Emmanuel Haddad » Au Liban, vivre malgré tout
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Alors que le pays craint la déflagration régionale, le collectif Kahraba n’aurait annulé pour rien au monde son festival artistique, meilleur remède contre les maux de la guerre.
« Ne pas céder à la peur »
Vendredi 6 septembre, 19h. Les escaliers Vendôme, situés dans le quartier beyrouthin Mar Mikhaël, se remplissent peu à peu. Les guitaristes de l’école arménienne Hamazkayin répètent une dernière fois leur répertoire, les marionnettistes de l’association Warak s’apprêtent à accueillir les enfants et leurs parents, tandis que les voisins parachèvent leurs stands de nourriture destinés à apaiser l’estomac des festivaliers. Contrairement à Creamfields, « Nehna Wel Amar Wel Jiran » (« Nous, la Lune et les voisins »), un festival qui allie le théâtre à la musique, la danse contemporaine à la photographie, a décidé de se tenir du 6 au 8 septembre.
« Organiser le festival dans le contexte actuel souligne l’importance de ne pas céder à la peur. On a d’autant plus besoin d’avoir des moments d’échappée, de gratuité et de rencontres avec les autres, étant donné le contexte de crispation régionale. » Aurélien Zouki est le cofondateur du collectif Kahraba, à l’origine du festival qui fête sa troisième édition. Pas question d’annuler, malgré le retrait des principaux sponsors au dernier moment. Pour ce jeune comédien, créer un espace de rencontre gratuit entre artistes et voisins du quartier Mar Mikhaël, malgré la menace d’embrasement régional proférée par l’axe Syrie-Iran-Hezbollah en cas d’engagement franco-américain en Syrie, ne revient pas à nier la réalité. Mais à la combattre avec l’art pour seule arme