/sciences/2019/03/26/la-premiere-sortie-100-feminine-dans-l-espace-annulee-faute-de-combinaiso

    Zut alors, c’est quand même ballot… Ce vendredi devait avoir lieu la première sortie dans l’espace 100% féminine de l’histoire de la station spatiale internationale (et donc de l’histoire de l’humanité tout court). Mais la Nasa a changé ses plans au dernier moment, et on a appris cette nuit que l’équipe sera finalement constituée d’un homme et d’une femme.

    Le problème ? Il n’y aura pas assez de combinaisons spatiales à la bonne taille pour vendredi. Les sorties dans l’espace – qu’on appelle « activités extra-véhiculaires » dans le métier, soit « EVA » pour faire court – sont pourtant planifiées et organisées des mois à l’avance. On avait donc prévu, pour cette petite virée hors de l’ISS, une combinaison en taille M pour l’astronaute américaine Christina Koch, et une taille L pour sa collègue Anne McClain. Elles sont bien rangées dans leur placard, prêtes à être enfilées vendredi.

    Mais Anne McClain a déjà effectué une première sortie vendredi dernier, le 22 mars. C’était la toute première EVA de sa carrière, et elle en a tiré au moins deux enseignements capitaux : d’une part, elle sait désormais comment remplacer une batterie pour les panneaux solaires de la station (une compétence assez classe en matière de bricolage), et d’autre part, la taille L est trop grande pour elle. « Anne s’était entraînée avec du M et du L, et elle pensait préférer la taille large. Mais après la sortie de vendredi, elle a décidé que la taille medium lui allait mieux », raconte Stephanie Schierholz, porte-parole de la Nasa. Et il vaut mieux se sentir à l’aise quand on doit passer six à sept heures dans le vide spatial à effectuer des manipulations minutieuses : de l’avis de tous les astronautes qui s’y sont frottés, les EVA sont éreintantes.

    L’astronaute Anne McClain lors de sa sortie extra-véhiculaire du 22 mars, qui a duré 6 heures et 39 minutes pour améliorer les capacités de stockage d’énergie de la station spatiale.L’astronaute Anne McClain dans sa combi trop grande, lors de sa sortie extra-véhiculaire du 22 mars, qui a duré 6 heures et 39 minutes pour améliorer les capacités de stockage d’énergie de la station spatiale. (Photo Nasa)

    Pour garantir à Anne McClain de bonnes conditions de travail, il faut donc revoir sa garde-robe. Ce n’est malheureusement pas aussi facile que changer de chemise : les combinaisons spatiales sont constituées de nombreuses pièces – torse, épaules, bras, gants, pantalon, casque, tableau de bord électronique… – qu’il faut assembler et ajuster entre elles, sans oublier de les inspecter et les tester pour éviter tout risque de fuite. La tâche est laborieuse, et elle n’était pas prévue dans l’emploi du temps déjà surchargé des astronautes. « Dans ce cas, il est plus facile (et plus rapide !) de changer l’équipe de sortie que de reconfigurer la combinaison », conclut Stephanie Schierholz.

    C’est donc l’astronaute Nick Hague qui enfilera la combinaison taille L de McClain toute prête à l’emploi, et la remplacera aux côtés de Christina Koch pour continuer le changement des batteries de la station. Il n’est pas prévu pour le moment de réorganiser une sortie à deux femmes : la troisième EVA de cette mission aura lieu le 8 avril et la Nasa, dans son communiqué, semble toujours compter sur une équipe formée d’Anne McClain et du Canadien David Saint-Jacques.

  • Les Impatientes
    Festival Écrans publics : le programme des diffusions - Acteurs publics
    https://www.acteurspublics.com/2018/11/29/ecrans-publics-le-programme-des-diffusions

    Mardi 26 mars sur Acteurs publics TV :

    À 19 h 30, diffusion de la série Les Impatientes, de Jean-Marc Brondolo (Septembre Productions)

    Les ImpatientesCette mini‑série carcérale de 3 épisodes brosse le portrait de 3 femmes contraintes de cohabiter dans une cellule de maison d’arrêt. Entre l’enfermement, les promenades, les avocats et le bureau du juge, elles découvrent comment survivre entre la violence, le rire et l’amour.

    À 22 h, débat : Les femmes détenues, une minorité invisible ?

    Les femmes représentent moins de 4 % de la population carcérale. Les établissements qui les accueillent sont peu nombreux et principalement répartis dans le nord de la France. Leur accès aux activités et aux soins y est plus difficile. Dans cet univers majoritairement masculin, quels droits pour les femmes détenues ?

    Un débat animé par Adeline Baldacchino, haute fonctionnaire et écrivaine, avec Jean-Marc Brondolo, réalisateur de la série Les Impatientes, Caroline Abadie, députée, coprésidente du groupe d’étude “Prisons et conditions carcérales”, et François Bès, coordinateur du pôle “Enquêtes” de l’Observatoire international des prisons.

    #femmes #détention via @reka_en_ballade

  • Invisible Women : Exposing Data Bias in a World Designed for Men – a review
    https://theconversation.com/invisible-women-exposing-data-bias-in-a-world-designed-for-men-a-re

    Feminist campaigner Caroline Criado Perez’s latest book is an essential if enraging read. It might seem ironic that the central figure in Invisible Women : Exposing Data Bias in a World Designed for Men is a man, but Perez argues convincingly that the “default male” is the figure our world is designed around. Unfortunately, the default male is also a stand-in for “human”, with consequences for women that range from the annoying (longer loo queues, phones that don’t fit our hands) to potentially (...)

    #algorithme #discrimination

  • La clause de conscience des médecins relative à l’IVG fait débat à l’Assemblée
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/03/23/la-clause-de-conscience-des-medecins-relative-a-l-ivg-fait-debat-a-l-assembl

    La clause de conscience, dont les médecins peuvent se prévaloir pour refuser de pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG), a fait débat dans la soirée du vendredi 22 mars à l’Assemblée nationale.

    Des députées du Parti socialiste (PS) et de La France insoumise (LFI) ont défendu, avec le soutien du Parti communiste (PCF) plaidant pour « envoyer un signal fort », des amendements au projet de loi santé pour supprimer la clause spécifique à l’IVG, qui s’ajoute à la clause de conscience pour l’ensemble des actes médicaux.

    Sylvie Tolmont (PS) a fait valoir que cette clause était « superfétatoire » et confortait l’idée que l’IVG était « un acte à part ». Pour Caroline Fiat (LFI), « cette double clause de conscience » mise « à l’époque pour faire passer la loi » Veil de 1975, qui encadre la dépénalisation de l’avortement, n’a « plus lieu d’exister ». La supprimer, « c’est une belle occasion 44 ans après de prolonger la belle œuvre de Mme Veil », a-t-elle ajouté.

    La ministre de la santé, Agnès Buzyn, leur a rétorqué que la mesure était « une fausse bonne idée ». Elle a jugé que cela allait « compliquer le parcours des femmes », et que cela « n’améliorera pas l’accès à l’IVG ».

    « Ce n’est pas génial, je suis d’accord »

    « La clause de conscience permet d’afficher quelque part clairement les intentions », a-t-elle fait valoir :

    « Donc ça va éviter aux femmes de prendre rendez-vous avec des médecins qui éventuellement peuvent leur faire perdre du temps s’ils sont contre l’IVG et qu’ils ne sont pas dans la clause de conscience avec l’obligation de trouver un médecin [prêt à la pratiquer]. »

    « Ils peuvent dire : “je réfléchis, revenez la semaine prochaine…” Tout cela va ajouter des parcours erratiques pour les femmes », a argumenté Mme Buzyn.

    « La clause de conscience, elle affiche la couleur. Ce n’est pas génial, je suis d’accord, mais je pense que pour les femmes en situation de détresse, ça apporte beaucoup plus de garanties d’un parcours simple », a-t-elle insisté, se disant « fondamentalement contre la suppression ».

    Les médecins qui ne veulent pas pratiquer une IVG doivent « informer, sans délai » l’intéressée de leur refus et « communiquer immédiatement le nom de praticiens ou de sages-femmes susceptibles de réaliser cette intervention ». Le nombre d’IVG est stable depuis 15 ans en France. En 2017, 216 700 interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées dans l’Hexagone, quasiment le même nombre qu’en 2001.

    Faudrait surtout les forcer à inscrir en gros que c’est de gynecos pro-grossesses forcées. Qu’illes fassent proctologue ou urologues et arrêtent de violer les femmes par des accouchements imposées de force. Les gynécos misogynes ca suffit et il est urgent aussi de dissoudre le SNYGOF - syndicat des gynécos cæcotrophes.

  • La France, phare mondial de l’islamophobie – ACTA
    https://acta.zone/la-france-phare-mondial-islamophobie

    Car ce n’est pas l’extrême-droite qui était à l’initiative de la loi sur le voile de 2004. Loi qui sous prétexte d’émanciper les jeunes filles qui portaient le foulard (le blanc a souvent la prétention d’émanciper le non blanc, et plus particulièrement les non blanches) a en réalité privé d’une scolarité normale des centaines de jeunes filles et n’a fait qu’aggraver leur exclusion du monde du travail, accroissant ainsi leur dépendance vis-à-vis des hommes de leur foyers. 
    Année après année, c’est l’ensemble du champ politique français qui s’est engouffré dans l’islamophobie la plus crasse, que ce soit par la promulgation de lois et de mesures d’exception réglementant la visibilité religieuse des français.es musulman.e.s dans l’espace public ou par des campagnes racistes infâmes. Tout y est passé, de la manière de se vêtir aux habitudes alimentaires, des pratiques rituelles aux débats ignobles sur la légitimité d’une jeune femme voilée à chanter dans une émission de télévision.
    Dans chacune de ces « affaires », on retrouve des représentants de tous bords, dont les médias bourgeois se font les relais serviles. Manuel Valls, Caroline Fourest, Jean-François Copé, Éric Zemmour, BHL, Finkielkraut, Onfray etc., ont bien plus contribué à l’émergence et la banalisation des discours islamophobes que ne l’ont fait Génération Identitaire ou le GUD. Rappelons qu’Anders Breivik, qui avait également eu la charmante idée de justifier son massacre dans un texte immonde, citait plusieurs fois Finkielkraut, adepte lui aussi de la thèse du grand remplacement. En France, Finkielkraut est producteur sur France culture et académicien.

    Nos élites se targuent souvent du rayonnement intellectuel de la France, force est de constater que celui-ci tient aujourd’hui pour une large part aux élaborations islamophobes de ses « penseurs ». Partout sur les plateaux de télévision et dans les journaux, on déroule le tapis rouge aux discours anti-musulmans sans que cela ne semble jamais choquer personne. Au lendemain des attentats en Nouvelle-Zélande, David Pujadas invite Robert Ménard, raciste notoire et défenseur de la thèse du grand remplacement pour analyser le massacre. Y voir du cynisme serait une erreur. David Pujadas est tout simplement un relai du racisme ambiant : un raciste qui en invite d’autres pour parler d’un acte raciste. L’immense majorité des médias français sont sinon des acteurs, du moins des complices de cette campagne abjecte, qui a été parallèlement menée au sein de l’appareil d’État et de ses appareils idéologiques, progressivement acquis aux discours et pratiques islamophobes.

  • Encore un qui a lu nos grands intellectuels:
    https://actu.orange.fr/monde/un-extremiste-de-droite-tire-dans-deux-mosquees-neo-zeolandaises-49-mort

    Avant de passer à l’action, l’homme, qui se présente comme un blanc de la classe ouvrière aux bas revenus, a publié sur Twitter un « manifeste » raciste de 74 pages intitulé « Le grand remplacement », en référence à une théorie née en France et populaire dans les milieux d’extrême droite selon laquelle les "peuples européens" seraient « remplacés » par des populations non-européennes immigrées.

    • Sinon, se souvenir qu’avant le « Grand remplacement » de Renaud Camus, il y a eu l’« Eurabia » popularisé en Europe par Oriana Fallaci, reprenant le concept de Bat Ye’or. Concept lui-même dérivé de la « dhimmitude », de Bachir Gemayel, auquel le Nouvel obs tendait le crachoir en 1982 à ce sujet.

      Ça donne une nébuleuse reliant l’extrême-droite chrétienne libanaise, les propagandistes d’Israël, l’extrême-droite raciste (souvent antisémite) française et européenne, souvent derrière un alibi laïcard, tout ça dans un univers médiatique européen particulièrement complaisant avec tous ces complotismes islamophobes.

      Et en gros le même « arc » aux États-Unis, où il faut ajouter les fondamentalistes chrétiens, à la fois frénétiquement pro-israéliens et fondamentalement antisémites.

    • Les chrétiens du Liban, la dhimmitude, l’Eurabia, le marxisme culturel propogeant l’islamisation de l’Europe… toutes foutaises déjà présentes dans le « manifeste » de Breivik (2011) :
      https://seenthis.net/messages/28765

      Mais le nouveau « Manifeste » est beaucoup plus au ras des pâquerettes.

      Et en gros rien sur Israël (contrairement au manifeste Breivik), à part une mention :

      Were/are you an anti-semite?

      No. A jew living in israel is no enemy of mine, so long as they do not seek to subvert or harm my people.

    • @reka Puisque tu cites Millet, remarque qu’on est dans le même « arc » (caution intellectuelle et ancien de l’extrême-droite libanaise) :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Millet

      En 2012, il publie chez Pierre-Guillaume de Roux un essai intitulé Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d’Anders Breivik, dans lequel il s’en prend au multiculturalisme et à la perte de repères identitaires à l’origine, selon lui, du geste du tueur norvégien. Frappé par la « perfection formelle » des actes de Breivik, Richard Millet leur prête une « dimension littéraire » qui aurait été mal comprise et mal interprétée par la presse : d’après lui, seule une littérature qui ose s’intéresser à la question du mal est valable à une époque où le divertissement domine, et donc l’insignifiance. Tout en condamnant les actes d’Anders Breivik, Richard Millet affirme qu’il est « sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s’aveugler » sur « les ravages du multiculturalisme », « l’islamisation de l’Europe » et son renoncement à « l’affirmation de ses racines chrétiennes ». Richard Millet considère Anders Breivik comme « tout à la fois bourreau et victime ». Il assimile ce massacre à un nouveau symptôme de l’échec de la littérature, supplantée par le fusil d’assaut.

      À bonne école :

      Il participe à la guerre du Liban en 1975-1976 en tant que volontaire auprès de la communauté chrétienne, plus particulièrement au sein des Phalanges libanaises.

    • Et ça n’a pas traîné : sur RMC (via Arrêts sur image), Olivier Truchot, Elizabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel s’inquiètent que le massacre perpétré par un islamophobe donne une mauvaise image de l’islamophobie.

      Face aux 40 morts de Christchurch, les télé-islamophobes ne désarment pas
      https://www.arretsurimages.net/articles/face-aux-40-morts-de-christchurch-les-tele-islamophobes-ne-desarment

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1106851251306811392/pu/vid/640x360/lxvwcd397Lpmp8WJ.mp4

      Caroline Fourest sur Twitter (via @mona) :
      https://twitter.com/carolinefourest/status/1106509831026999298

      Un terroriste d’extrême droite qui croit au « grand remplacement » n’est pas juste « islamophobe », il n’a pas peur de l’Islam. Il est RACISTE, anti-Musulmans. Il voit tous les Musulmans, et non leur religion, comme une menace. Mal nommer, c’est minimiser. #ChristchurchShooting

      Renaud Camus sur Twitter :
      https://twitter.com/renaudcamus/status/1106870609168994304

      L’attentat de Christ Church est d’abord atroce et criminel, c’est un monstrueux forfait. Très accessoirement, il est aussi imbécile, puisqu’il dessert gravement la cause que (peut-être) il prétend servir, la lutte contre le remplacisme global, crime contre l’humanité du XXIe s.

    • Soyons précis avec Jean-Yves Camus : Breivik citait Finkielkraut et l’Eurabia, le nouveau taré titre « Le grand remplacement », mais ça n’a rien à voir.
      https://www.ladepeche.fr/2019/03/16/on-retrouve-lhypothese-dune-riposte-aux-attaques-islamistes-selon-jean-yve

      Le tueur fait référence à une théorie élaborée par le Français Renaud Camus intitulée le « grand remplacement ». Est-ce une référence pour les extrêmes droites radicales ?

      C’est une théorie en vogue, mais Camus, qui a formulé la théorie du grand remplacement, n’est pas sur la même ligne que le tueur. Quel que soit le caractère contestable des idées de Renaud Camus, il n’a jamais prôné la violence, il ne fait pas référence au nazisme et ne se présente pas comme fasciste. Il est souverainiste, anti-immigration et proche du Siel (Souveraineté Identité et Libertés, extrême droite, NDLR). La théorie du grand remplacement a « fait sa vie » et est arrivée dans les mains de gens pour qui l’action politique est devenue insuffisante et qui ont basculé dans la violence.

    • 24h Pujadas sur Twitter : Guillaume Tabard « joue à de la comptabilité »
      https://twitter.com/24hpujadas/status/1106606907723264005
      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1106606702189776897/pu/vid/640x360/L3JsLBliVVfRoNa-.mp4?tag=8

      « On a vécu en France un terrorisme islamiste assez meurtrier, si on veut jouer à de la comptabilité, on n’est pas encore dans l’équilibre. Il ne faut pas s’aventurer sur le terrain du match retour » @GTabard @Le_Figaro

    • Remarquez bien, dans le genre « meurtrier », ce matin je lisais ça : https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/attentats-a-christchurch/attentat-en-nouvelle-zelande-ou-que-j-aille-les-envahisseurs-etaient-la

      Son parcours de radicalisation

      Le tireur décrit les raisons de sa radicalisation en évoquant l’attentat de Stockholm (Suède) en 2017 et sa déception lorsqu’Emmanuel Macron l’emporte face à Marine Le Pen. Mais ce qui le décide à commettre cette attaque, ce sont ses impressions lors d’un voyage en France : "Le déclic final fut l’observation de l’état des villes et villages français. Où que j’aille, les envahisseurs étaient là."

      Charles Martel, sors de ce corps !

      Les médias français ne feraient-ils pas preuve d’une certaine #complaisance vis à vis de la radicalisation d’extrême-droite, des théories du grand remplacement et du suprématisme blanc ? (C’est une question que je n’arrête pas de me poser).

      Vous avez aimé la lepénisation des esprits. Alors passez sans plus attendre à la trumpisation. ---> Trump again punts on white supremacy after New Zealand attacks - CNNPolitics
      https://edition.cnn.com/2019/03/16/politics/donald-trump-new-zealand-white-supremacy-muslims

    • Mais aussi Géraldine Woessner sur Twitter (repéré par @le_bougnoulosophe) – attention, attrape un sac à vomi avant de te lancer :
      https://twitter.com/GeWoessner/status/1107071339016392704

      C’est insupportable. Si les mots on un sens, celui de « théorie » du grand remplacement est particulièrement mal choisi. Petit thread à l’attention des apprentis-combattants de la droite-extrême et des populismes.

      La « théorie du Grand Remplacement » n’est PAS une « théorie » : c’est une PEUR, qui s’appuie sur des éléments concrets, que nous fournissent les pays qui, contrairement à la France, tiennent des statistiques ethniques....

      Le « remplacement » de populations n’a rien de fantasmatique : il est advenu dans maintes villes des USA ou du Canada, où les Latinos sont maintenant majoritaires, et nos grands médias s’en sont fait l’écho : https://t.co/OjbJKtLHgB

      Ce n’est pas un mal : c’est un FAIT. Dicté par la science démographique, avec lequel il faut composer. Il explique en partie l’élection de Donald Trump. Parfois, on sait l’affronter avec sang-froid et pragmatisme. On en débat ouvertement. On discute des politiques à conduire...

      Le fait que des extrêmes aient repris ce concept n’y change rien : JE ne crois PAS qu’un pouvoir « remplaciste » œuvre pour m’imposer un ordre « mondialiste ». Je ne crois PAS à la supériorité d’une race sur une autre. Ma si la pression démographique m’inquiète… #CestGraveDocteur ?

      En France, on ne débat PAS. RIEN. On préfère NIER les taux de natalité plus élevés de populations allogènes, au motif que la République, très forte, serait capable d’intégrer chacun dans son grand creuset laïc et républicain...

      Tant pis si ça ne marche pas.
      On fera semblant que si.
      Et ceux qui ont "peur", parce qu’ils voient les populations changer autour d’eux, qu’ils doutent de la volonté de l’ État d’imposer ses standards, seront vilipendés.
      Votre peur ? « Un fantasme. Une théorie ».

      Cet argumentaire, en plus d’être absurde, est d’une violence inouïe.
      UN sentiment, par définition, ne peut être une « théorie. » Si autant de gens, en France, en GB, en Allemagne, en Hongrie… Sentent leur « identité culturelle » menacée et le disent, QUI sommes-nous...

      ...pour décréter que leur ressenti ne vaut rien ? Ne devrions-nous pas, plutôt, entendre leurs craintes et tâcher d’y répondre ?
      Si nous sommes sûrs que ce risque de « grand Remplacement » est un fantasme, ne devons-nous pas apaiser aves des études basées sur des données fiables ?

      Nous sommes tellement habitués à contempler l’UE marcher sur la tête et s’autodétruire, que nous ne songeons même plus à exiger d’elle qu’elle se dote des instruments de sa survie. Des outils, une recherche, une prospective intelligentes. Des instruments statistiques signifiants.

      A défaut, et vu le niveau du débat, marqué de haines, de rancunes, d’amalgames, je redoute que tout cela finisse dans un bain de sang... Je pèse mes mots.
      Il n’est jamais trop tard pour s’ausculter, pour faire Nation. Je veux savoir QUI sont mes frères...

      Ce qu’ils pensent, ce qu’ils croient, ce qu’ils espèrent.
      Des statistiques ethniques me donneraient l’occasion de partager leurs vues. De comprendre. De connaître.
      Leur absence est un voile, une insulte à l’avenir, terreau de l’outrance. Un blanc-seing pour tous les extrêmes.

      Si on a vraiment besoin d’arguments sur ces histoires d’allogènes qui nous remplacent avec leur taux de natalité de lapin sous Viagra, on a le thread de Jacques Caplat ici :
      https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1107282903996743680

    • [ARCHIVE]

      Two sentenced to life imprisonment in hate media trial (2003)
      https://rsf.org/en/news/two-sentenced-life-imprisonment-hate-media-trial

      “We are pleased that this case has finally reached a conclusion despite countless procedural delays and obstacles,” Reporters Without Borders secretary-general Robert Ménard said. “This is the first time that journalists have been sentenced to life imprisonment for incitement to murder and violence in their reports,” he said.

      “We hope these sentences are seen as a warning to the many journalists in Africa and elsewhere who also stir up hate in their writing,” Ménard added. “Even if no country is today in a situation comparable to Rwanda’s at the time of the genocide, these sentences should serve as a call to order to all the publications that constantly flout the most elementary rules of professional ethics and conduct.”

      en français:

      « Nous souhaitons que ces condamnations soient perçues comme un avertissement en direction de nombreux journalistes qui, en Afrique ou ailleurs, attisent, eux aussi, les haines par leurs écrits. Même si aucun pays ne connaît aujourd’hui une situation comparable à celle qui prévalait au moment du génocide rwandais, cette condamnation doit résonner comme un rappel à l’ordre pour toutes les rédactions qui bafouent quotidiennement les règles les plus élémentaires en matière d’éthique et de déontologie professionnelles », a ajouté Ménard.

      https://www.ifex.org/rwanda/2003/12/05/rsf_welcomes_life_sentences_against/fr

    • Hier soir, le Centre Anne Frank a choisi très curieusement de partager un lien vers un article du néoconservateur David Frum expliquant qu’il faut fermer les frontières, « sinon ce sont les fascistes qui le feront » :
      https://twitter.com/annefrankcenter/status/1107383900471521281

      We need compassion and deliberation in our approach to #immigration. #education #humanity ⁦⁦@davidfrum⁩

      avec en référencement cet article :
      https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2019/04/david-frum-how-much-immigration-is-too-much/583252

      If Liberals Won’t Enforce Borders, Fascists Will - We need to make hard decisions now about what will truly benefit current and future Americans - David Frum

      Énorme retour de manivelle, le centre publiait ensuite une série de 10 messages pour tenter d’expliquer qu’il s’agissait seulement d’ouvrir un dialogue. Mais le timing d’un tel référencement (« fermer les frontières sinon les fascistes s’en chargeront », au lendemain du massacre en Nouvelle Zélande) n’est pas expliqué.

      EDIT. Finalement tweet retiré, avec un message posté à la place :
      https://docs.wixstatic.com/ugd/7279dd_c6e89ff1f5f74d269aab5418f1c657e7.pdf
      (et toujours pas d’explication sur le timing d’un tel sujet).

    • Le grand remplacement est en marche et l’absence de LBD est responsable du saccage des Champs-Elysées
      https://www.telerama.fr/television/le-grand-remplacement-est-en-marche-et-labsence-de-lbd-est-responsable-du-s

      Nathalie Saint-Cricq salue une Marine Le Pen “consensuelle”, David Pujadas laisse libre court à Robert Ménard pour soutenir la théorie du grand remplacement, un expert de BFMTV estime que les LBD sont trop dangereux pour les employer ailleurs que “dans les banlieues”… Nous sommes en France, en 2019. Bienvenue à la télé.

  • Huit ans après le début de la révolution, Deraa manifeste contre les Assad - Caroline HAYEK - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1161420/huit-ans-apres-le-debut-de-la-revolution-deraa-manifeste-contre-les-a

    La réinstallation d’une statue en bronze à l’effigie de Hafez a fait descendre des centaines de personnes dans les rues.

    Quelques jours avant ils étaient des dizaines selon la même source !
    https://www.lorientlejour.com/article/1160999/syrie-manifestations-contre-la-reinstallation-dune-statue-de-lex-pres

    Des dizaines de personnes ont protesté dimanche contre la réinstallation d’une statue de Hafez al-Assad, ancien président syrien et père de l’actuel, huit ans après sa destruction par des manifestants à Deraa (sud), berceau du soulèvement en 2011 contre le régime de Damas.

    On peut donc penser qu’ils seront bientôt des milliers... #syrie #manipulation

  • DISTANCE ET VITESSE EN #ASIE_INTÉRIEURE
    Coordonner les allures, ajuster les espaces et habiter les lieux
    7 et 8 mars, 9h30-18h30
    musée du quai Branly - Jacques Chirac
    http://www.quaibranly.fr/fr/recherche-scientifique/activites/colloques-et-enseignements/colloques/details-de-levenement/e/distance-et-vitesse-en-asie-interieure-38264

    Ce colloque propose d’explorer comment se coordonnent les distances et les vitesses propres à différentes sortes d’humains et de non-humains en Asie intérieure.
    Organisé avec Grégory Delaplace, Université Paris Nanterre, et Caroline Humphrey, Université de Cambridge

    Ceux dont le mode de vie repose sur la mobilité, comme les pasteurs nomades, les chasseurs ou les commerçants itinérants, entretiennent des manières propres d’estimer les distances ; leur activité leur impose souvent aussi d’ajuster leur vitesse sur celle d’autres êtres. Les éleveurs dépendent ainsi pour leur subsistance de la relation qu’ils parviennent à établir et maintenir avec diverses espèces de bétail, chacune se caractérisant par un certain rythme et une allure particulière. Ces allures asynchrones doivent être coordonnées et temporisées (dirigées, relâchées, ralenties, accélérées) au moyen de dispositifs permettant d’ajuster les relations respectives que différents types d’humains et de non-humains peuvent entretenir à l’espace qu’ils habitent conjointement.

    La question se pose d’une manière toute particulière dans le contexte de l’Asie intérieure, où les modes de territorialisation – humains et non-humains – font la part belle au mouvement. Cette conférence sera ainsi l’occasion, à l’heure de la désertification, de l’exode rural massif et des mouvements migratoires transnationaux qui affectent la région, de s’interroger sur la notion classique et récriée de nomadisme. Le nomadisme tient-il seulement à la mobilité des animaux et des humains (mobilité plus ou moins importante, qui peut être associée à des écologies par ailleurs très diverses) ou peut-il être défini de façon plus profonde comme une certaine façon d’habiter les lieux – c’est-à-dire de s’en tenir à bonne distance en coordonnant les allures auxquelles sont parcourus les espaces ?

  • http://www.desordre.net/photographie/numerique/divers/201902.htm

    Je rentre dans les dernières centaines de pages de la lecture du Dossier M. De Grégoire Bouillier, ébloui, littéralement, un peu de coq à lune pour se mettre en jambe, un peu de punaise de février, L’Image enregistrée, Les Images de l’accumulateur, qu’est-ce qu’un soubassophne me demande-t-elle, un soubassophone c’est ça lui répondis-je, fancy a cup of coffee with your lasagnas ? Et si je mettais bout à bout toutes mes vidéos du mois de janvier ? Les facéties de Zoé, la bonne trogne d’Emile, Eve Risser / Benjamin Duboc / Edward Perraud, Ervan Parker & Tyshawn Sorey, jouer du chaudron sur ressort, un art que je maîtrise encore mal, le temple de Janus, des huîtres ? Mais nous ne sommes pas lundi Martin, quand mes deux ordinateurs sont côte à côte c’est souvent qu’ils échangent à propos de Robert Frank pour l’un et d’Andreï Tarkovski pour l’autre, l’atelier d’Oana Munteanu, celui de Martin, toi aussi apprends à colorier en suivant les modèles de Diego, En Formation de Julien Meunier et Sébastien en cours de montage, Sylvain Lemêtre & Benjamin Flament, où je découvre, incrédule que c’est Grégoire Bouillier qui est l’auteur du mail de rupture de Sophie Calle, un tremblement de terre m’aurait fait moins d’effet (ceci dit je n’ai jamais vu de tremblement de terre), Marcel Solide m’a composé un très beau morceau de musique pour le mois de novembre de Clignements, retour dans le garage, l’appareil-photo est réparé, mais je ne fais plus de photos, Sylvain Lemêtre & Raphaël Thierry, et je n’aime pas les dimanches matins de semaine impaire parce qu’il n’y a pas de nouveau film de la série de L’Abécédaire des prépositions de Pierre Ménard, une jeune femme de ma connaissance souffle ses vingt bougies, je pourrais m’évanouir, Daphné Bitchatch à Angle-d’art-allez-y-voir, The Favorite de Yorgos Lanthimos, le Red Desert Orchestra, j’ai retrouvé le carnet de croquis dans lequel Emile et moi dessinions tous les soirs quand tout n’allait pas si bien, Canine de Yorgos Lanthimos, La Liberté de Guillaume Massart, une pensée pour Dominique, la grande galerie de l’évolution en compagnie d’Emile, thé à la mosquée, My Beautiful Boy de Félix Van Groeningen, mon économiseur d’écran affiche de belles photographies de Robert Frank, les Caroline déchirent, Sarah Murcia déchire (surtout quand elle chante L’Anarchie au Royaume Uni)

  • Sur les #traces des Grenobloises d’hier

    Guide-conférencière spécialisée dans l’art et l’histoire, #Caroline_Roussel-Champetier, 59 ans, dévoile l’#histoire de Grenoble à travers ses personnages, ses rues et ses façades.

    Membre de l’équipe des guides de l’Office du Tourisme Grenoble Alpes-Métropole, elle mène des recherches sur le patrimoine de Grenoble et entraîne groupes d’écoliers, touristes et habitants dans les rues de la ville et dans les musées départementaux. « J’adore la relation humaine dans mon métier, quelle que soit la personne ! »

    Elle effectue aussi des visites pour le compte de l’Office de Tourisme Grand Chambéry-Alpes Tourisme : « Pour mieux comprendre l’histoire du Dauphiné, il me semblait intéressant d’être aussi guide en Savoie. » Récemment, elle a concocté un circuit touristique sur le féminin dans la ville, intitulé « Grenoble, c’est aussi une #histoire de femmes ».

    Une enfance dans l’art

    Petite-fille de l’archéologue médiéviste Paul Deschamps (« il racontait bien »), Caroline était prédestinée à ce métier. Son enfance parisienne est baignée par l’histoire de l’art : sa mère, élève à l’Ecole du louvre, laisse traîner toutes sortes de livres d’art.

    Son grand-père, conservateur du Musée des monuments français en 1937 (aujourd’hui Cité de l’Architecture et du Patrimoine), devenu plus tard membre de l’Institut de France, avait été nommé conservateur du Musée Jacquemart-André de Chaalis, dans l’Oise : « Ma mère l’aidait à faire le catalogue, c’était passionnant. »

    Edifices religieux

    Tout en commençant à étudier l’histoire de l’art, Caroline ingurgite le droit des assurances « pour avoir un métier » et rentre dans un cabinet de courtage d’assurances parisien. Elle garde en tête l’idée de faire du droit des oeuvres d’art mais la vie en décide autrement : elle s’installe dans la région grenobloise en 1990 et y élève trois garçons tout en reprenant ses études d’histoire de l’art.

    En 1997, elle décroche son master 1 à l’Université de Grenoble puis devient guide à l’Office de tourisme où elle se forme, et obtient en 2003 l’agrément de guide conférencière des Villes et Pays d’Art et d’Histoire en région Rhône-Alpes. Elle se passionne pour les demeures de personnages célèbres et d’industriels, pour les édifices religieux du Axe siècle…

    Visite à deux voix

    Caroline s’intéresse aussi à l’art contemporain. Au fil de ses rencontres, elle en vient à organiser des visites de lieux et d’expositions à la demande d’amis ou de relations. Elle crée un nouveau concept : la visite à deux voix avec l’artiste… ou avec le magistrat pour la visite du tribunal administratif de Grenoble proposée par l’Office de tourisme.

    Et la suite ? « Je n’y ai pas pensé… Ma mère de 83 ans continue de donner des conférences, mais je ne me suis pas projetée jusque-là ! À y réfléchir, il y a deux choses que je voudrais faire, écrire et travailler pour les personnes handicapées à travers l’art-thérapie. »

    Art et altruisme, quel beau programme !

    http://www.gre-mag.fr/actualites/visite-guidee-tourisme-femme-grenoble-caroline-roussel-champetier

    #historicisation #Grenoble #Grenobloises #femmes #visibilisation #balade

  • SALON D’ÉCOUTE
    http://www.acsr.be/salon-decoute-2

    Être, venir, aller | Un documentaire de Caroline Berliner | 52min | 2019 Le dimanche 17 mars à 17h au C.C. Jacques Franck à Saint-Gilles Proposé dans le cadre de La langue française en fête avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Bruxelles, canal de la Senne. Quatre adolescent.e.s patientent derrière les murs d’une ancienne[...]

    #Ecoutes_collectives

  • Les #femmes dangereusement oubliées dans la conception des objets du quotidien - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/02/28/les-femmes-dangereusement-oubliees-dans-la-conception-des-objets-du-quoti


    Et ne parlons pas des #médicaments, eux aussi pratiquement exclusivement conçus et testé par et pour des hommes !

    Ces lacunes vont bien au-delà de l’inconfort. Exemple parlant : le matériel de chantier est lui aussi conçu autour du corps de l’homme. Les vêtements professionnels – harnais, lunettes de protection, masques anti-poussière, etc. – ne sont pas adaptés à la morphologie des femmes. Ces dernières ne profitent donc pas des mêmes conditions de sécurité. Taille des briques, des outils à mains ou des sacs de ciment sont eux aussi identiques, ne facilitant par la tâche des femmes devant les utiliser. Caroline Criado-Perez rapporte aussi un cas tragique où ce matériel inadapté a été fatal à une policière britannique. En 1997, elle a été poignardée et assassinée alors qu’elle pénétrait dans un appartement à l’aide d’un bélier hydraulique. Gênée par son gilet pare-balles, elle l’avait enlevé pour utiliser le bélier. Autre cas : une policière a dû en 1999 subir une réduction mammaire à cause des effets du port de son gilet. Malgré les plaintes déposées depuis vingt ans, les choses ont peu évolué. Beaucoup se plaignent du manque de place pour les seins, qui en plus de l’inconfort, fait remonter le gilet, laissant les femmes sans protection au niveau du ventre.

  • Fins de mois difficiles, impayés, vente de patrimoine... Des familles asphyxiées face au « coût faramineux » des Ehpad, Béatrice Jérôme
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/27/de-tres-chers-parents-dans-de-trop-chers-ehpad_5428949_3224.html

    Pour une personne âgée sur deux, la facture s’élève à au moins 1 850 euros par mois. Parfois, les liens familiaux n’y résistent pas.

    Parfois, les liens familiaux n’y résistent pas. « Nous formions jusqu’à ce jour la famille modèle, très soudée, très solidaire, raconte Thierry Dormeau, 50 ans, contrôleur de gestion en Seine-et-Marne. Il aura suffi de trois mois pour que ce bonheur soit détruit. » Pauline, sa mère, souffre d’Alzheimer. Fin 2016, il a dû se résoudre à l’installer, à 83 ans, dans une maison de retraite proche de chez lui.
    Très vite, entre les quatre enfants de Pauline, la brouille a éclaté. Invoquant des dettes, des fins de mois plus difficiles, deux d’entre eux n’ont ni voulu – ni pu – partager la facture de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (#Ehpad), qui s’élevait à plus de 1 200 euros mensuels. Les impayés se sont accumulés. Aujourd’hui, l’établissement réclame plus de 11 000 euros. Quant à Pauline, elle est placée sous #tutelle depuis neuf mois et l’établissement souhaite son départ. « Je verse 300 euros par mois à l’Ehpad, 10 % de mon salaire, confie Thierry Dormeau, qui n’a pas les revenus suffisants pour consentir un effort supplémentaire. J’attends, inquiet de savoir qui va payer le dû final. C’est l’engrenage du système qui a détruit notre fratrie. »

    Vente de leur patrimoine

    Comme M. Dormeau, ils sont une quarantaine à avoir répondu à l’appel à témoignages lancé sur le site du Monde, début février, sur le casse-tête du financement du séjour d’un parent en maison de retraite. Autant de récits qui montrent des familles soudées plus souvent qu’elles ne se divisent. Mais qui vivent toutes des affres financières face au coût « faramineux » des Ehpad au regard de leurs ressources.

    Le « #reste_à_charge » dont doivent s’acquitter les 585 560 personnes âgées qui vivent dans ces établissements est parmi les plus élevés d’Europe.

    « Les plus mal loties sont les classes moyennes inférieures, qui ne sont ni assez pauvres pour avoir des aides sociales, ni assez riches pour faire face au coût. En somme, les catégories modestes, profil type des “gilets jaunes” ! », observe Serge Guérin, sociologue, spécialiste du vieillissement.

    Pour une personne âgée sur deux, la facture d’un Ehpad s’élève à au moins 1 850 euros par mois, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé (Drees), publiée en novembre 2018. Alors que le montant moyen des #retraites était d’environ 1 500 euros net mensuels, fin 2016. La majorité des résidents a donc une retraite inférieure au coût du « reste à charge ».

    L’enquête de la Drees révèle aussi que seul un tiers des personnes en Ehpad dispose de revenus ou d’aides sociales suffisants pour payer. Les deux autres tiers se disent contraints de vendre leur patrimoine ou de mettre leur entourage à contribution. Reste que près d’un quart des personnes âgées interrogées indique ne pas savoir qui paye la facture, ni comment… Le coût d’une place en Ehpad est variable d’un département à l’autre. Il est aussi plus élevé dans le secteur privé lucratif où, selon la Drees, il dépasse 2 440 euros dans la moitié des établissements.

    « Les Ehpad, c’est cher payé pour le service rendu, regrette Annie Legoff, habitante de Saclay (Essonne). D’autant qu’il y a un manque énorme, mais vraiment énorme de personnel », déplore-t-elle. Elle constate à chaque visite « la lourde tâche » des équipes qui prennent soin de sa mère, Suzanne, 97 ans, et des résidents de l’Ehpad où elle vit depuis bientôt neuf ans. Pour financer son séjour dans cet établissement privé de Saclay, Annie Legoff a dû vendre l’appartement de Suzanne.

    D’ici deux ans à peine, elle n’aura pourtant pas d’autre choix que de puiser dans ses propres économies. « J’y pense tous les jours, appréhende cette ancienne secrétaire administrative à l’université. J’aurai à débourser 600 euros chaque mois, soit 15 % des revenus de mon ménage. Mon frère et ma sœur compléteront comme ils pourront. C’est un sacrifice normal mais ce sera au détriment de beaucoup de choses que nous ne pourrons plus financer », dit-elle.

    « 1 900 euros par mois »

    Les Ehpad publics – 45 % du parc – sont meilleur marché. La moitié d’entre eux pratiquent des tarifs inférieurs à 1 790 euros. Las ! Pour y entrer, les #listes_d’attente sont longues. Antoine Acquaviva n’a pas eu le choix. Faute de place dans un établissement public, près de chez sa mère, Noëlle, 74 ans, qui vit dans le Cher, cet informaticien nantais de 42 ans a dû opter pour un Ephad privé à Bourges. Le coût de l’hébergement – 2 700 euros – est hors de portée des 800 euros de retraite de Noëlle. Fils unique, M. Acquaviva verse « 1 900 euros par mois à l’Ehpad. Mon budget personnel ne pourra pas suivre longtemps », confie-t-il, avec la crainte d’être « sans solution si ma mère devait rester en établissement sur le long terme ».

    Comme lui, face à l’urgence et faute de chambres libres dans les Ehpad publics, Mireille Chabineau, habitante de Clion (Charente-Maritime), a installé son père, René, 86 ans, dans un établissement privé au Creusot (Saône-et-Loire). La retraite d’ancien ouvrier chez Schneider de son père et les petites économies de sa mère sont « entièrement » prélevées par l’Ehpad, « sans suffire à couvrir les frais », raconte-t-elle. Cette infirmière partage la charge totale de 1 300 euros, chaque mois, avec trois des quatre enfants de René.

    « On se retrouve à devoir payer pour notre père mais aussi pour notre mère, qui, sinon, n’aurait plus un euro pour vivre. »

    Pour Annie Lemer, le tribut est encore plus lourd. En 2015, elle a choisi de placer sa mère, Chelbia, dans un Ehpad privé non lucratif à Paris. « La première fois qu’on m’a indiqué le tarif, j’ai manqué de m’asseoir par terre ! », confie dans un sourire cette ancienne professeure agrégée d’hébreu. La facture s’élève à plus de 3 600 euros par mois. La retraite de Chelbia est de 1 400 euros. « Fille unique, j’assume seule le reste de la dépense, soit 2 200 euros par mois, en y consacrant, dit-elle, pratiquement entièrement mes quelque 3 000 euros de retraite. »

    Sa demande d’#aide_sociale à la Ville de Paris a reçu un « refus catégorique », au prétexte que sa « fille qui vit à Londres a des revenus élevés. Ce motif de refus ne me paraît vraiment pas juste », soupire Mme Lemer. « Ma fille a de jeunes enfants à charge. Je ne me vois pas lui demander de financer l’hébergement de sa grand-mère, même si elle a eu le beau geste de me le proposer », s’indigne-t-elle.

    Reprise d’activité

    Parfois, pour pourvoir payer l’établissement, certains conjoints sont obligés de reprendre une activité à la retraite. C’est le cas du père de Julie Guiader, cardiologue à Montrouge, dont la mère vit dans un Ehpad public qui facture un « reste à charge » de 2 500 euros, alors que la retraite de sa mère s’élève à 1 700 euros. « A 73 ans, mon père a repris son activité de médecin du travail pour payer la différence. Et je l’aide pour continuer à payer son loyer et les impôts », confie Mme Guiader.

    Pour soulager momentanément les proches, plus de 80 % des Ehpad sont habilités à délivrer une #aide_sociale_à_l’hébergement (ASH) aux résidents dont les revenus sont inférieurs au coût du séjour. Mais pour beaucoup de familles, le mécanisme de l’ASH est dissuasif. Car les conseils départementaux qui versent et financent cette aide sont en droit d’exiger son remboursement total ou partiel auprès des enfants, voire des petits-enfants, en fonction de leurs ressources, après le décès de son bénéficiaire. « Les gens hésitent à demander l’ASH, confirme Laurent Dumas, vice-président (PS) chargé de l’autonomie des établissements pour personnes âgées au conseil départemental du Puy-de-Dôme. Ils sont freinés par l’idée qu’après leur mort le département puisse demander de l’argent à leurs descendants. »

    « On n’a pas souhaité demander l’ASH, raconte ainsi Marie Pruvost, qui a installé fin juin sa mère, Rafaela, 88 ans, à l’Ephad hospitalier de Riom (Puy-de-Dôme). Même si ça fait cher, nous préférons payer au fur et à mesure plutôt que de prendre l’ASH et d’avoir à rembourser d’un coup une somme importante après sa mort », explique cette aide-soignante à l’hôpital de la ville.

    Alors que 75 % des résidents en Ehpad sont éligibles à l’ASH, seuls 20 % d’entre eux perçoivent cette allocation, ont calculé les députées Monique Iborra (LRM) et Caroline Fiat (FI) dans un rapport parlementaire sur la crise de ces établissements paru en mars 2018. Le mécanisme de l’ASH « est kafkaïen pour les familles et pour les départements qui doivent faire des enquêtes longues et coûteuses pour évaluer les moyens des descendants. C’est un système aberrant qu’il faut réformer », estime Monique Iborra.

    Pourtant, certains des 7 000 établissements français voient le nombre de dossiers d’ASH augmenter. « Depuis 2015, la courbe des demandes d’ASH grimpe de manière très forte. Un indice évident des difficultés financières croissantes des familles », relève Xavier Relandeau, directeur de la maison d’accueil du Bois-Hercé, Ehpad privé à but non lucratif à Nantes, où, depuis des générations, les habitants d’un quartier populaire de la ville viennent vivre leurs vieux jours.

    #vieux #dépendance #obligation_alimentaire #dette

  • Antisémitisme et antisionisme : une assimilation absurde dans le monde arabe - Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1158662/antisemitisme-et-antisionisme-une-assimilation-absurde-dans-le-monde-

    Au Proche-Orient, c’est le sionisme et plus largement la politique israélienne qui ont fait le lit de l’antisémitisme.
    Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI | OLJ
    23/02/2019

    C’est un débat qui se joue en France mais qui est suivi avec attention de l’autre côté de la Méditerranée. Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir intégrer l’antisionisme – dans le sens de la négation du droit d’Israël à exister – à la définition juridique de l’antisémitisme. Le président français considère que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme », alors que les actes antisémites en France étaient en hausse de 74 % en 2018 par rapport à l’année précédente.

    Plusieurs voix critiques ont fait remarquer que cela pouvait conduire à des incohérences – la plus absurde étant d’être amené à considérer certains juifs antisionistes comme des antisémites – et à créer une confusion entre une idéologie politique et une identité religieuse. Cela revient aussi à faire le jeu du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, pour qui les deux termes sont indissociables, et à donner l’impression qu’il n’est pas permis en France de critiquer la politique israélienne, même si ce n’est pas du tout le sens de l’initiative présidentielle.

    Vue du monde arabe, l’assimilation entre ces deux termes apparaît pour le moins inadaptée. Si l’antisionisme peut parfois, comme en Europe, cacher des relents d’antisémitisme, c’est bien le sionisme qui apparaît comme la cause première de la montée de l’antisémitisme, et non l’inverse. L’antisémitisme est un terme inventé au XIXe siècle pour évoquer la discrimination à l’égard des populations juives au sein des sociétés européennes. Outre l’argument un peu simpliste que les Arabes sont eux-mêmes un peuple sémite, la notion n’a pas vraiment de sens dans le contexte arabe. Malgré un statut particulier les empêchant, à l’instar des chrétiens, d’accéder aux hautes fonctions politiques et administratives, les juifs étaient bien intégrés au sein des sociétés arabes et n’ont pas subi de persécutions comparables à ce qu’ont pu être les pogroms en Europe.

    « La communauté juive a connu un moment de gloire et de puissance à l’époque ottomane, notamment lors de l’arrivée massive des juifs chassés d’Espagne », note Henry Laurens, professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Avant la déclaration Balfour et tout ce qu’elle entraînera par la suite, les juifs sont une communauté parmi d’autres dans le monde arabe, qui, depuis l’ère ottomane en particulier, a été organisée sur une base communautaire », confirme à L’OLJ Gilbert Achcar, professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS, University of London), auteur d’un ouvrage sur Les Arabes et la Shoah : la guerre israélo-arabe des récits (2013).

    Dégradation continue

    La diffusion des thèses sionistes développées par l’intellectuel autrichien Theodor Herzl va peu à peu changer la donne jusqu’au tournant de la création d’Israël en 1948, véritable choc pour les populations arabes. Au début du XXe siècle, les populations locales ne font pas nécessairement la distinction entre juifs et sionistes, le second terme n’étant pas encore véritablement assimilé. « Les habitants de la Palestine historique avaient l’habitude de désigner les juifs comme juifs. Certains étaient sionistes, mais beaucoup ne l’étaient pas. Ils étaient pour la plupart des juifs religieux et asionistes ou antisionistes », décrit à L’OLJ Tarek Mitri, ancien ministre et directeur de l’institut d’études politiques Issam Farès de l’AUB.

    « Les Arabes ont d’abord connu le sionisme de façon indirecte, en lisant la presse européenne. En Palestine, les premières réactions ne sont pas nécessairement négatives, mais les choses changent à partir de la déclaration Balfour, et le sionisme est progressivement considéré comme un danger pour les Palestiniens d’une part, et pour les Arabes du Proche-Orient d’autre part. Cela conduit à une dégradation continue de la situation des communautés juives du Proche-Orient à partir des années 1930 », dit Henry Laurens.

    Les relations se compliquent à mesure que l’immigration juive s’accélère en raison de la répression dont ils sont victimes en Europe.

    « Dans les discours, il y avait une distinction entre les juifs et les mouvements sionistes. Dans la pratique, ce qui inquiétait particulièrement les Arabes, c’est le fait de voir une communauté parmi d’autres se doter d’un territoire, de passer de la communauté à la nation », note Henry Laurens.Dans les années 1930 et 1940, c’est l’histoire européenne qui rencontre frontalement celle du Proche-Orient, de façon encore plus brutale après l’Holocauste et jusqu’à la création de l’État hébreu. Durant cette période, le grand mufti de Jérusalem Hajj Amine al-Husseini – qui n’était toutefois pas représentatif des Palestiniens – va collaborer avec l’Allemagne hitlérienne, au départ pour contrecarrer les projets anglais d’établissement d’un foyer juif, jusqu’à approuver sa politique génocidaire contre les juifs. Cet épisode va être largement instrumentalisé par la propagande israélienne pour démontrer un soi-disant antisémitisme arabe, au point que Benjamin Netanyahu va même aller jusqu’à présenter le mufti comme l’inspirateur de la solution finale.

    Complotisme et négationnisme

    La création de l’État hébreu va profondément changer les rapports entre les juifs et les autres communautés dans le monde arabe. Si, pour les sionistes, l’aboutissement du projet étatique est avant tout le fruit d’une volonté collective de plusieurs décennies, il apparaît aux yeux des Arabes comme une injustice liée à un génocide dont ils ne sont en aucun cas responsables. Les juifs du monde arabe n’accueillent pas forcément avec enthousiasme la naissance d’Israël. « Les communautés juives du monde arabe, surtout d’Égypte et d’Irak, n’étaient pas vraiment tentées au début par la migration vers la Palestine. Mais il y a eu deux facteurs qui ont encouragé ce mouvement. D’une part, la politique israélienne qui a tout fait pour les attirer, au point que le Mossad a organisé des attentats contre des synagogues pour leur faire peur. D’autre part, il y a une méfiance arabe qui s’est installée et qui faisait que les juifs pouvaient être perçus comme une sorte de 5e colonne », explique Tarek Mitri.

    Après la proclamation de l’indépendance d’Israël par David Ben Gourion, l’antisionisme va devenir dominant dans le monde arabe. Le sionisme apparaît comme un projet colonial avalisé par les puissances occidentales visant à déposséder les Arabes de leurs terres. La distinction devient très nette dans les discours entre juifs et sionistes. « Dans leurs discours, Nasser ou Arafat ne font pas d’amalgame entre sioniste et juif, bien au contraire. Au début de son combat, le projet politique de Arafat était d’instaurer un débat laïc et démocratique en Palestine où juifs, chrétiens et musulmans coexisteraient », explique Tarek Mitri.

    Le double sentiment d’injustice et d’humiliation que les Arabes ont vis-à-vis de l’État hébreu va toutefois être le moteur d’un antisémitisme qui va avoir un certain écho au sein des classes populaires arabes – où le terme juif est parfois utilisé comme une insulte – et va être largement relayé par les mouvements islamistes. Cela va être particulièrement visible à travers la propagation de deux phénomènes intimement liés : le complotisme et le négationnisme.

    « Les théories du complot qui sont dans le discours antisémite occidental ont pu facilement trouver un public dans le monde arabe, parce que, de fait, c’est une région qui a connu de vrais complots, à commencer par les fameux accords secrets Sykes-Picot », constate Gilbert Achcar. L’idée complotiste des protocoles des sages de Sion, qui attribuent aux juifs des plans de domination du monde, est largement répandue au sein du monde arabe. « Chez les islamistes, il y a eu un moment où on a ressuscité une vieille littérature parareligieuse qui ridiculise et avilie les juifs. Ils puisent dans les textes sacrés ce qui est de nature à susciter la méfiance ou même la haine à l’égard des juifs », note Tarek Mitri.

    Le négationnisme concernant l’Holocauste trouve aussi ses adeptes, même s’ils restent minoritaires. Dans un article publié en 1998 dans le Monde diplomatique, le grand intellectuel palestino-américain Edward Saïd s’indignait que « la thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances en tant qu’Arabes si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celles des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs ? » ajoutait-il non sans une certaine verve. « La plupart des gens qui ont un peu de culture savent que la Shoah n’est pas une invention, mais un certain négationniste a pu trouver un écho favorable chez les gens étroits d’esprit, qu’ils soient ultranationalistes ou intégristes », dit Gilbert Achcar.

    Ce dernier insiste toutefois sur le fait qu’il n’y a pas d’antisémitisme propre au monde arabe, mais que la diffusion des thèses antisémites dans cette région n’est pas comparable à ce qui se passe en Occident. « Toute l’équation entre le monde occidental et le monde arabe est complètement faussée par le fait que les juifs étaient opprimés pendant des siècles en Europe, tandis que dans le monde arabe, ce qu’on peut qualifier de haine envers les juifs est surtout le produit d’une histoire moderne marquée par la présence d’un État oppresseur, qui insiste lui-même à se faire appeler État juif », résume Gilbert Achcar. Et Tarek Mitri de conclure, pour insister sur la nécessité de distinguer les deux termes dans le monde arabe : « Il y avait une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1975 qui disait que le sionisme était une forme de racisme et de discrimination. Elle a été révoquée en 1991, mais elle avait suscité un grand enthousiasme dans le monde arabe. »

  • Au Huffington Post, la dérive de la « Radio bière foot » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/au-huffington-post-la-derive-de-la-radio-biere-foot?onglet=full

    La grande majorité des journalistes hommes du site étaient inscrits sur une boucle de messages où s’échangeaient des remarques à caractère sexiste, raciste ou homophobe. La direction a aussitôt décidé d’importantes sanctions disciplinaires.

    • C’est la dérive d’un entre-soi masculin, sûr de lui et finalement toxique. Avant même les dernières révélations sur la Ligue du Lol, plusieurs rédactions parisiennes ont été secouées par des affaires de boucles de mails entretenues par des hommes et polluées par des messages racistes, sexistes et/ou homophobes. C’est le cas de la rédaction de Vice, ainsi que l’a révélé L’Express, et de celle du Huffington Post.

      La déclinaison française du célèbre site américain, filiale du groupe Le Monde, a procédé en fin d’année dernière à trois licenciements et à de nombreuses mesures disciplinaires. En cause, selon des documents et des témoignages recueillis par Mediapart et déjà évoqués par CheckNews, une boucle Slack alimentée par la quasi-totalité des hommes de la rédaction, sur laquelle plusieurs d’entre eux ont publié des injures, des remarques sexistes, homophobes et racistes, et des informations personnelles sur certaines de leurs collègues.

      Une boucle Slack ou chan (une « chaîne ») est une messagerie interne qui peut se décliner en un nombre infini de groupes et de sous-groupes. En principe, ces boucles de messages servent à l’organisation du travail. Mais elles sont aussi utilisées à des fins récréatives, avec des groupes affinitaires (centres d’intérêt en commun, amitiés, etc.), aboutissant à un mélange entre les rapports professionnels et personnels et à un brouillage des frontières qui a mis le “HuffPost” dans une situation périlleuse.

      Plusieurs journalistes femmes ont en effet découvert au cours de l’été dernier que la « RBF », dont toutes connaissaient l’existence de longue date, avait violemment dérapé. La « RBF » (pour « Radio bière foot », en hommage aux Robins des Bois) a été créée il y a plusieurs années pour parler foot, s’envoyer des vidéos de but ou organiser des apéros devant des matchs.

      Mais la « RBF » a grossi au fil du temps, jusqu’à compter la quasi-totalité des hommes de la rédaction – à l’exception des principaux chefs, le directeur de la rédaction Paul Ackermann et le rédacteur en chef de l’époque Alexandre Phalippou, d’un chef de service perçu comme « vieille école », Geoffroy Clavel, et de deux rédacteurs identifiés comme homosexuels (et donc perçus comme peu sensibles au virilisme hétérosexuel).

      Selon les messages capturés au hasard par plusieurs personnes de la rédaction du HuffPost il y a quelques mois, les membres les plus actifs de la « RBF » lancent une conversation en disant : « je suis dispo pour bitcher sur quelqu’un si vous voulez » ; évoquent les motifs d’absence de leurs collègues femmes qu’ils encadrent parfois en tant que chefs de service ; parlent de collègues en utilisant les termes « bitch » (salope), « tasspé » (pétasse) et « putes », un mot qui vire parfois à l’obsession :

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      Cette conversation aboutira à la diffusion d’un émoji du Nord-Coréen Kim Jong-un avec du maquillage. Il vise l’une des journalistes métisses asiatiques, aujourd’hui partie du HuffPost. Dans un message raciste, la joueuse de tennis Serena Williams est traitée de « vigile trav » dont l’odeur doit « fouetter ».

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      Les discussions sexualisées sont fréquentes. Exemples :

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      « T’as 5 minutes pour une sodomie accidentelle ? », lance un chef de service dans une conversation portant sur un pot organisé par des stagiaires. Les remarques homophobes polluent le fil, notamment sur les lesbiennes – deux femmes journalistes sont surnommées « bouche à fesses » dans un message ; un gif porno de deux filles était parfois utilisé, se souvient un journaliste.

      Quand elles découvrent les messages, les femmes de la rédaction sont sous le choc. « Je crois que j’aurais préféré être insultée de “pute”, de “pupute”, de “casse-couilles”, de “pétasse”, de “bitch” en vrai, dans les yeux, plutôt que d’avoir des sourires hypocrites et d’être humiliée quotidiennement dans mon dos, dans le même open space que moi », explique l’une d’elles, sous le couvert de l’anonymat.

      Elle ajoute : « Je ne souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi, de vivre cela. » Et : « On n’aime pas les “faibles”, c’est bien connu. Certains ont senti une “fragilité” chez moi, qui a ensuite été détournée à mon encontre pour m’enfoncer, me décrédibiliser. »

      Même plusieurs mois plus tard, toutes les personnes que nous avons interrogées, hormis la direction, ont requis l’anonymat. La peur, disent-elles, d’être jugées, critiquées, y compris en interne.

      Encore aujourd’hui, « c’est un peu dur à la rédaction », dit une autre journaliste. « C’est un enfer », dit une troisième. Ces derniers mois, plusieurs d’entre elles ont été en arrêt maladie ; d’autres, même parties, sont encore traumatisées. D’autant plus que la trentaine de journalistes se voyaient (globalement et à grands traits) comme progressistes, voire féministes, antiracistes, « ouverts », selon une expression entendue à plusieurs reprises.

      « Pour moi, on était une rédaction progressiste, confie le directeur de la rédaction Paul Ackermann. J’en ai eu le souffle coupé [en découvrant les messages – ndlr]. J’étais éberlué, et choqué sur le fond. »

      Avant que les femmes de la rédaction ne s’adressent à lui, Ackermann affirme n’avoir rien soupçonné. « Il y avait des rumeurs sur des slacks où les gens disaient du mal des autres… Mais à dire vrai, je croyais qu’ils ciblaient surtout les chefs… »

      La direction a tout découvert le 16 octobre 2018 quand, après plusieurs semaines, un collectif de femmes journalistes a décidé de s’ouvrir à elle. « Elles croyaient qu’on ne réagirait pas, raconte encore Ackermann. Ça aussi, ça a été un choc. D’autant qu’on voyait bien qu’elles avaient souffert gravement. »

      Aussitôt, la direction prend des mesures aussi sévères qu’exceptionnelles. Le président du directoire du groupe Le Monde, Louis Dreyfus, écrit dès le 17 octobre aux équipes du Huff’ : « De tels propos, dont la qualification pourrait confirmer qu’ils sont contraires à la loi, sont en tout état de cause contraires à l’ensemble des valeurs que nous portons et ne seront ni admis ni même tolérés. Je vous rappelle par ailleurs que depuis cet été, la loi condamne fermement les comportements ou propos sexistes, racistes, homophobes et plus largement discriminatoires. »

      Il y annonce l’ouverture d’une enquête interne. Et ajoute : « Sans attendre ou préjuger d’éventuelles sanctions, il est important collectivement que chacun prenne la mesure des faits et s’applique à modifier immédiatement son comportement. »

      Le 3 décembre, Dreyfus s’adresse de nouveau à l’équipe : il a décidé de licencier trois journalistes particulièrement actifs sur la « RBF », dont deux chefs de service. Un quatrième a été suspendu pendant une semaine et tous les autres seront avertis formellement. Dernier point, le président du directoire annonce qu’il a demandé au cabinet de conseil spécialisé Egae « d’accompagner l’équipe dans les prochaines semaines ».

      Jamais des sanctions aussi lourdes n’avaient été prononcées dans le groupe, explique Louis Dreyfus. « Les faits sont graves. Ils le sont d’autant plus par le nombre de salariés sur cette boucle », indique le patron du groupe à Mediapart.
      « Les effets sont désastreux pour les salariées »

      Depuis, le groupe Egae, dirigé par Caroline De Haas, a entendu les femmes et les hommes de la rédaction et prépare une présentation aux salarié.e.s de ses conclusions d’ici à dix jours. « Reconstruire la confiance est très difficile », explique Paul Ackermann, qui jure vouloir faire de sa rédaction une « safe place » (une place sûre) pour les femmes.

      Le travail sera lent et difficile. Ces messages sur les “chans” sont des « violences », explique Caroline De Haas. « Les effets sont désastreux pour les salariées, à la fois en termes de santé physique et mentale, de conditions de travail, de confiance en soi et de carrière, indique-t-elle. Il faut rappeler que les propos à connotation sexiste et/ou sexuelle répétés peuvent pousser des personnes très loin dans la dépréciation de soi, y compris dans la dépression. »

      Les hommes aussi, du moins ceux qui mesurent la gravité des faits, semblent parfois hébétés. « Encore aujourd’hui, je ne comprends pas comment j’ai pu ne pas réagir à certains propos », souligne un journaliste, sous le couvert de l’anonymat. Il évoque « sans doute un effet de groupe », « intimidant », conduisant au silence. Et puis, dit-il, « les personnes qui étaient sur la RBF étaient aussi des personnes valorisées par la hiérarchie dans leur travail », explique ce trentenaire.

      « C’est assez insidieux comme phénomène, dit un de ses collègues, lui aussi en plein exercice d’introspection. On était une petite boîte qui a grandi très vite. L’ambiance était familiale, puis des tensions sont apparues petit à petit. Et des groupes se sont créés. » Une description très classique pour les TPE en forte croissance.

      « Chez nous, dit encore ce journaliste, la polarisation au sein de la rédaction s’est focalisée sur le genre, sans même qu’on le comprenne… Comme dans un boy’s club [un club de garçons — ndlr]. »

      Au HuffPost, les femmes aussi avaient créé leur boucle – « Geneviève » – mais, selon de nombreux témoignages, elles s’échangeaient surtout des articles sur les thématiques féministes et se demandaient des tampons…

      « Le boy’s club désigne pour moi simplement la socialisation masculine, du vestiaire à la salle à café, des comités de direction aux pages privées Facebook où l’on construit et entretient sa masculinité sur le dos des minorités », explique sur son blog la militante féministe Valérie Rey-Robert, qui publie Une culture du viol à la française, du “troussage de domestique” à la “liberté d’importuner” (Libertalia, 2019).

      En face, les femmes de la rédaction n’ont pas non plus toujours perçu le sexisme qu’elles disent avoir subi. Ce sont aussi les révélations de ces derniers mois qui leur ont ouvert les yeux ou qui leur ont permis de verbaliser un malaise diffus que plusieurs d’entre elles ressentaient parfois, selon les nombreux témoignages recueillis.

      « Je me disais que c’était peut-être moi qui découvrais que le monde professionnel était sexiste », explique une journaliste, partie depuis. Et puis, ajoute-t-elle, « il y avait une ambiance de cour de récré, on ne savait pas si c’était du sexisme ou du copinage… En fait, les deux se croisaient ».

      « Jamais je n’aurais imaginé ces messages sur la RBF, dit une de ses anciennes collègues, toujours au HuffPost. Sur le coup, j’étais hyper choquée. Et en même temps, je me suis dit : “Je comprends mieux.” »

      En cause, des soirées de la rédaction où filles et garçons ne se mélangent plus du tout – notamment depuis la soirée de Noël d’il y a un an –, des non-dits, l’impression que les sujets les plus « sérieux » étaient plus facilement confiés à des hommes qu’à des femmes, de jeunes femmes qui ont refusé des CDI malgré la précarité régnant dans la profession…

      Plusieurs journalistes se plaignent aussi de « blagues sexistes » au vu et au su de tout le monde. En cause, notamment, l’ancien rédacteur en chef Alexandre Phalippou, parti depuis à L’Obs (également propriété du groupe Le Monde). Mais c’était un « sexisme insidieux », dit une autre ex du site. « On se disait qu’on n’arriverait jamais à le prouver. Finalement, le machisme à la papa, on est mieux armées pour le contrer. Là, c’était limite. »

      Selon plusieurs sources, l’ancien numéro 2 du site, qui n’était pas dans la « RBF » et dont le départ n’a rien à voir avec cette boucle, aurait ainsi multiplié les blagues à connotation plus ou moins sexiste, ou sexuelle. Selon plusieurs journalistes, « il a donné, même inconsciemment, le signal aux autres », une sorte de « permission », il a « installé un climat ».

      Contacté par Mediapart, le journaliste raconte qu’il a tout découvert en même temps que le reste de la direction. « Un miroir s’est brisé. Ça a été un choc, même s’il est sans commune mesure avec ce qu’ont pu ressentir les victimes », dit-il, alors qu’il faisait partie de l’équipe du départ du HuffPost, leur « bébé ». « Voir que ça pouvait arriver chez nous, ça a été un cataclysme. Depuis, je refais le film de ces derniers mois, de ces dernières années… Si on avait su que des choses étaient mal vécues, on y aurait mis fin immédiatement. »

      Lui aussi rappelle l’atmosphère au sein d’une rédaction passée de « 7 à 35 journalistes en quelques années ». Interrogé sur les blagues jugées sexistes : « On se disait entre nous la même chose qu’au bistro, entre potes. D’ailleurs c’était le cas : on travaillait énormément, on buvait des coups après. On n’a pas vu qu’on devenait une vraie entreprise… »

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      L’ancien rédacteur en chef peut d’ailleurs compter sur le soutien de sa hiérarchie. « Je n’ai jamais entendu dans la rédaction autre chose que des blagues comme chez Canteloup le matin [sur Europe 1 – ndlr], estime Paul Ackermann. Cela n’a rien à voir avec le fait d’insulter des gens qu’on connaît et avec qui on travaille au quotidien. »

      Cibler l’ex-numéro 2, « c’est trop simple », juge aussi Louis Dreyfus, le président du directoire du Monde. « Il ne figurait pas dans cette boucle Slack et ne peut être associé à cette affaire qu’il a découverte avec la direction de la rédaction du HuffPost quelques jours avant son départ. »

      Au sein du groupe, notamment à la demande des élus du personnel, une série de formations des cadres, consacrées à la prévention des violences sexuelles et sexistes, a été mise en place il y a plus d’un an. Une première au sein du groupe Le Monde, explique Sylvia Zappi, déléguée syndicale CFDT.

  • #MeToo : les médias mis en cause | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/metoo-les-medias-mis-en-cause?onglet=full

    Les médias sont pourtant, sans surprise, à l’image de la société : les violences sexistes et sexuelles sont structurelles, et touchent tous les milieux et tous les domaines de la société. Le milieu journalistique est par ailleurs considéré comme « à risque » : c’est un métier qui a longtemps été largement dominé par les hommes, nourri par les mythes très masculins, voire totalement virilistes, du grand reporter ou de l’enquêteur, et dont les rapports, parfois violents, sont jugés propices aux violences.

    « Le niveau de violence est très impressionnant dans les médias », explique ainsi Caroline De Haas, qui intervient régulièrement avec sa société de conseil Egae dans plusieurs groupes de médias pour des formations sur les violences sexuelles et sexistes (dont Mediapart – voir notre Boîte noire). Ce type de formations s’est d’ailleurs multiplié ces dernières années, y compris dans de très grandes entreprises comme France Télévisions ou le groupe Le Monde.
    La formation au cœur des débats

    Derrière les journaux et leur fonctionnement managérial, se pose aussi la question de la formation dans les écoles de journalisme. Mardi, les étudiants de l’École de journalisme de Lille (ESJ) ont mis eux-mêmes sur la table les événements de la semaine touchant des médias – la Ligue du Lol, le Huffington Post, Vice. Au point que l’école a transformé le cours d’actualité en réunion « pour ouvrir la parole, expliquer la nécessité de la lutte contre le harcèlement et les discriminations et répondre aux questions des étudiants », explique Pierre Savary, le directeur de l’ESJ.

    Les questions des futurs journalistes ont porté sur la Ligue du Lol (dont certains des membres sont issus de l’ESJ), mais aussi sur le témoignage de l’ancienne directrice du Bondy Blog, Nassira El Moaddem. La journaliste accuse sur Twitter trois anciens de sa promotion de l’ESJ, dont deux journalistes médiatiques, Hugo Clément (Konbini) et Martin Weill (TMC), de s’être fait passer pour un recruteur de Radio France au téléphone, à la fin de leurs études, en 2012.

    Contactée par Mediapart, Nassira El Moaddem parle de « harcèlement », voit une « intention de nuire » derrière ces deux coups de fil, et évoque aussi « des rumeurs propagées contre elle » à l’époque. Elle pointe du doigt « un petit club de garçons branchés, bien vus de la direction, qui se croyaient un peu au-dessus de tout, et se permettaient un certain nombre de comportements. Il y a aussi une question de milieu social : les personnes ciblées n’appartiennent pas à leur milieu ». Lorsqu’elle avait témoigné publiquement, en 2017, une camarade de promo avait réagi sur Twitter.

    Les journalistes mis en cause en ont une tout autre version. « Je n’ai jamais harcelé qui que ce soit, explique Martin Weill, qui travaille notamment pour l’émission « Quotidien ». Utiliser cette histoire pour prétendre le contraire, c’est me faire passer pour ce que je ne suis pas. » Joint par Mediapart, Hugo Clément estime qu’il « n’y a rien de nouveau, ni de caché », CheckNews ayant déjà relayé le tweet de Nassira El Moaddem au moment du lancement de Konbini, en décembre 2017.

    Il affirme n’avoir « jamais harcelé personne, ni en 2012 lors de nos études à l’ESJ de Lille, ni depuis ». « Bonne ou mauvaise, une blague potache, non répétée, ne tombe pas sous le coup de la loi », poursuit le journaliste, qui se plaint de recevoir ces derniers jours des « messages injurieux, menaces de mort et d’attaques en meute sur les réseaux sociaux ».

    Sept ans après les faits, et à la lumière des événements de la semaine, l’épisode suscite en tout cas aujourd’hui une introspection générale, chez les anciens étudiants comme les directeurs de l’école. Plusieurs anciennes camarades de promo contactées par Mediapart reconnaissent ne pas avoir « pris la mesure de la gravité » de cet épisode à l’époque, n’avoir « pas cautionné » ces coups de fil, mais sans non plus les « condamner ». Elles y ont alors vu « une blague douteuse », mais pas de « harcèlement ». « Aujourd’hui, en ayant mûri et avec ce qu’on apprend cette semaine, je relis les choses avec une autre grille de lecture. Il y avait sans doute une forme de domination, de volonté d’asseoir son pouvoir. Et peut-être aurait-il fallu tout mettre à plat avec tous les étudiants et discuter, c’est souvent comme cela qu’on en sort par le haut », confie l’une d’elles.

    « Avec le recul de quelques années », Pierre Savary évoque un « coup de téléphone malveillant » visant une « étudiante non dénuée de caractère », de la part « d’un trio d’étudiants à forte personnalité, sur fond de “masculinité dominante” et de “grande inimitié entre eux” ». Dans un billet de blog, ce mardi, l’ancien directeur général de l’école, Marc Capelle, concède qu’il aurait dû employer le terme de « harcèlement », mais estime que la direction n’a en aucun cas ignoré « cette affaire », convoquant les étudiants, et leur demandant de s’excuser.

    #Ligue_LOL #Médias #Harcèlement

    • Quelques perles tout de même.
      "une « étudiante non dénuée de caractère »", ah, ça, les femmes, en général - normalement on dit "qui ont du caractère", la litote et la négation sont intéressantes- c’est un argument pour justifier un acharnement contre elles.
      Elle n’ont qu’à pas avoir du "caractère" et s’écraser mollement devant les mâles, qui, eux, ont le droit d’avoir du "caractère", d’être des chieurs patentés.
      "convoquant les étudiants, et leur demandant de s’excuser" mais pas devant lui, pas par écrit, sans vérifier. A l’évidence.
      Lui aussi se défile, donc.
      Quelle morale enseignée à l’ESJ Lille ? Hier, et aujourd’hui ?

  • CEUX QUI TIENNENT LA LAISSE, LE FILM QUI S’ATTAQUE À L’OLIGARCHIE Episode 2

    En décembre dernier, Le Monde Diplomatique affichait sur son site une carte intitulée « Il était une fois dans l’Ouest » https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/pouvoir-paris . Le mensuel faisait un parallèle judicieux entre les lieux de pouvoir situés à l’ouest parisien et les manifestations des gilets jaunes. On comprenait mieux alors la grande peur qu’à saisi les élites politiques, économiques et médiatiques. Aussitôt, un grand nombre de journalistes tiraient au bazooka sur le journal. https://www.acrimed.org/Lieux-de-pouvoir-la-carte-du-Monde-diplomatique « Torchons qui se comportent comme des blogs de caniveau » hurlait Caroline Fourest. « Imbéciles » insultait Richard Hiault des Échos.

    https://www.youtube.com/watch?v=A9-JIzJGNHo

    C’est justement dans ce moment de contestation sociale que nous préparons le documentaire Ceux qui tiennent la laisse. Notre film cinéma s’attachera à explorer les racines du pouvoir pour mieux comprendre les causes politiques et économiques de ces inégalités et par la même mieux les combattre.

    Le réalisateur Gilles Balbastre, dans une série de quatre petites vidéos, se promène dans cet Ouest parisien, devant quelques-uns de ces lieux de pouvoir que l’on retrouvera dans son film.

    Puisque l’esprit familial de l’entreprise LVMH fait l’actualité https://www.carnetsduluxe.com/en-continu-hp/delphine-arnault-rejoint-le-conseil-dadministration-de-lvmh , nous vous offrons aujourd’hui un épisode 2 sur ce sujet :

    Depuis trente ans, cette oligarchie, cette nouvelle noblesse, n’a de cesse de défendre les mêmes intérêts, les leurs, ceux d’une minorité, au détriment des nôtres, de l’immense majorité.

    Alors, pour nous donner des armes pour se défendre, il faut absolument aider un film comme Ceux qui tiennent la laisse. Pour qu’un tel documentaire existe, nous avons lancé une campagne de financement. Le film ne se fera pas grâce à ceux qu’il dénonce.

    Soutenez le film qui éclaire le pouvoir oligarchique ! par Héméré Production (Lille) Reste 21 jours !

    https://www.zeste.coop/fr/Ceuxquitiennent

    @yohooo