Intéressante vidéo de l’entretien du journaliste Nicolas Beau , sur Oumma.com, à l’occasion de la parution de son livre sur la Tunisie post-Ben Ali et de la visite controversée de BHL en Tunisie :
▻http://oummatv.tv/revelations-sur-le-voyage-controverse-de-bhl-en-tunisie
Beau, tout en soulignant que l’on assiste à une réelle transition, y rapporte un fait déjà souligné par certains (dont Mezri Haddad, même si les conclusions diffèrent) qui est que le départ précipité de Ben Ali en 2011, dans le contexte d’une contestation dans la rue, et qui a entraîné la chute de son régime, a été manigancée par des cercles proches de Ben Ali en accord avec les Américains qui cherchaient une solution de rechange aux régimes vermoulus de Tunis et du Caire et misaient déjà depuis quelques temps pour cela sur les Frères musulmans comme solution de rechange – damant au passage le pion aux Français.
Par ailleurs Beau rappelle que lors de la récente visite de BHL en Tunisie, qui a fait scandale dans ce pays - celui-ci a notamment rencontré le chef frériste d’En-Nahda, Ghannouchi, et des islamistes libyens dont notamment Abdelhakim Belhadj. Notons que Belahdj est l’ex-chef du GICL libyen, branche d’al-Qaïda en Libye. Devenu ensuite l’homme de main du Qatar lors de la chute de Kadhafi et organisateur avec son second al-Harati des premières filiales jihadistes libyennes vers la Syrie, chef d’importantes brigades islamistes en Libye, il se serait maintenant rapproché d’Erdogan et des Américains. Les évènements sont détaillés dans un article du même N. Beau sur le site Mondafrique :
▻http://www.mondafrique.com/lire/decryptages/2014/11/01/bhl-expulse-de-tunisie-pour-trouble-a-lordre-public
Nous voici au coeur des réseaux entre une partie de l’administration américaine, les Frères Musulmans en Tunisie et en Libye et des hommes d’affaires véreux qui arrosent tout ce petit monde. BHL devait assister, le dimanche 2 novembre, à une conférence sur la Libye organisée à Hammamet, la plus grande ville touristique de Tunisie, par un certain Masmoudi, le représentant du mouvement ides islamistes tunisiens, Ennhadha, aux Etats Unis et le président de l’association Islam et Démocratie. [...]
Lors de la résunion d’Hammamet du 2 novembre, BHL devait notamment rencontrer Adelhakim Belhadj, le chef des Frères Musulmans libyens et l’homme du Qatar, dont le plus fidèle allié à Tunis s’appelle...Chafik Jerraya. Que du beau monde ! Le plus surprenant est que Belhadj est interdit de séjour officiellement en Tunisie. Le ministère tunisien de l’Intérieur refuse de lui accorder le moindre visa et s’il rentre tout de même en territoire tunisien, notamment pour se faire soigner, c’est avec l’appui des dirigeants d’Ennahdha...mais illégalement. Comment Belhadj peut-il dans ces circonstances assister à une conférence officielle à Hammamet ? Y rencontrer des personnalités tellles que BHL ? Et bénéficier du soutien des dirigeants d’Ennahdha organisateurs de cette réunion ? [...]
Personnalité sans mandat officiel ni rang institutionnel, Belhadj est aujourd’hui l’un des personnages les plus puissants du pays. Autrefois honni et traqué, il est aujourd’hui incontournable. Après avoir été financé et soutenu par le Qatar à la veille de la révolution, il multiplie depuis les déplacements à l’étranger pour consolider sa position de force à l’intérieur du pays et laisse entendre qu’il s’est éloigné de Doha, qui est soupçonné de financer l’Etat islamique.
Très proche du président turc Recep Tayyip Erdogan et des islamistes de Tunisie, notamment de Ghannouchi, le chef d’Ennahdha, l’ami Belhadj a surtout ses entrées à Washington. Mais ce fin politique sait ne pas être prisonnier de ses alliances.