La Résistance palestinienne est une icône pour tous ceux qui aspirent à la liberté
Susan Abulhawa / Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach
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« Que feriez-vous ? »
Les médias occidentaux continuent de présenter la tuerie hystérique perpétrée par Israël comme de l’auto-défense. Des sommes énormes ont été dépensées pour des campagnes de propagande avec des images de roquettes pleuvant sur des villes occidentales et accompagnées d’une légende : « Que feriez-vous ? » En effet, je voudrais poser la question : « Que feriez-vous ? » si une occupation militaire oppressante vous maintenait vous et tous ceux que vous aimez enfermés dans une petite enclave, de sorte qu’il soit interdit d’entrer aux produits et biens les plus élémentaires pour vivre ? Lorsque vous ne pouvez pas partir, ni même espérer partir, jamais ? Lorsque les navires de guerre vous tirent dessus et coulent votre bateau si vous essayez de pêcher dans la mer qui appartient à Dieu ? Où si vous deviez creuser des tunnels sous la terre et ramper dans des conditions dangereuses, comme des rongeurs, pour faire passer des livres, des couches, des pâtes et des crayons ?
Lorsque vous êtes soumis à des assassinats ciblés, des bombardements réguliers, de l’eau potable polluée, des enlèvements et des arrestations arbitraires ? Que feriez-vous si vous étiez soumis à des raids de nuit, des points de contrôle sans fin et le harcèlement quotidien et constant des soldats et des colons enragés de Brooklyn qui viennent réclamer votre maison parce que, parait-il, Dieu les aime plus que vous ? Que feriez-vous si votre fils avait été contraint d’avaler de l’essence, puis brûlé vif parce qu’il est né dans votre famille, laquelle est, selon les lois de l’État oppresseur, indigne de jouir de l’égalité des droits. Une sorte d’humain inférieur avec un dieu de second rang.
Que feriez-vous si vous deviez passer deux heures à faire un voyage qui devrait normalement prendre 10 minutes, parce que vous n’êtes pas autorisé à voyager par certaines routes ? Si la couleur de votre carte d’identité ne vous permet de circuler que dans un faible rayon et que vous serez emprisonné si vous sortez de l’espace réduit qui vous est alloué ? Que feriez-vous si vous ne pouviez pas travailler, si vous étiez empêché d’aller prier dans votre ville sainte qui est à seulement 10 minutes de chez vous ? Que feriez-vous si vos enfants, dès l’âge de 10 ans, étaient enlevés par des soldats lourdement armés pour être interrogés, seuls, emprisonnés, torturés, forcés à signer des aveux dans une langue qu’ils ne peuvent pas lire ni comprendre, puis emprisonnés par les tribunaux militaires ? Que feriez-vous si les oliveraies ancestrales de votre famille avaient été confisquées par l’État ou brûlées par des colons illégaux, votre vie et votre histoire rayées de la carte ?
Que feriez-vous si vous aviez été expulsé de votre maison et poussé dans un camp de réfugiés afin que des Juifs venus de partout dans le monde puissent prendre votre place et avoir un pays de plus, avec une double nationalité, une dans leur pays d’origine et une dans le vôtre ? Que feriez-vous si l’ensemble de votre nation était terrorisée et brutalisés parce que quelqu’un a tué trois colons juifs, pour lesquels aucune preuve n’a jamais été présentée et aucun procès conduit ? Si les dirigeants de cette occupation militaire, dans les plus hautes fonctions, appellent à verser votre sang et le sang de vos enfants, qu’ils appellent « petits serpents », et que leurs intellectuels appellent au viol de vos mères et vos sœurs pour dissuader votre tendance naturelle qui est de vous battre pour résister ?
Ne souhaiterez-vous lancer des pierres et des cocktails Molotov à leurs blindés ? Ne souhaiteriez-vous pas tirer des roquettes sur leur dôme de fer ? Ne voudriez-vous pas marcher chaque semaine, pacifiquement, contre la construction du mur en béton qui traverse votre village ? Ne souhaiteriez-vous pas boycotter, désinvestir et sanctionner ? Souhaiteriez-vous négociez avec vos bourreaux la liberté et tout ce qui est non-négociable ? Voudriez-vous plaider auprès des Nations Unies ? Aller au tribunal international ? Rédiger des essais de ce genre destinés à tomber dans des oreilles de sourds ?
Le droit de résister
Les Palestiniens ont tout fait. Nous choisissons la résistance, toujours, sous toutes ses formes. Nous résistons parce que c’est notre droit. Parce que nous sommes les natifs de cette terre et que nous n’avons nulle part ailleurs où aller. Parce que nos parents, grands-parents, arrière-grands-parents et encore bien d’autres avant eux sont enterrés dans ce sol. Parce que nous avons raison et que notre cause est juste. Nous résistons passivement et activement. Nous résistons violemment et de manière non violente. Il est de notre droit légal et moral de résister avec les moyens dont nous disposons contre ce qui a été nommé fort justement le « génocide incrémentale. »
Nous avons tout essayé pour gagner la plus simple des dignités humaines. Nous avons renoncé à notre droit juridique, historique, moral, culturel, ethnique sur 78% de la Palestine historique pour former un État sur les 22% restants, sur lesquels Israël ne peut pas demander un iota de souveraineté. Mais Israël n’a jamais agi de bonne foi, choisissant plutôt de coloniser plus de la moitié de ce territoire dans le laps de temps où nous avons tenté de négocier l’indépendance. Aujourd’hui, certains Palestiniens ont choisi de reprendre les armes.
Bien que les roquettes lancées depuis Gaza soit avant tout des pétards qui ne nuisent à personne, les envoyer est parfaitement logique. Si cette perturbation minimale de normalité dans la vie des Israéliens est tout ce que nous pouvons faire, alors c’est ce que nous devions faire. Si le maximum que les Palestiniens puissent faire est de rendre malaisé pour un couple d’Israéliens de profiter d’une journée à la plage, d’aller dans une salle de gym ou un café pendant que leur armée déchiquète les corps de nos enfants à l’extérieur, alors c’est ce que nous devions faire. Ces roquettes sont des affirmations symboliques et radicales de la volonté inflexible d’un peuple autochtones à vivre avec dignité dans sa patrie ancestrale. Ce sont des actes minimum d’auto-défense d’un peuple contre qui des crimes innommables n’ont jamais cessé depuis plus de 60 ans.
Il y a des gens dans le monde qui comprennent ce que je dis. Des gens qui ont vécu sous les terribles, cruelles, humiliantes bottes d’un autre peuple. Des gens qui rêvaient et languissaient pour le doux souffle de la liberté et de la justice. Qui ont dû se battre et mourir pour cette liberté contre une force militaire très supérieure. C’est pourquoi l’Afrique du Sud est avec nous. Pourquoi les Irlandais sont avec nous. Pourquoi la Bolivie, le Venezuela, le Chili, Cuba, la République démocratique du Congo, et d’autres sont avec nous. Les sociétés civiles, à défaut des gouvernements, dans toutes les parties du monde sont avec nous. Nous disons, merci ! À vous, nos frères et sœurs. Merci pour votre solidarité. Nous ne l’oublierons pas.