person:claude zurbach

  • La Résistance palestinienne est une icône pour tous ceux qui aspirent à la liberté
    Susan Abulhawa / Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article14786

    « Que feriez-vous ? »

    Les médias occidentaux continuent de présenter la tuerie hystérique perpétrée par Israël comme de l’auto-défense. Des sommes énormes ont été dépensées pour des campagnes de propagande avec des images de roquettes pleuvant sur des villes occidentales et accompagnées d’une légende : « Que feriez-vous ? » En effet, je voudrais poser la question : « Que feriez-vous ? » si une occupation militaire oppressante vous maintenait vous et tous ceux que vous aimez enfermés dans une petite enclave, de sorte qu’il soit interdit d’entrer aux produits et biens les plus élémentaires pour vivre ? Lorsque vous ne pouvez pas partir, ni même espérer partir, jamais ? Lorsque les navires de guerre vous tirent dessus et coulent votre bateau si vous essayez de pêcher dans la mer qui appartient à Dieu ? Où si vous deviez creuser des tunnels sous la terre et ramper dans des conditions dangereuses, comme des rongeurs, pour faire passer des livres, des couches, des pâtes et des crayons ?

    Lorsque vous êtes soumis à des assassinats ciblés, des bombardements réguliers, de l’eau potable polluée, des enlèvements et des arrestations arbitraires ? Que feriez-vous si vous étiez soumis à des raids de nuit, des points de contrôle sans fin et le harcèlement quotidien et constant des soldats et des colons enragés de Brooklyn qui viennent réclamer votre maison parce que, parait-il, Dieu les aime plus que vous ? Que feriez-vous si votre fils avait été contraint d’avaler de l’essence, puis brûlé vif parce qu’il est né dans votre famille, laquelle est, selon les lois de l’État oppresseur, indigne de jouir de l’égalité des droits. Une sorte d’humain inférieur avec un dieu de second rang.

    Que feriez-vous si vous deviez passer deux heures à faire un voyage qui devrait normalement prendre 10 minutes, parce que vous n’êtes pas autorisé à voyager par certaines routes ? Si la couleur de votre carte d’identité ne vous permet de circuler que dans un faible rayon et que vous serez emprisonné si vous sortez de l’espace réduit qui vous est alloué ? Que feriez-vous si vous ne pouviez pas travailler, si vous étiez empêché d’aller prier dans votre ville sainte qui est à seulement 10 minutes de chez vous ? Que feriez-vous si vos enfants, dès l’âge de 10 ans, étaient enlevés par des soldats lourdement armés pour être interrogés, seuls, emprisonnés, torturés, forcés à signer des aveux dans une langue qu’ils ne peuvent pas lire ni comprendre, puis emprisonnés par les tribunaux militaires ? Que feriez-vous si les oliveraies ancestrales de votre famille avaient été confisquées par l’État ou brûlées par des colons illégaux, votre vie et votre histoire rayées de la carte ?

    Que feriez-vous si vous aviez été expulsé de votre maison et poussé dans un camp de réfugiés afin que des Juifs venus de partout dans le monde puissent prendre votre place et avoir un pays de plus, avec une double nationalité, une dans leur pays d’origine et une dans le vôtre ? Que feriez-vous si l’ensemble de votre nation était terrorisée et brutalisés parce que quelqu’un a tué trois colons juifs, pour lesquels aucune preuve n’a jamais été présentée et aucun procès conduit ? Si les dirigeants de cette occupation militaire, dans les plus hautes fonctions, appellent à verser votre sang et le sang de vos enfants, qu’ils appellent « petits serpents », et que leurs intellectuels appellent au viol de vos mères et vos sœurs pour dissuader votre tendance naturelle qui est de vous battre pour résister ?

    Ne souhaiterez-vous lancer des pierres et des cocktails Molotov à leurs blindés ? Ne souhaiteriez-vous pas tirer des roquettes sur leur dôme de fer ? Ne voudriez-vous pas marcher chaque semaine, pacifiquement, contre la construction du mur en béton qui traverse votre village ? Ne souhaiteriez-vous pas boycotter, désinvestir et sanctionner ? Souhaiteriez-vous négociez avec vos bourreaux la liberté et tout ce qui est non-négociable ? Voudriez-vous plaider auprès des Nations Unies ? Aller au tribunal international ? Rédiger des essais de ce genre destinés à tomber dans des oreilles de sourds ?

    Le droit de résister

    Les Palestiniens ont tout fait. Nous choisissons la résistance, toujours, sous toutes ses formes. Nous résistons parce que c’est notre droit. Parce que nous sommes les natifs de cette terre et que nous n’avons nulle part ailleurs où aller. Parce que nos parents, grands-parents, arrière-grands-parents et encore bien d’autres avant eux sont enterrés dans ce sol. Parce que nous avons raison et que notre cause est juste. Nous résistons passivement et activement. Nous résistons violemment et de manière non violente. Il est de notre droit légal et moral de résister avec les moyens dont nous disposons contre ce qui a été nommé fort justement le « génocide incrémentale. »

    Nous avons tout essayé pour gagner la plus simple des dignités humaines. Nous avons renoncé à notre droit juridique, historique, moral, culturel, ethnique sur 78% de la Palestine historique pour former un État sur ​​les 22% restants, sur lesquels Israël ne peut pas demander un iota de souveraineté. Mais Israël n’a jamais agi de bonne foi, choisissant plutôt de coloniser plus de la moitié de ce territoire dans le laps de temps où nous avons tenté de négocier l’indépendance. Aujourd’hui, certains Palestiniens ont choisi de reprendre les armes.

    Bien que les roquettes lancées depuis Gaza soit avant tout des pétards qui ne nuisent à personne, les envoyer est parfaitement logique. Si cette perturbation minimale de normalité dans la vie des Israéliens est tout ce que nous pouvons faire, alors c’est ce que nous devions faire. Si le maximum que les Palestiniens puissent faire est de rendre malaisé pour un couple d’Israéliens de profiter d’une journée à la plage, d’aller dans une salle de gym ou un café pendant que leur armée déchiquète les corps de nos enfants à l’extérieur, alors c’est ce que nous devions faire. Ces roquettes sont des affirmations symboliques et radicales de la volonté inflexible d’un peuple autochtones à vivre avec dignité dans sa patrie ancestrale. Ce sont des actes minimum d’auto-défense d’un peuple contre qui des crimes innommables n’ont jamais cessé depuis plus de 60 ans.

    Il y a des gens dans le monde qui comprennent ce que je dis. Des gens qui ont vécu sous les terribles, cruelles, humiliantes bottes d’un autre peuple. Des gens qui rêvaient et languissaient pour le doux souffle de la liberté et de la justice. Qui ont dû se battre et mourir pour cette liberté contre une force militaire très supérieure. C’est pourquoi l’Afrique du Sud est avec nous. Pourquoi les Irlandais sont avec nous. Pourquoi la Bolivie, le Venezuela, le Chili, Cuba, la République démocratique du Congo, et d’autres sont avec nous. Les sociétés civiles, à défaut des gouvernements, dans toutes les parties du monde sont avec nous. Nous disons, merci ! À vous, nos frères et sœurs. Merci pour votre solidarité. Nous ne l’oublierons pas.

    #résistance_palestinienne

  • Gaza, pulvérisée, est devenue méconnaissable
    par Mohammad Omer / 27 juillet 2014 - Middle East Eye / Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article14774

    « Soit vous me donnez les corps de mes deux frères afin que je puisse les enterrer, soit vous me dites qu’ils sont vivants, et je peux les embrasser », crie une femme alors qu’elle cherche ses deux frères dans Shejaiya, à l’est de la ville de Gaza pendant la courte trêve humanitaire.

    Elle n’est pas seule dans sa quête désespérée de ses proches - la quête prend des heures au milieu de l’odeur collante de la mort et de la chair brûlée qui remplit les ruines et les décombres de ce qui était il y a encore peu des maisons familiales. Pendant la trêve, 155 corps ont été retrouvés dans la bande de Gaza ce samedi. Toutes ces victimes sont les résultats des derniers bombardements israéliens.

    Ahmed Al-Hassan, âgé 32 ans, est un parmi d’autres à la recherche de proches disparus dans le quartier Shejaiya. Il est à la recherche de ses oncles avec lesquels il a perdu tout contact il y a plus de deux semaines.

    Al-Hassan était ici il y a un mois, mais rien de ce qu’il voit aujourd’hui ne ressemble à ce dont il se souvient avant que les missiles israéliens n’aient commencé à tomber.

    « Je ne peux pas dire quelle partie était la rue et laquelle était la maison, » dit-il tout en marchant avec précaution sur l’énorme tas de gravats, pour voir s’il peut trouver quelqu’un, de vivant ou de mort.

    Les équipes de secours utilisent des masques, mais malgré cela l’odeur est très forte. Les ambulances ont enfin pu se rendre sur place alors qu’auparavant Israël les en avait empêchées. Sept médecins ont été tués, tandis que de nombreux autres ont été blessés. Certains corps se trouvent encore ici quelques jours après, tandis que d’autres ont été transportés à la morgue de l’hôpital dans des sacs contenant les morceaux collectés dans la rue où ils ont été tués par des missiles israéliens.

    Al-Hassan continue en marchant lentement à travers ce qui reste des maisons détruites par les avions F-16, les drones ou les obus de chars et de mortiers israéliens. « C’est une tragédie du siècle, et le monde est en train de laisser Israël s’en tirer impuni », dit-il, tout en retirant une copie brulée du Saint Coran dans les ruines d’une maison.

    « Voyez, même les sites sacrés et les mosquées sont bombardés ... Ici, regardez, c’est là que j’ai l’habitude de prier lorsque je rendais visite à ma grand-mère, je reconnais l’endroit » ajoute-t-il, les yeux fatigués et son visage couvert de poussière alors qu’il poursuit sa recherche à travers la destruction de tout ce qu’il peut reconnaître.

    Il est à même d’identifier un morceau de mosaïque de la mosquée.

    Il n’arrive pas à retrouver le pilier de pierre au milieu de la maison de ses oncles, le petit jardin à l’entrée, ni la porte de couleur argentée dont il se souvient depuis l’enfance. Seules deux choses demeurent : les ruines de maisons détruites et l’odeur de la mort qui les accompagnent. Il continue sa recherche des dépouilles, conformément avec la tradition islamique qui exige que les morts soient enterrés rapidement, ce qui est la façon de leur rendre un dernier hommage. Cette pratique est partagée avec les croyants dans la foi juive.

    « Mais ils ne permettront pas à Gaza cette dignité humaine et spirituelle », dit Al-Hassan. « Dieu a créé les êtres humains pour qu’ils soient traités de façon égale et digne. Mais à Gaza, même notre mort perd dignité et respect, et est humiliée par les occupants israéliens », dit-il encore.

    Toujours confus, essayant de retrouver le plan de la maison tel qu’il l’avait dans sa mémoire et de faire le lien avec les décombres autour de lui, il dit : « Je pense que c’est là que mes enfants avaient l’habitude d’aller. Ce lieu était rempli d’amour et de souvenirs chaleureux ».

    Al-Hassan devra s’adapter à la nouvelle réalité, mais à chaque fois que les équipes de secours crient qu’ils ont trouvé des corps, dont ils reconnait certains comme étant les voisins de sa grand-mère, il connait un terrible accès de tristesse. Les odeurs autour de Al Hassan deviennent plus fortes.
    (...)
    Quand Abu Hussein retrouve enfin ce qu’il pense avoir été son domicile, il tombe en état ​​de choc.

    Il dit ce que c’est comme un ouragan provoqué par les Israéliens. Il n’a reçu aucun avertissement d’Israël avant l’attentat. C’est juste arrivé.

    Maintenant, les cadavres sont sous les immeubles et les services de santé sont appelés en toute première priorité à nettoyer ce qui est possible, de manière à éviter que la crise humanitaire et la catastrophe humaine ne s’aggravent.

    Cependant, pour Abu Hussein, il n’a plus grand-chose, pas même une pièce d’identité qu’il puisse utiliser pour prouver qu’il a une fois vécu ici.

    Telle est la réalité immédiate, il ne peut pas la changer - son héritage est une maison en ruines et sa famille est sans-abri. Beaucoup d’autres autour de lui doivent faire face à la même horreur et s’en arranger de la meilleure façon possible.

    « Il y a des matelas que mes enfants utilisaient pour dormir », dit un voisin d’Abou Hussein.

    « Mais chaque fois que nous les Palestiniens sommes martyrisés, nous nous rétablissons nous-mêmes, sous l’occupation israélienne, et nous continuons à vivre du mieux que nous pouvons. Cette fois, la Résistance est forte et nous devons nous appuyer sur elle au lieu de compter sur les dirigeants d’un monde bancal. »

    Beaucoup de gens pleurent autour de lui tandis que d’autres s’effondrent après avoir vu des corps tirés doucement des décombres, pulvérisés delà de toute reconnaissance possible.

    Un voisin d’Abou Hussein nous dit : « Les maisons peuvent être reconstruites, si Israël permet que les matériaux de construction entrent dans la bande de Gaza ». Mais il ne s’attend pas à ce que cela se produise.

    « Si nous pouvions transformer les os de notre corps en ponts vers notre liberté, nous le ferions pour échapper à ce funeste siège israélien . »

  •  Gaza se noie sous les eaux usées et les conspirations
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article14225
    Ramzy Baroud - 27 novembre 2013 - The Palestine Chronicle - Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach

    Photo : Reuters/Mohammed Salem

    Cette fois-ci, la punition collective appliquée à Gaza prend la forme d’eaux venues des égouts qui inondent de nombreux quartiers de cette zone déshéritée et en pleine pénurie énergie, d’une surface de 360 ​​km2 (139 milles carrés) sur lesquels vivent 1,8 million d’habitants. Même avant la récente crise résultant d’une grave défaut d’approvisionnement d’électricité et de la disparition du carburant jusque-là fourni en contrebande à travers la frontière égyptienne, Gaza était lentement mais sûrement rendue inhabitable. Un rapport bien documenté des Nations Unies déclarait l’année dernière que si aucune initiative urgente n’était prise, Gaza serait « invivable » d’ici 2020 . Depuis que le rapport a été publié en août 2012, la situation n’a fait qu’empirer.

    Au fil des années, surtout depuis le durcissement en 2007 par Israël du blocus imposé à Gaza, le monde s’est habitué à deux réalités : une coalition à l’extérieur visant à affaiblir et à vaincre le Hamas dans la bande de Gaza, et à l’intérieur la capacité étonnante de Gaza à résister à ce siège inhumain, au blocus et à la guerre.

  •  Il faut sauver la vie du prisonnier Samer Tariq Issawi
    par Shahd Abusalama / 2 février 2013 - The Electronic Intifada / traduction Info-Palestine - Claude Zurbach
    http://www.info-palestine.eu/spip.php?article13180

    La lecture de With My Own Eyes écrit par l’avocat israélien Felicia Langer fait découvrir des scènes pénibles, mais ma foi en l’humanité s’est en même temps approfondie. Alors que les sionistes crient « malheur aux vaincus », il y a des Juifs en Palestine, comme Langer, qui en leur for intérieur reconnaissent qu’il faut dire « Malheur au vainqueur ». Langer est une personne qui a combattu courageusement contre l’injuste système israélien tout au long de ses 23 ans de carrière. Elle a défendu mon père Ismael Abusalama devant les tribunaux israéliens. Il a toujours parlé d’elle avec admiration et respect, pour son humanité et sa fermeté.
    (...)
    Étonnamment, c’est par son livre que j’ai appris cette histoire, et ne l’ai jamais entendue racontée par papa. Quand j’ai lu cette histoire et qu’il avait perdu son sens de l’ouïe, je lui ai posé la question, et il me l’a confirmé tout en ajoutant : « mais je n’ai jamais été envoyé à l’hôpital. »

    « Les détenus souffrent de graves négligences dans les soins médicaux », m’a-t-il dit. « Les petits problèmes de santé peut devenir critiques à cause de cette constante négligence. J’ai heureusement survécu, mais beaucoup d’autres se sont retrouvés avec des incapacités permanentes ou des problèmes de santé qui ont conduit dans certains cas jusqu’à la mort. »

    Il s’arrêta un instant et continua : « En fait, dans ces cas-là, peut-être que le mot ’décès’ n’est pas approprié. Assassinat sonne mieux. »
    (...)
    Apprendre l’assassinat dont a été victime Achraf Abu Dhra, double mon inquiétude à propos de Samer Issawi. La santé de Samer se détériore rapidement en raison de son refus, historique et héroïque, de refuser de s’alimenter volontairement depuis 194 jours pour protester contre sa nouvelle arrestation sans inculpation ni jugement. Sa faim consomme peu à peu son corps, mais comme il le disait plus tôt, « ma détermination ne faiblira jamais. »

    Il a entamé son combat en faisant la promesse qu’il ira si nécessaire jusqu’au martyr. Samer a déjà goûté à l’amertume de l’emprisonnement durant 12 années. Mais après avoir été à nouveau arrêté en juillet 2012, sans inculpation ni procès, il a décidé de se rebeller pour envoyer un message à ses ravisseurs qu’ils ne pouvaient pas décider de son destin. Il ne fait pas cela par amour de la mort. Il aime la vie, mais dans la forme dont il a toujours rêvé... Une vie de liberté et de dignité.

    #prisonniers_palestiniens