person:christoph blocher

  • #UDC : ceux qui toujours disent non

    Au moment où l’UDC perd sur une initiative identitaire, la retraite de la politique de #Toni_Brunner signe symboliquement la fin d’une période, écrit notre chroniqueur Yves Petignat.

    Toni Brunner aura été un vrai bonheur pour l’UDC. Carré de propos, jovial et nature, porte-parole fidèle de la pensée de Christoph Blocher, le paysan aubergiste d’Ebnat-Kappel aura présidé, durant huit ans, de 2008 à 2016, une #droite nationale-conservatrice à laquelle tout réussissait : élections, votations, initiatives populaires. Au moment où l’UDC perd sur une #initiative identitaire pour elle, la souveraineté et l’autodétermination, sa retraite de la politique à 44 ans signe symboliquement la fin d’une période. Celle où son parti dictait l’agenda politique grâce à l’immigration, à la crise de l’asile, à la peur de l’islam. Celle aussi où l’agressivité hargneuse, étrangère aux mœurs helvétiques, divisait le pays jusqu’au sein du gouvernement.

    Réadaptation du contenu

    Reconquête du deuxième siège au Conseil fédéral, renvoi des étrangers criminels, interdiction des minarets, frein à l’immigration, l’UDC n’a pas seulement atteint un sommet aux élections de 2015 avec 29,5% des voix, elle a surtout imposé sa vision isolationniste au reste du pays. Il lui suffisait alors d’être le parti qui toujours dit non. Toni Brunner jette l’éponge tandis que l’échec programmé des négociations européennes va contraindre tous les dirigeants politiques, y compris ceux de la droite isolationniste, à repenser leur stratégie. Alors que l’UDC, avec l’appui libéral-radical, ne peut plus échapper aux responsabilités du pouvoir. Au moment encore où, dans les cantons et plus particulièrement en Suisse romande et dans les zones périurbaines de Zurich ou d’Argovie, l’UDC enregistre ses premiers revers. Certes, il ne faut pas s’attendre à un brusque affaissement électoral en 2019. Mais cela nécessitera une réadaptation du contenu et du style politiques. La tentative de sobriété de la campagne du 25 novembre en était un avant-goût. Raté.

    Le discours monomaniaque sur l’#immigration a servi. Il fait de moins en moins effet. Les Suisses ont d’autres soucis, comme l’indiquent les sondages et le baromètre CS des préoccupations des Suisses. La hausse continue des coûts de la #santé et des #primes_maladie ainsi que la #prévoyance_vieillesse viennent largement en tête, y compris chez les jeunes. Seuls les électeurs de l’UDC continuent à placer la migration avant, même si les chiffres de l’#asile et ceux de l’immigration ont chuté. Or, bien que parti de gouvernement, l’UDC n’a pas de proposition sur l’#assurance_maladie ou la stabilisation de l’#AVS. Contrairement aux partis populistes européens, comme le Rassemblement national en France, l’UDC n’a pas de #discours_social. Ni environnemental ou économique d’ailleurs. Sinon celui, ultralibéral, de la #responsabilité_individuelle et du #moins-d’Etat.

    Cesser d’être à l’image de son maître

    Ce parti va devoir aussi réviser sa rhétorique anti-européenne. Certes, dans un premier temps, il baignera dans l’euphorie de l’échec inévitable des négociations avec l’#UE sur l’accord institutionnel. Mais, selon les effets politiques et économiques, face au risque de marginalisation des universités et chercheurs suisses, devant les difficultés d’#exportation des entreprises sur le marché européen, il lui faudra offrir aux Suisses d’autres solutions créatives. Abandonner le jeu de l’#opposition_systématique pour redéfinir nos relations avec l’UE. A défaut, même majoritaire, il continuera à se plaindre d’ostracisme. Mais un parti protestataire peut-il, sans se renier, cesser d’être à l’image de son maître à penser, « der Geist, der stets verneint », l’esprit qui toujours dit non ?

    https://www.letemps.ch/opinions/udc-toujours-disent-non
    #Suisse #populisme #extrême_droite #migrations #réfugiés #anti-Europe #université

    • Depuis le 1er janvier je suis officiellement genevoise... j’arrête de pleurer en m’identifiant à mes ex-compatriotes tessinois.
      Mais c’est vrai @odilon : je ne ris pas... car c’est une victoire au goût amer. Et qu’on a perdu sur le Gothard.
      Mais soit. C’est quand même une beau score. Nécessaire pour respirer et continuer à lutter.

    • @odilon : sur l’autre initiative, celle contre la spéculation alimentaire :
      Le monde du négoce mesure son impopularité malgré le rejet de l’initiative anti-spéculation

      L’initiative des Jeunes socialistes est refusée par 60% des votants, un score moins massif qu’espéré. Le secteur du trading de matières premières va devoir travailler dur pour améliorer son image

      http://www.letemps.ch/suisse/2016/02/28/monde-negoce-mesure-impopularite-malgre-rejet-initiative-anti-speculation

    • François Cherix : la Suisse face au risque d’une « dictature populiste »

      Dimanche 28 février, les électeurs se prononcent pour la seconde fois en cinq ans sur « le renvoi des étrangers criminels ». Homme de gauche et essayiste, François Cherix est l’une des rares personnalités suisses à dénoncer les dérives de la démocratie directe helvétique, devenue une machine à produire des référendums toujours plus xénophobes.

      De notre correspondante à Genève. - Ce dimanche 28 février 2016, les Suisses sont une fois de plus appelés aux urnes pour se prononcer sur le « renvoi des étrangers criminels ». Une fois de plus car déjà, en novembre 2010, 52,9 % d’entre eux avaient voté en faveur d’une « initiative populaire » lancée par l’Union démocratique du centre (UDC, un parti de droite nationaliste) et qui portait exactement sur le même thème. Le parlement disposait de cinq ans pour inscrire cette votation dans le code pénal. Une modification législative a finalement vu le jour en mars 2015, prévoyant le renvoi des étrangers condamnés pour meurtre, lésion corporelle grave, escroquerie, vol avec effraction, traite d’être humains, pédophilie, trafic de drogue ou encore terrorisme. Un texte déjà considéré comme très dur et stigmatisant par la gauche.

      Mais en 2012, estimant que les choses n’allaient pas assez vite ni assez fort, l’UDC a court-circuité le processus en lançant une seconde initiative, intitulée « Pour le renvoi effectif des étrangers criminels (initiative de mise en œuvre) ». Toujours dans la surenchère et dopés par la crise des migrants qui touche l’Europe, les nationalistes populistes exigent un tour de vis encore plus fort.

      Cette fois-ci, les électeurs se voient proposer d’inscrire directement dans la Constitution le catalogue de tout ce qui peut mener à l’expulsion des étrangers délinquants. Du jamais vu ! Une première liste énumère les manquements à la loi qui conduiront à leur renvoi automatique (du meurtre, au viol en passant par le cambriolage et… l’abus en matière d’aide sociale). Une seconde liste, qui comprend entre autres les lésions corporelles simples, la violence contre les autorités ou la dénonciation calomnieuse, vaudra à leurs auteurs d’être expulsés pour peu qu’ils aient été condamnés dans les dix dernières années, même pour une peine légère. Ce qui viole le principe de proportionnalité et risque d’aboutir à des situations inhumaines.

      « L’Italien né en Suisse et au bénéfice d’un permis C [permis de 10 ans – ndlr] condamné à une amende pour excès de vitesse il y a quelques années et qui se laisse aller un soir à donner un coup de poing à un importun devra être automatiquement expulsé », relevait récemment Le Temps. Le texte de l’UDC fait ainsi table rase de la « clause de rigueur » prévue par le texte parlementaire lié à la première initiative de 2010 et qui permet au juge de tenir compte de la situation particulière des étrangers étant nés ou ayant grandi en Suisse avant de décider de leur renvoi.

      La campagne a été particulièrement vive et un large front – de la gauche à la droite en passant par les milieux bancaires et économiques – s’est constitué contre le texte considéré comme « barbare ». Un appel urgent aux Suissesses et aux Suisses a été lancé par de nombreuses personnalités, hommes politiques et artistes qui estiment que « l’initiative de mise en œuvre » de l’UDC « invalide l’État de droit, viole la séparation des pouvoirs, bafoue les droits humains », et qu’elle soumet les « secondos » (les étrangers nés en Suisse) à « un droit d’exception ».

      François Cherix François Cherix
      Si les derniers sondages indiquent que le texte de l’UDC est en perte de vitesse (46 % de « oui » contre 49 % de « non ») et ne sera sans doute pas adopté, c’est désormais le modèle de démocratie directe qui est sur la sellette. Homme de gauche, essayiste et européen convaincu, François Cherix est l’une des rares voix en Suisse à dénoncer les graves dérives du modèle helvétique. Il est auteur d’un ouvrage à paraître le 8 mars prochain (Qui sauvera la Suisse du populisme ?, éditions Slatkine). Nous l’avons rencontré à Lausanne.

      Est-ce qu’avec cette seconde initiative populaire, l’UDC a franchi une nouvelle étape ?

      François Cherix : Le texte s’inscrit dans une longue série d’initiatives populistes qui désignent des boucs émissaires à la vindicte populaire. Dans ce sens, il n’y a rien de nouveau. Mais la démarche est totalement originale puisqu’elle a été lancée en réponse à une première votation sur laquelle les Suisses avaient dit oui en 2010. C’est une cannibalisation de la volonté populaire. L’UDC court-circuite le processus institutionnel et propose des mesures encore plus drastiques que celles déjà approuvées sur le même sujet. C’est une sorte de putsch qui évacue complètement le travail du parlement, chargé de faire les lois, et élimine aussi la justice suisse avec des éléments applicables automatiquement sans que les juges ne puissent statuer. Pour l’UDC, c’est une manière simple de montrer que le parlement ne fait pas son travail et qu’une fois de plus, le peuple est victime des élites.

      Les derniers sondages donnent l’initiative perdante, donc le pire semble être déjà écarté…

      Oui, sauf grosse surprise, l’initiative ne passera pas. Mais la ligne rouge de l’infamie est repoussée. Comme tous les mouvements populistes, l’UDC ne s’arrêtera pas là. Le parti va continuer à bombarder le système de propositions dangereuses pour l’équilibre des pouvoirs. Il y a beaucoup de choses effrayantes dans les pipelines. Actuellement, l’UDC récolte des signatures pour une proposition qui tend à vouloir éliminer le droit international comme un élément exogène du droit suisse et à fonder le primat du droit suisse [l’initiative « Le droit suisse au lieu des juges étrangers, dite initiative pour l’autodétermination » – ndlr]. D’autres propositions sont en chantier. Contre les étrangers et l’Europe, cela ne s’arrêtera pas non plus. Avec cette prolifération des initiatives populaires sur des sujets dangereux pour la démocratie, on joue à la roulette russe. Cela annonce une forme de dictature populiste.

      On a l’impression qu’en Suisse, il est possible de voter sur tout et n’importe quoi.

      Oui, il est très facile de lancer une initiative populaire (les citoyens qui récoltent 100 000 signatures en l’espace de 18 mois peuvent proposer une modification de la constitution fédérale qui sera soumise à une « votation populaire », alors que le « référendum » permet de se prononcer sur une loi déjà adoptée). Comme vous le dites, on peut pratiquement voter sur tout et n’importe quoi : sur des choses anodines comme la largeur des camions, ou encore les cornes des vaches (une collecte de signatures est en cours pour savoir si l’on accorde des subsides aux paysans qui gardent les cornes de leurs vaches). Mais on peut aussi se pencher, comme c’est le cas ce dimanche, sur des objets qui mettent en péril des droits fondamentaux comme le principe de proportionnalité en justice. Ou qui remettent en cause des accords internationaux comme « l’initiative contre l’immigration de masse » adoptée en 2014, en totale contradiction avec l’accord de libre circulation signé avec Bruxelles. Aucun garde-fou, aucun interdit ne peut empêcher la démocratie suisse de défaire la démocratie.

      Depuis une quinzaine d’années, il y a un assèchement de la pensée politique

      Dans une récente tribune publiée dans Le Temps, vous écrivez que le modèle suisse est au bord du chaos. Qu’entendez-vous par là ?

      D’une participation citoyenne, nous sommes passés à une domination de la démocratie d’opinion. Il est utile de rappeler qu’il s’agit d’un système rustique, inventé au XIXe siècle et qui fonctionne avec deux exigences principales : une haute conscience citoyenne et une société à évolution lente, stable, avec des principes d’autorité bien structurés. Or depuis le début du XXIe siècle, nous sommes, et c’est le cas dans toutes les démocraties européennes, dans des systèmes extrêmement rapides, avec des opinions volatiles et extrémistes, sur fond de nouvelles technologies. Nous avons complètement muté. Parce qu’il est aujourd’hui très facile de réunir des signatures, ou de voter comme on met un « like » sur un sondage, nous sommes maintenant dans un système où l’on vote quatre fois par an sur une douzaine de textes.

      Mais ces votations ne jouent-elles pas aussi un rôle de soupape pour les populismes ?

      Non, l’expérience montre que cela ne sert pas de soupape. Bien au contraire. C’est grâce aux votations récurrentes sur des thèmes populistes que l’UDC a grossi, devenant le premier parti de Suisse (29,4 % des voix aux législatives d’octobre 2015). Plus les campagnes xénophobes ou europhobes se multiplient, plus les sentiments et les décisions europhobes et xénophobes imprègnent la politique suisse. C’est la raison pour laquelle l’UDC les a multipliées.

      Cela a donné aux idées populistes une sorte de validation sociétale. Les médias et les citoyens sont obligés de s’en saisir. On est dans un système qui s’autoalimente et qui inféode tout le monde à la même doxa : à savoir qu’il s’agit de la voix du peuple et qu’il faut la respecter. Pendant longtemps, l’initiative populaire était un moyen exceptionnel de créer une situation politique ou d’exercer un contre-pouvoir. C’est devenu un a priori pour faire de la politique en Suisse, un instrument de communication et de conquête de l’opinion.

      Les affiches de l’UDC sur Les affiches de l’UDC sur "les étrangers criminels".

      Vu de l’extérieur, le système est pourtant séduisant. Le « matériel de vote » envoyé aux électeurs suisses est complet, il y a des débats, de nombreux articles dans la presse. On a l’impression que le citoyen peut largement s’informer…

      J’ai moi-même des amis français qui idéalisent le système suisse. Mais quand on vote quatre fois par an, le système a tendance à se déprécier et l’abstention est forte. Depuis une quinzaine d’années, il y a un assèchement de la pensée politique. On est dans une démocratie de type pointilliste qui focalise sur des sujets polémiques, émotionnels et parfois insignifiants, au détriment de choix de société. Il y a aussi une dévaluation de la représentation nationale. Les élus perdent leur pouvoir face à la démocratie directe. Ce qui compte pour les Suisses, c’est de voter, ce n’est plus d’élire.

      C’est un bilan assez effrayant. Pourtant, en Suisse, très peu d’intellectuels ou d’hommes politiques osent s’attaquer à la démocratie directe. Pourquoi ?

      En Suisse, il existe un gigantesque tabou autour de cette question. L’idée de la démocratie directe fait partie des mythes fondateurs. Le pays n’arrive pas à se percevoir comme une démocratie banale qui a des points forts et aussi des points très faibles.

      Il faudrait oser affronter le populisme, thématiser cette question comme un problème de société fondamental. J’essaie d’inciter mes amis socialistes à se pencher sur le sujet, car le pays ne pourra pas faire l’économie de ces débats. Mais pour l’instant, c’est un sujet sur lequel on a les meilleures discussions de couloir, mais jamais de prises de position publiques. Les partis ne veulent pas être présentés comme des ennemis du peuple. Certains cultivent l’illusion que le système va finir par s’autoréguler et que le peuple va finir par comprendre.

      Que faudrait-il faire ?

      Les débuts d’une prise de conscience sont là, mais il faudra encore une ou deux expériences très douloureuses pour qu’on passe à l’acte. Deux réformes seraient fondamentales. La Suisse a absolument besoin d’une cour constitutionnelle. On pourrait avoir un examen a priori des textes d’initiative proposés à signature, avec un certain nombre de paramètres précis qui permettraient de les valider ou non. Ce serait une forme de restriction, mais aussi de sécurité. Cela permettrait d’avoir le meilleur du système et pas le pire. Ensuite, il faudrait augmenter fortement le nombre de signatures requis pour déposer une initiative populaire. Actuellement, 1,2 % des citoyens peuvent mobiliser 100 % des votants sur n’importe quel sujet, y compris les cornes des vaches. C’est totalement déraisonnable.

      Mais l’UDC, qui est le premier parti de Suisse, ne veut pas entendre parler d’une quelconque réforme du système de démocratie directe…

      Oui, nous sommes dans un cercle totalement vicieux. Les mouvements populistes font du système actuel la base de toute l’existence du pays et poussent des hurlements dès qu’on effleure le sujet. Je sais très bien de quoi je parle. Après la publication de la tribune publiée dans Le Temps que vous évoquiez, j’ai eu des réactions fortes d’approbation, même des coups de téléphone de patrons qui disaient : « Maintenant ça suffit, je vous suis complètement. » Mais j’ai aussi reçu, dans des courriels, des menaces violentes venant des populistes…

      Les Suisses ont toujours l’impression qu’ils sont différents des autres

      Christoph Blocher, le leader historique de l’UDC. Christoph Blocher, le leader historique de l’UDC.
      En Suisse, l’UDC, malgré ses positions obsessionnellement anti-étrangers, ses campagnes d’affichage racistes, est considérée comme un parti « classique ». Les médias se prêtent aussi au jeu de cette banalisation. Qu’en pensez-vous ?

      L’UDC est clairement un mouvement populiste de type Front national, il se rapproche aussi des blocs identitaires des pays du Nord. Son corpus intellectuel et programmatique est à 95 % le même que celui de ces mouvements. La seule différence, c’est son orientation ultralibérale du point de vue économique. Le parti a aussi une spécificité. Il est né quand ses leaders populistes, comme Christoph Blocher, ont fait dans les années 1980 une OPA sur un petit parti – le parti agrarien – totalement moribond et qui était en déshérence. Ils ont acheté une coque vide. À cause de cette histoire, l’immense majorité des médias, des élus, des politologues et des citoyens traitent l’UDC comme le parti socialiste, ou comme les partis de la droite bourgeoise, avec les mêmes schémas de pensée et les mêmes grilles de lecture.

      N’est-ce pas aussi une forme de déni ?

      Le pays ne s’est pas constitué de manière classique, par la construction d’un sentiment national. Il s’est bâti un peu par un hasard de l’Histoire et les Suisses ont toujours l’impression qu’ils sont différents des autres et que ce qui se passe chez eux est unique. Ils n’ont pas connu les deux dernières guerres mondiales. Ils n’ont pas fait l’expérience des fascismes et du nazisme en tant que mouvements susceptibles de provoquer la ruine du pays. Ici, il y avait autant d’antisémites qu’ailleurs et ils avaient même pignon sur rue. On connaît le rôle de back-office, de plateforme industrielle des nazis que la Suisse a joué durant la Seconde Guerre mondiale. Tout est archi documenté. Mais ce qui est fondamental, c’est l’idée que le danger est ailleurs, que les fascistes et les nazis sont ailleurs. C’est un déni de réalité.

      Pourtant, ici, la parole populiste et ultranationaliste semble être totalement libérée…

      Oui, en Suisse il est très difficile de faire condamner quelqu’un pour des propos racistes. Je me souviens d’une émission à la Radio suisse romande où étaient invités Marine Le Pen et Oscar Freysinger (l’un des leaders valaisans de l’UDC). Ils faisaient ami-ami, se disant en lutte pour défendre les « identités européennes ». Marine Le Pen a alors dit son admiration pour Freysinger et elle a ajouté quelque chose comme : « Malheureusement, en France, je ne peux pas dire tout ce qu’il dit car j’aurais beaucoup plus d’ennuis. »

      La « respectabilité » de l’UDC tient-elle aussi au fait qu’il s’agit d’un parti gouvernemental puisque, sur les sept conseillers fédéraux (ministres), on compte aujourd’hui deux UDC ?

      L’UDC est au gouvernement parce que le conseil fédéral n’est pas au sens propre du terme un gouvernement. C’est un collège, une somme d’individus venus d’horizons différents et qui exercent des fonctions exécutives. Comme pour la démocratie directe, cela a longtemps fonctionné parce qu’on y mettait des UDC modérés et que le parti tolérait encore que ses ministres s’émancipent de la pensée du mouvement. Depuis que Christoph Blocher a fait un passage au conseil fédéral, l’UDC ne joue pas le jeu de la concordance.

      Certains de nos grands rêveurs disent : on va mettre un second conseiller fédéral au gouvernement et ils vont se normaliser. Or, soixante-quatre minutes après l’élection de Guy Parmelin [le dernier ministre UDC à être entré au conseil fédéral – ndlr], le président du groupe UDC au parlement a dit : « On va redoubler d’ardeur, on va lancer des initiatives populaires. » On voit qu’il n’y a aucune normalisation du parti par le passage au pouvoir.

      Le système de concordance est-il lui aussi moribond ?

      La concordance a longtemps fonctionné car, au moins sur la vision de la démocratie et de l’État, il y avait un vrai consensus entre la gauche et la droite. Maintenant, on a un gouvernement avec deux ministres dont le parti veut sortir la Suisse de la Convention européenne des droits de l’homme. Et ils posent tous sur la même photo en souriant. Nous sommes dans l’aberration complète !

      Vous estimez que la démocratie directe helvétique est malade avec ses votes compulsifs sur des thèmes populistes. Mais en France, on souffre d’un manque de démocratie, avec une classe politique totalement déconnectée des réalités…

      La France et la Suisse sont dans des contrastes fascinants. Il y a une nation qui a une grande histoire et un tout petit pays un peu là par hasard. Ils ont une langue commune, mais des systèmes de pensée politique diamétralement opposés. Soit les deux pays s’idéalisent, soit ils se dénigrent. Tous deux ont une propension à faire la morale au monde entier, avec d’un côté l’universalisme français, de l’autre le moralisme suisse.

      Les deux systèmes auraient besoin de perfusions réciproques. Il faut absolument une perfusion de jacobinisme français et de clarté de pensée systémique en Suisse. En France, qui est ma seconde patrie, il y a une violence contenue de gens qui se sentent dépossédés de leur destin. C’est le système du chèque en blanc. J’élis le président de la République et le parlement, mais ensuite je n’ai rien à dire. Je dois subir. Tout vient d’en haut et même dans ma région, je n’ai pas de pouvoir. C’est un système binaire : le peuple contre le roi. Il faudrait introduire en France des éléments de démocratie participative, avoir des processus de consultation plus fréquents. Il faudrait métisser les systèmes.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/270216/francois-cherix-la-suisse-face-au-risque-d-une-dictature-populiste

  • Le nouveau Blocher, en tout cas c’est ce qu’on dit
     :-(

    L’#UDC qui monte

    #Roger_Köppel, le patron de la « #Weltwoche », va tenter en octobre une entrée au Palais fédéral sous la bannière UDC. Mais qui est cet intellectuel provocateur que certains voient déjà comme le successeur de Christoph Blocher ?

    http://www.rts.ch/play/tv/mise-au-point/video/parcours-de-migrants--linquietude-autour-de-monsanto--ludc-qui-monte?id=6901687
    #Suisse
    cc @reka

  • ce documentaire sur l’#Erythrée...

    ERITREA COME AND SEE
    http://www.petit-oeil.fr/index-home.php?lang=EN

    ... ça tourne sur twitter, c’est @heleneawet qui twitte cela en copie aux plus importants journalistes et #médias de Suisse romande avec ce texte :

    .@DariusRochebin @Bernard_Rappaz @laciteinfo @lecourrier SVP faites connaître ce documentaire sur l’#Érythrée(54 min.)

    http://www.petit-oeil.fr/index-home.php?lang=EN

    Or, j’ai juste vu quelques extraits au hasard de ce #documentaire, qui paraît une réelle #propagande de soutien au régime érythréen en place...
     :-(

    cc @reka

  • La honte d’être #suisse...
    « Nous préparons une nouvelle #initiative populaire sur l’#asile »

    #Christoph_Blocher se dit énervé par la décision de Strasbourg sur le renvoi d’une famille afghane vers l’Italie.

    http://www.lematin.ch/suisse/Nous-preparons-une-nouvelle-initiative-populaire-sur-l-asile/story/22938697
    #migration #Blocher #migration #réfugiés

    Quelques commentaires personnels et à chaud :

    « Dublin n’a jamais joué. Toute la charge retombe sur les pays du Sud ou de l’Est. Or ces pays vont tout faire pour avoir le moins de requérants possible. »

    –-> bhein, OUI, Monsieur Blocher... la charge retombe sur les pays du Sud et de l’Est... et si vous étiez un politicien de ces pays-là vous feriez la même chose qu’eux, soit "tout faire pour avoir le moins de requérants possible" (ce que vous essayez de faire aussi, en Suisse, par ailleurs...)

    L’ancien conseiller fédéral en est convaincu, l’Italie ne fournira jamais les garanties demandées.

    –-> si ils sont un poil intelligents, non, ils ne fourniront pas ces garanties, NON ! Et vous, Monsieur Blocher, vous feriez de même...

    « La Suisse a signé la Convention des droits de l’homme pour améliorer la situation des pays où les droits de l’homme ne sont pas appliqués. Mais les dictatures, elles, continuent à faire ce qu’elles veulent. Alors que les pays démocratiques se retrouvent condamnés. Ce n’est pas juste. »

    Pour finir, le stratège de l’UDC annonce une nouvelle initiative sur l’asile pour casser « l’industrie » des passeurs en accélérant les procédures.

    –-> attendez, là, est-ce que vous pouvez m’expliquer le lien, M. Blocher ? Car là, moi, je ne le comprends pas...

    Dans cette nouvelle initiative, il ne faut qu’une seule possibilité de recours, des camps d’internement pour des requérants d’asile criminels et la réduction de l’aide sociale au strict minimum.

    – sur "une seule possibilité de recours"... M. Blocher, avez-vous peur des recours ? Et si on donnait à vous une seule possibilité de recours ? Et si on faisait de même pour les suisses ?
    – sur "camps d’internement pour des requérants d’asile criminels" —> est-ce que ces requérants criminels dont vous faites mention dans votre propos sont les fameux "récalcitrants" dont l’UDC n’a jamais donné une définition claire ? Pourtant, ils devaient s’appeler "centres spécifiques" (http://www.stopexclusion.ch/argumentaire/#centres) et non pas "camps d’internement". Et si, par contre, vous vous référez à de vrais criminels, leur place est en prison, non pas dans des "camps d’internement"... ou alors on peut commencer à décider que les requérants d’asile, juste par ce qu’ils sont demandeurs d’asile, soit mis dans des camps d’internement... et ça, ça rappelle farouchement des politiques d’il y a quelques décennies qui ont eu cours dans des pays limitrophes de la Suisse...
    –-> la réduction de l’aide sociale au strict minimum existe déjà, ça s’appelle "aide d’urgence", et je ne vous dis pas combien de ravages sociales elle a déjà causés... Je vous en donne un petit avant-goût, Monsieur Blocher : http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2014/04/04/humanrights-ch-enfants-comment-vivent-ils-lorsquils-nont-que-laide-durgence
    cc @reka

  • #Suisse : l’#UDC ouvre la voie à la #dictature

    En Suisse, le parti national-conservateur (UDC) veut que la #Constitution_helvétique prime sur le #droit_international. C’est le projet d’initiative populaire qu’a déposé son vice-président, #Christoph_Blocher, mardi à Berne. Le quotidien Tages-Anzeiger met en garde contre les conséquences encourues : « La Suisse serait vraisemblablement amenée à résilier la Convention européenne des droits de l’homme et à quitter le Conseil de l’Europe. Sur le plan international, elle perdrait toute crédibilité en tant que partenaire de contrat. … On peut tout à fait déplorer que la Cour européenne des droits de l’homme, garante de la convention éponyme, ne soit ni légitimée ni contrôlée démocratiquement. Mais cela revient à critiquer le cœur du système. Les droits fondamentaux ont été créés pour protéger la minorité politique de la majorité. Si les droits fondamentaux devaient être à l’avenir déterminés par la majorité politique, comme le veut Blocher, alors ce serait la fin de la #démocratie telle que nous la connaissons, et le début de l’hégémonie absolue du peuple. Ou, pour reprendre le phrasé de Blocher, une dictature. »

    http://www.eurotopics.net/fr/home/presseschau/archiv/archiv_results/archiv_article/ARTICLE148524-Suisse-l-UDC-ouvre-la-voie-a-la-dictature

    • Ecrit par un ami... @JohanRochel

      Un noeud et ses fils, le #droit_international et l’UDC

      Voilà une année que l’UDC avait promis une #initiative sur le rapport entre droit international et #droit_suisse. Silence radio pendant de long mois. Mi-juillet 2014, Stefan Schlegel parlait d’un « avis de disparition » dans l’hebdomadaire Die Zeit. Le temps nécessaire à la formulation du texte d’initiative en dit d’ores et déjà long sur les difficultés inhérentes à ce projet. Au cours de séances interminables, il faut s’imaginer les stratèges de l’UDC cherchant à démêler pour mieux embrouiller les fils des traités internationaux par lesquels la Suisse s’engage. Au final, le nœud s’est compliqué et le texte met véritablement en danger la capacité d’action internationale de la Suisse.

      http://www.hebdo.ch/les-blogs/rochel-johan-une-suisse-en-mouvement/un-noeud-et-ses-fils-le-droit-international-et-ludc

    • L’initiative UDC, un « poison » pour la Suisse

      Politique • Le président du PLR Philipp Müller se dit favorable à une hiérarchie claire entre les différentes dispositions du droit international, mais il refuse d’accorder la primauté au droit suisse, comme le veut l’UDC. L’initiative que prépare cette dernière est « dangereuse pour notre pays ».

      http://www.laliberte.ch/news-agence/detail/primaute-du-droit-suisse-une-initiative-dangereuse-pour-le-plr/252951

    • Eintartete Recht

      L’UDC lance une initiative pour instaurer la primauté du droit fédéral sur le droit international (autrement dit : la primauté des initiatives de l’UDC sur la Convention européenne des droits de l’homme). Seul le droit international impératif, qui proscrit le génocide, la torture et l’esclavage, devrait être respecté. Et encore, sous réserve de précisions convenant à l’UDC. « Il est inacceptable d’être prisonnier des droits de l’homme », hennit ­l’écuyère genevoise de l’UDC, Céline Amaudruz. Et d’être prisonnier des lubies de l’UDC, c’est acceptable ? Même son ancien conseiller fédéral Adolf Ogi est convaincu qu’il est temps d’arrêter Christoph Blocher (le temps, justement, devrait y pourvoir, mais avons-nous encore le temps du temps ?). Le PS rappelle que les droits humains et le droit international sont une « conquête civilisatrice » – mais qu’est-ce que ces mots peuvent bien signifier pour une Amaudruz, ou pour l’UDC ? Des mots, précisément. Rien que des mots. Et étrangers, en plus...

      http://www.lecourrier.ch/123134/eintartete_recht

  • ça date de 2006, mais c’est toujours actuel, hélas !

    #Christoph_Blocher ou la machine à propagande

    Alors que Christoph #Blocher argue qu’un conseiller fédéral ne doit pas faire campagne, qu’un exécutif cantonal doit faire montre de réserve ou que les Eglises n’ont pas à prendre position lors de votations, il mène une #campagne plus qu’agressive via son Département de justice et police en utilisant des procédés plus que douteux.

    http://www.lecourrier.ch/christoph_blocher_ou_la_machine_a_propagande

    #Suisse #UDC #extrême-droite

  • Vu sur FB :

    Magnifique lettre à Blocher de la part d’une étudiante-chercheuse. Magnifique sur la forme et sur le fond.

    #‎CHvote‬ : Immigration de masse contre émigration de classe...

    Ça prend quelques minutes à lire...

    Mais c’est tellement sincère et vrai !

    Que tous ceux, sans jugement aucun de ma part, qui pensent que l’UDC défend les intérêts du peuple suisse lisent ces mots et prennent le temps d’exercer leur esprit critique pour construire une position éclairée avant leur prochain bulletin de vote !!!
    ____________________________________________

    Lettre de Marie-Avril Berthet , Etudiante-chercheuse, à M. Blocher. Lecture obligatoire !

    4 mars 2014

    Monsieur Blocher,

    Je vous écris à propos de vos déclarations de ce jour quant au fait que, suite à la votation du 9 février, vous n’avez pas trouvé d’étudiant pour qui l’exclusion de la Suisse des échanges universitaires avec l’Europe pose un problème pour la poursuite de ses études. Je vous écris donc car, si cette votation m’a révoltée pour des raisons idéologiques, vos déclaration relèvent soit de l’ignorance soit du mensonge et cela est très grave pour quelqu’un qui aspire à gouverner ce pays ; pays duquel je n’ai pas choisi d’avoir la nationalité.

    Je suis actuellement doctorante à l’Université de Leeds, au Royaume-Uni en deuxième année. Il me restera, si je peux terminer ce doctorat, encore deux ans d’études minimum.

    Le 27 février, soit deux semaines après l’entrée en force de l’initiative de votre parti dite « contre l’immigration de masse », j’ai reçu le mail suivant de la part de l’administration de l’université :

    –----------------------------------------------------------------
    Dear all,

    Please be aware that due to the current political issues around immigration (in addition to other factors), the European Commission has not concluded an agreement with Switzerland to renew it status as an Associated Country. This means that Switzerland is now treated as a Third Country, with the consequences as follows :

    (1) Switzerland can still participate in H2020, but will not receive reimbursement for its participation
    (2) Swiss participants do not count towards the minimum number of participants required for a project according to the eligibility criteria

    Please note that any projects awarded under FP7 are unaffected by this.

    Negotiations can recommence at any time, and Switzerland may later become an associated state once again. Nonetheless, anyone with a Swiss partner in a consortium applying for a project with an imminent deadline should be aware of the consequences mentioned above.
    –---------------------------------------------------------------------------

    Cet e-mail à été le premier et ne sera pas le dernier. C’est un couteau dans le dos, un poing dans la face, car ce que ce mail dit entre les lignes c’est :
    –les chercheurs suisses à l’Université de Leeds ne compte plus comme membres de leurs équipes de recherche.
    –les chercheurs suisses à l’Université de Leeds peuvent continuer à travailler, mais ils ne peuvent pas être payés pour leur travail.

    Et d’autres conséquences tout aussi gravent se profilent.

    Lorsque j’ai commencé mon doctorat à Leeds, en tant que Suissesse ayant vécu plus de 9 mois au Royaume-Uni, j’ai bénéficié du statut de citoyenne d’un pays ami de l’Union Européenne. C’est-à-dire que non seulement j’ai pu m’installer au Royaume-Uni sans visa, mais j’ai pu être employée de l’université qui m’accueille sans visa pour acquérir l’expérience académique dont j’ai besoin pour la suite de ma carrière. Je peux également travailler en dehors de l’Université sans visa, ce qui me permet de gagner ma vie et contribue à payer mes études. Ces droits pourraient voler en éclat prochainement si la Suisse appliquait les quotas et que l’Union Européenne les appliquait en retour.

    En plus de cela, mon statut de citoyenne de pays ami de l’Union Européenne m’a permis de payer les frais d’inscriptions d’étudiante membre de l’Union Européenne, soit 4 à 5 fois moins chers que si je venais d’un pays tiers. N’ayons pas peur des chiffres Monsieur Blocher, puisque c’est tout ce à quoi vous accordez du crédit : je paye 4000£ par année au lieu de 20’000£.

    4’000£ c’est presque 6’000CHF par année. C’est dur, il faut les économiser et travailler pour les gagner, mais on y arrive. 20’000£ c’est 30’000CHF par année, soit un Doctorat à 120’000CHF. C’est certainement moins que votre salaire annuel, mais concrètement, si la jeune femme de la classe moyenne que je suis pouvait se payer un doctorat aux conditions de citoyenne de « pays ami », elle ne pourra certainement pas le terminer au conditions de citoyenne de « pays tiers ». Cela dépendra aussi de la capacité du gouvernement suisse à trouver prochainement à un accord avec l’Union Européenne pour contourner les conséquences de votre initiative.

    Vous allez dire que les études au Royaume-Uni sont un caprice de jeune fille de la classe moyenne, que je n’avais qu’à faire mes études en Suisse.

    Et bien il faut que vous sachiez que j’ai eu jusqu’à 5 emplois en même temps cette année. Je suis certes passionnée et c’est ce qui me pousse à m’investir dans mes études. Si je n’étais pas passionnée, je n’y arriverais pas. C’est dur un doctorat, c’est long, c’est beaucoup de pression et de solitude, on est loin de ceux qu’on aime, on a jamais ni le temps ni l’argent de rien car le doctorat engloutit beaucoup. Mais j’étudie à l’étranger parce-que je n’ai pas le choix, parce-que l’Angleterre m’a apporté des professeurs spécialistes du sujet qui me passionne que la Suisse n’aurait pas pu m’offrir. Et parce-que, comme les 99% des Suisses dont vous ne défendez pas les intérêts, je fais ce que je peux pour m’en sortir au mieux.

    « J’investis » aussi dans ce Doctorat car le monde du travail est de plus en plus précaire et que l’avenir des jeunes en Suisse est de plus en plus incertains. Et je pense sincèrement que les valeurs que l’UDC répand dans ce pays y sont pour beaucoup.

    J’étudie car les inégalités entre riches et pauvres se creusent, en Suisse, mais aussi autour de nous en Europe, car nous ne savons pas partager les richesses. J’étudie pour avoir un meilleur avenir et parce-que l’académie Britannique est « plus compétitive ». Votre parti est le chef de file des protectionnistes qui veulent faire de la Suisse une île financière, attirer les capitaux sans se soucier de ceux qui en sont dépossédés. On ne protègera pas les emplois en s’assayant sur des richesses qui ne sont pas à nous, Monsieur Blocher. Il faut que nous apprenions à les répartir, en Suisse et dans le monde. Vous prétendez protéger les travailleurs ? Protégeons-les tous, en Suisse, en Europe et ailleurs et nous n’aurons plus besoin de « craindre » les travailleurs étrangers. Vous prétendez protéger les Suisses mais vous ne protégez que l’argent de quelque-uns et vous êtes les premier à précariser le travail en Suisse.

    Je fais ce doctorat car je suis une femme et que le femmes ont plus de peine à trouver leur place dans un monde du travail précarisant. Ceci est d’autant plus le cas que votre parti met un énergie folle à détruire toutes les aides sociales qui peuvent soutenir une femme, de l’avortement à la garde des enfants.

    J’étudie à l’étranger car j’apprends à penser et écrire en plusieurs langues, et que cela me rend plus productive, plus créative et mieux connectée. Parce-que je n’avais pas le choix, mais aussi parce-que c’est bon pour moi et bon pour la Suisse. J’ai l’intime conviction que chaque étudiant qui étudie à l’étranger contribue un peu à changer la Suisse.

    Et c’est pour ça que vos déclarations me blessent profondément et me fâchent. Vous mentez, Monsieur Blocher. Erasmus n’est pas une question « d’avoir des problèmes » administratifs ou financiers. Ce que l’UDC défend c’est un monde injuste, pas seulement administrativement, mais idéologiquement.

    Ce que l’UDC défend, c’est un monde ou ceux qui ont de l’argent et le bras long vont à l’université où ils veulent et quand ils veulent et rien ne les empêchera, surtout pas le 9 février. Ce que l’UDC défend, c’est un monde de hiérarchie sociale où l’université ne sert qu’à la reproduction de la classe dominante, pas à penser. L’UDC s’en fiche que les universités suisses se referment sur elles-mêmes et perdent la qualité que les échanges internationaux leur apportaient, car l’UDC ne fait qu’instrumentaliser l’université. Ce que l’UDC défend, ce n’est pas les travailleurs de Suisse, c’est les gros capitaux en Suisse que cela mette en danger ou non des emplois. L’UDC n’en a rien a faire que des travailleurs et des étudiants galèrent en Pologne, en Espagne ou en Suisse. L’UDC veut juste protéger les nantis de Suisse contre le reste du monde en s’épargnant de se salir les mains avec des arguments racistes. Alors l’UDC embobine les travailleurs de Suisse pour leur faire porter le racisme à sa place.

    Je trouverai un moyen de finir mon doctorat Monsieur Blocher et je n’ai pas besoin de votre aide. Je ne vous demande même pas d’empathie. Mais ayez au moins la décence de reconnaître le désarroi dans lequel vous nous avez mis ceux que vous êtes sensés administrer et qui expriment leur tristesse. Ayez la politesse de reconnaître que vous avez plus de pouvoir qu’une poignée d’étudiant et de chercheurs, et que la défense de vos intérêts personnels mérite qu’on les dépossède de leurs moyens de subsistance. Reconnaissez que vous défendez vos intérêts et pas ceux des suisses.

    Marie-Avril Berthet
    Etudiante-chercheuse
    Université de Leeds, Royaume-Uni

    En lien avec cela :
    Christoph Blocher : « Si un étudiant a des problèmes, qu’il m’écrive ! »

    Minimisant l’exclusion des étudiants suisses du programme Erasmus, le conseiller national Christoph Blocher s’est dit prêt à aider les étudiants qui rencontrent des problèmes.

    En marge de la présentation du rapport sur la politique extérieure 2013 devant le Conseil national, le député UDC Christoph Blocher a minimisé l’impact des mesures prises par l’Union européenne après la votation du 9 février. L’UE a notamment gelé la participation de la Suisse au programme Erasmus.

    « Pouvez-vous me dire le nom d’un étudiant qui ne peut pas étudier à l’étranger dans les deux ans à venir ? Je n’en connais pas. Si un étudiant a des problèmes, qu’il m’écrive ! Je l’aiderai », a déclaré Christoph Blocher sur les ondes de la RTS.

    La Commission européenne a récemment annoncé que les étudiants suisses seront exclus du programme européen Erasmus+ à partir de la prochaine année académique 2014-2015, soit dès le semestre d’automne 2014, provoquant une vague de protestation en Suisse.

    http://www.rts.ch/info/suisse/5662385-christoph-blocher-si-un-etudiant-a-des-problemes-qu-il-m-ecrive.html

    #Blocher #immigration_de_masse #lettre #9février #initiative #UDC #Erasmus #recherche

    cc @reka

    • Attention, je cite :
      « L’orientation politique des villes est malheureusement vert-gauche. Elles veulent adhérer à l’Union européenne (UE), comme le Parti socialiste l’écrit dans le programme actuel. »

      « Les étrangers utiles à l’économie peuvent venir, les autres non. »

      Réagissant aux menaces du président de la Commission européenne José Manuel Barroso de priver les 430’000 Suisses résidant dans l’Union Européenne de droit de séjour, Christoph Blocher en doute. « La Suisse devrait ensuite expulser tous les citoyens européens. Personne ne le veut ! Ce sont plus d’un million de personnes. Mais on peut toujours menacer. »

      Mais QUI veut-il menacer, QUI ? Se sente-t-il tellement supérieur aux autres ? Est-ce que l’Union européenne a VRAIMENT besoin de la Suisse ? Les "migrants utiles"... On en revient aux années 50... La Suisse pensait importer juste des bras, mais elle s’est vite rendue compte qu’avec ces bras ce sont aussi des PERSONNES qui sont arrivées...
      Et il pense vraiment, M. Blocher, qu’il peut contrôler tout seul les flux migratoires ? Comme si tout dépendait de la Suisse et de ses lois... Quel naïveté !

  • La #Suisse et l’#apartheid :

    Nelson Mandela s’est éteint. Le passé helvético-apartheid doit rester gravé dans les mémoires

    La disparition de #Nelson_Mandela a suscité, à juste titre, un émoi dans les médias internationaux. Les messages de condoléances des gouvernements se sont multipliés. Ueli Maurer, en tant que président de la Confédération, s’est fendu de la déclaration suivante : « Avec la disparition de M. Mandela, c’est l’Afrique du Sud, le continent africain et le monde entier qui perdent une personnalité exceptionnelle, l’un des grands hommes de notre époque. Sa lutte en faveur de la liberté, des droits de l’homme, de la démocratie, du règlement pacifique de conflits et de la réconciliation nationale dans son pays a marqué l’histoire du monde de la deuxième moitié du XXe siècle. Les valeurs de justice, de paix, du respect d’autrui, de tolérance et d’humanité qu’il incarnait resteront pour longtemps gravées dans les mémoires. » La gravure présente est si profonde qu’elle permet d’effacer toute la mémoire des relations intimes entretenues par le gotha du capital helvétique avec le régime d’apartheid. Parmi les propagandistes politiques de l’intimité avec les créateurs et gérants de l’apartheid on trouvait Christoph Blocher – animateur de l’Arbeitsgruppe südliches Afrika (ASA) qu’il avait créé en 1982 –, mentor d’Ueli Maurer. Le secrétariat de l’ASA était tenu par Ulrich Schlüer, ancien secrétaire de James Schwarzenbach, qui récupéra en 2008 le siège au Conseil national d’Ueli Maurer après la nomination de ce dernier au Conseil fédéral. Dans la meilleure des traditions, les autorités helvétiques utilisent un événement – ici, le décès de Nelson Mandela – pour mieux effacer une page d’un passé de connivences et intérêts communs avec le régime d’apartheid. Un passé tout à fait normal, et non pas exceptionnel, entaché d’une « erreur momentanée ».

    Un an avant la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, après vingt-sept ans d’incarcération, était cultivée la campagne politique pro-apartheid et continuaient les relations financières, commerciales, économiques, politiques avec un régime qui subissait les sanctions de la part d’une grande majorité des pays à l’échelle internationale. Des sanctions qu’avait demandées, entre autres, Nelson Mandela. Il n’est donc pas inutile de regraver dans la mémoire de certains lecteurs et lectrices la réalité des relations entre le capitalisme helvétique et celui de l’apartheid sud-africain. Pour cela, nous republions ci-dessous un des nombreux articles écrits dans le périodique La Brèche, en l’occurrence dans le numéro 427 du 14 avril 1989. (Rédaction A l’Encontre)

    http://alencontre.org/suisse/nelson-mandela-sest-eteint-le-passe-helvetico-apartheid-doit-rester-grav

    Les #archives suisses restent muettes

    APARTHEID • Berne refuse toujours de lever le #secret_d’Etat concernant les relations avec l’Afrique du Sud au temps de la #ségrégation. Elle craint les plaintes contre les entreprises suisses.

    http://www.lecourrier.ch/116696/les_archives_suisses_restent_muettes

    #Christoph_Blocher juge que Nelson Mandela est surestimé

    L’ancien conseiller fédéral Christoph Blocher a rendu un hommage très mesuré à Nelson Mandela sur son canal personnel Teleblocher, estimant que le héros de la lutte anti-apartheid est surestimé.

    http://www.rts.ch/info/suisse/5436906-christoph-blocher-juge-que-nelson-mandela-est-surestime.html

  • SUISSE : : Tous entrepreneurs, comme papa

    Ça y est : la Suisse a ses oligarques », commentait hier le « Tages-Anzeiger », après la reprise totale du groupe « Basler Medien » par les Blocher, annoncée lundi soir. « Notre famille d’oligarques a tout, un château, un parti, des entreprises et des journaux », écrit Constantin Seibt de sa plume incisive. Les Blocher, propriétaires et patrons d’Ems-Chemie, dont le joyau immobilier est le château de Rhäzüns (GR), mais aussi de la « Basler Zeitung », disposaient déjà, sur le plan politique, d’une tribune médiatique avec l’hebdomadaire « Weltwoche », dont la vente et le rachat par un proche de Christoph Blocher, Roger Köppel, reste d’ailleurs entourée de mystère.
    Fredy Gsteiger, journaliste à la radio alémanique RTS, avait déjà mis le doigt sur ce « phénomène non suisse » que représente Christoph Blocher. En 2002, il avait publié une biographie non autorisée, « Christoph Blocher, ein unschweizerisches Phänomen » (Ed. Opinio, Bâle, 2002). « Il y a déjà eu, en Suisse, des familles influentes sur plusieurs générations. Mais le cas de la famille Blocher, réunissant pouvoir politique, économique et médiatique, est unique en Suisse, affirme-t-il. Les familles de banquiers privés genevois avaient aussi de l’influence, notamment sur le « Journal de Genève », mais ce dernier n’était pas seul. D’autres titres lui faisaient concurrence. A Bâle, la « Basler Zeitung » est en situation de quasi-monopole. »

    http://www.lecourrier.ch/tous_entrepreneurs_comme_papa