person:françoise héritier

  • Honorable sac - Ofukuro-san - 御袋 ( ou 御袋さん ?)
    御 (o, honorific prefix) +‎ 袋 (fukuro, “pouch ; sack”)

    C’est une formule qu’utilise les hommes pour parlé de leurs mères au japon. Expression qui illustre le #syndrome_de_la_marmite décrit par Françoise Héritier.

    Women in the Language and Society of Japan : The Linguistic Roots of Bias
    De Naoko Takemaru

    https://books.google.fr/books?id=iI9Rq50f52gC&pg=PA25&lpg=PA25&dq=Ofukuro-san&source=bl&ots=G-f

    https://en.wiktionary.org/wiki/%E5%BE%A1%E8%A2%8B#Japanese
    #sexisme #langue #marmite

    • @simplicissimus Je voudrais te demandé ton aide au sujet du suffixe -san dans Ofukuro-san. J’ai trouvé Ofukuro en kanji mais sans le suffixe san alors qu’en principe il devrait y être. Est-ce que je peu utilisé 御袋さん écrit comme ceci ? ou est-ce qu’on ecrit 御袋 sans le さん qui est sous-entendu ? :) Merci d’avance pour ton aide.

    • Le san est traduit couramment par Monsieur ou Madame, mais il signifie surtout que tu n’es pas un pair de la personne à qui tu t’adresses en utilisant ce suffixe, mais plutôt de rang inférieur.

      Suivant les rapports de rang entre les 2 interlocuteurs, il est obligatoire (voire irrespectueux si la personne à laquelle il est adressé devrait avoir un autre suffixe plus « élevé » (comme sensei).

      Entre pairs, il est optionnel et son emploi peut-être une marque de respect réel ou ironique, un peu comme un emploi du Monsieur, (voire Mössieu, si vraiment tu as peur que ce ne soit pas compris comme il faut).

      Du coup, quand tu emploies une marque de respect avec un terme familier, voire un peu méprisant, le résultat final est assez difficile à situer, d’autant plus que le contexte d’emploi est totalement déterminant. Ce sont les subtilités des niveaux de langue et il est de notoriété publique que le japonais est particulièrement délicat sous ce rapport et je ne me hasarderais pas à conseiller quoi que ce soit…

      sur les suffixes de respect, une présentation ici
      https://www.kanpai.fr/apprendre-japonais/suffixes-honorifiques-japonais-san-kun-chan

    • Oui c’est compliqué la politesse japonnaise, surtout avec le O. J’ai peut être moyen de posé la question à une japonnaise, je te dit si j’ai une réponse. Il y a un autre truc qui m’intrigue aussi c’est que cette formule est décrite comme utilisé par les hommes vis à vis de leurs mères. « Homme » c’est vague et du coup je me demande si les femmes peuvent dire aussi « honorable sac » à leur mère et si c’est réservé aux hommes de sexe masculins je voudrais bien connaitre la raison.

    • J’ai une amie qui vivait au japon qui m’avait rapporté uniquement Ofukuro, du coup elle ajoutait pour preuve de l’usage du mot ’sac’ 袋 pour dire mère que sac plastique en japonais se dit « ビニール袋 »

      ビニール

      signifiant plastique.

  • Henri Tachan - Les Z’hommes (1975) - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=M39-eHQIi5w

    Font leur pipi contre les murs, Quelquefois mêm’ sur leurs chaussures, Pisser debout ça les rassure, Les z’hommes, Z’ont leur p’tit jet horizontal, Leur p’tit syphon, leurs deux baballes, Peuv’ jouer à la bataill’ navale, Les z’hommes, Z’ont leur p’tit sceptre dans leur culotte, Leur p’tit périscop’ sous la flotte, Z’ont le bâton et la carotte, Les z’hommes, Et au nom de ce bout d’bidoche Qui leur pendouille sous la brioche, Ils font des guerres, ils font des mioches, Les z’hommes... Ils se racontent leurs conquêtes, Leurs péripéties de braguette, Dans des gros rir’ à la buvette, Les z’hommes, Ils se racontent leur guéguerre, Leurs nostalgies de militaires, Une lalarme à la paupière, Les z’hommes, Virilité en bandoulière, Orgueil roulé en band’ moll’tières, Agressivité en œillères, Les z’hommes, Ils te traiteront de pédé, De gonzesse et de dégonflé, A moins qu’tu n’sort’ dehors si t’es Un homme... Z’aiment les femmes comme des fous, C’est si pervers mais c’est si doux, « Enfin quoi ! c’est pas comm’ nous, Les z’hommes », Z’aiment les femmes à la folie, Passives, muett’ mais jolies De préférence dans le lit, Des z’hommes, Au baby-room ou au boudoir, A la tortore ou au trottoir, Z’aiment les femmes sans espoir, Les z’hommes, Prostituées ou Pénélopes, Apprivoisées ou antilopes, « Toutes les femm’ sont des salopes » Pour les z’hommes... C’est en quatre vingt treiz’, je crois, Qu’ils ont tué la femme du roi Et la déclaration des Droits De l’Homme, C’est depuis deux mille ans, je pense, Qu’ils décapitent en silence Les femmes d’ailleurs et de France, Les z’hommes, Z’ont abattu les Thibétaines, Z’ont fricassé les Africaines, Z’ont indigné les Indiennes, Les z’hommes, Z’ont mis le voile aux Algériennes, La chasteté aux châtelaines Et le tablier à Mémène Les z’hommes... Excusez-moi, mais ell’ me gratte, Ma pauvre peau de phallocrate, Dans la région de la prostate Des z’hommes, Excusez-moi, mais je me tire, Sans un regret, sans un soupir, De votre maffia, votre empire Des z’hommes, A chacun sa révolution, Aurais-je seul’ment des compagnons Qui partagent l’indignation D’un homme ? A chacun sa révolution, Aurais-je seul’ment trois compagnons Qui partagent l’indignation D’un homme ?

    VIA https://www.binge.audio/victoire-repond-a-vos-questions

  • A signaler sur France Culture :
    Les femmes, moteurs de l’économie ?
    Avoir raison avec Françoise Héritier, par Caroline Broué (rediffusion)
    samedi 13/07/2018de midi à midi 30

    https://www.franceculture.fr/emissions/avoir-raison-avec-francoise-heritier/les-femmes-moteurs-de-leconomie


    "Il y a dix ans, dans Le Livre noir de la condition des femmes (Points), Françoise Héritier avait écrit un article intitulé « Femmes, sciences et développement » dans lequel elle expliquait comment le sous-développement se nourrit du maintien des femmes dans un état de subordination et d’analphabétisation. Elle démontrait pourquoi l’accès au savoir est un élément fondamental pour l’émancipation féminine. Dans le même ouvrage, l’économiste Esther Duflo examinait comment développement économique et amélioration de la condition des femmes s’influencent mutuellement. Qu’en est-il dix ans plus tard ?
    Avec Esther Duflo, économiste, spécialiste du développement et pionnière d’une approche expérimentale de la lutte contre la pauvreté, professeure au Massachusetts Institute of Technology."

    #genre #femmes #féminisme #égalité #intelligence

  • Raphaël Liogier : « Tant d’hommes sont sexistes sans même s’en rendre compte » - Le Temps
    https://www.letemps.ch/societe/raphael-liogier-tant-dhommes-sexistes-meme-sen-rendre-compte
    https://assets.letemps.ch/sites/default/files/styles/share/public/media/2018/05/04/file6zzazdhg9b48o46pejm.jpg.png?itok=P8o50WMq

    Je crois que les hommes ont peur que les femmes se mesurent à eux. Françoise Héritier, là encore, parlait déjà de cette fascination masculine pour le pouvoir reproductif des femmes. J’essaie de montrer dans mon livre qu’à cela s’ajoute la volonté de contrôle de la jouissance des femmes en leur imposant la pudeur, le retrait, voire le silence. Cette dévalorisation systématique des femmes m’a mené à penser que le complexe de castration est en réalité masculin, contrairement à ce qu’a affirmé Freud : ce sont les hommes qui craignent d’être impuissants (d’où le sens d’abord sexuel de l’impuissance) face aux femmes, et c’est pour ça qu’ils cherchent à les empêcher de participer à la compétition sociale. Comme l’écrit Simone de Beauvoir : « Nul n’est plus arrogant à l’égard des femmes, agressif et dédaigneux, qu’un homme inquiet de sa virilité. »

    #sexisme

  • Sortir de la passe : un risque d’impasse - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/04/12/sortir-de-la-passe-un-risque-d-impasse_1643026

    Le « parcours de sortie » prévu par la loi du 13 avril 2016 n’a bénéficié pour l’heure qu’à 56 prostitué(e)s. Manque de moyens, faible soutien de l’Etat et disparités régionales : le dispositif peine à se concrétiser. Analyse et témoignages.

    « Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de les acheter. » Lors du vote de la loi contre la prostitution, le 13 avril 2016, ce slogan, emprunté à l’anthropologue Françoise Héritier et scandé sur les bancs de l’Assemblée nationale, avait marqué les esprits et symbolisé les espoirs. Deux ans après, c’est l’heure des comptes.

    Entré en vigueur pour mettre fin au délit de racolage et instaurer la pénalisation des clients, le texte « visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées » est-il réellement effectif et efficace ? Ce vendredi et samedi, les associations se réunissent pour alerter : si l’aspect répressif de la loi semble œuvrer à vive allure (2 300 clients ont déjà été verbalisés), la mise en place de son volet social - axé sur l’accompagnement des personnes vers une sortie de la prostitution - se heurte à de nombreuses difficultés pratiques. Une enquête parue jeudi et menée par deux chercheurs en collaboration avec onze associations (dont Médecins du monde et le Planning familial) interpelle d’ailleurs sur les « impacts catastrophiques sur la santé, la sécurité et les droits des travailleur·se·s du sexe en France [ce qui représente environ 30 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, ndlr] ».

    Carte Une application inégale sur le territoire (voir dans l’article)

    Pilier central du dispositif social mais inconnu du grand public, « le parcours de sortie » (PDS) propose aux personnes prostituées une aide financière à l’insertion sociale et professionnelle (Afis), une autorisation provisoire de séjour de six mois (renouvelable trois fois) et l’accompagnement par une association agréée pour l’accès à un logement social, à une formation et aux soins. Un dispositif soumis à l’avis de chaque préfet et de sa commission départementale après examen de la candidature (lire les témoignages ci-contre).

    Pour 2018, la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a tablé sur l’objectif de 600 bénéficiaires. Problème : deux ans après la loi, seulement 56 personnes ont obtenu le droit à un parcours de sortie. Les raisons ? Outre la problématique budgétaire - les crédits alloués au dispositif ont chuté de 25 % - Libération décrypte les quatre obstacles principaux à l’application de ce chapitre social.

    Un contenu législatif trop faible

    En théorie, la loi d’avril 2016 a pour objectif d’instaurer « une politique de prise en charge globale » en faveur de toute personne admise dans le parcours de sortie. Hic : les aides mises en place sont jugées insuffisantes ou inexistantes. D’abord, les 330 euros de soutien financier mensuel sont trop faibles pour permettre (ou donner envie) d’arrêter l’activité prostitutionnelle. Selon l’enquête menée par les onze associations, une grande majorité des personnes concernées (83 % des interrogés) rejette cette « charité méprisante » ; effarées de ne pouvoir toucher - comme dans le « droit commun » - les 550 euros par mois du revenu de solidarité active (RSA).

    Autre problème, et de taille : le manque de protection durant la période d’examen du dossier. Comment assurer un revenu décent en attendant la réponse de la commission, rendue dans certains départements six mois après la constitution de la candidature ? La loi ne dit rien là-dessus, excepté qu’il est interdit de se prostituer durant ce laps de temps. « Il est fort probable que certaines personnes continuent l’activité en cachette, le temps de bénéficier des différents soutiens. Sans argent c’est difficile de faire autrement, rappelle Sarah-Marie Maffesoli, juriste chargée des questions de sécurité des travailleurs du sexe pour Médecins du monde. Si ces personnes sont victimes d’une agression durant leur activité, elles n’oseront pas déposer plainte. Si elles le font, elles déclarent officiellement qu’elles ont repris le travail du sexe et risquent d’être exclues du PDS. » Dernière fausse bonne nouvelle : l’accès au logement. L’Etat n’a, dans les faits, rien prévu (aucune place supplémentaire ou prioritaire pour les parcours de sortie), ce qui oblige les associations à agir seules ou négocier par le biais de leurs réseaux régionaux et personnels. Une situation que déplorent bon nombre d’associations agréées, comme l’Association de réinsertion sociale du Limousin : « Nous avons trouvé pour l’instant la solution de l’aide au logement temporaire grâce à nos relations. Le réseau associatif doit se débrouiller dans son coin et ça prend forcément du temps. Dans certains départements, des personnes attendent un logement qui leur est dû depuis déjà des mois. »

    Une loi inégalement appliquée sur le territoire

    Selon les chiffres recueillis par Libération, seules 16 commissions départementales ont déjà mis en place des parcours de sortie. Autrement dit, les 85 autres préfectures n’ont toujours pas examiné un dossier de candidature en deux ans, y compris dans des grandes villes comme Marseille, Nantes, Lyon et Lille. Pourquoi ? Dans une quarantaine de départements, aucune association n’a encore été agréée par l’Etat : personne ne peut donc imposer la création d’une commission. Pour le reste, tout dépend des préfets et de leur volonté (ou non) d’appliquer le volet social de la loi. « Une politique ne pourra être bien conduite et coordonnée sur l’ensemble du territoire que si elle est portée au plus haut niveau de l’Etat, alerte Laura Slimani, chargée de mission de la Fédération des acteurs de la solidarité sur les questions de prostitution. Force est de constater que la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, chargée du dispositif, parle très peu du parcours de sortie. Sa mise en place dépend de la seule détermination personnelle des acteurs locaux. »

    De même, le taux d’admission dans un parcours de sortie varie considérablement d’une commission départementale effective à l’autre. Selon les données recueillies par Libération, il est ainsi nettement préférable de postuler dans l’Hérault ou à Paris (100 % d’admission) plutôt que dans les Alpes-Maritimes (12,5 %), la Vienne (25 %) ou le Bas-Rhin (40 %). « Les responsables des services départementaux ont fait savoir aux associations qu’il y aurait un nombre limité d’admissions au vu du manque de moyens financiers alloués par l’Etat, détaille Tim Leicester, coordinateur du programme Lotus Bus à Paris (qui met en œuvre des opérations de prévention pour les prostituées chinoises). On parle bien de quotas. Certaines associations ont été contraintes de présélectionner les candidatures en interne afin de ne présenter à la préfecture que deux ou trois dossiers. » Celles-ci frôlent d’ailleurs la perfection avec 100 % d’admission. Pour les associations qui ont refusé de faire le tri, les autorisations d’intégrer un parcours de sortie chutent à moins de 40 %, excepté en région parisienne. Une inégalité des chances, en somme.

    Le spectre de l’appel d’air migratoire

    Point culminant de discorde entre le gouvernement et les associations : l’attribution provisoire (ou non) d’un titre de séjour aux prostituées. Dans certains départements, les priorités des politiques migratoires ont ruiné la mise en place des parcours de sortie. C’est le cas dans les Alpes-Maritimes par exemple. A Nice, seulement deux dossiers sur quinze ont été retenus. La première personne est un homme bulgare (européen, donc en règle sur le territoire), la seconde a bénéficié d’une erreur administrative. « Les treize autres personnes, toutes sans papiers, ont été déboutées par le préfet, raconte Patrick Hauvuy, président de l’association ALC Lucioles. Nous sommes à la frontière italienne, la question du contrôle des flux migratoires et de la régularité du territoire est très sensible. Dans notre commission, la question épineuse du titre de séjour a primé sur le reste, peu importe la motivation des postulantes. » Plusieurs « candidates » vont d’ailleurs déposer un recours contre la décision préfectorale.

    Dans l’Isère, la moitié des dossiers proposés ont été retoqués. Même motif. « La préfecture pense que les femmes postulent seulement pour les papiers », se désole l’association Althéa. On a même entendu la commission demander à l’une d’entre elles : "Mais pourquoi vous vous intéressez au parcours de sortie alors que votre enfant est au pays ?" C’est désespérant. » Des acteurs locaux s’inquiètent aussi de la possible utilisation des données personnelles transmises à l’Etat. Une membre de l’association nantaise Paloma : « Donner beaucoup d’informations sur des personnes qui sont en situation irrégulière nous met mal à l’aise. Cela ne nous semble pas du tout être éthique. Nous, associations, ne voulons pas participer de près ou de loin à la politique du gouvernement. » Une politique qui devrait sévèrement se durcir avec le projet de loi asile et immigration de Gérard Collomb, débattu en séance à partir de lundi à l’Assemblée nationale. Un texte qui inquiète l’ensemble du monde associatif, à commencer par le fameux Mouvement du nid, le plus grand réseau d’aide aux prostituées : « L’Etat doit dire clairement que le durcissement de la loi ne concerne pas les personnes prostituées. Sinon, l’application de la loi de 2016 est réellement menacée. »

    Le diagnostic de la loi est mal posé

    Et si la genèse même du projet de loi était à revoir ? Dans le rapport d’enquête dévoilé jeudi par les onze associations, une majorité de personnes prostituées interrogées déplorent un parcours de sortie « moralisant » et « stigmatisant » qui nie la possibilité de considérer le travail du sexe comme un vrai métier. « Ce parcours de sortie conditionne un droit au fait d’arrêter une activité qui est par ailleurs légale et imposable, dénonce Thierry Schaffauser, travailleur du sexe et membre du Syndicat du travail sexuel (Strass). C’est une caution prohibitionniste qui ne vient en aide qu’à des gens triés sur le volet. Lors de l’ébauche de la loi, on a ignoré les associations de travailleurs et travailleuses du sexe [qui veulent encadrer l’activité quand elle n’est pas subie, ndlr]. Résultat, le dispositif social est une arnaque complète alors que le volet répressif fonctionne à plein régime depuis un an et demi. »

    Selon le #Strass, la reconnaissance de l’activité professionnelle permettrait d’assurer aux travailleurs du sexe les mêmes droits sociaux que les autres (couverture santé, chômage, retraite). Or, pour obtenir l’agrément de l’Etat, les associations doivent statuer en assemblée générale que leur mission principale est l’accompagnement vers la sortie de la #prostitution. « Ce système écarte tout un pan d’acteurs qui accompagnent indifféremment les personnes qui souhaitent arrêter ou continuer », déplore Tim Leicester, jugeant qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais travailleurs du sexe. Dans un avis rendu en décembre 2015, le Défenseur des droits avait lui-même critiqué la notion de « parcours de sortie », l’estimant trop discriminante : « L’obligation pour les "victimes de prostitution" de cesser la prostitution si elles veulent pouvoir bénéficier de cette assistance ou protection est problématique. Cette condition est contraire au principe d’égal accès aux droits et ne permet pas, une fois encore, la prise en compte de la diversité de leur situation. »
    Balla Fofana , Anaïs Moran

    Du grand foutage de gueule. On s’en doutait mais bon… 330€ par mois, il y a des législateurs qui n’ont pas peur de l’indécence de ce qu’ils votent. Et aucune garantie concernant les papiers !
    Je suis même étonnée qu’ils aient trouvé des personnes prêtes à signer ce genre d’engagement. De toute façon, penser mettre fin au trafic prostitutionnel sans comprendre que la question de la régularisation de la situation au regard des papiers est centrale c’est juste être complètement à côté de la plaque. Ou plutôt, c’est juste un effet d’annonce pour faire croire qu’on en a quelque chose à battre des femmes victimes de cette situation. L’exemple de Nice est criant, sans même évoquer toutes les préfectures où rien n’a tout bonnement été mis en place.
    Ce qui les intéresse c’est la répression, le reste c’est pour la déco !
    #loi #pénalisation_des_clients #précarité #pauvreté #femmes #sans_papiers #immigration

  • Tout le site « Hors-série » en libre accès ce week-end. L’occasion de télécharger la vidéo et/ou l’audio de cet entretien avec
    #Francis_Dupuis-Déri (mars 2017)
    La peur du peuple
    http://www.hors-serie.net/Dans-le-Texte/2017-03-18/La-peur-du-peuple-id223

    #Geneviève_Sellier (décembre 2017)
    https://seenthis.net/messages/651611

    #Christine_Delphy (octobre 2017)
    http://www.hors-serie.net/Aux-Sources/2017-10-14/Antiraciste-et-antisexiste-id267

    #Pierre_Tevanian (mai 2017)
    http://www.hors-serie.net/Aux-Sources/2017-05-13/La-mecanique-raciste-id234
    (parmi beaucoup de mecs, blancs, etc. - critique déjà faite, je crois, à l’encontre de ce site. Ici ?)

  • Pourquoi l’homme n’est pas un cochon comme les autres.

    Indéniable succès de communication, l’expression « #balancetonporc » devrait aussi nous inciter à une réflexion de fond sur le comportement sexuel et l’origine de la domination masculine. Rappelons, tout d’abord, que, en matière de sexualité, l’évolution des espèces a connu plusieurs ponctuations : la reproduction sexuée, la viviparité (c’est-à-dire le portage de l’embryon par la femelle) et enfin, ce qui distingue l’« homo sapiens » du reste du règne animal, une conscience qui lui permet d’imaginer l’avenir de sa filiation. Si nous écartons les récentes options bio-technologiques (PMA, clônage, utérus artificiel, etc.), il s’agit là de trois invariants structurels ayant pesé lourdement dans la construction du rapport homme-femme.

    Les deux premiers points sont communs à de nombreuses espèces animales, mais ils impliquent, déjà, de nombreuses contraintes comportementales. Ainsi, la reproduction sexuée confère, au désir et aux caractères sexuels secondaires, des avantages sélectifs ; la viviparité interdit un partage égal des tâches, comme ce peut être le cas pour les oiseaux chez lesquels le contenu du nid offre un accès partagé, à la fois, par le mâle et par la femelle. Le dernier point constitue, quant à lui, une rupture avec l’ensemble du règne animal. En effet, homo sapiens a la capacité de se projeter dans le futur lointain ; pour lui même, certes, mais aussi pour les autres et, en particulier, pour ses enfants.

    A notre connaissance, homo sapiens est le seul qui puisse imaginer, pour son « oeuf », un avenir de président de la république. Comme l’a dit Françoise Héritier, c’est le « privilège exorbitant d’enfanter » qui, dès l’origine, a constitué chez homo sapiens le cœur de l’aliénation féminine ; les mâles ayant dû engager une véritable épreuve de force pour s’assurer le contrôle de cet œuf(1). C’est pour cela que l’homme a inventé des mythes et des traditions qui, tous, auront comme but de lui permettre de se s’approprier une fécondité à laquelle il ne participe pas. La mystification du corps humain, la soumission et l’invisibilisation de la femme, la non-mixité et la répression du désir sexuel sont autant d’éléments qui se retrouvent dans différentes civilisations. Ils contribuent à l’élaboration d’un ordre moral ayant comme objet, sur le plan politique, de contrôler les ventres, c’est-à-dire, d’une part, la nécessité de renouveler le capital humain(2) et, d’autre part, celle de garantir la « pureté du sang », celle du lignage, comme le montre ce que fut l’institution des curateurs au ventre.

    L’appropriation de la fécondité, par l’homme, s’est traduite par la codification des rôles sexuels. Il s’en est suivi que, dans les sociétés humaines, c’est l’homme qui doit être actif et conquérant ; la femme, au contraire, se doit d’être passive, réservée et prude. Profitons-en pour, ici, rendre justice au cochon lequel n’est pas un « porc » puisque, comme c’est souvent le cas dans le monde animal, c’est la femelle qui est la plus active et qui, au moment de l’oestrus, exprime un comportement sexuel caractéristique, avec une augmentation de l’activité et de la nervosité, ainsi qu’une attirance particulière pour les mâles(3).

    Pouvoir et sexualité.

    Le spectacle des « affaires sexuelles » est une mise en lumière de l’imbrication de la sexualité et du pouvoir. L’affaire Weinstein et celles qui ont suivi impliquent les villas de la jet-set, les boudoirs des prédicateurs, les bureaux de patrons, les couloirs des grands media , les salons des politiciens. Il est intéressant de noter qu’il n’a pas été trouvé, par les media, d’expression générale pour désigner ces violences. En effet, quand il s’agit de la rue, ils n’hésitent pas à parler de « harcèlement de rue » faisant de tout homme de la rue l’agresseur potentiel. Pour les « affaires », là, ils individualisent les cas ; ils utilisent une sémantique opposée à celles qu’ils emploient contre l’homme de la rue et ils ne parlent pas de harcèlement des puissants ou de harcèlement du pouvoir.

    Toutes les célébrités mises en cause ont abusé de leur position dominante pour arriver à leurs fins avec des femmes, des hommes ou des enfants. Pourtant, ce qui a fragilisé les victimes (femmes, hommes ou enfants) dans ces affaires, c’est bien leur position de subordonnés spirituels ou sociaux par rapport à leurs prédateurs. Ce sont bien les hiérarchies qui ont favorisé ces agressions et ces viols et ce sont bien ces hiérarchies que le pouvoir, tout anti-sexiste qu’il puisse se réclamer, préserve et défend. Cela devrait, pour le moins, le rendre circonspect et dubitatif quant à son intervention pour régler les problèmes qu’il a engendrés.

    Nous notons que, dans le discours du président de la république, lors de la journée contre les violences faites aux femmes, la plupart des mesures prises étaient d’ordre répressif et ne visaient que « le harcèlement de rue ». De la sorte, le pouvoir fait d’une pierre deux coups. D’un côté, il renforce le rôle passif de la femme au bénéfice de celui de l’État et, de l’autre, il estompe l’effet désastreux des « affaires ». De façon tout aussi arbitraire, la loi ne distinguera pas plus entre la trivialité et la passion. A ce sujet, certains feraient bien de se souvenir du suicide, en 1969, de Gabrielle Russier, cette jeune enseignante de 32 ans condamnée à de la prison pour avoir eu une relation amoureuse avec un de ses élèves, jeune homme de 16 ans. Ce drame contribua à amplifier la contestation de cette morale bourgeoise et hypocrite que l’on veut nous resservir maintenant.

    Quelques pistes pour ne pas se perdre …

    L’inversion des rôles sexuels chez l’humain, c’est-à-dire le passage du matriarcat au patriarcat, apparaît comme un caractère culturel acquis et transmissible de l’espèce et il a également pour conséquence d’introduire nombre de frustrations très utiles pour augmenter l’agressivité des guerriers ou bien pour créer un très rentable marché du sexe. La domination masculine et le sexisme ont des causes biologiques et des raisons politiques qui ont créé des habitudes sociologiques qui perdurent depuis l’aube du néolithique. Ce n’est pas avec des lois anti-sexistes, des associations subventionnées ou des gadgets orthographiques que nous ferons reculer le problème, si ce n’est, tout au plus, que de façon artificielle ; et encore, cela se fera au prix de l’augmentation de l’état névrotique de la population. Le combat est, donc, plus intime que cela ; il est culturel. Les progrès de la connaissance scientifique, puis les mouvements de libération de la femme pour la mixité et la libération des mœurs, ont contribué à des avancées notables de la condition féminine. Ce qui, aujourd’hui, met en péril cette difficile démarche émancipatrice, face au poids des traditions, c’est le retour en force de l’obscurantisme sous toutes ses formes ainsi que les nouveaux appels à la censure et à la non-mixité, lesquels contribuent à renforcer l’ordre moral.

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    Les curateurs au ventre, une institution patriarcale tombée en désuétude.

    Depuis Aristote, l’homme pensait que, par sa semence, il injectait son homoncule et que le ventre de la mère n’avait qu’un rôle nourricier. A partir du XIX° siècle, les progrès de la génétique allaient changer les mentalités. Avec la découverte des gamètes et du mécanisme embryologique, la fin des peurs ancestrales autour de la procréation allaient, peu a peu, reléguer dans l’oubli l’institution des curateurs au ventre, cet édifiant exemple du contrôle de la fécondité et de sa morale. Le cas le plus connu est celui de la reine Clémence de Hongrie, veuve de Louis X, mais voici encore, dans sa forme atténuée, ce que nous pouvons lire dans un traité de droit civil de 1833 :

    583. Le curateur au ventre est celui qui est préposé à surveillance de la grossesse d’une femme enceinte au décès de son mari

    584. Si lors du décès du mari, la femme est enceinte, porte l’article 393 du code civil, il sera nommé un curateur au ventre par le conseil de famille

    585. La légitimité d’un enfant posthume est indépendante de l’institution du curateur au ventre, … mais dans son intérêt moral la femme enceinte doit elle même provoquer sa nomination. Par cette précaution elle préviendra les chagrins d’une malignité offensante

    588. Le curateur doit donc veiller à l’événement de la grossesse. Il n’a point d’autorité sur la mère. Son caractère ne lui donne pas le pouvoir de la suivre partout, de critiquer ses actions, et de lui prescrire une règle de conduite ; mais il a le droit de faire des visites à son domicile, de prendre des renseignements, d’examiner ses démarches, d’assister à l’accouchement

    L’institution des curateurs au ventre disparaîtra définitivement en 1964.

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    (1) http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/11/15/l-ethnologue-et-anthropologue-francoise-heritier-est-morte_5215270_3382.html

    (2) En 1974, Houari Boumediene, alors président algérien, déclarait à l’ONU : « Un jour, des millions d’hommes quitteront le sud pour aller dans le nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire ». https://blogs.mediapart.fr/victorayoli/blog/160610/khadafi-les-musulmans-vont-heriter-de-leurope-la-turquie-sera-le-che

    (3) « Dans l’espèce humaine, c’est généralement l’homme qui cherche la femme … C’est l’inverse chez l’immense majorité des primates infra-humains chez lesquels, très souvent, la femelle prend l’initiative de l’accouplement avec des exigences, qui, transposées au palier humain feraient frémir les plus courageux » - Jacques RUFFIE « De la biologie à la culture » chez Flammarion, 1983.

    Article d’@anarchosyndicalisme n°157 janvier - février 2018

  • Violences faites aux femmes : au commencement était l’inégalité nutritionnelle - Science - RFI
    http://www.rfi.fr/science/20171124-journee-internationale-violence-femmes-piscille-touraille-inegalite-nut

    Une étude interdisciplinaire récente suggère que l’écart de taille entre les hommes et les femmes (de 6 à 18 cm en moyenne suivant les populations) aurait pour origine l’appropriation de la meilleure nourriture par les mâles aux dépens des femelles chez les Homo Sapiens depuis la nuit des temps. Spécialiste de l’anthropologie évolutive, la chercheuse Priscille Touraille montre que ce dimorphisme sexuel de stature n’est pas une adaptation « positive » du point de vue de la sélection naturelle. Elle estime que ce sont les femmes qui devraient être aussi grandes, voire plus grandes, que les hommes. Une remise en question de la pensée commune.

    #violences_faites_aux_femmes #inégalités #discrimination ça serait donc une longue, longue, longue histoire ...

  • Françoise Héritier parle de son #structuralisme
    https://www.scienceshumaines.com/francoise-heritier-est-morte_fr_39066.html

    Disons que C. Lévi-Strauss ne voulait tirer aucune leçon de l’#inégalité des sexes. Pour lui, c’était une donnée, et pas un objet de réflexion, pour la bonne raison qu’il ne voyait rien de scandaleux là-dedans. Il faisait le constat que dans la plupart des sociétés pratiquant le mariage, les femmes ont été traitées comme des ressources. C’est tout.

    Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas y réfléchir. Aujourd’hui, dans la société moderne, le mariage et la reproduction sont les produits de choix individuels : la notion d’échange ne s’applique même pas. Donc les hommes n’échangent pas de femmes. Mais la domination masculine existe tout de même. C’est pourquoi j’ai développé l’idée que la différence des sexes était un invariant encore plus fondateur que la nécessité d’échanger.

  • Les premiers artistes préhistoriques seraient des femmes
    http://www.huffingtonpost.fr/2013/10/11/art-femmes-prehistoire_n_4083237.html

    ART - Il y a des milliers d’années, naissait l’art. Des peintures murales préhistoriques dans des grottes, et notamment des empreintes de mains. On a toujours pensé que ces peintures étaient l’oeuvre des hommes, chasseurs-cueilleurs, qui reproduisaient sur les murs les récits de leurs activité. Et bien non. Une récente étude montre que 75% de ces peintures auraient été faites par des femmes rapporte le National Geographic.

    En 1998, un biologiste anglais, John Manning, faisait une découverte somme toute banale. La longueur des doigts des hommes diffère de celle des doigts de femme. Les femmes auraient un annulaire et un index de la même longueur, alors que l’annulaire des hommes est plus long que leur index.
    De l’autre côté de l’Atlantique, Dean Snow, de l’université d’Etat de Pennsylvanie, remarque cette étude de Manning. Ouvrant un livre de peintures préhistoriques, il observe alors la taille des index et des annulaires. Qui pour la plupart, sont de taille égale. « Je me suis dit, mince, si Manning sait de quoi il parle, alors ce sont certainement des mains de femme », se rappelle-t-il.

    Snow se lance alors dans l’exploration des grottes. Il examine des centaines d’empreintes (dont 32 sont retenues dans l’étude) dans huit grottes en France (Gargas, Pech Merle) et en Espagne (El Castillo).

    Grâce aux différentes mesures qu’il a relevé, taille des doigts, de la main, ratio taille de l’index/de l’annulaire, ration taille de l’index/ de l’auriculaire, il a pu déterminer si à quelle sexe appartenaient les empreintes, le tout, à l’aide un algorithme.

    S’il était utilisé aujourd’hui l’algorithme n’aurait une précision que de 60%, car les mains des hommes et des femmes peuvent plus ou moins se ressembler, mais à la préhistoire, leurs mains étaient bien distinctes.

    75% des empreintes sont des mains de femmes

    Résultats : sur 32 mains, 24 sont de femmes, soit 75%. Pourquoi a t-on toujours cru que ces peintures étaient masculines ? Notamment parce qu’elles représentent des scènes de chasse, et que seuls les hommes chassaient. Sauf que les femmes étaient aussi concernées : ce sont elles qui amenaient la viande au camp.

    Si certains chercheurs pensent que c’est une découverte importante, pour d’autres, ce sont des résultats à prendre avec des pincettes, notamment parce qu’il se pourrait bien que ces mains dites de femme soient en fait des mains d’adolescents.

    #femmes #préhistoire #arts #peinture #historicisation

    • Je prépare un travail sur les femmes au temps de la préhistoire. Les infos sont plutot rares et très contradictoires.
      Ici par exemple cette partie :

      Grâce aux différentes mesures qu’il a relevé, taille des doigts, de la main, ratio taille de l’index/de l’annulaire, ration taille de l’index/ de l’auriculaire, il a pu déterminer si à quelle sexe appartenaient les empreintes, le tout, à l’aide un algorithme.

      S’il était utilisé aujourd’hui l’algorithme n’aurait une précision que de 60%, car les mains des hommes et des femmes peuvent plus ou moins se ressembler, mais à la préhistoire, leurs mains étaient bien distinctes.

      Me semble douteuse.
      D’abord cette étude sur les longueurs de doigts manque de sérieux, c’est Odile Fillod qui la décortique, j’irais chercher le lien toute à l’heure.°
      L’autre chose qui me rend preplexe c’est le fait que le dimorphisme sexuel était bien marqué à la préhistoire, voire plus qu’à notre époque. Or d’autres sources disent qu’avant l’arrivée de l’agriculture le dimorphisme sexuel etait très faible voire nul. Comme la peinture rupestre c’est bien plus ancien que la pratique agricole je voie pas trop comment on peu se fier à ces tailles de mains.

      –-----

      ° pour l’étude sur le ratio index-annulaire voila ce que j’ai trouvé sur le blog d’Odile Fillod :

      Voilà pour ce qui est des propos de Max repris ci-dessus. Quant à la conférence de Jacques Balthazart, certaines des remarques précédentes s’y appliquent, mais il faudrait en ajouter d’autres, portant sur sa présentation fallacieuse des études animales (ah, les fameux béliers « homosexuels », « intéressés de façon exclusive par les autres mâles », qui à 5 ont pourtant spontanément réussi à féconder pas moins de 330 brebis en 21 jours…), mais aussi des données concernant les filles exposées au DES in utero, de celles concernant les femmes ayant une hyperplasie congénitale des surrénales et des études faites sur le ratio des longueurs de l’index et de l’annulaire . Je ne vais pas les développer ici, et me permets de renvoyer pour une revue critique approfondie au livre de Rebecca Jordan-Young déjà cité, qui montre bien à la fois la fragilité ou la fausseté de certains des résultats prétendus, et le caractère illusoire de la convergence du fameux faisceau d’indices qu’ils constitueraient en faveur de la théorie de l’organisation prénatale du cerveau humain par les hormones dites « sexuelles ».

      http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2017/06/02/max-bird-et-la-biologie-de-lhomosexualite/#more-1924

      –—
      sur le dimorphisme sexuel chez Neanderthal je trouve ceci :

      Dimorphisme sexuel modéré : taille d’environ 1.65 m pour 90 kg
      chez les mâles et d’1.55 m pour 70 kg chez les femelles.

      http://www.ac-grenoble.fr/lycee/elie.cartan/spip/IMG/pdf_TS_A14_TP13_neanderthal.pdf

      Chez Sapiens je commence par wikipédia avant de chercher mieux :

      Par exemple, les masses corporelles des hommes comme des femmes sont distribuées de façon à peu près régulière. Aux États-Unis, la masse moyenne d’un homme adulte est de 88,5 kg, alors que la femme adulte pèse en moyenne 62 kg.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Dimorphisme_sexuel#Chez_les_.C3.AAtres_humains

    • L’article que tu cites ici précède de 4 jours celui ci déjà cité ici (mais auquel je n’arrive pas à accéder) :

      Les peintures rupestres majoritairement réalisées par des femmes ?
      Nicolas Revoy, le Journal de la Science, le 15 octobre 2013
      http://www.journaldelascience.fr/homme/articles/peintures-rupestres-majoritairement-realisees-femmes-3279
      https://seenthis.net/messages/372186

      Les deux reprennent en fait les infos de cet article en anglais :

      Were the First Artists Mostly Women ?
      Virginia Hughes, National Geographic, le 9 octobre 2013
      https://news.nationalgeographic.com/news/2013/10/131008-women-handprints-oldest-neolithic-cave-art

      Qui lui même reprend les infos de cet article « scientifique » :

      SEXUAL DIMORPHISM IN EUROPEAN UPPER PALEOLITHIC CAVE ART
      Dean R. Snow, American Antiquity, 78:746-761, October 2013
      http://www.jstor.org/stable/43184971

      Cela dit, ils peuvent tous découler d’une hypothèse initiale erronée sur le dimorphisme des mains...

    • Quelle était la place de la femme à la préhistoire ?
      http://www.museedelhomme.fr/fr/quelle-etait-place-femme-prehistoire
      Réponse de Marlène Patou-Mathis, archéozoologue au musée de l’homme.

      La femme préhistorique avait un rôle tout aussi essentiel que son homologue masculin. Elle s’occupait du groupe, confectionnait des outils, aidait à la chasse et participait sans doute aux premières activités artistiques.

      La femme préhistorique a d’abord souffert de beaucoup d’a priori et de clichés. On oppose pendant longtemps un homme fort, triomphant à la chasse, à une femme frêle. Une vision que l’on doit avant tout aux préjugés qui ont cours jusqu’au début du XXe siècle, où la femme est considérée comme inférieure à l’homme par nature.

      Pourtant dans les sociétés du Paléolithique, les femmes ont un rôle aussi essentiel que celui des hommes, tant économique que social. Elles œuvrent dans la sphère domestique mais également symbolique. En effet, aucune preuve archéologique n’exclut leur participation à toutes les tâches : portage et éducation des enfants, confection d’outils, d’armes ou de parure (la taille de la pierre ou de l’os exige plus d’habileté que de force physique), construction des habitats, collecte et cueillette, traitement du gibier (dépeçage, cuisine, peaux), voire même participation à la chasse non seulement au petit mais également aux grands mammifères. L’étude des squelettes de néandertaliens de sexe féminin montre souvent un bras avec une attache musculaire comparable à celle des hommes. Autrement dit, les femmes elles aussi pratiquent le lancer lors des temps de chasse.

      Récemment, une étude américaine a avancé que les empreintes de mains que l’on rencontre fréquemment dans l’art pariétal appartenaient le plus souvent à des femmes ou à des adolescents. Hommes et femmes s’impliquent donc ensemble dans l’art des cavernes, une pratique chargée de beaucoup de symboles et de mystères pour les humains de l’époque.

      Si la femme était moins mobile de par son rôle dans la reproduction (grossesse puis allaitement), cela ne l’empêchait pas de participer activement aux activités du groupe.

      Ca manque de sources et cette fois il est pas question de la taille mais du développement de la musculature du bras.

      Il y a aussi de l’essentialisme ici : « la taille de la pierre ou de l’os exige plus d’habileté que de force physique » si la femme du paléolithique est aussi musclée que l’homme qui lui est contemporain, alors pourquoi le fait qu’elle ne sois pas aussi forte est utilisé ici.

    • Que savons-nous des femmes de la Préhistoire ?
      http://rf.proxycast.org/1254359409027457024/13957-14.01.2017-ITEMA_21197149-0.mp3

      Que savons-nous des femmes de la Préhistoire ? Furent-elles reines, déesses, matriarches ou bien passives, sempiternellement traînées par les cheveux, exploitées et dominées ? Ont-elles changé au cours des millénaires dans leur apparence physique, dans leurs attitudes et leurs gestes, leurs rôles et leurs statuts sociaux, et dans leurs rapports aux hommes ?

      Invitée : Claudine Cohen, directrice d’Etude à l ’EHESS et à l’EPHE, où elle enseigne l’histoire et la philosophie des sciences. Elle est l’auteur de Femmes de la Préhistoire (Belin, octobre 2016)

      Je suis étonnée que Claudine Cohen ignore le travail de Françoise Héritier et Paola Tabet. Elle tiens pourtant un discours qui repose sur des exemples de sexisme.

      –---

      critère de sexuation des fossiles : gracilité, ouverture du bassin.

      A 29 mins elle parle de dimorphisme

      Homme de Menton est devenu la dame du Cavillon

      Sur la Dame de l’aquina qui est cité je trouve rien.

      Je suis perplexe sur la question des ornements et la selection par les femelles de males trop forts qui ont fini par prendre le dessus.

      Pour les mains ca s’appel « indice de Manning » je note pour faire des recherches plus tard.

      A partir du mesolithique et neolithiques on trouve des massacres, les corps massacrés sont surtout de femmes et d’enfants. Nombreuses traces de coups et violences sur les corps des femmes + violences indirectes via malnutrition.

      Pour la perte de l’œstrus nous avons cette particularité en commun avec nos cousines bonobos. Les bonobos ne sont pas violents et infanticides et du coup les théories de Maurices Godelier sur l’inceste tombent un peu à l’eau.
      Sur l’inceste il y a une grosse hypocrisie, ce qui est interdit c’est d’en parlé, vu le nombre de filles victimes de leur pères et la tolérance pour ces viols on peu pas dire que la société y est réellement opposé. Elle est juste opposé à ce qu’on en parle. Un tabou c’est une chose dont on doit pas dire le nom, pas une chose qu’on a pas le droit de faire.

      La théorie sur le sang me semble fumeuse. Si le sang des femmes est l’objet d’un tabou c’est pas parcequ’il est malfesant ou je sais quoi, c’est parceque les hommes s’en sont servit comme justification pour assoire leur domination.
      Ca veux pas dire que le fait que les femmes saignent et accouchent n’a pas une incidence sur le lien entre femmes et plantes. Les femmes ayant plus de raisons de chercher certaines plantes pour leurs besoins alimentaires particuliers pendant les grossesses, allaitement, pour les soins pendant les accouchements ect.

  • Françoise Héritier et les lois du genre
    https://lejournal.cnrs.fr/videos/francoise-heritier-et-les-lois-du-genre

    L’anthropologue et ethnologue Françoise Héritier est décédée la nuit dernière à l’âge de 84 ans. Dans ce film de CNRS Images réalisé en 2009, elle développait sa pensée sur les rapports hiérarchiques entre les sexes et brossait un récit de ses recherches depuis ses premiers terrains en Afrique jusqu’au Collège de France.

  • #Françoise_Héritier est morte
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/151117/francoise-heritier-est-morte

    Vidéo dans l’article L’ethnologue et anthropologue Françoise Héritier est décédée dans la nuit du 14 au 15 novembre. En 2012, dans une de nos émissions, elle était revenue sur ses recherches concernant la différenciation entre les hommes et les femmes. Une vidéo qui résonne aujourd’hui avec la question des violences sexuelles.

    #Culture-Idées

  • FrançoIl faut anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible
    https://archive.org/details/AneantirIdeeDesirMascuIrrepres

    Entretien du Monde avec Françoise Héritier : « Il faut anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible » L’ethnologue et anthropologue n’a cessé de déconstruire les idées reçues sur le masculin et le féminin....This item has files of the following types : Apple Lossless Audio, Archive BitTorrent, Columbia Peaks, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, VBR MP3

    #audio/opensource_audio #feminisme,_ethnologie
    https://archive.org/download/AneantirIdeeDesirMascuIrrepres/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • Pourquoi la violence faite aux femmes
    https://www.franceculture.fr/conferences/hesam-universite/pourquoi-la-violence-faite-aux-femmes
    Un débat enregistré en 2014.

    Catherine Deschamps, co-auteur avec Christophe Broqua de « L’échange économico-sexuel »
    Éliane de Latour, IRIS/EHESS
    Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue, Centre Edgar Morin/EHESS
    Françoise Héritier, anthropologue, professeure honoraire au Collège de France.

    On nous parle d’une nature, d’une nature qui serait plus violente chez les hommes, qui serait fondamentalement dominatrice, et on nous parle aussi d’accès de bestialité. Dans tous les cas, on a tout faux ! Ce n’est pas une nature, c’est une culture ! C’est justement parce que les humains sont capables de penser, qu’ils ont érigé un système, qui est un système de valences différentielles du sexe. Et cela s’est passé il y a fort longtemps.

    Nous sommes ainsi les seuls parmi les espèces où les mâles tuent les femelles. Ce n’est donc pas une question de bestialité, de nature, et parce que ce n’est qu’une question de pensée, de culture, de construction mentale, nous pouvons penser que la lutte peut changer cet état de fait.

  • Derrière Bertrand Cantat en héros romantique, l’histoire d’une presse française machiste
    https://www.franceculture.fr/medias/derriere-bertrand-cantat-en-heros-romantique-l-histoire-d-une-presse-f

    O.J. Simpson, Oscar Pistorius, #Bertrand_Cantat... Ce n’est pas la première fois qu’en France, le traitement médiatique d’affaires de violences conjugales prend des allures de feuilleton romanesque. D’où vient cette tradition, très française, de romantiser les fémicides, de tenter de polir les contours d’une réalité terrible (rappelons que 123 femmes sont mortes de violences conjugales en 2016), avec des expressions vides de sens juridique, comme « crime passionnel » ?

    Nous avons posé la question à Annik Houel, professeure émérite en psychologie sociale à l’Université Lumière-Lyon 2, et auteur de Crime passionnel, crime ordinaire (2008), et Psychosociologie du #crime : à la vie, à la mort (2008), aux PUF. Elle a notamment travaillé sur le décalage entre ce que disait la #presse, et la réalité crue des dossiers d’assises.

    Que pensez vous de cette Une des #Inrockuptibles ?

    Barbu, les cheveux un peu dans tous les sens… il ressemble vraiment à un grand romantique, un héros. Il n’y a pas de doute sur la présentation qu’on en donne. Da manière générale, Cantat est très souvent présenté comme une #victime. Dans toutes ces histoires de #fémicides, ce qui est frappant c’est qu’il n’y a pas d’analyse sociale ou politique. Ça reste étonnant, passionnel, donc ça concerne tout le monde. Mais on n’analyse pas. Le Monde, à l’époque, avait traité l’affaire dans la rubrique « #fait_divers », celle des chats et des chiens écrasés. C’est un « fait divers », donc un truc qu’on n’analyse pas. Et puis ensuite, c’est devenu une affaire passionnée et passionnelle. On était au mois d’août 2003, et ça remplissait les pages. On voit qu’au tout début, cette histoire est présentée comme une histoire de passion à laquelle on ne comprend rien. On ne peut rien en dire car il s’agit de passion. Il faut savoir qu’en France il n’y a pas de « #crime_passionnel » dans la loi, ça n’existe pas ! Cantat s’est fait juger en Lituanie [où a eu lieu le meurtre de Marie Trintignant, NDR], où le crime passionnel existe comme catégorie juridique. En France ça ne se serait pas passé comme ça. Là-bas, il n’a écopé que de huit ans de prison. Il est sorti assez vite d’ailleurs, il n’a pas purgé entièrement sa peine, et il est sorti [au bout de trois ans de prison, NDR]. Si ça avait été reconnu en France comme « #violence_conjugale », il aurait pu prendre vingt ans.

    #femmes #sexisme via @mona

  • Le #structuralisme militant de Françoise Héritier
    http://www.laviedesidees.fr/Le-structuralisme-militant-de-Francoise-Heritier.html

    En affirmant la fécondité du structuralisme pour penser les relations de parenté ou la différence entre les sexes, Françoise Héritier a profondément renouvelé les méthodes de l’anthropologie. Elle a aussi montré que l’engagement scientifique allait de pair avec une implication dans la cité.

    Essais & débats

    / #anthropologie, parenté, #genre, #mariage, structuralisme, #inceste

    #Essais_&_débats #parenté

  • Les redoutables mécanismes de la violences faite aux femmes
    https://www.franceculture.fr/conferences/hesam-universite/les-redoutables-mecanismes-de-la-violences-faite-aux-femmes?xtmc=femme

    Alors que des hommes cèdent à leurs « pulsions irrépressibles et licites » (Françoise Héritier), ce sont les femmes qui subissent la honte, la souillure et le déshonneur qui s’étend aux leurs. Les femmes victimes de violences dans la sphère publique.

    Un débat enregistré en 2014.

    Catherine Deschamps, co-auteur avec Christophe Broqua de « L’échange économico-sexuel »

    Éliane de Latour, IRIS/EHESS

    Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue, Centre Edgar Morin/EHESS

    Françoise Héritier, anthropologue, professeure honoraire au Collège de France.

    (pas encore écouté)
    #débat #femmes #violences

  • L’Homme : « La seule espèce dont les mâles tuent les femelles » - Sciencesetavenir.fr

    http://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/l-homme-la-seule-espece-dont-les-males-tuent-les-femelles_7660#neot

    C’est Françoise Héritier qui le dit.

    Que dit-on de l’Homme ? On répond spontanément à cette question qu’il est à la fois un animal comme les autres et unique en son genre. Le seul à se tenir debout, capacité considérée par la philosophie comme le point d’ancrage de la conscience. Le seul à avoir développé des mains préhensiles, un grand cerveau, un gosier apte au langage.

    Le seul capable de transmettre de l’information sous forme de représentations. Le seul capable d’imaginer et de prévoir (est-ce si sûr ?). Le seul capable de dominer la nature. Le seul doté du rire (mais les chimpanzés rient et se moquent). Le seul capable de ressentir l’injustice dès le plus jeune âge (mais on commence à en douter). Le seul capable de perversion, disent les psychanalystes. Le seul dont la néoténie (1) est un handicap mortel sur une longue durée…

    • Il y a d’autres espèces que l’homo sapiens sapiens dont le male tue la femelle, par exemple l’éléphant de mer, le canard à col vert.
      Et puis il y a une quantité astronomique d’espèces dont la femelle tue le mâle directement(certaines araignées ou mantes) ou indirectement (babiroussa ou baudroie des abysses).
      Françoise Hériter semble ne pas connaître grand chose sur les non-humains.
      Pour la question du propre de l’homme j’avais trouvè la réponde de Eduardo Viveiros de Castro dans Métaphysiques cannibales assez intéressante. Pour lui le propre de l’espèce humaine est le fait de se demander ce qui est propre à son espece.

  • Lilian Thuram : « A l’école, on m’appelait “La Noiraude” »
    http://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2016/10/23/lilian-thuram-a-l-ecole-on-m-appelait-la-noiraude_5018739_4866763.html

    Je ne serais pas arrivé là si…

    … si ma mère ne m’avait pas appris quelque chose d’essentiel : on peut décider de sa vie. Et pour y parvenir, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques. Elle m’a appris le courage. Quand nous étions jeunes, elle est partie des Antilles pour venir travailler en France alors que certains de ses amis et membres de sa famille lui disaient qu’il était insensé de laisser seuls cinq enfants en Guadeloupe.

    Vous et vos frères et sœurs êtes restés un an sans elle à Anse-Bertrand. Quel souvenir en gardez-vous ?

    Mon grand frère s’occupait de nous. Je me souviens de l’argent qui arrivait par La Poste. Il regardait ce qu’il y avait pour savoir ce qu’on allait manger. L’année a été remplie de légèreté, je ne me souviens pas d’un manque. Ma mère nous avait promis de revenir nous chercher. J’avais confiance en sa parole. Si elle n’avait pas tenu sa promesse, cela aurait été une catastrophe.

    A-t-il été difficile de quitter Anse-Bertrand et l’île de votre enfance ?

    Je suis parti le cœur très léger. Prendre l’avion avec ma mère et revivre avec elle, il n’y avait rien de plus fort. Ma mère a une très grande intelligence émotionnelle. Elle nous avait vendu la métropole comme si on partait au paradis. Qui ne veut pas aller au paradis avec sa maman ? Quand nous sommes arrivés à Bois-Colombes, en région parisienne, nous étions tous ensemble, la vie était belle. Nous avons très vite déménagé à la cité des Fougères à Avon, près de Fontainebleau, en 1982, j’avais 9 ans.

    Comment était cette cité ?

    Tous les bâtiments étaient identiques. Le premier jour, je me suis perdu. C’est en voyant ma mère au balcon que j’ai retrouvé notre immeuble ! Nous étions à côté de la forêt, c’était un espace de jeu incroyable, le paradis. Les enfants de la cité venaient du monde entier : Portugais, Zaïrois, Libanais, Espagnols, Algériens, Pakistanais… J’ai appris à connaître le monde grâce à mes amis. L’école était quasiment dans la cité. Quand je suis arrivé aux Fougères en fin d’année scolaire, ce qui m’a bluffé, c’est la kermesse. Chacun amenait sa spécialité culinaire et était habillé différemment. Ce mélange de cultures a été une chance inouïe.

    Vous dites souvent que c’est en arrivant en région parisienne que vous vous êtes interrogé sur votre famille et que vous êtes devenu noir. Pourquoi ?

    A l’école, beaucoup de questions surgissent : pourquoi nous sommes cinq enfants de cinq pères différents ; pourquoi ma mère est femme de ménage, alors qu’il y a d’autres métiers ; pourquoi certains camarades de classe m’appellent « La Noiraude », qu’est-ce que c’est qu’être noir ?

    « La Noiraude », c’est terrible…

    Cette réflexion d’enfant explique ce que je suis devenu et ce que je fais aujourd’hui. Réfléchir sur les mécanismes de domination. Que véhicule la couleur de peau, le genre, la sexualité ? Ce qui est intéressant, c’est qu’en devenant noir, les autres enfants sont devenus blancs. Mais ils n’en ont pas conscience. Qu’est-ce que c’est être Blanc ?

    Quand votre mère découvre votre passion pour le football, que vous dit-elle ?

    Je jouais déjà au foot aux Antilles, devant la maison, pieds nus – parce qu’il ne fallait pas abîmer les chaussures avec lesquelles on allait à l’école. Les grands organisaient des tournois entre quartiers et choisissaient les petits parmi les derniers. Quand j’entendais : « Viens Lilian, tu vas jouer avec nous », c’était le rêve. Ma mère n’a jamais su que j’avais des dispositions pour le foot. La première fois qu’elle est venue me voir jouer, j’avais 16 ans. Au départ, je jouais au club des Portugais. Mais je voulais intégrer le club le plus performant à côté de chez moi et j’ai décidé de partir à Fontainebleau.

    Mes amis me disaient : « Là-bas, ce sont des bourges, ils ne vont pas t’accepter. » C’était mal vu de vivre aux Fougères. J’y vais malgré tout, car mon rêve à cette époque était de jouer dans les cadets nationaux de Melun, parce que chaque lundi, il y avait leurs noms dans le journal La République de Seine-et-Marne. Là-bas, je rencontre Franck Renard. Il devient mon ami, nous ne sommes pas du même milieu social. Cela a été un moment très important : ne pas avoir de préjugés, ne pas croire ce qu’on nous dit des autres. Les parents de Franck ont été magnifiques avec moi. Son père venait me chercher en voiture pour m’amener au foot, alors que ce n’était pas sur son chemin. Je ne serais pas arrivé là s’il n’y avait pas eu la rencontre avec Franck Renard.

    Pourquoi son père faisait cela pour vous ?

    Simplement parce que j’étais l’ami de son fils. Heureusement qu’il y a des personnes comme lui. Ma mère n’avait pas de voiture, il aurait fallu payer le train. Monsieur Renard savait tout cela. Après le match, il m’offrait toujours à boire à la buvette. Toutes ces petites attentions développent un sentiment essentiel : la confiance dans la vie.

    Quand vous êtes recruté par le centre de formation de l’AS Monaco, c’est une étape décisive. Votre mère vous laisse-t-elle partir sans problème ?

    Elle ne voulait pas que j’aille à Monaco. Elle ne comprenait rien au foot. Pour elle, ce n’était qu’un amusement. Elle avait peur et voulait que je fasse mes études. Heureusement qu’il y a eu mes deux grands frères pour lui expliquer qu’elle devait me laisser partir. Ma mère a accepté, mais m’a fait promettre d’avoir mon bac.

    Comment se passe l’arrivée à Monaco ?

    Ni moi ni ma mère ne connaissions Monaco. Au centre de formation, elle visite les chambres, vue sur la mer… C’était extraordinaire : vous jouez au foot tous les jours, au bord de la mer, que demander de plus ? Moi qui ne partais jamais en vacances, j’avais l’impression d’y être. Tout était incroyable. Je me souviens du premier jour où je suis allée sur la place du casino : il n’y avait que des supers voitures. Je croyais que c’était un concessionnaire et qu’elles étaient à vendre. Quelqu’un m’explique que ces voitures appartiennent à des gens. Je n’en revenais pas ! Venir des Fougères et atterrir à Monaco, il n’y a pas de mots : vous vous dites : « Où je suis ? »

    Mais il y a cette blessure au genou et ce médecin qui vous dit que vous risquez de ne plus jamais pouvoir jouer…

    C’était peu de temps après mon arrivée à Monaco. J’avais 17 ans, ce fut un moment très important. Je n’ai pas joué pendant neuf mois. Là encore, je remercie ma maman. Depuis tout petit, il y a une phrase qu’elle me répète sans cesse : « Tiens bon, ne te laisse pas aller. C’est quand tu te laisses aller que cela devient compliqué. » Ce n’est pas parce que le docteur vous a dit que vous n’allez peut-être plus jouer au foot qu’il faut le croire. Je rencontre aussi Arsene Wenger, qui me dit de ne pas m’inquiéter, et un kiné qui a été aux petits soins avec moi.

    En 1994, vous êtes sélectionné en équipe de France. Une consécration ?

    Le sélectionneur, Aimé Jacquet, voulait me prendre quelques mois auparavant mais je m’étais blessé. J’étais effondré. Il m’avait dit : « Ne t’inquiète pas. » Une nouvelle opportunité arrive : France-Tchéquie à Bordeaux. Je m’en souviens très bien, c’était aussi le premier match de Zidane. C’est surréaliste, vous êtes en équipe de France ! Vous jouez aux côtés de Ginola, Cantona, Desailly, Blanc, Lama, etc. Il faut essayer de prendre sa place, montrer que vous êtes à la hauteur de la situation. A la mi-temps du match, on perdait. Quelqu’un dit : « Y a qu’à faire jouer Thuram en milieu de terrain. » Je me surprends à répondre non, je ne voulais pas changer de poste. Cela a été très important pour moi de savoir dire non dans un groupe. Sinon, vous allez à l’encontre de vous-même et vous vous mettez en difficulté. Finalement, on a fait deux-deux. Deux buts de Zidane.

    Tout au long de votre carrière, vous êtes l’un des rares footballeurs français à avoir pris la parole sur de nombreux événements : le match France-Algérie ; les joueurs insultés à Milan ; les sans-papiers de Cachan, que vous invitez au stade ; l’affaire des quotas…

    Cela explique tout simplement la vie que j’ai eue. Je suis l’enfant d’une femme qui a traversé l’Atlantique pour venir travailler dans la région parisienne, parce qu’elle espérait donner plus d’opportunités à ses enfants. Je suis issue de cette histoire, une histoire où, ces personnes-là, en règle générale, n’ont pas le droit de cité. Donc, si on m’interroge, si on me donne la possibilité de réagir à certaines choses, je le fais en lien avec mon histoire. Les sans papiers, les migrants, cela me parle. Comme ma mère, ils viennent pour améliorer leur vie et il faut sans cesse rappeler que ce sont avant tout des êtres humains beaucoup plus courageux que la plupart d’entre nous.

    J’ai beaucoup de respect pour mes ancêtres qui ont connu la période de l’esclavage. Je ne serais pas là sans eux. Il est important d’être à la hauteur de ce qu’ils ont traversé. Ne pas dénoncer les injustices serait trahir leur mémoire. Ces personnes-là ont fait en sorte que la société s’améliore. Les réfugiés, actuellement, questionnent notre humanité.

    En 2008, vous annoncez votre retraite sportive pour raison de santé…

    J’ai eu beaucoup de chance de jouer jusqu’à 36 ans. Mon frère est décédé il y a vingt et un an d’un problème cardiaque. Lorsqu’il est mort, on nous a demandé d’aller faire des examens. Des choses ont été détectées chez mes frères et sœurs, mais pas chez moi. On ne m’a détecté un problème qu’à 36 ans. J’aurais pu ne pas avoir de carrière sportive. C’est comme si j’étais quelqu’un en sursis, et chaque année passée est une année de gagnée. La vie, je la vois comme ça.

    Quand débute votre intérêt pour les questions de discrimination et de racisme ?

    C’est l’histoire de la noiraude, à l’école à Bois-Colombes. Très tôt, vous comprenez qu’être noir, c’est être vu inférieurement. Les personnes non blanches comprennent très rapidement dans quelle société elles vivent. Ma mère me disait : « C’est comme ça mon chéri, les gens sont racistes, ça ne va pas changer. » C’est une très mauvaise réponse pour un enfant de 9 ans. Je voulais comprendre qu’est-ce que le racisme, d’où il vient, comment il se construit.

    Après, ce sont des lectures. Quand j’étais jeune joueur à l’AS Monaco, je lisais des livres sur l’histoire de l’esclavage. Je suis tombé sur le Code noir, texte essentiel pour comprendre la relation entre les gens selon leur couleur de peau. Ce code construit et entérine la domination des personnes de couleur blanche sur celles de couleur noire. Plus tard, j’ai rencontré Alain Anselin, puis Aimé Césaire : ces rencontres m’ont enrichi et interpellé.

    Vous citez souvent l’anthropologue et féministe Françoise Héritier. Pourquoi ?

    « L’inégalité des sexes est la matrice de tous les autres régimes d’inégalité. » En me questionnant sur la couleur de peau, j’ai découvert que la problématique de domination culturelle était la même avec les femmes. Et c’est pareil avec l’homophobie. Tout est une question d’éducation.

    En 1998, la victoire de la France à la coupe du monde de football fait naître le slogan « black, blanc, beur ». Cet espoir d’une France multiculturelle réconciliée a été très fugace…

    Je ne suis pas d’accord. C’est quelque chose d’inscrit dans l’inconscient collectif. Il y a moins de racisme aujourd’hui qu’avant. Prenons l’exemple de ma famille sur une période longue : mon grand-père est né en 1908, soixante ans après l’abolition de l’esclavage en France, ma mère en 1947, il y avait la colonisation, moi en 1972, il y avait la ségrégation en Afrique du Sud. La domination des personnes blanches n’est plus écrite dans les lois comme à l’époque de mon grand-père ou de ma maman. Nous vivons dans une société de plus en plus égalitaire, mais il y a encore des gens réfractaires à cette égalité qui, actuellement, le disent ouvertement. Il faut avoir le courage de leur répondre. Ceux qui tiennent un discours positif doivent se faire entendre davantage dans l’espace public.

    Comme lorsque vous répondez à Jean-Marie Le Pen qui considère qu’il y a trop de « joueurs de couleur » au sein de l’équipe de France ?

    Bien sûr. Il faut répondre. Le racisme est un positionnement culturel et politique. Regardez : Trump parle aux personnes blanches ; Marine Le Pen, Sarkozy avec les ancêtres les Gaulois, parlent aux mêmes personnes. Ils veulent réveiller le sentiment qu’être blanc, c’est passer avant. Quand, dans un stade, des gens me faisaient « Ouh ! Ouh ! », ils disaient : moi je suis blanc, je suis mieux que toi qui es noir.

    Pourquoi le phénomène Zemmour existe ? Parce qu’il est blanc et que les gens qui le font travailler le sont aussi, réfléchissent en tant que blancs, comme des dominants. Sinon, on ne le laisserait pas faire. Le racisme, c’est une inégalité de traitement : vous ne trouverez jamais un Noir, un Maghrébin ou un Asiatique qui pourrait venir à la télévision tenir un discours méprisant les personnes blanches. Il serait, à juste titre, écarté parce qu’en face, les personnes blanches se sentiraient attaquées et ne le supporteraient pas.

    Comment est venue l’idée de créer une fondation pour « l’éducation contre le racisme », qui porte votre nom ?

    J’ai lancé la fondation quand j’étais joueur à Barcelone. J’ai été invité chez le consul de France. A côté de moi, à table, un monsieur, qui était directeur de l’agence de publicité DDB, me dit : « Alors, qu’est-ce que vous allez faire quand vous serez plus grand ? » Cela m’a fait sourire. Je lui ai donné une réponse d’enfant : « Quand je serai plus grand, j’aimerais changer le monde. » On commence la discussion et je lui explique que je souhaiterais aller dans les écoles pour expliquer aux enfants qu’on ne naît pas raciste, mais qu’on le devient parce que cela est ancré dans nos cultures. A la fin du repas, il me dit : « Je suis plus vieux que vous, sachez que le monde, on ne le change pas. » Quelques semaines après, ce monsieur m’appelle, me parle de ses préjugés et me dit : « Vous avez déjà changé une personne. Vous devriez faire une fondation. » C’est comme cela que c’est parti. Je me sers de ma notoriété pour essayer de construire, avec beaucoup d’autres, l’égalité.

    Nicolas Sarkozy vous avait proposé il y a quelques années un poste de ministre de la diversité. La politique, ça vous tente ?

    Non. Et un ministère de la diversité, n’est-ce pas en réalité un ministère pour les non-blancs ? J’ai le sentiment que certains politiques sont comme dans une télé-réalité. Ce ne sont pas eux qui donnent la direction, ils s’adaptent à l’air du temps. Sur la question du racisme et des discriminations, il manque quelqu’un de courageux, un discours clair sur ce que sera la France dans trente ans. Débattre sur les burkinis, cela va nous emmener où ? Ce n’est pas sérieux.

    Propos recueillis par Sandrine Blanchard

  • Lilian Thuram : « A l’école, on m’appelait “La Noiraude” »
    http://www.lemonde.fr/la-matinale/article/2016/10/23/lilian-thuram-a-l-ecole-on-m-appelait-la-noiraude_5018739_4866763.html

    Quand débute votre intérêt pour les questions de discrimination et de racisme ?

    C’est l’histoire de la noiraude, à l’école à Bois-Colombes. Très tôt, vous comprenez qu’être noir, c’est être vu inférieurement. Les personnes non blanches comprennent très rapidement dans quelle société elles vivent. Ma mère me disait : « C’est comme ça mon chéri, les gens sont racistes, ça ne va pas changer. » C’est une très mauvaise réponse pour un enfant de 9 ans. Je voulais comprendre qu’est-ce que le racisme, d’où il vient, comment il se construit.

    Après, ce sont des lectures. Quand j’étais jeune joueur à l’AS Monaco, je lisais des livres sur l’histoire de l’esclavage. Je suis tombé sur le Code noir, texte essentiel pour comprendre la relation entre les gens selon leur couleur de peau. Ce code construit et entérine la domination des personnes de couleur blanche sur celles de couleur noire. Plus tard, j’ai rencontré Alain Anselin, puis Aimé Césaire : ces rencontres m’ont enrichi et interpellé.

    Vous citez souvent l’anthropologue et féministe Françoise Héritier. Pourquoi ?

    « L’inégalité des sexes est la matrice de tous les autres régimes d’inégalité. » En me questionnant sur la couleur de peau, j’ai découvert que la problématique de domination culturelle était la même avec les femmes. Et c’est pareil avec l’homophobie. Tout est une question d’éducation.

    En 1998, la victoire de la France à la coupe du monde de football fait naître le slogan « black, blanc, beur ». Cet espoir d’une France multiculturelle réconciliée a été très fugace…

    Je ne suis pas d’accord. C’est quelque chose d’inscrit dans l’inconscient collectif. Il y a moins de racisme aujourd’hui qu’avant. Prenons l’exemple de ma famille sur une période longue : mon grand-père est né en 1908, soixante ans après l’abolition de l’esclavage en France, ma mère en 1947, il y avait la colonisation, moi en 1972, il y avait la ségrégation en Afrique du Sud. La domination des personnes blanches n’est plus écrite dans les lois comme à l’époque de mon grand-père ou de ma maman. Nous vivons dans une société de plus en plus égalitaire, mais il y a encore des gens réfractaires à cette égalité qui, actuellement, le disent ouvertement. Il faut avoir le courage de leur répondre. Ceux qui tiennent un discours positif doivent se faire entendre davantage dans l’espace public.

    Comme lorsque vous répondez à Jean-Marie Le Pen qui considère qu’il y a trop de « joueurs de couleur » au sein de l’équipe de France ?

    Bien sûr. Il faut répondre. Le racisme est un positionnement culturel et politique. Regardez : Trump parle aux personnes blanches ; Marine Le Pen, Sarkozy avec les ancêtres les Gaulois, parlent aux mêmes personnes. Ils veulent réveiller le sentiment qu’être blanc, c’est passer avant. Quand, dans un stade, des gens me faisaient « Ouh ! Ouh ! », ils disaient : moi je suis blanc, je suis mieux que toi qui es noir.

    Pourquoi le phénomène Zemmour existe ? Parce qu’il est blanc et que les gens qui le font travailler le sont aussi, réfléchissent en tant que blancs, comme des dominants. Sinon, on ne le laisserait pas faire. Le racisme, c’est une inégalité de traitement : vous ne trouverez jamais un Noir, un Maghrébin ou un Asiatique qui pourrait venir à la télévision tenir un discours méprisant les personnes blanches. Il serait, à juste titre, écarté parce qu’en face, les personnes blanches se sentiraient attaquées et ne le supporteraient pas.

    Comment est venue l’idée de créer une fondation pour « l’éducation contre le racisme », qui porte votre nom ?

    J’ai lancé la fondation quand j’étais joueur à Barcelone. J’ai été invité chez le consul de France. A côté de moi, à table, un monsieur, qui était directeur de l’agence de publicité DDB, me dit : « Alors, qu’est-ce que vous allez faire quand vous serez plus grand ? » Cela m’a fait sourire. Je lui ai donné une réponse d’enfant : « Quand je serai plus grand, j’aimerais changer le monde. » On commence la discussion et je lui explique que je souhaiterais aller dans les écoles pour expliquer aux enfants qu’on ne naît pas raciste, mais qu’on le devient parce que cela est ancré dans nos cultures. A la fin du repas, il me dit : « Je suis plus vieux que vous, sachez que le monde, on ne le change pas. » Quelques semaines après, ce monsieur m’appelle, me parle de ses préjugés et me dit : « Vous avez déjà changé une personne. Vous devriez faire une fondation. » C’est comme cela que c’est parti. Je me sers de ma notoriété pour essayer de construire, avec beaucoup d’autres, l’égalité.

    Nicolas Sarkozy vous avait proposé il y a quelques années un poste de ministre de la diversité. La politique, ça vous tente ?

    Non. Et un ministère de la diversité, n’est-ce pas en réalité un ministère pour les non-blancs ? J’ai le sentiment que certains politiques sont comme dans une télé-réalité. Ce ne sont pas eux qui donnent la direction, ils s’adaptent à l’air du temps. Sur la question du racisme et des discriminations, il manque quelqu’un de courageux, un discours clair sur ce que sera la France dans trente ans. Débattre sur les burkinis, cela va nous emmener où ? Ce n’est pas sérieux.

    #racisme #sexisme #homophobie #discrimination

  • Sisyphe - Masculin/Féminin - Quand la science naturalise l’ordre social
    http://sisyphe.org/spip.php?article4296

    « Dans le langage scientifique comme dans le langage trivial, prévalent comme des fondements non questionnables, des catégories sexuées dualistes où géométrique est supérieur à sensible, abstrait à concret, rapide à lent comme masculin l’est à féminin (...) La grille de lecture avec laquelle nous fonctionnons est toujours celle immuable et archaïque, des catégories hiérarchisées ... » (Françoise Héritier, « Masculin/Féminin II : dissoudre la hiérarchie », 2002, éditions Odile Jacob)

    Objectif/subjectif ou la science comme point de vue masculin

    Masculin, féminin, sont, chez Homo sapiens sapiens, des qualificatifs servant à préciser le genre. Genre qui, en l’occurrence, n’est pas l’ensemble des êtres vivants situés entre la famille et l’espèce que les classifications phylogénétiques ont pour habitude de regrouper, réunissant ainsi, par exemple, le chien, le loup et le coyote dans le genre canis, mais genre qui représente l’une des deux formes que revêt le vivant humain : l’homme, la femme, êtres sociaux tout autant l’un que l’autre. Le genre est ainsi une sorte de vrai-faux cache-sexe, une « construction sociale naturalisée » (1), un des principes de division fondamentaux (2) de la vision anthropique du monde.

    Dans le langage, cependant, comme dans le mythe d’Aristophane (3), il y a trois genres qui, par tradition, bousculent l’ordre alphabétique : masculin, féminin, neutre. Le langage véhicule les représentations sociales d’une culture, il n’est, par conséquent, jamais réellement neutre, la preuve en est que le masculin l’emporte toujours sur le féminin. Il est aussi remarquable que les hommes occupent à la fois l’espace indéfini c’est-à-dire neutre et l’espace masculin. Le masculin et le neutre sont coextensifs au niveau du langage, donc de la pensée. L’espace des femmes est celui et le seul réellement marqué du point de vue du genre, de l’éternel féminin. Si le masculin a une posture neutre, objective, une posture de sujet, une posture de moi, a contrario, le féminin a celle de l’autre à ce sujet, celle de l’objet et de l’objet d’étude.

    Or, la posture neutre supposée garantir l’objectivité, c’est-à-dire la relation non située et distanciée au monde, est la posture de la science. Pratique dont la méthode, depuis Descartes, consiste à transformer les êtres en machines, c’est-à-dire en objets. La science exprime, de la sorte, le point de vue masculin sur le monde, ce point de vue singulier qui a prétention à l’universel et a le pouvoir de réifier l’univers pour mieux l’objectiver, le connaître et le maîtriser.

    #patriarcat #sciences #objectivité #genre #révisionnisme #male_gaze #androcentrisme