person:gallimard

  • Citations tirées du #livre de #David_ALBAHARI,

    L’homme de neige


    Résumé :

    Le narrateur de L’homme de neige a une idée fixe : boire du jus d’orange. Venu de l’#ex-Yougoslavie, il est invité comme écrivain en résidence dans une université nord-américaine. Mais sa nouvelle vie, confortable et bien réglée, dont il note minutieusement les moindres détails, ne fait tout simplement pas sens pour lui. Ses quelques cours et conférences, ses obligations sociales et ses conversations avec les professeurs et étudiants, tout est envahi par un sentiment d’échec et d’ennui - sentiment auquel il échappe seulement grâce à l’idée de boire du jus d’orange. Puis, cet équilibre fragile se fissure. Le narrateur a de plus en plus l’impression de flotter, voire de se désagréger. La découverte d’une armoire fermée à clef au sous-sol tourne vite à l’obsession, et lorsqu’il cède à la tentation de l’ouvrir pour y trouver des cartes et des plans de toute sorte, il ne peut s’empêcher de les placarder sur les murs de son appartement en pleine nuit. Entouré ainsi de cartes qui illustrent les déchirures de l’Histoire et la fragilité des identités et des frontières, il sent les choses se brouiller de plus en plus autour de lui. Jusqu’à ce que les premières neiges tombent sur la ville.

    http://www.babelio.com/livres/Albahari-LHomme-de-neige/120981

    Citations :

    « La #géographie est un état, un moment plus ou moins bref ou long d’un acquis ; l’#histoire, c’est un diagnostic, c’est la nuit. […] L’histoire est déboîtement, déraillement du cours habituel des choses, quelque chose comme un disque rayé, sa répétition perpétuelle, souvent absurde, parfois claire et précise comme une prédiction. […] L’histoire n’a rien à voir avec la parole, elle se produit dans un espace autre que celui des mots, espace parfois exigu, parfois insaisissable, auquel l’individu en tant que tel n’a pas accès. La parole est un phénomène collectif, mais qui se réalise au niveau individuel, alors que l’histoire est individuelle, mais se réalise sur le plan collectif. La parole jaillit, gicle comme un jet d’eau, alors que l’histoire happe comme un gouffre de rivière souterraine »

    David ALBAHARI, L’homme de neige, Gallimard, 2004, p.64.

    « ’De même qu’une #bibliothèque est un cimetière de récits morts, les #cartes sont des cimetières de l’histoire morte, me suis-je dit. Seul est vivant un récit qui ne se livre pas au langage, comme seule est vivante une histoire une histoire qui ne se livre pas aux cartes. Il est vain d’écrire, comme il est vain de dessiner une carte. Les mots ne sont qu’un écho, la résonance d’un creux, des cavaliers fantômes dans le ciel, tout comme les frontières ne sont que des gribouillages sans réalité, des obstacles invisibles. Un récit n’existe pas plus sur le papier, entre les pages d’un livre, qu’une véritable #frontière n’existe sur une carte ou dans un #atlas ».

    David ALBAHARI, L’homme de neige, Gallimard, 2004, p.100.

    « Seuls les prestidigitateurs, me suis-je dit, utilisent encore l’abri d’une toile ou le réconfort d’une caisse dont ils resurgissent transfigurés, victorieux de la nature, porteurs de la promesse que le monde peut, malgré tout, être meilleur. A condition, me suis-je dit, que le monde ne soit pas une carte et que nous ne voulions pas être des #cartographes »

    David ALBAHARI, L’homme de neige, Gallimard, 2004, p.105.

    « Le professeur de sciences politiques a bu une gorgée de bière, essuyé la mousse sur ses lèvres. ’L’homme, les humains, a-t-il dit, forment un cercle à part, non pas sur la croûte, comme on pourrait le croire, mais entre la croûte et l’atmosphère, un cercle qui, véritablement, n’appartient à personne. Ce cercle, a-t-il poursuivi en retournant encore une fois la serviette, est également divisé en nombreuses parties, avec leurs points de rencontre, avec leurs frontières exerçant des frictions les unes contre les autres, et avec des rebords qui empiètent les uns sur les autres’. Il nous a regardés. Personne n’a ouvert la bouche. ’C’est là, à ces endroits, a-t-il dit, que surviennent les guerres, de la même manière, justement, que se produisent les tremblements de terre, lesquels se répètent aussi longtemps que les anomalies géologiques ne sont pas corrigées. A la seule différence près qu’ici il n’est pas question de géologie, mais de l’esprit humain’. […] ’De la même manière, a dit le professeur de sciences politiques, les #guerres se répètent jusqu’à ce que les anomalies de l’esprit humain soient corrigées, jusqu’à ce que les différences soient aplanies, la compréhension établie, ou jusqu’à ce que quelqu’un soit anéanti ».

    David ALBAHARI, L’homme de neige, Gallimard, 2004, p.78.

    « J’ai feuilleté lentement l’Atlas historique de l’Europe centrale et orientale. Des empires se muaient en royaumes, des comtés s’unissaient en provinces, des provinces devenaient républiques, des monarchies se querellaient, des régions autonomes se repliaient sur elles-mêmes, des fédérations aspiraient à devenir des confédérations, mais les frontières, au sens plus large, les vraies, celles qui relevaient vraiment de l’esprit et non des modifications militaires ou politiques, restaient les mêmes, toujours le long des mêmes #délimitations_géographiques. Certains fleuves sont simplement restés infranchissables, certaines falaises insurmontables. Peu importait où se trouvait une frontière, frontière justifiée par une guerre, une #conquête ou un compromis : la vraie frontière pouvait être quelque part ailleurs. Parfois, une rivière qui traversait depuis des siècles un Etat, bien à l’intérieur de son territoire, n’avait pourtant jamais servi de lien, n’avait toujours fait que séparer, au contraire, que confirmer les différences, montrant que le monde peut avoir mille masques mais un seul vrai visage »

    David ALBAHARI, L’homme de neige, Gallimard, 2004, pp.90-91.

    #lecture

  • Mais que fait M. Gallimard, condamné à vivre de mots (puisqu’ils sont sa matière première), que l’un de ses experts dit blancs et l’autre noirs ?...

    M. Gallimard prend ces mots, blancs ou noirs, et les examine rapidement. « Ce sont, dit-il, des mots à vendre. Ils valent tant. » Il ne se trompe jamais. Et il vend les uns et les autres. Il vend les blancs, il vend les noirs, ce qui est pour, ce qui est contre, ce qui est pour le pour et ce qui pour le contre avec ce qui est contre le pour et ce qui est contre le contre.

    Sa maison en croît en prestige, son coffre-fort en poids, sa cote en distinction.

    Ses confrères étrangers copient ses cheveux blancs, ils imitent sa cravate à pointes.

    Et c’est ainsi qu’Allah est grand.

    Alexandre Vialatte, « Animaux, maux, mau-maus et prix des mots », La Montagne, 7 juillet 1953. Vous allez rire : c’est chez Robert Laffont.

    #Gallimerde

  • Une belle et longue interview de Raphaël Meltz, co-créateur du Tigre. Il y est assez acide avec la revue XXI, qui répond par ailleurs dans les commentaires.

    Un égo très créatif » OWNI, News, Augmented
    http://owni.fr/2011/12/09/raphael-meltz-le-tigre

    En ce qui concerne XXI, mon sentiment est ambivalent : bien sûr qu’il y a quelque chose de réjouissant à voir le succès d’une aventure hors-norme, qui donne à lire de grands reportages écrits “à l’ancienne” (entendre : pas formatés comme on l’apprend dans les écoles de journalisme). Mais je suis gêné par pas mal de choses : le côté “empilement” des sujets, un aspect visuel que je trouve peu cohérent, le refus de “réenchanter” la presse (XXI n’est vendu qu’en librairies, affirmant ainsi que la presse en kiosque n’a plus vocation à croire en la qualité ; je pense au contraire qu’il est essentiel d’être présent à la fois en kiosques et en librairies : sinon la presse “différente” restera cantonnée dans ces lieux culturels relativement élitistes que sont, qu’on le veuille ou non, les librairies).

    Par ailleurs, je suis assez amusé de leur façon de se proclamer indépendant (avec le groupe Gallimard et Charles-Henri Flammarion au capital) et sans publicité (en nouant des partenariats, logos à l’appui, avec la Fnac et France Info)… Bien entendu qu’il y a une part de jalousie derrière tout ça : le succès qu’ils ont obtenu, nous ne l’avons jamais eu avec Le Tigre, alors que, honnêtement, notre projet est beaucoup mieux que le leur… Mais ce que ça montre surtout, c’est la différence entre des gens qui conçoivent leur projet également dans sa portée commerciale, et des clowns dans notre genre qui ne s’intéressent qu’à la beauté du geste – ni à sa réussite, ni à sa longévité. Et des lignes qui précèdent le lecteur conclura aisément que je préfère la compagnie d’un clown à celle d’un cadre commercial.

    La réponse de XXI :

    Petites précisions sur XXI pour prolonger ce débat intéressant et égotiste, comme le définit justement le titre.

    Je passe sur les jugements de valeur sur XXI, qui par définition sont respectables et discutables.

    Mais il y a deux erreurs dans le propos de Raphaël Meltz sur la revue.

    –1 “le refus de “réenchanter” la presse” en étant absent des kiosques

    XXI est vendu dans les rayons livres des Relay (10% des ventes totales), et les maisons de la presse dans les villages et petites villes (20% des ventes totales). La distinction kiosque populaire/librairie élite est peu pertinente car une diffusion en kiosque d’une revue cible justement les kiosques dans les quartiers CSP+.

    –2 “Par ailleurs, je suis assez amusé de leur façon de se proclamer indépendant (avec le groupe Gallimard et Charles-Henri Flammarion au capital) et sans publicité (en nouant des partenariats, logos à l’appui, avec la Fnac et France Info)”

    Avec Patrick de Saint-Exupéry, en tant que co-fondateurs nous détenons plus de 70% du capital. L’indépendance, c’est de maîtriser sa ligne éditoriale et toutes les décisions économiques. La holding familial de Gallimard a pris 20% du capital et Charles-Henri Flammarion, qui a vendu le groupe du même nom il y a quelques années, a pris 3% à titre personnel. Ces actionnaires, séparément ou ensemble, ne détiennent aucune minorité de blocage.

    En ce qui concerne le soupçon de double langage, il y a méprise. Depuis 2009, France Info interroge chaque dimanche matin pendant trois minutes l’auteur d’un reportage de XXI, qui raconte aux auditeurs ce qu’il a vu. Et en 2008, la première année d’existence, nous avons organisé 6 débats avec la Fnac autour des thèmes des dossiers de XXI prolongés par de très nombreuses rencontres dans les librairies indépendantes ou par des portes ouvertes dans nos bureaux en septembre. Raphaël Meltz tient-il ces rendez-vous avec les lecteurs pour de la publicité ?

    Depuis le 1er numéro, XXI ne comporte aucune page de pub. Les abonnements se font par les bulletins insérés dans la revue, sans campagne de recrutement ou marketing direct. Le bouche-à-oreille est notre seul moteur.

    Il n’y a pas d’autres lois pour un journal que celle-ci : être lu et aimé. Cela ne se commande pas. C’est mystérieux et précieux. Le Tigre a son alchimie, délicate et non reproductible. XXI aussi. Et personne ne gagne à baver sur autrui.

    Laurent Beccaria

  • Queneau a dit que non - Libération
    http://www.liberation.fr/livres/01012325973-queneau-a-dit-que-non

    une parenthèse de poésie avec ces lettres publiées par Libé ce matin

    Cher Monsieur Queneau, sous-titré « Dans l’antichambre des recalés de l’écriture », présenté par Dominique Charnay, paraît le 14 avril aux éditions Denoël. Il s’agit de lettres conservées par Raymond Queneau - éditeur chez Gallimard, chef du comité de lecture

    #livre