person:cornelius castoriadis

  • BALLAST | Jean-Paul Jouary : « De tout temps, les #démocrates ont refusé le #suffrage_universel »
    https://www.revue-ballast.fr/jean-paul-jouary-de-tout-temps-les-democrates-ont-refuse-le-suffrage-u

    Je préfère cette phrase de l’Éloge de la philosophie de Maurice Merleau-Ponty que j’aime à répéter, qui est profonde, et que l’on taxerait aujourd’hui sans doute de « populiste » alors qu’elle résume l’essence même de la démocratie : « Notre rapport au vrai passe par les autres. Ou bien nous allons au vrai avec eux, ou bien ce n’est pas au vrai que nous allons. » C’est ce que dit avec d’autres mots Amartya Sen dans La Démocratie des autres : « Les élections sont seulement un moyen de rendre efficaces les discussions publiques. » En tant qu’individu, je me pose la question de savoir ce qui est bon pour moi ; en tant que citoyen, je me pose la question de savoir ce qui est bon pour nous. Sans cette question il n’y a pas de politique, et en cerner les contours suppose une infinité de dialogues partagés, sincères.

    [...]

    Le philosophe Cornelius Castoriadis disait de l’homme qu’il « est un animal paresseux ». Et, citant l’historien Thucydide, il ajoutait : « Il faut choisir : se reposer ou être libre ». Peut-on imaginer une société qui, passée l’effervescence d’un hypothétique moment révolutionnaire, soit à même, ou seulement désireuse, de s’investir dans la chose publique avec une intensité presque quotidienne ?

    Kant parlait déjà de cette « paresse », de ce qui nous fait préférer somnoler. Il y voyait la cause du maintien du peuple dans un état de « minorité », au profit de ces « tuteurs » qui se prétendent indispensables. Une phrase de Kant résume bien ce qui malheureusement demeure un diagnostic sévère mais lucide : « Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d’oser faire le moindre pas hors du chariot où il les a enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules. » On en est là, mais parfois il en est qui ruent ici et là. Après Étienne de la Boétie, Spinoza ou Rousseau, Michel Foucault a définitivement démontré qui si le pouvoir s’exerce du haut vers le bas, c’est parce que dans l’ensemble de la vie sociale le pouvoir se transfère du bas vers le haut. Cette délégation liberticide ne relève guère d’une fatalité, mais infléchir ce processus est une tâche historique d’une difficulté extraordinairement grande. C’est ainsi, comme vous le dites, qu’après de rares mais précieux moments de soulèvement, de reprise en mains par le peuple de ses propres affaires, le courage démocratique tend à décliner et laisser place à cette paresse. La souveraineté, qui était si jalousement conservée pendant des dizaines de millénaires, passe aujourd’hui pour un idéal inaccessible. C’est ce processus de dépossession que je m’efforce d’explorer, mais tout montre qu’on ne peut espérer le combattre qu’en combinant ce type de réflexions à des pratiques sociales et politiques collectives.

  • Stopper la montée de l’insignifiance, par Cornelius Castoriadis (Le Monde diplomatique, août 1998)
    https://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/3964

    Les responsables politiques sont impuissants. La seule chose qu’ils peuvent faire, c’est suivre le courant, c’est-à-dire appliquer la politique ultralibérale à la mode. Les socialistes n’ont pas fait autre chose, une fois revenus au pouvoir. Ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n’importe quel moyen. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela ils sont capables de tout.

    Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la philosophie ou dans la littérature. C’est cela l’esprit du temps. Tout conspire à étendre l’insignifiance.

    • Il y a la merveilleuse phrase d’Aristote : « Qui est citoyen ? Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. » Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.

  • L’écotartuffe du mois, par Nicolas Casaux
    https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10155970187972523?__tn__=K-R

    Voudriez-vous voir se former un mouvement de résistance sérieux contre le capitalisme ? Si oui, oubliez Aurélien Barrau.

    Cet astrophysicien a récemment acquis une certaine notoriété à cause de sa perspective écologiste : il a récemment publié un appel signé par plein d’idiots utiles de l’industrie du divertissement (d’Alain Delon à Muriel Robin) demandant la restriction de certaines libertés individuelles afin de sauver la planète. Que ceux qui ont le plus profité des conforts et des luxes de la civilisation industrielle, qui sont parmi les plus privilégiés des privilégiés, se permettent de demander aux autorités qu’elles restreignent les libertés du peuple, tout de même, il fallait oser — même si l’expression "libertés individuelles" est une triste blague dans le cadre de la société technocapitaliste, bien entendu, mais c’est une autre histoire. Ainsi, cet appel est une sorte de plaidoyer en faveur de l’écofascisme prédit par Bernard Charbonneau il y a plusieurs décennies :

    « L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints d’agir pour gérer des ressources et un espace qui se raréfient. [...] Si la crise énergétique se développe, la pénurie peut paradoxalement pousser au développement. Le pétrole manque ? Il faut multiplier les forages. La terre s’épuise ? Colonisons les mers. L’auto n’a plus d’avenir ? Misons sur l’électronique qui fera faire au peuple des voyages imaginaires. Mais on ne peut reculer indéfiniment pour mieux sauter. Un beau jour, le pouvoir sera bien contraint d’adopter une façon de faire plus radicale. Une prospective sans illusion peut mener à penser que le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra plus faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir. »

    Ecofascisme qui ne résoudrait bien évidemment rien du tout, puisqu’il n’implique aucun changement fondamental.

    Aucune critique du capitalisme et de ses implications économiques mondialisées (il reconnait, certes, que le capitalisme pose quelques problèmes mais trouve qu’il a aussi des vertus), de l’idéologie qui l’anime, aucune critique du pouvoir, aucune critique des mécanismes de coercition sur lesquels il repose (il ne blâme pas plus les dirigeants que tout le peuple, nous sommes responsables, nous avons les dirigeants que nous méritons, etc., il ne comprend manifestement pas comment le pouvoir s’est organisé et se maintient), aucune critique de l’imposture démocratique, espoir placé en des actions potentielles que nos dirigeants pourraient prendre, croyance en une civilisation industrielle rendue verte grâce aux EnR, le cocktail habituel des vendeurs d’illusions de l’écocapitalisme.

    Mais pourquoi ? Pourquoi demander leur avis à des astrophysiciens ? Pourquoi demander leur avis à des gens — à des gens de la haute — qui passent leur existence à travailler sur des sujets aussi éloignés du quotidien de toutes les espèces vivantes et des réalités du monde, du monde à la mesure de l’être humain ? Bref, on a trouvé celui qui succèdera à Hubert Reeves dans le rôle de caution d’autorité astrale de l’écocapitalisme.

    (C’est une question rhétorique, bien évidemment. Le fait de demander son avis à un astrophysicien n’est qu’une incarnation de la domination de l’autorité Science, de l’expertocratie, et de l’idéologie progressiste, fascinée par l’univers et sa conquête. L’astrophysicien, qui connait (?) les trous noirs, ces choses incroyablement complexes qui nous dépassent, nous, simples mortels, doit forcément connaître la situation socioécologique terrestre. C’est une illustration parfaite de ce que c’est qu’un argument d’autorité. C’est un grand scientifique, il doit savoir. Malheureusement pas, (ultra-)spécialisation oblige. L’appel d’Aurélien Barrau et son plaidoyer pour plus encore d’embrigadement étatique sont également très bien anticipés, parfaitement même, dans le livre "Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable" de René Riesel et Jaime Semprun.)

  • Courage, fuyons : à propos de l’accord sur la Grèce du 21 juin 2018 | Dimitris Alexakis
    https://oulaviesauvage.blog/2018/06/25/courage-fuyons-a-propos-du-communique-sur-la-grece-du-22-juin-2018

    « Quatre mots, quatre mensonges » notait, à propos de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, le philosophe Cornélius Castoriadis, co-fondateur du groupe « Socialisme ou Barbarie », dans la ligne de la critique du stalinisme initiée par Boris Souvarine. On pourrait en dire autant des termes qui balisent la communication de crise des institutions européennes. Produits par les équipes de travail de l’Eurogroupe ou de la Commission, ces éléments de langage sont repris tels quels par les éditoriaux des plus grands médias français [1] et appuient une forme de propagande par le mot. Source : Ou la vie (...)

  • Mai 1968-2018 : prendre la parole, encore et toujours

    Actualité de Mai-68

    Par Daniel Blanchard

    Photos de Bruno Barbey

    http://jefklak.org/mai-1968-2018-prendre-la-parole-encore-et-toujours

    Avant de partir aux États-Unis rejoindre le penseur écologiste libertaire Murray Bookchin, Daniel Blanchard s’engagea pleinement dans le mouvement du 22-Mars, puis dans les comités d’action durant le bouillonnant printemps français de 1968. Proche un moment de Guy Debord, avec qui il rédige en 1960 les Préliminaires pour une définition de l’unité du programme révolutionnaire, Blanchard est aussi un membre actif de Socialisme ou Barbarie (1949-1967), organisation révolutionnaire et revue héteromarxiste, anti-stalinienne avant l’heure, fondée par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. Cinquante ans après Mai-68, loin des commémorations ronflantes et matraquantes des « évènements », Daniel Blanchard livre dans Jef Klak son regard singulier sur ce moment radical de réappropriation de la parole. Un texte qui éclaire le mouvement social en cours, plus que jamais en proie à l’autoritarisme du pouvoir étatique.

  • Mai 1968-2018 : prendre la parole, encore et toujours
    http://jefklak.org/mai-1968-2018-prendre-la-parole-encore-et-toujours

    Avant de partir aux États-Unis rejoindre le penseur écologiste libertaire Murray Bookchin, Daniel Blanchard s’engagea pleinement dans le mouvement du 22-Mars, puis dans les comités d’action durant le bouillonnant printemps français de 1968. Proche un moment de Guy Debord, avec qui il rédige en 1960 les Préliminaires pour une définition de l’unité du programme révolutionnaire, Blanchard est aussi un membre actif de Socialisme ou Barbarie (1949-1967), organisation révolutionnaire et revue héteromarxiste, anti-stalinienne avant l’heure, fondée par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. Cinquante ans après Mai-68, loin des commémorations ronflantes et matraquantes des « évènements », Daniel Blanchard livre dans Jef Klak son regard singulier sur ce moment radical de réappropriation de la parole. Un texte qui éclaire le mouvement social en cours, plus que jamais en proie à l’autoritarisme du pouvoir étatique.

    #Mai68 #mouvement #Socialisme_ou_barbarie #Debord #Murray_Bookchin

  • « Le Néant et le politique » Critique de l’avènement Macron
    Un essai d’Harold Bernat
    https://www.lechappee.org/le-neant-et-le-politique

    On ne compte déjà plus les révélations sur les coulisses de l’avènement d’Emmanuel Macron. Certains voient dans son élection une preuve de la toute-puissance des médias, d’autres, un putsch démocratique orchestré par le monde de la finance. Dans tous les cas, il faudrait s’enquérir de ce que l’on nous cache. Notre réflexion est aux antipodes de la démarche de ces enquêteurs du spectacle.
    En effet, une des raisons pour lesquelles nous peinons à exercer notre esprit critique, aujourd’hui plus qu’hier, tient à ce que nous refusons de voir ce qui est sous nos yeux. Dans un univers de simulation, les simulacres se précèdent eux-mêmes. Ils ne représentent plus rien, mais font force de loi. Notre attention se perd dans un labyrinthe de signes. Ce qu’ils montrent est à ce point irréel que nous cherchons en vain derrière eux une réalité plus consistante.
    Mais derrière, il n’y a rien. Tout est là, étalé au grand jour. Cette transparence rend les nouvelles stratégies de pouvoir d’autant plus inquiétantes. Macron se fond dans le discours qui s’adresse à lui, prend la forme du réceptacle. Il n’est pas brillant, il est plastique. Il apprend de ses erreurs, se corrige, affine en « se confrontant au réel ». Comme un logiciel, il intègre, classe et change de niveau. À côté des anciennes formes symboliques de représentation politique, cette stratégie du vide nous fait entrer dans un univers de simulation binaire, algorithmique, dont Emmanuel Macron est, en France, le premier 0. C’est à ce titre, et à ce titre seulement, qu’il mérite d’être pensé.

    • PRESSE

      " De discours officiels en commentaires médiatiques, on célèbre l’évanouissement de la politique. Sans qu’on entende beaucoup de refus critiques de cette éviction. Sans que les philosophes se bousculent pour en dénoncer les dangers et en démonter les subterfuges. C’est pourquoi il est intéressant de lire l’essai, atypique et corrosif, d’Harold Bernat. Cet agrégé de philosophie n’aime pas du tout les artifices innombrables qui s’efforcent de nous faire croire que le monde est définitivement lisse, l’histoire désormais uniforme, la pensée aussi apaisée que la société, à jamais stabilisée. Au contraire, il est convaincu que tenter de réduire ainsi à néant tout ce qui est négatif revient à tuer à la fois l’histoire, l’humain et la politique. Car cette dernière consiste en affrontements permanents sur le sens – celui de la vie collective, de l’histoire commune et de l’avenir à construire. Alors le philosophe proteste, pourfend, démonte. Sa cible affichée : Emmanuel Macron, considéré comme symptôme ultime de la néantisation des conflits. [...] Ce livre caustique irritera sans doute. Mais pas nécessairement pour les motifs les plus essentiels. Car son objet principal n’est ni la personne du président, ni les mesure qu’il propose, ni même le mouvement qu’il a fondé. C’est avant tout la défense et illustration de la nécessité vitale d’une pensée critique ."

      Roger-Pol Droit - Le Monde des Livres

      " Dans l’avalanche de bouquins consacrés à Macron, le livre d’Harold Bernat va faire tache. Le titre déjà décoiffe : Le Néant et le politique, critique de l’avènement Macron, aux éditions L’Echappée. Il ne s’agit pas de ressasser les mêmes éternelles anecdotes qui ont fait vendre et continuent de le faire la presse people et les magazines, mais de construire une critique philosophique de ce moment de l’histoire de nos sociétés dites démocratiques qui a vu accéder Macron à la Présidence de la République ."

      Patrick Rodel - Mediapart
      https://blogs.mediapart.fr/les-economistes-atterres/blog/011017/macronisme-l-uberisation-de-la-protection-sociale-et-l-etat-platefor

      " Si par hasard, vous considérez le macronisme comme une épidémie brutale qui a contaminé le pays à une vitesse supersonique, alors lisez ce livre, c’est l’antidote le plus puissant que j’ai trouvé. Harold Bernat, agrégé de philosophie, qui a déjà épinglé le monde moderne (et même Michel Onfray), démonte le système Macron, avec des outils de précision, des exemples et la parole d’autres penseurs avant lui (Baudrillard, Bourdieu, Clouscard, Castoriadis, Michea…). Ce livre de dé-construction d’un système, explique toute la méthode Macron : parfaite, illusoire, mimétique, spectaculaire…et vide !"

      Jean Rouzaud - Nova
      http://www.nova.fr/demacronisation-la-politique-mirage
      " Agrégé de philosophie, Harold Bernat livre une charge féroce et méthodique contre « le scénario Ricœur » ayant permis de construire l’image d’un présidentiable hors du commun disciple d’un grand philosophe. Parfois savant, s’appuyant notamment sur les travaux de Jean Baudrillard, Max Weber, Cornelius Castoriadis, il assume aussi sans détours ses accents pamphlétaires. Pour notre plus grande jubilation !"

      Michel Gairaud - Le Ravi

  • « La peur du peuple » de Francis Dupuis-Déri lu de près par Pierre Sauvêtre dans Contretemps :

    Enfin, et surtout, en mettant en avant, à travers leur résurgence dans les mouvements contemporains, les pratiques, les formes et les institutions de la démocratie directe (assemblées mixtes et non-mixtes, assemblées de quartier, groupes d’affinité, consensus, mandat impératif, fédéralisme, dêmos et plèbe, autogestion, conseillisme et communalisme, etc.), Francis Dupuis-Déri tranche avec un imaginaire maintenant convenu, qu’on trouve sous des formes diverses chez Jacques Rancière, Miguel Abensour ou Martin Breaugh, de la démocratie radicale comme « brèche » – moment insurgeant d’affirmation égalitaire introduisant une discontinuité et une suspension de l’ordre inégalitaire mais dont la vocation est le reflux inéluctable des énergies créatrices – pour lui préférer la conception d’un combat de long haleine pour remplacer le régime représentatif par l’institution et la permanence de la démocratie directe, dont d’autres signes marquent l’actualité : le renouveau du municipalisme dans les « villes rebelles » en Espagne, la relecture de Cornelius Castoriadis, la timide sortie de l’ignorance de Murray Bookchin en France, ou encore la réinterprétation de la révolution comme processus instituant. A l’imaginaire de la trouée succède celui de la substitution, à celui de la brèche celui de l’institution permanente de la norme de réciprocité et d’égalité.

    #démocratie_directe #Francis_Dupuis-Déri #anarchie

    http://www.contretemps.eu/sauvetre-avenir-democratie-directe

  • Temps des Cyclopes
    http://www.greekcrisis.fr/2017/01/Fr0572.html

    Année nouvelle, 6 janvier, Théophanie. Le pays... s’habille progressivement de sa nouvelle vague de froid et de neige, faisant suite à celle des jours de Noël. J’achète le contenu de notre bombonne de gaz pour le chauffage chez le pompiste du coin. “ Vous n’êtes pas concerné Monsieur... des augmentations du premier de l’an, en tout cas, pas pour l’instant et certainement pas en ce qui concerne ces bonbonnes. Soyez heureux, meilleurs vœux pour cette fête des Lumières... que nous attentons tous dans ce pays ”. Les “Lumières”, c’est-à-dire, ce synonyme de la Théophanie. Dans le quartier, les églises sont remplies, mon ami Mihális, puis, mon cousin Kóstas s’y rendent également à l’occasion et c’est nouveau. “Lumières” !

    https://seenthis.net/messages/558277 via Rezo

    #démocratie #europe #mondialisation #misère

    • L’année 2017 est arrivée... exactement comme 2016 n’a pas laissé un souvenir suffisamment remarquable. Le pompiste du coin a réajusté ses prix, suite aux nouvelles mesures, à savoir l’augmentation des taxes frappant les carburants à la pompe : près de 12 centimes de plus pour le GPL et le diesel (0,80 €/L et 1,25 €/L respectivement), un peu moins pour l’essence SP (1,55 €/L).

      Dans le... même breuvage, le prix du café acheté ou servi a augmenté en moyenne de 15%, celui des cigarettes... de 5O centimes à un euro le paquet, une taxe... inaugurale frappe désormais également la cigarette électronique. Enfin, une taxe de 6% accroît de la même manière l’ensemble des factures de téléphonie et internet fixe en Grèce, tout cela, à partir de ce 1er janvier 2017. Bonne... année donc, toute la presse en parle. Temps... sans cesse nouveau !

      Ces derniers jours, le premier des Tsiprosaures au rire comme on sait acosmique, se fait alors huer, aussi parce que certaines des retraites subsistantes des handicapés, subiront de coupes sobres à hauteur de 50%, (presse grecque du 6 janvier). Sans évoquer ce décret publié la veille de Noel et passé initialement inaperçu, par cette... décision, le montant minimum garanti des retraites (fixé à 486 €/mois) vient ainsi d’être supprimé, ouvrant la voie au grand rêve ordo-libéral, à savoir, transformer les retraites en mini-allocations et encore (presse grecque du 3 janvier). SYRIZA... gauche radicale....

      Temps certainement des Cyclopes. Mondialisation... soupoïde, négation des peuples comme de leurs communautés délibératives, monstruosité européiste. À ce propos, et c’était déjà dans Homère, Cornelius Castoriadis avait alors fait remarquer ceci : “ Voilà ce que l’on trouve dans l’épisode des Cyclopes -et que, permettez-moi de me répéter, les enfants grecs ont bu avec le lait de leur mère... d’abord, les Cyclopes n’ont pas de themistes, c’est-à-dire, de lois : et ils n’ont pas d’agorai boulèphoroi, d’assemblées délibératives. Ces termes renvoient à une définition implicite de ce qu’est une communauté humaine : une communauté humaine a des lois, et elle a des assemblées délibératives, où les choses se discutent et se décident. Une collectivité qui n’a pas cela est monstrueuse. ” (Cornelius Castoriadis, “Ce qui fait la Grèce. 1. D’Homère à Héraclite”. Paris, Seuil, 2004).

  • Parution de « Libérons-nous du travail », le manifeste du Comité érotique révolutionnaire (éditions Divergences)
    http://www.palim-psao.fr/2016/12/parution-de-liberons-nous-du-travail-le-manifeste-du-comite-erotique-revo

    Lors du printemps dernier, le mouvement social contre la loi El Khomri a soulevé nombre de débats sur la notion du travail, ainsi que de sa critique la plus radicale. Mais qu’est que le travail dans notre société ? Quel est son rôle et surtout comment permet-il au capitalisme de se maintenir ? Le comité érotique révolutionnaire propose une ébauche de réponse, rédigé dans un style accessible et précis, nous vous conseillons vivement de vous le procurer !

    Libérons-nous du travail ne sera disponible en librairie qu’au mois d’avril 2017. En attendant, nous faisons une première diffusion dans les milieux militants. Il sera présent dans les prochains jours dans un certain nombre de lieux (librairies militantes, espaces occupés...) un peu partout en France. On publiera dans peu de temps une liste des lieux où se le procurer. Il est aussi possible de nous faire des commandes groupées du livre (5 exemplaires ou plus) soit via cette page soit sur le mail : editions.divergences@laposte.net

    #livre #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #Comité_érotique_révolutionnaire

    • Et alors on vie comment après ? Il ne faut pas rêver l’homme/femme a besoin d’une activité utile au delà du fait qu’il doit gagner sa vie ! Il/elle peux aimer son métier, sa vie même si il n’a pas vraiment choisi cela au départ, et que proposez vous à la place ?. C’est bien beau ces gens "soit disant « anarchistes » ou autre qui nous propose un « salaire minimum a vie » (RSA est déjà un salaire minimum a vie), tout comme les politiciens d’ailleurs qui voudraient bien voir vivre le peuple vivre avec « trois francs six sous ». Le travail en lui même n’est pas le problème, mais ce sont ceux qui dominent décideurs patrons, banquiers qui peuvent décider de votre vie avec « l’ esclavage dans le travail ». Ils décident de dévaluer le travail en salaire, les diplômes obtenus n’ayant plus la cote Non nous sommes fait pour travailler (ou avoir son jardin, ces bêtes) et être rémunérer en fonction de nos qualités, dureté du travail, je ne comprends pas du tout cette notion de « vie sans travail » si ce n’est que c’est une création contre le salariat déjà mis a mal par ces mêmes décideurs politiques.

    • Le travail est une spécificité du mode de vie capitaliste, aucun rapport avec le fait d’avoir une ou plusieurs activités, et donc sa critique n’a aucun rapport avec l’apologie de la paresse (même si c’est bien aussi dans une certaine mesure).

      Tu devrais prendre un peu de temps pour parcourir Palim Psao, il y a quantité d’articles (plus ou moins complexes ou vulgarisés suivant les cas) qui expliquent cette distinction (mais aussi un certain nombre de conversations ici sur seenthis en suivant les tags critique de la valeur, wertkritik, critique du travail…).

      La critique de quelques « grands méchants », et la mise en valeur du salariat est une critique du point de vue du Travail, qui aménage les choses, qui ne changent rien au mode de vie globale, au productivisme. Au mieux ça fait un capitalisme d’État ou un capitalisme « autogéré ».

      Si tu préfères l’audio à la lecture il y a cette vulgarisation pas mal du tout :
      https://seenthis.net/messages/506283

    • Ok je vais tenter d’y voir clair, car je crains que certains profitent de ce salaire minimum a vie pour renforcer le NAIRU ou créer des bantoustan de « travailleurs » ou esclaves modernes corvéables à merci .....

    • L’abolition de la valeur, écrit Moishe Postone, Temps, travail et domination sociale ne permettrait pas seulement de se délivrer de l’astreinte à la production pour la production, de donner au travail une structure différente et d’instaurer « une relation nouvelle du travail aux autres domaines de la vie » ; elle permettrait aussi d’acquérir « un plus haut degré de maîtrise, par les hommes [et les femmes] de leurs propres vies et une relation à l’environnement naturel plus consciente et maîtrisée »...
      L’écologie politique permet donc de mener une critique radicale de la richesse, des besoins et du travail, et de renouveler ainsi ce qu’il y a lieu d’entendre par « valeur d’usage »...
      On parvient ainsi à une conception anticonsumériste et antiproductiviste, où la technologie et les « forces productives » sont au centre de la critique.

      Fabrice Flipo : Moishe Postone, un marxisme antiproductiviste
      Radicalité 20 penseurs vraiment critiques Edition L’échappée

      Fabrice Flipo est maître de conférence en philosophie , contributeur régulier à la Revue du MAUSS et à Contre-Temps , auteur notamment de La décroissance : dix questions pour comprendre et débattre
      @rastapopoulos @aude_v @elihanah @vanderling

    • merci @marielle je vais me pencher un peu plus sur
      #Moishe_Postone ( d’autant plus que j’ai ce bouquin de l’échappée ) voici 2 liens de Contretemps à propos de
      Temps, travail, domination sociale… et destruction écologique. Retour sur Moishe Postone.
      http://www.contretemps.eu/postone-capital-nature
      http://www.contretemps.eu/lactualite-theorie-valeur-marx-propos-moishe-postone-temps-travail-domin
      à propos de Radicalité, 20 penseurs vraiment critiques selon les #éditions_l'échappée

      La liste ressemble un peu à un inventaire à la Prévert : Gunther Anders, Zygmunt Bauman, Cornelius Castoriadis, Bernard Charbonneau, Dany-Robert Dufour, Jacques Ellul, Ivan Illich, Christopher Lasch, Herbert Marcuse, Michela Marzano (députée du Parti démocrate italien !!!), Jean-Claude Michéa, Lewis Mumford, Georges Orwell, François Partant, Pier Paolo Pasolini, Moishe Postone, Richard Sennet, Lucien Sfez, Vandana Shiva, Simone Weil. Si l’on veut absolument trouver un point commun (très schématique) entre la majorité de ces intellectuels, ce serait leur sympathie pour l’écologie et leur critique de la société industrielle et de la technocratie – ce qui n’entraîne pas forcément une critique des fondements réels du capitalisme ni la volonté de s’y attaquer de façon « radicale »... On notera aussi que :

      – la majorité de ces auteurs sont des philosophes (discipline où l’on peut affirmer beaucoup de choses sans avoir à s’appuyer sur l’histoire et la politique concrètes) ;

      – quatre d’entre eux (Ellul, Charbonneau, Illich et Lasch) appartiennent à une mouvance chrétienne généralement modérée sur le plan politique. Ellul fut à la fois un théologien protestant et l’animateur d’une paroisse ; quant à Illich, il était prêtre de l’Eglise catholique, il est vrai proche des « pauvres » et non de sa hiérarchie ! Mais les fonctions ecclésiastiques prédisposent rarement à la « radicalité ». Ellul et Charbonneau appartenaient tous deux au courant personnaliste chrétien dont Emmanuel Mounier, le représentant le plus connu, et plusieurs de ses disciples, fréquentèrent l’Ecole des cadres d’Uriage sous... Pétain. C. Lasch fit profil bas sur les conséquences politiques de ses convictions religieuses mais il est reconnu, surtout depuis sa mort, comme l’un des maîtres à penser des conservateurs anglo-saxons. On ne s’étonnera pas que ce quatuor de croyants soient des adversaires de la Raison et de la critique matérialiste antireligieuse inaugurée par les Lumières ;

      – le seul auteur qui ait une activité politique traditionnelle actuellement (Michela Marzano) représente au Parlement un parti du centre gauche, qui n’a jamais été ni « radical » ni « vraiment critique » vis-à-vis du capitalisme et n’est même pas un parti réformiste combatif ;

      – et enfin que Zygmunt Bauman, fut commissaire politique, major dans le Corps de sécurité intérieure (les renseignements militaires) et membre du Parti polonais stalinien de 1944 à 1968 avant d’être chassé de Pologne à la suite d’une campagne menée par le Parti « communiste » contre les Juifs. Un tel long parcours au sein de l’appareil militaire puis politique d’un Etat totalitaire n’est pas vraiment un témoignage de « radicalité »....

      Bref sur ces vingt prétendus penseurs de la « radicalité », un tiers ont vraiment mouillé leur chemise à un moment ou un autre de leur existence (même si certains se sont bien assagis par la suite), voire ont risqué leur vie ou la prison pour leurs idées. Les deux autres tiers sont formés de braves universitaires dont la « radicalité » n’a jamais pris le chemin d’une pratique concrète anticapitaliste... Il ne s’agit pas de le leur reprocher (tout le monde n’a pas le goût à militer aux côtés des exploités) mais je vois mal comment une perspective libertaire « vraiment critique » pourrait s’élaborer seulement dans les facs ou les cénacles intellectuels, en dehors de toute participation à des luttes de masse.

      source : http://www.mondialisme.org/spip.php?article1990

      (Ajout du 22/12/2013 : D’ailleurs, manque de pot pour les libertaires de l’Echappée, #Olivier_Rey, auteur de l’article consacré à #Pasolini dans leur livre, a accordé une interview à la revue Conférence sur « l’usage social des sciences » dont le texte a été reproduit (probablement avec son autorisation) dans Krisis n° 39 de septembre 2013, la revue du fasciste mondain #Alain_de_Benoist. Signalons au passage que Rey est aussi l’auteur dans Etudes, la revue des jésuites, d’un article au titre évocateur : « L’homme originaire ne descend pas du singe »... Il a également donné une petite conférence à Notre-Dame-de-Paris, en compagnie d’un théologien pour gloser sur la « querelle du genre » (« Homme-femme : heureuse différence ou guerre des sexes ? », conférence que l’on peut voir et écouter sur la chaîne catholique KTO :

      http://leblogjeancalvin.hautetfort.com/tag/olivier+rey
      http://www.paris.catholique.fr/Texte-des-Conferences-de-Careme,15767.html

      Décidément les amis de l’Echappée nous réservent bien des surprises !...)
      https://youtu.be/JSmRVNBCAiM

      Cette maison d’édition officiellement libertaire a donc pondu un communiqué pour appeler à la « vigilance », communiqué sidérant par son absence de contenu politique. En effet le problème résiderait simplement, selon l’Echappée, dans une petite erreur de casting (on n’a pas vérifié sur Google, quelqu’un de fiable nous l’a recommandé, et autres excuses d’amateur)mais pas dans le choix stupéfiant de #Jean-Claude_Michéa comme auteur « vraiment critique » et « radical ».

  • Cornélius Castoriadis – Le triomphe de l’insignifiance
    http://1671137.fr/blog/2016/01/27/cornelius-castoriadis-le-triomphe-de-linsignifiance

    Philosophe, sociologue, historien, Cornelius Castoriadis fut aussi économiste et psychanalyste. Il est mort le 26 décembre 1997. Né en 1922 en Grèce, il s’installe à Paris en 1945, où il crée la revue Socialisme ou barbarie. En 1968, avec Edgar Morin et Claude Lefort, il publie Mai 68 : la brèche (Fayard, Paris). En 1975 paraît L’Institution …

    #366_Alphabétiques #blabla #Culture

  • Rendre visible la révolution sociale - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2015/10/22/rendre-visible-la-revolution-sociale_1408141

    la révolution sociale est le résultat d’un certain travail de la société sur elle-même, de ce que Cornelius Castoriadis appelle un mouvement d’auto-institution de la société. Ce mouvement n’est pas toujours visible, bien qu’il s’incarne dans l’action concrète de femmes et d’hommes. La révolution sociale peut même parfois ne pas passer par le renversement d’un gouvernement : on peut penser au féminisme, par exemple, qui a entièrement reconfiguré (et modifie encore) les rapports de genre, sans pourtant être passé par un épisode insurrectionnel - ce qui rend son caractère révolutionnaire d’autant plus facile à nier pour les défenseurs du patriarcat. Penser la révolution sociale contre les discours conservateurs, c’est donc avant tout donner à voir les mouvements, parfois considérés comme mineurs, qui tentent de mettre en échec les rapports de domination existants, en particulier (mais pas seulement) lorsque ces mouvements deviennent suffisamment intenses et convergents pour faire tomber des gouvernements - une étape dans le processus révolutionnaire et non son aboutissement. Cette mise en visibilité est une tâche majeure pour les sciences sociales, mais aussi pour les journalistes, pour les producteurs d’œuvres documentaires ou de fiction et bien sûr pour les acteurs mêmes de ces mouvements. C’est seulement ainsi que l’on pourra faire naître des solidarités et des espoirs, donner enfin à voir l’« aspiration à la liberté » qui, comme l’écrivait Hannah Arendt, est au cœur de toute expérience révolutionnaire.

    #sciences_sociales #révolution

  • Rendre visible la révolution sociale, Samuel Hayat
    http://www.liberation.fr/debats/2015/10/22/rendre-visible-la-revolution-sociale_1408141

    Pour faire pièce aux discours conservateurs, il ne suffit pas de faire valoir la possibilité d’une insurrection à venir : ce n’est plus le fait révolutionnaire en tant que tel qui est nié, mais son pouvoir émancipateur, sa capacité à modifier en profondeur la société. Cependant, tout le problème, pour qui veut retrouver le sens de la #révolution_sociale et la rendre à nouveau désirable, est que la révolution sociale n’a ni la même temporalité ni le même sujet que la révolution politique. Une révolution politique est réalisée par des acteurs bien définis et dans un temps donné, celui du renversement d’un gouvernement puis de la réorganisation de l’appareil d’Etat. Au contraire, la révolution sociale est le résultat d’un certain travail de la société sur elle-même, de ce que Cornelius Castoriadis appelle un mouvement d’auto-institution de la société. Ce mouvement n’est pas toujours visible, bien qu’il s’incarne dans l’action concrète de femmes et d’hommes. La révolution sociale peut même parfois ne pas passer par le renversement d’un gouvernement : on peut penser au féminisme, par exemple, qui a entièrement reconfiguré (et modifie encore) les rapports de genre, sans pourtant être passé par un épisode insurrectionnel - ce qui rend son caractère révolutionnaire d’autant plus facile à nier pour les défenseurs du patriarcat. Penser la révolution sociale contre les discours conservateurs, c’est donc avant tout donner à voir les mouvements, parfois considérés comme mineurs, qui tentent de mettre en échec les rapports de domination existants, en particulier (mais pas seulement) lorsque ces mouvements deviennent suffisamment intenses et convergents pour faire tomber des gouvernements - une étape dans le processus révolutionnaire et non son aboutissement.

  • Cornelius Castoriadis - Interview on Autonomy and Democracy (1984) - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=hs9ZsKj-o1k

    Interview with Cornelius Castoriadis for the Greek television network ET1, for the show “Paraskinio,” 1984 (with English-language subtitles). This documentary describes the life and the work of Cornelius Castoriadis and his turning from Marxism to the ideas of autonomy.

    (Pas encore maté)

    #Cornelius_Castoriadis (στα ελληνικά héhé)

  • L’Europe occidentale contemporaine, comme tout l’Occident, est caractérisée par l’évanescence du conflit politique et social, la décomposition de la société politique morcelée entre lobbies et dominée par les partis bureaucratisés, la propagation de l’irresponsabilité, la destruction accélérée de la nature, des villes et de l’ethos humain, le conformisme généralisé, la disparition de l’imagination et de la créativité culturelle et politique, le règne dans tous les domaines des modes éphémères, des fast-foods intellectuels et du n’importe quoi universel. Derrière la façade d’institutions « démocratiques » et qui ne le sont que de nom, les sociétés européennes sont des sociétés d’oligarchie libérale où les couches dominantes s’avèrent de plus en plus incapables de gérer leur propre système dans leur intérêt bien compris.

    Cornelius Castoriadis, Quelle démocratie ? (Tome 2 - Ecrits politiques, 1945-1997, IV). Editions du Sandre.

  • Stopper la montée de l’#insignifiance, par Cornelius Castoriadis - The Dissident - The Dissident
    http://the-dissident.eu/7363/stopper-la-montee-de-linsignifiance-par-cornelius-castoriadis

    Ce qui caractérise le monde contemporain ce sont, bien sûr, les crises, les contradictions, les oppositions, les fractures, mais ce qui me frappe surtout, c’est l’insignifiance. Prenons la querelle entre la droite et la gauche. Elle a perdu son sens. Les uns et les autres disent la même chose. Depuis 1983, les socialistes français ont fait une politique, puis M. Balladur a fait la même politique ; les socialistes sont revenus, ils ont fait, avec Pierre Bérégovoy, la même politique ; M. Balladur est revenu, il a fait la même #politique ; M. Chirac a gagné l’élection de 1995 en disant : « Je vais faire autre chose » et il a fait la même politique.

    Les responsables politiques sont impuissants. La seule chose qu’ils peuvent faire, c’est suivre le courant, c’est-à-dire appliquer la politique ultralibérale à la mode. Les socialistes n’ont pas fait autre chose, une fois revenus au pouvoir. Ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n’importe quel moyen. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela ils sont capables de tout.

    • Il y a la merveilleuse phrase d’Aristote : « Qui est #citoyen ? Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. » Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une #contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.

    • Oui on a tendance à mélanger « pouvoir » et « responsabilité » jusqu’à en faire des synonymes. En réalité ils vont de pair, mais dans les faits tout le monde veut s’approprier le pouvoir en se défaussant des responsabilités qui vont avec.
      L’irresponsabilité est devenue la norme, à tel point qu’il nous faudrait sans doute réapprendre à être responsables si l’on devait se repartager le pouvoir entre citoyens..
      Le cynisme c’est sans doute le fruit de l’impuissance pourrie par l’irresponsabilité...

  • Castoriadis et l’autonomie, par Baptiste Eychart
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/EYCHART/52728

    L’historien Pierre Vidal-Naquet écrivait de l’œuvre de son ami Cornelius Castoriadis (1922-1997) qu’elle pouvait être placée sous le « triple signe de Thucydide, de Marx et de Freud ». Philosophe français d’origine grecque, ayant exercé comme psychanalyste pendant de nombreuses années, Castoriadis a développé une pensée qui s’est voulue inextricablement philosophique, anthropologique et politique.

  • La fin de l’Université (2) : retour sur l’ULB
    http://diffractions.info/2015-01-11-la-fin-de-luniversite-2-retour-sur-lulb

    L’Université est à l’image de la société qui la façonne, et ce depuis longtemps. Il suffit pour cela de voir son évolution à travers les siècles. C’est un microcosme à part entière avec ses institutions, ses membres, ses cérémonies, etc. C’est aussi une entreprise, qui gère un nombre important de membres parmi son personnel et de #sociétés externes avec qui elle traite. L’Université est une sorte de fantasme, où l’on produit la science pour la Science, et où l’on entraîne les étudiants à avoir un esprit critique.

    #analyses #Cornelius_Castoriadis #insignifiance #ULB #université

  • La centralité de l’éducation dans une société démocratique est indiscutable. En un sens, on peut dire qu’une société démocratique est une immense institution d’éducation et d’auto-éducation permanentes de ses citoyens, et qu’elle ne pourrait vivre sans cela. Car une société démocratique, en tant que société réflexive, doit faire constamment appel à l’activité lucide et à l’opinion éclairée de tous les citoyens. Soit exactement le contraire de ce qui se passe aujourd’hui, avec le règne des politiciens professionnels, des « experts », des sondages télévisuels.[...]
    L’éducation commence avec la naissance de l’individu et se termine avec sa mort. Elle a lieu partout et toujours. Les murs de la ville, les livres, les spectacles, les événements éduquent les citoyens. Comparez l’éducation que recevaient les citoyens (et les femmes et les esclaves) athéniens en assistant aux représentations de la tragédie, et celle que reçoit un téléspectateur d’aujourd’hui en regardant Dynasty ou Perdu de vue .

    Cornelius Castoriadis, Le délabrement de l’occident, Esprit 1991

  • Je suis tombé, un peu par hasard, sur un bouquin de Cornelius Castoriadis : « La montée de l’insignifiance », sous-titré « les carrefours du labyrinthe-IV » daté de 1996, et j’ai été sidéré par la pertinence et l’actualité de sa réflexion.

    Voici quelques extraits.

    Certes, il y a aussi ce que les journalistes et les politiciens appellent le « démocratie », et qui est en fait une oligarchie libérale. On y chercherait en vain l’exemple de ce qu’est un citoyen responsable, « capable de gouverner et d’être gouverné », comme disait Aristote, de ce qu’est une collectivité politique réflexive et délibérative. Sans doute il y subsiste, résultat de longues luttes antérieures, des libertés - importantes et précieuses, quoique partielles ; elles sont essentiellement défensives. Dans la réalité social-historique effective du capitalisme contemporain, ces libertés fonctionnent de plus en plus comme simple complément instrumental du dispositif maximisateur des « jouissances » qui sont le seul contenu substantif de l’individualisme dont on nous rebat les oreilles.

    Le délabrement de l’occident, Esprit 1991

  • Peut-on encore défendre la #démocratie ?
    http://diffractions.info/2014-05-17-peut-on-encore-defendre-la-democratie

    L’intitulé à ce texte n’étonnera que ceux qui sont sous l’emprise totale du discours dominant pour lequel le terme de démocratie est « l’emblème » de la société #politique contemporaine et qui,...

    #philosophie #citoyen #citoyenneté #Cornelius_Castoriadis #démocratie_radicale

    • Précisons qu’un tel mouvement ne conduit nullement à considérer l’expérience démocratique grecque comme un modèle. Castoriadis la voit comme un germe, insistant sur « le processus historique instituant » qu’elle représente : « l’activité et la lutte qui se développent autour du changement des institutions, l’auto-institution explicite (même si elle reste partielle) en tant que processus permanent » se poursuit sur près de quatre siècles 13. Ainsi le pouvoir (kratos) était-il entre les mains du dèmos, du peuple, compris maintenant comme l’ensemble des citoyens 14. Ce qui ressort de la considération de cette première expérience historique d’organisation démocratique, c’est bien qu’elle manifeste la volonté d’autonomie politique puisque tout est fait pour que le peuple soit effectivement en mesure de gouverner 15. On peut parler de démocratie directe, dont trois aspects, qui sont autant de refus, doivent retenir l’attention.

      Il y a tout d’abord le refus de la représentation. C’est là une caractéristique essentielle de l’autonomie de la Cité qui « ne souffre guère la discussion » 16. Sur ce point, Castoriadis suit clairement Rousseau dont il cite souvent le célèbre passage du livre trois du Contrat social brocardant les anglais et que l’on peut considérer comme matrice de toute critique de la représentation politique 17 : « La “représentation” est, inévitablement, dans le concept comme dans les faits, aliénation (au sens juridique du terme : transfert de propriété) de la souveraineté, des “représentés” vers les “représentants” » 18. Il est certes évident que le peuple comme tel ne peut être consulté chaque fois qu’une décision le concernant doit être prise ou même simplement débattue, et que l’on ne saurait se passer de délégués ou de “représentants”. Mais, dans la mesure où, comme le remarque Bourdieu, « l’usurpation est à l’état potentiel dans la délégation » 19, il convient de poser en principe la révocabilité ad nutum, sans quoi la représentation revient à se lier les mains. Autrement dit il s’agit d’éviter qu’il ait permanence, même temporaire, de la représentation dans la mesure où alors « l’autorité, l’activité et l’initiative politiques sont enlevées au corps des citoyens » 20.

      Le deuxième principe fondamental de la démocratie directe est le refus de l’expertise politique. « L’expertise, la technè au sens strict, est liée à une activité “technique” spécifique, et est reconnue dans son domaine propre », si bien qu’il ne saurait y avoir d’experts politiques : « l’idée dominante qu’il existe des “experts en politique”, c’est-à-dire des spécialistes de l’universel et des techniciens de la totalité, tourne en dérision l’idée même de démocratie » 21. Position qu’il faut rapporter à un principe central chez les Grecs qui veut que le bon juge du spécialiste n’est pas un autre spécialiste mais l’utilisateur : ce n’est pas le forgeron qui peut juger de la qualité d’une épée, par exemple, mais le guerrier. Pour ce qui est des affaires publiques, le peuple seul peut juger 22.

      Le troisième et dernier principe à retenir est le refus d’un État compris comme instance séparée de la société. Non seulement « la polis grecque n’est pas un “État” au sens moderne du terme », note Castoriadis, « mais le mot d’“État” n’existe pas en grec ancien ». Aussi peut-on comprendre que cette idée « d’une institution distincte et séparée du corps des citoyens eût été incompréhensible pour un Grec » 23. Et s’il va de soi que la communauté politique en tant que telle existe hors de la présence concrète et effective de ses membres, que « par exemple, les traités sont honorés indépendamment de leur ancienneté, la responsabilité pour les actes passés est acceptée, etc. », cette “personne morale” n’est pas à comprendre comme un État. De même s’il existe une administration – « mécanisme technico-administratif » comme dit Castoriadis –, elle ne saurait être comprise comme « appareil d’État » 24. Précisons avec Castoriadis que l’abolition de l’État ne représente nullement la suppression du pouvoir : « L’État est une création historique que nous pouvons dater et localiser : Mésopotamie, Est et Sud-Est asiatiques, Méso-Amérique précolombienne. Une société sans un tel État est possible, concevable, souhaitable. Mais une société sans institutions explicites de pouvoir est une absurdité, dans laquelle sont tombés aussi bien Marx que l’anarchisme », assure-t-il avec force et constance 25.

  • Se reposer ou être libre
    http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2965

    Comme suite à l’émission d’hier avec Emmanuel Todd, Le grand détraquage, voici une nouvelle diffusion d’un entretien de 1996 avec Cornelius Castoriadis, sur « la montée de l’insignifiance ». Économiste, philosophe, psychanalyste, celui que son ami Edgar Morin qualifiait d’ « énorme, hors norme » s’exprime ici très simplement, très clairement, à l’attention du grand public.

    Entretien : Daniel Mermet

  • Anarchie et démocratie radicale : accords et désaccords (1/3). Cornelius Castoriadis sur Radio Libertaire (1996)
    http://diffractions.info/2014-03-13-anarchie-et-democratie-radicale-accords-et-desaccords-13-c

    Diffractions a le plaisir de republier un entretien de Cornélius Castoriadis réalisé par Radio Libertaire en 1996 Nous remercions le Collectif Lieux Communs pour leur accord et rappelons que le...

    http://chronique-hebdo.blogspot.cz/2008/03/castoriadis-en-1996-invit-de-chronique.html

  • Le projet d’autonomie comme projet libertaire
    http://diffractions.info/2014-03-03-le-projet-dautonomie-comme-projet-libertaire

    Le présent article reprend deux billets parus sur le blog d’Alternative Libertaire Bruxelles, « Le projet d’autonomie comme projet libertaire » et « Les sources de l’hétéronomie ». Leur contenu a été modifié dans une optique de cohérence

    #philosophie #politique #anarchie #anarchisme #autonomie #bureaucratisation #Cornelius_Castoriadis #hétéronomie #pensée_libertaire #philosophie_politique #privatisation