person:georg simmel

  • « Le sentiment de pauvreté met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir », Nicolas Duvoux, Propos recueillis par Anne Chemin
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/21/qui-se-sent-pauvre-en-france_5400777_3232.html

    « Le sentiment de pauvreté met en évidence une insécurité sociale durable et une vision dégradée de son avenir »
    Pour le sociologue Nicolas Duvoux, la pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective, qui concerne environ 13 % de la population, est un indicateur d’insécurité.

    Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII-Vincennes Saint-Denis, chercheur au Cresppa-LabToP. Il est l’auteur, avec Adrien Papuchon, de « Qui se sent pauvre en France ? Pauvreté subjective et insécurité sociale », un article de la Revue française de sociologie, 2018/4, p. 607-645

    Quelles sont les différentes définitions de la #pauvreté et que nous apprennent-elles ?

    La question de savoir qui sont les « pauvres » a été très débattue dans les sciences humaines et sociales. En France est considéré comme pauvre tout individu vivant dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian : en 2016, cela représente 1 026 euros par mois pour une personne isolée, soit 14 % de la population. La pauvreté touche aujourd’hui de manière disproportionnée les enfants (19,8 %), les jeunes adultes (19,7 % des 18-29 ans) et les familles monoparentales (34,8 %). C’est un indicateur d’inégalité, qui mesure l’écart avec les revenus médians ou intermédiaires.

    Il y a aussi la pauvreté en conditions de vie – elle est en baisse du fait, notamment, de l’amélioration de la qualité des logements. Enfin, il y a le fait d’être « assisté » par la collectivité, c’est-à-dire de percevoir une aide sociale, notamment le revenu de solidarité active (#RSA). Inspirée par les analyses du sociologue allemand Georg Simmel, cette approche qui s’est déployée dans un ­contexte de développement du #chômage_de_masse met l’accent sur les formes institutionnelles de la pauvreté : l’intervention des pouvoirs publics assigne l’individu à l’identité de pauvre.

    Vous venez de publier, avec Adrien Papuchon, un article dans la « Revue française de sociologie » qui évoque la « #pauvreté_subjective ». Cette notion permet-elle de mieux comprendre le mouvement des « gilets jaunes » ?

    Tandis que la #pauvreté_monétaire relative indique la part des ­revenus qui sont éloignés des revenus intermédiaires ou médians, le sentiment de pauvreté, qui concerne environ 13 % de la population, met en évidence une #insécurité_sociale durable et une vision dégradée de son avenir. La pauvreté monétaire est un indicateur d’inégalité, alors que la pauvreté subjective est un indicateur d’insécurité. L’apport principal de cette mesure subjective de la pauvreté est de remettre en cause la vision la plus commune de la pauvreté qui, en se centrant sur les situations d’éloignement prolongé du marché du travail, néglige la forte proportion d’actifs parmi les personnes qui se jugent pauvres.

    Les données du baromètre d’opinion de la direction de la ­recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques montrent qu’un tiers des personnes qui se sentent pauvres sont en emploi. La moitié d’entre elles sont des employés et ouvriers en emploi ou au chômage, centre de gravité des #classes_populaires. Des #retraités modestes et de petits #indépendants apparaissent aussi surreprésentés.

    Ces catégories modestes mais non pauvres, subalternes mais non démunies, sont aujourd’hui dans une situation de tension et mal protégées : leur sentiment de pauvreté est attaché à un pessimisme pour l’avenir. C’est sans doute une des explications de l’irruption de populations « invisibles » à l’occasion du mouvement des « #gilets_jaunes ».

    Que nous apprend la notion de « pauvreté subjective » sur la complexité du monde social ?

    Cette notion nous invite à utiliser la perception de soi et la ­#dimension_subjective d’un phénomène comme la pauvreté pour accéder aux structures qui déterminent la position des ­individus. Ainsi, notre propos n’est pas de compléter la mesure objective de la pauvreté par une mesure subjective, encore moins d’opposer les deux, mais de dépasser la dualité de l’objectif et du subjectif.

    La réflexion en termes de #classes_sociales a toujours fait la part à cette dualité (Marx parlait de classes « en soi » et « pour soi ») et un des paradoxes des sociétés contemporaines est précisément le désajustement entre une forte augmentation des #inégalités socio-économiques et une faible ­conscience de classe, y compris chez ceux qui la subissent.

    Dans ce contexte, il nous semble important de renouveler l’approche de la structure sociale en intégrant ces deux dimensions plutôt que de présupposer que la perception de soi est une illusion qui masque les déterminations sociales ou, au contraire, que la subjectivité donne un accès direct au monde social. Il faut travailler les chevauchements et les désajustements entre les dimensions : ainsi des hommes seuls se disent pauvres même quand ils ne le sont pas et, même pauvres au sens monétaire, sont préservés dans leur identité quand ils sont en couple. A rebours, les familles monoparentales sont à la fois pauvres objectivement et subjectivement. Le #temps joue un rôle majeur dans l’articulation de ces dimensions.

    #sociologie_des_sentiments #assistés #pauvres

    • « Gilets jaunes » : « La perspective d’une réunification d’un bloc populaire inquiète les politiques », Nicolas Duvoux, propos recueillis par Sylvia Zappi
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/07/gilets-jaunes-la-perspective-d-une-reunification-d-un-bloc-populaire-inquiet

      Pour le sociologue Nicolas Duvoux, le mouvement de protestation a fait renaître une #conscience_de_classe parmi les couches populaires.

      Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII. Il a codirigé, avec Cédric Lomba, l’ouvrage collectif Où va la France populaire ? (Presses universitaires de France, 120 p., 9,50 €), qui montre que la fragmentation du monde ouvrier est le principal facteur de son désarmement identitaire et politique.

      On ne parle plus aujourd’hui de classe ouvrière, mais de classes populaires. Pourquoi ?

      Parce que la réalité et la représentation sociales de ces groupes ont changé. Le monde ouvrier, depuis trente ans, a connu de très fortes évolutions avec l’accès à l’éducation, la tertiarisation des emplois et leur féminisation. L’image sociologique de ce monde-là au sortir de la seconde guerre mondiale était celle de l’ouvrier masculin qualifié de Billancourt. Il incarnait le groupe et lui donnait sa force.
      C’était un univers soudé autour d’une forte centralité professionnelle et d’un mouvement social et politique capable d’agréger l’ensemble, pourtant disparate, même pendant les « trente glorieuses ». Cette unité n’existe plus. Les classes populaires sont aujourd’hui constituées de groupes éclatés.

      Comment se définit alors ce monde populaire ?

      Par ce qui l’unifie encore, à savoir sa position #subalterne dans le monde socio-économique et la contrainte économique qu’il subit – celle des travailleurs qui ont des emplois d’exécutants et qui reçoivent des ordres. Ces modes de vie sont aussi un marqueur commun. Les classes populaires ont ainsi un attachement aux #sociabilités_locales et un fort sentiment d’appartenance au groupe, un sens du #collectif qu’on ne perd pas.
      Mais dans cet ensemble, des différenciations importantes sont apparues. On n’a pas la même vision du monde selon qu’on a un emploi stable ou #précaire, selon qu’on réside dans une commune reléguée ou incluse dans une métropole, selon qu’on habite dans un petit pavillon ou dans un grand ensemble en banlieue, si on est en couple avec deux salaires ou une mère célibataire, si l’on appartient à une minorité visible ou non, etc.
      Ce qu’il y a derrière cette appellation de classes populaires n’est donc pas un bloc homogène, mais un continuum qui va des strates les plus précaires – les #allocataires des minima sociaux – jusqu’aux frontières inférieures des classes moyennes – ouvriers et employés qualifiés.

      Comment ces écarts se traduisent-ils au quotidien ?

      Par de petites variations de revenu ou de position sociale qui finissent par faire de grandes différences. Ainsi, la gestion des budgets familiaux n’est pas la même. Quand on est parmi les catégories les plus modestes, on trouve des conduites d’adaptation à la #pauvreté. Certains, quand ils reçoivent leur salaire, mettent tout de suite de côté l’argent du loyer, réflexe qui assure au ménage qu’au moment des arbitrages à faire, ils ne seront pas réalisés sur un poste qui entraîne des dettes. D’autres ménages ayant des revenus presque identiques ne peuvent anticiper et vont se mettre dans le rouge.

      Cet éclatement a affaibli l’identité collective. Comment ?

      L’exigence d’#égalité, cette vision du monde social fondatrice dans la manière dont les catégories populaires se perçoivent elles-mêmes – l’opposition entre le « nous » qui souffrons, qui exécutons les ordres, qui subissons, versus « eux », les puissants, les dominants, les élites –, existe toujours.
      Mais cet ethos égalitaire a changé ces dernières années sous l’influence de ce que le sociologue Olivier Schwartz appelle la « conscience sociale triangulaire ». Les classes populaires s’identifient toujours comme un « nous », mais il y a désormais deux « eux » : ceux d’en haut, les #riches, et ceux d’en bas, les #assistés, ceux qu’on appelle les « cas soc » [cas sociaux]. Cette tension, qui est une nouveauté majeure, divise le groupe en opposant les catégories stabilisées, qui ont un emploi, et les plus paupérisés, qu’on stigmatise.

      Le mouvement des « gilets jaunes » a-t-il réduit cette fracture ?

      Le premier effet de cette mobilisation a été de faire réapparaître les classes populaires dans l’espace social. Le sentiment d’invisibilité, l’injustice, l’impression que les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde, ont formé un cocktail qui a été le moteur de cette explosion. On a vu que la revendication de dignité – « Pourquoi, en suivant les règles du jeu, on ne s’en sort pas ? » – a été très fortement portée sur les ronds-points et cette exigence constitue un facteur d’unité nouvelle.
      Ce mouvement a aussi fait réémerger la frontière principale entre le « eux » des élites et le « nous » du peuple. La stigmatisation des assistés ou des #immigrés s’est peu fait entendre sur les barrages, comme si la conscience de classe se réunifiait. La question est désormais de voir si les tensions internes entre les segments les plus stables et les assistés, apparues ces dernières années, vont reprendre le dessus ou si un bloc populaire unifié face aux élites va se reconstituer. La perspective de cette réunification peut inquiéter, et l’on comprend que les politiques cherchent à recréer des clivages au sein du monde populaire, comme l’a fait le président de la République en stigmatisant « ceux qui déconnent » en ouverture du grand débat national.

  • Sur la psychologie sociale de l’#hostilité | Georg Simmel (1908), Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-l-annee-sociologique-2006-1-page-169.htm

    Il ne résulterait pas toujours une vie sociale plus riche et plus complète de la disparition des énergies répulsives, ou pour mieux dire, des énergies destructives. On ne peut parler de cela comme d’une fortune qui devient plus considérable quand son passif disparaît. Tout au plus pourrait-on s’attendre à une transformation analogue, et tout d’abord par l’irréalisable, à celle que causerait la disparition des forces de coopération et d’inclination, d’aide mutuelle et d’accords d’intérêt.

    Ces explications ne s’appliquent pas seulement à la concurrence qui, abstraction faite de ses résultats réels, détermine, comme un rapport de tension formel, la forme du groupe, quant à la position mutuelle et à la distance de ses éléments. Elles s’appliquent encore partout où l’union repose sur un état d’âme individuel. Ainsi, l’opposition d’un élément à un autre qui lui est associé, loin d’être seulement un facteur social négatif, devient souvent le seul moyen par lequel sont rendues possibles des relations avec des personnalités qui sont, à proprement parler, insupportables. Si nous n’avions pas la force et le droit de résister au moins à la tyrannie et à l’arbitraire, aux humeurs fantasques et au manque de tact, nous ne pourrions pas en général conserver nos relations avec des gens dont le caractère nous fait souffrir de cette sorte. Nous serions contraints à des actes de désespoir qui feraient disparaître les rapports en question mais qui ne seraient pas précisément un combat.

    L’#opposition est utile contre l’#oppression qui a coutume de grandir lorsqu’on la laisse faire tranquillement et sans protester. De plus, elle nous donne une satisfaction intérieure, une diversion et un allégement, comme le font dans d’autres circonstances psychologiques l’humilité et la patience. L’opposition nous donne le sentiment de n’être pas complètement opprimés dans nos relations ; elle fait que notre force se manifeste d’une façon consciente, et prête ainsi une sorte de vie et d’action réciproque à des rapports que, sans ce correctif, nous aurions, coûte que coûte, abandonnés. Elle nous donne tout cela non seulement quand elle ne nous mène pas à des résultats notables mais encore quand, ne se manifestant même pas, elle reste purement intérieure. Même là où elle s’exprime à peine d’une façon pratique, elle peut parfois des deux côtés, vis-à-vis de l’une et de l’autre des personnes en rapport, rétablir l’équilibre intérieur, et par un apaisement et un sentiment de force illusoire sauvegarder des rapports dont la continuation est souvent incompréhensible pour ceux qui les observent du dehors. L’inimitié est justement alors un élément du rapport lui-même ; elle se confond, à droits égaux, avec les autres causes de son existence ; elle n’est pas seulement un moyen de conserver le rapport dans son ensemble mais encore une des fonctions concrètes dont celui-ci se compose en réalité.

    La forme latente de la lutte nous rend en effet service là où les rapports sont purement extérieurs et n’interviennent pas pratiquement. L’aversion, le sentiment d’indifférence et de répugnance pourrait se transformer aussitôt en une haine positive et en lutte au moindre contact causé par n’importe quoi. Si cette aversion n’existait pas, la vie d’une grande ville qui met chaque jour en foule les hommes en contact les uns avec les autres, n’aurait pas de forme imaginable. Toute l’organisation intérieure de cette vie repose sur une gradation extrêmement variée de sympathies, d’indifférences et d’aversions de l’espèce la plus brève et de l’espèce la plus durable. La sphère de l’indifférence y est relativement étroite ; l’activité de notre âme répond naturellement presque toujours à l’impression que nous fait un autre homme par une sensation déterminée. La mobilité qui règne dans la subsconscience, semble niveler cette impression en une indifférence, mais en réalité l’indifférence nous serait aussi peu naturelle que nous serait supportable une suggestion réciproque sans libre choix.

    De ces deux dangers typiques de la grande #ville nous sommes préservés par l’#antipathie, ce précurseur de l’#antagonisme pratique, qui produit des distances et les répulsions sans lesquelles cette sorte de vie ne pourrait en général pas être menée. La masse de combinaisons de l’antipathie, le rythme de son apparition et de sa disparition, les formes dans lesquelles on y satisfait, tout cela constitue avec les motifs unifiants, un tout inséparable de la forme de la vie des grandes villes ; ce qui, dans celles-ci, apparaît au premier abord comme une dissociation, n’est ainsi en réalité qu’une des formes élémentaires de socialisation.

  • Délices de la vie conjugale
    http://www.laviedesidees.fr/Delices-de-la-vie-conjugale.html

    L’amour ne se réduit ni à la conjugalité ni à la passion : en l’abordant comme un ensemble de gestes et de #pratiques, Michel Bozon montre qu’il s’agit de se donner et parfois de s’abandonner soi-même. C’est alors l’épuisement plus que la haine qui menace dans cette vision apaisée des relations amoureuses.

    #Revue

    / #amour, pratiques, #confiance, #violence

    • Émile Durkheim avait montré, dans ce classique des classiques qu’est son étude sur le suicide, que la monogamie borne l’horizon des femmes, « ferme toutes les issues, interdit toutes les espérances même légitimes », alors que les mœurs accordent aux hommes « certains privilèges qui [leur] permettent d’atténuer, dans une certaine mesure, la rigueur du régime » [2]. Les hommes, selon Durkheim, à la différence des femmes, cherchaient dans le mariage autre chose que la satisfaction sexuelle. Pour Georg Simmel aussi l’amour dépasse sa simple manifestation sexuelle ; il implique la totalité de la vie [3]. Comme Simmel, Michel Bozon dissocie partiellement l’amour de la sexualité. Quand le couple se stabilise, l’affectivité semble déterminante. Cela ne signifie pas que la sexualité soit absente. Elle est domestiquée, prévisible, procure sans doute moins d’excitation mais, semble-t-il, davantage de plaisir, car chacun connaît la sensibilité de l’autre. La sexualité est donc un élément de ce domaine commun qui se construit dans la vie conjugale et où les tâches à accomplir sont réparties de façon de plus en plus inégales, alimentant les frustrations et l’amertume.

    • L’amour c’est le moyen par lequel les hommes font nettoyer leurs sanitaire gratuitement. C’est par amour que 80% des taches domestiques sont faites par les femmes en 2017 en France. C’est par amour que les femmes silencient les violences que les hommes qui les aiment leur infligent. C’est par amour que les femmes perdent leur nom, leur identité. C’est par amour aussi que les femmes mettent entre parenthèse leur profession, tandis que par amour les hommes ne le font pas.

      C’est pour l’amour hétéro-conjugale que les filles et les femmes s’affament, se torturent le poile, se recouvrent le visage de produits toxiques. C’est par amour que les femmes se détruisent la santé à coup de contraceptif hormonaux pour que monsieur qui les aiment n’ai pas à se prendre le chou avec les effets secondaire de sa sexualité pénétrative.

      L’amour conjugale, l’amour hétérosexuel du couples monogame, c’est l’outil moderne que le patriarcat a trouvé pour renforcer la domination masculine. Le bouquin fait comme si l’égalité était déjà là (c’est ce qu’indique la ccl du résumé), il est hétérocentré et invisibilise les violences faites aux femmes dans la conjugalité et ceci est à mes yeux du déni de patriarcat et un renforcement de la domination masculine. Prétendre que les hommes se donnent aussi totalement que les femmes dans l’amour conjugale, c’est un mensonge (toutes les statistiques le montrent, tâches domestiques, violences viols conjugaux, demandes de divorces, inceste...). Voila ca que je voulais dire par mes tags.

      Si la force éruptive de l’Éros est largement absente du livre de Michel Bozon, la violence physique mais aussi symbolique qui règne trop souvent dans les couples n’est mentionnée que de façon marginale.

      Sur l’amour conjugale hétéro je conseil plutot Paola Tabet et les échanges économico-sexuels :
      https://seenthis.net/messages/554501

      Le mariage est, et surtout a été, l’endroit de la reproduction. L’échange économico-sexuel n’est pas un choix : c’est ce qui est donné par une structure sociale dans laquelle le mari gagne plus, a plus de biens, de pouvoir, de prestige… La preuve, ce sont les situations plus ou moins catastrophiques lors d’une séparation. Aux États-Unis (et ailleurs) une grande majorité des hommes divorcés ne paient plus un an après, la pension alimentaire fixée par le juge, même s’il y a des enfants. Comment ne pas voir le mariage comme le terrain de l’échange ? Plus d’échange, plus d’argent. Et, de fait, celles qui sont pénalisées (souvent lourdement pénalisées) dans les séparations ce sont les femmes qui se retrouvent avec moins d’argent et les enfants sur le dos.

    • Oui @monolecte, @aude_v,@mad_meg, en ce moment sur france culture, « le corps des femmes en marche » avec Adèle Van Reeth et Geneviève Fraisse (philosophe, Historienne de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS ) pour qui également la question de la symétrie est primordiale pour l’égalité.

    • PAYE TON COUPLE
      https://payetoncouple.tumblr.com

      Témoignages de sexisme et de violence verbale dans toute relation amoureuse ou sexuelle, y compris au sein du couple. Ce tumblr est ouvert à tous les témoignages et ne se veut pas cis/hétéro-centré.
      Attention, la majorité des témoignages décrivent des propos ou des situations très violentes. Certains d’entre eux font mention de violence sexuelle. Nous mettons donc ici un TW général pour toute la page.
      TW : viol, violence sexuelle, transphobie, violence verbale et psychologique, violence physique

      Gros gros TW, effectivement... Terrible.

      #hétérosexualité surtout, quand même

      (déjà signalé par @vanderling, dans un fil concernant les tumblr « paye ta/ton... » : https://seenthis.net/messages/535585#message559369)

    • Je ne comprends pas. Il y a quelqu’un qui a lu le livre dans cette discussion ?

      Mais si le point de départ c’est la symétrie des femmes et des hommes dans l’amour, ça ne va pas aller loin

      Pas du tout. Sur plusieurs aspects Bozon met en lumière les inégalités hommes femmes.
      Mais c’est vrai que si vous y cherchez un argumentaire contre les violences conjugales ce n’est pas là que vous allez le trouver vu que ce n’est pas le propos du livre et de toute façon sur ce sujet lisez les auteures femmes.
      Ici c’est super intéressant d’analyser les positionnements des protagonistes du couple au cœur même des sentiments, le don/contre don, les tactiques (différentes pour les femmes comme pour les hommes forcément).
      C’est un livre très court, qui se lit rapidement alors il ne développe pas précisément ce qu’il énumère mais je trouve que c’est une bonne entrée. Et il n’enjoint absolument pas les femmes à s’oublier. D’ailleurs il n’enjoint personne à quoi que ce soit c’est peut-être ça qui vous gêne. Je n’attends pas d’un homme qu’il écrive un livre sur l’aliénation des femmes, ce n’est pas son rôle. On est assez grandes pour ça. Par contre il ne la nie pas.
      À rapprocher du livre de Chaumier, La déliaison amoureuse qui lui, est beaucoup, beaucoup, plus dense et dont le propos est plus de déconstruire l’idéal romantique du couple.

    • On discute à partir de ce que le résumé dit du bouquin @ninachani . Il semble qu’il n’y ai que toi qui ai lu ce livre ici. Ce résumé indique que le bouquin pose des problèmes important du point de vue des femmes et ta defense du livre ne dit pas le contraire non plus. Personnellement un bouquin sur l’amour conjugale qui fait comme si les échanges étaient réciproques ca m’interesse pas et je trouve qu’il renforce la domination des hommes sur les femmes.

    • Quelle position d’autorité ? Je vous trouve très susceptibles.
      Je n’avais pas compris que personne n’avait lu le livre. Je ne comprends pas les attaques contre cet ouvrage qui, s’il n’est pas le livre féministe de l’année (et comme je le disais je n’attends pas qu’un livre écrit par un homme le soit) ne mérite pas ce que vous en dites :

      Personnellement un bouquin sur l’amour conjugale qui fait comme si les échanges étaient réciproques ça m’interesse pas.

      C’est totalement faux. Bozon ne fait pas comme si les échanges étaient réciproques. Il signale plusieurs fois que ce n’est pas le cas, même si comme je le disais, il ne s’y attarde pas parce que ce n’est pas son propos. Mais il est clair là-dessus.

      Je ne suis pas d’accord avec la critique du livre qui est mise en lien. Dès le départ, il est indiqué :

      Michel Bozon montre qu’il s’agit de se donner et parfois de s’abandonner soi-même.

      Dans cette phrase on a l’impression que Bozon dit aux lecteurs-trices que c’est ce qu’il faut faire dans une relation mais ce n’est pas le cas. Il analyse les différentes phases d’une relation amoureuse à travers (entre autres) ce que les protagonistes donnent (ou pas) à l’autre par exemple.
      C’est un livre concis mais intéressant pour voir ce qu’il se passe au cœur même de ce qu’on appelle le sentiment amoureux. Moi j’y ai trouvé matière à réfléchir aux confrontations à l’intérieur du couple, et c’est déjà beaucoup.
      Je vous fais une citation (p73) :

      Le fait pour un partenaire masculin de limiter autant que possible ce qu’il remet de lui et de rester sur son quant-à-soi manifeste moins un trait psychologique spécifique des hommes qu’il n’exprime une composante de la domination masculine, la volonté de rester hors d’atteinte, le rejet de l’interdépendance, voire de la dépendance à l’égard d’un partenaire

      On a quand même fait plus sexiste, non ?

  • Voilà, moi, ce genre de propos, me rendent dingue !
    Il n’y a pas de #société_traditionnelle ! Toute société est une #société_contemporaine... on vit tous et toutes sur la même planète, au même moment. Toute société est traditionnelle, ou alors aucune ne l’est !

    #tradition #sociétés_traditionnelles

    https://www.unige.ch/public/evenements/prix-latsis

    Si certains peuples ethniques de Nouvelle Guinée, du bassin amazonien ou d’autres contrées lointaines peuvent a priori nous paraître exotiques, ils sont confrontés aux mêmes problèmes que nos sociétés modernes : l’éducation des enfants, le vieillissement de la population, le système de santé, les conflits entre individus ou encore la sécurité.

    Fort de 52 années passées sur le terrain, Jared Diamond expliquera à l’occasion d’une conférence ouverte au public, que nos sociétés modernes ont beaucoup à apprendre des sociétés tribales, dont les solutions, en ternes de capacité d’adaptation à leur environnement, présentent de nombreux avantages par rapport à ce que les peuples occidentaux préconisent.

    Jared Diamond, conférencier de renommée internationale, est notamment à l’origine de trois best-sellers qui ont bouleversé le récit classique de l’histoire : Le troisième chimpanzé (1991), qui décrit les premiers méfaits d’homo sapiens sur la nature, De l’inégalité parmi les sociétés (1997), qui montre comment la géographie favorise ou pénalise le développement des civilisations et Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie (2005), qui explique comment, à plusieurs reprises, les destructions de notre environnement ont contribué à l’écroulement de sociétés.

    Il a reçu de nombreux prix honorifiques pour son travail dont le prix Pulitzer en 1998.

    #mots #terminologie #évolutionnisme #vocabulaire #nous_sommes_tous_contemporains #Jared_Diamond

    • Le pire c’est que dans ses livres Jared Diamond explique la même chose que ce que tu dis ! Mais il est souvent mal traduit ; le titre "de l’inégalité…" par exemple, est atroce, alors que l’original s’intitule “Guns, Germs and Steel”.

  • du lit de la tyrannie au droit à l’#indifférence | @Vacarme
    http://www.vacarme.org/article1586.html

    Le #secret exclut. Comme l’a suggéré à la fin du XIXème siècle Georg Simmel — un des rares sociologues à s’être penché sur le sujet —, si le secret est en mesure de produire un lien aussi puissant entre deux individus (les initiés), c’est qu’il s’opère toujours au prix de l’exclusion d’un tiers (le non-initié).

  • Revue - Fécondité de l’œuvre de Georg Simmel pour penser le contemporain - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées
    http://www.nonfiction.fr/article-6440-revue___fecondite_de_luvre_de_georg_simmel_pour_penser_le_co

    On ne peut donc que se réjouir de l’ampleur de cette publication qui participe du renforcement des études simméliennes dans le monde francophone et témoigne de la fécondité sur ce point des échanges internationaux – les auteurs sont en effet français, italiens, allemands et canadiens et le numéro repose déjà sur un travail de traduction. Cette nouvelle impulsion est d’ailleurs déjà destinée à avoir des suites : en collaboration avec Bénédicte Zimmermann, Denis Thouard organise l’hiver prochain à l’EHESS un colloque international dont le titre est « Différenciation et réciprocités. Regards simméliens sur la société contemporaine ». Cet événement accompagne la transformation de l’important Centre de recherches interdisciplinaires sur l’Allemagne (CRIA) de l’EHESS en... Centre Georg Simmel.

    #sociologie #Georges-Simmel

  • La fabrique des derniers hommes - Aurélien BERLAN - Éditions La Découverte
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_fabrique_des_derniers_hommes-9782707172945.html

    Curieuse époque que la nôtre, où le « progrès »- la transformation des conditions de vie liée aux applications sociales de la science - n’a jamais été aussi rapide, mais où seuls quelques idéologues croient encore que nos enfants auront une vie meilleure. Car les crises économiques, sociales et écologiques s’accumulent sans fin. Ce paradoxe s’éclaire si l’on revient à l’aube de notre temps, à l’époque où le capitalisme industriel, l’État bureaucratique et la science organisée se sont brutalement mis en place, et aux diagnostics historiques de ceux qui ont cherchéà en saisir les implications pour la vie humaine.
    Max Weber, Georg Simmel et Ferdinand Tönnies ont identifié avec une lucidité implacable les pathologies constitutives de notre époque : la marchandisation générale, l’érosion du lien social, la perte de sens et de liberté liés à l’emprise des organisations bureaucratiques. Tout l’intérêt de leur sociologie est d’analyser ces évolutions en se demandant, concrètement, quel monde elles créent et quels types d’être humain elles engendrent. Ce faisant, ils mettent en évidence des aspects de la modernité capitaliste en général négligés, car trop intimement liés à ce qu’elle a fait de nous.
    Grâce à ce détour, on pourra se défaire des illusions véhiculées par ceux qui continuent de prôner, malgré tout, les vertus de la croissance et du développement industriel, ou qui annoncent que nous serions enfin sur le point d’accéder à la « société postindustrielle ». Telle est la condition pour être à la hauteur des tâches qui incombent aujourd’hui à celles et à ceux qui n’ont pas renoncéà l’idée d’émancipation.

  • La fabrique des derniers hommes - Aurélien BERLAN - Éditions La Découverte
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-La_fabrique_des_derniers_hommes-9782707172945.html

    Curieuse époque que la nôtre, où le « progrès »- la transformation des conditions de vie liée aux applications sociales de la science - n’a jamais été aussi rapide, mais où seuls quelques idéologues croient encore que nos enfants auront une vie meilleure. Car les crises économiques, sociales et écologiques s’accumulent sans fin. Ce paradoxe s’éclaire si l’on revient à l’aube de notre temps, à l’époque où le capitalisme industriel, l’État bureaucratique et la science organisée se sont brutalement mis en place, et aux diagnostics historiques de ceux qui ont cherchéà en saisir les implications pour la vie humaine.

    #Max_Weber, #Georg_Simmel et #Ferdinand_Tönnies ont identifié avec une lucidité implacable les pathologies constitutives de notre époque : la marchandisation générale, l’érosion du lien social, la perte de sens et de liberté liés à l’emprise des organisations bureaucratiques. Tout l’intérêt de leur sociologie est d’analyser ces évolutions en se demandant, concrètement, quel monde elles créent et quels types d’être humain elles engendrent. Ce faisant, ils mettent en évidence des aspects de la modernité capitaliste en général négligés, car trop intimement liés à ce qu’elle a fait de nous.

    Grâce à ce détour, on pourra se défaire des illusions véhiculées par ceux qui continuent de prôner, malgré tout, les vertus de la croissance et du développement industriel, ou qui annoncent que nous serions enfin sur le point d’accéder à la « société postindustrielle ». Telle est la condition pour être à la hauteur des tâches qui incombent aujourd’hui à celles et à ceux qui n’ont pas renoncéà l’idée d’émancipation.

  • La kulturkritik et la constitution de la sociologie allemande : Ferdinand Tönnies, Georg Simmel et Max Weber
    http://labyrinthe.revues.org/index1168.html#ndlr

    Voilà une thèse qui a l’air vraiment bien, mais introuvable sur http://www.theses.fr

    La critique des pathologies croise la réflexion sociale et la philosophie morale. L’objet de ma thèse est de développer cette problématique dans le cadre d’une archéologie de la sociologie allemande. Cette dernière s’est constituée à une époque où le discours qui critique la modernité – dont on retrouve certes des éléments chez Rousseau et les romantiques – tend à se généraliser sous la forme de la Kulturkritik, une vaste mouvance qui regroupe des philosophes (Nietzsche1, Dilthey, Ludwig Klages, Theodor Lessing, Rudolf Euken), des écrivains (Thomas Mann, Robert Musil), des poètes (Hugo von Hofmannstahl, Georg Trakl, Stefan George et son cercle), des historiens (Jacob Burckhardt, Ernst von Lasaulx), des publicistes nationalistes (Julius Langbehn et Paul de Lagarde), etc. Tous partagent une même sensibilité critique vis-à-vis du monde industriel, s’insurgent contre la religion du progrès et le rationalisme sous sa forme scientiste et utilitariste, et s’inquiètent quant au destin de l’humanité dans un monde dominé par un développement économique devenu autonome.

    Ou alors, faut aller à la BU de Rennes...
    http://www.worldcat.org/title/critique-culturelle-et-la-constitution-de-la-sociologie-allemande/oclc/493872733