person:claude halmos

  • Que reste-t-il du cas Dolto ? - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/08/24/que-reste-t-il-du-cas-dolto_1674381

    Trente ans après sa mort, la célèbre psychanalyste pour enfants est toujours objet de polémiques et de déformations, voire d’oubli. Entre suprématie des neurosciences et tendances réactionnaires, l’histoire de son héritage clinique et intellectuel est encore à écrire.

    Mais qui veut (encore) la peau de Françoise Dolto ? Trente ans après sa mort, la psychanalyste pour enfants a ce génie d’être toujours polémique. Cette semaine dans le Point, le pédiatre Aldo Naouri et le psychologue Didier Pleux critiquent de nouveau celle qu’ils tiennent pour responsable de l’avènement de l’enfant-roi. Dans son essai qui vient de paraître chez Flammarion (1), la psychanalyste Caroline Eliacheff accuse justement les détracteurs de la thérapeute disparue le 25 août 1988 à l’âge de 79 ans « d’assassinat idéologique ». Celle qui a transmis son savoir au grand public via l’émission de radio culte Lorsque l’enfant paraît ou à travers son livre le plus populaire le Cas Dominique serait-elle passée de mode ? « Françoise Dolto n’a pas du tout la place qu’elle devrait avoir, estime la psychanalyste Claude Halmos (2). Son enseignement serait pourtant d’un grand secours pour les parents et enfants d’aujourd’hui. »Claude Halmos vise ici les préceptes de l’#éducation bienveillante qui, selon elle, culpabilise les parents et coupe les enfants de la vie réelle. Alors que le but de l’éducation, c’est justement de pouvoir vivre dans le monde tel qu’il est avec ses exigences et ses violences…

    Personnage clé de l’histoire de la psychanalyse française, Françoise Dolto s’est retrouvée emportée ces dernières années par les critiques et le désamour portés à la discipline. Et de ce fait, détrônée aujourd’hui par les neurosciences, voie privilégiée pour mieux comprendre l’enfant. Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer a délaissé l’inconscient freudien pour une autre approche de l’enfance, celle de la « science de la conscience » défendue par Stanislas Dehaene, neuroscientifique à succès qui sort le 5 septembre pour la rentrée scolaire un nouveau livre chez Odile Jacob : Apprendre ! Les Talents du cerveau, le défi des machines. Pour le psychologue cognitif, professeur au Collège de France et président du Conseil scientifique de l’éducation nationale, le nouveau siège de la réussite scolaire se situe dans le cerveau. Françoise Dolto, sa « poupée fleur », objet thérapeutique qu’elle avait inventé, et les dessins d’enfant qu’elle excellait à analyser auraient-ils été rangés trop rapidement aux rayons d’une histoire jugée trop ancienne ? Pour l’historienne Manon Pignot, « elle n’est pas tant oubliée, que dévoyée. La grande vulgarisation dont elle fait l’objet au faîte de sa gloire dans les années 70 a entraîné une simplification de ses théories, une forme de caricature ».

    L’autorité sans autoritarisme

    Avec ses jupes aux genoux, son gilet en laine immanquablement boutonné sur un chemisier à grand col, rang de perles ou collier fantaisie, on a voulu faire d’elle une Mamie Nova de la psychanalyse, adepte d’un laxisme éducatif reflet de l’esprit libertaire de l’après-68, quitte à en oublier la moitié de son message. « Toute sa vie, elle a été incroyablement critiquée, analyse Caroline Eliacheff, qui a travaillé ave elle. Mais lui reprocher exactement ce qu’elle n’a pas dit relève du symptôme ! » Car si Dolto énonce, fait révolutionnaire dans les années 50-60 que l’enfant est une personne, elle n’en a jamais fait un petit roi. Pourquoi alors une telle distorsion ? « Qu’ils l’aient écoutée ou non, analyse Caroline Eliacheff dans son livre, les parents ont perçu que l’enfant était un sujet digne de respect et apte à la communication dès son plus jeune âge, mais ils ont oublié que l’humanité passait par les castrations symboligènes, autrement dit par les interdits. » Pour la psychanalyse, si l’enseignement de Dolto a été tant discuté et disputé, c’est qu’elle pose la question même de l’autorité. « Comment concevoir l’autorité si on supprime l’humiliation et la peur ? Pas si simple. » Qu’est ce que l’autorité sans l’autoritarisme ? Le questionnement n’est pas seulement éducatif, il traverse la société à l’orée des années 2000 : la « perte de l’autorité » devient une angoisse collective, Françoise Dolto en porterait le chapeau. A la fin des années 90, le pédiatre Aldo Naouri défend la place et l’autorité du père dans une société menacée par la surpuissance des mères, quand au début des années 2000, le psychologue Didier Pleux, coauteur du Livre noir de la #psychanalyse (les Arènes, 2005) accuse Dolto d’une « psychanalysation » de l’éducation. Trente ans plus tard, les deux même reprennent le combat dans le Point de cette semaine. Pour Naouri, les « enfants-tyrans », c’est bien son œuvre. Pour Didier Pleux, elle est à l’origine de la disparation des interdits réels et des contraintes. « Un retour en force des théories réactionnaires concernant l’enfant et plus largement un retour en force de la pensée réactionnaire, incarnée notamment par le philosophe Alain Finkielkraut, stigmatise encore plus l’apport fondamental de Dolto », analyse l’historienne Manon Pignot.

    Pour comprendre cet avant-après Dolto, il faut le replacer dans la France des années 50 où l’éducation se fait encore au martinet, où l’enfant est encore considéré comme un être inabouti, souvent mis de côté. « Je préconise, écrit-elle, l’abandon de la médecine que j’appelle « vétérinaire », telle que je la vois pratiquer quand il s’agit d’enfants. Je préconise l’abandon du dressage au cours du premier âge en lui substituant le respect dû à un être humain réceptif du langage » (3). Pour elle comme pour Lacan, la loi de l’homme est la loi du langage à laquelle parents et enfants sont soumis. « Etre de communication, l’enfant a droit au respect comme à la vérité de son histoire, aussi douloureuse soit-elle », rappelle Caroline Eliacheff. Peu à peu, une révolution s’opère dans les têtes. « Elle a aidé le XXe siècle à mieux élever les enfants », juge l’essayiste dans son livre.

    « Idées suspectes de communisme »

    On comprend le pouvoir polémique et dérangeant des théories de Dolto sur un sujet aussi sensible que l’avenir du petit de l’homme. Libre et sûre d’elle, novatrice, elle prend des libertés par rapport à sa discipline et déploie des méthodes qui sont fortement critiquées par l’institution psychanalytique. En 1963, Françoise Dolto est exclue de tout enseignement par l’Association psychanalytique internationale (API) - le célèbre pédiatre et psychanalyste anglais Donald Winnicott n’y est pas étranger, souligne Caroline Eliacheff dans son livre. Les reproches sont édifiants. Trop « intuitive », elle provoque un « transfert sauvage » sur sa personne en s’adressant au public. Pire, elle a des « idées sociales derrière [sa] recherche de prévention qui nous paraissent suspectes de communisme. […] Ne formez plus de jeunes ! » lui enjoint l’API.

    « Génération Dolto »

    Car Françoise Dolto est une « psychanalyste dans la cité », selon les mots de Caroline Eliacheff. « Elle s’est inscrite dans le social comme peu de ses confrères l’ont fait, s’adressant avec constance au plus grand nombre, à ceux qui sont aux prises avec la vie réelle, qu’ils soient professionnels ou parents. » Ce sera la fameuse émission, devenue culte, Lorsque l’enfant paraît à laquelle elle participe sur France Inter de 1976 à 1978, animée par le jeune Jacques Pradel ! Un succès fulgurant. « Ces émissions sont arrivées au moment où, dans l’après-68, les parents voulaient élever différemment leurs enfants. Elle a modifié radicalement leur vision, ils étaient prêts à l’entendre », explique Caroline Eliacheff. Sa voix, tranquille et déterminée, décrivant des cas concrets de difficultés éducatives, bouleverse un ordre établi depuis des générations. « Chaque après-midi, souligne Claude Halmos, elle met à mal la hiérarchie communément admise entre un enfant posé comme psychologiquement sous-développé ("tu comprendras plus tard", "tu parleras quand tu seras grand") et un adulte qui lui serait par essence supérieur. » D’une certaine façon, tous ceux nés depuis les années 70 sont des enfants Dolto. Sans vraiment s’en rendre compte ? « Les trentenaires ne savent pas ce qu’ils lui doivent, remarque Caroline Eliacheff, alors que leurs parents sont de la "génération Dolto" qui l’a écoutée à la radio et a essayé tant bien que mal de "faire du Dolto". »

    « A la limite de la prémonition »

    Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de méthode doltoienne. Elle ne donnait pas de conseils, elle ne voulait pas être un gourou, les parents devaient trouver la solution eux-mêmes. A la fin des années 70, la psychanalyste aux immenses lunettes qui lui mangent le visage devient une institution. Au faîte de sa notoriété, sa fille Catherine l’appelle le « grand Bouddha vivant ». Elle fascine, trop sûrement. L’animateur Jacques Pradel, qui présente son émission sur France Inter, se souvient d’une « fulgurance à la limite de la prémonition » (Télérama, 2008). Cette qualité lui vient d’une particularité tout à fait étonnante : en grandissant, l’humain perd généralement son rapport à l’enfance, elle non. Son écoute exceptionnelle devient, chez les professionnels, légendaire. « Elle avait cette capacité - unique - d’écouter les enfants comme si elle était elle-même encore une enfant, explique Claude Halmos, qui a travaillé avec elle. Cette faculté d’entendre l’importance et le sens du moindre de leurs gestes et de leurs phonèmes. Ce talent singulier lui a permis de reconstituer avec précision ce que chaque étape de leur développement leur faisait éprouver dans leur corps et leur tête. Ce qu’à chaque moment de leur vie ils pouvaient, à l’insu des adultes, sentir, penser, imaginer. » Pour la psychanalyste, la grande œuvre de Dolto est d’avoir constitué, telle une ethnologue, « une encyclopédie de la clinique de l’enfant » tout à fait inédite. « Je m’y réfère encore aujourd’hui, ces observations sont toujours aussi justes, estime la spécialiste. Grâce à cet apport considérable sur le bébé et son évolution, elle a posé une théorie de la construction de l’enfant. Et chaque étape, comme le sevrage du sein ou du biberon, se passe seulement au prix d’un manque, d’une perte à la fois pour l’enfant et pour le parent ; voilà pourquoi c’est si difficile. »

    Paradoxalement, s’adressant au plus grand nombre, elle « est peu reconnue comme théoricienne », souligne Caroline Eliacheff. Si on salue le génie clinique de la femme, on souligne souvent sa faiblesse théorique. « Elle a constitué une théorie au ras de son expérience, explique Claude Halmos. Mais elle n’a pas réellement conceptualisé et généralisé ce savoir. Son travail s’est surtout diffusé par sa parole, sur sa personnalité et cela s’efface. » Via la supervision, elle a formé des légions de psychanalystes et son séminaire sur le dessin d’enfant était une institution où se rendaient également des juges, des assistantes sociales… Psychanalyste dans la cité, elle crée le concept des Maisons vertes, sas inédit entre la famille et la société, avant l’entrée à l’école maternelle. Elle est celle qui donne « un statut social » à l’enfant, estime Claude Halmos.

    Pionnière et innovante, elle s’est faite, comme souvent pour ces femmes exceptionnelles, hors des circuits académiques. Médecin de formation, elle n’a pas suivi de carrière hospitalo-universitaire, qui est le temple de la transmission du savoir et la renommée. Sur les bancs de la fac aujourd’hui, elle est moins enseignée qu’un Lacan qui a davantage intellectualisé son savoir. Pourtant, Lacan et Dolto « vont ensemble » : ils participent de la même aventure intellectuelle, rappelle l’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco (4). « Françoise Dolto est la deuxième grande figure du freudisme français. Elle a réinventé l’approche psychanalytique des enfants, après Melanie Klein et Anna Freud. Amie de #Lacan avec lequel elle a fondé l’Ecole freudienne de Paris (1964), elle formait avec lui un couple flamboyant. Elle était à l’écoute de tout ce qu’il y avait d’infantile en lui mais elle s’inspirait de son génie théorique. Beaucoup de psychanalystes de ma génération ont été analysés ou supervisés par l’un et par l’autre. Autant Lacan est un maître à penser dont l’œuvre est traduite et commentée dans le monde entier, autant Dolto, qui était en France bien plus populaire que lui, est restée plus "terroir". » Manque aussi un travail biographique de référence qui la ferait exister historiquement et internationalement. « Dans le monde anglophone, elle a peu d’audience, précise Elisabeth Roudinesco. Son œuvre est très peu traduite et le fait qu’il n’existe aucune biographie est un vrai handicap. Il faudra qu’un jour un historien se mette au travail, sinon elle n’aura guère d’héritiers. »

    Loin des polémiques idéologiques, l’enjeu aujourd’hui est de « mettre en histoire » une femme qui a été médecin, analyste, auteure, investie dans la société. Chargé d’études documentaires aux Archives nationales, Yann Potin a convaincu l’institution et les ayants droit - dont sa fille Catherine Dolto - d’accueillir les archives de la thérapeute. « Le fonds est en cours de classement, explique l’historien. Il existe très peu d’archives de psychanalystes et plus encore de praticiens, il s’agit là d’un fonds scientifique d’une œuvre multiple et singulière. Il y a aussi bien les lettres reçues dans le cadre de l’émission Lorsque l’enfant paraît que les dossiers de suivi des enfants qu’elle recevait à sa consultation gratuite à Trousseau. Le but fondamental de la création de ce fonds aux Archives nationales est qu’il soit partageable et étudiable dans les années à venir. »

    Une personnalité complexe

    Si Catherine Dolto et les éditions Gallimard ont déjà publié une partie importante de ses archives, comme sa correspondance, notamment avec Lacan, une nouvelle génération de chercheurs devrait renouveler l’approche historique de la psychanalyste. « Depuis quelque temps, on s’intéresse autrement à elle, rappelle Yann Potin. On la redécouvre : née en 1908, elle n’a que peu de choses à voir avec 1968. Plus généralement travailler sur Dolto, c’est recourir à l’histoire de l’enfance, de l’éducation et de la médecine. Pas seulement de la psychanalyse. » Le livre que sortiront l’archiviste et l’historienne Manon Pignot chez Gallimard le 24 octobre participe de ce renouveau historiographique : à travers les lettres que la petite Françoise envoie à son parrain, jeune officier de la guerre de 14 et mort au front en 1916, ils retracent cette expérience inédite d’être, malgré son jeune âge, « marraine de guerre ». Un travail d’enquête sur l’enfance face à la guerre et sa violence, une expérience qui marquera à jamais la psychanalyste. Mais ces archives sont aussi plus heureuses. Elles comptent par exemple les dessins des trois enfants de Françoise Dolto, soigneusement classés et annotés. Ainsi y retrouve-t-on les œuvres du petit Jean-Chrysostome, devenu Carlos, chanteur à succès des années 70 avec son énorme Big bisous…

    Issue d’une famille catholique de droite, Françoise Dolto est cette femme complexe qui allie réflexes traditionnels liés à son milieu bourgeois et à son époque, élans libertaires, foi chrétienne et défense des écoles alternatives. Dans quelques années, une biographie rappellera sûrement la façon dont un jour, lors d’un premier entretien avec un enfant de 3 ans, elle s’était présentée : « Je suis madame Dolto. Je suis psychanalyste et je dis la vérité de la vie aux enfants. »

    (1) Françoise Dolto : une journée particulière, Flammarion, 2018.
    (2) Auteure de Dessine-moi un enfant, Livre de poche. Elle publie dans Psychologies magazine de septembre un article titré : « Françoise, reviens ! Ils sont devenus fous… »
    (3) Citation tirée de Françoise #Dolto : une journée particulière, Flammarion, 2018.
    (4) Auteure du Dictionnaire amoureux de la psychanalyse, Plon, 2017.
    Cécile Daumas

    Lien déjà mis par ailleurs mais je mets la totalité de l’article en question pour ceux qui ne peuvent aller le lire directement.
    #enfants

  • Comment aider nos enfants à s’informer - La Croix
    https://www.la-croix.com/Famille/Parents-et-enfants/Comment-aider-nos-enfants-a-sinformer-2017-12-05-1200897192?from_univers=l

    Comme le constate Anne Cordier, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, certains parents privilégient, pour partager l’info télévisée, le « replay », qui permet d’arrêter le journal pour expliquer ou discuter, ou bien de sauter des passages non appropriés. « Certains regardent même le ”JT” une première fois avant d’en montrer des fragments à leur enfant. » Dans un contexte d’individualisation des pratiques, beaucoup de jeunes vont certes progressivement s’affranchir du mode d’information qui prévaut dans la famille. « Mais l’essentiel, c’est de leur avoir donné des repères », soutient Anne Cordier.

    Partir des questions des enfants

    Pour ce faire, Agnès Barber, rédactrice en chef de 1 jour 1 actu, conseille aux parents d’adopter un principe qui préside à la rédaction de son magazine, destiné aux 8-13 ans : « Partir des questions des enfants, de ce qu’ils ont lu, vu, entendu, imaginé. » L’adulte doit aussi « jouer le rôle d’un filtre, qui laisse passer ce qu’ils sont en mesure de recevoir et de comprendre ». Pas toujours facile… Et si, à l’heure du petit déjeuner, l’enfant entend à la radio une information qui l’interpelle, ou si papy n’a pas changé de chaîne lorsqu’un reportage de guerre passait au « JT », il faut lui apporter des réponses.

    « Abonner son enfant à un magazine d’actualité est une bonne piste, à condition que sa lecture ne soit pas présentée comme une contrainte, quasi scolaire, mais comme un plaisir », glisse Anne Cordier. « Et cela dépendra notamment du rapport que les parents eux-mêmes entretiennent à l’information », fait-elle remarquer.
    Ne pas juger les pratiques d’information de son enfant

    Un autre écueil consiste à juger les pratiques d’information de son enfant. « Il faut s’y intéresser, pour l’amener progressivement à se poser les bonnes questions. On peut aussi lui expliquer que les algorithmes des moteurs de recherche nous proposent des informations en fonction de nos précédentes requêtes, que les réseaux sociaux, eux aussi, ont tendance à réduire notre horizon de pensée », conseille cette universitaire.

    Le défi consiste à éveiller un esprit critique, une capacité à prendre du recul pour aborder l’actualité, sans verser pour autant dans une méfiance généralisée vis-à-vis des médias traditionnels. On peut également opérer un détour par des situations du quotidien, suggère la psychanalyste Claude Halmos (1).

    « Ce n’est pas parce qu’un professeur a commis une injustice qu’il est par nature injuste ni, a fortiori, que tous ses collègues le sont aussi. De la même façon, il faut se garder de mettre tous les journalistes dans le même sac, de les considérer comme les membres d’un vaste complot, ce qui nous dispenserait de réfléchir », dit-elle. Et pour faire saisir à son enfant qu’il est utile de confronter différentes sources si l’on veut bien s’informer, on peut prendre l’exemple d’une banale dispute dans la cour de récréation. « Trois élèves en sont témoins. Chacun, en fonction de sa sensibilité, en fera un récit différent. Tout comme trois journaux traiteront différemment la même info », poursuit-elle.

    Cette éducation aux médias et à la complexité est essentielle, plaide Anne Cordier. « Il faut montrer à nos enfants qu’informer et s’informer est un droit, qui n’est pas garanti partout dans le monde. On doit aussi leur faire comprendre, d’un point de vue plus personnel, que l’info est une arme pacifique qui permet, pour reprendre leur expression, de ne pas “se faire avoir” »

    #Education #Education_medias #Pratiques_culturelles #Journalisme

  • Souffrances du chômage : Sophie témoigne | La revue de presse
    http://www.actuchomage.org/2014102626312/La-revue-de-presse/les-souffrances-du-chomage-sophie-hancart-temoigne.html
    http://www.dailymotion.com/video/x28ohk2_les-souffrances-du-chomage-temoignage-de-sophie-hancart-sur-fra

    Depuis toujours, nous savons que le #chômage est une source de terribles souffrances physiques et psychologiques qui peuvent conduire à la dépression et au suicide.

    Alors que les grands médias évoquent régulièrement les #traumatismes liés à la vie professionnelle (stress, burn-out, harcèlements…), peu s’intéressent aux conséquences du chômage sur la #santé de celles et ceux qui en sont victimes.

    • Lors de son journal télévisé, dimanche 26 octobre, France 2 a donné la parole à deux chômeuses et à la psychanalyste Claude Halmos. Une fois n’est pas coutume !

      Merci @monolecte : je voulais retrouver justement la trace de ce super reportage vu par hasard sur le JT de France2 lundi soir (cadeau providentiel, je n’avais pas regardé de JT depuis 3 mois..)
      A conserver et à dégainer à tous les blaireaux qui s’offusquent des stats sur le chômage et qui trouvent scandaleux que 1 chomeur sur 5 ne cherche pas de boulot.
      Je leur rétorque que moi je trouve terrifiant et inhumain que 4 chômeurs sur 5 s’épuisent à chercher du boulot alors qu’il n’y en a pas...

  • Claude Halmos : « Les Français sont frappés par une grave #crise psychologique » - 20minutes.fr
    http://www.20minutes.fr/economie/1458599-20141013-claude-halmos-francais-frappes-grave-crise-psychologique

    Savez-vous qu’une psychothérapeute participe au procès Xynthia pour assister les victimes mais aussi les magistrats ? C’est très bien mais, chaque mois, des milliers de personnes perdent leur travail et, avec lui, une partie de leurs revenus et leur statut social, et personne ne s’en préoccupe. Ils vivent pourtant un #traumatisme profond. Comme les #enfants maltraités, ces personnes finissent par penser qu’elles sont un peu responsables de ce qui leur arrive. C’est faux : elles sont des victimes de la #guerre économique et elles devraient être traitées comme ceux qui reviennent du front, avec compassion.

    #économie

    • Cette crise, nous ne la voyons pas, nous ne la soignons pas, mais elle crée des ravages terribles. Dans notre pays, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Que vont devenir ces 2,7 millions d’êtres humains ? Ne pas tout avoir lorsque l’on est enfant est structurant. Mais ne rien avoir ne l’est pas. Grandir dans une famille où un yaourt à la fraise est un luxe, quelle idée de la vie cela vous donne-t-il ?

      #enfants #pauvreté

    • Les Français ? Mais pas que ... Je pense que la baisse de moral est généralisée du moins dans les pays européens, surtout ceux qui ont eu à subir les foudres de la « Main Invisible » (pour reprendre un concept cher à certains économistes).
      Tiens ce matin, je lisais que les dépressions à répétition impactent durablement le cerveau.
      http://www.pourquoidocteur.fr/Les-depressions-a-repetition-laissent-des-cicatrices-au-cerveau-8256
      C’est ce que j’appelle enfoncer des portes ouvertes

      Quant à l’auteur de l’article linké par @monolecte, qui dit que :

      Il faut arrêter avec ces psys qui nous vendent du bonheur et de l’épanouissement personnel, le temps est au combat et à la solidarité.

      , il retrouve le chemin de deux valeurs qui se sont dissoutes dans le consumérisme.
      En fait, c’est la violence sociale qui impacte durablement le cerveau. N’est-il pas grand temps que la peur change de camp et que, au lieu de subir cette violence, nous l’exercions contre l’oligarchie mondialisée ?