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    Alain Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    24/01/18 18h15
    PAR
    Mathieu Dejean
    Samedi 27 janvier, une journée de débats est organisée à la Bourse du #Travail de Paris sous le titre : “Tout le monde déteste le travail”. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de “La Horde du Contrevent” (2004), nous en dit plus sur cet événement qu’il a co-organisé.
    Au milieu des années 1950, l’Internationale lettriste regroupée autour de Guy Debord annonçait l’esprit de Mai 68 avec un célèbre graffiti : “Ne travaillez jamais”. Cinquante ans après les “événements” de mai, un collectif souffle sur les mêmes braises réfractaires, et organise le 27 janvier à la Bourse du Travail de Paris une journée de débats et de création artistique sous le titre : “Tout le monde déteste le travail - Rencontres pour qui en a, en cherche, l’évite, s’organise au-delà...”.

    Annoncé sur le site lundimatin, proche du #Comité_invisible, l’événement rassemble la fine fleure de la pensée critique dans ce domaine – la sociologue Danièle #Linhart, le professeur de droit Emmanuel #Dockès, l’économiste Frédéric #Lordon, ou encore le journaliste indépendant Olivier #Cyran (auteur de Boulots de merde ! Enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, 2016) -, mais aussi des syndicalistes, des zadistes et des écrivains (le programme complet est ici).

    Le collectif à son origine est aussi celui qui avait organisé la “chasse aux DRH” le 12 octobre dernier, pour empêcher la venue de Muriel Pénicaud au Congrès des DRH. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de La Zone du dehors et de La Horde du Contrevent, qui a co-organisé ce rassemblement, nous en dit plus.

    Quel est l’objectif de cette journée ?

    Alain Damasio – Lors d’une rencontre sur le plateau de Millevaches (Limousin) fin août avec des gens qui gravitent autour du Comité invisible, des artistes, Frédéric Lordon ou encore Julien #Coupat, on s’est dit qu’il fallait lancer une série d’actions pour lutter contre la deuxième loi travail. La première action, c’était la “#chasse_aux_DRH”. La deuxième, c’est cette journée au cours de laquelle nous allons essayer de déployer nos idées, nos visions, de proposer des choses. L’objectif, c’est de répondre à ces questions qui nous traversent tous : Comment dépasser le travail ? Comment sortir de cette fabrique du travailleur comme figure essentielle ?

    Ces rencontres sont réunies sous l’intitulé “Tout le monde déteste le travail”. Ça vous semble si évident que ça ?

    Le titre est une référence au slogan “Tout le monde déteste la police”, il fait la continuité avec les manifestations contre la loi travail. Il a aussi un côté affectif. Frédéric Lordon explique très bien que les mouvements politiques se déploient lorsqu’ils ont un affect commun. En l’occurrence, nous éprouvons la sensation qu’une majorité de gens souffrent au travail, subissent des conditions d’exploitation de plus en plus subtiles, que la pression du chômage les oblige à accepter. C’est pourquoi nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort.

    C’est aussi une provocation. Des gens vont lire l’affiche et se dire : “C’est pas possible, moi j’aime mon travail !” En fait, on pousse les gens à s’auto-convaincre qu’ils aiment ce qu’ils font. Quand tu subis une exploitation forte, dans un cadre très contraint car tu dois gagner ta vie, c’est une réaction naturelle. Intérieurement tu souffres et tu détestes ce que tu fais, mais tu as aussi une injonction à être à l’aise, à aimer ce travail. C’est aussi contre ce néo-management que nous nous érigeons.

    “Nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort”

    Nos vies vous semblent-elles de plus en plus réduites à cette seule activité : le travail ?

    J’ai le sentiment qu’on continue en tout cas à nous faire croire que l’horizon peut être le plein-emploi, qu’il suffit d’y mettre le fric, ou de “libérer” le travail pour qu’on recrée de l’emploi. Je suis convaincu qu’il faut au contraire définitivement enterrer cette idée. Pour moi, l’avenir du travail réside peut-être dans le revenu universel, même si le capital peut s’en accommoder. Cette idée ne fait d’ailleurs pas consensus entre nous.

    En effet il y a une version néolibérale du revenu universel... Comment en faire une mesure vraiment émancipatrice ?

    Les positions des participants à cette journée divergent à ce sujet. Ariel Kyrou, que j’ai fait inviter, a énormément défendu le revenu universel dans le cadre de la revue Multitudes. Pour moi, c’est un plancher minimal à partir duquel tu peux te débarrasser de la nécessité de travailler. Je pense que ça peut libérer énormément d’énergie pour créer, militer, organiser un autre type de vie. Ça ouvre la porte à des alternatives. Beaucoup de gens se moquent d’avoir un statut social. C’est ce que j’ai vu à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. De quoi vivent-ils ? Ils vivent souvent d’un RSA, et de l’autoproduction. En l’occurrence, le plancher du RSA leur permet de faire des choses fabuleuses localement.

    Entendez-vous revaloriser la paresse, l’oisiveté ?

    Je n’aime pas l’idée de paresse, car elle s’articule comme une négativité par rapport au travail. Par contre, étymologiquement, l’oisiveté vient du terme latin otium. Nier l’otium, ça donne le mot negotium, le "négoce", le commerce, et finalement, ce monde capitaliste dans lequel on est. Nietzsche l’écrivait très bien aux alentours de 1870, avant l’arrivée du marxisme, qui a été très pro-travail : pourquoi prôner le travail, alors que la noblesse spirituelle de l’époque était fondée sur une valorisation absolue de la disponibilité, de l’oisiveté, de la présence au monde, de la contemplation ? On a réussit à inverser cette hiérarchie des valeurs pour faire du travail quelque chose d’indispensable, le nec plus ultra.

    “C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser”

    L’oisiveté, ce rapport au temps libéré, cette disponibilité au monde, à la nature et aux autres m’intéresse. Prendre ce temps me paraît fondamental. C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser. En écrivant le texte du programme de cette journée avec Julien Coupat, on s’est posé la question du sens de l’activité. On a une telle compulsion au productivisme ! Moi-même, je n’arrive pas à passer à un rapport à l’activité qui ne soit pas auto-aliénant.

    Les technologies numériques semblent contribuer à accentuer l’emprise du travail sur nous, alors qu’on croyait qu’elles allaient nous en libérer. Pensez-vous qu’on peut mieux les maîtriser ?

    Je pense qu’on est dans un état d’adolescence par rapport aux technologies numériques. Il faudra encore une génération pour atteindre un bon niveau de recul, de maîtrise. Je vois très peu de parents capables d’éduquer leurs gamins aux jeux vidéo. Or s’il n’y a pas de transmission sur ce média, d’école pour éduquer aux jeux vidéo, comment voulez-vous que les gamins ne soient pas bouffés, vampirisés par des jeux addictifs ? C’est pareil pour les réseaux sociaux, les mails, etc. On peut passer des journées seulement en interactions avec des interfaces. Ça, c’est flippant.

    “La liberté est un feu : tout le monde a envie de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire”

    J’ai l’impression qu’il y a un mécanisme humain de fermeture au monde, de régression fusionnelle avec les outils technologiques. Cela crée des effets de bulle. Le psychanalyste Miguel #Benasayag l’a très bien expliqué dans Plus jamais seul. Les gens veulent rester dans un continuum affectif permanent avec leurs proches, ils ne supportent plus le moment où le lien se coupe, et où on se retrouve seul. Pourtant c’est dans l’absence, dans la rupture du continuum que le désir de l’autre se construit.

    On a réussi à faire de la technologie un magnifique vecteur d’auto-aliénation. C’est ce dont je parle dans La Zone du dehors : on est très forts pour le liberticide. La liberté, c’est un feu : tout le monde a envie de s’en approcher, de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire, parce que ça brûle, ça crame.

    Quelle #philosophie_du_travail défendez-vous collectivement ?

    Un de nos modèles, c’est la ZAD. La manière dont les zadistes conçoivent quotidiennement l’activité est différente. Elle est auto-générée. Pour construire un bâtiment avec du bois de la ZAD, ils constituent un collectif qui réapprend à faire les charpentes, ils réapprennent un artisanat et retrouvent une continuité naturelle avec la forêt. Il y a une autodétermination de bout en bout, corrélée à un territoire. On passe ainsi d’un statut d’ouvrier à un statut d’œuvrier. L’œuvrier décide lui-même de ce qu’il a envie de faire, du projet qu’il a envie de porter, et le fait avec des gens qu’il a choisis. C’est notre vision générale du travail.

    • Des militants cogitent sur les grèves de demain, JOSEPH CONFAVREUX, mediapart

      La Bourse du travail de Paris a accueilli le 27 janvier une journée de réflexion, entre haine du #travail tel qu’il est et désir de faire autrement. À l’heure de Deliveroo et Blablacar, les participants ont discuté des manières dont les nouvelles technologies, qui favorisent parfois l’exploitation de travailleurs précaires, peuvent aussi préparer les mobilisations de demain.

      « Pour ceux qui testent, détestent ou contestent le travail. » Telle était la baseline de la journée organisée, samedi 27 janvier, à la Bourse du travail à Paris, pour « penser le travail » et surtout les façons d’y échapper et/ou de le transformer.

      « C’est une journée auto-organisée et hybride, détaille l’écrivain de science-fiction Alain Damasio, l’un des organisateurs, dont l’idée est née de la volonté de poursuivre la lutte contre la loi Travail II, bouclée en quelques secondes par le pouvoir, en alternant action directe et propositions. Après la “chasse aux DRH” à la rentrée, on voulait donc proposer des alternatives au travail tel qu’il existe. »

      Intitulée « Tout le monde déteste le travail », pour faire écho au slogan « Tout le monde déteste la police » des mobilisations contre les mesures successives portées sous Hollande et Macron, cette journée avait pour but de prolonger, dixit Éric Beynel, du syndicat Sud-Solidaires, le « bouillonnement de forces qui s’était manifesté depuis 2016, à Nuit debout ou dans les cortèges, afin de reconstruire une hégémonie culturelle sur cette question du travail ».

      « Détester le travail » à la Bourse du travail, n’est-ce pas un paradoxe susceptible de rebuter de nombreux travailleurs et syndiqués, et n’est-ce pas prendre le risque de se retrouver dans un entre-soi gauchiste et anarchiste ? « Il y a eu un gros débat en interne, reconnaît Alain Damasio. J’étais plutôt contre au départ, mais je dois reconnaître que c’est un très bon titre. Non seulement parce que la dimension provocatrice, second degré et ironique fonctionne, mais aussi parce que, face au monde économique de Macron, qui essaye de nous faire croire que tout le monde est libéré dans et par le travail, on peut faire le pari que l’écrasante majorité des gens souffrent et détestent leur travail. La plupart des gens qui ont un emploi oscillent entre le burn out et le bore out. » Le titre et le programme de la journée ont, quoi qu’il en soit, fait venir un public massif et attentif, jeune et divers, souvent proche du site Lundimatin, le miroir numérique du Comité invisible.

      Selon Éric Beynel, les syndiqués n’ont pas été découragés par l’intitulé de la journée, puisque « des syndicalistes de la CGT ou de la FSU sont présents, même s’ils ne sont pas dans l’organisation. Notre idée est de refaire de ces bourses du travail des lieux d’échanges, de débats, de confrontations, comme c’était le cas au début du XXe siècle. La situation écologique, politique et sociale impose de ne pas s’enferrer dans de vieilles et vaines querelles. Le lien entre autonomes et syndicats n’est pas évident, mais on s’est retrouvé dans les manifestations contre la loi Travail, dans la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, contre l’enfouissement de déchets à Bure, et il est important de se réunir maintenant dans des espaces où on peut inventer des possibles partagés ».

      Cette convergence entre les autonomes et les syndicats « existait peu ou pas », abonde Alain Damasio. « Aujourd’hui, ajoute-t-il, on fait discuter des anarchistes, des autonomes, des communistes révolutionnaires, des syndicalistes, des artistes, des membres du Comité invisible, pour construire un ailleurs ou un en-dehors du travail… »

      Le public a circulé toute la journée entre le grand auditorium où débattaient, au sujet du « #néomanagement », de « l’offensive technologique du capital » et de l’« au-delà du salariat », des employés en lutte d’Orange et de Lidl, un livreur Deliveroo de Brighton, des membres de la plateforme Blablagrève, des acteurs de la campagne « Make Amazon Pay », des avocats et des sociologues, et la grande salle de réunion, où des orateurs allant du professeur de droit Emmanuel Dockès à l’autonome italien Franco Piperno, en passant par le philosophe algérien Sidi Mohammed Barkat, exposaient leurs vues sur le travail « sans capitalistes ni rentiers », la « religion industrielle » ou le « travail en trompe-l’œil ».
      Entre les deux salles, il était possible de se procurer à prix libre des sandwichs tartinés de « terrine de la ZAD », d’aller réaliser des sérigraphies et des gravures dans une salle ad hoc, d’écouter les sons diffusés par le collectif Zanzibar, qu’Alain Damasio décrit comme des « fictions ironiques de “team building” ou “team banding” à destination de cadres vivant en 2040 », ou encore d’acheter des livres dont les titres annonçaient le ton de la journée : Libérons-nous du travail, par le Comité érotique révolutionnaire, Le Travail à mort, au temps du capitalisme absolu, de Bertrand Ogilvie, ou encore Le Gros capitaliste, texte de B. Traven édité par les éditions Libertalia.

      « Grévistes volants »

      Deux caractéristiques principales se sont dégagées de la multitude des prises de parole, sans qu’il soit pour autant possible, ni sans doute nécessaire, de dégager une ligne programmatique ou un corpus cohérent, pour refonder le travail de demain.

      La première réside dans un refus de ce qui peut se définir comme « l’ubérisation » du travail, mais sans nostalgie aucune pour les rets du salariat, ni même pour le fonctionnariat. « Pour nous, la solution ne viendra pas de l’État, mais de l’auto-organisation des travailleurs », a ainsi affirmé Callum Cant, livreur Deliveroo à Brighton, avant de donner les résultats d’une étude montrant, à l’échelle européenne, la contestation croissante et souvent inaperçue des conditions faites aux auto-entrepreneurs des plateformes numériques.

      L’une des interventions les plus intéressantes de la journée a ainsi été celle d’un membre du CLAP, le Collectif des livreurs autonomes de Paris, qui exprimait la volonté à la fois de rester autonome dans son activité professionnelle et d’inventer des pratiques de mobilisation et de protestation adaptées à l’économie contemporaine.
      En effet, expliquait-il, « pour des gens comme nous, la grève n’est pas un mode d’action très utile. Si on se déconnecte, l’entreprise connecte d’autres livreurs qui sont ravis de prendre les commandes à notre place ». Mais leur connaissance fine de la plateforme Deliveroo, des petites failles des algorithmes utilisés et des cas particuliers tolérés par un support téléphonique entièrement basé à Madagascar et vite débordé, leur a permis d’organiser des blocus de commandes, dont le coût n’était supporté ni par les livreurs eux-mêmes ni par les restaurateurs, puisque les blocages étaient organisés à la sortie des restaurants, une fois la commande payée par Deliveroo.

      À ces modes d’action innovants s’articulent des procédures plus classiques, menées de concert avec la médecine du travail ou devant les tribunaux, pour faire reconnaître la pénibilité d’un travail qui peut exiger de transporter des commandes de plus de 12 kilos sur 8 kilomètres de distance, ou bien encore des tentatives de bâtir une plateforme numérique de livraison coopérative et équitable.

      Ce retournement de l’usage des outils du numérique qui facilitent le plus souvent l’exploitation des travailleurs individualisés est également au cœur du collectif Blablagrève, qui propose, sur le modèle du célèbre Blablacar, de mettre en relation, à travers une plateforme collaborative, des « grévistes volants » avec des piquets de grève ayant besoin de soutien logistique et/ou juridique. « Nous sommes partis, a décrit l’un des membres du collectif, du constat que les bouleversements dans le monde du travail sont intenses, alors qu’il n’existe ni bouleversement, ni intensification des formes de lutte. » Cette configuration plus souple leur a permis d’intervenir sur des chantiers de la région parisienne, ou auprès des femmes de ménage de Holiday Inn, c’est-à-dire des espaces où les syndicats sont peu présents et les grèves difficiles à mener.
      Beaucoup des intervenants partageaient donc, tel l’essayiste et philosophe Ariel Kyrou, à la fois une méfiance vis-à-vis de la façon dont les technologies peuvent mettre les « vies sous contrôle » et une curiosité pour la façon dont elles peuvent dessiner d’autres perspectives. Ce partisan d’un revenu universel « beaucoup moins utopique que les adversaires d’un tel système ne le prétendent » a développé, à la suite des travaux de la revue Multitudes, l’idée d’une « taxe Pollen » qui permettrait, en imposant de manière quasi insensible l’intégralité des flux financiers et monétaires, un revenu pour tous à 1 200 euros mensuels, susceptible d’affranchir les individus des « boulots de merde », dont il fut aussi beaucoup question lors de cette journée.

      La proposition a entraîné une vaste discussion autour de la différence entre un « revenu universel » de ce type et le « salaire à vie », suggéré par l’économiste Bernard Friot. Pour Ariel Kyrou, les « mécanismes sont proches, mais la proposition de Friot repose sur un mode de production industrielle qui ne prend pas assez en compte l’économie immatérielle et la façon dont c’est aujourd’hui moins la force productive que les flux d’argent qui dégagent de la valeur. Le #revenu universel tel que nous le proposons participe d’un autre imaginaire que celui de la société industrielle et de l’administration centralisée. On se situe dans l’imaginaire de l’activité libre, dans l’en-dehors et l’ailleurs du faire ».

      Si elle était centrée sur le travail, cette journée d’échanges débordait en effet largement de cette thématique en cherchant à définir une manière de faire société qui romprait avec la logique « carcélibéral » et l’enthousiasme contemporain pour la « start-up nation ». L’après-midi s’est d’ailleurs conclu, avant un départ vers Aubervilliers pour un temps de théâtre, de musique et de banquet, par la conférence de presse de lancement du collectif OSEF (Opposition à la startupisation de l’économie française), où l’on retrouve notamment la Quadrature du Net, Attac ou Solidaires, en lutte contre ce qu’ils désignent comme la « Startuffe Nation ».
      Comme le résumait Johnny, l’un des membres de la campagne « Make Amazon Pay », venu spécialement d’Allemagne, « le débat autour d’Amazon ne concerne pas seulement les conditions de travail dans les entrepôts. Ce qui se joue, c’est Amazon et son monde. Cela concerne à la fois ceux qui travaillent pour Amazon, ceux qui commandent des articles sur Amazon, mais aussi tous les autres. Cela nous permet de comprendre comment la technologie influence notre vie et pas seulement le travail. Nous voulons décider collectivement quel voyage technologique nous avons envie de faire dans le futur. La gauche radicale et les syndicats ont très peu d’idées là-dessus. Les gens de la Silicon Valley et les gouvernements y réfléchissent, mais la gauche très peu ».

      À cette aune, la seconde grande caractéristique de cette journée aura été de donner une place importante aux récits alternatifs, aux contre-imaginaires, et notamment à l’anticipation. Pour l’écrivain Alain Damasio, la science-fiction peut être utile pour deux raisons : « Avoir un rôle classique d’alerte sur les cas les plus inquiétants du néomanagement en extrapolant les tendances les plus noires, mais aussi un autre volet plus utopique, qui élabore des propositions. »

      Avec 11 autres écrivains, il a donc publié un stimulant ouvrage de nouvelles intitulé Au bal des actifs. Demain le travail (éditions La Volte), qui imagine des façons de travailler dans le futur. Sous la plume de Catherine Dufour est ainsi décrit un monde où « Flexemploi » propose des jobs de 24 heures à des individus dont les dates de péremption sont très rapides.
      Sous celle de l’ancien banquier Norbert Merjagnan naît, au contraire, un univers qui repose sur une « monnaie sociale », le pixel, dont la caractéristique est de prendre de plus en plus de valeur quand de plus en plus de personnes s’investissent dans le projet qu’elle soutient, et d’en perdre si un seul capitaliste très riche s’y intéresse.

      Quant à Alain Damasio, il propose un texte hilarant sur l’avenir des « créatifs » et la machinisation des métiers, en imaginant les difficultés d’un cuisinier bientôt à la retraite pour transmettre à un robot censé le remplacer, mais incapable de bien sentir, en dépit de ses capteurs visuels ultraperfectionnés, la « bonne » couleur du sucre pour la tarte Tatin. Une nouvelle à l’image de cette journée, où les récits destinés à penser au-delà ou en dehors du travail ont été plus importants que de possibles recettes pour le réorganiser aujourd’hui…

      https://seenthis.net/messages/663487

  • @georgia https://www.youtube.com/watch?v=yCDb9Cqa2oo

    Alors oui, forcément avec un titre de vidéo comme celui-ci, je ne pouvais que sauter dessus. Ca parle donc de SF, de politique, et aussi beaucoup de « changer le monde ». Même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qui est dit (tu t’en doutes).
    Catherine Dufour a quelques punchline sympa :D (même si j’aime pas ce qu’elle dit de Dune).
    Norman Spinrad, c’est l’auteur de Bleue comme une orange, dont je t’ai déjà parlé. Il FAUT que tu lises ce bouquin. C’est aussi l’auteur de Rêve de fer, une géniale psychothérapie du nazisme par l’absurde, on en reparlera.

    • Fort intéressant. Beaucoup aimé ce qui est dit autour de l’idée que « Il suffit pas que le peuple soit informé pour que ça change » (et ce que dit Catherine Dufour en général. Elle évoque à peine Dune, t’abuses quand même, et ce qu’elle dit n’est même pas vraiment faux je trouve !).
      Et Norman Spinrad, je le lirai si tu me le prêtes ;-)

  • France Inter soutient les inhumains
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=944

    Communiqué des Chimpanzés du futur France Inter soutient les inhumains

    Ce jeudi 13 juillet 2017, l’émission « Le débat de midi » sur France Inter s’intitulait : « Demain, tous transhumains ? » (cf ici). Dorothée Barba, l’animatrice qui passe son temps à promouvoir les #Nécrotechnologies dans son émission « Demain la veille », offrait une heure d’antenne aux idées inhumaines. Elle avait convié deux transhumanistes français - le médecin et homme d’affaires Laurent Alexandre et l’Artiste virtuel Yann Minh - ainsi qu’une auteur de science-fiction qui se dit « bio-fascinée », Catherine Dufour. Sur France Inter, on ne conçoit le « débat » qu’entre techno-progressistes. Vous avez le choix entre la version Alpha Plus de l’énarque millionnaire Laurent Alexandre – morgue grossière, techno-prophéties tapageuses, mépris (...)

    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/france_inter_soutient_les_inhumains.pdf

  • Macron met sur les rails une loi El Khomri taille XXL pour l’été | Sébastien Crépel, Pierric Marissal et Cécile Rousseau
    http://www.humanite.fr/macron-met-sur-les-rails-une-loi-el-khomri-taille-xxl-pour-lete-635844

    Le président de la République élu dimanche veut poursuivre la démolition des droits des salariés entamée sur le temps de travail au cours du quinquennat qui s’achève, en l’étendant à toute l’organisation du travail. Source : L’Humanité

    • Je ne comprends pas bien la logique, là :
      « On va gérer les chômeurs à la tonfa et au karcher, mais rassurez-vous les gars, vous serez plus nombreux à pouvoir vous faire maltraiter »

      Cool, la nouvelle réciprocité lose-lose

      Non content de promettre la nationalisation de l’assurance-chômage pour mieux la transformer en « assurance universelle », Emmanuel Macron envisage de se lancer dans la chasse aux demandeurs d’emploi. Dans le pacte qu’il propose, si une personne refuse deux emplois dits décents ou ne peut justifier d’une « intensité » de recherche d’emploi suffisante, le versement des allocations sera bloqué. En parallèle de ce durcissement des règles, le nouveau président met en avant l’élargissement de l’assurance-chômage aux professions libérales et aux démissionnaires. Il évoque aussi l’orientation des chômeurs vers des formations « vraiment qualifiantes », laissant présager une prise en compte des desiderata patronaux avant les besoins des précaires.

    • Emmanuel Macron revient à la charge sur le plafonnement des indemnités prud’homales. Cela veut dire qu’il veut sécuriser financièrement les entreprises qui licencient « sans cause réelle, ni sérieuse ». « C’est une véritable escroquerie intellectuelle, dénonce le professeur de droit Emmanuel Dockès. Les patrons réclamaient le droit de pouvoir licencier sans qu’on leur demande des comptes. Plutôt que d’accéder directement à cette requête, qui serait franchement choquante, Emmanuel Macron s’attaque à la sanction. Une forme de clin d’œil au patronat puisqu’on leur dit : si vous ne justifiez pas les licenciements, ne vous inquiétez pas, ce sera seulement un peu plus cher. »

      Aujourd’hui, un licenciement justifié par une raison jugée sérieuse coûte très peu cher à l’entreprise. En revanche, lorsqu’il est dit « sans cause réelle, ni sérieuse », donc basé sur un prétexte ou sur la simple justification d’augmenter les profits, l’employeur s’expose à un recours en justice, qui fixe le montant des indemnités à verser au salarié selon l’appréciation du préjudice subi. Les plafonds envisagés par Emmanuel Macron s’annoncent dans certains cas tellement bas qu’ils risquent de ne même pas couvrir les frais de justice de l’employé licencié sans raison. « Les sommes maximales prévues pour indemniser les salariés sont le plus souvent inférieures aux sommes accordées lors des plans de départs volontaires, renchérit Emmanuel Dockès. Comme on mesure une obligation à sa sanction, on peut en conclure que, dans la pratique, l’obligation de justifier un licenciement risque de disparaître. » Les patrons n’auront qu’à « provisionner » à l’avance leur plan de licenciement non justifié.

      C’est la troisième fois qu’Emmanuel Macron veut faire passer cette mesure. La première, dans la loi Macron, avait été retoquée par le Conseil constitutionnel. La deuxième fois, le plafonnement des indemnités s’est glissé dans la loi El Khomri. Avant d’être supprimé pour tenter de calmer la contestation. Pour espérer passer le barrage du Conseil constitutionnel, Myriam El Khomri avait modifié le critère du barème pour prendre en compte principalement l’âge et l’ancienneté du salarié licencié sans raison. Emmanuel Macron devrait reprendre la même tactique.

    • J’hésite entre 2 postures critiques futurologistes :
      La première est critique envers les militants :
      – le mercredi 19 juillet 2017, quand le 49.3 sera utilisé pour faire passer ce qui résistait encore, les étudiants en plein stage ou emploi d’été, les salariés en pleines vacances à la plage seront-il capables d’abréger leur repos pour se réunir à plus de 3 millions à Paris. Ou bien n’y aura t-il pas plus de 300 personnes comme l’an dernier à cette date ?
      [= rage anti militant : manif vs pastis]

      La deuxième est critique envers le pouvoir :
      – la loi travail et toute son idéologie est une procédure sournoise pour faire accepter une vision du salariat basé sur « le bon sens », « tant qu’il y a du travail, on ne s’arrête pas », « le développement personnel au travail » (alias « le travail rend libre si tu fais de la méditation ayurvédique dans le métro »). S’y opposer jusqu’à ses racines profondes est une nécessité qui risque de diviser les militants : nous serons 10000, puis 5000, puis 2500… car la conviction n’était pas là de toute façon. Un militantisme basée sur une pyramide bien moins convaincue.
      Ce à quoi j’oppose : Tes heures sup., c’est mon chômage . C’est une histoire de vases communicants.
      [ = attaque bien en profondeur, dans les structures métalliques de la pensée libérale]

      #fenetre_de_tir

    • https://lavolte.net/livres/au-bal-des-actifs

      AU BAL DES ACTIFS - DEMAIN, LE TRAVAIL
      Le travail qui vient : thème majeur de nos sociétés occidentales, enjeu canonique des élections présidentielles, première cause de mouvements sociaux lors de la Loi El Khomri et de dossiers dans la presse. Et si la fiction s’en mêlait à son tour ?
      Entre disparition et retour au plein-emploi, les écrivains de science-fiction prennent parti. Lorsque les éditions La Volte lancent, le 1er mai 2016, en pleine ébullition de « Nuit Debout », l’appel à textes qui conduira au présent recueil, les ambitions levées pour les auteurs sont claires : dans un monde aux mutations espérées et redoutées à la fois, anticiper et projeter les devenirs possibles du #Travail.
      On présageait des utopies positives ; il en émerge des bribes, çà et là. Même si ce sont des textes résolument féroces, sombres parfois, indignés toujours, qui nous percutent de plein fouet. Dîner aux chandelles sur les ruines de la Commune de Paris ; burnout d’un écrivain face aux lois du marché ; jugement constant des uns par les autres sur un faux air de Black Mirror ; #uberisation_XXL dévorant l’énergie vitale de jeunes actifs sur-diplômés ; trader S.D.F. ; coach à la dérive ; intelligences artificielles séditieuses ; révoltes sociales dans un centre de tri de cercueils…
      Telle est l’admirable fête du #Bal_des_Actifs, ce marché furieux où chacun se vend, se donne, se perd ou se vole, cette sarabande au bord du gouffre qu’est notre présent.

      Les auteurs :
      Stéphane Beauverger, Karim Berrouka, Alain Damasio, Emmanuel Delporte, Catherine Dufour, Léo Henry, L.L. Kloetzer, Li-Cam, luvan, Norbert Merjagnan, Ketty Steward, David Calvo.

    • @sandburg ankama, je connais un peu mais David Calvo pas du tout. Envoye un peu, pour voir ! sinon je chercherai plus tard mais c’est pas sûr, depuis un moment je collectionne les bouquins comme d’autre les bonnes bouteilles de vins. Et c’est tintin pour moi, je m’suis fait dératiser y’a plus de 10 ans.
      Sinon pour « #Macron met sur les rails une #loi_El_Khomri taille XXL »

      Philippe Martinez trouve « irrecevable » le fait de recourir aux ordonnances pour détruire le Code du Travail... En fait, ce qui est « irrecevable », et non négociable, c’est la mise en cause de toutes les protections sociales, promise par Macron

      Un coup de gueule de Jean Lévy : http://www.librairie-tropiques.fr/2017/05/le-coup-de-gueue-de-jean-levy-martinez-toi-d-la-que-j-m-y-mette.
      #lutte_des_classes

  • L’aube, malgré tout, par Catherine Dufour
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/04/DUFOUR/52863

    A propos de « Pour l’amour de Claire », d’Edwige Danticat.

    Pour l’amour de Claire boucle et reboucle le temps et l’espace, jusqu’à former un espace-temps dense et autonome comme une île, lent, plein de l’odeur du sucre brûlé, saturé par les couleurs vives des cotonnades et des mousselines, pour raconter Haïti, sa grande misère, ses quelques riches et ses gangs toujours plus nombreux.

  • Leaving Terry Pratchett
    http://kat.mecreant.org/leaving-terry-pratchett

    Last night a DJ saved my life. Moi, c’est Pratchett qui m’a sauvé la peau au siècle dernier. Il y a toujours un moment, dans la vie d’un être humain, où il se met à faire son Musset : « Je me suis étonné de ce qu’on peut souffrir sans mourir. » Et on se regarde dans la glace avec ahurissement. Ce moment arrive tôt ou tard ; pour moi, c’a été couci-couça – à vingt-cinq ans. Source : Catherine Dufour

  • Pornographiquement correct, par Catherine Dufour
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/DUFOUR/51048

    En 2003, Stephenie Meyer fait un rêve. De ce rêve naît un livre : Twilight. L’intrigue est limpide : une jeune fille, Bella, rencontre un jeune homme, Edward. Ils tombent amoureux et, surprise ! Edward est un vampire. Mais version, si l’on ose dire, zoophile — il ne consomme que du sang animal. Le succès de Twilight, soit quatre volumes et plus de cent millions d’exemplaires vendus dans le monde, découle de son côté bigger than life (« plus grand que nature ») : une adolescente ni blonde ni sportive séduit un adolescent « d’une splendeur inhumaine et dévastatrice », pas moins. Comble de perfection pour un lectorat tout juste pubère, Edward ne couche pas mais raffole de caresses — de toute façon, Bella passe son temps à faire le ménage. Le lectorat moins juvénile rangera le bel Edward quelque part entre le prince de conte de fées et le sir Stephen d’Histoire d’O, ce roman-culte à la gloire du sadomasochisme. Le fantasme de Meyer prend ensuite chair à Hollywood, avec Robert Pattinson et Kristen Stewart. Et va féconder l’imagination d’Erika Leonard, dite E.L. James, auteure britannique de #fanfics.

  • Tu vas moins faire ton malin, maintenant
    http://emission.salle101.org/?p=1230

    [...] convaincue par l’éloquence de son premier ministre, séduite par le cap résolument affiché, la Salle 101 dissèque les fonds de tiroir de Tolkien, dit du bien de Wendy Delorme, visite des expositions rigolo-gratuito-bédéistes à Paris, dit tout sur les rapports troubles entretenus par Catherine Dufour et Alfred de Musset. Tu vas moins faire ton malin, maintenant. Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle

  • Les 400 culs : Lise Meitner, l’autre Marie Curie, une femme effacée de l’histoire
    http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2014/05/qui-a-découvert-la-fission-nucléaire-.html

    qui connaît Lise Meitner, inventeuse de la fission nucléaire ?

    eh bien, pas moi .... :/

    et pourtant, j’ai feuilleté le « Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses » de Catherine Dufour :

    http://seenthis.net/messages/239690

  • Tonique et désopilant : le « Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses » de Catherine Dufour
    http://kat.mecreant.org/le-guide-des-metiers-pour-les-petites-filles-qui-ne-veulent-pas-finir-

    Materner, c’est très bien, faire le ménage, c’est nécessaire et s’habiller sexy peut être agréable, mais ce ne sont pas les trois seules façons pour une fille de gagner sa vie. Il y en a beaucoup d’autres, souvent bien mieux payées.

    J’ai donc, afin de compléter ce catalogue, composé un Guide des métiers pour les petites filles qui compte près de 50 fiches-métier.
    Chaque fiche détaille, à travers des exemples concrets, les avantages et les aléas de la profession concernée. Des indications pratiques comme Etudes conseillées, Salaire en début de carrière ou Espérance de vie accompagnent le texte. »

    A force d’entendre/de lire des commentaires enthousiastes (merci @fil), j’ai mis la main sur ce livre (bien que je répète tout le temps ces temps-ci que je veux arrêter le féminisme) et je ne l’ai pas regretté. Catherine Dufour n’oppose pas un modèle à un autre : elle dresse les portraits de femmes flamboyantes d’hier et d’aujourd’hui qui ne se sont laissé arrêter par rien ni personne et qui ont brûlé, ou qui brûlent encore, leur vie par les deux bouts (pas mal de suicidées et de trucidées dans sa sélection, et curieusement ça ne refroidit pas une seconde l’ardeur de la lectrice). Et elle raconte leurs glorieuses trajectoires avec une désinvolture et un humour euphorisants. Ce qui, dans cette époque frileuse et cernée d’angoisses, où on s’habitue insensiblement à penser et à vivre prudemment, petitement, revient à faire encore mieux qu’un livre féministe.

    Jane Campion, Lieve Joris (cf.
    http://www.peripheries.net/article312.html ), Florence Aubenas, Virginie Despentes, Ada Lovelace, Hedy Lamarr, Claire Bretécher, Ella Maillart, Ariane Mnouchkine, Michelle Perrot, Gisèle Halimi (l’une des plus, ou des seules, attendues), Angela Davis, Rosa Luxemburg, Nina Hagen et un paquet de méconnues qu’on est ravie de rencontrer : sa sélection est à peu près impeccable. (Juste eu un sursaut en voyant le nom d’Hélène Carrère d’Encausse, qui ne me fait pas trop rêver depuis que :
    http://www.liberation.fr/evenement/2005/11/15/beaucoup-de-ces-africains-sont-polygames_539018 )

    Au passage, je découvre, à l’entrée « Résistantes », l’histoire incroyable de la grand-mère de Robin Hunzinger, qui m’avait échappé bien que je suive son travail depuis longtemps. Il lui a consacré un film, « Où sont nos amoureuses ? » :
    http://www.robinhunzinger.info/056-ou-sont-nos-amoureuses-2006.html

    Noté au vol : « On ne peut pas contenter soi-même et tout le monde. Je préfère moi-même. »
    (Colette)

    « Dans le monde entier, on enseigne aux enfants la légende dorée de Marie Curie, cette sainte Vierge de la science présentée comme un modèle (inaccessible) aux filles que l’école a le devoir d’émanciper. Pourquoi ne représente-t-on pas la science sous les traits d’une jeune femme avenante, délurée et décidée, poursuivant son chemin sans souci du qu’en dira-t-on, sachant s’imposer dans un monde d’hommes, aimant plaire, heureuse ? »
    (La mathématicienne Michèle Audin)

    Et Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue :
    « La vie étant courte, je fais ce qui me plaît. »

    Bref, un livre joyeusement foutraque, aussi jouissif et stimulant que les « Fantômette » (et « Fantômette », c’était il y a longtemps). (Et mon ravissement n’a rien à voir, ou si peu, avec ma fierté d’apprendre au détour d’une note de bas de page que je suis l’une des « idoles » de Catherine Dufour. EH OUAIS.)

    Cf. aussi la critique de Maïa Mazaurette :
    Tu feras quoi quand tu seras grande ? Tortionnaire ou aventurière ?
    http://www.gqmagazine.fr/sexactu/articles/tu-feras-quoi-quand-tu-seras-grande-tortionnaire-ou-aventurire-/13308

    La démarche de Catherine Dufour rappelle un peu la rubrique « Why can’t I be you ? » de Rookie Mag, le magazine fondé par Tavi Gevinson :
    http://www.rookiemag.com/tag/why-cant-i-be-you

    PS. Ma libraire, indignée, en feuilletant l’index des métiers : « Il n’y a pas libraire ! »

    #féminisme

  • Un « Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses »
    http://blog.francetvinfo.fr/livres-actualite/2014/02/20/un-guide-des-metiers-pour-les-petites-filles-qui-ne-veulent-pas-fi

    Autant dire que le chemin est encore long qui mène à l’égalité des métiers. D’où l’idée de Catherine Dufour, qui a conçu un Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses. Comment l’idée lui est-elle venue ? En feuilletant un catalogue de jouets à Noël. Qu’a-t-elle vu « sur fond bleu » ? Des autos, des motos et des bateaux. Sur « fond rose » : « dix Barbie princesse et une Barbie qui fait le ménage ».

    Princesse ou femme de ménage, les deux horizons éternels des petites filles ? Non s’insurge l’auteure, également chroniqueuse au Monde diplomatique. Et d’égréner cinquante métiers passionnants, bien payés ... et encore largement réservés aux hommes.

    La gamme va d’Aventurière à Physicienne, en passant par Agent secret, Chef d’orchestre, Femme d’affaires, informaticienne ou surfeuse. Toutes voies déclinées sur le même modèle. Des conseils pratiques (études, filière ...), des mises en garde (espérance de vie ...) et deux portraits pour faire naître les vocations : celui d’une pionnière et celui d’une femme d’aujourd’hui.

    #travail #sexisme

  • Le goût de l’immortalité, de Catherine Dufour (2005)
    http://www.cafardcosmique.com/Le-gout-de-l-immortalite-de

    Dans Le goût de l’immortalité, il y a « de l’enfant mort, de la femme étranglée, de l’homme assassiné et de la veuve inconsolable, des cadavres en morceaux, divers poisons, d’horribles trafics humains, une épidémie sanglante, des spectres et des sorcières, plus une quête sans espoir, une putain, deux guerriers magnifiques dont un démon nymphomane et une, non, deux belles amitiés brisées par un sort funeste, comme si le sort pouvait être autre chose. » [p. 10]

    #livre de #sf conseillé par @mad_meg ; belle écriture, mais j’ai peu accroché au scénario