person:david

  • David Dufresne
    @davduf
    https://twitter.com/davduf/status/1131867641281417217
    05:57 - 24 mai 2019

    La Lettre du Préfet Grimaud ressurgit aujourd’hui sur Twitter, dans une version tronquée. Celle republiée dans la revue Liaisons (@prefpolice) en mai 2018, où il manque LE passage, situé à l’origine à la fin de la première page, avant le § de la 2e page

    David Dufresne
    @davduf
    08:20 - 24 mai 2019

    Beauté de Twitter, @LarocheMatthias a retrouvé l’original en version PDF : https://sd-1.archive-host.com/membres/up/1151058893/divers/MGrimaud_lettre_29mai68.pdf

    in http://police.etc.over-blog.net/article-la-police-republicaine-66753429.html

  • David Epstein Makes the Case for Being a Generalist
    http://onpk.net/index.php/2019/05/24/732-david-epstein-makes-the-case-for-being-a-generalist

    Brad Stulberg s’entretient avec David Epstein sur son livre Range: Why Generalists Triumph in a Specialized World dans le blog Outside Outside of sports, I think there is still tremendous untapped value for the kind of coaching that already occurs inside of sports. I would love to have a coach...

    #Notes

  • je relaie ceci, lu sur Bulledair.

    Réponse de Wilfrid Lupano au ministre de la Culture.

    Monsieur le ministre,

    À ma très grande surprise, vous m’avez adressé la semaine dernière un courrier pour m’annoncer que vous me décerniez le grade de chevalier des arts et lettres.
    Je vous remercie de cette délicate attention, mais j’ai bien peur de devoir refuser cet « honneur ».
    Déjà, spontanément, je n’ai jamais été très excité par les médailles. Pierre Desproges disait « les décorations, c’est la libido des vieux ». Je me plais à penser que je n’en suis pas encore là. Il y a cependant des distinctions plus réjouissantes que d’autres, et celle-ci a l’inconvénient, monsieur le ministre, d’être remise par un représentant politique.
    Or, comment accepter la moindre distinction de la part d’un gouvernement qui, en tout point, me fait honte ?
    Car oui, il s’agit bien de honte.

    J’ai honte de ce que votre gouvernement fait des services publics, au nom du refus dogmatique de faire payer aux grandes entreprises et aux plus grosses fortunes les impôts dont elles devraient s’acquitter. « il n’y a pas d’argent magique » martèle votre leader. Il y a en revanche un argent légal que monsieur Macron refuse d’aller chercher pour ne pas déplaire à ceux qui ont financé sa campagne.
    J’ai honte, lorsque j’entends monsieur Castaner s’indigner que l’on puisse « s’attaquer à un hôpital », comme il l’a fait récemment, alors que c’est bien votre gouvernement qui fait le plus de mal aux services de santé, et pas trois gilets jaunes qui cherchent à se mettre à l’abri au mauvais endroit.
    J’ai honte de ce gouvernement qui en supprimant l’ISF, a divisé par deux les ressources des associations qui prennent à leur charge les plus faibles, les plus démunis, les laissés pour compte, à la place de l’état.

    J’ai honte lorsque votre gouvernement refuse d’accueillir l’Aquarius et ses 160 réfugiés qui demandent de l’aide, et encore plus honte lorsque monsieur Castaner, encore lui, accuse les ONG qui tentent par tous les moyens de sauver des vies d’être « complices » des passeurs.
    J’ai honte lorsque je vois la police « escorter » les militants de Génération Identitaire après leur coup de com’ au col de Briançon pour les « protéger » contre les militants favorables à l’accueil des réfugiés. Certains de ces derniers furent d’ailleurs interpelés, alors que tous les membres de Génération Identitaire sont rentrés chez eux fêter leur coup de publicité.
    J’ai honte de votre politique indigne d’accueil des migrants, et en particulier des mineurs isolés. Le gouvernement auquel vous appartenez a accéléré le rythme des expulsions, voté l’allongement à 90 jours de la période de rétention pour les étrangers en situation irrégulière. De la prison, donc, pour des personnes n’ayant commis aucun crime, hommes, femmes, enfants, nouveaux-nés. Pendant ce temps, des préfets plusieurs fois condamnés pour non respect du droit d’asile sont maintenus en poste.
    Pour de sordides calculs électoraux, le gouvernement auquel vous appartenez foule aux pieds tous les principes philosophiques et moraux qui sont à la base de la constitution et de l’histoire de ce pays, et passe à côté du sens de l’Histoire. Soyez certain que l’Histoire s’en souviendra.

    J’ai honte de l’incapacité de ce gouvernement à prendre en compte l’urgence écologique, qui devrait pourtant être le seul sujet à vous préoccuper vraiment. En dehors d’effets d’annonce, rien dans les mesures prises depuis deux ans n’est à la hauteur des enjeux de notre époque. Ni sur la sortie des énergies fossiles, ni sur le développement du bio, des énergies renouvelables ou la condition animale. Votre gouvernement reste le loyal service après-vente des lobbies, de l’industrie agroalimentaire, des laboratoires, des marchands d’armes…

    J’ai honte, monsieur le ministre, de ce gouvernement mal élu ( le plus mal de la l’histoire de la cinquième république) qui ne tient plus que par sa police ultra violente.
    J’ai honte de voir, depuis des mois, partout en France, éclater des yeux, exploser des mains ou des visages sous les coups de la police, de Notre Dame des Landes aux Champs-Elysées, à Toulouse, Biarritz, Nantes. Le monde entier s’alarme de la dérive sécuritaire de votre gouvernement, de l’utilisation abusive d’armes de guerre dans le maintien de l’ordre, mais vous, vous trouvez que tout va bien.
    Je pense à Maxime Peugeot, 21 ans, et à sa main arrachée par une grenade dans un champ de Notre Dame des Landes. Qu’est-ce qui pouvait bien menacer à ce point la sécurité de la France, dans ce champ à vache du bocage breton, pour qu’on en arrive à faire usage d’une telle violence ? 2500 gendarmes, une opération de guerre à plusieurs millions d’euros menée pour détruire une trentaine de cabanes en bois ( « il n’y a pas d’argent magique »…) et procéder à une dizaine d’expulsions… Je pense à Lola Villabriga, 19 ans, défigurée à Biarritz par un tir de LBD que rien ne justifiait et qui vit désormais avec des plaques d’acier dans la mâchoire, alors que c’était sa première manifestation. Je cite deux noms, mais vous le savez sûrement, ils sont aujourd’hui des centaines. Suivez le travail de David Dufresne si le sujet vous intéresse.

    Comme vous le voyez, nous avons peu de points communs, politiquement. Et dans un monde où les distinctions culturelles seraient remises par le milieu culturel lui-même, sans intervention du politique, j’aurais accepté celle-ci avec honneur et plaisir. Mais il n’y a pas de geste politique qui ne soit aussi symbolique, et je sais déjà que si un jour j’atteins l’âge avancé où on prend son pied à exhiber ses breloques, j’aurais bien peu de plaisir à me rappeler que celle-ci me fut remise par le représentant d’un gouvernement dont j’aurais si ardemment souhaité la chute et la disgrâce.

    Passons malgré tout une bonne journée,

    Wilfrid Lupano

  • David Dufresne, un journaliste inventeur, acharné de travail et obsédé par les #libertés publiques
    https://www.franceinter.fr/societe/david-dufresne-un-journaliste-inventeur-acharne-de-travail-et-obsede-par

    « Ce qui m’étonne c’est de voir que les #télés m’invitent pour expliquer mon travail, qui est en fait celui que leurs propres rédactions devraient faire. Ce fut pareil avec Florence Aubenas, quand elle est allée sur les ronds-points. On l’a interrogée elle plutôt que d’aller voir les ’gilets jaunes’ ».

  • Violences policières : les images décryptées

    De nombreuses images montrent les forces de l’ordre faisant usage d’une violence semblant disproportionnée pendant les manifestations. Qu’ont-elles réellement le droit de faire ? Et dans quelles circonstances ? Explications en images.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/video/2019/05/16/violences-policieres-les-images-decryptees_5463052_4355770.html
    https://youtu.be/rkgxbcwp6o8

    Sources :

    Recensement des violences policières et des blessures en manifestation : David Dufresne / @davduf (http://twitter.com/davduf et www.davduf.net)
    « Un splendide isolement : les politiques françaises du maintien de l’ordre », La Vie des idées, mai 2016. https://laviedesidees.fr/Un-splendide-isolement.html
    « L’ordre et la force », rapport de l’ACAT. https://www.acatfrance.fr/rapport/l-ordre-et-la-force
    « Usage des matériels de contrainte et de défense par les forces de l’ordre », rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, 2009. http://prison.eu.org/IMG/pdf/RA_2009_Etude_thematique.pdf
    Instruction du 2 septembre 2014 relative à l’emploi (…) de la grenade à main de désencerclement (GMD). https://aser-asso.org/wp-content/uploads/2017/03/Instruction-demploi-des-armes-intermediaires-en-France-Septembre-2014.pdf
    Arrêté du 24 décembre 2013 relatif aux conditions et modalités de port du numéro d’identification individuel par les fonctionnaires de la police nationale, les adjoints de sécurité et les réservistes de la police nationale. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028387708&dateTexte=20190312
    Arrêté du 7 avril 2011 relatif au respect de l’anonymat de certains fonctionnaires de police et militaires de la gendarmerie nationale. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=F984C0FDEC4DE7D3F55C7E9E7FBE0FCC.tplgfr22s
    Circulaire du 23 décembre 2008 relative au droit à l’image des fonctionnaires de police. http://nicolaskaplan.fr/share/Droit/20081223_Circulaire-2008-8433-photospolice.pdf
    Instruction d’emploi du 14 juin 2004 relative à l’utilisation des produits incapacitants notamment en milieu fermé. http://www.gbh-formation.fr/content/galleries/actus/pn---instr-emploi-produits-incapacitants-14-jun-2004---dgpn-dapn-crel.
    Définition de la légitime défense dans le code pénal. https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006417218&cidTexte=LEGITEX
    Définition d’un attroupement sur la voie publique et régime des sommations pour sa dispersion. https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000025543347&cidTexte=LEGITEX

    #police #maintien_de_l-ordre #MdO #justice #violences_policieres #droit

    • Le Conseil d’Etat refuse de suspendre la grenade GLI-F4
      https://lessor.org/a-la-une/le-conseil-detat-refuse-de-suspendre-la-grenade-gli-f4

      Saisi en référé par deux associations, le Conseil d’état a refusé ce 17 mai d’interdire la grenade GLI-F4 pour le maintien de l’ordre. A l’origine de cette demande, la Ligue des droits de l’homme et l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat).

      Cette dernière contestait notamment les conditions d’emploi des grenades GLI F4. Elle jugeait la formation des personnels “insuffisante”, et la “formule de sommation préalable à l’emploi de ces armes ou les conditions de son prononcé (..) entachées d’incertitude sur leur portée ou leur compréhension par les manifestants”.

      Mais, pour le Conseil d’Etat, l’Acat soutient cette argumentation “sans l’établir ni même soutenir cette argumentation d’éléments de fait”. Il ajoute qu’elle “borne sa critique à des contestations de principe” et rejette donc ses conclusions. /.../

    • waa 6 mois pour « décrypter » des images qui sont sur la toile depuis le début, faut p’tet leur offrir une visite chez l’ophtalmo ou un stage pour apprendre à se servir de legifrance ?
      Bon, alors #le_monde quand ton modem fait crouiiizouiiizapiwwwwwiiiz c’est que tu es connecté sur l’Internet.

  • Six mois d’« Allô Place Beauvau » : chronique des violences d’Etat
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170519/six-mois-d-allo-place-beauvau-chronique-des-violences-d-etat

    En 20 + 1 tweets commentés, l’écrivain-journaliste David Dufresne raconte ses jours et ses nuits passés à relever les #Violences_policières survenues dans le cadre des manifestations des gilets jaunes et des lycéens. Comment le projet « Allô @Place_Beauvau » est né, comment il est porté, comment il a évolué.

    #Police,_violences_policières,_Allo_Place_Beauvau,_maintien_de_l’ordre,_Christophe_Castaner,_gilets_jaunes

  • Le lapin de Jeff Koons établit un record - Le Point
    https://www.lepoint.fr/culture/le-lapin-de-jeff-koons-vendu-91-1-millions-de-dollars-etablit-un-record-16-0

    Jeff Koons détrône David Hockney. Une sculpture du plasticien américain a été vendue mercredi 91,1 millions de dollars lors d’enchères organisées par la maison Christie’s à New York, établissant un nouveau record pour un artiste vivant.

    Le Rabbit, qui représente un moulage en acier d’un lapin gonflable, a battu d’un souffle le tableau Portrait of an Artist (Pool with Two Figures) du peintre britannique David Hockney, qui avait atteint 90,3 millions de dollars mi-novembre, déjà chez Christie’s à New York.
    Identité de l’acheteur inconnue

    La sculpture star de la vente de printemps de Christie’s a été adjugée 80 millions de dollars, soit le même prix au marteau que la toile de David Hockney, mais a battu le record en ajoutant commission et frais, avec un prix final de 91,075 millions de dollars.

    Fait rare pour une œuvre de ce prix, ce lapin, qui fait partie d’une série de trois effectuée par Jeff Koons en 1986, a été adjugé à une personne se trouvant dans la salle.

    Nathalie Heinich expliquait qu’un des éléments typique de l’art contemporain est la présence de multiples qui permet la spéculation.
    Voire ici : https://seenthis.net/messages/707028
    Bien comprendre que les trois lapins ont désormais une cote de 91,075 millions de dollars chacun . L’opération financière à enrichit deux autres millionnaires sans qu’illes n’aient rien à faire.

  • « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/13/violences-policieres-la-nouvelle-strategie-de-maintien-de-l-ordre-inquiete_5

    L’exécutif nie l’existence même de brutalités policières lors des manifestations des « gilets jaunes » et leur demande désormais d’aller davantage au « contact », au risque de dégrader encore la situation.

    Au moment où Roxane (le prénom a été changé) arme son lanceur de balles de défense (LBD), il est déjà tard en ce énième samedi de manifestation. Cette policière mobilisée depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » n’en est pas à sa première munition de la journée. « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions », raconte-t-elle à l’un de ses amis. La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

    La scène ne fera pas le tour des réseaux sociaux. Et pour cause, elle n’a pas été filmée, la victime n’a pas été éborgnée, et la fonctionnaire n’a connaissance d’aucune plainte, à ce jour du moins. Mais ce témoignage rapporté au Monde, d’une sincérité brute, jette une lumière crue sur la polémique qui fait rage depuis plusieurs mois sur la gestion par les forces de l’ordre des manifestations des « gilets jaunes » et sa part ombrageuse mais indissociable, les violences policières.

    « Il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous »

    La parole des agents est en effet rare, étouffée au milieu d’un débat qui a pris une ampleur nationale. D’un côté, les réseaux sociaux sur lesquels ont été lancées les premières alertes agissent comme une caisse de résonance. Les séquences de policiers en train de molester des manifestants sont diffusées en boucle. Tout y est disséqué, commenté, relayé. « On est jugé et condamné dans la même seconde, il n’y a aucune présomption d’innocence pour nous », regrette un policier.

    De l’autre, le pouvoir nie contre toute évidence l’existence même des violences policières. A plusieurs reprises, le président de la République Emmanuel Macron et son ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, ont appelé à ne pas utiliser ce vocable. Une communication appréciée en interne, surtout par les syndicats, mais qui a aussi pour conséquence de laisser le policier qui a « dérapé » – l’euphémisme officiel – seul face à ses responsabilités.

    Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.
    Pour leurs collègues, il est impossible de comprendre ces scènes qui font le tour d’Internet sans prendre en compte le contexte, celui d’une ultraviolence à laquelle font face les troupes depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».

    « Chaque tir coûte cher à l’Etat »

    Comme pour ce policier filmé dans un contexte tendu, le 1er-Mai à Paris, en train de gifler un homme qui l’invective, sous la grille d’un magasin. L’un de ses camarades se veut compréhensif : « Ça ne se fait pas, on n’apprend pas ça, ce n’est pas pro, mais franchement, c’est un craquage. C’est l’insulte de trop après vingt-cinq week-ends de manifestations. Je ne l’excuse pas, mais je le comprends. » Ou pour celui immortalisé en train de lancer un pavé dans la foule. « Des pavés, il en a probablement reçu des centaines depuis le début du mouvement, c’est un être humain, pas une machine », justifie un autre policier.

    Certaines séquences laissent tout de même les policiers pantois. Ce sont souvent les mêmes qui reviennent dans la bouche des uns et des autres pour illustrer les cas de dérapages indéfendables. La scène du tabassage de manifestants dans un Burger King à Paris, en décembre 2018, trouve peu de défenseurs. Comme celle du tir de LBD à hauteur de tête en direction d’un manifestant à Bordeaux, en janvier, juste après un lancer répréhensible de grenade de désencerclement dans les airs. Idem pour la jeune fille qui s’est fait fracasser le crâne à Marseille par plusieurs policiers.

    Trois scènes de violence parmi des dizaines d’autres qui, mises bout à bout, poussent à s’interroger sur l’existence d’un système facilitant ce type de débordements. Pour certains observateurs, le problème n’est d’ailleurs pas celui de la faillite individuelle mais de la faiblesse des structures et de la hiérarchie. « Il y a un gros problème avec l’entraînement, notamment au LBD, car chaque tir coûte cher à l’Etat, juge Laurent-Franck Liénard, avocat spécialisé dans la défense des policiers et des gendarmes. On a aussi mis des effectifs de BAC en première ligne, alors qu’ils n’ont pas le cadre rigide des troupes de maintien de l’ordre. Vu le déficit de formation et d’encadrement, ils s’en sont plutôt bien sortis. »

    « Pas un blanc-seing »

    La nouvelle doctrine mise en place par Christophe Castaner après le saccage des Champs-Elysées, le 16 mars, qui se traduit par une volonté d’aller davantage au contact, va-t-elle conduire à une dégradation de la situation ? Les nombreux journalistes du Monde présents au défilé du 1er-Mai à Paris ont tous constaté des conditions de manifestation très tendues, au milieu des gaz lacrymogènes. Plusieurs ont été touchés par divers projectiles des forces de l’ordre et l’un d’entre eux a été braqué au visage par un LBD à moins d’un mètre. Les policiers, eux, apprécient la plus grande autonomie laissée à la hiérarchie présente sur le terrain. « Ça marche très bien, ça nous donne plus de mobilité, d’initiative, de rapidité. Ça n’est pas pour autant un blanc-seing : si vous merdez, vous assumez ! », explique un gradé.
    Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de violences policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

    Si les policiers ont bien conscience d’être désormais au centre de toutes les attentions, ils sont nombreux à regretter la politisation de la question du maintien de l’ordre, qui est avant tout, pour eux, un sujet technique, qui ne doit pas varier au gré des polémiques. « Il y a un discours qui tente de faire entendre que tout usage de la force est forcément une violence, donc illégitime, abonde l’avocat Laurent-Franck Liénard. C’est très dangereux. La réalité, c’est que, confrontés à une violence délirante, les forces de l’ordre ont été très réticentes à user de la force, elles ont été très majoritairement exemplaires, souvent en retrait par rapport à ce qu’elles auraient pu faire, voire dû faire. »

    La scène des trois gendarmes, pistolet au poing face à une voiture à Nantes, samedi 11 mai, est loin d’être une exception. D’après l’avocat, depuis novembre, au moins une dizaine de policiers et gendarmes ont pris son attache après avoir dégainé leur arme au cours d’une manifestation. Ils souhaitaient tous savoir s’ils avaient le droit de tirer.

    • Le Monde continue à asséner, ni vu ni connu, l’idée que la violence vient des gilets jaunes, ce qui est factuellement faux.
      Sur un autre papier du même torche-cul, alors qu’il y un titre qui fait semblant d’interroger l’impunité policière, on retrouve toujours les mêmes éléments de langage qui reviennent à « excuser » les « débordements » policiers en créant une fausse symétrie avec les violences des manifestants.

    • La suite, elle ne sait pas très bien comment l’expliquer. « J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. » La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions : « Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. »

      Depuis le début je me demande ce qui peut bien passer dans la tête d’un ou d’une fonctionnaire de police pour tirer sur une personne dans la foule, je viens enfin d’avoir la réponse à cette question, elle est effrayante : rien, un courant d’air.

    • Vraiment très élégante, cette figure de style (double opposition « prend la fuite / reste avec ses questions » et la cible-objet / la policière-personne) :

      La cible, touchée sans gravité, prend la fuite. La policière, elle, reste avec ses questions

      Je sais pas vous, mais c’est très émouvant, cette souffrance, cette douleur, que ressent la policière (alors que « la cible », elle, se contente de prendre la fuite comme si de rien n’était). La policière, quasiment « victime » de sa « propre violence ».

    • Après le 1er-Mai, les forces de l’ordre considéraient d’ailleurs avoir réussi leur opération, notamment en dispersant les black blocs, quand bien même plusieurs cas de #violences_policières ont été documentés. « C’est une guerre de l’image », explique un fonctionnaire, qui regrette que les scènes de violence à l’endroit des policiers et des gendarmes ne connaissent pas le même écho.

      Pas le même écho ??? j’ai pas le souvenir qu’un politique se soit penché sur le lit d’hôpital d’un gilet jaune. Quand c’est un poulet, alors là c’est le défilé au chevet du pandore avec caméra et tout le toutim.
      Mort c’est les invalides et médailles à titre posthume. Je te leur en donnerai moi des médailles, à poignées.

      Les fonctionnaires mis en cause par des plaintes s’expliquent-ils eux-mêmes leur geste ? Difficile à dire : la plupart d’entre eux n’ont pas encore été entendus par l’Inspection générale de la police nationale, la « police des polices », même pour des dossiers remontant aux premiers actes des « gilets jaunes », en novembre ou en décembre 2018. Sur les 240 enquêtes, une soixantaine ont été clôturées et retournées aux différents parquets (dont une quarantaine sur les 161 ouvertes à Paris). Aucune poursuite n’a encore été engagée.

      circulez y’a rien à voir !

    • http://lepanierasalade.fr

      Panorama
      Maintien de l’ordre

      « J’avais déjà tiré plusieurs fois, des tirs justifiés, sur des personnes en train de commettre des infractions,raconte une policière, mobilisée lors d’une manifestation. J’ai mis la cartouche, j’ai vu un manifestant, j’ai visé la tête et j’ai tiré, sans raison. (...) Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai fait ça. » [Le Monde] « Nous accuser d’agresser volontairement les gilets jaunes, c’est n’importe quoi, témoigne un CRS base à Toulouse (Haute-Garonne). Les CRS n’interviennent que sur ordre de leur hiérarchie, il ne peut y avoir aucune initiative personnelle. On est là pour encadrer les manifestations pas pour agresser les manifestants. » [France 3] En six mois de manifestations, pas un syndicat de police représentatif n’a pris ses distances avec la doctrine de maintien de l’ordre : les LBD sont défendus, les violences policières sont légitimées et toute voix discordante est étouffée. [Mediapart]

       ?Face à la multiplication des vidéos montrant les policiers au travail, certains espèrent une loi obligeant à flouter les visages avant diffusion, ou comptent sur le ministère de l’intérieur pour risposter avec les vidéos qu’il possède. [L’Express]

       ?Des policiers d’une brigade de répression de l’action violente frappent un étudiant dans sa résidence universitaire à la Pitié-Salpétrière à Paris en marge des manifestations du 1er-Mai. L’IGPN a été saisie. [Mediapart] Des gendarmes ont sorti leurs armes à Nantes (Loire-Atlantique) lors des manifestations de samedi. [LCI] Les street-médics se plaignent d’un acharnement policier à Toulouse (Haute-Garonne). [La Dépêche]

      Lacrymos. « Si sur la durée, la différence ne doit pas être énorme entre CM3 et CM6, elle le devient sur l’instant : la concentration en gaz monte d’un seul coup, créant des effets immédiats plus forts que ceux obtenus par le lanceur classique », explique Pierre Bernat, membre de la Ligue des droits de l’homme à Toulouse, ajoutant que les lanceurs, et leur usage, diffèrent entre ces deux types de grenades lacrymogènes. [franceinfo] Analyses. Des « Gilets jaunes » affichent des symptômes persistants après une exposition aux gaz lacrymogènes. Des personnalités scientifiques réclament des recherches sérieuses sur les effets de ceux-ci. [Libération]

      Le sociologue Cédric Moreau de Bellaing revient sur le travail de l’IGPN : « Pour les enquêteurs, la reconstitution de la dynamique de la situation est vraiment centrale. Une même blessure peut être le résultat d’une violence légitime comme illégitime. Pour différencier l’un de l’autre, il faut savoir comment la violence a été exercée, à quel moment, pour quelle raison : c’est donc crucial du point de vue de l’IGPN. » [Le Monde]

      « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même, déclarait le 29 mai 1968 le préfet de police Maurice Grimaud. Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites. » [Le Monde]
      « Gilets jaunes » et justice

      Du collectif « Robes noires et gilets jaunes » animé par les avocats David Libeskind et Philippe de Veulle, classés à droite, à des avocats plutôt ancrés à gauche, la défense juridique des manifestants s’organise. [Le Monde]

      Une manifestante de Toulouse est poursuivie pour « usage et menace d’une arme », en l’occurrence son fauteuil roulant électrique. [Capital] Six mois après les faits, six « Gilets jaunes » paraissaient devant le tribunal correctionnel pour participation à un attroupement à une sommation à se disperser. La relaxe a été demandée. [La Voix du Nord]
      Interpellation

      Les lycéens interpellés à Mantes-la-Jolie (Yvelines) et agenouillés par les policiers en décembre ont été entendus par l’IGPN. [La Gazette des Yvelines] Arié Alimi, avocat d’une vingtaine de lycéens interpellés réclame la nomination d’un juge d’instruction. [L’Humanité]

      Les mères des jeunes interpellés s’inquiètent des traumatismes causés par ces événements. « C’était un bon vivant, il aimait sortir, aller au cinéma avec ses copains. Maintenant il sort moins, il reste à la maison. Il me dit que comme ça personne ne le gêne, et qu’il ne gêne personne », raconte l’une d’elles. [Les Inrocks]
      Cour criminelle

      L’avocat Hervé Temime se lamente des cours criminelles départementales instaurée par la loi de réforme de la justice : « Je ne vois pas au nom de quoi on constituerait plusieurs catégories de crimes. Pourquoi un viol devrait être jugé par une juridiction composée de professionnels et un meurtre par la “vraie” cour d’assises ? (...) La cour d’assises actuelle, aussi critiquable soit-elle, est sans doute la juridiction où la justice est rendue avec le plus de soin, le plus de solennité et le plus de sérieux. » [Le Point] François Saint-Pierre de son côté n’apprécient pas les cours d’assise où le président seulement, contrairement au jury, a accès au dossier : « Notre système personnalise à outrance le procès sur le président et il faut en sortir. Comment ? Par ce que j’appelle la rationalisation de la procédure accusatoire. En faisant condamner la France devant la Cour européenne des droits de l’homme pour défaut de motivation des verdicts, j’ai contribué à faire évoluer les choses. Mon but est de casser ce système archaïque qui fait un peu bandouiller quelques avocats passéistes. » [Le Point]

      La boîte noire

      Info. Le ministère de la justice a décidé de ne plus diffuser les statistiques mensuelles sur la population écrouée et détenue. Seules des statistiques trimestrielles devraient être publiées ; celles des trois premiers mois de l’année devraient être publiées aujourd’hui. [Le Panier à salade] « Disposer d’une analyse statistique avec un recul de plusieurs mois permettra un meilleur aperçu des tendances de l’évolution de la population carcérale », justifie le cabinet de la ministre de la justice.

      Réaction. Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) regrette l’arrêt de ces publications : « Ces données sont extrêmement utiles au CGLPL pour l’exercice de notre mission, notamment pour vérifier les taux d’occupations réels des prisons que nous visitons, les établissements ayant une fâcheuse tendance à considérer que le nombre de places correspond au nombre de lits disponibles. Une publication à un rythme trimestriel risque d’être moins pertinente, alors que le CGLPL recommandait dans un rapport thématique sur la surpopulation carcérale que l’administration pénitentiaire se dote d’outils statistiques plus précis de l’occupation des établissements pénitentiaires. »

      En bref
      Un policier de Rennes (Ille-et-Vilaine) est soupçonné d’avoir détourné des armes saisies

       ?Un policier des stups est soupçonné d’avoir fait localiser le téléphone de sa femme

      Au Brésil, le nombre de suicides dans les rangs de la police est important

      La police nationale lance une nouvelle campagne de recrutement, proposant notamment un casque de réalité virtuelle

      Les juges doivent tenir compte d’une marge d’erreur de 8% de la valeur mesurée par les éthylomètres

      Relancée par la cour d’appel de Paris en 2013, l’enquête sur le scandale de l’IGS est au point mort

      Malgré la mort d’Eric Garner en 2014, les clefs d’étranglements sont toujours utilisées par la police de New York (États-Unis)

      Une ASVP de Nice (Alpes-Maritimes) condamnée pour avoir travaillé en parallèle au service d’une princesse arabe

      Deux policiers municipaux de Marseille (Bouches-du-Rhône) sont mis en examen après avoir tiré lors d’un refus d’obtempérer

      À Paris, des policiers recouvrent la tête d’un mineur avec un sac en tissu lors d’une interpellation ; le parquet a ouvert une enquête

      Un policier a été condamné pour avoir donné des coups de pieds à un manifestant contre les violences policières

      Un policier du commissariat de Roubaix (Nord) est condamné pour avoir détourné de l’argent saisi ; sa peine n’est pas inscrite à son casier

      La Cour de cassation rend définitif le non-lieu du gendarme ayant tiré la grenade qui a coûté à la vie à Rémi Fraisse

      Un homme est condamné à perpétuité après avoir percuté un gendarme en Ariège

      La peine de 25 ans de réclusion criminelle de Rédoine Faïd pour le braquage raté lors duquel la policière municipale Aurélie Fouquet était morte est définitive

       ?L’utilisation des caméras-piétons ne permettent pas de lutter contre les contrôles au faciès selon le DGPN ; le rapport mentionne de nombreuses pannes

      La ministre de la santé porte les premiers soins à un CRS affecté à son escorte victime d’un malaise

      La ville de Montréal (Québec, Canada) doit verser 43 000 $ à une manifestante détenue abusivement en 2014

      Une étude scientifique américaine montre le manque d’effet de la prison en matière de prévention de la violence

      Téléphone, drogue, colis : Snapchat, témoin de la vie quotidienne en prison ; le compte « Les Prisons 2 France » diffuse régulièrement des vidéos

      Un homme porte plainte après le suicide de son fils au centre pénitentiaire de Vézin-le-Coquet (Ille-et-Vilaine)

      « C’est répugnant ! » : la sénatrice Esther Benbassa a visité l’établissement pour mineurs de Porcheville (Yvelines)

      Trois ruches ont été installées à la prison de Montmédy (Meuse)

      Le Conseil constitutionnel a censuré l’article de loi utilisé pour pénaliser les surveillants pénitentiaires grévistes

      Aux Pays-Bas, le ministère de la justice a perdu la traces de 700 porteurs de bracelet électronique à cause d’un bug

      La section spécialisée C1 du parquet de Paris va bientôt laisser sa place au parquet national anti-terroriste

      La police municipale de Châteauroux (Indre) sera équipée de LBD à l’automne

      Candidate à la mairie de Paris, Rachida Dati souhaiterait armer la police municipale parisienne et encourager le lien avec la sécurité privée

      La Commission européenne travaille à une résolution pour faciliter l’accès aux preuves numériques

      1073 flash en trois mois en Normandie : les voitures radars privatisées ne flashent guère

      Aux États-Unis, les Tasers ne sont pas aussi fiables que le laisse penser leur constructeur ; parfois, ils aggravent même la situation

       ?Les policiers municipaux d’Honfleur (Calvados) testent les trottinettes électriques

    • (pour faire suite au message de @sombre, @paniersalade est même ici depuis quelques semaines, et la lettre d’info du 14 mai est disponible avec les liens à cette adresse : https://us12.campaign-archive.com/?u=93670423e9243101afcfcae19&id=d0ce6af1de et y’a moyen de s’abonner gratuitement pour la recevoir chaque mardi dans sa boîte mail)

      Le Panier à Salade propose une sélection hebdomadaire de liens de l’actualité police-justice.

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  • Sites classés : le gouvernement veut ouvrir la voie au béton
    11 mai 2019 / Marie Astier (Reporterre)
    https://reporterre.net/Sites-classes-le-gouvernement-veut-ouvrir-la-voie-au-beton

    (...) Actuellement, tous les travaux conséquents sur ces sites — un agrandissement notable d’un bâtiment, une construction, un belvédère ou une passerelle, un défrichage — doivent recevoir une autorisation ministérielle. Mais, un décret en préparation, que Reporterre a pu consulter, prévoit que l’ensemble des autorisations de travaux concernant les sites classés seront désormais délivrées à un niveau bien plus local, par les préfets de département.

    Un arbitrage de Matignon

    « On ne s’y attendait pas du tout », relate David Couzin, président de l’Association des inspecteurs des sites. Alors que les services du ministère travaillaient en interne depuis de longs mois à un projet de décret ne déléguant que les travaux les moins « impactants » aux préfets, Matignon est arrivé en décembre en imposant sa version lors d’une réunion interministérielle.

    « Il n’y a jamais eu d’attaque aussi importante du dispositif, les inspecteurs à la retraite qui m’appellent me disent que c’est la fin des sites classés », alerte David Couzin. Cette mesure « risque de vider de sa substance une politique importante de protection du patrimoine naturel et culturel », soutient le Syndicat national de l’environnement-FSU, dans une lettre au ministre de la Transition écologique. (...)

  • Who Was Shakespeare? Could the Author Have Been a Woman? - The Atlantic
    https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2019/06/who-is-shakespeare-emilia-bassano/588076

    On a spring night in 2018, I stood on a Manhattan sidewalk with friends, reading Shakespeare aloud. We were in line to see an adaptation of Macbeth and had decided to pass the time refreshing our memories of the play’s best lines. I pulled up Lady Macbeth’s soliloquy on my iPhone. “Come, you spirits / That tend on mortal thoughts, unsex me here,” I read, thrilled once again by the incantatory power of the verse. I remembered where I was when I first heard those lines: in my 10th-grade English class, startled out of my adolescent stupor by this woman rebelling magnificently and malevolently against her submissive status. “Make thick my blood, / Stop up th’ access and passage to remorse.” Six months into the #MeToo movement, her fury and frustration felt newly resonant.

    To hear more feature stories, see our full list or get the Audm iPhone app.

    Pulled back into plays I’d studied in college and graduate school, I found myself mesmerized by Lady Macbeth and her sisters in the Shakespeare canon. Beatrice, in Much Ado About Nothing, raging at the limitations of her sex (“O God, that I were a man! I would eat his heart in the marketplace”). Rosalind, in As You Like It, affecting the swagger of masculine confidence to escape those limitations (“We’ll have a swashing and a martial outside, / As many other mannish cowards have / That do outface it with their semblances”). Isabella, in Measure for Measure, fearing no one will believe her word against Angelo’s, rapist though he is (“To whom should I complain? Did I tell this, / Who would believe me?”). Kate, in The Taming of the Shrew, refusing to be silenced by her husband (“My tongue will tell the anger of my heart, / Or else my heart concealing it will break”). Emilia, in one of her last speeches in Othello before Iago kills her, arguing for women’s equality (“Let husbands know / Their wives have sense like them”).
    I was reminded of all the remarkable female friendships, too: Beatrice and Hero’s allegiance; Emilia’s devotion to her mistress, Desdemona; Paulina’s brave loyalty to Hermione in The Winter’s Tale; and plenty more. (“Let’s consult together against this greasy knight,” resolve the merry wives of Windsor, revenging themselves on Falstaff.) These intimate female alliances are fresh inventions—they don’t exist in the literary sources from which many of the plays are drawn. And when the plays lean on historical sources (Plutarch, for instance), they feminize them, portraying legendary male figures through the eyes of mothers, wives, and lovers. “Why was Shakespeare able to see the woman’s position, write entirely as if he were a woman, in a way that none of the other playwrights of the age were able to?” In her book about the plays’ female characters, Tina Packer, the founding artistic director of Shakespeare & Company, asked the question very much on my mind.

    Doubts about whether William Shakespeare (who was born in Stratford-upon-Avon in 1564 and died in 1616) really wrote the works attributed to him are almost as old as the writing itself. Alternative contenders—Francis Bacon; Christopher Marlowe; and Edward de Vere, the 17th earl of Oxford, prominent among them—continue to have champions, whose fervor can sometimes border on fanaticism. In response, orthodox Shakespeare scholars have settled into dogmatism of their own. Even to dabble in authorship questions is considered a sign of bad faith, a blinkered failure to countenance genius in a glover’s son. The time had come, I felt, to tug at the blinkers of both camps and reconsider the authorship debate: Had anyone ever proposed that the creator of those extraordinary women might be a woman? Each of the male possibilities requires an elaborate theory to explain his use of another’s name. None of the candidates has succeeded in dethroning the man from Stratford. Yet a simple reason would explain a playwright’s need for a pseudonym in Elizabethan England: being female.
    Who was this woman writing “immortal work” in the same year that Shakespeare’s name first appeared in print?

    Long before Tina Packer marveled at the bard’s uncanny insight, others were no less awed by the empathy that pervades the work. “One would think that he had been Metamorphosed from a Man to a Woman,” wrote Margaret Cavendish, the 17th-century philosopher and playwright. The critic John Ruskin said, “Shakespeare has no heroes—he has only heroines.” A striking number of those heroines refuse to obey rules. At least 10 defy their fathers, bucking betrothals they don’t like to find their own paths to love. Eight disguise themselves as men, outwitting patriarchal controls—more gender-swapping than can be found in the work of any previous English playwright. Six lead armies.

    The prevailing view, however, has been that no women in Renaissance England wrote for the theater, because that was against the rules. Religious verse and translation were deemed suitable female literary pursuits; “closet dramas,” meant only for private reading, were acceptable. The stage was off-limits. Yet scholars have lately established that women were involved in the business of acting companies as patrons, shareholders, suppliers of costumes, and gatherers of entrance fees. What’s more, 80 percent of the plays printed in the 1580s were written anonymously, and that number didn’t fall below 50 percent until the early 1600s. At least one eminent Shakespeare scholar, Phyllis Rackin, of the University of Pennsylvania, challenges the blanket assumption that the commercial drama pouring forth in the period bore no trace of a female hand. So did Virginia Woolf, even as she sighed over the obstacles that would have confronted a female Shakespeare: “Undoubtedly, I thought, looking at the shelf where there are no plays by women, her work would have gone unsigned.”

    A tantalizing nudge lies buried in the writings of Gabriel Harvey, a well-known Elizabethan literary critic. In 1593, he referred cryptically to an “excellent Gentlewoman” who had written three sonnets and a comedy. “I dare not Particularise her Description,” he wrote, even as he heaped praise on her.

    All her conceits are illuminate with the light of Reason; all her speeches beautified with the grace of Affability … In her mind there appeareth a certain heavenly Logic; in her tongue & pen a divine Rhetoric … I dare undertake with warrant, whatsoever she writeth must needs remain an immortal work, and will leave, in the activest world, an eternal memory of the silliest vermin that she should vouchsafe to grace with her beautiful and allective style, as ingenious as elegant.

    Who was this woman writing “immortal work” in the same year that Shakespeare’s name first appeared in print, on the poem “Venus and Adonis,” a scandalous parody of masculine seduction tales (in which the woman forces herself on the man)? Harvey’s tribute is extraordinary, yet orthodox Shakespeareans and anti-Stratfordians alike have almost entirely ignored it.

    Until recently, that is, when a few bold outliers began to advance the case that Shakespeare might well have been a woman. One candidate is Mary Sidney, the countess of Pembroke (and beloved sister of the celebrated poet Philip Sidney)—one of the most educated women of her time, a translator and poet, and the doyenne of the Wilton Circle, a literary salon dedicated to galvanizing an English cultural renaissance. Clues beckon, not least that Sidney and her husband were the patrons of one of the first theater companies to perform Shakespeare’s plays. Was Shakespeare’s name useful camouflage, allowing her to publish what she otherwise couldn’t?
    Shakespeare’s life is remarkably well documented—yet no records from his lifetime identify him unequivocally as a writer.

    But the candidate who intrigued me more was a woman as exotic and peripheral as Sidney was pedigreed and prominent. Not long after my Macbeth outing, I learned that Shakespeare’s Globe, in London, had set out to explore this figure’s input to the canon. The theater’s summer 2018 season concluded with a new play, Emilia, about a contemporary of Shakespeare’s named Emilia Bassano. Born in London in 1569 to a family of Venetian immigrants—musicians and instrument-makers who were likely Jewish—she was one of the first women in England to publish a volume of poetry (suitably religious yet startlingly feminist, arguing for women’s “Libertie” and against male oppression). Her existence was unearthed in 1973 by the Oxford historian A. L. Rowse, who speculated that she was Shakespeare’s mistress, the “dark lady” described in the sonnets. In Emilia, the playwright Morgan Lloyd Malcolm goes a step further: Her Shakespeare is a plagiarist who uses Bassano’s words for Emilia’s famous defense of women in Othello.

    Could Bassano have contributed even more widely and directly? The idea felt like a feminist fantasy about the past—but then, stories about women’s lost and obscured achievements so often have a dreamlike quality, unveiling a history different from the one we’ve learned. Was I getting carried away, reinventing Shakespeare in the image of our age? Or was I seeing past gendered assumptions to the woman who—like Shakespeare’s heroines—had fashioned herself a clever disguise? Perhaps the time was finally ripe for us to see her.

    The ranks of Shakespeare skeptics comprise a kind of literary underworld—a cross-disciplinary array of academics, actors (Derek Jacobi and Mark Rylance are perhaps the best known), writers, teachers, lawyers, a few Supreme Court justices (Sandra Day O’Connor, Antonin Scalia, John Paul Stevens). Look further back and you’ll find such illustrious names as Ralph Waldo Emerson, Walt Whitman, Mark Twain, Henry James, Sigmund Freud, Helen Keller, and Charlie Chaplin. Their ideas about the authorship of the plays and poems differ, but they concur that Shakespeare is not the man who wrote them.

    Their doubt is rooted in an empirical conundrum. Shakespeare’s life is remarkably well documented, by the standards of the period—yet no records from his lifetime identify him unequivocally as a writer. The more than 70 documents that exist show him as an actor, a shareholder in a theater company, a moneylender, and a property investor. They show that he dodged taxes, was fined for hoarding grain during a shortage, pursued petty lawsuits, and was subject to a restraining order. The profile is remarkably coherent, adding up to a mercenary impresario of the Renaissance entertainment industry. What’s missing is any sign that he wrote.

    From January 1863: Nathaniel Hawthorne considers authorship while visiting Stratford-upon-Avon

    No such void exists for other major writers of the period, as a meticulous scholar named Diana Price has demonstrated. Many left fewer documents than Shakespeare did, but among them are manuscripts, letters, and payment records proving that writing was their profession. For example, court records show payment to Ben Jonson for “those services of his wit & pen.” Desperate to come up with comparable material to round out Shakespeare, scholars in the 18th and 19th centuries forged evidence—later debunked—of a writerly life.

    To be sure, Shakespeare’s name can be found linked, during his lifetime, to written works. With Love’s Labour’s Lost, in 1598, it started appearing on the title pages of one-play editions called “quartos.” (Several of the plays attributed to Shakespeare were first published anonymously.) Commentators at the time saluted him by name, praising “Shakespeare’s fine filed phrase” and “honey-tongued Shakespeare.” But such evidence proves attribution, not actual authorship—as even some orthodox Shakespeare scholars grant. “I would love to find a contemporary document that said William Shakespeare was the dramatist of Stratford-upon-Avon written during his lifetime,” Stanley Wells, a professor emeritus at the University of Birmingham’s Shakespeare Institute, has said. “That would shut the buggers up!”
    FROM THE ARCHIVES
    October 1991 Atlantic cover

    In 1991, The Atlantic commissioned two pieces from admittedly partisan authors, Irving Matus and Tom Bethell, to examine and debate the argument:
    In Defense of Shakespeare
    The Case for Oxford

    By contrast, more than a few of Shakespeare’s contemporaries are on record suggesting that his name got affixed to work that wasn’t his. In 1591, the dramatist Robert Greene wrote of the practice of “underhand brokery”—of poets who “get some other Batillus to set his name to their verses.” (Batillus was a mediocre Roman poet who claimed some of Virgil’s verses as his own.) The following year, he warned fellow playwrights about an “upstart Crow, beautified with our feathers,” who thinks he is the “onely Shake-scene in a countrey.” Most scholars agree that the “Crow” is Shakespeare, then an actor in his late 20s, and conclude that the new-hatched playwright was starting to irk established figures. Anti-Stratfordians see something else: In Aesop’s fables, the crow was a proud strutter who stole the feathers of others; Horace’s crow, in his epistles, was a plagiarist. Shakespeare was being attacked, they say, not as a budding dramatist, but as a paymaster taking credit for others’ work. “Seeke you better Maisters,” Greene advised, urging his colleagues to cease writing for the Crow.

    Ben Jonson, among others, got in his digs, too. Scholars agree that the character of Sogliardo in Every Man Out of His Humour—a country bumpkin “without brain, wit, anything, indeed, ramping to gentility”—is a parody of Shakespeare, a social climber whose pursuit of a coat of arms was common lore among his circle of actors. In a satirical poem called “On Poet-Ape,” Jonson was likely taking aim at Shakespeare the theater-world wheeler-dealer. This poet-ape, Jonson wrote, “from brokage is become so bold a thief,”

    At first he made low shifts, would pick and glean,
    Buy the reversion of old plays; now grown
    To a little wealth, and credit in the scene,
    He takes up all, makes each man’s wit his own

    What to make of the fact that Jonson changed his tune in the prefatory material that he contributed to the First Folio of plays when it appeared seven years after Shakespeare’s death? Jonson’s praise there did more than attribute the work to Shakespeare. It declared his art unmatched: “He was not of an age, but for all time!” The anti-Stratfordian response is to note the shameless hype at the heart of the Folio project. “Whatever you do, Buy,” the compilers urged in their dedication, intent on a hard sell for a dramatist who, doubters emphasize, was curiously unsung at his death. The Folio’s introductory effusions, they argue, contain double meanings. Jonson tells readers, for example, to find Shakespeare not in his portrait “but his Booke,” seeming to undercut the relation between the man and the work. And near the start of his over-the-top tribute, Jonson riffs on the unreliability of extravagant praise, “which doth ne’er advance / The truth.”

    From September 1904: Ralph Waldo Emerson celebrates Shakespeare

    The authorship puzzles don’t end there. How did the man born in Stratford acquire the wide-ranging knowledge on display in the plays—of the Elizabethan court, as well as of multiple languages, the law, astronomy, music, the military, and foreign lands, especially northern Italian cities? The author’s linguistic brilliance shines in words and sayings imported from foreign vocabularies, but Shakespeare wasn’t educated past the age of 13. Perhaps he traveled, joined the army, worked as a tutor, or all three, scholars have proposed. Yet no proof exists of any of those experiences, despite, as the Oxford historian Hugh Trevor-Roper pointed out in an essay, “the greatest battery of organized research that has ever been directed upon a single person.”
    Emilia Bassano’s life encompassed the breadth of the Shakespeare canon: its low-class references and knowledge of the court; its Italian sources and Jewish allusions; its music and feminism.

    In fact, a document that does exist—Shakespeare’s will—would seem to undercut such hypotheses. A wealthy man when he retired to Stratford, he was meticulous about bequeathing his properties and possessions (his silver, his second-best bed). Yet he left behind not a single book, though the plays draw on hundreds of texts, including some—in Italian and French—that hadn’t yet been translated into English. Nor did he leave any musical instruments, though the plays use at least 300 musical terms and refer to 26 instruments. He remembered three actor-owners in his company, but no one in the literary profession. Strangest of all, he made no mention of manuscripts or writing. Perhaps as startling as the gaps in his will, Shakespeare appears to have neglected his daughters’ education—an incongruity, given the erudition of so many of the playwright’s female characters. One signed with her mark, the other with a signature a scholar has called “painfully formed.”

    “Weak and unconvincing” was Trevor-Roper’s verdict on the case for Shakespeare. My delving left me in agreement, not that the briefs for the male alternatives struck me as compelling either. Steeped in the plays, I felt their author would surely join me in bridling at the Stratfordians’ unquestioning worship at the shrine—their arrogant dismissal of skeptics as mere deluded “buggers,” or worse. (“Is there any more fanatic zealot than the priest-like defender of a challenged creed?” asked Richmond Crinkley, a former director of programs at the Folger Shakespeare Library who was nonetheless sympathetic to the anti-Stratfordian view.) To appreciate how belief blossoms into fact—how readily myths about someone get disseminated as truth—one can’t do better than to read Shakespeare. Just think of how obsessed the work is with mistaken identities, concealed women, forged and anonymous documents—with the error of trusting in outward appearances. What if searchers for the real Shakespeare simply haven’t set their sights on the right pool of candidates?

    Read: An interview with the author of ‘The Shakespeare Wars’

    I met Emilia Bassano’s most ardent champion at Alice’s Tea Cup, which seemed unexpectedly apt: A teahouse on Manhattan’s Upper West Side, it has quotes from Alice in Wonderland scrawled across the walls. (“off with their heads!”) John Hudson, an Englishman in his 60s who pursued a degree at the Shakespeare Institute in a mid-career swerve, had been on the Bassano case for years, he told me. In 2014, he published Shakespeare’s Dark Lady: Amelia Bassano Lanier, the Woman Behind Shakespeare’s Plays? His zeal can sometimes get the better of him, yet he emphasizes that his methods and findings are laid out “for anyone … to refute if they wish.” Like Alice’s rabbit hole, Bassano’s case opened up new and richly disorienting perspectives—on the plays, on the ways we think about genius and gender, and on a fascinating life.

    Hudson first learned of Bassano from A. L. Rowse, who discovered mention of her in the notebooks of an Elizabethan physician and astrologer named Simon Forman. In her teens, she became the mistress of Henry Carey, Lord Hunsdon, the master of court entertainment and patron of Shakespeare’s acting company. And that is only the start. Whether or not Bassano was Shakespeare’s lover (scholars now dismiss Rowse’s claim), the discernible contours of her biography supply what the available material about Shakespeare’s life doesn’t: circumstantial evidence of opportunities to acquire an impressive expanse of knowledge.

    Bassano lived, Hudson points out, “an existence on the boundaries of many different social worlds,” encompassing the breadth of the Shakespeare canon: its coarse, low-class references and its intimate knowledge of the court; its Italian sources and its Jewish allusions; its music and its feminism. And her imprint, as Hudson reads the plays, extends over a long period. He notes the many uses of her name, citing several early on—for instance, an Emilia in The Comedy of Errors. (Emilia, the most common female name in the plays alongside Katherine, wasn’t used in the 16th century by any other English playwright.) Titus Andronicus features a character named Bassianus, which was the original Roman name of Bassano del Grappa, her family’s hometown before their move to Venice. Later, in The Merchant of Venice, the romantic hero is a Venetian named Bassanio, an indication that the author perhaps knew of the Bassanos’ connection to Venice. (Bassanio is a spelling of their name in some records.)

    Further on, in Othello, another Emilia appears—Iago’s wife. Her famous speech against abusive husbands, Hudson notes, doesn’t show up until 1623, in the First Folio, included among lines that hadn’t appeared in an earlier version (lines that Stratfordians assume—without any proof—were written before Shakespeare’s death). Bassano was still alive, and by then had known her share of hardship at the hands of men. More to the point, she had already spoken out, in her 1611 book of poetry, against men who “do like vipers deface the wombs wherein they were bred.”

    Prodded by Hudson, you can discern traces of Bassano’s own life trajectory in particular works across the canon. In All’s Well That Ends Well, a lowborn girl lives with a dowager countess and a general named Bertram. When Bassano’s father, Baptista, died in 1576, Emilia, then 7, was taken in by Susan Bertie, the dowager countess of Kent. The countess’s brother, Peregrine Bertie, was—like the fictional Bertram—a celebrated general. In the play, the countess tells how a father “famous … in his profession” left “his sole child … bequeathed to my overlooking. I have those hopes of her good that her education promises.” Bassano received a remarkable humanist education with the countess. In her book of poetry, she praised her guardian as “the Mistris of my youth, / The noble guide of my ungovern’d dayes.”
    Bassano’s life sheds possible light on the plays’ preoccupation with women caught in forced or loveless marriages.

    As for the celebrated general, Hudson seizes on the possibility that Bassano’s ears, and perhaps eyes, were opened by Peregrine Bertie as well. In 1582, Bertie was named ambassador to Denmark by the queen and sent to the court at Elsinore—the setting of Hamlet. Records show that the trip included state dinners with Rosencrantz and Guildenstern, whose names appear in the play. Because emissaries from the same two families later visited the English court, the trip isn’t decisive, but another encounter is telling: Bertie met with the Danish astronomer Tycho Brahe, whose astronomical theories influenced the play. Was Bassano (then just entering her teens) on the trip? Bertie was accompanied by a “whole traine,” but only the names of important gentlemen are recorded. In any case, Hudson argues, she would have heard tales on his return.

    Later, as the mistress of Henry Carey (43 years her senior), Bassano gained access to more than the theater world. Carey, the queen’s cousin, held various legal and military positions. Bassano was “favoured much of her Majesty and of many noblemen,” the physician Forman noted, indicating the kind of extensive aristocratic associations that only vague guesswork can accord to Shakespeare. His company didn’t perform at court until Christmas of 1594, after several of the plays informed by courtly life had already been written. Shakespeare’s history plays, concerned as they are with the interactions of the governing class, presume an insider perspective on aristocratic life. Yet mere court performances wouldn’t have enabled such familiarity, and no trace exists of Shakespeare’s presence in any upper-class household.

    And then, in late 1592, Bassano (now 23) was expelled from court. She was pregnant. Carey gave her money and jewels and, for appearance’s sake, married her off to Alphonso Lanier, a court musician. A few months later, she had a son. Despite the glittering dowry, Lanier must not have been pleased. “Her husband hath dealt hardly with her,” Forman wrote, “and spent and consumed her goods.”

    Bassano was later employed in a noble household, probably as a music tutor, and roughly a decade after that opened a school. Whether she accompanied her male relatives—whose consort of recorder players at the English court lasted 90 years—on their trips back to northern Italy isn’t known. But the family link to the home country offers support for the fine-grained familiarity with the region that (along with in-depth musical knowledge) any plausible candidate for authorship would seem to need—just what scholars have had to strain to establish for Shakespeare. (Perhaps, theories go, he chatted with travelers or consulted books.) In Othello, for example, Iago gives a speech that precisely describes a fresco in Bassano del Grappa—also the location of a shop owned by Giovanni Otello, a likely source of the title character’s name.

    Her Bassano lineage—scholars suggest the family were conversos, converted or hidden Jews presenting as Christians—also helps account for the Jewish references that scholars of the plays have noted. The plea in The Merchant of Venice for the equality and humanity of Jews, a radical departure from typical anti-Semitic portrayals of the period, is well known. “Hath not a Jew hands, organs, dimensions, senses, affections, passions?” Shylock asks. “If you prick us, do we not bleed?” A Midsummer Night’s Dream draws from a passage in the Talmud about marriage vows; spoken Hebrew is mixed into the nonsense language of All’s Well That Ends Well.
    Stephen Doyle

    What’s more, the Bassano family’s background suggests a source close to home for the particular interest in dark figures in the sonnets, Othello, and elsewhere. A 1584 document about the arrest of two Bassano men records them as “black”—among Elizabethans, the term could apply to anyone darker than the fair-skinned English, including those with a Mediterranean complexion. (The fellows uttered lines that could come straight from a comic interlude in the plays: “We have as good friends in the court as thou hast and better too … Send us to ward? Thou wert as good kiss our arse.”) In Love’s Labour’s Lost, the noblemen derisively compare Rosaline, the princess’s attendant, to “chimney-sweepers” and “colliers” (coal miners). The king joins in, telling Berowne, who is infatuated with her, “Thy love is black as ebony,” to which the young lord responds, “O wood divine!”

    Bassano’s life sheds possible light, too, on another outsider theme: the plays’ preoccupation with women caught in forced or loveless marriages. Hudson sees her misery reflected in the sonnets, thought to have been written from the early 1590s to the early 1600s. “When, in disgrace with fortune and men’s eyes, / I all alone beweep my outcast state, /And trouble deaf heaven with my bootless cries, /And look upon myself and curse my fate,” reads sonnet 29. (When Maya Angelou first encountered the poem as a child, she thought Shakespeare must have been a black girl who had been sexually abused: “How else could he know what I know?”) For Shakespeare, those years brought a rise in status: In 1596, he was granted a coat of arms, and by 1597, he was rich enough to buy the second-largest house in Stratford.

    Read: What Maya Angelou meant when she said ‘Shakespeare must be a black girl’

    In what is considered an early or muddled version of The Taming of the Shrew, a man named Alphonso (as was Bassano’s husband) tries to marry off his three daughters, Emilia, Kate, and Philema. Emilia drops out in the later version, and the father is now called Baptista (the name of Bassano’s father). As a portrait of a husband dealing “hardly” with a wife, the play is horrifying. Yet Kate’s speech of submission, with its allusions to the Letters of Paul, is slippery: Even as she exaggeratedly parrots the Christian doctrine of womanly subjection, she is anything but dutifully silent.

    Shakespeare’s women repeatedly subvert such teachings, perhaps most radically in The Winter’s Tale, another drama of male cruelty. There the noblewoman Paulina, scorned by King Leontes as “a most intelligencing bawd” with a “boundless tongue,” bears fierce witness against him (no man dares to) when he wrongly accuses Queen Hermione of adultery and imprisons her. As in so many of the comedies, a more enlightened society emerges in the end because the women’s values triumph.

    I was stunned to realize that the year The Winter’s Tale was likely completed, 1611, was the same year Bassano published her book of poetry, Salve Deus Rex Judæorum. Her writing style bears no obvious resemblance to Shakespeare’s in his plays, though Hudson strains to suggest similarities. The overlap lies in the feminist content. Bassano’s poetry registers as more than conventional religious verse designed to win patronage (she dedicates it to nine women, Mary Sidney included, fashioning a female literary community). Scholars have observed that it reads as a “transgressive” defense of Eve and womankind. Like a cross-dressing Shakespearean heroine, Bassano refuses to play by the rules, heretically reinterpreting scripture. “If Eve did err, it was for knowledge sake,” she writes. Arguing that the crucifixion, a crime committed by men, was a greater crime than Eve’s, she challenges the basis of men’s “tyranny” over women.

    “I always feel something Italian, something Jewish about Shakespeare,” Jorge Luis Borges told The Paris Review in 1966. “Perhaps Englishmen admire him because of that, because it’s so unlike them.” Borges didn’t mention feeling “something female” about the bard, yet that response has never ceased to be part of Shakespeare’s allure—embodiment though he is of the patriarchal authority of the Western canon. What would the revelation of a woman’s hand at work mean, aside from the loss of a prime tourist attraction in Stratford-upon-Avon? Would the effect be a blow to the cultural patriarchy, or the erosion of the canon’s status? Would (male) myths of inexplicable genius take a hit? Would women at last claim their rightful authority as historical and intellectual forces?

    I was curious to take the temperature of the combative authorship debate as women edge their way into it. Over more tea, I tested Hudson’s room for flexibility. Could the plays’ many connections to Bassano be explained by simply assuming the playwright knew her well? “Shakespeare would have had to run to her every few minutes for a musical reference or an Italian pun,” he said. I caught up with Mark Rylance, the actor and former artistic director of the Globe, in the midst of rehearsals for Othello (whose plot, he noted, comes from an Italian text that didn’t exist in English). A latitudinarian doubter—embracing the inquiry, not any single candidate—Rylance has lately observed that the once heretical notion of collaboration between Shakespeare and other writers “is now accepted, pursued and published by leading orthodox scholars.” He told me that “Emilia should be studied by anyone interested in the creation of the plays.” David Scott Kastan, a well-known Shakespeare scholar at Yale, urged further exploration too, though he wasn’t ready to anoint her bard. “What’s clear is that it’s important to know more about her,” he said, and even got playful with pronouns: “The more we know about her and the world she lived in, the more we’ll know about Shakespeare, whoever she was.”
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    In the fall, I joined the annual meeting of the Shakespeare Authorship Trust—a gathering of skeptics at the Globe—feeling excited that gender would be at the top of the agenda. Some eyebrows were raised even in this company, but enthusiasm ran high. “People have been totally frustrated with authorship debates that go nowhere, but that’s because there have been 200 years of bad candidates,” one participant from the University of Toronto exclaimed. “They didn’t want to see women in this,” he reflected. “It’s a tragedy of history.”

    He favored Sidney. Others were eager to learn about Bassano, and with collaboration in mind, I wondered whether the two women had perhaps worked together, or as part of a group. I thought of Bassano’s Salve Deus, in which she writes that men have wrongly taken credit for knowledge: “Yet Men will boast of Knowledge, which he tooke / From Eve’s faire hand, as from a learned Booke.”

    The night after the meeting, I went to a performance of Antony and Cleopatra at the National Theatre. I sat enthralled, still listening for the poet in her words, trying to catch her reflection in some forgotten bit of verse. “Give me my robe, put on my crown,” cried the queen, “I have / Immortal longings in me.” There she was, kissing her ladies goodbye, raising the serpent to her breast. “I am fire and air.”

  • David Adler : « Proposer une politique transnationale contre l’alternative Macron-Salvini »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/110419/david-adler-nous-avons-sous-estime-quel-point-construire-une-politique-tra

    Pourquoi est-il si difficile de construire un mouvement politique véritablement transnational en #EUROPE, comme s’y essaie l’ex-ministre des finances grec Yanis Varoufakis à l’approche des européennes de mai avec le Printemps européen ? Entretien avec David Adler, coordinateur politique du mouvement de Varoufakis.

    #Parlement_européen,_austérité,_Diem_25,_Grèce,_David_Adler,_Yanis_Varoufakis,_UE,_européennes

  • Les ZakousTisk’S
    http://www.radiopanik.org/emissions/les-zakoustiks/les-zakoustisks--6

    Chers auditeurs et auditrices, ce mois-ci nous vous emmènons au Festival Révolution 13 des éditions Maelström qui a lieu du 9 au 12 mai 2019 : http://www.fiestival.net/fiestival-2019/programme-du-fiestival.html Au programme, nous vous proposons : Lectures, slam, performances poétiques et musicales et scène ouverte, en partenariat avec l’association Slameke Animation par Gioia Kayaga (BE) et par David Giannoni (IT) & la performance de Jessy James LaFleur (BE) et Samian (CA)

    De la part de toute l’équipe, nous vous souhaitons déjà une bonne écoute une bonne écoute.

    #Poésie
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/les-zakoustiks/les-zakoustisks--6_06689__1.mp3

  • Gilets jaunes : « Les bavures policières, c’est l’omerta absolue » - Par La rédaction | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/gilets-jaunes-les-bavures-policieres-cest-lomerta-absolue

    Plusieurs semaines de silence quasi complet de tous les médias et tout à coup, en quelques jours, un déferlement d’émissions et d’articles sur la répression policière du mouvement des Gilets jaunes. Répression qui, à ce jour, a provoqué une centaine de blessés graves, dont une quinzaine a perdu un œil. Pour comprendre comment et pourquoi un système médiatique peut focaliser sur un phénomène qu’il ignorait la veille nous recevons sur notre plateau : David Dufresne, journaliste indépendant, auteur de Maintien de l’ordre (Hachette Littérature), il recense depuis le début du mouvement toutes les images de violences policières contre des Gilets jaunes et des journalistes ; Axel Ronde, secrétaire général du syndicat VIGI Police (organisation ex CGT) ; Eric Dessons, reporter photographe au Journal du Dimanche, gravement blessé à la main par les forces de l’ordre durant l’acte 4.

  • L’enquête sur le scandale de l’IGS au point mort
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/09/l-enquete-sur-le-scandale-de-l-igs-au-point-mort_5459905_3224.html

    L’avocat des cinq fonctionnaires injustement mis en cause dans une affaire de faux à l’IGS, révélée par « Le Monde » en 2012, a déposé une nouvelle demande de dépaysement.

    Le scandale était policier, le fiasco devient judiciaire. L’affaire de l’IGS (l’inspection générale des services), révélée par Le Monde en 2012, avait secoué à l’époque la Préfecture de police de Paris. Elle avait même conduit à la dissolution de cette unité, la police des polices de la capitale, accusée d’avoir falsifié les conclusions d’une investigation à des fins politiques. Mais, sept ans après, l’enquête qui avait été ouverte sur ces manipulations policières est totalement encalminée, après être passée entre les mains de plusieurs juges d’instruction, qui ont tous eu pour point commun leur inaction dans ce dossier sensible.

    L’avocat des cinq fonctionnaires de police qui avaient été injustement mis en cause avant d’être blanchis, Me David Lepidi, a déposé mardi 7 mai une nouvelle demande de dépaysement de l’affaire au nom des parties civiles. Dans un courrier que Le Monde a pu consulter, l’une des victimes des manœuvres de l’IGS, le préfet Yannick Blanc, résume le sentiment des parties civiles face aux « palinodies » des magistrats instructeurs : « Comptent-ils sur l’usure du temps pour se débarrasser d’une affaire qu’ils auraient enterrée depuis longtemps sans les décisions particulièrement explicites de la chambre de l’instruction ? » Contacté, le parquet de Paris n’a pas souhaité réagir.

    Dossier bâti sur du sable

    Pour comprendre l’agacement des parties civiles, il faut remonter aux origines de ce « chantier », la phraséologie policière pour les affaires truquées. En 2007, l’IGS, qui s’occupe de contrôler les fonctionnaires de la Préfecture de police de Paris, monte un dossier sur le service des affaires réservées, soupçonné d’avoir organisé un trafic de titres de séjour. Le patron du service, Yannick Blanc, alors au grade de directeur de la police générale, trois de ses collaborateurs, Dominique Nicot, Bruno Triquenaux, Zohra Medjkoune, et un policier chargé de la sécurité de l’ancien ministre de l’intérieur socialiste Daniel Vaillant, Christian Massard, sont tous mis en cause et suspendus.

    Il faudra quatre longues années pour qu’ils soient totalement innocentés et réintégrés à la police nationale. Non seulement le dossier contre eux était bâti sur du sable – des procès-verbaux truqués, des déclarations déformées, des écoutes téléphoniques incomplètement retranscrites… – mais il apparaît également qu’il aurait été monté de toutes pièces pour des raisons politiques : les affinités de Yannick Blanc avec la gauche ne sont alors pas dans l’air du temps.

    Les fonctionnaires injustement mis en cause ripostent en déposant de nombreuses plaintes entre 2007 et 2012, qui donneront lieu à l’ouverture de neuf instructions confiées à cinq juges différents. Les faits visés sont éloquents : faux en écriture publique, violation du secret de l’instruction et recel, dénonciation calomnieuse, violence volontaire lors d’une garde à vue… Mais les nombreuses demandes d’acte de leur avocat sont systématiquement rejetées et les ordonnances de non-lieu se succèdent au cours de l’année 2012. Alors que, sur le plan politique, l’affaire a déjà provoqué l’éviction du patron de l’IGS, la fermeture du service et sa dissolution dans l’inspection générale de la police nationale, mettant fin à la spécificité de la police des polices parisienne, elle ne progresse plus sur le plan judiciaire.
    Un constat partagé par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris : celle-ci rend en 2013 un arrêt sans équivoque qui infirme toutes les ordonnances de non-lieu, déclare recevable les quatorze demandes d’acte des parties civiles et désigne un seul magistrat pour instruire, enfin, cette affaire. Un véritable camouflet pour l’institution.

    Un seul témoin entendu

    Les choses ne vont pourtant pas s’améliorer dans les années qui suivent. La juge d’instruction à qui a été confié le dossier part quelques mois plus tard à la retraite sans avoir fait avancer l’enquête. La magistrate suivante ne montrera pas plus de pugnacité. Lorsqu’elle change d’affectation un an plus tard, aucun acte supplémentaire n’a été réalisé.
    Après des allers-retours, le dossier est finalement confié en 2017 à trois juges d’instruction, dont Carine Rosso, récemment sous le feu des projecteurs pour avoir hérité de l’affaire Benalla. A ce jour, soit six ans après l’arrêt de la chambre de l’instruction, un seul témoin a été entendu.

    Une audition qui n’est pas de nature à rassurer les parties civiles, qui y voient « une manifeste absence d’impartialité ». Dans son courrier, Yannick Blanc s’étonne que la juge Rosso se soit abstenue de poser « les questions essentielles » à la personne entendue, Christophe Bay. Ce témoin aurait pu éclairer l’enquête sur l’un des points les plus surprenants. A l’époque secrétaire général de la préfecture du Rhône, il avait envoyé l’un de ses subordonnés à Paris pour être l’« expert » attitré de l’IGS sur le prétendu trafic de titres de séjour. Mais l’homme missionné, outre le fait qu’il ne travaillait plus sur cette thématique depuis plusieurs années, avait été défrayé de ses frais de bouche et d’hôtel directement sur le compte personnel du directeur adjoint de l’IGS.

    Inertie de la justice

    Autre élément qui nourrit la méfiance des parties civiles depuis le début de leurs démarches en 2009. Les premières investigations sur les pratiques douteuses de l’IGS avaient été menées… par l’IGS. Me David Lepidi estime que :
    « En confiant l’enquête sur l’IGS à l’IGS, et non à la gendarmerie, le parquet de Paris et le juge de l’époque n’ont donné aucune chance aux parties civiles et a délibérément étouffé le dossier. Je rappelle qu’une magistrate de Paris est mise en cause dans ce dossier et que le seul moyen d’enquêter de manière totalement impartiale est de dépayser cette affaire, conformément au vœu de la cour d’appel de Paris formulé en 2013. »

    La juge d’instruction Michèle Ganascia, qui avait conduit l’enquête originelle truquée par l’IGS, est directement visée par les parties civiles. Christian Massard, l’un des mis en cause de l’époque, a porté plainte pour violation du secret de l’instruction. La magistrate avait été entendue en 2014 par le Conseil supérieur de la magistrature sur la façon dont elle avait mené les investigations. L’avocat de M. Massard demande depuis des années qu’elle soit auditionnée dans un cadre judiciaire, une requête appuyée par la chambre de l’instruction en 2013. Mais qui n’a toujours pas abouti.

    L’inertie de la justice aura-t-elle raison des parties civiles ? L’Etat avait déjà été condamné en 2017 à verser des indemnités pour l’absence de diligence dans l’enquête initiale. Dans son courrier, le préfet Yannick Blanc ne cache pas sa lassitude et demande à son avocat, si le dépaysement est refusé, de solliciter un non-lieu général : « Ainsi le déni de justice sera-t-il explicite et public. » Les cinq fonctionnaires injustement mis en cause ont payé au prix fort cette manipulation. Outre les longues suspensions et l’opprobre publique, certains y ont laissé la santé. L’un d’entre eux a réchappé à un premier cancer, dont il estime que « l’affaire de l’IGS est à l’origine », mais un deuxième vient de se déclarer. Une autre doit subir une greffe prochainement. Pour l’une des victimes, la justice arrivera de toute façon trop tard : elle est décédée d’un cancer en 2013.

  • Cartographie numérique : L’Atlas de #Woodbridge et la première carte des isothermes à l’échelle mondiale (1823) : quand la géographie scolaire était en avance sur la publication scientifique

    http://cartonumerique.blogspot.com/2019/05/atlas-de-woodbrige-1823.html

    La commémoration des 250 ans de la naissance d’Alexandre de Humboldt (1769-1859) est l’occasion de (re)découvrir l’oeuvre du célèbre géographe allemand. Son expédition dans les Amériques – Vénézuela, Colombie, Équateur, Pérou, Cuba, Mexique et États-Unis - qu’il a réalisée entre 1799 et 1804 avec le biologiste français Aimé Bonpland, a contribué à en faire un géographe de terrain fondant son approche scientifique sur l’observation. De retour en Europe, il publie une oeuvre monumentale. Considéré comme le père de la géographie moderne, il montre les interactions des phénomènes humains avec les phénomènes géologiques, météorologiques, biologiques ou physiques.

    En 1817, il publie « Des lignes isothermes et de la distribution de la chaleur sur le globe », Mémoires de Physique et de Chimie de la Société d’Arcueil (consulter l’ouvrage). Il faut cependant attendre 1838 pour qu’il élabore sa fameuse carte des isothermes à l’échelle mondiale (voir la carte sur la collection David Rumsey). Entre temps, un éducateur peu connu du Connecticut, William Woodbridge, qui a voyagé en Europe et a fréquenté Humboldt à Paris, publie en 1823 un Atlas scolaire qui contient une carte de répartition des isothermes qui est la plus ancienne carte connue à cette échelle. Retour sur une histoire originale à travers ce fil Twitter qui fait suite à un article publié par Gilles Fumey sur le blog Géographie en mouvement de Libération : Alexandre de Humbolt, le premier écologiste (8 mai 2019).

    #cartographie #atlas #humboldt

  • Rapid #permafrost thaw unrecognized threat to landscape, global warming researcher warns — ScienceDaily
    https://www.sciencedaily.com/releases/2019/04/190430121755.htm

    Le dégel rapide du #pergélisol est une menace non reconnue pour le paysage
    https://newsbeezer.com/canadafr/un-chercheur-met-en-garde-contre-le-rechauffement-climatique-en-raison-d

    Les scientifiques étudient depuis longtemps comment le dégel progressif du pergélisol survenant pendant des décennies sur des centimètres de sol de surface influera sur le rejet de carbone dans l’atmosphère. Mais Turetsky et une équipe internationale de chercheurs envisagent quelque chose de très différent : l’effondrement rapide du pergélisol qui peut transformer le paysage en quelques mois seulement par le biais d’affaissements, d’inondations et de glissements de terrain.

    Le pergélisol fond si rapidement dans l’#Arctique que les scientifiques perdent leur équipement)
    https://reporterre.net/Le-pergelisol-fond-si-rapidement-dans-l-Arctique-que-les-scientifiques-p

    #climat

  • Fraude à la TVA : « Carrousel », la crasse du siècle
    Par Emmanuel Fansten et Jacques Pezet — 7 mai 2019 — Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/05/07/fraude-a-la-tva-carrousel-la-crasse-du-siecle_1725371

    Cinquante milliards d’euros : voilà au bas mot la somme engloutie chaque année en Europe par la fraude à la TVA dite « carrousel », probablement la plus juteuse de l’histoire. En faisant circuler des biens et des services au sein de l’UE sans reverser la taxe finale aux Etats, ses artisans ont réussi le casse du siècle. Bien que son principe soit connu des autorités depuis plus de vingt-cinq ans, la fraude carrousel continue à provoquer des dégâts considérables, les Etats s’avérant incapables de mettre en place des outils permettant d’y mettre fin. En bout de chaîne, les profits générés alimentent le crime organisé et les réseaux terroristes, déformant l’économie légale et pénalisant les entreprises saines. A la veille des élections européennes, Libé s’est associé à 34 médias dans le cadre du projet « Grand Theft Europe », en collaboration avec le média d’investigation à but non lucratif allemand Correctiv, pour mettre en commun de nombreux documents confidentiels et mener des dizaines d’entretiens, afin d’évaluer la portée de cette gigantesque escroquerie.
    (...)
    En France, le pic a été atteint en 2009 avec la gigantesque fraude au CO2, des quotas carbone que les escrocs pouvaient s’échanger via une bourse détenue à 40 % par la Caisse des dépôts et consignations. Il suffisait alors de quelques clics pour acheter les quotas hors taxe à l’étranger et les revendre TTC en France sans reverser au fisc la TVA facturée. Puis de renouveler l’opération des dizaines de fois, en empochant à chaque tour 19,6 % de la somme investie. Au total, en à peine huit mois, l’escroquerie a fait perdre au moins 1,6 milliard d’euros à l’Etat français. Depuis, plusieurs procès retentissants ont mené à des sanctions exemplaires. L’an dernier, la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné 36 personnes à des peines allant jusqu’à dix ans de prison et 20 millions d’euros d’amende dans le volet dit « marseillais » de la fraude au CO2 (385 millions d’euros de préjudice). Mais plus d’une décennie après les premiers signalements, seule une infime partie des sommes envolées ont été récupérées et un grand nombre de fraudeurs courent toujours.
    (...)
    En France, plusieurs fraudes carrousel ont impliqué des escrocs proches du milieu franco-israélien au cours des dernières années. Ils seraient plusieurs dizaines identifiés par les services de police, réfugiés en Israël, à Dubaï ou dans des paradis fiscaux plus exotiques. L’un d’eux, Stéphane Alzraa, vient d’être extradé d’Israël pour son implication dans une escroquerie ayant permis de détourner environ 51 millions d’euros. Un autre, Arnaud Mimran, considéré comme un des princes du CO2, et condamné à huit ans de prison dans une affaire portant sur plus de 280 millions d’euros, devait comparaître lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris pour séquestration et extorsion en bande organisée. Mais le procès a été renvoyé pour des raisons procédurales. Il est soupçonné d’avoir commandité l’enlèvement d’un richissime trader suisse en janvier 2015 afin de lui soutirer ses fonds, ce qu’il conteste. (...)

    #carrousel #mafia_du_co2 #taxe_carbone #France #Israël #Arnaud_Mimran

    • Entre la France et Israël, les escrocs ont toujours réseaux
      Par Marie Semelin, Intérim à Tel-Aviv — 7 mai 2019
      https://www.liberation.fr/planete/2019/05/07/entre-la-france-et-israel-les-escrocs-ont-toujours-reseaux_1725376

      (...)
      Ce jour de 2016, Stéphane Alzraa, ses yeux clairs, sa gouaille et son goût pour la flambe, roulent en Israël dans une Ferrari rouge au côté d’un ami, Michael Aknin. Dans l’univers des grands escrocs, les deux acolytes sont des petits, qui se sont tout de même largement gavés sur l’arnaque au CO2. Stéphane Alzraa, alias David Bloomberg comme il se fait désormais appeler, a deux mandats d’arrêt sur le dos. Il est en cavale, et c’est un simple contrôle routier qui l’envoie en geôle israélienne.

      Un an plus tôt, il était emprisonné à Corbas, près de Lyon, pour abus de biens sociaux. Le Franco-Israélien profite d’une permission de sortie en novembre 2015 pour se planquer au bord de la Méditerranée, bénéficiant sans doute du délai de transmission de son mandat Interpol, un peu plus lent qu’un avion pour Tel-Aviv. Egalement connu comme l’un des corrupteurs du commissaire Neyret, il a été condamné en son absence pour avoir un peu trop gâté l’ex-star lyonnaise de l’antigang. La France vient d’obtenir son extradition de l’Etat hébreu pour son implication dans une fraude au CO2 portant sur 51 millions d’euros. Après un feu vert du parquet israélien, Alzraa est arrivé dans l’Hexagone le mois dernier.

      Lui n’y croyait pas. « Israël n’extrade pas ses citoyens », confiait-il au téléphone, dans des écoutes publiées par la presse israélienne. Voyant cette perspective se rapprocher, il jure à des magistrats israéliens dubitatifs que « sa vie est en danger en France, où ses codétenus antisémites le menacent parce qu’il est juif », raconte une source proche du dossier : « Il a pris les Français pour des cons, pas de raison qu’il ne fasse pas pareil avec les Israéliens. » En Israël, certains laissent entendre que ce côté flambeur, couplé à du fricotage avec la pègre locale, n’est pas étranger à son extradition.

      #mafia_du_co2 #taxe_carbone

  • Face aux enjeux climatiques, « la #peur ne mène pas à l#’action, mais au #déni » - Le Temps
    https://www.letemps.ch/societe/face-aux-enjeux-climatiques-peur-ne-mene-laction-deni

    La « panique », brandie comme ultime recours par un certain nombre d’activistes, est-elle notre meilleure conseillère ? David Uzzell, professeur de #psychologie environnementale, se penche sur ce qui, selon les études, marche vraiment

    #climat

  • The Future Is Here, and It Features Hackers Getting Bombed – Foreign Policy
    https://foreignpolicy.com/2019/05/06/the-future-is-here-and-it-features-hackers-getting-bombed


    Smoke billows from a targeted neighborhood in Gaza City during an Israeli airstrike on the Hamas-run Palestinian enclave on May 5.
    MAHMUD HAMS/AFP/GETTY IMAGES

    Israeli armed forces responded to a Hamas cyberattack by bombing the group’s hacking headquarters.

    With an airstrike on Sunday, the Israeli military provided a glimpse of the future of warfare.

    After blocking a cyberattack that the Israel Defense Forces (IDF) said was launched by operatives working on behalf of the militant group Hamas, the IDF carried out an airstrike in Gaza targeting the building in which the hackers worked, partially destroying it. The strike appears to be the first time that a nation’s military has responded in real time to a cyberattack with physical force.

    In a tweet, the IDF declared victory, saying: “We thwarted an attempted Hamas cyber offensive against Israeli targets. Following our successful cyber defensive operation, we targeted a building where the Hamas cyber operatives work.

    HamasCyberHQ.exe has been removed,” the tweet added, in what appears to have been a macabre attempt at a joke using an invented file name.

    For years, countries have used policy documents and strategy white papers to warn that they reserved the right to choose the method by which they respond to cyberattacks, either in kind through cyberspace or with physical force, said Catherine Lotrionte, an expert on international law and a professor at Georgetown University. Now, Israel has made those warnings concrete.

    You’ve got a physical operation against a building that was in response to an ongoing cyberattack or at least a cyberattack that Hamas was planning—that’s the interesting part,” Lotrionte said.

    Key questions remain about the Israeli operation, and IDF officials declined to answer questions from Foreign Policy about the nature of the attack launched by Hamas against Israel.

    In a press statement, the IDF said Hamas “attempted to establish offensive cyber capabilities within the Gaza Strip and to try and harm the Israeli cyber realm.” These “efforts were discovered in advance and thwarted,” and following the operation to thwart the cyberattack, “the IDF attacked a building from which the members of Hamas’ cyber array operated.

    The decision to bomb a Hamas hacking unit comes as armed forces are increasingly integrating cyberoperations into their militaries, and the Israeli decision to target such a unit was completely unsurprising to scholars and practitioners of cyberwarfare.

    It’s no surprise that in a digital age marked by heightened risk of cyberwarfare a nation-state engaged in a noninternational armed conflict would regard the cyber-capabilities of its adversary as valid military targets under international law,” said David Simon, a lawyer at the law firm Mayer Brown who worked on cybersecurity policy and operations as a special counsel at the U.S. Defense Department.

    And even if the notion of bombing hackers appears surprising on its face, Israel was likely on solid legal footing when it did so, provided that the hackers were in fact carrying out an offensive operation on behalf of a militant group engaged in armed conflict with Israel.

    Legal experts emphasized that the context of Sunday’s strike was key in understanding Israel’s calculus to carry it out. The strike came amid a renewed period of fighting that saw Palestinian militants fire hundreds of rockets into Israeli territory, with Israel responding with an intense artillery and aerial barrage of Gaza.

    Militaries around the world have recognized cyberspace as a domain of military operations, and that leaves hackers participating in an armed conflict in a highly exposed position. “Hackers who are engaged in military attacks are legitimate targets,” said Gary Brown, a cyberlaw professor at the National Defense University.

    Militant groups such as Hamas have invested heavily in their online operations in recent years, using them as a way to poke at far more powerful, better resourced opponents. Cyberspace serves as a key way to distribute propaganda and gain intelligence about adversaries.

    In one notorious example, a hacker working on behalf of the militant group Islamic Jihad pleaded guilty in 2017 to charges of hacking into the video feeds of IDF drones carrying out surveillance over Gaza.

    Sunday’s bombing is not the first time hackers have been targeted in airstrikes—though it is believed to be the first time hackers engaged in an ongoing operation have been hit. In 2015, a U.S. airstrike in Syria killed the Islamic State hacker Junaid Hussain, who had become a prolific propagandist and recruiter for the group.

    Hussain hacked into the personal accounts of hundreds of U.S. service members and posted their personal information online and helped recruit the men who opened fire in 2015 on a cartoon exhibition in Garland, Texas. As he ascended the ranks of the Islamic State’s leadership, he was singled out to be killed.

    Hussain’s killing arguably laid the groundwork for Sunday’s strike, which experts argue sends a message to hackers engaged in offensive activity.

    It’s kind of a wake-up call for people who thought they were going to be able to engage in cyberactivity with impunity,” Brown said. “It now looks like states are willing to reach behind the lines and strike hackers.

    • Si je lis bien le communiqué des Forces de défense israéliennes, il ne s’agit pas du tout d’une riposte comme cela est repris partout, mais bien d’une attaque préemptive, pour parler comme un précédent président états-unien.

      https://twitter.com/IDF/status/1125066395010699264

      CLEARED FOR RELEASE: We thwarted an attempted Hamas cyber offensive against Israeli targets. Following our successful cyber defensive operation, we targeted a building where the Hamas cyber operatives work.

      HamasCyberHQ.exe has been removed.

      Je ne trouve pas le communiqué de presse du porte-parolat de l’armée israélienne. Mais celui-ci semble sans ambiguïté.

      IDF : Hamas cyber attack against Israel foiled - Israel National News
      http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/262717

      Over the course of the weekend, a joint IDF and Israel Security Agency (ISA) operation thwarted an attempted cyber attack by Hamas targeting Israeli sites, according to a press release by the IDF Spokesperson’s Unit on Sunday.

      The Hamas terrorist organization attempted to establish offensive cyber capabilities within the Gaza Strip and to try and harm Israeli cyber targets.

      All of Hamas’ efforts were discovered in advance and thwarted. Hamas’ cyber efforts, which included an attempt in recent days, failed to achieve its goals.

      Following Israel’s technological activities to stop Hamas’s cyber efforts, the IDF attacked a building from which the members of Hamas’ cyber array operated.

      Israel’s cyber efforts and defensive capabilities have led Hamas’ cyber attempts to fail time and time again," a senior ISA official said.

    • On se demande vraiment comment David Israël, associé à David etats-unis, david Union européenne, david Canada, david Australie, david Nouvelle-Zélande, sans oublier les divers arabes modérés de la région, on se demande donc comment ces David et modérés réussissent à faire en sorte que les « cyber-efforts et les capacités défensives d’Israël » conduisent les « cyber-tentatives du [GOLIATHISSIME] Hamas à échouer à plusieurs reprises. »

  • Au Royaume-Uni, la fusion des aides sociales vire au fiasco
    29 AVRIL 2019, AMANDINE ALEXANDRE, Mediapart

    Le nouveau régime d’allocations sociales, censé encourager leurs bénéficiaires à travailler, a plongé des centaines de milliers de familles dans un profond désespoir. Le gouvernement de Theresa May, qui pourrait exploser en cas de débâcle aux élections locales organisées ce jeudi 2 mai, reconnaît que le système ne fonctionne pas comme prévu, mais refuse de faire marche arrière.

    Londres (Royaume-Uni), de notre correspondante.- Le crédit universel britannique porte bien mal son nom. Ce n’est pas le seul problème concernant cette réforme des allocations sociales votée sous le gouvernement du conservateur David Cameron et censée favoriser le travail. Cette appellation parfaitement inadéquate peut paraître un détail au regard du coût humain et financier de la fusion de six allocations sociales dont la mise en œuvre a débuté en avril 2013 dans quatre autorités locales – dont Ashton-under-Lyne, près de Manchester.

    Mais les mots ont leur importance, en particulier lorsqu’ils sont détournés de leur sens. L’« universal credit » n’a rien à voir avec le revenu universel (appelé aussi revenu de base) versé sans condition de ressources ni obligation de travail, testé en 2017 et 2018 en Finlande et actuellement expérimenté à petite échelle en France. Au contraire, l’attribution par le ministère du travail et des retraites britannique du crédit universel dépend très étroitement du niveau de revenu des bénéficiaires d’allocations, des travailleurs pauvres pour la plupart.

    Si les revenus du travail des bénéficiaires augmentent, pourquoi le montant des allocations ne baisserait-il pas ? Le principe peut sembler logique, voire vertueux ; son application, elle, est kafkaïenne, notamment car, à salaire constant, un bénéficiaire du crédit universel peut percevoir, d’un mois à l’autre, des sommes très variables de la part du ministère du travail et des retraites.

    L’administration additionne chaque mois les revenus perçus pendant une période de 30 jours (dite période d’évaluation) qui ne débute pas nécessairement en début de mois et en tire des conclusions sur le niveau de ressources d’une personne sans chercher à comprendre quoi que ce soit à la périodicité de la rémunération des bénéficiaires du crédit universel. Pourtant, beaucoup d’emplois peu qualifiés sont payés de manière hebdomadaire ou bimensuelle au Royaume-Uni.

    Selon un rapport du Child Poverty Action Group, une ONG de lutte contre la pauvreté infantile, l’inadéquation entre la période dite d’évaluation et la périodicité à laquelle les travailleurs pauvres sont payés est lourde de conséquences : « Dans le pire des cas, les gens perdent des sommes significatives d’argent – plusieurs centaines de livres sterling sur une année. » Une étude de l’Institute for Fiscal Studies estime même que deux millions de Britanniques perdront plus de 1 000 livres par an en passant à l’« universal credit ».

    Le paiement mensuel des allocations est aussi problématique parce que « des personnes qui ont très peu de revenus ont l’habitude de gérer leur argent d’une semaine à l’autre, voire au jour le jour », explique Fran Bennett, chercheuse en sciences sociales à l’université d’Oxford. « Ces contraintes n’ont pas été prises en compte dans la conception du crédit universel », ajoute cette spécialiste de la réforme des allocations sociales britanniques.

    Rien, concernant l’« universal credit », n’est simple, ni juste, ni même rapide. Encore moins transparent. Ros Baptiste en sait quelque chose. Depuis avril dernier, elle est employée à mi-temps par une banque alimentaire du nord-ouest de Londres, Sufra NW London, pour aider les bénéficiaires potentiels du crédit universel à faire valoir leurs droits. Sa conclusion est sans appel : « [Le ministère du travail et des retraites] fait tout pour que les gens ne s’en sortent pas. »

    L’organisation caritative qui emploie Ros n’a aucun contrat avec le gouvernement ni aucune obligation à remplir auprès des autorités. Mais la complexité des démarches administratives requises pour obtenir le versement du crédit universel est telle que la banque alimentaire est obligée d’aider les bénéficiaires de ses services, sous peine de les voir plonger complètement et irrémédiablement.

    La première difficulté survient au moment de remplir les formulaires en ligne. La procédure ne peut se faire qu’en ligne. « Cela peut prendre jusqu’à trois heures. Si vous faites une erreur, le risque est de devoir tout recommencer à zéro et, si vous essayez de contacter l’administration, cela prend un très long temps avant de joindre quelqu’un », explique Ros. C’est pire encore si les bénéficiaires potentiels du crédit universel tentent de télécharger les documents d’identité requis par l’administration. Le bug est quasiment assuré.

    Ros est familière du fonctionnement du ministère du travail et des retraites, avec lequel elle avait des contacts fréquents dans ses précédentes fonctions de conseillère en énergie. Cette femme d’un calme hors du commun sait comment s’y prendre pour raccourcir les très longs délais auxquels sont confrontées les personnes qui entament des démarches pour percevoir le crédit universel.

    « Pour obtenir un entretien de vérification [des documents – ndlr], normalement, il faut attendre entre sept et dix jours après avoir rempli le formulaire en ligne. Après cet entretien, une semaine supplémentaire s’écoule avant d’être convoqué pour un second entretien, appelé entretien d’engagement », énumère Ros, qui accélère la cadence en obtenant du Job Center – l’équivalent de Pôle emploi – d’organiser les deux entretiens le même jour.

    Une fois cette étape franchie, les demandeurs de prestations sociales doivent attendre cinq à six semaines – contre deux semaines dans l’ancien système – avant de savoir s’ils sont éligibles au crédit universel et, le cas échéant, recevoir un premier versement de l’État. Pour des travailleurs pauvres, survivre à cette « période d’évaluation » sans percevoir ni allocation logement, ni crédit d’impôt, ni prime d’activité, ni aucune autre allocation comprise dans le crédit universel, est une épreuve très difficilement surmontable.

    « Ils nous traitent comme des statistiques, pas comme des personnes »

    La situation peut vite devenir dramatique, surtout lorsque les bénéficiaires sont victimes d’une erreur de l’administration. C’est ce qui est arrivé à Ayla Scarlett. En novembre 2017, cette employée de McDonald’s rémunérée au salaire minimum est « tombée dans un gouffre financier » lorsque le crédit universel a été introduit à Oxford où elle réside. Son transfert de l’ancien système d’allocations au nouveau a entraîné une suspension de ses allocations pendant cinq mois.

    Dans la maison de sa mère où elle nous reçoit, au nord du périphérique, Ayla évoque cette période noire avec une colère qu’elle a du mal à contenir, malgré sa détermination à ne pas se laisser déborder par l’émotion.

    Incapable de payer son loyer, cette mère célibataire atteinte d’un trouble de la personnalité borderline, de dyslexie et de dyspraxie a été placée dans un logement d’urgence, loin de son lieu de travail, fin 2017. « Je me suis remise à me scarifier. Je ne voyais pas de lueur au bout du tunnel », se remémore Ayla, les larmes aux yeux. Un peu plus tard, elle ajoute : « J’ai eu de la chance d’avoir le soutien de ma famille. Je comprends pourquoi certaines personnes dans la même situation que moi ont fini par se suicider. »

    Pour tenir le coup, la mort dans l’âme, Ayla a eu recours à une banque alimentaire. Elle a aussi demandé et obtenu une avance du ministère du travail et des retraites. Un an plus tard, cette trentenaire et sa mère, Bernetta, se battent toujours avec l’administration pour que celle-ci cesse de ponctionner chaque mois les allocations d’Ayla au motif qu’elle devrait toujours de l’argent à l’État.

    « Nous avons une lettre qui prouve qu’Ayla a tout remboursé. Malheureusement, tous les calculs faits par le ministère sont au détriment du bénéficiaire d’allocations », intervient Bernetta, l’interlocutrice officielle de l’administration pour Ayla. « Nous avons envoyé une plainte formelle via le portail du ministère. C’était en septembre dernier. Nous attendons toujours une réponse », ajoute-t-elle, un sourire désabusé aux lèvres.

    Leur plainte concernant les difficultés rencontrées pour demander le remboursement des frais de garde des enfants d’Ayla, comme le lui permet le crédit universel dans une certaine limite, est, elle aussi, restée sans réponse. « Il a fallu deux ou trois mois avant d’obtenir le remboursement des frais de garde parce que, la première fois, nous n’avions pas fait la demande au bon moment. Mais personne ne nous avait expliqué quand il fallait soumettre la facture et le portail ne contient aucune information à ce sujet », précise Bernetta, qui travaille comme puéricultrice et garde ses petits-enfants quand sa fille travaille tard le soir, parfois jusqu’au milieu de la nuit.

    Depuis un an et demi, Bernetta Scarlett, 59 ans, tente de comprendre le fonctionnement du crédit universel. Elle assemble patiemment les pièces du puzzle comme un détective qui tente de lever le voile sur une disparition inquiétante. Malgré son travail de fourmi, Bernetta ne parvient pas à obtenir un tableau complet des règles qui régissent la vie d’Ayla et la sienne par ricochet. « Il y a tellement de gens qui travaillent dans l’administration et qui vous donnent des informations conflictuelles », déplore-t-elle.

    L’une des grandes frustrations et sources d’anxiété de Bernetta, d’Ayla et des bénéficiaires du crédit universel de manière générale concerne la communication avec le ministère du travail et des retraites et l’agence Pôle emploi dont dépend Ayla.

    Les échanges entre les deux femmes et l’administration se font via un « journal de bord »accessible uniquement en ligne. Or, Ayla n’a pas d’abonnement Internet chez elle. Son budget ne le lui permet pas, pas plus qu’il ne lui permet d’avoir un accès illimité à Internet sur son téléphone portable. La connexion est un problème. Le traitement infligé aux bénéficiaires du crédit universel, par écran interposé, est un autre facteur significatif de stress.

    « Regardez : le premier message en haut de la page concerne les sanctions que vous encourez si vous ne respectez pas votre contrat avec l’administration ! » fait remarquer Bernetta, en pointant du doigt la première page de l’interface numérique. « Ils nous traitent comme des statistiques, pas comme des personnes », embraye Ayla, la voix rauque.

    Malgré leurs récriminations, mère et fille se conforment aux règles du système avec application. Elles n’ont pas le choix : si elles ratent un message de l’administration concernant un rendez-vous au Job Center, Ayla risque la sanction financière.

    Sur le « journal de bord » numérique, Bernetta et Ayla laissent des messages pour signaler tout changement susceptible d’entraîner une modification du montant des allocations perçues par Ayla, posent des questions et soulèvent des problèmes. « À chaque fois, ils nous répondent qu’il faut qu’ils s’en réfèrent à un preneur de décisions », répète Bernetta, comme s’il s’agissait d’une mauvaise blague.

    Bernetta fait bonne figure. Elle n’en est pas moins épuisée par le combat incessant qu’elle mène au nom de sa fille. Cette citoyenne britannique est aussi complètement déconcertée. Par le passé, à chaque fois qu’elle a eu besoin de l’aide de l’État, elle s’est sentie « soutenue et respectée ».

    Cela fait près de 30 ans que cette Anglaise s’adapte au gré des soubresauts de la vie. Au début des années 1990, fraîchement divorcée et avec deux enfants en bas âge, elle entreprend des études de biologie à l’université d’Oxford Brookes et décroche une licence en biologie avec mention très bien, comme en atteste le diplôme encadré et accroché dans son salon.

    Bernetta rêve de devenir agent de protection de l’environnement « pour sauver la planète ». Mais ses obligations familiales l’empêchent de faire le travail de terrain nécessaire pour entrer dans la profession. Elle se réoriente alors vers des postes administratifs. Jusqu’à ce que la nécessité de s’occuper d’Ayla, dont la santé mentale est très fragile, la conduise en 2014 à abandonner un poste à mi-temps bien payé pour devenir puéricultrice, une activité qui l’occupe de 7 heures le matin jusqu’à 19 h 30 le soir.

    L’an dernier, Bernetta a gagné l’équivalent d’environ 1 600 euros brut par mois. Son niveau de revenus lui donne droit au versement d’allocations logement. Elle perçoit aussi des aides au titre du crédit d’impôt. D’ici 2023, comme tous les bénéficiaires d’allocations sociales du Royaume-Uni, la quinquagénaire devrait basculer sous le régime du crédit universel.

    Cette perspective inquiète Bernetta, car elle a calculé qu’elle devra travailler davantage pour conserver le droit de percevoir des allocations d’un montant réduit. Or, la loi lui interdit de garder plus de trois enfants en même temps et son tarif horaire (l’équivalent de 6,4 euros par enfant) est déjà plus élevé que celui pratiqué par les autres puéricultrices du quartier. « Comment est-ce que je vais pouvoir tenir jusqu’à 68 ans, l’âge auquel je serai enfin en droit de percevoir ma pension d’État ? » s’interroge Bernetta.

    Comment tenir ? Cara, 27 ans, elle aussi se pose tous les jours la question. Cette réceptionniste d’Oxford, qui souhaite garder l’anonymat, gagne l’équivalent de 1 350 euros net par mois pour un poste à temps plein. Elle perçoit aussi l’équivalent d’environ 450 euros d’allocations dans le cadre du crédit universel. « Je ne m’en sors pas et je ne vois pas comment ma situation pourrait s’améliorer », confie, très amère, cette mère d’un garçon de 3 ans.

    Après avoir payé son loyer, les frais de garde de son fils et remboursé une partie de ses dettes, il ne lui reste plus que 30 livres par mois, soit 45 euros. Avec cet argent, il lui faut se nourrir, nourrir son fils et le vêtir. Même avec l’aide de sa famille, le défi est impossible à relever pour Cara, dont les dettes s’accumulent. La jeune femme a bien conscience que son cas n’est pas unique, même si cela ne lui est d’aucun réconfort, bien au contraire. « Personne n’est capable de me dire comment le crédit universel est censé aider les gens », conclut-elle.

    « L’administration exerce un contrôle beaucoup plus strict sur les bénéficiaires d’allocations »

    L’ambition affichée de Iain Duncan Smith, ministre du travail et des réformes de David Cameron de 2010 à 2016, était d’inciter les bénéficiaires d’allocations sociales à reprendre une activité salariée ou à accroître le nombre d’heures travaillées et de faire baisser la dépense publique. Six ans après son entrée progressive et partielle en vigueur, cette réforme bâtie sur le postulat selon lequel le travail est le meilleur moyen pour s’extraire de la pauvreté est un échec.

    D’abord, selon la Resolution Foundation, un centre de réflexion consacré à l’amélioration de la qualité de vie des bas salaires, à terme, la réforme va créer plus de perdants que de gagnants. L’explication est simple : le plafond de revenu à partir duquel le montant des allocations versées par l’administration diminue est bas (l’équivalent de 580 euros maximum par mois pour un parent isolé).

    En outre, le taux est très dégressif. Pour une livre sterling de plus de revenu, les allocations diminuent de 63 pence. À l’origine, le crédit universel devait être beaucoup plus généreux. Mais, en 2015, le ministre des finances de l’époque, George Osborne, a annoncé une réduction de 3 milliards de livres sterling de l’enveloppe budgétaire consacrée au retour à l’emploi.

    Autre point négatif : l’entrée en vigueur de l’« universal credit », beaucoup plus lente et laborieuse qu’annoncé, n’a pour l’instant pas permis à l’État d’économiser de l’argent et, selon la Cour des comptes britannique, il n’est pas sûr que ce soit jamais le cas.

    De surcroît, ce big-bang des allocations a eu des conséquences dévastatrices sur la santé des personnes concernées. Le stress généré par la mise en œuvre partielle du crédit universel, dans un contexte d’austérité budgétaire historique, a d’ailleurs eu un impact considérable sur le système de santé publique britannique, selon une enquête réalisée auprès des responsables de la santé mentale du National Health Service.

    « Le gouvernement espérait améliorer la vie des bénéficiaires d’allocations. En réalité, l’administration exerce un contrôle beaucoup plus strict sur leur existence », résume Fran Bennett, spécialiste de cette réforme des allocations.

    Alex Tiffin est un survivant du crédit universel. Ce n’est pas comme cela qu’il se présente mais le fait est que cet Écossais a beaucoup souffert – à la fois physiquement et moralement – de son transfert, en août 2017, de l’ancien système d’allocations au régime du crédit universel. Il a fallu un an pour que cet homme atteint, entre autres, de sclérose en plaques et d’un trouble de la personnalité borderline perçoive l’intégralité des allocations auxquelles il a droit en tant qu’adulte handicapé, soit l’équivalent de 800 euros par mois.

    « Pendant sept semaines, je n’ai perçu aucune allocation sociale puis, en février 2018, j’ai été classé comme apte au travail par l’administration », nous explique Alex, joint par téléphone. Même avec l’aide des multiples banques alimentaires de son village situé au nord d’Inverness, dans les Highlands, ce père de famille en fauteuil roulant a eu du mal à se nourrir à sa faim pendant un an. « J’ai vendu tout ce que je possédais. En quatre mois, mon poids a chuté de 74 à 57 kilos », confie encore Alex.

    Ces épreuves ont conduit le trentenaire à tenir un blog baptisé « Universal credit sufferer ». Créé à l’origine pour expliquer le quotidien semé d’embûches d’un bénéficiaire du crédit universel, le site internet est rapidement devenu un média à part entière sur lequel Alex Tiffins dénonce jour après jour les incohérences et les mensonges du gouvernement au sujet de la réforme.

    Les autorités sont parfaitement informées des conséquences dévastatrices de la réforme de la sécurité sociale britannique. Un rapport conjoint rédigé par le ministère du travail et des retraites et par les services fiscaux britanniques a notamment établi que la moitié des personnes interrogées n’avait pas suffisamment d’économies pour surmonter l’attente de six semaines inhérente au nouveau régime d’allocations. Mais ce rapport daté de novembre 2017 n’a été rendu public qu’au début du mois, soit près d’un an et demi après sa rédaction.

    Jusqu’à l’année dernière, le gouvernement pratiquait la politique de l’autruche. Il affirmait que le crédit universel fonctionnait sans accroc. Sous la pression des députés de tous bords, affolés par la détresse financière et psychologique provoquée par la réforme, l’exécutif dirigé par Theresa May a fini par prendre quelques dispositions censées faciliter un peu la vie des bénéficiaires du crédit universel. En octobre 2018, le ministre des finances a également relevé le plafond de revenu au-delà duquel les allocations versées par l’État diminuent drastiquement.

    Le montant des allocations reste cependant gelé cette année et ce, pour la quatrième année consécutive. Le gouvernement continue par ailleurs d’ignorer les critiques très sévères que lui adressent régulièrement les députés membres de la commission du travail et des retraites à la Chambre des communes.

    Le dernier rapport en date des parlementaires concernant les difficultés rencontrées par les bénéficiaires du crédit universel pour payer les frais de garde de leurs enfants a été publié fin décembre 2018. Sur les neuf recommandations faites par les députés pour lever cet obstacle majeur au travail des femmes soumises au régime du crédit universel, le ministère du travail et des retraites n’en a retenu aucune. Le président de la commission, Frank Field, s’est dit « dégoûté » par la réaction du gouvernement.

    Les parlementaires poursuivent cependant leur travail d’enquête sur les conséquences dramatiques du crédit universel. Dans leur viseur se trouve à présent « le sexe comme un moyen de survie ». Lorsque le problème avait été soulevé en octobre dernier à la Chambre des communes, la ministre du travail de l’époque, Esther McVey, avait eu l’outrecuidance de répondre qu’étant donné le nombre record de postes vacants dans le pays, « peut-être y [avait]-il d’autres emplois à pourvoir [que celui de prostituée] ».

    Avant goût de l’usine à gaz d’un éventuel #revenu_universel_d'activité ?

    #travailleurs_pauvres #emploi #allocations #crédit_universel #droits_sociaux

  • Tom Stevenson reviews ‘AngloArabia’ by David Wearing · LRB 9 May 2019
    https://www.lrb.co.uk/v41/n09/tom-stevenson/what-are-we-there-for

    It is a cliché that the United States and Britain are obsessed with Middle East oil, but the reason for the obsession is often misdiagnosed. Anglo-American interest in the enormous hydrocarbon reserves of the Persian Gulf does not derive from a need to fuel Western consumption . [...] Anglo-American involvement in the Middle East has always been principally about the strategic advantage gained from controlling Persian Gulf hydrocarbons, not Western oil needs. [...]

    Other parts of the world – the US, Russia, Canada – have large deposits of crude oil, and current estimates suggest Venezuela has more proven reserves than Saudi Arabia. But Gulf oil lies close to the surface, where it is easy to get at by drilling; it is cheap to extract, and is unusually ‘light’ and ‘sweet’ (industry terms for high purity and richness). It is also located near the middle of the Eurasian landmass, yet outside the territory of any global power. Western Middle East policy, as explained by Jimmy Carter’s national security adviser, Zbigniew Brzezinski, was to control the Gulf and stop any Soviet influence over ‘that vital energy resource upon which the economic and political stability both of Western Europe and of Japan depend’, or else the ‘geopolitical balance of power would be tipped’. In a piece for the Atlantic a few months after 9/11, Benjamin Schwarz and Christopher Layne explained that Washington ‘assumes responsibility for stabilising the region’ because China, Japan and Europe will be dependent on its resources for the foreseeable future: ‘America wants to discourage those powers from developing the means to protect that resource for themselves.’ Much of US power is built on the back of the most profitable protection #racket in modern history.

    [...]

    It is difficult to overstate the role of the Gulf in the way the world is currently run. In recent years, under both Obama and Trump, there has been talk of plans for a US withdrawal from the Middle East and a ‘#pivot’ to Asia. If there are indeed such plans, it would suggest that recent US administrations are ignorant of the way the system over which they preside works.

    The Arab Gulf states have proved well-suited to their status as US client states, in part because their populations are small and their subjugated working class comes from Egypt and South Asia. [...] There are occasional disagreements between Gulf rulers and their Western counterparts over oil prices, but they never become serious. [...] The extreme conservatism of the Gulf monarchies, in which there is in principle no consultation with the citizenry, means that the use of oil sales to prop up Western economies – rather than to finance, say, domestic development – is met with little objection. Wearing describes the modern relationship between Western governments and the Gulf monarchs as ‘asymmetric interdependence’, which makes clear that both get plenty from the bargain. Since the West installed the monarchs, and its behaviour is essentially extractive, I see no reason to avoid describing the continued Anglo-American domination of the Gulf as #colonial.

    Saudi Arabia and the other five members of the Gulf Co-operation Council are collectively the world’s largest buyer of military equipment by a big margin. [...]. The deals are highly profitable for Western arms companies (Middle East governments account for around half of all British arms sales), but the charge that Western governments are in thrall to the arms companies is based on a misconception. Arms sales are useful principally as a way of bonding the Gulf monarchies to the Anglo-American military. Proprietary systems – from fighter jets to tanks and surveillance equipment – ensure lasting dependence, because training, maintenance and spare parts can be supplied only by the source country. Western governments are at least as keen on these deals as the arms industry, and much keener than the Gulf states themselves. While speaking publicly of the importance of fiscal responsibility, the US, Britain and France have competed with each other to bribe Gulf officials into signing unnecessary arms deals.

    Control of the Gulf also yields less obvious benefits. [...] in 1974, the US Treasury secretary, William Simon, secretly travelled to Saudi Arabia to secure an agreement that remains to this day the foundation of the dollar’s global dominance. As David Spiro has documented in The Hidden Hand of American Hegemony (1999), the US made its guarantees of Saudi and Arab Gulf security conditional on the use of oil sales to shore up the #dollar. Under Simon’s deal, Saudi Arabia agreed to buy massive tranches of US Treasury bonds in secret off-market transactions. In addition, the US compelled Saudi Arabia and the other Opec countries to set oil prices in dollars, and for many years Gulf oil shipments could be paid for only in dollars. A de facto oil standard replaced gold, assuring the dollar’s value and pre-eminence.

    For the people of the region, the effects of a century of AngloArabia have been less satisfactory. Since the start of the war in Yemen in 2015 some 75,000 people have been killed, not counting those who have died of disease or starvation. In that time Britain has supplied arms worth nearly £5 billion to the Saudi coalition fighting the Yemeni Houthis. The British army has supplied and maintained aircraft throughout the campaign; British and American military personnel are stationed in the command rooms in Riyadh; British special forces have trained Saudi soldiers fighting inside Yemen; and Saudi pilots continue to be trained at RAF Valley on Anglesey. The US is even more deeply involved: the US air force has provided mid-air refuelling for Saudi and Emirati aircraft – at no cost, it emerged in November. Britain and the US have also funnelled weapons via the UAE to militias in Yemen. If the Western powers wished, they could stop the conflict overnight by ending their involvement. Instead the British government has committed to the Saudi position. As foreign secretary, Philip Hammond pledged that Britain would continue to ‘support the Saudis in every practical way short of engaging in combat’. This is not only complicity but direct participation in a war that is as much the West’s as it is Saudi Arabia’s.

    The Gulf monarchies are family dictatorships kept in power by external design, and it shows. [...] The main threat to Western interests is internal: a rising reminiscent of Iran’s in 1979. To forestall such an event, Britain equips and trains the Saudi police force, has military advisers permanently attached to the internal Saudi security forces, and operates a strategic communications programme for the Saudi National Guard (called Sangcom). [...]

    As Wearing argues, ‘Britain could choose to swap its support for Washington’s global hegemony for a more neutral and peaceful position.’ It would be more difficult for the US to extricate itself. Contrary to much of the commentary in Washington, the strategic importance of the Middle East is increasing, not decreasing. The US may now be exporting hydrocarbons again, thanks to state-subsidised shale, but this has no effect on the leverage it gains from control of the Gulf. And impending climate catastrophe shows no sign of weaning any nation from fossil fuels , least of all the developing East Asian states. US planners seem confused about their own intentions in the Middle East. In 2017, the National Intelligence Council described the sense of neglect felt by the Gulf monarchies when they heard talk of the phantasmagorical Asia pivot. The report’s authors were profoundly negative about the region’s future, predicting ‘large-scale violence, civil wars, authority vacuums and humanitarian crises persisting for many years’. The causes, in the authors’ view, were ‘entrenched elites’ and ‘low oil prices’. They didn’t mention that maintenance of both these things is US policy.

    #etats-unis #arabie_saoudite #pétrole #moyen_orient #contrôle

  • #Elite gathering reveals anxiety over ‘class war’ and ‘#revolution’
    Financial Times 2 mai 2019

    The Milken Institute’s annual gathering of the investment, business and political elites this week featured big names from US Treasury secretary Steven Mnuchin to David Solomon, chief executive of Goldman Sachs.

    [..,]

    Despite widespread optimism about the outlook for the US economy and financial markets, some of the biggest names on Wall Street and in corporate America revealed their anxiety about the health of the economic model that made them millionaires and billionaires.

    Mr Milken himself, whose conference was known as the predators’ ball when he ruled over the booming junk bond market of the 1980s, was among those fretfully revisiting a debate that has not loomed so large since before the fall of the Berlin Wall: whether capitalism’s supremacy is threatened by creeping socialism.

    Mr Milken played a video of Thatcher from two years before she became UK prime minister. “Capitalism has a moral basis,” she declared, and “to be free, you have to be capitalist”. Applause rippled through the ballroom.

    In the run-up to the conference, essays by Ray Dalio of Bridgewater Associates and Jamie Dimon of JPMorgan Chase about the case for reforming capitalism to sustain it have been widely shared. Executives are paying close attention to what one investment company CEO called “the shift left of the Democratic party”, personified by 2020 presidential candidates Bernie Sanders and Elizabeth Warren and the social media success of Alexandria Ocasio-Cortez, the democratic socialist elected to Congress last year.

    Former Alphabet chairman Eric Schmidt issued his own rallying cry as he sat beside Ivanka Trump to discuss the conference theme of “driving shared prosperity”.

    “I’m concerned with this notion that somehow socialism’s going to creep back in, because capitalism is the source of our collective wealth as a country,” Mr Schmidt said, urging his fellow capitalists to get the message out that “it’s working”.

    Mr Milken asked Ken Griffin, the billionaire founder of the hedge fund Citadel, why young Americans seemed to have lost faith in the free market, flashing up a poll on the screen behind them which showed 44 per cent of millennials saying they would prefer to live in a socialist country.

    “You and I grew up in a different era, where the cold war was waking up and there was a great debate in America about the strengths and weaknesses of socialism as compared to the economic freedom that we enjoy in our country,” Mr Griffin replied, saying that they had “seen that question answered” with the collapse of the Soviet Union.

    The younger generation that support socialism are “people who don’t know history”, he said.

    Guggenheim Partners’ Alan Schwartz put the risks of rising income inequality more starkly. “You take the average person . . . they’re just basically saying something that used to be 50:50 is now 60:40; it’s not working for me,” he told another conference session, pointing to the gap between wage growth and the growth of corporate profits.

    “If you look at the rightwing and the leftwing, what’s really coming is class warfare,” he warned. “Throughout centuries what we’ve seen when the masses think the elites have too much, one of two things happens: legislation to redistribute the wealth . . . or revolution to redistribute poverty. Those are the two choices historically and debating it back and forth, saying ‘no, it’s capitalism; no, it’s socialism’ is what creates revolution.”

    There was less discussion of the prospect of higher taxes on America’s wealthiest, which some Democrats have proposed to finance an agenda many executives support, such as investing in education, infrastructure and retraining a workforce threatened by technological disruption and globalisation.

    One top investment company executive echoed the common view among the conference’s wealthy speakers: “ Punitive #redistribution won’t work.”

    But another financial services executive, who donated to Hillary Clinton’s US presidential campaign in 2016, told the Financial Times: “ I’d pay 5 per cent more in tax to make the world a slightly less scary place .”

    #capitalisme #anxiété #capitalistes