person:georges corm

  • Si tu as raté la tournée de Georges Corm la semaine dernière en France, une longue interview lors de son passage en Corse (le lendemain il était en conférence avec le Mouvement pour la Paix à Paris, tu aurais dû venir) ;
    Georges Corm, invité de Cuntrastu : « Il faut déconstruire les clichés »
    http://www.dailymotion.com/video/x2ay5am_georges-corm-invite-de-cuntrastu-il-faut-deconstruire-les-clich

    via @le_bougnoulosophe

    • Georges Corm est très intéressant, mais je ne le suivrais peut-être pas jusqu’au bout.

      Dans cet interview, il laisse penser que les Etats-Unis et leurs alliés (Arabie, UE) ont un pouvoir de manipulation des peuples très grand : il semble les rendre responsables des phénomènes sociaux, et des conflits religieux ou laïques, dans tout le Moyen-Orient. A un moment il débute une phrase semblant indiquer que le mouvement des Frères Musulmans aurait été instrumentalisé par les américains. Je connais un peu l’Egypte et ce mouvement est authentiquement égyptien (qui sont extrêmement réligieux) et ce n’est pas les américains qui ont fait élire Morsi (ce choix électoral est le résultat de toute l’histoire de l’Egypte, les Frères Musulmans ayant été une force majeure de résistance aux dictatures successives et aussi une construction de la solidarité sociale).

      Je pense que les Etats-Unis jouent cyniquement leur jeu, (et l’UE divisée ne trouve de consensus qu’en les suivant servilement), ils poussent et financent dans le sens qui les arrangent, mais cela ne peut pas tout déterminer, je ne vois pas comment ils pourraient manipuler les esprits dans chaque pays arabe. Je n’y crois pas.

      Là où Corm a parfaitement raison c’est quand il dénonce la manière dont les médias occidentaux dénaturent la réalité en hiérarchisant les victimes et les crimes de manière ultra-raciste : l’AFP fera une dépêche pour chaque juif israélien tué, mais il faudra une dizaine ou une centaine de victimes arabes pour qu’ils en parlent un tout petit peu.

      La partialité du traitement des évènements en Ukraine par les médias est par exemple criante. Acrimed vient de faire un excellent papier là-dessus :
      http://www.acrimed.org/article4441.html#

      Les médias mainstream occidentaux sont des armes de guerre , des armes de destruction massive.
      C’est un peu pourquoi nous sommes sur Seenthis .... ;-)

    • J’ai l’impression que soit tu simplifies extrêmement les propos de Corm, soit tu lui prêtes des idées qu’il n’a pas. Et j’ai un peu l’impression que tu en train de le traiter de théoricien du complot, ce qui serait extrêmement sournois de ta part, mais ô combien usuel.

      Une précision notamment : Corm évoque plusieurs fois, ici, Nasser. Or, depuis l’époque de Nasser, le soutien des Américains aux Frères pour faire « contrepoids » à Nasser et aux régimes socialisants de la région est un principe important : par exemple :

      Cold War, Holy Warrior
      http://www.motherjones.com/politics/2006/01/cold-war-holy-warrior

      In the fall of 1953, the Oval Office was the stage for a peculiar encounter between President Dwight D. Eisenhower and a young Middle-Eastern firebrand. In the muted black-and-white photograph recording the event, the grandfatherly, balding Ike, then 62, stands gray-suited, erect, his elbows bent and his fists clenched as if to add muscle to some forceful point. To his left is an olive-skinned Egyptian in a dark suit with a neatly trimmed beard and closely cropped hair, clutching a sheaf of papers behind his back, staring intently at the president. He is just 27 years old, but he already has more than a decade of experience deep inside the violent and passionate world of militant Islam, from Cairo to Amman to Karachi. Alongside him are members of a delegation of scholars, mullahs, and activists from India, Syria, Yemen, Jordan, Turkey, and Saudi Arabia, some dressed in suits, others wearing robes and shawls.

      The president’s visitor that September day was Said Ramadan, a key official and ideologue of a secretive, underground fraternity of Islamic fundamentalists known as the Muslim Brotherhood. As he stood at the president’s side, Ramadan appeared respectable, a welcome guest if not a fellow statesman.

      Le propos de Corm sur ces questions ne se limite pas aux derniers rebondissements de l’actualité. Il travaille sur des logiques longues (quand il évoque les « fabrications des takfiristes » au début, par exemple, il n’est pas en train de parler des six derniers mois et de Daesh, mais d’un temps géopolitique de plusieurs décennies).

      Après, on peut aussi faire comme si les Frères n’avaient pas été massivement soutenus par le Qatar, puis les militaires par l’Arabie séoudite. Les deux étant les alliés régionaux des États-Unis. On peut faire comme si des milliards de dollars déversés sur des pays où une grande partie de la population est extrêmement pauvre n’influent pas sur le résultat des « élections » ou sur les équilibres politiques. D’ailleurs Corm a déjà fait remarquer que c’est plutôt l’idée que des gens extrêmement riches et puissants investiraient en pure perte des milliards de dollars pour influer sur la politique, qui relève du complotisme.

    • @ Nidal,
      Merci pour le lien vers l’article intéressant de Robert Dreyfuss qui montre effectivement la volonté historiquement précoce des Etats-Unis d’instrumenter les mouvements religieux au Moyen-Orient à leur profit.

      Un point qui montre tout de même que les Frères musulmans ont conservé une autonomie c’est qu’ils ont affiché, en 1990, leur opposition à toute intervention occidentale, quand l’Irak de Saddam a envahi le Koweit.

      Ne crois pas que j’ai une opinion tranchée et arrêtée sur les analyses de Corm (dont je n’ai lu que certains articles à certaines périodes), ... ni sur d’autres thèmes d’ailleurs ... ;-)
      Je cherche à comprendre. Et pour s’approcher de la réalité, j’ai tendance à penser qu’il faut souvent admettre que plusieurs facteurs interviennent et que les choses soient complexes.

    • Corm cite Richard Labévière. J’ai la version anglaise de son Les Dollars de la terreur, les Etats-Unis et les islamistes (1999). Voici la fin de sa préface :

      Where does the money for this dangerous proselytism come from – the money that finances mosques and Koran schools, supports Islamist organizations, orchestrates the fight against the “impious” regimes of the Arab-Muslim world, and organizes the activism of certain Muslim communities of Europe? Since the ayatollahs came to power, all our suspicions have turned toward Iran and its Shiite revolution. However, four years of research have established that the real threat lies elsewhere: in Saudi Arabia and other oil monarchies allied with the United States. The greatest world power is fully aware of this development. Indeed, its information agencies have encouraged it. In certain parts of the world, the CIA and its Saudi and Pakistani homologues continue to sponsor Islamism.

      Written on the basis of a hundred interviews and numerous journalistic investigations and after having consulted many national and organizational archives, this book outlines an unfinished journey trailing “the dollars of terror”. Riyadh, Islamabad, Cairo, Khartoum, Sanaâ, Mogadishu, Washington, London, Zurich, Geneva: this course, guided by discreet inquiries, deconstructs the generally accepted idea of America as a lighthouse of democracy for the world. It attempts to show how America’s imperial intention is fed by a “Lebanization” of the world, and is extended through the introduction of State-based, authoritative and moralistic theological-political orders. Bound together by the United States, this objective alliance with the Islamists is masked by the new worldwide circuits of organized crime and a transnational hybrid of business and politics.

    • Merci @nidal @niss pour ces deux vidéos, j’admire davantage Georges Corm devant les journalistes corses, il a un tour d’esprit radical pour les mettre face à leurs clichés, c’est magnifique.
      Il parle de la conférence de Madrid de 1991 sans mentionner ce grand bonhomme qui représentait les Palestiniens de l’intérieur : Haidar Abdel-Shafi


      http://fr.wikipedia.org/wiki/Haider_Abdel_Shafi

  • Taieb Baccouche : «Nidaa Tounes est un parti séculier et non laïc» - Lilia Weslaty - Webdo Tunisie

    http://www.webdo.tn/2014/10/27/taieb-baccouche-nidaa-tounes-parti-seculier-laic

    Depuis les pronostics des observateurs affirmant le parti Nidaa Tounes premier vainqueur des législatives, plusieurs médias étrangers le qualifie de "laïc". D’après son secrétaire général, Taïeb Baccouche, Nidaa Tounes n’est pas un parti laïc mais plutôt séculier.

    Certains confondent les deux notions. Selon l’historien Georges Corm, la sécularisation est un modèle anglo-saxon et allemand et, de façon générale, inspiré des valeurs des différentes Églises protestantes.
    "Dans l’opnion commune, ce modèle serait plus accommodant et plus respectueux de la religion que celui de la laïcisation dont le modèle de base est français. La sécularisation aurait réalisé un meilleur équilibre entre le respect de la foi et la liberté individuelle que la laïcisation à la française. Cette dernière, en effet, ne parvient pas à se débarrasser de l’accusation d’anticléricalisme et de manque de respect des valeurs et croyances religieuses."
    Pour Corm, ceci n’est autre qu’une "caricature intellectuelle d’une problématique fort complexe accompagne une communautarisation du monde, encouragée par un modèle impérial américain, politique et culturel, où la nation américaine se définit elle-même comme une “nation de croyants” qui a mis en pratique les principes de sécularisation, non par conviction, mais par souci de liberté et de croyance. Pourtant, comme nous le verrons, les principes de la sécularité favorisent la vie communautaire au détriment de la vie citoyenne dans la cité. C’est pourquoi la généralisation de la culture américaine contemporaine ouvre la porte à un communautarisme pratique et encouragé à l’échelle du monde, car il facilite la gestion impériale de la planète."
    Pour lui, la sécularisation est un modèle à l’opposé de celui de la laïcité, citoyen et républicain, qui réclame du “cosmopolitisme” au sens le plus noble du terme, celui donné par la philosophie kantienne des relations internationales visant à établir la paix perpétuelle entre les nations et les États. Il convient donc de bien expliciter cette opposition entre les deux modèles, afin de saisir les enjeux majeurs de batailles d’idées et de comportements qui se déroulent sous nos yeux de façon complexe et passablement embrouillée sur le plan conceptuel.

  • ENTRETIEN AVEC GEORGES CORM - LE POINT SUR LES ÉLECTIONS DANS LE MONDE ARABE ET SUR LA SITUATION EN IRAK
    ARTICLE PUBLIÉ LE 30/07/2014
    http://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Georges-Corm-Le

    Depuis deux mois, l’Etat islamique fait la une de la presse internationale. La directrice pour le Proche Orient de l’ONG Human Rights Watch, Sarah Leah Whitson, exprimait son inquiétude face à l’administration de plusieurs territoires par l’EI qu’elle qualifie de « règne de la terreur ». Quelles sont les implications politiques et militaires de l’avancée de l’EI en Irak ?

    On noie ces questions sous des tonnes de littérature insipide qui analysent ces mouvements islamiques depuis quarante, cinquante ans. La « fabrique jihadiste » existe depuis la première guerre d’Afghanistan (1979-1989), cette fabrique qui a créé Ben Laden, Al-Qaeda, les Talibans. Pendant la première guerre d’Afghanistan, les Talibans sont largement une création des services secrets pakistanais avec l’aide des Saoudiens et la bénédiction des Etats-Unis. Des idéologies réactionnaires se sont développées et sont devenus progressivement quai-légitimes dans les sociétés musulmanes. Ces jihadistes, formés dans les écoles coraniques d’Arabie saoudite et du Pakistan, sont partis une fois la première guerre d’Afghanistan terminée, en Bosnie, en Tchétchénie, au Caucase puis on les a envoyés en Syrie. Tout le monde sait où est la fabrique. C’est un non-dit absolu car aussi bien le Pakistan que l’Arabie saoudite sont des alliés intouchables des Etats-Unis.

  • La Première Guerre mondiale et ses conséquences sur le Moyen-orient - Georges Corm
    http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=art%20politique%20%C3%A9trang%C3%A8re.pdf

    La Première Guerre mondiale a eu des conséquences tragiques pour le Moyen-Orient. Elle a conduit au dépècement de l’Empire ottoman et à une balkanisation de la région. La France et la Grande-Bretagne ont semé les graines de conflits futurs en faisant des promesses contradictoires aux dif- férentes communautés. L’instabilité que l’on observe aujourd’hui au Moyen- Orient puise ses racines dans les découpages qui ont fait suite à la Grande Guerre. Une nouvelle conflagration régionale est à craindre.

  • Regarder la conférence de Georges Corm à l’Iremmo :
    http://www.youtube.com/watch?v=hsYFyuTHlzA

    Avec une conclusion comme ça, on ne s’étonnera pas qu’il se place en opposition totale avec une grande part de l’intelligentsia médiatique et académique française :

    Je pense que la bataille qui est engagée entre “mouvances islamiques” – pour les appeler comme cela – et toute l’opinion du monde arabe qui ne partage pas les vues théologico-politiques du wahhabisme est la bataille qui va décider du sort du monde arabe pour les prochains siècles.

    • Il y a un mois dans l’Humanité : Georges Corm : "C’est une bataille titanesque qui se joue aujourd’hui, principalement en Syrie"
      http://www.humanite.fr/monde/georges-corm-c-est-une-bataille-titanesque-qui-se-548401

      Pour l’Irak, les attentats meurtriers qui visent presque tous des quartiers urbains chiites ne font qu’augmenter sans que le gouvernement ait les moyens d’y mettre fin. Au Liban, le phénomène du « takfirisme » (2) est relativement récent et a pris beaucoup d’ampleur depuis la crise syrienne à laquelle il est lié. Dans les deux cas, l’impression donnée est celle d’une guerre entre sunnites et chiites qui cache, en réalité, la lutte entre deux axes géopolitiques : celui qui défend la prépondérance américano-israélienne, saoudienne et turque au Moyen-Orient, d’un côté, et celui qui conteste cette prépondérance et qui, aujourd’hui, regroupe l’Iran, la Russie, la Chine, le régime syrien et le Hezbollah libanais et ses alliés locaux qui se recrutent dans toutes les communautés libanaises, de l’autre côté. C’est une bataille titanesque qui se joue aujourd’hui principalement en Syrie, plus accessoirement en Irak et au Liban.

    • On apprend beaucoup à écouter G. Corm. ll nous aide à sortir des simplifications volontaires ou involontaires. Je ne sais comment « inciter » à le lire et l’écouter sans être taxé de manipulateur, ou partisan de la théorie du complot.

  • Georges Corm et Régis Debray : le profane, le religieux et le choc des ignorances
    http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/70-points-chauds/4643-georges-corm-et-regis-debray.html

    Face-à-face Le xxie siècle sonne-t-il vraiment le grand « retour au religieux ». Pour en débattre, nous avons convié l’historien et économiste Georges Corm et le philosophe Régis Debray. Le premier démontre que la religion est instrumentalisée pour des desseins profanes, le second acquiesce, mais en précisant : instrumentaliser n’est pas inventer des clivages confessionnels.

    (...)

    G. C. C’est la différence entre un intellectuel parisien de très haut vol et l’enfant que je suis de la diversité des communautés, vécue de l’intérieur, et qui donc a une autre vision de ces « tribus » et communautés religieuses. À partir de ce vécu, il y a beaucoup de séquences que je ne trouve pas opératoires dans l’analyse que vous faites de l’importance du fait religieux et que vous faites remonter à 50 000 ans en arrière. En revanche, il est intéressant de voir qu’on ne peut pas mettre toutes les religions dans le même sac. Le monothéisme est le plus dangereux, car on l’instrumentalise plus facilement avec ce paradoxe que l’islam est la religion de la compassion et de la miséricorde, le christianisme de l’amour, du pacifisme et de l’universalisme.

    Vous parlez des religions comme si c’était des entités vivant par elles-mêmes. Ce sont les hommes qui font les religions. La pratique des premiers siècles du christianisme est complètement différente de celle de l’Empire byzantin, laquelle est différente du christianisme des xviiie et xixe siècles en Europe. Pareil pour l’islam. Ce que je vis et j’observe dans les milieux communautaire, c’est la grande diversité d’opinion et de comportement à l’intérieur de chacune d’elle … C’est pourquoi je trouve peu opératoire le concept de communauté comme entité compacte, dont tous les membres auraient la même psychologie et le même comportement. Aussi parler aujourd’hui dans l’abstrait de « sunnites » et de « chiites » comme clé d’explication des conflits ne me paraît guère pertinent. Ce sont les Turcs et les Perses qui ont un énorme contentieux et non pas les Arabes et les Perses. Car ce qui a épuisé ces deux grands empires musulmans (l’Ottoman et le Séfévide), ce sont les guerres qu’ils se sont faites entre eux. L’Empire séfévide a fait venir au XVIè siècle des hommes de religion chiites du Liban pour aider à développer le chiisme afin d’essayer d’arrêter l’expansion de l’Empire ottoman. Les Arabes – toutes tribus et toutes confessions religieuses confondues - n’ont rien à voir là-dedans : ils sont sortis de l’Histoire à peu près au xe siècle et sont toujours dehors. Aussi analyser la politique de l’Iran à travers le prisme sunnite-chiite ou le prisme Arabes et perses ne fait guère de sens.

  • Pour une analyse profane des conflits, par Georges Corm
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/02/CORM/48760

    En règle générale, la présentation d’un conflit fait abstraction de la multiplicité des facteurs qui ont entraîné son déclenchement. Elle se contente de distinguer des « bons » et des « méchants » et de caricaturer les enjeux. Les protagonistes se verront désignés par leurs affiliations ethniques, religieuses et communautaires, ce qui suppose une homogénéité d’opinions et de comportement à l’intérieur des groupes ainsi désignés.

    Les signes avant-coureurs de ce type d’analyse sont apparus durant la dernière période de la guerre froide. C’est ainsi que dans le long conflit libanais, entre 1975 et 1990, les divers acteurs ont été classés en « chrétiens » et « musulmans ». Les premiers étaient tous censés adhérer à un regroupement dénommé Front libanais, ou au parti phalangiste, formation droitière de la communauté chrétienne ; les seconds étaient réunis dans une coalition dénommée « palestino-progressiste », puis « islamo-progressiste ». Cette présentation caricaturale ne s’embarrassait pas du fait que de nombreux chrétiens appartenaient à la coalition anti-impérialiste et anti-israélienne, et soutenaient le droit des Palestiniens à mener des opérations contre Israël à partir du Liban, alors que bien des musulmans y étaient hostiles. En outre, le problème posé au Liban par la présence de groupes armés palestiniens, et par les représailles israéliennes violentes et massives que subissait la population, était de nature profane, sans relation aucune avec les origines communautaires des Libanais.

  • #Georges_Corm
    C’est une bataille titanesque qui se joue aujourd’hui, principalement en #Syrie

    ...
    Dans les deux cas, l’impression donnée est celle d’une guerre entre sunnites et chiites qui cache, en réalité, la lutte entre deux axes géopolitiques : celui qui défend la prépondérance américano-israélienne, saoudienne et turque au Moyen-Orient, d’un côté, et celui qui conteste cette prépondérance et qui, aujourd’hui, regroupe l’Iran, la Russie, la Chine, le régime syrien et le Hezbollah libanais et ses alliés locaux qui se recrutent dans toutes les communautés libanaises, de l’autre côté. C’est une bataille titanesque qui se joue aujourd’hui principalement en Syrie, plus accessoirement en Irak et au Liban.
    ...

    http://new.humanite.fr/monde/georges-corm-c-est-une-bataille-titanesque-qui-se-548401

  • Sélection d’archives sur le #takfirisme et les #takfiristes :

    L’unité retrouvée des peuples arabes, par Georges Corm - Avril 2011
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/04/CORM/20368

    Et l’Irak accouche d’une nouvelle génération de djihadistes, par Vicken Cheterian - Décembre 2008
    http://www.monde-diplomatique.fr/2008/12/CHETERIAN/16617

    Al-Qaida contre les talibans, par Syed Saleem Shahzad - Juillet 2007
    http://www.monde-diplomatique.fr/2007/07/SHAHZAD/14902

    Une idéologie messianique, le takfirisme, par Syed Saleem Shahzad - Juillet 2007
    http://www.monde-diplomatique.fr/2007/07/SHAHZAD/14907

    Misère et djihad au Maroc, par Selma Belaala - Novembre 2004
    http://www.monde-diplomatique.fr/2004/11/BELAALA/11654

    Merci @Nidal de faire le travail à notre place. #ebook ?

  • Avril 2011 - L’unité retrouvée des peuples arabes, par Georges Corm (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/04/CORM/20368

    D’autres événements majeurs ont fait peser une chape de plomb sur les sociétés arabes. Les idéologies identitaires basées sur l’islam ont remplacé le nationalisme anti-impérialiste et laïque. Leur source est à rechercher dans la promotion très active du salafisme par les monarchies pétrolières du Golfe et plus particulièrement le wahhabisme saoudien. Le nationalisme arabe a été accusé de tous les maux et la solidarité panislamique promue comme l’unique solution. C’est ce que tentera de réaliser, au cours des années 1970, l’Organisation de la conférence islamique (OCI), créée sous la houlette de l’Arabie saoudite et du Pakistan et qui éclipsera le Mouvement des non-alignés, ainsi que la Ligue des Etats arabes, paralysée par les querelles. A la fin de la décennie, Riyad et Islamabad parviennent à mobiliser des pans de la jeunesse dans le djihadisme contre les troupes soviétiques en Afghanistan. Ce djihadisme sera ensuite transféré en Bosnie, puis en Tchétchénie et enfin au Caucase. Une partie de ce mouvement devient takfiriste : il va s’exercer à l’encontre d’autres musulmans jugés impies. Son héros intellectuel sera Sayyed Qotb (1) ; son héros militaire et guerrier, M. Oussama Ben Laden.

    #takfiristes

  • Interview de Georges Corm par El Watan, 28 juillet 2013:
    http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=assafir%20august%202013.pdf

    En tous cas, le résultat de cette épreuve de force entre partis laïcs et partis à référent religieux en Egypte déterminera largement l’avenir du Monde arabe. Pour faire diminuer d’intensité ce conflit, il n’y a, à mon sens, qu’une direction à prendre : s’occuper de mettre en place un modèle alternatif de développement économique et social, inspiré des expériences des tigres asiatiques. Le clivage actuel entre partis laïcs et partis à référent religieux dans le Monde arabe est le résultat d’un vide abyssal de pensée économique nouvelle. Il faut rapidement faire émerger une telle pensée qui, sortant des sentiers battus des recettes néolibérales prônées par les institutions financières internationales, trouve des solutions radicales aux énormes problèmes économiques et sociaux : chômage massif des jeunes, exclusion, inégalités sociales et régionales monstrueuses, méfaits de la persistance de l’économie de rente, de la concentration de richesses aux mains de milliardaires proches des pouvoirs, échec enfin à intégrer l’univers de la science et des technologies modernes.

    Ce sont ces facteurs qui ont provoqué les manifestations populaires géantes dans tout le Monde arabe au printemps 2011 – suite aux deux révolutions tunisienne et égyptienne. Malheureusement, aucun des gouvernements issus de ces mouvements n’a pris ces problèmes à bras le corps, ni les partis laïcs ni ceux à référent religieux n’ayant le moindre programme économique différent des politiques mises en œuvre depuis des décennies. Tant que ces questions vitales n’occuperont pas le devant de la scène, faisant passer au dernier plan la querelle monotone et sans horizons sur le rôle du religieux dans la vie politique, nous resterons enfermés dans l’instabilité, l’insécurité, et nous n’aurons ainsi que des horizons bouchés pour toute les jeunes générations.

    • Georges Corm a beaucoup plus longuement développé cette question économique dans deux récents éditoriaux du Safir : l’occasion perdue des révolutions arabes (5 et 7 août 2013).
      http://www.assafir.com/Article.aspx?EditionId=2532&ChannelId=61112&ArticleId=339
      http://www.assafir.com/Article.aspx?ArticleId=565&EditionId=2534&ChannelId=61164

      الغياب المفجع لأية رؤية بديلة
      للمسار التنموي العربي الفاشل

      أريد هنا أن أذكر سبباً أعتبره أيضاً رئيساً في تعثر الموجة الثورية العربية وقلَّما نتحدث عنه، ألا وهو غياب أي تصوّر لنموذج تنموي بديل من التنمية المشوّهة التي تتميز بها سلباً الاقتصادات العربية جميعها، وهي اقتصادات ريْعية الطابع واحتكارية تركّز الثروات في أيادٍ قليلة تجني أرباحاً طائلة وسهلة، لا تستثمرها في بناء قدرات إنتاجية في مجالات العلم والتكنولوجيا، تُوَظَّف في نشاطات اقتصادية ذات القيمة المضافة العالية. هذه هي الطريقة الوحيدة التي يمكن بدورها أن تؤمِّن فرص العمل اللائقة للعنصر الشاب العربي وترفع من مستويات المعيشة لدى الفئات الفقيرة والمهمَّشة وهي تعيش حياةً يومية صعبة للغاية بحثاً عن لقمة العيش في بحر من الثراء الذي تكوَّم لدى القيادات السياسية ومحاسيبها من بعض رجال «الأعمال». ولْنتذكر أنَّ أهم شعار قد رُفع من المحيط إلى الخليج هو الكرامة. والحقيقة هذا ما يذكّرني بمؤلَّف قيِّم للغاية كتبه منذ عقود المرحوم الدكتور يوسف صايغ بعنوان «الخبز والكرامة». وفي نظري أنَّ ما جمع الجماهير العربية من المحيط إلى الخليج في آذار 2011 هو مطلب الخبز والكرامة، أيْ المجتمع الإنتاجي الذي وحده يوفر فرص العمل اللائقة ويحقق الكرامة الوطنية في كل قطر عربي وعلى مستوى المجموعة العربية جمعاء، للتخلّص من كل الهيْمنات الخارجية ولإعادة الحق إلى أصحابه في فلسطين المحتلة التي لن تحرَّر إلا بالقوة الجماعية العربية تساندها قدرة إنتاج فعالة.

      لكنَّ الإعلام العربي والدولي حول الثورات قد ركّز حصراً على قضية الديموقراطية والحريات الشخصية، سواءً من وجهة نظر الليبرالية أم من وجهة النظر الإسلامية الداعية إلى ضرورة إقامة أنظمة إسلامية في الحكم، وهي حتماً تؤدي إلى الحد من الحريات الشخصية جوهرياً. وقد غاب عن تحليل مجريات الأمور الثورية أية إشارة إلى طرق ووسائل الوصول إلى نمط تنموي متجدد، مستقل عن النموذج النيوليبرالي الذي تفرضه مؤسسات التمويل الدولية، كما الإقليمية العربية أو الإسلامية. وهذا ليس بالقضية السهلة نظراً لعمق تجذر الاقتصاد الريْعي غير المنتج في كل أنحاء الوطن العربي، بالإضافة إلى اتكال الاقتصادات العربية إما على زيادة أسعار النفط وإما على التحويلات المالية التي يقوم بها الملايين من المغتربين العرب لذويهم في الوطن، وكذلك المساعدات الغربية، سواء بشكل قروض أو هبات، والمساعدات الآتية من الدول النفطية في شبه الجزيرة العربية. وحسب علمنا فلم نرَ حزباً سياسياً، إسلامياً كان أم مدنياً، قد ركّز في برامجه وشعاراته على هذه القضية المركزية لكي تصل الثورات العربية إلى بر الأمان. ما شهدناه هو فقط وعود بتحسين مستويات المعيشة، تجسدت بشكل مجزأ وفوضوي بزيادات أجور هنا وهناك تحت ضغط العمال ونقاباتهم، دون أن تقابلها أية خطة للنهوض الإنتاجي بغية كسر حلقة الاقتصاد الريْعي. إنَّ هذه الحلقة السلبية الأثر، هي التي تحول منذ عقود دون الدخول في عالم الإنتاج والعلم والمعرفة، وبالتالي في نموذج اقتصادي على غرار دول شرق آسيا يمكن أن يوفّر فرص العمل الكافية لاستيعاب كل العاطلين من المساهمة في الإنتاج لكي تدخل الاقتصادات العربية في حالة تنافسية حقيقية في الأسواق الدولية.

  • Georges Corm, ancien ministre libanais des Finances : « Je ne crois pas à un embrasement du Liban » - Liban / Entretien - RFI
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130723-georges-corm-je-crois-pas-embrasement-liban?ns_campaign=google_choix_re

    Souhaiter la disparition d’une organisation qui a un arsenal militaire bien plus important que celui de son propre Etat, et qui de surcroît l’utilise chez ses voisins, cela peut paraître concevable ?

    Oui, présenté sans prise en compte du contexte historique complexe, cela peut apparaître légitime. Mais si vous ajoutez au tableau les interventions externes intensives dans le conflit syrien et l’envoi de milliers de combattants de toutes nationalités - y compris européennes - pour obtenir l’effondrement du régime ; et si vous prenez en compte le fait que le régime syrien a facilité de tout temps l’approvisionnement du Hezbollah en armes en provenance d’Iran - ce qui a permis au Liban de se débarrasser de 22 ans d’occupation israélienne au sud du Liban -, alors la question devient moins simple. Tant qu’Israël demeurera aussi puissant, et l’armée libanaise aussi insignifiante, les armes du Hezbollah seront légitimes. Certes, l’idéologie religieuse de ce parti ne pourra jamais faire consensus au Liban, mais tant qu’il ne cherche pas à l’imposer à la population, on ne peut la lui reprocher. En tout cas, on ne peut lui en vouloir de nous avoir libérés de l’occupant israélien.

    • ... Dans cette dynamique, la partie pro-occidentale veut déstabiliser l’armée, puisque la doctrine militaire de l’armée désigne Israël comme le plus grand danger pour le Liban et, en conséquence, soutient la résistance du Hezbollah. Je crois que l’on assiste surtout à une tentative d’impliquer le Hezbollah dans des combats internes pour l’affaiblir fortement et assurer le succès d’une éventuelle nouvelle intervention militaire. ...

    • Lors du dernier « salon du livre » de Beyrouth G. Corm était l’un des invités. A la fin de son intervention, dans laquelle il avait abordé la question des problèmes économiques du Liban- et à aucun moment le Hezbollah-, un petit malin dans l’assistance avait cru bon se saisir de l’occasion pour, sourire en coin, suggérer à Corm que le Hezbollah et ses armes étaient la principale cause desdits problèmes.

      Avec un calme olympien et pince sans-rire, Georges Corm lui a répondu qu’au contraire, en défendant le pays contre Israël avec ses propres armes le Hezbollah faisait économiser un argent fou au Liban.

  • Entretien avec Georges Corm – Panorama du Moyen-Orient - Les clés du Moyen-Orient
    http://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Georges-Corm.html

    ... pour ce qui est de la transition vers la démocratie, le problème qui se pose aujourd’hui est essentiellement celui de la nature des mouvances islamiques sur lesquelles les milieux européens et américains ont misé depuis bien des années. Ces mouvances, trop souvent idéalisées, ont désormais montré leur vrai visage, celui d’un autoritarisme et d’un désir de contrôle des libertés individuelles.

    • ... est-ce que les mouvances de type modernistes, laïques ou attachées aux libertés individuelles et qui refusent le référent religieux dans le fonctionnement d’un système politique vont pouvoir s’affirmer face aux mouvances islamiques ? On peut être inquiet si l’on prend en compte le fait que ces dernières jouissent jusqu’ici de l’appui total de l’Occident et qu’elles bénéficient en outre de très importants financements en pétrodollars, en provenance des royautés et émirats pétroliers alliés des Etats-Unis et de l’Europe...

  • Alors ça y est, tu as compris, maintenant, pourquoi les intellectuels libanais qui depuis des mois dénoncent les salafistes armés comme illégitimes et dangereux, ne sont pas automatiquement des suppôts de Bachar ?

    Ou c’est encore trop subtile pour toi et tu préfères continuer à prétendre que René Naba et Georges Corm sont de méchants baasistes ?

    • Ben alors Nidal, on se lâche ? Gardes-en sous le mied, car ce n’est que le début, hélas... As-tu noté au passage le silence assourdissant de nos médias ordinaires, au sens très fort de l’adjectif, qui n’en rate pas une en Syrie mais qui semblent totalement aveugles à l’assassinat d’une presque vingtaine de soldats de l’armée régulière libanaise (et au risque de voir le Liban, la région, partir dans un délire difficilement prévisible) ?...

  • L’évolution de l’économie libanaise en débat
    Lebanon’s economy needs a ‘major shock’ to see growth | Business , Lebanon | THE DAILY STAR
    http://dailystar.com.lb/Business/Lebanon/2013/May-31/218932-lebanons-economy-needs-a-major-shock-to-see-growth.ashx#axzz2Ux

    Face aux indicateurs économiques alarmants et aux discours catastrophistes de l’élite financière, Georges Corm tient à calmer le jeu.

    former Finance Minister and economist George Qorm maintains that the Lebanese economy remains resilient despite security incidents sweeping the country.

    “Despite the fact that the wealth and prosperity is concentrated in the hands of few affluent people and some luxury districts in the capital, the Lebanese economy is managing with or without a government,” he said.

    Playing down the significance of some worsening economic indicators, Qorm accused the media of highlighting negative numbers to push political agendas forward, which was weighing negatively on confidence.

    “The economy is part of what is said in the media and while indicators remain mixed, the numbers look good compared to regional countries in crisis,” Qorm added.

    Son discours va dans le même sens que l’économiste Charles Abdallah lors d’une intervention remarquée à Lyon en février dernier, qui devrait être publiée prochainement. C. Abdallah faisait remarquer que la soi-disant croissance des dernières années était une bulle due à des transferts de capitaux très politiques, au bénéfice du secteur immobilier de la capitale et, en 2009, destinés aux achats de voix lors des élections législatives. Bref, pas vraiment un développement économique mais plutôt une mise sous perfusion / dépendance des pays du Golfe.
    Inversement, même si la situation présente, en raison de l’instabilité et de l’arrivée de plus d’un million de réfugiés est alarmante et lourde de risque, et que ces gens-là vivent majoritairement dans un très grand dénuement, leur présence et la guerre en Syrie stimule néanmoins l’économie (surtout informelle) à travers la contrebande (armes, diesel...) mais aussi l’agriculture locale, la construction, etc. Au total, se basant sur des indicateurs indirects sur les deux dernières années, comme les quantités de ciment ou l’analyse détaillées des importations (en bonne partie réexportées illégalement), C. Abdallah nuançait fortement les discours catastrophistes et pointait surtout les spécificités de l’économie libanaise, entre dépendance et économie informelle.
    #Liban
    #informel

  • Entretien de 5 pages avec #Georges_Corm dans la revue #Rébellion n°57 février 2013 : http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=1853520.pdf

    Georges Corm, est économiste de profession, spécialiste du Moyen-Orient et de la Méditerranée, consultant au près d’organismes internationaux et d’institutions financières. Il a été ministre des finances du #Liban durant les années 1999 – 2000. Depuis 2001, il est professeur à l’Université Saint Joseph de Beyrouth où il enseigne les « politiques publiques dans le monde arabe » et la « coopération économique internationale », ainsi que « la pensée politique arabe contemporaine » et la « dynamique des conflits au Moyen-Orient », dans le cursus de sciences politiques.

    Article de 7 pages de Georges Corm sur « Les conflits du #Moyen-Orient : un état des lieux » dans la revue #Diplomatie février-mars 2013 : http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=diplomatie%20_feb2013.pdf

    L’instrumentalisation du fait religieux à des fins de puissance n’est pas une nouveauté au Moyen-Orient. Mobilisée par un nombre croissant d’acteurs, elle tend toutefois à le transformer en une véritable « poudrière », comparable aux Balkans d’avant 1914.

  • Interview de #Georges_Corm au journal #La_Croix (10/09/2012) :

    Pour l’historien Georges Corm, l’ancien ministre des finances du #Liban, le communautarisme, fondé sur l’institutionnalisation politique des appartenances ethniques ou religieuses, n’est pas une solution d’avenir.

    http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/Georges-Corm-Le-systeme-libanais-n-est-pas-un-modele-d-avenir-_NG_-2012-09

    Interview #La_Vangardia (11/09/2012) :

    Georges Corm, historiador, economista y exministro libanés, afirma que las cadenas de TV y los periódicos árabes están a sueldo de #Arabia_Saudí y #Qatar. En #Siria detrás de cada kalashnikov hay una potencia extranjera

    http://www.lavanguardia.com/internacional/20120911/54348852294/georges-corm-siria-kalashnikov-potencia-extranjera.html

    • Sur la sainte alliance entre réactionnaires wahhabites et impérialistes occidentaux :

      Or, nous assistons à une reconstitution de l’alliance des diplomaties occidentales avec les mouvances fondamentalistes, avec toute la puissance qui est derrière, à travers des financements saoudiens, qatariens… Ces mécanismes privent les révoltes de leurs fruits.

      […]

      Malheureusement, ce patrimoine a été totalement enseveli par le déversoir du wahhabisme saoudien, alors qu’il avait été largement intégré par les sociétés arabes jusque dans les années 1960-1970.

  • Il faut absolument lire la contribution de Georges Corm au colloque Frantz Fanon d’Alger (juillet 2012) : Pourquoi la pensée de Fanon reste-t-elle pertinente ?
    http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=frantz%20_fanon.pdf

    Nous assistons ici à une involution de la conscience nationale dans un nationalisme vestimentaire et de l’apparence physique se réclamant non plus d’un peuple et de ses coutumes, mais des prescriptions transethniques de certains prédicateurs religieux musulmans. Ceux-ci s’imaginent naïvement pouvoir reconstituer dans le temps présent la société musulmane idéale, telle qu’elle aurait existé au VIIè siècle à Médine et à la Mecque du temps du prophète. En ce sens, une telle « mésaventure de la conscience nationale » illustre fort bien le pressentiment de Fanon sur les risques d’involution de la conscience nationale dans une rétractation identitaire stérile et anémiante. Ce succédané de conscience nationale empêche pour Fanon toute possibilité de régénérescence de la société colonisée qui demeure alors exposée à toutes les formes de domination néocoloniale, ce qui est bien le cas de la plupart des sociétés musulmanes, embrigadées dans le développement d’un islam dit « salafiste » transnational et soumis à l’influence de l’Arabie saoudite qui, depuis des décennies, forte de sa richesse pétrolière et financière, a répandu dans le monde arabe et musulman la doctrine wahhabite d’islam puritain et exclusiviste.

    En même temps, ces sociétés sont politiquement, militairement et économiquement soumises à l’influence hégémonique des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’OTAN. Cependant que l’altérité ainsi créé artificiellement par la « folklorisation » transnationale de la religion musulmane donne apparemment raison aux thèses du colonisateur qui lui aussi voit dans l’indigène une espèce humaine différente de celle des colonisateurs. Les images diffusées en boucle d’Oussama ben Laden durant deux décennies confirment cette totale « exotisation » de l’autre musulman […].

    A la fin du XXè siècle, Samuel Huntington donnera une nouvelle vigueur intellectuelle aux postures racistes des colonisateurs par son ouvrage sur les « choc des civilisations » qui aura un retentissement exceptionnel, en dépit de sa nullité conceptuelle et argumentaire. Ce qui donnera de la consistance aux thèses de Huntington sera cette altérité créée par l’extension de l’islam salafiste et de ses prescriptions vestimentaires. De la sorte, nous assistons aujourd’hui à la perpétuation du rapport colonisateur/colonisé, destructeur de la conscience nationale, que Fanon avait si bien décrit et dénoncé.

    En fait, le seul changement par rapport à l’époque où écrivait Fanon est celui de la globalisation économique et de l’émergence d’un pouvoir politique mondialisé concrétisé par les décisions du G8 et plus accessoirement du G20 et sa délégation en matière économique et financière au FMI ; un pouvoir qui est aussi celui des « marchés », des agences de notation, des grandes banques multinationales. […] Ainsi, la conscience nationale disparaît, ce qui permet au néocolonialisme moderne, incarné dans la globalisation économique néolibérale et transnationale, de devenir dominant.