person:claes borgstrom

  • Le siège de #Julian_Assange est une #mascarade – enquête spéciale — John PILGER
    http://www.legrandsoir.info/le-siege-de-julian-assange-est-une-mascarade-enquete-speciale.html

    « Des documents divulgués par Wikileaks depuis qu’Assange est en Angleterre », a écrit Al Burke, l’éditeur du site Nordic News Network”, un site de référence en ce qui concerne les dangers qui guettent Assange, « indiquent clairement que la Suède a régulièrement cédé à la pression des Etats-Unis dans le domaine des droits civils. Tout porte à croire que si Assange était confié aux autorités suédoises, il serait extradé vers les Etats-Unis sans aucune considération pour ses droits légaux. »

    Quelques éléments semblent indiquer que le peuple suédois et la communauté juridique locale ne soutient pas l’intransigeance du procureur #Marianne_Ny. Autrefois complètement hostile envers Assange, la presse suédoise a publié des Unes telles que « Allez à Londres, pour l’amour de Dieu. »

    Pourquoi refuse-t-elle ? Plus précisément, pourquoi n’autorise-t-elle pas aux tribunaux Suédois l’accès à des centaines de SMS que la police a enregistré depuis le téléphone d’une des deux femmes impliquées dans ces allégations de harcèlement ? Pourquoi ne les transmet-elle pas aux avocats suédois d’Assange ? Elle dit qu’elle n’est pas tenue par la loi de le faire tant qu’aucune accusation formelle n’a été portée et qu’elle ne l’a pas interrogé. Mais alors, pourquoi ne l’interroge-t-elle pas ?

    Cette semaine, la Cour d’Appel suédoise va décider d’ordonner, ou pas, à Ny de divulguer les messages SMS ; ou alors le litige finira à la Cour Suprême et à la Cour Européenne de Justice. Comble de l’ironie, les avocats suédois d’Assange ont seulement été autorisés à « visionner » les SMS, qu’ils ont donc du mémoriser.

    Un des messages de la femme en question montre clairement qu’elle ne voulait pas qu’Assange soit poursuivi, « mais que la police a insisté pour mettre la main sur lui ». Elle fut « choquée » quand ils l’ont arrêté parce qu’elle « voulait juste qu’il passe un test [VIH] ». Elle « ne voulait pas accuser JA de quoi que ce soit » et « c’est la police qui a inventé ces charges ». (Dans un témoignage, elle dit avoir été « manipulée par la police et d’autres autour d’elle ».)

    Aucune des femmes ne prétend avoir été violée. En effet, les deux ont nié avoir été violées et l’une d’entre elles a depuis tweeté, « je n’ai pas été violée ».Qu’elles ont été manipulées par la police et que leurs souhaits ignorés est une évidence – peu importe ce que racontent aujourd’hui leurs avocats. Elles sont probablement victimes d’une saga Kafkaïenne.

    Pour Assange, le seul procès qu’il ait vu c’est son procès médiatique. Le 20 Aout 2010, la police suédoise a ouvert une « investigation pour viol » et immédiatement – et illégalement – a déclaré dans les tabloïds suédois qu’il y avait un mandat d’arrêt contre Assange pour « le viol de deux femmes ». Et cette information fit le tour du monde.

    A Washington, le secrétaire à la défense des Etats-Unis Robert Gates expliqua, avec un grand sourire, que l’arrestation « était pour lui une bonne nouvelle ». Les comptes twitter associés au Pentagone décrivirent Assange comme un « violeur » et un « fugitif ».

    Moins de 24 heures après, le procureur en chef de Stockholm, Eva Finne, pris la tête de l’investigation. Elle fit immédiatement annuler le mandat, en expliquant, « Je ne crois pas qu’il y ait de raison de soupçonner qu’il ait commis un viol ». 4 jours après, elle fit annuler toute enquête, en expliquant, « Il n’y a aucun souçon d’aucun crime que ce soit ». Le dossier fut clos.

    C’est alors qu’entra en scène Claes Borgstrom, un politicien de renom du Parti Social-Démocrate alors candidat aux imminentes élections générales de Suède. Quelques jours après l’abandon du dossier par la procureure en chef, Borgstrom, en tant qu’avocat, expliqua aux médias qu’il allait représenter les deux femmes et qu’il ferait appel à un autre procureur, de la ville de Gothenberg. En l’occurrence Marianne Ny, que Borgstrom connaissait bien. Elle aussi était membre du Parti Social-Démocrate.

    Le 30 Août, Assange se rendit volontairement à un poste de police de Stockholm afin de répondre à toutes les questions qu’on lui poserait. Pour lui, le dossier était clos. Deux jours plus tard, Ny annonça qu’elle rouvrait le dossier. Un journaliste suédois demanda alors à Borgstrom pourquoi le dossier était rouvert alors qu’il venait d’être clos, en citant le témoignage d’une des deux femmes, qui avait expliqué ne pas avoir été violée. Il répondit alors, « Ah, mais elle n’est pas avocate ». L’avocat australien d’Assange James Catlin, répondit, « Tout ça est ridicule…c’est comme s’ils inventaient tout au fur et à mesure ».

    Le jour où Marianne Ny rouvrit le dossier, le dirigeant des services de renseignements militaires suédois (“MUST”) critiqua ouvertement Wikileaks dans un article intitulé « Wikileaks [est] une menace pour nos soldats ». Assange fut averti que les services de renseignements suédois, le SAP, avaient été informés par leurs homologues US que les accords de partage d’informations entre les des deux pays seraient « stoppés net » si la Suède lui permettait de rester sur son territoire.

    Pendant cinq semaines, Assange dut attendre en Suède pendant le déroulement de la nouvelle enquête. Le Guardian était alors sur le point de publier les « Rapports de Guerre » d’Irak, basés sur les révélations de Wikileaks, qu’Assange était censé superviser. Son avocat à Stockholm demanda alors à Ny si elle voyait une objection à ce qu’il quitte le pays. Elle l’autorisa à partir.

    Inexplicablement, dès qu’il eut quitté la Suède – au pic de l’intérêt médiatique pour les révélations de Wikileaks – Ny émit un Mandat d’arrêt européen et une « alerte rouge » d’Interpol normalement réservée aux dangereux criminels et aux terroristes. Traduit en cinq langues, cela allait inévitablement exciter les médias.

    Assange dut se rendre à un poste de police à Londres, fut arrêté et passa 10 jours en confinement solitaire à la prison de Wandsworth. Relâché sous caution de £340.000, il fut soumis à un contrôle électronique, obligé à se rendre quotidiennement à la police, et il fut placé en résidence surveillée, en attendant que son dossier soit transmis à la Cour Suprême. Il n’avait toujours pas été condamné pour quoi que ce soit. Ses avocats réitérèrent sa proposition d’être interrogé par Ny à Londres, en lui faisant remarquer que c’était elle qui l’avait autorisé à quitter la Suède. Ils suggérèrent un bâtiment spécial utilisé par Scotland Yard à cet effet. Elle refusa.

    Katrin Axelsson et Lisa Longstaff de Women Against Rape (Femmes Contre le Viol) écrivirent : « Les allégations contre Assange ne sont qu’un rideau de fumée derrière lequel un grand nombre de gouvernements essaient de faire tomber Wikileaks pour avoir eu l’audace de révéler au public leurs plans de guerres et d’occupations secrets, avec les conséquences en viols, meurtres et destruction que cela entraine… Les autorités se fichent tellement de la violence contre les femmes qu’elles manipulent des allégations de viols comme bon leur semble. [Assange] a clairement montré qu’il était disponible pour une interrogation par les autorités suédoises, en Angleterre, ou via Skype. Pourquoi refusent-elles cet élément essentiel pour leur enquête ? De quoi ont-ils peur ? »