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  • Comprendre le djihadisme pour le combattre autrement - Page 1 | Mediapart

    Claire Talon

    http://www.mediapart.fr/journal/international/051014/comprendre-le-djihadisme-pour-le-combattre-autrement?page_article=1

    Clé de voûte de ce script rebattu, l’internationale djihadiste est le sésame qui suffit à lui seul à justifier une opération militaire massivement rejetée par les opinions publiques quelques mois plus tôt, en Europe comme aux États-Unis. À ce titre, les cafouillages et les incohérences de la position de François Hollande apparaissent au grand jour. Il peut successivement envisager sans gêne de frapper Bachar al-Assad puis son ennemi, Daech (acronyme en arabe de l’État islamique en Irak et au Levant), comme si cela revenait au-même ; il peut décider au mois de septembre que la France n’a pas de légitimité pour intervenir en Syrie alors qu’il nous fallait y aller un an plus tôt. Cela ne démontre qu’une chose : face à des opinions publiques massivement hostiles à la guerre, le djihadisme est aujourd’hui la seule clé susceptible de donner du sens à une lecture de plus en plus illisible de la réalité proche-orientale.

    Faut-il s’en étonner quand les suppôts de ce djihadisme renvoient à l’« Occident » un univers ad hoc, d’une familiarité caricaturale au regard de la complexité de la situation ?

    Il n’est pas question ici de discuter de la responsabilité, connue et documentée, que portent les gouvernements occidentaux dans la formation et le développement de mouvements djihadistes au Moyen-Orient. Dans le cas présent, la guerre contre Daech est ouvertement justifiée comme un « rattrapage » de la gestion calamiteuse de la crise syrienne. Il s’agit plutôt de souligner la récupération par les djihadistes d’un univers orientaliste qui, sous couvert d’affrontement culturel, enferme l’Occident dans une confrontation mortifère avec lui-même.

    Que ce soit sous la forme du péplum, du western, du thriller ou de la science-fiction, Daech, comme Al-Qaïda avant lui, manie à la perfection les codes de l’impérialisme culturel. Il recycle sans merci tout un bric-à-brac orientaliste qui va de Lawrence d’Arabie à Game of Thrones, en passant par Salomé et Saint Jean-Baptiste.

  • Comprendre le djihadisme pour le combattre autrement
    05 OCTOBRE 2014 | PAR CLAIRE TALON
    | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/international/051014/comprendre-le-djihadisme-pour-le-combattre-autrement?onglet=full

    L’État islamique recycle sans merci tout un bric-à-brac orientaliste qui va de Lawrence d’Arabie à Game of Thrones. Sans le comprendre, l’Occident mène une guerre d’un autre âge à l’État islamique, prétendant résoudre une crise globale qui se joue ailleurs que sur les champs de bataille. Pire, en poursuivant ces moulins à vent, la « coalition » cautionne le musellement de sociétés civiles en ébullition.

    Treize ans après le 11-Septembre, trois événements considérables ont bouleversé le visage du Proche-Orient : le premier, c’est la vague libertaire qui, depuis le printemps 2011, continue d’éroder les fondements de l’ordre pétro-autoritaire né des accords Sykes Picot. Le second, c’est l’aggiornamento forcé de l’islamisme politique qui, en Égypte, en Tunisie, a dû revoir ses ambitions face aux rejets populaires et aux réalités du pouvoir. Le troisième, c’est l’irruption massive sur internet de sociétés civiles en bouillonnement qui ont pour la première fois les moyens de s’exprimer, à défaut d’avoir leur mot à dire.

    Telle est la nouvelle toile de fond sur laquelle le djihadisme continue à se déployer et sur laquelle viennent s’inscrire les drames syrien et irakien. C’est une crise généralisée suscitée par l’effondrement des structures étatiques héritées des indépendances. Pourtant, les puissances occidentales ressassent ad nauseam le même scénario : une petite guerre de civilisation ciblée contre le « terrorisme » garantira la stabilité régionale.

    • Des femmes fantômes, de la cruauté orientale, du désert, de la barbarie. Telles sont les stations du chemin de croix infligé au spectateur occidental, et les piliers du discours produit par l’État islamique sur lui-même. Ces clichés caricaturaux reconstituent à la virgule près le visage de l’Orient fantasmé, inventé au XIXe siècle par les puissances britanniques et françaises à l’appui de leurs aventures coloniales. Edward Saïd a montré qu’il n’était en fait qu’un portrait en creux de l’Europe des Lumières.

      Merci Alain d’avoir signalé cet article.

    • Et ceci :

      À l’heure où les puissances occidentales, dont la France, exportent dans le monde arabe ces colons d’un nouveau genre, il est pour le moins paradoxal de continuer à percevoir le Moyen-Orient comme une menace pour notre propre sécurité sans reconnaître que nous sommes nous-mêmes une menace pour le Moyen-Orient.

    • Et enfin :

      François Hollande, qui entend dire « Daech » pour ne pas dire État islamique, alors que ce terme est précisément l’acronyme d’« État islamique » en arabe, comme si le mot pouvait signifier tout aussi bien abat-jour ou pendule sans que cela change quoi que ce soit à sa présumée monstruosité…

      Avec un tel lexique en poche, difficile de croire que le président français poursuit en Irak autre chose que des moulins à vent.

  • A lire absolument - Egypte : l’armée systématise les violences sexuelles pour réprimer la jeunesse, par Claire Talon | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/international/100514/egypte-larmee-systematise-les-violences-sexuelles-pour-reprimer-la-jeuness

    Insultes, viols, tortures... L’armée et les forces de sécurité égyptiennes ont recours à une violence décuplée à quelques jours de l’élection présidentielle. Premières victimes : les jeunes, arrêtés en masse et au hasard, et tous ceux qui peuvent sembler proches de l’opposition. Des témoignages donnent l’ampleur du phénomène.

  • Egypte : l’armée systématise les violences sexuelles pour réprimer la jeunesse - Mediapart
    Par Claire Talon

    http://www.mediapart.fr/journal/international/100514/egypte-larmee-systematise-les-violences-sexuelles-pour-reprimer-la-jeuness

    Le Caire, correspondance. « Dis : je suis une femme », « Dis : je suis une pute », « Dis : je suis un pédé », « Dis que ta mère est une pute », « Dis que ton père est une pute » : voilà en substance le grand oral auquel la police et l’armée égyptiennes soumettent la jeunesse à l’heure des examens de fin d’année.

    Ce programme d’humiliation a été mitonné par le ministère de l’intérieur. Il vient appuyer des travaux pratiques destinés à « casser » une jeunesse frondeuse, soupçonnée de manquer d’empathie pour le régime en place. Viols, doigts dans l’anus, électrocution des parties génitales, attouchements, « tests de virginité », tests de grossesse, séances de déshabillages collectifs, menaces de viol sur les proches et la famille : par-delà les opposants au régime désigné par le général al-Sissi, les activistes ou les journalistes, ils sont des milliers de jeunes à être livrés en pâture à ce qui apparaît de plus en plus comme une gigantesque entreprise d’humiliation sexuelle collective.

    Pris à partie au hasard, aux abords des manifestations, par la police ou par des hommes de main en civil, de plus en plus de jeunes, d’adolescents, voire d’enfants, sont précipités sans ménagement dans un labyrinthe de commissariats, de camps militaires, de prisons et de centres de détention secrets transformés en salles de torture. Une réalité d’autant plus répandue que, selon Reda Marhi, juriste à l’Initiative égyptienne pour les droits des personnes (EIPR), « tous les commissariats de l’Égypte se sont aujourd’hui transformés en prisons, sans compter les lieux de détention secrets. Cela fait plus d’un millier de prisons à l’échelle du pays : beaucoup plus que les 42 reconnues par les autorités ».

    Une vidéo, qui circule sur les réseaux sociaux, dit montrer l’arrestation par l’armée de « manifestants contre le coup militaire », dans le quartier de Hanoville à Agami, à l’ouest d’Alexandrie :

    Abasourdis, relâchés après des semaines, parfois des mois, de va-et-vient entre les mains des militaires, des policiers, et de juges iniques ou débordés, ils témoignent maladroitement, à grand renfort de périphrases, les mâchoires serrées, des manies scabreuses et sadiques des services de sécurité… Au fil des témoignages, un même scénario se répète, qui indique que la violence sexuelle est pratiquée à tous les échelons de la machine policière et judiciaire : des commissariats aux antichambres des salles d’audience, elles aussi transformées en salles de torture.

    Ce chemin de croix commence dans les sous-sols des commissariats de quartier, aux alentours desquels, selon les témoignages de plusieurs parents, des vendeurs ambulants, soudoyés par les policiers, sont sommés de faire du chiffre en ramenant régulièrement de la chair fraîche aux gardiens de l’ordre.

    À l’ombre des immeubles cossus de Garden City, le commissariat Qasr Al Nil, à deux pas de la place Tahrir, au Caire, est, comme ceux de Mosky et de Azbakya, le théâtre d’une véritable débauche. Hany Raif, étudiant en première année d’architecture, en a fait l’expérience, le 19 novembre dernier. Blessé dans l’attaque d’une manifestation antimilitaire, il se rend à l’hôpital pour soigner sa main atteinte par une balle réelle. Dénoncé par le personnel médical, il est arrêté par la police accourue sur place, qui l’emmène à Qasr Al Nil.

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    Egypte : l’armée sort victorieuse du référendum constitutionnel
    PAR CLAIRE TALON
    « Ils m’ont jeté dans une cellule au sous-sol. Dedans, il y avait deux hommes en érection qui se dandinaient en slip, et qui se sont jetés sur moi, dit Hany, baissant les yeux, peu enclin à s’appesantir sur les détails. J’ai hurlé tellement fort qu’ils ont fini par venir me sortir de là. » Près d’une semaine plus tard, quand il recouvre la liberté, il apprend qu’au même moment, son amie Rawda, 16 ans, partageait quant à elle sa cellule avec un groupe de prostituées hilares qui l’ont humiliée pendant des heures.

    « Deux jours après mon arrestation, le 21 novembre, deux écoliers de quatorze ans sont arrivés d’une école toute proche, la Ibrahimya school, ajoute Hany. Ils avaient été dénoncés par leur professeur qui avait vu des tracts "Ni Morsi ni Sissi" dans leur cartable. Ils les ont déshabillés et les ont battus à même le sol pendant une heure. Ils baignaient dans le sang. Quand leurs parents sont arrivés pour les chercher, leurs mères se sont évanouies. »

    Une fois débarqués au commissariat, les détenus sont systématiquement déshabillés, aspergés d’eau froide, frappés, torturés, harcelés sexuellement, photographiés et filmés avec des armes disposées devant eux. Pour les filles, un traitement spécial est prévu : les plus chanceuses se voient imposer des « tests de grossesse », les plus récalcitrantes des « tests de virginité », pratiqués avec des spéculums ou à main nue, menottées sous l’œil des policiers. « Examen vaginal » censé protéger les militaires de toute accusation de viol ultérieure, et protéger les victimes des tentatives d’agression, cette pratique constitue un trauma indescriptible pour des jeunes femmes, souvent très jeunes et qui, pour beaucoup, ne sont jamais allées chez le gynécologue.

  • Egypte : l’armée sort victorieuse du référendum constitutionnel -
    comment l’armée a falsifié le texte de la constitution
    Claire Talon
    Mediapart, 17 janvier 2014
    http://www.mediapart.fr/journal/international/170114/egypte-larmee-sort-victorieuse-du-referendum-constitutionnel

    Cette répression fait écho aux efforts déployés par les membres du « comité des 50 » chargés de rédiger la constitution, qui ont, quant à eux, pour mieux hâter la tenue du scrutin, laissé les militaires falsifier le texte constitutionnel.

    Le 16 décembre dernier, un mois avant le vote, Mohamed Abul Ghar, président du parti social démocratique et membre du comité, a en effet révélé sur la chaîne privée Al Tahrir les dessous surréalistes de l’établissement du texte :

    La scène se passe après que les rédacteurs, à l’issue d’un dernier vote, ont adopté la version finale du texte. Pour célébrer la fin de leurs travaux, les forces armées ont invité les 50 membres du comité à dîner. L’ambiance est festive. Dans l’euphorie, personne ne songe à ouvrir les exemplaires imprimés du nouveau texte distribués discrètement à la fin du dîner par les militaires. Sauf l’évêque Antonios, représentant de l’Église catholique au sein du comité. À la lecture du préambule, le prélat sursaute : « Ils ont changé notre texte ! écume l’ecclésiastique. Ils ont remplacé "régime civil" par "gouvernement civil" ! »

    « C’était la consternation générale, avoue Mohamed Abul Ghar en direct. On était tous mécontents. Amr Moussa, le président du comité est arrivé, il nous a dit "mais non", je ne sais quoi, il a baragouiné deux trois choses et il est parti. » Et pour cause : en remplaçant « régime civil » par « gouvernement civil », on lève tout obstacle juridique à l’élection d’un militaire ou d’un religieux à la tête de l’État, a affirmé au journal Ahram Online le directeur du département de droit public de l’Université du Caire, Refaat Fouda.

    « On a convenu que j’allais rendre cette affaire publique, et raconter ça aux médias. Mais en même temps, personne n’a voulu faire de vagues, car il fallait absolument que le référendum se tienne et que le texte soit adopté. Donc, on est tous partis comme ça », dit Mohamed Abul Ghar.
    -- Mais c’est de la fraude ! La constitution est falsifiée ! s’indigne la présentatrice.
    -- Je ne veux pas tout envoyer en l’air : il faut que le référendum ait lieu, répond l’homme politique.
    -- Vous êtes quand même un peu spéciaux, vous les libéraux, ose la journaliste. Vous ne laissiez rien passer aux Frères musulmans quand ils étaient au pouvoir, vous envoyiez tout valdinguer dès qu’il y avait quelque chose et là il y a fraude et "pour que les choses avancent", "pour aller de l’avant", allez c’est pas grave, on passe sur ça !
    -- On est tous d’accord qu’un petit groupe a manœuvré en coulisses avec Amr Moussa, le président du comité, pour changer le texte en cachette. »

  • Hier, la chaîne CBC n’a pas diffusé l’émission de Bassem Youssef. Elle ne la diffusera plus : ses producteurs ont rompu le contrat qui liait le satiriste à la chaîne | Egypt Independent

    http://www.egyptindependent.com/news/bassem-youssef-program-producers-terminate-contract-cbc

    It said in a statement on Facebook that CBC tried to restrict the content of the show, and that it denied any relation to the episodes of 25 October and 1 November although it had actually received the recordings.

    Après le grand retour d’El Bernameg, Claire Talon avait écrit « alors que les militaires apparaissent de plus en plus comme les nouveaux maîtres du jeu et qu’une chape de plomb menace les fragiles libertés acquises depuis la révolution, sa prestation de vendredi était attendue comme un baromètre de la marge de manœuvre dont peuvent se prévaloir les journalistes à l’ombre grandissante du général Abdel Fattah al-Sissi. »

    http://orientxxi.info/magazine/portrait-de-l-egypte-en-midinette,0406

    #censure #humour #Bernameg #Egypte #BassemYoussef #armée #médias

  • Coup d’état versus révolution - analyse de Snony sur la situation en Egypte.

    http://snony.wordpress.com/2013/11/03/coup-detat-versus-revolution

    Le peuple se retrouve sans voix, et c’est cette parole impossible que Bassem Youssef a mis en scène en démarrant son émission avec un script vide, une liasse de pages blanches que lui ont remise ses collaborateurs. La suite de l’émission est particulièrement bien analysée par Claire Talon sur Orient XXI, et ses conséquences par Philippe Mischkowsy sur Courrier International. La presse, à nouveau muselée, s’est déchaînée dès le lendemain contre les « grossièretés » de Youssef. Ces derniers jours, des "personnalités" ont porté plainte pour « insulte à la patrie » et un juge est saisi de l’affaire. Le général n’aura même pas besoin de se salir les mains pour faire taire celui qui a mis au point ses premiers sketchs sur la place Tahrir. Un des rares acquis tangibles de la révolution de 2011, la libération de la parole critique, est en cours d’étouffement. A nouveau, on parle à voix basse dans les cafés, même à l’After-Eight, petit café chaabi qui se transformait si souvent en véritable forum. On peut imaginer que cette parole ne mettra pas trente ans à refaire surface, mais le recul est indéniable.

  • Portrait de l’Égypte en midinette - Claire Talon
    http://orientxxi.info/magazine/portrait-de-l-egypte-en-midinette,0406

    Son retour était très attendu. Bassem Youssef, qui s’est fait connaître sur YouTube en 2011, est devenu un symbole de la liberté d’expression en Égypte. S’inspirant du satiriste américain John Stewart, il a imposé dans son émission télévisée El-Barnameg un ton totalement inédit dans le pays, critiquant tous les acteurs politiques et taclant au passage les médias à la botte du pouvoir. Ce qui lui a valu des poursuites. Restait à savoir si l’humoriste, qui avait disparu des écrans depuis la destitution de (...)